Ce vendredi 12 septembre, les dernières annonces de la BCE, qui revoit en marge ses prévisions de croissance et d'inflation pour l'année prochaine, ont été abordées par Stéphane Colliac, économiste BNP Paribas, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00Et notre éclaireur ce matin c'est Stéphane Koyak, économiste chez BNP Paribas.
00:05Bonjour Stéphane Koyak, merci d'être avec nous dans Good Morning Market afin de revenir notamment sur la BCE
00:11qui donc comme attendu n'a pas annoncé de baisse de taux hier, qui a revu à la marge ses prévisions de croissance et d'inflation pour l'année prochaine.
00:20Comment vous regardez la situation en Europe concernant les prévisions de croissance, d'inflation Stéphane Koyak ?
00:27Bonjour Etienne, la façon dont on les regarde c'est qu'effectivement comme vous le dites c'était attendu, donc pas de surprise.
00:35Ce qu'on attendait c'était aussi la mise à jour des prévisions d'inflation croissance de la BCE pour l'avenir.
00:43Et donc ce qu'on voit c'est qu'il y aura probablement une attitude qui sera data driven à l'avenir.
00:51Donc si jamais les données devaient décevoir on pourrait avoir un nouvel assoupissement.
00:55Mais globalement c'est pas ce qu'on observe dans les données, donc c'est pas ce qu'on attend non plus.
01:00Par contre on les trouve un peu pessimistes sur 2026, sur la croissance notamment, où la prévision est simplement à 1%.
01:08Nous on a 1,4% notamment parce qu'on pense que l'Allemagne va s'accélérer davantage.
01:13Donc on pense qu'au fur et à mesure la balance des risques va se déplacer et peut-être pointer vers un risque de resserrement monétaire à terme.
01:24Donc c'est pas immédiat.
01:25Le wait and see devrait durer un moment, probablement un an à peu près, si les prévisions sont respectées.
01:32Mais à fin 2026, on pourrait avoir un risque qu'au contraire la BCE doive resserre un tout petit peu sa politique monétaire.
01:38Avec tous les regards qui sont évidemment tournés vers l'Allemagne, nous en reparlerons dans quelques minutes avec Olivier David pour VEGAIS avec Rheinmetall.
01:46Mais juste un mot par rapport aux attentes de croissance et d'inflation en Allemagne.
01:50Quelles sont vos prévisions chez BNP Paribas ?
01:53Puisque vous avez l'Allemagne qui est aujourd'hui industriellement, mais les bouchées doubles pour se réarmer.
01:58Ça a des conséquences pour l'instant sur les dernières prévisions, sur les derniers chiffres, notamment du côté de la balance commerciale ou des indicateurs similaires ?
02:07Oui, alors notre prévision précise pour l'Allemagne c'est 1,4% pour l'année prochaine.
02:11C'est une accélération très marquée puisque cette année nous avons 6 points 0,3.
02:14Le premier semestre objectivement a été neutre puisqu'on a une croissance au premier et une baisse du PIB au deuxième.
02:22Mais en fait on a vu une baisse de l'investissement en Allemagne au deuxième trimestre qui nous semble un peu trop forte pour être catholique, si vous m'autorisez l'expression.
02:32Et on a l'impression que c'est peut-être une anticipation des programmes d'aide, notamment du suramortissement pour l'investissement des entreprises
02:40et puis des plans de dépenses dans les infrastructures et dans la défense qui doivent intervenir au deuxième semestre.
02:47Et donc c'était pertinent d'attendre pour tous ceux qui souhaitent investir que ces aides soient là.
02:52C'est la façon dont on lit un peu le chiffre négatif du deuxième trimestre.
02:56Et donc au contraire, si on attend pour investir et qu'au deuxième semestre tout ça sera en vigueur,
03:01au contraire la croissance devait s'accélérer dès ce moment-là.
03:04Et ça c'est vrai qu'on le voit d'ores et déjà dans plusieurs chiffres,
03:08notamment la balance commerciale française en particulier nous montre qu'on a une croissance maintenant des exportations vers l'Allemagne
03:13au mois de juillet alors que pendant deux ans on avait eu des baisses liées à la récession industrielle allemande.
