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  • il y a 4 jours
Ce mardi 4 novembre, la fragilité de la trêve commerciale entre la Chine et les États-Unis, a été abordée par Patrick Zweifel, chef économiste de Pictet Asset Management, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Juste avant donc parlons de la Chine avec Patrick Zweifel qui nous accompagne depuis Genève où il
00:06est chef économiste de Pictet Asset Management. Bonjour Patrick Zweifel, merci d'être avec nous
00:10ce matin en direct sur BFM Business pour en effet faire un petit point d'étape sur la Chine puisque
00:16c'est vrai que c'est une image qui n'est pas facile à décrire, en tout cas à dessiner au milieu d'une
00:20guerre commerciale, d'une crise immobilière qui a encore laissé des traces et puis surtout une
00:24consommation qui est en 2000 teintes. Si on regarde les derniers indicateurs économiques en Chine quand
00:30même que la production industrielle, l'activité industrielle aux Etats-Unis est toujours en
00:35difficulté quand même. Oui bonjour Etienne, merci de m'avoir. Si on regarde effectivement la situation
00:45économique globale de la Chine et son activité, c'est vrai que comme vous le disiez on a eu un
00:51début d'année qui était particulièrement encourageant. En moyenne annuelle on croissait
00:57largement au-delà des 5% sur les deux premiers trimestres et puis on a eu ce ralentissement
01:02effectivement qui est apparu à partir de l'été. On est à 4,8 en variation annuelle donc c'est
01:08pas monstrueux comme ralentissement mais c'est vrai que c'est plutôt en séquence qu'on observe ce
01:12ralentissement où on est passé de plus de 5,5 comme je disais au premier trimestre à quelque chose
01:17comme 3% aujourd'hui. Donc c'est un ralentissement qui est essentiellement dû à une demande domestique
01:23interne et c'est vrai que même si comme vous le mentionnez auparavant on a des indicateurs
01:29manufacturiers d'enquête qui sont légèrement au dessus ou en dessous des 50, dépendant de ces
01:36derniers mois, finalement la production industrielle elle-même se tient relativement bien. Là aussi on
01:41est à plus de 6% en croissance annuelle donc ce qui est relativement proche de la tendance d'avant
01:46pandémie mais là aussi similairement au PIB ce qu'on observe c'est un ralentissement en séquence
01:52avec une croissance sur six mois qui est elle de moitié de sa croissance annuelle donc on a un effet de
01:56base positif mais la croissance industrielle effectivement en séquence on a plutôt valé 3%.
02:00Au milieu de tout ça il y a une guerre commerciale qui est toujours très forte entre la Chine et les
02:05États-Unis. Certes la semaine dernière Donald Trump a qualifié sa réunion de géniale avec Xi Jinping mais on est
02:10vraiment sur une trêve qui est temporaire avec des droits de douane qui sont toujours présents
02:14et puis surtout un accord qui n'est que provisoire. Comment aujourd'hui la Chine peut réorienter son
02:20économie, son industrie avec cette guerre commerciale et ces dernières semaines quand même une baisse
02:26importante de l'ordre de 30 à 40% des exportations de la Chine vers les États-Unis.
02:33Oui absolument alors il y a deux points je commence par la guerre commerciale et peut-être après si
02:38vous souhaitez je peux venir sur les mesures qui permettent de contrecarrer effectivement
02:42l'effet négatif de la guerre commerciale. Mais à commencer par la guerre commerciale donc comme
02:47vous le disiez les accords qui ont eu lieu à Séoul ont permis à la Chine de voir une légère baisse de
02:54sa tarification qui était de l'ordre de 40% effectif sur les produits chinois exportés vers les États-Unis.
03:00On est baissé à 30, on a baissé à 30. Donc ça c'est l'impact, l'impact est positif pour la Chine.
03:06On parle de, à nos estimations c'est un impact positif de croissance de l'ordre de 0,1 à 0,2 points de PIB.
03:13Ce n'est pas monstrueux mais c'est marginalement effectivement mieux. Comme vous le disiez,
03:17effectivement ce qu'on a c'est une baisse manifeste effectivement des exportations vers les États-Unis,
03:24de l'ordre effectivement de 30% à partir du mois de mars, à partir de l'implémentation des taxes.
