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  • il y a 3 jours
Ce mercredi 5 novembre, la possibilité d'une hausse d'impôts annoncée par Reeves a été abordé par Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et c'est Rachel Reeves qui a fait parler d'elle, avec notamment des hausses d'impôts qui sont envisagées pour aborder cette situation outre-manche.
00:09C'est Maxime Darmé qui est avec nous, économiste senior chez Allianz Trade.
00:12Bonjour Maxime Darmé, merci d'être avec nous par téléphone.
00:15On parlera également dans un instant de la situation aux Etats-Unis avec une journée importante ce mercredi,
00:21puisqu'il y aura cet après-midi la publication du rapport ADP qui nous fera part notamment des créations de postes ou non,
00:27puisqu'on n'est pas à l'abri de destruction de postes le mois dernier aux Etats-Unis.
00:31Juste avant, oui je le disais hier, Rachel Reeves qui est la ministre des Finances a fait parler d'elle dans le sens où on voit quand même que du côté de Londres,
00:41c'est quand même de plus en plus compliqué de boucler un budget pour 2026 et ce sujet des hausses d'impôts qui revient à nouveau sur la table.
00:49Oui alors la Grande-Bretagne est un peu comme la France, c'est-à-dire dans une situation très compliquée sur le plan budgétaire.
00:55Ils ont un déficit de l'ordre de 5% du PIB, une dette de 100%, donc une situation quand même très dégradée sur le plan des finances publiques.
01:04Bon, l'avantage du Royaume-Uni par rapport à la France, c'est bien évidemment qu'ils ont un gouvernement stable,
01:08un gouvernement travailliste avec une majorité absolue au Parlement.
01:13Donc sur votre question du budget effectivement qui sera dévoilé le 26 novembre, donc à la fin du mois.
01:18Bon là, en l'état, on s'attend entre 30 et 40 milliards d'annonces d'économies qui seront largement, je pense, portées sur des hausses d'impôts.
01:30La difficulté pour Mme Reeves, donc la ministre des Finances, c'est de trouver quel type d'impôts, quel type de taxes augmenter,
01:38puisque je vous rappelle quand même que quand le Parti travailliste a été élu en 2024,
01:44ils avaient promis de ne pas toucher aux grands impôts ou aux grandes taxes qui toucheraient les travailleurs et les entreprises.
01:50Donc ils avaient promis de ne pas toucher à la TVA, ils avaient promis de ne pas toucher à l'impôt sur le revenu, à l'impôt sur les sociétés.
01:56Et le problème, c'est que la situation budgétaire est tellement dégradée qu'ils n'ont en fait guère le choix maintenant de taper dans un ou dans plusieurs de ces lignes pour réduire le déficit.
02:09Donc probablement, on pourrait avoir, on verra à la fin du mois, on pourrait avoir des hausses de TVA,
02:15on pourrait avoir une hausse de l'impôt sur le revenu et aussi, on parle d'une nouvelle hausse de taxes sur l'héritage
02:21et d'une taxe sur les transactions immobilières. Donc une équation budgétaire particulièrement compliquée
02:27entre la réalité dégradée des finances publiques et les promesses d'élections de campagne en 2024.
02:35Donc ça va être très compliqué. Un dernier mot là-dessus sur la situation budgétaire.
02:39Si on a effectivement, disons, 30 à 40 milliards de hausses d'impôts annoncées d'ici la fin novembre,
02:44ça sera en plus des 40 milliards qui avaient été annoncées l'année dernière.
02:49Donc en l'espace de deux ans, on aura un gouvernement travailliste qui aura potentiellement mis en place
02:56des hausses d'impôts ou des réductions de déficits, c'est-à-dire de 80 milliards de livres sterling.
03:01C'est du quasiment jamais vu dans l'après-guerre.
03:04Alors on dit souvent, la chance de la France, c'est d'avoir l'euro.
03:06Bon, du coup, forcément, eux, du côté de Londres, du côté du Royaume-Uni, ils n'ont pas cette chance d'avoir l'euro.
03:11Quand on regarde quand même la livre sterling face à l'euro, on voit quand même qu'elle s'est fortement dépréciée.
