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  • il y a 5 heures
Denis Girou, Directeur général, Etablissement Public Foncier et d'Aménagement de Guyane explique les caractéristiques de son territoire et comment le jumeau numérique l'aide pour modéliser les projets existants et futurs et convaincre les parties prenantes. Stéphane Gourgout, Vice -président de Bionatics accompagne depuis près de 10 ans l'EPFAG.

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Transcription
00:00Et dans ce parti mot tout de suite on part du côté de la Guyane, on va s'intéresser aux projets fonciers, peut-être parmi les plus importants sur notre territoire.
00:14Pour cela on est ravi d'accueillir Denis Giroux. Bonjour Denis.
00:17Bonjour.
00:18Vous êtes directeur général de l'établissement public foncier et d'aménagement de Guyane.
00:23Les FAC, bienvenue à vous.
00:24Merci.
00:25A vos côtés Stéphane Gourgou. Bonjour Stéphane.
00:27Bonjour.
00:27Qu'on retrouve Stéphane, cofondateur de Bionatics. Bionatics en deux mots Stéphane ?
00:32Bionatics est une société d'ingénieurs qui est spécialisée depuis une vingtaine d'années dans le développement de solutions de maquettes numériques.
00:38Oui.
00:39Avec une particularité c'est vraiment l'échelle des territoires, donc l'échelle urbaine et plus particulièrement on travaille donc avec les opérations d'aménagement de l'EPFAC dont on va parler aujourd'hui.
00:48Alors justement on va s'intéresser à ce jumeau numérique du territoire dans quelques instants.
00:51Mais tout d'abord Denis Giraud, est-ce que vous pouvez nous présenter votre territoire ? On sait qu'il est vaste, on sait qu'il est même immense, mais qu'il est très loin.
01:00Présentez-nous votre territoire.
01:01Alors la Guyane est le seul département d'outre-mer qui n'est pas une île, donc c'est un morceau d'Amazonie sur le nord de l'Amérique du Sud.
01:10Ça fait 94 000 km², donc c'est grand à peu près comme la Nouvelle-Aquitaine ou le Portugal à peu près.
01:18Et c'est couvert à 95% de forêts tropicales, la jungle, donc l'Amazonie.
01:22Et sur ce territoire, donc, il y a des faibles parties urbanisées, mais pour autant sur ces parties-là, la population augmente très vite.
01:30Elle double tous les 20 ans. Elle a augmenté bien plus vite que sur tout le territoire national.
01:37Il y avait peut-être 70 000 personnes dans les années 70, on en a 350.
01:41Mais sur la même zone urbanisable, donc ça pose des vrais sujets, des vrais soucis d'organisation.
01:47Et d'urbanisation notamment, un retard énorme du côté démographique, avec une poussée, vous l'avez dit, alors qu'on construit très peu par rapport aux besoins.
01:57Tout à fait. En fait, dans la plupart des territoires nationaux, y compris les DOM historiques, on est plutôt bien équipés.
02:04On parle de recyclage, de choses comme ça. Nous, on n'est vraiment pas équipés du tout.
02:10On construit des infrastructures de base, des routes, des hôpitaux, des écoles, etc. Et bien sûr, de la ville, en essayant de la concevoir.
02:18Par contre, on la construit directement de façon moderne.
02:22Oui. Et ça, c'est pas mal, malgré, il faut le dire aussi, un problème de coût, puisqu'il y a des graves problèmes de pauvreté au niveau de la population.
02:29Alors, c'est un des grands défis de la Guyane, puisque la population augmente très vite, mais elle est également très pauvre,
02:34puisque en Guyane, 53% de la population est sous le seuil de pauvreté.
02:39Donc, il faut trouver... Notre enjeu, c'est vraiment, c'est pas d'attirer des gens, c'est de mettre un toit sur les têtes des personnes qui, aujourd'hui, n'en ont pas.
02:49Bien sûr.
02:49Et c'est un enjeu tout à fait très important.
02:53Et même un enjeu de sécurité, puisque finalement, la soupape, évidemment, quand on a peu de bâtis, ça veut dire que, paradoxalement, il est très cher, même quand on est pauvre,
03:00et qu'il y a donc beaucoup de logements illégaux.
03:02C'est ça. En fait, comme il y a une pénurie de logements, nécessairement, ça développe de la spéculation foncière.
03:09De la spéculation immobilière, de la suroccupation.
03:12Et comme il y a quand même la majorité de la population qui ne peut pas payer ça, même ça contribue également à la vie chère,
03:20la soupape de sécurité, ce logement illégal, on considère qu'il y a à peu près, enfin, il y a pratiquement la moitié des constructions guyanaises qui sont illégales aujourd'hui.
