- il y a 3 semaines
Chaque week-end, l’émission pilotée par Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, et Pauline Revenaz, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.
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00:00:00Bonjour à tous, nous sommes dimanche, il est 13h, bienvenue dans notre émission Affaires suivantes avec mon complice Dominique Rizel.
00:00:17Bonjour Pauline.
00:00:18Au sommaire, un procès en septembre 2026 pour un meurtre par balle en plein Paris.
00:00:22L'assassinat de Federico Aramburu, ex-international de rugby, en mars 2022 après une altercation sur la terrasse d'un bar.
00:00:30Dans le box des accusés, deux militants d'ultra-droite et leurs complices présumés nous feront le point sur ce dossier avec l'avocat de la famille Aramburu.
00:00:38Alors, quatre personnes mises en examen, placées en détention mais toujours pas de bijoux.
00:00:44On parle du casse du Louvre qui a connu hier un nouveau coup d'accélérateur.
00:00:48Deux des membres du commando étaient déjà montés ensemble sur un précédent braquage.
00:00:54Il en manque encore au moins un sur les quatre.
00:00:56Comment les enquêteurs sont-ils remontés jusqu'aux auteurs présumés de cette opération commando ?
00:01:02Et puis le sort des femmes et des enfants de Daesh dans les camps de prisonniers djihadistes en Syrie.
00:01:06Le dernier rapatriement en France date de septembre dernier.
00:01:09Quand un auteur s'empare de ce sujet, l'histoire d'une mère qui tente de récupérer sa fille en Syrie,
00:01:14que deviennent ensuite ces femmes et ces hommes une fois rapatriés en France ?
00:01:18On en parlera avec un journaliste qui a pu entrer dans l'un de ses coups.
00:01:21Allez, affaire suivante, c'est tout de suite, vous ne bougez pas.
00:01:25C'est un meurtre par balle en plein Paris en mars 2022.
00:01:28Une bagarre d'abord, des armes ensuite et puis les coups sont partis.
00:01:31Sur le trottoir, Federico Aramburu, six balles dans le corps, a perdu la vie.
00:01:34Avec nous, en plateau, j'accueille l'avocat Yann Lebras de la famille Aramburu.
00:01:39Bonjour, merci d'être avec nous maître.
00:01:40Merci de nous recevoir.
00:01:41Et Paul Conge, journaliste PJB FM TV, vous avez consacré un livre à cette affaire,
00:01:45Les tueurs d'extrême droite, aux éditions du Rocher.
00:01:48Dominique, avant de comprendre tous les enjeux de cet assassinat en plein Paris,
00:01:52on va regarder ce sujet de Pierre-Louis Bousset pour se rappeler les faits.
00:01:56Le 19 mars 2022, au petit matin, Federico Aramburu se trouve avec un ami dans ce bar du boulevard Saint-Germain.
00:02:03Les deux hommes prévoient d'assister à un match de rugby le soir même.
00:02:07Mais juste avant 6h, une altercation éclate avec deux autres clients de l'établissement.
00:02:12Loïc Le Priol et Romain Bouvier, deux militants d'extrême droite, anciens membres du GUD.
00:02:17Des vigiles les séparent.
00:02:18Federico Aramburu et son ami quittent le bar à pied,
00:02:21avant d'être rattrapés quelques instants plus tard par Romain Bouvier à bord d'une Jeep.
00:02:26L'homme dégaine une arme et tire plusieurs fois sur le franco-argentin qui se dirigeait vers lui.
00:02:30Loïc Le Priol arrive à son tour sur les lieux.
00:02:32Et après une empoignade avec Federico Aramburu, ouvre lui aussi le feu.
00:02:37Il tire les 6 balles de son chargeur.
00:02:39Trois d'entre elles atteignent mortellement l'ex-rugbyman au dos.
00:02:43Un décès soudain et brutal qui plonge le monde du ballon ovale dans le deuil.
00:02:48C'est une personne généreuse, toujours avec le sourire, avec une énergie débordante toujours.
00:02:56C'est assez triste.
00:02:57Il était aimé, c'était un bon gars.
00:02:59Loïc Le Priol est arrêté en Hongrie, près de la frontière ukrainienne, quelques jours seulement après le meurtre.
00:03:05Romain Bouvier est de son côté interpellé dans une abbaye dans la Sarthe.
00:03:09Les deux hommes sont renvoyés devant la cour d'assises de Paris.
00:03:12Le premier pour assassinat, le second pour tentative d'assassinat.
00:03:16Doivent aussi comparaître la petite amie de Loïc Le Priol ainsi qu'un complice ayant aidé Romain Bouvier à s'enfuir.
00:03:23Leur procès est prévu pour septembre 2026.
00:03:25Donc l'actualité, c'est qu'il y a un procès qui va être programmé.
