Ce jeudi 18 décembre, le tableau de bord de la conjoncture publié par l'Insee a été abordé par Jean-Marc Daniel et Emmanuel Lechypre dans leur chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:26Et bon, outre que je ne comprends pas trop ce que ça veut dire, la réalité c'est que cette note, on pourrait la résumer beaucoup plus simplement en appelant ça des entreprises vaillantes et des consommateurs chouinards.
00:35Parce que c'est exactement ce que montre cette note de conjoncture.
00:38C'est un peu, vous vous rappelez la chanson de Brassens, le petit cheval dans le mauvais temps qu'il avait donc du courage ?
00:44Et bien c'est ça l'économie française aujourd'hui.
00:45C'est des entreprises qui résistent et qui sont aujourd'hui le moteur de la croissance malgré un environnement adverse, malgré les droits de douane aux Etats-Unis, malgré la déferlante de produits chinois,
00:56malgré le bazar politique en France, elles investissent.
01:01Et ça c'est quand même important.
01:03Alors elles investissent notamment parce que la BCE a baissé ses taux, parce que sinon elles prennent quand même quelques hausses d'impôts supplémentaires.
01:11Et puis des consommateurs chouinards parce que l'INSEE alors vraiment pointe quelque chose d'extraordinairement unique à la France et qui montre bien finalement la façon dont les Français se plaignent et n'ont pas conscience de vivre dans un pays qui les protège beaucoup.
01:27C'est que si vous interrogez tous les Européens sur ce qu'ils pensent de leur pays, il n'y a pas un pays où on est plus pessimiste qu'en France.
01:34C'est-à-dire que dans quel pays l'avenir s'annonce horrible ? Ah là là, c'est la France.
01:39Et quel est le pays dans lequel tout ça n'affecte absolument pas la situation personnelle des ménages qui, année après année, disent, pour nous ça ne va pas si mal, c'est quand même la France.
01:50Donc oui, des entreprises vaillantes, des consommateurs chouinards.
01:53Du coup ça les fait épargner ces ménages.
01:55Du coup ça les fait épargner massivement.
01:57Jean-Marc, comment vous regardez la note de conjoncture ?
01:59Alors je ne veux pas jouer les rabats-jois, mais je pense que faire 0,9% de croissance, ce n'est pas un exploit.
02:05Et surtout, quand on regarde dans les détails, parce que moi je suis toujours sur la vieille école des années 70, comme dirait Emmanuel.
02:151870.
02:17Voilà, on le rappelle.
02:18Donc je suis, ma référence est l'économie classique, néoclassique.
02:22Et donc la croissance économique, c'est des entreprises qui investissent.
02:25Et ça permet aux consommateurs de consommer après.
02:27Mais ce n'est pas parce qu'on dépense qu'on est riche, c'est parce qu'on est deux feux du riche qu'on peut dépenser.
02:31Et quand on regarde effectivement, on pourrait se dire que ça c'est une bonne nouvelle,
02:34puisque l'investissement des entreprises est plutôt au rendez-vous.
02:38Mais si on prend un peu de recul, on retrouve là aussi une de mes obsessions, c'est le cycle.
02:43Et quand on regarde l'évolution de l'économie, donc vous avez une tendance.
02:47Cette tendance reste très très faible, entre 0,5 et 1%.
02:51Vous avez un cycle, et puis vous avez des aléas.
02:54Or, ces aléas, ça a été essentiellement la Covid, qui a retardé la dynamique cyclique.
03:00Maintenant, si vous regardez les indicateurs cycliques,
03:02ce que fait l'OCDE au travers de ce qu'ils appellent l'ICA,
03:05vous apercevez que la France est celle qui a pris du retard par rapport au cycle,
03:08et donc qui est dans une phase de rattrapage sur le cycle par rapport aux autres pays du G7.
03:13La conséquence, c'est que cet indicateur est à 101 en France,
03:15alors que dans les autres pays, il est à 100.
03:17Donc ça veut dire qu'il y a une dynamique de rattrapage qui se fait,
03:20et qu'on constate effectivement sur la liste.
03:21Les cycles, ça existe quand même beaucoup moins, Jean-Marc.
03:24C'est des mini-cycles, c'est des baby-cycles.
03:26Oui, parce que nous, en France, on ne subit pas les cycles
03:29parce qu'on est l'économie de redon, on fait attention à tout.
03:31Oui, absolument.
03:32Non, puis même, globalement, pour tout un tas de raisons,
03:34les économies sont beaucoup moins cycliques aujourd'hui
03:36qu'elles ne l'étaient à l'époque où Jean-Marc a appris l'économie.
03:39Non, non, elles sont restées cycliques.
03:40Quand on regarde, il y a eu la récession en 2008-2009.
03:45Mais ridicule par rapport aux récessions du passé.
03:47Ah, celle de 2008-2009, elle n'a pas été ridicule.
03:50C'est la seule, il y en a eu deux en 30 ans.
03:52Et donc, si je regarde cette dynamique,
03:55il y a une composante positive au travers du cycle,
03:59ce qui fait que la tendance, elle, est plutôt une tendance
04:01à une croissance assez molle.
04:04Et il y a deux indicateurs qui me permettent de dire ça.
04:06Le premier, c'est que la population active commence à ralentir.
04:11C'est-à-dire qu'on avait une population active
04:13qui a augmenté de 250 000 personnes.
04:15Là, l'INSEE dit qu'il y a plus de 170 000 personnes de plus
04:17dans la population active.
04:19Or, il n'est de richesse que d'hommes.
04:20Il y a une tendance à avoir moins de gens pour travailler.
04:24Et en plus, cette population active, on l'utilise mal.
04:26Mais ça ne baisse pas le chômage.
04:27Le chômage ne baisse pas.
04:28Et pourquoi ?
04:30Et donc, le chômage ne baisse pas.
04:31Parce qu'effectivement, il y a toujours le même discours.
04:33Il n'y a pas la formation.
04:34Il n'y a pas...
04:35Il y a une inadéquation entre compétences et besoins.
04:37Entre le niveau de formation, entre le niveau de compétences,
04:40les appétences de la population et la réalité.
04:42Et puis, il y a un retour des gains de productivité aussi.
04:45Et il y a un moment où, au début,
04:46vous ne pouvez pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
04:48C'est-à-dire que pendant des années,
04:49la hausse de l'emploi, Jean-Marc,
04:50elle s'est faite au détriment de la productivité.
04:53Depuis le Covid, on ne comprenait pas
04:55pourquoi il y avait des créations d'emplois
04:57et pas de productivité.
04:58Et là, manifestement, il y a quand même un retour
05:01de la recherche des gains de productivité.
05:02Oui, mais pour avoir de la croissance,
05:04une vraie croissance,
05:05il faut avoir des gains de productivité
05:06plus des gens qui ont de rendu
05:08de plus en plus productif que l'on emploie.
05:10Et à ce moment-là, on a une croissance de 2-3%.
05:13Là, on a une croissance de 0,9-1%.
05:16Donc, on est plutôt, je maintiens,
05:17dans une phase où l'économie
05:19est en train de poser problème
05:21parce qu'elle s'essouffle,
05:22parce qu'elle n'arrive pas
05:22à avoir une perspective de croissance
05:25obtenue à long terme.
05:26Dans la très belle note de l'INSEE,
05:27où il y a toujours des points thématiques,
05:28il y a un point thématique extrêmement intéressant
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