00:00Et nous allons faire ensemble un point sur le marché des fusions acquisitions mais aussi des restructurations en France.
00:08Pour en parler, nous avons le plaisir d'accueillir sur le plateau de Good Morning Markets Pascal Redron.
00:12Bonjour Pascal Redron.
00:12Bonjour Nicolas.
00:13Vous êtes le président de Hate Advisory, qui a notamment racheté récemment une société de conseil italienne, New Deal Advisory.
00:22Nous en parlerons en fin d'émission, notamment pour comprendre un petit peu la dynamique du marché italien sur le sujet.
00:26Juste avant, on va essayer de comprendre ensemble ce marché des fusions acquisitions, ce marché du M&A.
00:31Et en France, quelles sont ces dynamiques à l'heure actuelle ?
00:34Vous constatez, Pascal Redron, qu'il y a moins d'opérations qu'avant mais que les opérations sont sur des montants plus élevés.
00:39C'est exactement ça. C'est d'ailleurs un constat général que l'on fait dans le monde entier.
00:43Puisque globalement, le marché des fusions acquisitions a progressé de 15% au cours du premier semestre 2025.
00:49Mais tiré par un certain nombre de très grosses opérations, des méga deals de plus de 5 milliards de dollars.
00:54Il y en a eu 36 dans le monde entier.
00:57Extrêmement significatif.
00:58Et ce phénomène, on le constate aussi en France.
01:01Puisque par exemple, nous chez Elite Advisory, on a travaillé au cours du premier semestre sur 11 opérations de plus de 1 milliard d'euros de valorisation.
01:09Peu sont sortis à l'heure actuelle.
01:11Mais ça veut dire qu'il y a un pipe qui est très bon en matière de gros dossiers.
01:15Et également, on s'est livré à une petite analyse.
01:17On a regardé les portefeuilles des fonds de private equity français.
01:19Et on a constaté qu'il y avait à peu près 55 dossiers de plus de 1 milliard d'euros qui étaient prêts à être vendus dans les deux prochaines années.
01:28Donc le marché est globalement très alimenté par ces dossiers de grosse taille.
01:33Néanmoins, en termes de volume, on constate une baisse généralisée dans le monde entier.
01:38Moins 9% au global, dont moins 6% en Europe, moins 12% aux Etats-Unis, moins 8% en Asie.
01:45C'est général.
01:45Et ça, ça s'explique comment ? C'est-à-dire que les acquéreurs prennent moins de risques et veulent acheter des deals plus gros, peut-être des sociétés plus résilientes, c'est ça ?
01:52En fait, oui. C'est-à-dire que déjà, on a un constat général d'incertitude du monde économique, la guerre commerciale renforcée, la crise liée aux tarifs,
02:02plus la situation spécifique de la France avec un manque de visibilité totale, qui fait qu'aujourd'hui, les chefs d'entreprise sont extrêmement prudents.
02:10D'accord, donc on veut des sociétés solides.
02:11Recrutent moins. Et du coup, les acquéreurs se concentrent sur des secteurs qui sont effectivement plus solides, plus résilients et moins menacés par toutes ces incertitudes.
02:22Quel profil pour les acquéreurs, du coup, sur ces gros deals que vous constatez ?
02:27En fait, on a évidemment aujourd'hui le monde du private equity, des fonds d'investissement qui restent actifs, même si aujourd'hui, c'est un monde qui souffre un peu,
02:37puisqu'il y a eu beaucoup moins de cessions réalisées ces dernières années.
02:40Si on prend les statistiques de France Invest l'année dernière, 12 milliards d'euros de cessions réalisées pour 25 milliards investis.
02:47Et donc, quelque part, on a un décalage des courbes de cash, vous savez, de rétrocession du cash investi par les investisseurs.
02:54On estime qu'on a à peu près perdu deux ans en la matière ces deux dernières années.
02:59Et donc, avec des retours sur investissement qui fait qu'aujourd'hui, ce sont les grands acteurs du private equity qui, eux, restent extrêmement actifs
03:06et qui se concentrent sur ces belles et grandes entreprises.
03:08Si on achète des belles et grandes entreprises, comme vous dites, et qu'on se concentre sur ces hautes valorisations plutôt que sur les volumes,
03:15est-ce que ça veut dire qu'il y a moins de négociations sur les prix, par exemple, qu'on accepte d'acheter une entreprise sur des ratios de valorisation élevées ?