03:16L'IDEM face au dollar, ça, c'est quand même un enjeu important pour la Banque d'Angleterre
03:20qui, hasard de calendrier, va se réunir demain.
03:24Tout à fait. Alors c'est vrai que les marchés financiers sont particulièrement, comment vous dire,
03:30particulièrement difficiles, je trouve, sur le Royaume-Uni par rapport à la France.
03:35La France, il est vrai, je pense, bénéficie quand même de la protection de la BCE et de la protection de l'euro.
03:41Les marchés, voilà, hésitent quand même à attaquer trop fortement la dette française
03:45parce que derrière, il y a l'euro, il y a la BCE qui est une grande banque centrale.
03:49Le Royaume-Uni, ce n'est pas exactement la même chose.
03:51C'est une économie beaucoup plus petite, beaucoup plus vulnérable notamment,
03:56vulnérable au cycle mondial, mais aussi qui a quand même des difficultés structurelles.
04:03Si on veut un petit peu se rassurer du côté français, c'est que le Royaume-Uni,
04:05ils ont par exemple un déficit courant énorme, c'est-à-dire qu'ils doivent financer leur économie massivement
04:12en ayant recours au financement extérieur, au flux de capitaux, ce qui n'est pas vraiment le cas de la France.
04:18Donc les marchés financiers regardent Londres, regardent la situation des finances publiques
04:22et des finances extérieures d'un œil très, très avisé.
04:26Maintenant, la Banque d'Angleterre, pour répondre à votre question,
04:29elle est dans une situation assez...
04:29Alors, elle pense compliquée, je pense qu'elle n'est pas aussi compliquée que ça,
04:34c'est qu'on a une banque centrale, si vous voulez, la Banque d'Angleterre,
04:37qui est une banque centrale qui est devenue très laxiste, disons-le,
04:40et d'ailleurs je crains que la fête devienne un peu pareille,
04:42c'est-à-dire que l'inflation est très élevée.
04:46Elle frise les 4% au Royaume-Uni, donc c'est quasiment le double de l'acide de la Banque d'Angleterre,
04:51et malgré ça, la Banque d'Angleterre a continué à baisser ses taux tout au long de l'année 2024.
04:56Voilà. Donc c'est quand même, je trouve, une politique monétaire assez bizarre,
05:02parce que typiquement, quand l'inflation augmente,
05:04il faut à tout le moins maintenir des taux d'intérêt élevés, voire les augmenter.
05:08Et ce n'est pas du tout ce qu'a fait la Banque d'Angleterre.
05:11Résultat des courses, l'inflation est devenue quasiment hors de contrôle,
05:16enfin difficilement contrôlable du moins,
05:18ce qui pose problème, bien évidemment, même si à court terme,
05:22ça a été le bénéfice à court terme,
05:24la croissance britannique, au premier semestre 2025, a été très dynamique.
05:28Donc ils ont acheté de la croissance, si vous voulez, en baissant les taux,
05:32très bien, ça s'est vu dans les chiffres de croissance,
05:34le marché de l'emploi s'est affaibli, mais a été plutôt résilient en fin de compte,
05:39mais par contre, l'inflation est vraiment un problème qui devient de plus en plus sérieux.
05:44Et ce qui est inquiétant de voir, c'est que le comité de politique monétaire
05:47de la Banque d'Angleterre est encore divisé.
05:50C'est-à-dire, je pense que demain, ils vont rester stables sur les taux à 4%.
05:55Je pense qu'il n'y aura pas de baisse de taux au plus tôt avant le début de l'année prochaine,
05:59mais il est possible qu'une petite majorité du comité de politique monétaire
06:04de la Banque d'Angleterre décide de baisser les taux,
06:06ce qui deviendrait inquiétant, puisque l'inflation n'est pas sous contrôle.
06:10Donc, s'ils continuent dans cette voie, si vous voulez, d'assouplissement monétaire,
06:17qui est un chemin très périlleux, me semble-t-il,
06:21je crains que, effectivement, le sterling, la livre sterling,
06:24continue d'être sous pression au cours des prochains mois,
06:27face à l'euro et face au dollar.
06:29Et ça, bien sûr, il faudra suivre demain,
06:31après la communication de la Banque d'Angleterre.
06:34Ça sera demain, en début d'après-midi.
