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  • il y a 1 jour
Ce jeudi 9 octobre, la Minutes de la Fed a été abordée par Maxime Darmet, économiste senior chez Alianz Trade, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00L'éclaireur du jour, c'est Maxime Darmé, économiste senior chez Allianz Trade.
00:06Bonjour Maxime Darmé, merci d'être avec nous dans Good Morning Markets.
00:09Les investisseurs, les marchés financiers ont pu suivre hier soir à 20h la publication des minutes de la Fed,
00:14ce compte-rendu de politique monétaire à l'issue de sa dernière réunion de politique monétaire en septembre,
00:20qui avait abouti à une baisse de taux décidée par la Fed.
00:24Les minutes de la Fed, elles n'ont pas spécialement inquiété le marché,
00:27on se demande d'ailleurs s'il réagit à autre chose que la thématique intelligence artificielle,
00:30mais globalement ce qu'on voit, c'est qu'il y avait un consensus, en tout cas il y avait une majorité pour baisser les taux,
00:37mais quand même une petite poignée de gouverneurs inquiets sur le sujet inflation.
00:40Obviamente c'est très difficile de lire ces minutes.
00:43On sent une Fed qui est tiraillée entre les deux objectifs de l'emploi,
00:46qui est très faible et qui n'a pas l'air vraiment de se redresser,
00:49et d'un autre côté l'inflation qui reste autour de 3% et qui pourrait encore un petit peu accélérer dans les prochains mois,
00:55notamment à cause de l'impact des tarifs douaniers.
00:56Donc vous lisez le rapport et on sent une Fed, elle ne sait pas quoi dire.
01:00Il y a l'inflation, il y a l'emploi qui nous inquiète,
01:03mais bon on va quand même baisser les taux,
01:06parce que les risques sur l'emploi sont quand même un peu plus forts que les risques sur l'inflation,
01:10on ne sait pas trop l'impact des tarifs,
01:11donc voilà on baisse les taux d'intérêt,
01:13et pour la fin de l'année on reste plutôt sur une politique qui serait plus accommodante,
01:18donc ce qui veut dire que les taux d'intérêt vont encore certainement baisser
01:22au cours de la prochaine réunion qui aura lieu à la fin du mois.
01:25Le fait qu'il y ait une poignée de gouverneurs qui s'inquiètent un petit peu du sujet inflation,
01:28ce n'est pas de nature à remettre en cause le scénario des marchés à l'heure actuelle,
01:32à savoir deux baisses de taux d'ici la fin de l'année ?
01:34Alors moi je pense qu'il n'y aura pas deux baisses de taux,
01:36je pense qu'il y aura une baisse de taux ce mois-ci,
01:39Et qu'après on arrête ?
01:40Et après il va arrêter,
01:41puisque quand vous lisez les minutes,
01:43je pense qu'il en faut peu pour que les risques d'inflation commencent à faire un petit peu peur au comité.
01:49D'accord, donc ce n'est pas si flou que ça quand même,
01:51ce n'est pas si flou que ça alors ces minutes,
01:54ça permet d'ajuster un scénario ?
01:56C'est comment je n'interprète,
01:57moi je n'interprète pas encore une fois un comité monétaire tiré entre ses objectifs,
02:01des nouveaux membres aussi comme Stephen Miran,
02:04qui sont pour des baisses de taux assez agressives,
02:06il a voté pour 50 points de base le nouveau gouverneur de la Fed,
02:10nommé par Donald Trump,
02:12donc pour l'instant dans le court terme,
02:14il reste focalisé sur l'emploi,
02:16tous ces gens du comité monétaire de la Fed,
02:18mais je pense que d'ici décembre,
02:20on est encore à deux mois,
02:21il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer,
02:24je pense que le risque inflationniste va reprendre le dessus,
02:28puisqu'ils vont se rendre compte que l'économie finalement est très résiliente.
02:30Et oui, l'emploi est peut-être très faible,
02:34mais la croissance est très forte.
02:36Et ça veut dire quoi ça ?
02:37Ça veut dire que la productivité est très forte,
02:39peut-être l'impact de l'IA.
02:41Vous savez que l'IA contribue à 30% de la croissance américaine à l'heure actuelle.
02:45Donc il y a vraiment cette poussée d'IA
02:47qui fait que la croissance 2026 pourrait être plus forte que prévu.
02:51Pourquoi la Fed baisserait ses taux ?
02:53Avec de l'autre côté quand même des entreprises qui licencient aux Etats-Unis,
02:56notamment même des entreprises qui affichent des résultats records
03:00en lien avec l'intelligence artificielle,
03:01donc avec un marché du travail qui se dégrade.
03:03Ça c'est intéressant.
03:04Vous avez donc une révolution technologique comme l'IA qui arrive là,
03:07on voit les effets.
03:08À court terme, c'est plutôt négatif sur le marché de l'emploi.
03:11Effectivement.
03:11C'est une des raisons, ce n'est pas la seule,
03:13pour laquelle les créations d'emplois sont aussi faibles.