00:03:29Ce procès, il aura lieu en septembre 2026 devant la cour d'assises de Paris.
00:03:33Et comparaîtront entre autres Loïc Le Priol, ancien du GUD, ex-commando marine, et Romain Bouvier,
00:03:39l'un qui sera jugé pour assassinat et l'autre pour tentative d'assassinat.
00:03:42D'abord, maître, première question très simple.
00:03:44Qu'est-ce que vous attendez de ce procès qui est donc audiencé en septembre prochain ?
00:03:48– Alors, j'ai essayé plutôt de vous parler de ce que attend la famille,
00:03:55puisque je représente les membres de la famille de Federico Martina Rambourou.
00:04:01Ils attendent d'essayer d'avoir au départ des explications qui soient plus cohérentes
00:04:09par rapport à la réalité des faits et qui collent aux qualifications qui ont été retenues.
00:04:15Mais cela, pour l'instant, aucun des accusés ne leur accorde.
00:04:22Et puis, il y a de leur côté un besoin également, mais on pourra peut-être développer,
00:04:30de comprendre pourquoi, sur ces militants d'extrême droite,
00:04:37qui disposent de pas mal d'armes, qui sont fichées, qui sont sous contrôle judiciaire,
00:04:42pourquoi la surveillance n'était pas, était peut-être sous-évaluée.
00:04:48Et qu'il y avait de la dangerosité dans l'air qui n'a pas été assez évaluée.
00:04:56– Dominique ?
00:04:57– Oui, ces gens-là sont connus, pour être des militants d'extrême droite,
00:05:01mais pour autant, cette arme qu'ils détenaient, en tout cas,
00:05:04et on en parlait, on va y revenir,
00:05:06cette arme qu'ils détenaient n'était pas une arme déclarée.
00:05:08Et même si les autorités surveillent ces gens-là,
00:05:12et pardon pour ces gens-là,
00:05:14c'est vrai qu'à partir du moment où ils outrepassent la règle
00:05:20et qu'ils vont s'armer clandestinement,
00:05:23c'est difficile de les contrôler, de les surveiller.
00:05:27– Alors, vous avez tout à fait raison,
00:05:29et on s'est rendu compte à travers ce dossier,
00:05:32et on mène une action auprès des parlementaires.
00:05:35Alors, l'actualité des parlementaires a été très mouvementée
00:05:39entre 2022 et aujourd'hui,
00:05:44pas tout à fait stable pour pouvoir travailler ces projets
00:05:48qui sont un peu annexes par rapport à tout ce qu'occupe le Parlement actuellement.
00:05:51Mais il y a ce qu'on pourrait appeler une sorte de trou dans la raquette
00:05:55sur les armes de collection.
00:05:57Et nous essayons, notamment avec Christophe Cariot-Martin et Véronique Massy,
00:06:03qui sont les conseils de Chauné-Garty,
00:06:06de toucher les parlementaires et le ministère de l'Intérieur
00:06:11pour leur indiquer que le fait qu'il y ait des armes de collection
00:06:16qui peuvent être accumulées par des gens qui sont par ailleurs
00:06:21fichés ou sous contrôle judiciaire avec des interventions de portée des armes
00:06:24mériteraient une attention toute particulière,
00:06:28sans doute avec une modification des décrets sur les armes
00:06:31ou de la loi sur les armes.
00:06:32Est-ce que peut-être, avant de vider au fait,
00:06:34on peut peut-être parler de ces armes justement pour évacuer le sujet ?
00:06:38On va écouter la mère de Federico Aramburu
00:06:40qui justement parle de cet arsenal qui a été trouvé en perquisition.
00:06:44Ils n'avaient pas le droit de détenir d'armes
00:06:47et pourtant ils avaient un arsenal.
00:06:49Ils avaient des armes à la ceinture, dans leur voiture,
00:06:52des armes dans leur maison.
00:06:54Elles n'avaient jamais été réquisitionnées.
00:06:56Ils n'auraient jamais dû pouvoir agir ainsi.
00:06:58Je pense que l'État, les politiques ont échoué ici
00:07:03dans leur rôle principal qui est de garantir la sécurité des citoyens.
00:07:09Parce que Paul, il faut le rappeler, à l'époque des faits,
00:07:12les auteurs présumés, ils sont sous contrôle judiciaire ?
00:07:14Oui absolument, ils sont sous contrôle judiciaire
00:07:16parce qu'ils sont accusés d'avoir tabassé un ancien leader du GUD.
00:07:20C'était en octobre 2015.
00:07:22Ils se sont avec des comparses rendus à son domicile
00:07:26et l'ont violenté très grièvement.
00:07:29Ils ont été mis en examen dans cette affaire
00:07:31et ils avaient interdiction dans le cadre de ce contrôle judiciaire
00:07:34d'aucevoir.