03:27Oui, et on le rappelle, c'est que cette population a grandi dix fois plus vite en Guyane qu'en métropole au cours des dix dernières années.
03:34Vous lancez de nouvelles AC en format éco-quartier. Expliquez-nous ces zones d'activité commerciales.
03:40Alors, en fait, comme je l'ai dit, nous essayons de construire un territoire comme ça a été fait après la guerre en Europe,
03:50mais avec les techniques, le savoir-faire d'aujourd'hui.
03:53Donc, en essayant d'avoir les meilleures pratiques, les meilleures pratiques de conception urbaine, les meilleures pratiques écologiques,
03:59les meilleures pratiques qui se traduisent dans notre cas par le fait qu'on essaie de faire un maximum d'opérations répondant au label des éco-quartiers.
04:06qui s'adaptent bien, en fait, en milieu tropical, assez bizarrement.
04:10Pourquoi ?
04:11Parce qu'il n'a pas du tout été conçu pour des milieux tropicaux, mais en fait, le raisonnement, la façon de travailler pour arriver à une réabilisation éco-quartier
04:19fonctionne bien en Guyane, même si, évidemment, dans quelques années, on va essayer de l'amazoniser.
04:27Je ne sais pas si c'est très correct de le dire comme ça, mais de la tropicaliser en tout cas.
04:29En tout cas, les projets sont assez énormes. Deux AC livrés de 650 logements cette année.
04:36Et puis, vous avez pratiquement une AC comme ça de 1000 logements en format éco-quartier tous les ans, Denis.
04:42C'est ça. En fait, aujourd'hui, on est sur un rythme, dans le cadre d'opérations d'intérêt national,
04:46qui a identifié 24 secteurs d'urbanisation d'intérêt national, donc.
04:51Et on est sur un rythme, aujourd'hui, d'une AC de à peu près de 40 hectares, 1000, 1200 logements, deux écoles,
04:57tous les ans, pendant les années qui viennent et l'année passée déjà.
05:01Alors, voilà pour les besoins, on va dire. On va voir maintenant les moyens.
05:06Stéphane Gourgou, comment vous travaillez ensemble ?
05:08Je crois que ça fait déjà bientôt une dizaine d'années que vous allez régulièrement vous déplacer en Guyane
05:14et aider, entre guillemets, avec votre solution à ce territoire.
05:18C'est ça. Je pense qu'il faut préciser que l'EPFAG est un partenaire, effectivement, particulièrement important pour Bionatics.
05:23C'est un partenaire qui a su, dès le départ, innover aux côtés de Bionatics,
05:29donc qui nous a porté et qu'on a assisté dans le déploiement d'un certain nombre de solutions de visualisation.
05:35Alors, l'EPFAG, effectivement, comme on le comprend, a de nombreuses opérations d'aménagement
05:38et l'objectif, c'était vraiment de déployer des solutions qui permettent à la fois de visualiser
05:42ce que vont devenir ces quartiers, d'avoir une capacité à les présenter à la population,
05:48d'avoir des capacités également à pouvoir intégrer dans ces projets tous les enjeux liés aux opérations d'aménagement.
05:54Donc, on va nous déployer des solutions qui vont permettre de visualiser les projets venant des promoteurs,
06:02les aménagements d'espaces publics et également les équipements publics qui viennent des collectivités elles-mêmes.
06:07Et puis, après, on va déployer des solutions qui vont aider aussi à la commercialisation de ces projets.
06:13Et l'EPFAG nous a accompagnés dans un certain nombre d'innovations.
06:16Notamment, on a réalisé ensemble des innovations vers le web.
06:21Et plus récemment, l'EPFAG nous a accompagnés également dans le déploiement de solutions nouvelles
06:25que Bionatics mettait sur le marché, qui est d'aller vers de la maquette plus collaborative.
06:30Effectivement, et ces maquettes numériques, c'est vrai que vous avez modélisé finalement les territoires.
06:36Alors, évidemment, quand on zoome, on voit vraiment les flux, les quartiers, ce que ça va devenir en dynamique.
06:41C'est bien sûr perdu au niveau d'un océan de verdure, mais c'est extrêmement saisissant quand on le voit.
06:48Pour vous, Denis Juro, quel est l'intérêt justement de projeter visuellement une maquette numérique ?
06:52Ça aide pour les projets que vous réalisez ?
06:55C'est extrêmement important, puisque la culture, on va dire, de la fabrique de la ville, en fait, est très peu présente en Guyane.