03:16La deuxième raison, c'est la politique d'immigration très dure,
03:19qui explique aussi,
03:21il n'y a vraiment plus beaucoup de travailleurs à recruter de toute façon.
03:23Donc, à court terme, le marché de l'emploi paraît faible,
03:27mais la croissance est forte.
03:28Ça veut dire des gains de productivité.
03:30La Fed s'inquiète du marché du travail,
03:32mais si elle baisse trop dans une économie qui est en forte croissance,
03:36ou plutôt en forte croissance,
03:37il y a un risque que l'inflation ressurgisse.
03:39Tout ça est très compliqué.
03:40Bien sûr.
03:41Parce qu'en plus l'IA, on nous dit que ça va aussi baisser l'inflation,
03:44parce que l'IA c'est un choc de productivité positif,
03:47c'est un choc d'offres positifs,
03:48c'est supposé faire baisser l'inflation.
03:49Bien sûr.
03:49Mais en même temps, ce qui m'inquiète le plus,
03:51c'est que la Fed est de moins en moins indépendante
03:54par rapport aux pouvoirs politiques.
03:56Et ça, ça veut dire généralement
03:59que l'inflation pourrait rester un peu au-dessus de la cible.
04:02Je vous rappelle qu'on n'a pas atteint la cible de 2%
04:04depuis 2021-2022.
04:06Donc, le plus vous restez au-dessus de la cible de 2%,
04:09le plus difficile il sera de la ramener à la cible, l'inflation.
04:13Une question financière, marché financier.
04:15Vous nous avez dit que vous aviez eu du mal à lire,
04:17enfin, vous ne saviez pas exactement quoi interpréter
04:20dans ces minutes de la Fed.
04:23La Réserve fédérale américaine va se re-réunir fin octobre
04:27sans les chiffres de l'emploi aux États-Unis,
04:29en raison du shutdown du gouvernement.
04:32Il y a des inquiétudes aussi sur le sujet de l'indépendance de la Fed.
04:36Est-ce que le risque, c'est que la Fed soit moins regardée,
04:39moins écoutée par les marchés à moyen terme ?
04:41Moi, c'est un des plus gros risques qui pèse sur l'économie américaine.
04:46Le risque de perte d'indépendance,
04:48même si, de facto, la Fed reste indépendante.
04:51La simple perception par les marchés financiers,
04:54par les agents, par les consommateurs américains
04:56que la Fed est moins indépendante,
04:57qu'il y a une pression politique implicite.
05:00Par exemple, moi, je pense que la baisse des taux en septembre,
05:03le mois dernier, elle n'était pas vraiment justifiée.
05:05Quand vous regardez le niveau du taux de chômage...
05:08Elle a été justifiée par les sujets du marché,
05:09par les sujets de l'emploi ?
05:10Oui, mais la Fed devrait regarder le taux de chômage
05:13et pas l'emploi.
05:14Le taux de chômage, aux États-Unis, reste extrêmement faible.
05:16Il n'augmente que très peu.
05:18Et pour une banque centrale, c'est ce qui compte.
05:20Ce n'est pas l'emploi en soi.
05:21L'emploi, c'est une valeur absolue,
05:23ça ne veut rien dire sur la capacité productive de l'économie.
05:26Une banque centrale doit suivre le taux de chômage,
05:29qui vous montre, en fait, grosso modo,
05:30ça vous montre l'équilibre entre l'offre et la demande de travail,
05:33sur le marché du travail.
05:35Le taux de chômage n'augmente pas, ou n'augmente très peu.
05:38Alors qu'inflation est un risque, est un sérieux risque.
05:41Et le taux de 3%, je pense,
05:42elle va encore un petit peu augmenter au cours des prochains mois.
05:45Donc, les baisses de taux ne me semblent pas vraiment justifiées
05:47dans le contexte actuel.
05:48Et la croissance est forte, on l'a déjà évoqué.
05:50Maxime Darmé, en France,
05:52on a une situation politique complexe
05:54qui laisse entendre qu'on pourrait avoir du mal
05:56à avoir un budget à la fin de l'année,
05:57même si l'ancien Premier ministre Sébastien Lecornu
06:00s'est exprimé dans le sens d'un budget
06:03avant le 31 décembre.
06:05On a vu un petit peu de volatilité sur les marchés,
06:08notamment sur le CAC 40 en début de semaine.
06:10On est aujourd'hui sur un CAC 40 qui a 8 081 points,
06:13qui n'est pas encore à son plus haut historique,
06:14mais qui s'en rapproche quand même.
06:16On est sur des marchés obligataires qui se détendent.
06:19On est sur un 10 ans français à 3,50 à l'heure actuelle.
06:22Et alors, on avait un spécialiste des marchés obligataires
06:24hier en plateau qui nous disait,
06:25oui, mais ça, ça s'explique aussi par ce qui se passe du côté de l'Allemagne,
06:28où en fait, on a des chiffres qui sont moins bons que prévus.