06:36Un mot quand même sur les statistiques du jour.
06:38Maxime Darmé, ça sera cet après-midi pour nous,
06:41notamment en 14h15, heure française,
06:43avec le rapport ADP aux États-Unis.
06:46Un rapport qui est, bien sûr, scruté dans un contexte
06:49où, avec le shutdown, il n'y a pas de rapport officiel.
06:52Habituellement, chaque premier vendredi du mois,
06:54il y a le Bureau des statistiques américain qui publie les chiffres.
06:57Et là, une nouvelle fois, ça ne sera pas le cas.
06:59Pour rappel, les derniers chiffres que nous avons eus,
07:00c'était début septembre.
07:03Oui, alors, effectivement, le shutdown fait que les données officielles,
07:06hors les données publiées par la Fed,
07:08ne sont pas publiées.
07:11Bon, l'avantage, c'est qu'aux États-Unis,
07:12c'est une économie qui produit énormément de données
07:15quand même de bonne qualité, y compris hors service public.
07:19Et donc là, les indicateurs qui nous perviennent
07:21sur les données alternatives,
07:23produites par le secteur privé ou par les Fed régionales,
07:27sur l'état du marché du travail,
07:30sont plutôt rassurantes.
07:31Je regardais, par exemple, un taux de chômage produit par la Fed de Chicago,
07:36une sorte de prévision en temps réel.
07:39Donc, c'est pas mal.
07:39Ils montrent que le taux de chômage a quasiment pas augmenté en octobre.
07:43Donc, ça, c'est plutôt rassurant.
07:45Par ailleurs, les intentions d'embauche de l'enquête NFIB,
07:48donc c'est les PME américaines,
07:50se sont plutôt stabilisées à des niveaux, certes faibles,
07:53mais il n'y a pas de dégradation, semble-t-il.
07:54Donc, tout ça suggère que le mois d'octobre a été un mois de faible embauche,
08:00mais pas de catastrophe, pas de chute marquée, en tout cas.
08:03Et qu'est-ce que ça nous dit ?
08:05Finalement, si on prend un peu de recul,
08:07ça nous montre que le marché du travail américain
08:09a trouvé une sorte de nouveau point d'équilibre,
08:12c'est-à-dire peu d'embauche,
08:14mais peu de licenciements en même temps,
08:16un taux de chômage qui, finalement, augmente très peu, voire pas du tout.
08:20Donc, c'est une sorte de nouvel équilibre
08:21qui est plutôt, je veux dire, rassurant
08:23pour l'économie américaine et pour la Fed,
08:26et qui me fait dire, depuis longtemps d'ailleurs,
08:29que la Fed va être très contrainte dans ses baisses de taux
08:32au cours des prochains mois,
08:33puisque, finalement, l'inflation va devenir le problème
08:36de plus en plus important.
08:38On parlait de la Banque d'Angleterre,
08:39je vous dis, aux États-Unis, on a un petit peu le même problème,
08:41d'une inflation qui est de façon persistante au-dessus de la cible.
08:44Ils vont commencer à se rendre compte que le taux de chômage,
08:46finalement, le marché de l'emploi, finalement, résiste,
08:49mais pas très dynamique, mais c'est pas une catastrophe.
08:52Et il est, par ailleurs, impacté par la réduction drastique
08:56des flux d'immigration, qui fait que, finalement,
08:58vous n'avez plus beaucoup de gens qui rentrent sur le marché du travail.
09:00C'est aussi une raison pour laquelle le taux de chômage
09:03n'augmente pas beaucoup, finalement.
09:04Et donc, la Fed, je pense, va être très limitée
09:07dans les prochaines baisses de taux.
09:09Pas sûr qu'il coupe en décembre.
09:10En tout cas, ça va être très limité au premier semestre de 2026.
09:13Et en tout cas, vous pourrez suivre cette statistique,
09:15donc le rapport ADP sur l'emploi,
09:17cet après-midi, dans BFM Bourse,
09:19à partir, bien sûr, de 15h30,
09:20avec Guillaume Sommerer.
09:21Merci beaucoup, Guillaume Daré.
09:22Merci.
09:23Maxime Daré, de nous avoir accompagné ce matin,
09:25Economie Senior, chez Allianz Trade.

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