03:23Alors, situation contrastée. C'est-à-dire qu'en fait, on a toujours aujourd'hui un écart entre les multiples de valorisation demandées par les vendeurs
03:32et ce que sont prêts à payer les acquéreurs. On a un, deux points, parfois, de tour d'ébitda, d'excédent brut d'exploitation en bon français comptable,
03:40d'écart. Néanmoins, pour les actifs de grande qualité sur des secteurs avec beaucoup plus de visibilité,
03:49le logiciel, tout ce qui est gestion de patrimoine aujourd'hui, tout ce qui est services professionnels aux entreprises,
03:54qui ont des bons cash flow récurrents, prévisibles, là, pour le coup, les acquéreurs sont prêts à payer cher.
03:59Et ce qu'on constate en termes de multiples globales, c'est qu'on a à peu près un multiple moyen de marché
04:04qui est à peu près inférieur à 10. Mais les multiples de plus de 15 payés sur ces belles opérations
04:10sont en augmentation au cours du premier semestre. Donc ça, c'est très symptomatique de cette course, en fait,
04:16à la valeur et à la qualité.
04:18Vous intervenez aussi sur le marché de la restructuration. Est-ce que vous constatez qu'on a plus de restructuration qu'avant,
04:24moins de restructuration qu'avant, pardon, Pascal Redron ?
04:27Alors, tout à fait. Phénomène, effectivement, d'accélération du nombre de dossiers.
04:32Plutôt des petits dossiers ou des très gros dossiers,
04:36qui sont des entreprises qui souffrent, en fait, du contexte général,
04:41avec un surendettement avéré, marqué d'autant plus que leur performance opérationnelle est moins bonne.
04:46Donc, ce qu'on appelle le ratio de levier d'endettement augmente.
04:50Et mécaniquement, toutes les parties prenantes doivent se mettre autour de la table pour négocier.
04:53Et nous, chez Aïto de Vazori, on est là, évidemment, pour participer à ces discussions.
04:58Des entreprises plus endettées dans tous les secteurs, c'est une tendance économique
05:02ou c'est une certaine tendance sectorielle ?
05:04C'est quand même une tendance un peu générale,
05:06puisqu'on a quand même eu une augmentation des leviers, des financements des entreprises.
05:11Ce qui fait qu'aujourd'hui, encore une fois, conjugué à la baisse de rentabilité,
05:14on a un accroissement de la dette.
05:15Et en particulier, pour des secteurs qui étaient payés très cher il y a quelques années,
05:20la santé, l'éducation, qui aujourd'hui souffrent un peu plus du fait des restrictions budgétaires avérées ou probables.
05:27Et donc, assez mécaniquement, il faut que tout le monde se mette, encore une fois, autour de la table
05:31pour renégocier et trouver des solutions.
05:33Pascal Redron, je le disais en introduction, vous avez acquis la semaine dernière
05:37une société de conseil en Italie, New Deal Advisory.
05:40Pourquoi l'Italie ? C'est un marché porteur pour les fusions acquisitions.
05:43Là aussi, on en parle tout le temps de l'Italie en ce moment.
05:46Et il y a des opérations de fusion-acquisition à réaliser ?
05:50Marché fantastique.
05:51Troisième économie européenne, 2200 milliards de PIB, il ne faut pas l'oublier.
05:54Loin devant l'Espagne, 1600 milliards.
05:57Troisième marché en matière de fusion-acquisition, 42 milliards de deals réalisés au premier semestre.
06:01Plus que la France, 37 milliards de dollars de deals.
06:04Donc, un marché extrêmement actif.
06:06Des fonds d'investissement de private equity extrêmement dynamiques là-bas.
06:10Italiens ?
06:11Et donc, non, européens, français.
06:13Oui, d'accord, mais très présents en Italie.
06:15Très présents en Italie.
06:16Les Bennes, les PAI, les CVC que nous servons et que la société que nous avons achetée
06:21servait New Deal Advisor.
06:22Donc, un marché extrêmement prometteur.
06:25À suivre.
06:25Merci beaucoup, Pascal Redron, de nous avoir accompagné dans Good Morning Markets.
06:29Je rappelle que vous êtes président de Hate Advisory.
06:30Merci.
06:31Merci.
06:32Merci.
06:33Merci.