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  • il y a 1 jour
Ce mardi 7 octobre, le fait que l'incertitude politique est omniprésente lorsqu'on étudie l'économie d'un point de vue financier a été abordé par Patrice Gautry, chef économiste de l'Union Bancaire Privée, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et l'éclaireur du jour est Patrice Gauthry qui est en duplex avec nous, chef économiste de l'Union bancaire privée.
00:10Bonjour Patrice Gauthry.
00:12Bonjour.
00:13Merci d'être avec nous. On va faire le point un petit peu sur une séquence très politique sur les marchés financiers depuis quelques jours.
00:20On a eu le shutdown aux Etats-Unis, les discussions qui n'aboutissent pas entre démocrates et républicains.
00:25On a eu en France et donc en Europe cette démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu qui a fait réagir le CAC 40 hier.
00:35Patrice Gauthry, l'incertitude politique est-elle partout lorsqu'on regarde l'économie d'un point de vue financier ?
00:43Oui, l'incertitude politique est en train de monter paradoxalement alors que les marchés effectivement soit mettent l'accent simplement sur les Etats-Unis ou sur la France.
00:51Mais on voit qu'il y a effectivement au second semestre, il y aura probablement des tensions politiques beaucoup plus fortes.
00:56Vous l'avez rappelé, les Etats-Unis, c'est toujours ce shutdown, donc fermeture de l'administration américaine qui pour l'instant ne connaît pas de résolution.
01:04Et puis on a cet environnement un petit peu bizarre dans lequel on voit l'armée intervenir dans certaines villes américaines.
01:09Donc au total aux Etats-Unis, le risque c'est que bien entendu pour sortir de cette situation de fermeture de l'administration américaine, ça peut demander du temps.
01:17On évoque la date du 15 octobre parce que le 15 octobre, on devrait payer les fonctionnaires qui travaillent dans le secteur de la défense.
01:25Et donc on pourrait traîner effectivement des négociations jusqu'à cette date fatidique.
01:29Et puis au-delà, eh bien là on rentrerait dans un coût économique non négligeable.
01:33Au total, ça veut dire que de toute façon, il est probable que les Etats-Unis dépensent un peu plus puisque pour obtenir la majorité démocrate, il faudra réintégrer des dépenses de santé.
01:43Même chose avec le Japon puisqu'on a eu Madame Takahishi, la nouvelle potentielle première ministre, donc chef du LDP,
01:51qui elle intervient avec un programme de relance fiscale avec la question, bien entendu, quel est le coût ?
01:56Ça a plu au marché actions mais ça plaît un petit peu moins bien donc au marché obligataire
02:01parce qu'on a une pontification de la courbe de taux, c'est-à-dire que les taux très longs au-delà de 10 ans
02:06se sont un petit peu tendus avec ce programme de relance budgétaire.
02:12Et puis bien entendu, la situation au Royaume-Uni n'est pas simple non plus.
02:15On attend là encore une copie budgétaire qui devrait relever des taxes alors que la croissance économique anglaise est en train de s'effriter.
02:23Donc on a effectivement une coordination dans laquelle les calendriers politiques vont être intéressants à suivre.
02:29Si ce n'est pas peut-être un risque majeur pour les marchés actions, ça peut être un risque de fébrilité et de volatilité
02:35pour la partie la plus longue de chacune des courbes d'intérêt.
02:39Sur la séquence française, Patrice Gautry, on a vu les marchés obligataires se tendre hier durant la séance,
02:46surtout en début de séance, on a vu les marchés actions marquer le pas du coup suite à la démission surprise de Sébastien Lecornu.
02:54Comment est-ce que vous analysez cette séquence avec 24 heures de recul maintenant sur le sujet ?
02:58Alors pour l'instant, on est toujours dans une période d'observation de la situation économique française.
03:06Je dirais que l'écart de taux entre les taux français et les taux allemands n'est pas spécialement un niveau de crise.
03:12C'est un niveau plus élevé, 85, 86, 87, point de base d'écart entre les deux emprunts.
03:18Et bien entendu, une situation d'observation.
03:21Si jamais on rentre dans d'autres scénarios, dissolution, démission, etc., etc.,
03:26alors à ce moment-là, le spread avec l'Allemagne risque de se tendre.
03:29C'est-à-dire qu'au total, on risque d'avoir un coût de la dette française qui augmente de façon significative.