03:19Donc manifestement il y a quelque chose qui a changé.
03:22Très clairement et ça se voit en bourse et notamment sur les taux allemands avec notamment dans les prochaines semaines
03:28l'Allemagne qui va devoir se refinancer, ça sera bien sûr l'un des événements majeurs de cette fin d'année.
03:32Un dernier mot quand même Stéphane Koyak sur le prochain rendez-vous, la Fed, la banque centrale américaine
03:38qui est attendue au tournant mercredi prochain, certes sur une baisse de taux mais également sur les futures baisses de taux.
03:43Hier on a quand même eu des inscriptions hebdomadaires au chômage qui sont ressorties sur des plus hauts de 2021.
03:49Oui, alors nous on considère que ce chiffre-là est perturbé par les tempêtes au Texas
03:54et que c'est ça qui explique la majeure partie de la surprise à l'heure sur ce chiffre.
03:59Globalement on reste sur un scenario de baisse à 25 points de base,
04:03notamment parce qu'on a vu les chiffres d'inflation sortir hier à peu près comme nous on les attendait
04:08et ça veut dire que c'est un peu, qu'on sera probablement dans un an à une inflation CPI à peu près à 3,7%,
04:16c'est notre prévision, donc en dessous des anticipations des ménages,
04:21mais donc une accélération mais pas suffisante pour que ça remette en cause ce qui a été dit par Jérôme Powell à Jackson Hole,
04:29c'est-à-dire que la composante d'emploi prend le pas sur la composante d'inflation
04:34et le ralentissement qu'on a vu sur les créations d'emplois et de non-femmes payrolls la semaine dernière
04:40est suffisant pour entraîner une baisse de taux dès ce mois-ci, mais aussi les deux meetings suivants
04:46et encore 50 points de base début 2026, mais peut-être pour une phrase de conclusion là-dessus pour moi,
04:53c'est que ça fait front-loader les baisses de taux que précédemment nous on anticipait plutôt pour 2026
04:59et ça ne fait pas plus de baisses de taux à l'arrivée, parce qu'à l'arrivée on pense que la situation du marché du travail
05:05va se stabiliser, que c'est un caillou dans la chaussure à court terme,
05:10mais que le taux de chômage devrait rester relativement proche du taux de chômage du plein emploi in fine.
05:16D'autant plus que l'inflation est collante, encore hier les chiffres d'inflation ont démontré une inflation proche des 3%,
05:22avec pour l'instant encore une grande incertitude sur les droits de douane,
05:26sur la répercussion de ces droits de douane sur l'inflation américaine.
05:30Oui, il reste une incertitude, alors elle est peut-être plus forte encore pour les agents économiques
05:35pour qui ça reste plus le brouillard peut-être que pour un économiste qui a plus de matériel pour y voir clair.
05:45Globalement, je vous dis, nous, ce qui a été publié comme chiffre hier est pleinement en ligne avec son pensée qu'on aurait,
05:52c'était le même cas les mois précédents.
05:54Donc si on continue à être aussi bon sur nos collisions d'inflation US,
05:59on arrivera à un point de plus à peu près, même un peu moins qu'un point de plus à terme.
06:05Donc c'est quelque chose qui reste contenu,
06:08ce n'est pas une explosion d'inflation, c'est une hausse graduelle.
06:12Il y a des comportements de marge qui s'opèrent probablement dans les entreprises,
06:15tout ne se transmet pas à l'indice des prix.
06:19Et donc c'est un problème qui accroît la probabilité qu'on n'aurait pas 50 points de base de baisse,
06:26par exemple, mais plutôt 25.
06:28Si on avait eu juste la dégradation du marché du travail, peut-être qu'on aurait pu avoir 50.
06:32mais là, il faut équilibrer quand même la décision par rapport à la balance des risques
06:37et au mandat dual de la Fed.
06:39Et ça sera bien sûr à suivre mercredi prochain.
06:41Merci beaucoup Stéphane Koyek de nous avoir accompagné ce matin.
06:44Économiste chez BNP Paribas.
06:46Merci beaucoup Stéphane Koyek de nous avoir accompagné ce matin.
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