07:02Quand il y avait 60 000, 100 000 habitants sur 9 millions d'hectares, si vous voulez, c'était quand même pas la priorité.
07:08Aujourd'hui, pour tout un tas de raisons, d'économie de foncier également, donc on conçoit des vraies villes.
07:14Mais il faut les visualiser.
07:16On les visualise à la fois pour les élus, pour qu'ils prennent la pleine mesure de ce que sera leur ville plus tard,
07:23mais également pour le commun des mortels, tous les habitants, qui permettent de voir,
07:28et de voir avec une maquette où on se projette comme si on y était, au ras du sol, en hauteur, à gauche, à droite, etc.
07:34Ça permet de visualiser aussi l'intégration des quartiers, puisqu'on ne fait pas des villes nouvelles,
07:39mais on fait quand même des quartiers nouveaux, 40 hectares, ça commence à être un quartier assez important.
07:43Et voir l'intégration des quartiers dans le tissu urbain existant, visualiser les flux, pouvoir mieux estimer, je ne sais pas, la distance aux écoles, etc.
07:53C'est un outil qui, dans tout ce qui est concertation publique, négociation, présentation des projets, est pour nous tout à fait irremplaçable.
08:01Ça permet justement de lever peut-être certaines réticences, de se projeter visuellement ?
08:06Oui, et puis également de tester éventuellement des hypothèses, alors ce n'est pas tout à fait en temps réel,
08:10mais on peut tester des différentes hypothèses de forme urbaine, des hypothèses de schéma de desserte,
08:16d'installation d'espaces verts ou d'espaces publics à tel endroit ou tel autre,
08:21et de voir de façon sensible ce que ça va donner.
08:26Justement, quelles sont les prochaines étapes pour vous, Denis Giroud ?
08:34Vous travaillez avec les gestionnaires de réseau, vous intégrez les données BIM notamment, à travers cette maquette ?
08:41La prochaine étape, je pense, au-delà de continuer bien sûr la visualisation,
08:45c'est de pouvoir anticiper davantage l'appréhension fine des quartiers avec les permis de construire,
08:52par exemple intégrer dès qu'ils sont déposés, mais c'est aussi l'intégration de la maquette elle-même,
08:57et de ces données dans les outils numériques de gestion de réseau, dans la gestion,
09:02alors pas pour nous en tant qu'aménageurs, mais pour les bailleurs,
09:05la gestion de leurs espaces, de leurs bâtiments, de leur maintenance,
09:09et de leur massage des déchets, enfin tout ce qui est intégration en fait,
09:13dans une chaîne non pas seulement de conception et de présentation,
09:17mais également d'exploitation des espaces urbains qu'on a créés.
09:19Stéphane Gougou, on soulève un petit peu le capot de Bionatics, de votre solution,
09:24comment vous arrivez à faire cette maquette qui est plus pratiquement de nid le design,
09:29très extrêmement réelle, on se projette dedans,
09:31comment vous collectez ces données, où c'est que vous les trouvez ?
09:33Alors Bionatics, effectivement, ne produit pas de données,
09:35en fait on est plutôt une technologie qui va permettre d'agréger des données
09:39qui sont disponibles en open data, donc des données publiques libres,
09:42et la technologie va nous permettre de les agréger et en produire une maquette numérique,
09:48à mesure que l'on, alors évidemment dans des niveaux de définition très variés selon les besoins,
09:54et ça, ça va nous permettre de constituer un socle, un socle de base,
09:57ce qu'on appelle communément aujourd'hui le jumeau numérique pour le terme consacré,
10:01et ça on va le développer à l'échelle de tous les territoires,
10:03donc avec l'EPFAG, on avait il y a 10 ans développé la plus grande maquette numérique,
10:07ou jumeau numérique de France.
10:09Sur cette base-là, ces socles vont pouvoir être enrichis par des collectivités
10:15qui vont elles-mêmes avoir des besoins plus fins dans certains quartiers,
10:18et au périmètre d'opérations d'aménagement, comme le peuvent le développer l'EPFAG,
10:22et bien on va petit à petit aller dans le plus précis en injectant les données
10:27qui sont produites par les bureaux d'études.
10:28Donc des plans masse d'aménagement, comme le disait Denis Giroux,
10:31ça peut être à terme l'intégration des BIM qui sont produits par les bailleurs ou les promoteurs,
10:38de façon à permettre de prolonger le cycle de vie finalement de ce patrimoine de données numériques,
10:44en lui donnant non pas un sens uniquement en lien avec les seuls besoins des bailleurs,
10:50mais en prolongeant finalement les usages pour les besoins de la ville et du territoire.