03:32Mais compte tenu effectivement de la faible part que reprennent maintenant les exportations chinoises
03:38vers les États-Unis, on est à 13%. Donc ça veut dire que la Chine a encore 87% de ses exportations
03:44qui vont vers l'aise du monde. Et donc ce que la Chine cherche à faire, c'est évidemment diversifier,
03:50augmenter les parts de marché qu'elle peut obtenir à l'étranger.
03:52Évidemment qu'on va continuer de se faire d'exporter de la déflation, puisque tous les produits
03:58qui ne vont plus être exportés vers les États-Unis, ou en tout cas largement moins,
04:01vont être exportés vers le reste du monde, mais avec de forts rabais.
04:05La déflation, vous avez dit le mot, c'est le gros problème aujourd'hui en Chine,
04:09avec une banque centrale qui a du mal à lutter contre cette déflation.
04:13Et puis aussi des ruptures technologiques qui ne sont pas favorables, en tout cas pour l'inflation.
04:18Comment aujourd'hui la Chine peut gérer cette inflation, cette déflation,
04:23dans un contexte de surcapacité industrielle, et puis dans un contexte aussi
04:27où l'intelligence artificielle et toute la technologie est quand même assez déflationniste ?
04:32Oui, alors absolument. Alors là aussi, je dirais deux points.
04:37Le premier, c'est plutôt structurel. C'est-à-dire que l'inflation chinoise a tendance à être extrêmement basse.
04:41Donc si on exclut les prix des déants alimentaires, qui représentent toujours une grosse partie de l'inflation chinoise,
04:48la moyenne du reste de l'inflation est de l'ordre de 1%.
04:52Donc en ayant une moyenne effectivement aussi basse, du coup on est beaucoup plus proche de la déflation.
04:56Donc ma principale analyse, c'est de me dire que ce n'est pas une déflation qui est liée à un excès de dette
05:03ou une déflation type 2008, comme on avait vu dans le monde développé.
05:07C'est une déflation qui est essentiellement cyclique, et vous avez donné le mot,
05:12l'essentiel mot cyclique lié à une surcapacité qui s'opère ou qui est visible dans certains secteurs
05:18très très importants pour la Chine.
05:21Et cette déflation qui a lieu effectivement dans le monde des automobiles,
05:27dans le monde des batteries, dans le monde des panneaux solaires,
05:30est effectivement le résultat d'investissements qui ont été massifs depuis la première guerre commerciale
05:37avec les États-Unis, où la Chine avait réalisé qu'elle devait être indépendante des États-Unis.
05:42Du coup, elle a investi beaucoup dans un certain nombre de secteurs,
05:45qui a créé cette surcapacité et qui a créé effectivement cette déflation.
05:49Comment lutter la contre ?
05:50Et c'est les mesures qui ont été prises depuis cet été,
05:53les mesures qui visent effectivement à stopper cette concurrence destructrice
05:58en arrêtant les subventions vers ces secteurs donnés,
06:03et qui a donné lieu à de fortes contractions des investissements manufacturiers.
06:10Donc là, la conséquence est évidemment néfaste pour le court terme,
06:13mais bonne pour le long terme, puisque c'est des politiques qui devraient être reflationnistes
06:17et donc augmenter les marges des entreprises.
06:19Oui, comme vous l'avez dit, c'est au prix d'une croissance probablement moins forte dans les prochains mois,
06:23puisque, pour rappel, Pékin vise environ 5% de croissance pour cette année.
06:27Et si on regarde les anticipations du FMI ou d'autres institutions,
06:31ils sont plutôt, pour 2026, autour de 4,4%.
06:35Oui, absolument.
06:39Je pense qu'effectivement, on va avoir cet effet négatif lié à ces mesures
06:46qui sont contractionnistes à court terme.
06:50En revanche, effectivement, comme je le mentionnais auparavant,
06:51c'est plutôt bon pour le moyen long.
06:54Et là, la solution que la Chine a et qu'elle est en train de mettre en place,
06:58c'est effectivement de, puisqu'elle a décidé de couper effectivement des subventions vers les entreprises,
07:04c'est de rediriger ces subventions vers les ménages et de soutenir la consommation.
07:09Et les derniers chiffres qu'on a eus de consommation,
07:11donc si on regarde, on a une série mensuelle de ventes de détails.
07:14Après trois mois de contraction, le mois de septembre a monté pour la première fois
07:19une hausse de 0,7% en termes réels,
07:22ce qui est peut-être le premier signe que les mesures de soutien aux ménages chinois
07:26sont en train d'être visibles.

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