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Ce vendredi 10 octobre, la perception des marchés vis à vis de la situation politique française, et la montée des tensions commerciales entre la Chine et l'UE, ont été abordées par Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
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00:00L'éclaireur du jour dans Good Morning Market est Stéphane Koliak qui est au téléphone avec nous.
00:07Bonjour Stéphane Koliak.
00:09Bonjour Simon.
00:10Vous êtes économiste chez BNP Paribas.
00:14Un mot peut-être rapide Stéphane Koliak, de la situation politique française,
00:18on attend un Premier ministre, un non pour un Premier ministre cet après-midi ou dans la soirée.
00:23Est-ce que cela est de nature à changer la perception des marchés vis-à-vis de la France dans les prochaines heures, Stéphane Koliak ?
00:32Alors dans les prochaines heures, non, puisqu'elle a déjà changé ces deux derniers jours,
00:40après l'interview aux 20h de France 2 du Premier ministre démissionnaire,
00:46qui disait que l'option d'un gouvernement avait la priorité,
00:50et qu'il n'y avait pas forcément une majorité à l'Assemblée pour souhaiter une dissolution,
00:55le spread entre la France et l'Allemagne est revenu autour de 81-82 points de base,
01:01ce qui était son niveau avant que le risque de dissolution apparaisse.
01:06Donc les taux sont déjà revenus.
01:09Ce qu'on pourrait avoir, c'est si on n'avait pas cette nomination
01:12et que ce ne soit pas ce qui survienne, une augmentation du spread de nouveau.
01:20Mais là, la baisse du spread, on l'a déjà eue, il est revenu à peu près où il était auparavant.
01:25Oui, et puis surtout qu'il n'y a pas d'attente énorme des marchés vis-à-vis du budget de la France pour 2026,
01:32étant donné les rapports de force politique à l'heure actuelle.
01:36Donc globalement, les marchés ont déjà réagi.
01:39Maintenant, ils vont plutôt regarder du côté des publications d'entreprises
01:42ou de ce qui va se passer aux États-Unis, Stéphane Koliak.
01:45Oui, les marchés exactement ont déjà réagi.
01:48Donc tout ce qui pourrait sortir, par exemple sur la France,
01:52ce serait le budget qui serait formellement présenté.
01:57Et la Cour des comptes l'a rappelé, le Haut Conseil des Finances Publiques aussi,
02:01c'est le même président pour les deux, mais il a dit qu'on ne peut pas présenter un budget en Conseil des ministres
02:07qui soit trop différent de ce qui a été présenté au Conseil des Finances Publiques.
02:11Donc on présentera un budget avec un déficit de 4,7% probablement,
02:16et puis après il sera discuté à l'Assemblée comme ça a été dit.
02:19C'est vrai qu'aux États-Unis, on essaie d'avoir le cœur net,
02:24mais on est dans le brouillard globalement, et dans le brouillard on a besoin d'éclairage.
02:28Et comme on n'a pas eu la publication d'une non-femme payrolls,
02:31il n'y a pas eu de rapport emploi la semaine dernière, on est en shutdown,
02:34on a moins de données, donc ce n'est pas évident.
02:36Surtout pour une Fed qui a dit qu'elle serait data-dépendante dans sa politique.
02:41Donc se fonder sur les données quand elles ne sortent pas, c'est évident, pas facile.
02:47Toutefois on a vu les minutes de la Fed hier.
02:49Bien sûr.
02:50Ces minutes laissent entendre qu'on pourrait avoir une poursuite de l'assoupissement monétaire.
02:57Il y a une majorité qui semble être pour ça.
03:01Maintenant il y a quand même ce lien aux données qui reste important.
03:08Les données ADP, les données JOLS ont plutôt confirmé la faiblesse du marché du travail,
03:13mais on a besoin quand même du rapport emploi pour en juger totalement
03:18et ce dernier on ne l'a pas.
03:21Les données ADP ne suffisent pas quand on voit effectivement
03:27que si on compare sur une longue période les données qui sortent du bureau
03:30of labor statistics et les données ADP,
03:32même si les chiffres ne sont pas les mêmes, les tendances sont les mêmes.
03:35Est-ce que cela ne peut pas aider la Fed à prendre une décision de politique monétaire
03:39avec les données dont elles disposent dans ce shutdown ?
03:42Si, elle s'en contentera probablement.
03:45Mais comme on est sorti du précédent comité avec l'indication
03:50que la balance des risques avait changé et qu'elle est pointée vers le négatif,
03:53notamment sur le marché du travail,
03:55mais que les signaux, bon il y a les d'autres plots d'un côté,
03:59c'est vrai, il y a ce que disent les minutes aussi,
04:01mais ce n'était pas un signal très très clair sur une forward guidance
04:05avec 25 points de base de baisse à chaque comité.
04:08Ce n'était pas exactement ça quand même.
04:09Donc étant quand même un peu dans le brouillard,
04:13même si les tendances se rapprochent,
04:16on ne peut pas être totalement sûr du geste qui sera fait fin octobre.
04:22Maintenant, tout en n'étant pas sûr,
04:23nous on pense qu'il y aura une baisse de 25 points de base
04:25parce que effectivement ces données nous semblent suffire.
04:29Avec Stéphane Koliak, des minutes de la Fed qui montrent effectivement
04:34une majorité favorable à la dernière baisse de taux réalisée par la Fed,
04:39mais quand même ce rapport de force, ce questionnement entre soutenir l'emploi
04:43ou continuer à combattre l'inflation aux Etats-Unis,
04:46pour l'instant la lecture de ces minutes ne change pas vos scénarios
04:50d'assouplissement monétaire de la Fed si je comprends bien.