10:57Denis Giroux, aujourd'hui l'enjeu, c'est la pédagogie quand on réalise ses opérations de grande ampleur ?
11:04Oui, il y a la pédagogie et un des points forts de la maquette numérique de Bionatix,
11:12c'est son réalisme, et son réalisme pas que sur l'urbain.
11:17Le réalisme notamment de la représentation des végétaux est extrêmement intéressant,
11:21puisqu'on visualise les vraies espèces tropicales telles qu'elles sont là,
11:25et éventuellement comment elles vont pousser au cours du temps.
11:28Et ça, ça contribue à pouvoir, au niveau pédagogique,
11:34pouvoir mieux faire comprendre les enjeux qu'il y a,
11:37mais également le résultat, et quand même globalement,
11:40par rapport à ce qui se fait d'habitude en Guyane et ce qui se fait depuis longtemps,
11:44l'amélioration radicale de la qualité de vie des gens.
11:47Oui, avec notamment le réseau routier,
11:50vous disiez qu'il y a 95% du territoire est complètement inconnu,
11:54inexistant, il y a un tiers des communes de Guyane qui n'est accessible que par le fleuve,
12:01et quand vous avez des épisodes de saison sèche où il n'y a pas d'eau,
12:03il n'y a plus d'accès du tout, par exemple,
12:06sauf à imaginer y aller à un hélicoptère, mais voilà.
12:09Pour le ramesage scolaire, ce n'est pas très pratique.
12:12Exactement.
12:13Stéphane, on se penche sur les prochaines innovations de Bionatix,
12:17ici au Forum des Projets Urbains.
12:19L'idée, c'est de connecter encore mieux demain vos données et la plateforme que vous avez déjà connectée ?
12:26Oui, c'est ça.
12:26Il y a deux enjeux pour Bionatix.
12:28Il y en a un premier qui est plutôt, on va dire, très contextuel aujourd'hui,
12:32lié aux enjeux environnementaux,
12:34qui est de pouvoir déployer nos capacités à modéliser aujourd'hui
12:37l'effet un peu bioclimatique des quartiers.
12:40On a des solutions qui permettent aujourd'hui de simuler les îlots de chaleur urbain
12:45et surtout leur devenir en lien avec cette fameuse végétation dont parlait de Gynierou.
12:49C'est-à-dire qu'on va vraiment tenir compte de la croissance des plantes
12:52et de la nature des revêtements de sol
12:54pour aller calculer l'évolution d'un îlot de chaleur urbain,
12:57c'est-à-dire sa performance au cours du temps.
12:59Et on voit que c'est très lié à la végétation,
13:01cette renaturation de la ville,
13:03ou alors dans un cas d'une opération d'aménagement,
13:05évidemment, bien pensée.
13:06Après, le deuxième sujet, c'est vraiment de rendre ces maquettes numériques
13:09beaucoup plus collaboratives,
13:11c'est-à-dire d'avoir une capacité à donner plus de sens, plus de valeur,
13:14de dépasser simplement l'étape visuelle
13:16pour aller vraiment dans des usages beaucoup plus approfondis
13:19de ce patrimoine de données numériques.
13:22C'est-à-dire qu'on n'est plus sur la visuation simplement géométrique quelque part,
13:24mais on vient donner des fonctions, des usages à cette maquette numérique
13:28pour pouvoir servir le territoire
13:30et servir finalement le cycle de vie de ce projet urbain
13:33qui, une fois construit, devra vivre.
13:36Donc, c'est des quartiers qui vont vivre.
13:37Et la maquette numérique, c'est quand même un patrimoine de données
13:41qui va servir le territoire, qui peut le servir sur le très long terme.
13:44Voilà un exemple, en tout cas, de ce qu'on peut faire avec un jumeau numérique,
13:47comme on dit, en dynamique, on l'a bien compris.
13:49Et c'est vrai qu'aller voir la démo, c'est assez saisissant.
13:52Un grand merci, Denis Giroux.
13:54Je pense que vous êtes peut-être notre invité qui habite le plus loin
13:57ou qui a fait le plus de déplacements, 8 000 km,
13:59pour venir nous voir, directeur général de l'EFPAG,
14:01l'établissement public foncier d'aménagement de Guyane.
14:03Merci à vous.
14:04Merci Stéphane Gourgou.
14:06Je rappelle que vous êtes le cofondateur de Bionatics.
14:08Messieurs, à très bientôt dans ce parti.
14:10Merci.
14:10Merci.
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