03:36Mais d'un autre côté, effectivement, on a vu aussi en dehors de la faiblesse du marché actions,
03:41une certaine faiblesse aussi de l'euro, sachant que du côté de la Banque centrale européenne,
03:47il n'y aura probablement pas encore d'intervention, puisque, je le rappelle,
03:51l'outil qui permet effectivement d'éviter une fragmentation des marchés obligataires européens,
03:56le fameux TPI, lui, n'intervient qu'à trois conditions.
03:58Il faut que l'État le demande et soit en état de négociation avec la Commission européenne,
04:03ce qui n'est pas le cas actuellement.
04:04Bien entendu, la Commission va examiner de près le prochain futur budget, s'il y en a un.
04:09Bien sûr.
04:09Et puis, l'autre part, effectivement, il faudrait qu'il y ait une interruption,
04:13une impossibilité pour l'État français de se refinancer,
04:16ce qui n'est pas le cas, même si, effectivement, l'État se refinance.
04:19Donc, pas d'activation automatique du côté de la BCE avec l'organisme ou le mécanisme du TPI,
04:26mais bien entendu, une évolution du spread France-Allemagne
04:29qui est à surveiller dans cet environnement politique qui reste hautement incertain.
04:33Pas d'intervention de la BCE face à la situation politique et budgétaire française.
04:38Si c'est important de le mentionner, Patrice Gautry,
04:42c'est parce que vous avez posé le cadre de cette incertitude politique globale,
04:47que ce soit aux États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni ou même plus récemment en France.
04:52Et pourtant, on a des marchés financiers.
04:54Quand on regarde le Nikkei au Japon, quand on regarde les marchés financiers américains,
04:57quand on regarde le CAC 40.
04:58Alors, le CAC 40 a effectivement corrigé hier,
05:00mais on reste sur des niveaux au-dessus des 7900 points,
05:04donc des niveaux qu'on a touchés il y a trois jours en clôture.
05:08On a quand même l'impression que les marchés financiers regardent ce qui se passe du côté politique,
05:13mais sont surtout rivés sur les décisions de Banque centrale et notamment la décision de la Fed.
05:18Comment expliquer que dans un contexte politique instable,
05:21les marchés continuent de performer, Patrice Gautry ?
05:25Oui, alors il y a deux raisons.
05:27Premier point, c'est que l'économie mondiale est résistante, résiliente même, on peut dire.
05:31C'est-à-dire que malgré ces incertitudes du côté des États-Unis comme du côté européen,
05:36on le voit bien aussi avec quelques bémols du côté des indicateurs allemands
05:40qui sont en attente des effets positifs de la relance budgétaire allemande,
05:46eh bien cette économie mondiale, tant aux États-Unis qu'en Europe,
05:50même si la croissance européenne est relativement modérée, est relativement résiliente.
05:55Deuxième point, c'est que les entreprises sont dans ce contexte-là toujours très profitables.
06:00elles dégagent des bénéfices et l'horizon sur les bénéfices reste positivement orienté
06:04à partir du moment où il n'y a pas de gêne pour les refinancements
06:08ou de gêne particulière sur l'activité.
06:10Et même s'il y a des difficultés liées avec encore des taxes,
06:14on voit bien que M. Trump est revenu avec des taxes sur les camions, etc. la nuit dernière,
06:19eh bien le système manufacturier est en train de se réorganiser.
06:23Donc au total, c'est une hausse sur les coûts avec les tarifs,
06:26mais ça ne met pas à mal la profitabilité des entreprises,
06:31tant américaines qu'européennes, que japonaises.
06:33Et puis bien entendu, le marché, on le rappelle tous les jours,
06:36il est avec un focus important sur cet environnement de nouvelles technologies
06:41et d'accession à un univers économique qui permet de favoriser
06:46le développement de l'intelligence artificielle
06:49et tous les investissements qui sont rattachés,
06:52plus investissements d'infrastructures en Europe.
06:54Donc c'est pour ça qu'effectivement, les marchés d'action ne sont pas aujourd'hui impactés.
06:58C'est plus les marchés de devise et les marchés de taux,
07:01notamment la partie longue, qui reflètent ces incertitudes
07:04au travers un peu de volatilité, voire de faiblesse.
07:08On retrouve bien entendu la faiblesse du dollar,
07:10la force du dollar, la force du bitcoin, etc.
07:12Avec notamment un euro qui cède toujours un peu de terrain face au dollar,
07:18un euro dollar qui est à 1,1683 ce matin,
07:22l'euro qui cède aussi du terrain face aux yens en recul de 0,10%.
07:29Merci Patrice Gautry de nous avoir accompagné
07:31dans la première partie de Good Morning Markets, l'éclaireur.

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