Kim Chiusano, Directrice adjointe de la stratégie et de l'accompagnement des acteurs, à l’ANRU décrit le rôle et les missions de l'ANRU dans le mouvement de régénération urbaine actuel.
00:00Et tout de suite dans Smartimo, on s'intéresse aux prérogatives de l'ANRU, l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine, avec notre invité, Kim Kiusano.
00:12Bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Vous êtes directrice adjointe de la stratégie et de l'accompagnement des acteurs à l'ANRU.
00:18Petite question préliminaire, quel est le rôle de l'ANRU exactement ? Qu'est-ce que vous faites exactement ? Quelles sont vos missions ?
00:24Alors précisément, c'est un opérateur de l'État qui a été créé pour la mise en œuvre de programmes nationaux de rénovation puis de renouvellement urbain,
00:33donc à l'échelle nationale, en Hexamone et en Outre-mer.
00:37Et du coup, on accompagne des projets locaux de transformation à l'échelle des quartiers qui vont viser la rénovation, la transformation de l'habitat,
00:47des équipements publics économiques, des espaces publics, bref, des projets urbains à l'échelle de quartiers.
00:53Quand ils présentent des dysfonctionnements urbains et une concentration de la pauvreté importante.
01:00Le programme qui nous occupe aujourd'hui, le nouveau programme national de renouvellement urbain, c'est 448 quartiers, 12 milliards d'euros d'aides
01:08et 50 milliards d'investissements générés grâce à cette intervention.
01:12D'accord. Vous travaillez en particulier avec les bailleurs sociaux que vous accompagnez ?
01:16Oui, on accompagne beaucoup les bailleurs sociaux du fait de la concentration du logement social dans les quartiers qu'on accompagne.
01:23Mais on travaille surtout avec les collectivités territoriales et notamment les intercommunalités qui sont les porteuses de ces projets de renouvellement urbain d'ensemble.
01:31Très bien. Sur le territoire, il y a des enjeux particuliers, notamment liés au changement climatique. On en parle de plus en plus.
01:37Oui, tout à fait. Le besoin est massif partout.
01:40Mais dans ces quartiers, on a une vulnérabilité climatique qui est plus marquée du fait de la précarité de ces habitants qui va venir accentuer l'exposition aux effets du changement climatique.
01:53Donc on a une vraie urgence sociale à transformer l'habitat de ces populations plus précaires, mais aussi à adapter les espaces publics pour lutter contre l'effet de chaleur urbain qui les frappe assez massivement.
02:05Vous nous avez dit que vos principaux interlocuteurs sont sur le terrain, sont les cas de l'activité, les barrières sociaux.
02:11Une question d'actualité qui me cuise à nous. C'est vrai qu'avec l'arrivée des municipales, on peut se dire qu'on peut voir certains blocages, certains freins.
02:19Est-ce que c'est ce que vous vivez actuellement ?
02:21Alors on n'est pas encore en mars 2026, mais évidemment les élections municipales sont toujours un moment fort pour cette agence.
02:29En 2014, quand on a lancé le programme, on a discuté avec des exécutifs locaux qui ont en partie été renouvelés en 2020 et qui pourront encore l'être en 2026.
02:39Donc ça témoigne du temps long de la rénovation urbaine.
02:43Et l'enjeu pour nous va être que le programme puisse se poursuivre, que les projets puissent être menés malgré ces mouvements politiques au niveau local,
02:52puisqu'on a besoin de réaliser cette rénovation urbaine.
02:56Les habitants en ont besoin.
02:58Et bien sûr qu'il y a des marges d'échange, de dialogue avec les futurs élus.
03:02Mais il faut que cette politique publique puisse se poursuivre convenablement.
03:05Alors ça a défrayé la chronique, mais c'est vrai qu'on parle souvent d'habitat dégradé.
03:09Comment vous accompagnez justement les communes qui sont confrontées à ces difficultés d'habitat dégradé ?
03:16Alors l'Enru est bien connu pour son intervention sur le logement social.
03:21Je l'évoquais à l'instant, nos quartiers d'intervention historiques, ce sont les quartiers de grands ensembles qui concentrent l'habitat social.
03:28Donc historiquement, on dialogue beaucoup avec les bailleurs sociaux pour accompagner la transformation de ce parc social qui est dégradé, qui est indigne parfois.
03:39Là où on est moins connu, c'est sur notre intervention sur l'habitat privé.
03:43On intervient à la fois sur des grandes copropriétés dégradées dans ces mêmes quartiers de grands ensembles, mais aussi en centre ancien.
03:50Avec là une intervention plus diffuse, avec donc des problématiques d'habitat privé qui ne font pas du tout appel aux mêmes mécaniques.
04:00Pour cela, on agit en partenariat très fort avec l'ANA, l'Agence Nationale de l'Habitat, dont c'est la prérogative.
04:06Mais avec du coup un savoir-faire qui existe déjà sur le traitement de l'habitat privé dans ces dynamiques de renouvellement urbain plus globales.
04:14Une critique qui revient de temps en temps. Vous êtes souvent vu comme le chantre de la démolition. Qu'est-ce que vous répondez à cette critique ?
04:22Une critique qui revient même souvent. D'abord une réponse par les chiffres.
04:28Dès le premier programme, on réhabilitait deux tiers de logements pour un tiers de logements démolis puis reconstruits.
04:35Donc une réalité de la démolition qu'il faut nuancer. Dire aussi qu'on avance beaucoup sur la rénovation à la faveur de rénovations plus lourdes, plus ambitieuses.
04:47Un chiffre encore au lancement du PNRU en 2004, on était en moyenne à 8000 euros de coût de travaux pour un logement.
04:55Aujourd'hui c'est 50 000. Donc ce qui témoigne de l'inscription dans des dynamiques plus ambitieuses de rénovations lourdes de type seconde vie.
05:03Et au-delà de ces chiffres qui donnent à voir toute la place de la rénovation dans les projets de renouvellement urbain, dire que néanmoins il n'y a pas de tabou à avoir sur la démolition.
05:15Car même s'il faut que le mouvement de rénovation s'intensifie, se massifie, il y aura toujours des situations qui nécessitent la démolition.
05:25Et je pense qu'il faut l'assumer et se dire que ça fait aussi partie du modèle de régénération urbaine que chacun appelle de ses voeux.
05:33Bien sûr. On termine avec les défis qui vous attendent, notamment pour 2026 avec un troisième programme. C'est sur la table.
05:42C'est ce qu'on espère. Le gouvernement a lancé une mission de préfiguration sur le sujet.
05:48Il y a encore du travail dans les quartiers prioritaires en termes de renouvellement urbain.
05:53L'Union sociale de l'habitat identifie d'ores et déjà 350 quartiers qui ont des besoins de traitement de ce type.
06:01On voit qu'il y a aussi d'autres territoires en besoin de renouvellement urbain.
06:05On plaide très fort au sein de l'ANRU et ça a été l'objet d'un rapport en 2025 pour la poursuite et la pérennisation de cette politique publique.
06:12Donc on espère que l'État y répondra favorablement.
06:15Voilà, c'est ce qu'on vous souhaite. Réponse dans quelques semaines, peut-être quelques mois.
06:19Merci Kim Kyudeno.
06:20Merci à vous.
06:21Je rappelle que vous êtes directrice adjointe de la stratégie de l'accompagnement des acteurs à l'ANRU.
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