04:52Non, ça ne change pas.
04:54C'est vrai qu'il y a une tension entre les deux objectifs.
04:57Maintenant, il faut voir de quel risque on parle.
05:01Sur le marché du travail, on a une dégradation,
05:04donc ça elle est objective.
05:06On pense qu'elle va durer 6 à 9 mois globalement.
05:10Pourquoi ?
05:11Parce qu'on devrait maintenant avoir un contre-coût
05:13et on commence à avoir un contre-coût suite au choc tarifaire.
05:17Je m'explique.
05:18La croissance américaine a été forte au deuxième trimestre.
05:22Le GDPR de la Fed d'Atlanta pointe vers une croissance
05:25autour de 1% non annualisée encore au troisième trimestre.
05:29Donc ça veut dire qu'on a continué d'être sur un rythme élevé
05:33et on a produit, on a stocké énormément de choses
05:40et ce n'est pas tout à fait cohérent avec le rythme auquel vont les indicateurs.
05:47Donc nous, on pense que le quatrième trimestre va marquer un net ralentissement
05:50et ce net ralentissement, c'est probablement ce que reflète
05:54d'ores et déjà le marché du travail.
05:56En face de ça, il y a les risques inflationnistes.
05:59Donc les risques inflationnistes, quelle nature ils sont
06:01et de quelle amplitude surtout ?
06:03Notre impression, c'est qu'on va aller autour de 3,6%
06:06sur l'analyse des prix de la consommation, le CPI,
06:11d'ici au milieu de l'année prochaine.
06:14Donc ce n'est pas un risque démesuré,
06:16c'est une accélération d'inflation relative.
06:20Il y a des comportements de marge probablement dans les entreprises.
06:24Donc tout le choc tarifaire ne se transmet pas à l'indice des prix.
06:27Donc certes, on s'attend à 0,7 point de plus encore sur l'inflation,
06:32mais de façon assez graduelle.
06:34Donc le risque sur le marché du travail apparaît plus fort à court terme.
06:38Maintenant, il ne fait pas aller sur un cycle très très long de baisse de taux
06:43parce qu'on pense qu'à un certain moment, cet atterrissage de l'économie américaine,
06:47ce contre-coût, il dure quelques trimestres,
06:51mais après ça se stabilise et le taux de chômage reste pas loin
06:55du taux de chômage du plein emploi finalement, au bout du compte.
06:57Donc d'où, à partir du deuxième trimestre 2026,
07:03un arrêt du cycle d'assouplissement aux Etats-Unis.
07:05Un mot de la situation européenne également, Stéphane Koliak,
07:09quand on voit la Commission européenne rehausser ses droits de douane
07:13de 50% vis-à-vis de l'acier, des mesures de protection de l'industrie de l'acier européenne,
07:18quand on voit des constructeurs automobiles qui voient leurs résultats reculer
07:22en lien avec des ventes moins fortes que prévues en Chine
07:25ou une concurrence accrue de voitures chinoises,
07:31est-ce que les relations commerciales comme celles entre les Etats-Unis et la Chine
07:34ont tendance à évoluer du côté de l'Union européenne et de la Chine ?
07:39Ça évolue dans le sens d'un déficit plus élevé bilatéral entre l'Europe et la Chine
07:45qui s'explique beaucoup par la dégradation du sol extérieur de l'Allemagne avec la Chine.
07:50Parce que d'autres pays avaient déjà un déficit avant,
07:53mais l'Allemagne n'avait pas un tel déficit avant la période Covid
07:57et il y en a un beaucoup plus important maintenant.
08:00Donc nous, ce qui nous pénalise, et particulièrement les Allemands,
08:04c'est la stratégie chinoise qui était le premier exportateur mondial
08:08et qui malgré tout a adopté une stratégie de substitution en importation
08:12pour développer encore plus de secteurs.
08:14Et donc ça affecte l'automobile, de fait.
08:17Donc il y a un nouvel acteur qui est entré, qui est le premier producteur mondial de voitures
08:22alors qu'il y a quelques années, ce n'était pas du tout le cas.
08:25Et donc, comme la consommation automobile n'augmente pas tellement,
08:30c'est le moins qu'on puisse dire,
08:32faire de la place à ce nouvel acteur, forcément,
08:34ça pénalise ceux qui étaient déjà présents et qui avaient des parts de marché importantes.
08:38Donc ça, on ne pourra pas, disons, au niveau global, on ne pourra pas faire sans.
08:46Ensuite, il y a la question des relations entre Europe et Chine,
08:49les flux entre les deux zones.
08:52Là, l'accroissement du déficit européen
08:56montre une augmentation des importations chinoises en Europe
09:02qui est dans plusieurs secteurs et qui est pénalisante
09:06et qui, en plus, se fait à des prix qui ne sont pas du tout les prix du marché mondial.
09:11Donc il y a objectivement des subventions,
09:13on peut qualifier ça de dumping,
09:15et donc il est normal de se protéger.
09:18Donc ça a été le cas sur l'automobile l'année dernière,
09:20c'est le cas sur l'acier maintenant,
09:22et probablement que ce n'est pas la dernière mesure qui sera mise en place.
09:26Et c'est vrai qu'en parallèle, il faudra se préparer aux mesures de rétorsion chinoise,
09:31puisque quand on a mis les taxes sur l'automobile,
09:33ça a été fait sur les spiritueux, de la part de la Chine.
09:36Merci Stéphane Colliac de nous avoir accompagné dans l'éclaireur.
09:39Je rappelle que vous êtes économiste chez BNP Paribas.
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