00:07:35Il se trouve que le soir des faits,
00:07:36le soir où Federico Arambourou a été tué,
00:07:39ils étaient ensemble, ils avaient passé la soirée ensemble
00:07:40donc ils n'avaient pas respecté les termes de leur contrôle judiciaire
00:07:42et en portant ces armes,
00:07:44ils n'ont aussi pas respecté ce contrôle judiciaire
00:07:47puisqu'ils avaient interdiction d'en porter.
00:07:49Maître, je sais que vous portez la famille Arambourou
00:07:53et notamment son épouse Maria
00:07:55que vous êtes en contact étroit avec elle,
00:07:56on a pu s'entretenir avec elle.
00:07:59On sent qu'il y a des questions qui peuplent encore son esprit.
00:08:02Qu'est-ce qu'elle, elle se demande
00:08:03et qu'est-ce qu'elle, elle voudrait,
00:08:05qu'est-ce qui lui revient à cœur de mettre en avant
00:08:08si elle avait pu venir, elle serait là aujourd'hui
00:08:10dans cette thématique et dans cette optique du procès ?
00:08:14Merci de le rappeler puisque nous avions programmé ensemble cette émission
00:08:20pour que Maria Martina Arambourou puisse aussi s'exprimer
00:08:25et je crois que sa parole, elle est importante, elle est forte,
00:08:29mais la douleur, presque trois ans et demi après,
00:08:35elle est encore très vivace.
00:08:37En réalité, pour elle, comme pour la famille,
00:08:42il y a deux ajouts à la douleur de la disparition de cet homme solaire,
00:08:48père de trois jeunes enfants à seulement 42 ans.
00:08:52Il y a d'appréhender la particularité de la procédure française
00:08:57qui a une longueur bien supérieure à celle qui est pratiquée en Argentine
00:09:03sur les affaires criminelles, juste pour faire un moment de droit
00:09:07comparé, on l'a vu avec...
00:09:10On est déjà plus de trois ans après les faits
00:09:11et le procès va se passer quatre ans après.
00:09:13Les affaires criminelles en Argentine s'instruisent en trois mois,
00:09:18pouvant être rallongées trois mois, encore rallongées trois mois
00:09:21et généralement avec un procès, l'équivalent du procès d'assises,
00:09:25en un an.
00:09:27Donc il y a, dans la longueur de notre procédure,
00:09:30mais ça doit nous éveiller, nous réveiller,
00:09:34parce que c'est une famille extraordinaire
00:09:38et c'est une famille de juristes.
00:09:39Le frère de Federico est actuellement procureur à Buenos Aires
00:09:43et le père de Maria a été juge d'instruction dans sa carrière.
00:09:47Donc les lenteurs de la justice française, ils ont du mal à intégrer ça.
00:09:50Donc cette longueur, je ne peux pas l'enlever.
00:09:54Si je dois exposer quelque chose, je dois le dire.
00:09:56D'autant plus que nous avons eu une instruction qui a été dans un temps tout à fait correct
00:10:03et qui a rempli avec beaucoup de densité tous les éléments dont la cour d'assises aurait besoin.
00:10:09Mais on a aussi eu une phase procédurale post-instruction,
00:10:14avec une chambre de l'instruction, un passage à la chambre criminelle de la cour de cassation
00:10:18et un retour encore à la cour d'appel qui vient de se terminer.
00:10:23Donc on a ce temps procédural qui a été un peu étiré, qui n'est pas simple.
00:10:27Et puis il y a cette douleur initiale, au-delà de la sidération totale de se dire
00:10:33« mais qu'est-ce qui a pu bien se passer pour qu'on tue Federico Martina Rambourou,
00:10:38pour qu'on s'acharne sur lui avec deux tireurs, deux pistolets, deux chargeurs vidés à quelques instants près ? »
00:10:47Qu'est-ce qui a pu se passer ?
00:10:48Et là, ils se rendent compte qu'ils ont affaire à des personnages qui étaient fichés pour leur dangerosité
00:10:56et qui étaient par ailleurs sous contrôle judiciaire avec interdiction d'être ensemble
00:11:00et interdiction de porter une arme, donc double violation du contrôle judiciaire.
00:11:04Ça, ça crée chez eux, depuis le départ, une incompréhension ou une amertume sur le dysfonctionnement.
00:11:18On l'a parfaitement entendu dans les mots de Cécilia.
00:11:21Mais Paul, la réponse est dans la question.
00:11:23Vous dites « ça va plus vite là-bas, trois mois, plus trois mois, plus trois mois ».
00:11:28Chez nous, à l'évidence, ce n'est pas assez vite, cinq ans.
00:11:31Mais entre les deux, il y a une période où vous dites « qu'est-ce qui a bien pu se passer ? »
00:11:36Il faut plus de trois mois et plus de six mois pour comprendre ce qui a pu se passer dans cette affaire.
