Shein au BHV : le symbole d’une France qui ferme boutique [Alexandre Mirlicourtois]

Xerfi Canal

🏙️ La France se vide de ses commerces : le paradoxe Shein au BHV révèle une crise bien plus profonde
Derrière le succès de Shein se cache un malaise : la décommercialisation des centres-villes français. Fermetures en série, vacance record, explosion du e-commerce… le commerce physique est en pleine mutation.

• 🛍️ Des enseignes historiques comme Camaïeu, Kookaï, André ou Habitat ont disparu.
• 📉 62% des communes n’ont plus aucun commerce local.
• 🏚️ La vacance commerciale dépasse 11% dans les villes moyennes.
• 🚗 Moins d’accessibilité, coût du stationnement, insécurité : les Français désertent les centres.
• 💻 L’essor du e-commerce et de la seconde main accentue la crise.
• 🔄 Après la désindustrialisation, place à la décommercialisation.

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00:00C'est bien là le paradoxe. L'implantation physique de Chine au BHV est le symbole de

00:11la décommercialisation qui gagne la France en général et surtout ses centres-villes.

00:17Camailleux, Jennifer, Koukai, Gap, Entrée, Minelli mais aussi Habitat, Casa, The Body Shop,

00:23autant d'enseignes qui ont soit disparu du paysage commercial, soit traversé ou traverse

00:29encore de grandes difficultés. Moins marquant mais tout aussi significatif, nombre de petits

00:36commerçants indépendants baissent le rideau sans trouver de repreneur. Deux chiffres permettent de

00:41prendre la mesure de l'ampleur du phénomène. 62% des communes ne disposent plus aujourd'hui

00:47d'aucun commerce. Elle n'était que 25% dans ce cas en 1980. Autre marqueur des difficultés,

00:56le taux de vacances des centres-villes des agglomérations de plus de 20 000 habitants.

01:00Tous sites confondus, il a quasiment doublé en 20 ans pour dépasser 11% avec une forte accélération

01:07après la crise Covid. Si les centres commerciaux sont les plus touchés par cette hausse tendancielle,

01:14les commerces pieds-immeubles, c'est-à-dire pour partie les quartiers commerçants des centres-villes,

01:18ne sont pas épargnés. Avec un taux de vacances inférieur à 9%, les zones commerciales à l'extérieur des villes,

01:24souvent assimilées à la France moche, s'en sortent au mieux. Mais la situation s'y dégrade aussi.

01:30Image inversée de la progression des taux de vacances, l'offre commerciale dans les centres-villes

01:36se raréfie avec une redistribution des cartes entre secteurs. Des magasins d'habitements,

01:42de chaussures et de maroquinerie disparaissent peu à peu du paysage. En revanche, un secteur se

01:49renforce réellement celui des cafés-hôtels-restaurants et dans une moindre mesure le segment

01:54parfumerie-beauté-soin. Le reste périclite, même l'alimentaire. Ce qui doit inquiéter,

02:01c'est que les racines du mal sont essentiellement structurelles. Il faut d'abord mentionner le recul

02:08de l'accessibilité au centre-ville. Trois Français sur dix déclarent s'y rendre moins souvent qu'avant,

02:14et justifie en partie cette baisse de fréquentation par la difficulté de se garer, sans compter le

02:21coût du stationnement et les problèmes d'insécurité. Un report s'effectue en partie vers les autres

02:26sites physiques, zones commerciales, centres commerciaux. Mais il demeure partiel car cette

02:31tendance de fond en télescope une autre l'essor du e-commerce. Celui-ci est passé en moins de dix ans de

02:3965 à plus de 175 milliards d'euros de chiffre d'affaires. C'est un signe. Les plateformes

02:46internationales représentent aujourd'hui 22% des colis livrés par La Poste contre 5% il y a cinq ans.

02:52La concurrence avec les magasins est d'autant plus rude qu'elle est, pour une large part, déloyale.

03:00Non-respect des règles sociales, environnementales, de sécurité. Et il faut désormais composer avec

03:06l'explosion du marché de la seconde main. Fragilisés, les entreprises du commerce font

03:11de plus en plus défauts, donnant à cette tendance un caractère quasi structurel. Le mal est d'autant

03:17plus important lorsqu'il s'agit d'enseignes locomotives, car c'est un véritable cercle

03:22vicieux qui se met en place. Les fermetures de magasins et de commerces entraînent une baisse

03:28de la fréquentation et de l'attractivité, entraînant à leur tour de nouvelles fermetures, etc. Le piège se

03:34referme. Le tout dans un contexte conjoncturel délicat, avec une consommation à taux et

03:40qu'il se déporte des biens vers les services numériques. C'est la double peine. Le constat

03:45est amer. Après s'être vidé de ses usines, la France se vide de ses commerces. La décommercialisation

03:52après la désindustrialisation.

03:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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