06:31Et donc, le marché price peut-être un épisode récessif en zone euro
06:36et une intervention de la BCE.
06:38Est-ce que c'est comme ça qu'il faut comprendre la réaction du marché
06:40à la situation politique française ?
06:42Alors moi, je le vois plutôt comme le fait que les marchés
06:44ont intégré le fait que rien ne sera résolu
06:46avant l'élection présidentielle de 2027.
06:48C'est acté, les déficits resteront élevés,
06:51à environ 5,5, 5,2% du PIB.
06:54Les marchés l'ont parfaitement intégré.
06:57Si élection législative anticipée, il y a,
07:00ce qui est aussi, à mon avis, partiellement intégré par les marchés,
07:04les marchés voient bien que le Rassemblement national
07:05serait bien évidemment le premier parti,
07:07mais n'aurait pas la majorité absolue.
07:09D'accord.
07:09Donc, il serait sans doute obligé de composer
07:12avec la droite républicaine,
07:15à voir si le cordon sanitaire tient.
07:18Et donc, il y aurait, au final,
07:20ça accouchera d'un budget édulcoré dans tous les cas.
07:22On le voit bien.
07:24Et ça, c'est de nature à rassurer les marchés ?
07:26Les marchés ont compris.
07:27Il n'y aura pas un budget ambitieux de baisse du déficit.
07:30On restera largement au-dessus des 5% du PIB.
07:32C'est digéré, c'est intégré par les marchés.
07:35Il faudra attendre l'élection présidentielle de 2027
07:37pour résoudre les choses.
07:38Donc, pour l'instant, j'ai envie de dire,
07:40c'est plutôt une bonne nouvelle pour la France,
07:41puisque les taux d'intérêt, effectivement, ne s'envolent pas.
07:44Moi, je le vois plutôt sur cette explication.
07:47D'accord.
07:48Peut-être aussi les marchés...
07:48L'explication, c'est qu'on reste dans la séquence
07:50anticipée par les marchés,
07:51l'instabilité politique, c'est...
07:52Le site qui se maintient ou qui baisse un petit peu grâce à un petit budget
07:56ou une loi spéciale qui, à mon sens, serait le moins pire des scénarios,
08:00c'est intégré par les marchés et on garde notre souffle pour 2027.
08:03Alors, en matière de budget ou de sujet politique,
08:07on a quand même tous les partis politiques, ou presque,
08:09qui s'expriment sur une révision, une suspension de la réforme des retraites.
08:13Est-ce que ça, c'est de nature à inquiéter les marchés ?
08:16Le fait, non pas d'agir sur le budget,
08:19mais en plus de revenir sur des réformes
08:21qui ont été passées parfois difficilement ?
08:23Alors ça, vous avez raison, ça peut être très inquiétant.
08:25À mon sens, les marchés comprennent que c'est une possibilité
08:28assez relativement faible,
08:31puisque c'est quand même compliqué d'abroger une réforme.
08:33Je vous rappelle que même si, en théorie,
08:36à l'Assemblée nationale, vous avez une majorité,
08:38Rassemblement national, bloc de gauche,
08:40pour abroger la réforme des retraites,
08:42dans la réalité, le processus constitutionnel
08:44fait que les députés qui s'opposent à cela,
08:46les LR ou le Bloc central,
08:48ils peuvent sortir l'article 40 et dire
08:50« Très bien, mais l'abrogation de votre réforme,
08:52par quoi vous la financez, les nouvelles dépenses ? »
08:55Et c'est là que le RN et le Bloc de gauche
08:57ne vont pas être d'accord sur les recettes à apporter.
09:00Le Bloc de gauche va parler de taxe d'Ukman
09:01pour financer l'abrogation,
09:04le Rassemblement national va parler
09:05de baisse de dépenses sur l'immigration,
09:07je n'en sais rien.
09:08Donc, les marchés comprennent que ça reste un risque
09:11assez contenu, mais si ça devait se passer,
09:14je crains effectivement des mauvaises réactions.
09:16Très rapidement, Maxime Darmé,
09:19les derniers chiffres en provenance d'Allemagne
09:20ne sont pas de nature à inquiéter
09:22sur la santé économique européenne, selon vous ?
09:24Si, toujours.
09:25Ça montre que l'Allemagne ne décolle pas,
09:26que tant que le stimulus budgétaire n'arrivera pas,
09:29et ça ne sera pas avant la fin de 2026 à mon sens,
09:31l'Allemagne restera mirée dans des problèmes structurels,
09:34et quand bien même le stimulus budgétaire arrivera,
09:36ça va aider à court terme l'économie allemande,
09:38mais tous ces chiffres nous montrent que les problèmes allemands
09:40sont de nature structurelle,
09:42et ce n'est pas un stimulus budgétaire
09:43qui va régler la situation à moyen terme.
09:46Merci Maxime Darmé,
09:48de nous avoir accompagné dans l'éclaireur,
09:49dans Good Morning Market.

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