00:11:40Il faut un peu de temps quand même, pas cinq ans.
00:11:43Mais je voudrais, Paul, raconter-nous un peu tous les mystères de cette affaire.
00:11:48Parce qu'au départ, c'est une engueulade le matin à six heures.
00:11:52Je rajoute, qu'est-ce qu'il raconte l'ami qui était présent avec lui ce soir-là sur les faits précisément ?
00:11:56Oui, c'est les tics qui ont bu et qui s'engueulent au départ.
00:11:58Ça débarque comme une altercation très tôt le matin ou très tard dans la nuit sur la terrasse d'un bar.
00:12:05Donc il est six heures du matin ?
00:12:06Il est six heures du matin.
00:12:07Il y a des mots qui sont échangés sur la terrasse, des mots qui ne plaisent pas à Fédérico Arambourou,
00:12:12à Sean Egerti qui l'accompagne.
00:12:15Fédérico Arambourou, lorsque le bar ferme, tire sèchement sur la capuche de Loïc Lepriol qui tombe par terre.
00:12:21S'en suit une bagarre très violente sur la terrasse du bar, si violente que les agents de sécurité interviennent, les séparent.
00:12:29Et à ce moment-là, Fédérico Arambourou et Sean Egerti, ils s'en vont.
00:12:33Ils sont un peu sonnés, mais pour eux, la bagarre est terminée.
00:12:35Ils veulent rentrer se coucher à l'hôtel.
00:12:36Sauf que Loïc Lepriol et Romain Bouvier en ont décidé autrement.
00:12:40Ils parviennent à desserrer le taux des videurs et puis ils se lancent à leur trousse pour les rattraper.
00:12:45C'est Romain Bouvier le premier qui arrive à bord d'une Jeep.
00:12:49Il dégonnera son arme et tirera à plusieurs reprises en direction de Fédérico Arambourou.
00:12:54Et ensuite, Loïc Lepriol, alerté par les tirs, lui qui était parti à leur poursuite à pied, reviendra sur ses pas
00:13:00et violentera partir dans une empoignade avec Fédérico Arambourou qui a donc à ce moment-là deux balles dans le corps.
00:13:08Une nouvelle empoignade qui dure quelques secondes.
00:13:10Il dégonna son tour, son arme et vide son chargeur.
00:13:13C'est ça qui se passe.
00:13:14Deux temporalités ?
00:13:15C'est vraiment, oui, alors c'est en deux temps. Il y a d'abord Romain Bouvier qui s'est enfui après ses tirs et ensuite Loïc Lepriol qui finit le travail, si j'ose dire.
00:13:24Ils seront attrapés, on l'a dit dans le sujet, quelques jours plus tard au terme d'une cavale.
00:13:28Loïc Lepriol, lui, pour expliquer ce geste, il explique qu'il était acculé, qu'il se sentait en infériorité, qu'il a eu un réflexe reptilien.
00:13:35Ce sont ses termes. Il voulait faire cesser la menace. Fédérico Arambourou avait le dessus. Il y avait Sean Lagarty qui était là. Il s'est senti en infériorité.
00:13:43À la sortie de son arme, il a tiré. Il allègue aussi d'un stress post-traumatique parce que c'est un ancien militaire.
00:13:49Il donne toutes ces explications-là devant les juges pour expliquer pourquoi, à ce moment-là, il a tiré.
00:13:54Alors évidemment, les juges n'ont pas forcément tout retenu.
00:13:56Mais Yann Lebrun, je pense que vous avez aussi quelques éléments là-dessus.
00:14:01Peut-être la légitime défense. Qu'est-ce que vous, vous en pensez ?
00:14:04Et puis attention, les juges d'instruction considèrent aussi qu'il y a assassinat, donc préméditation.
00:14:08Et qu'ils se sont concertés après altercation pour mettre ce dessin criminel à exécution, c'est ça ?
00:14:14Tout à fait. Tout à fait. Et c'est rapporté par des témoins.
00:14:19On a ce personnel du Mabillon qui a réussi à s'interposer entre deux anciens rugbymans et deux militants du GUD qui s'empoignaient et qui se sont mis des coups de poing.
00:14:35Parce que la réalité de cette bagarre devant le Mabillon, elle est totalement anodine.
00:14:45Il n'y a pas les coups moches, les coups de pied sur un homme au sol.
00:14:51C'est une bagarre de barres.
00:14:52C'est une simple bagarre de barres d'une banalité affligeante.
00:14:57Et avec, qui est immédiatement sopée par l'ensemble du personnel de cette brasserie le Mabillon.
00:15:04Et ça s'arrête là. Ça doit s'arrêter là.
00:15:08Et puis il y a un conciliabule, en tous les cas, qui fait la qualification de préméditation.
00:15:15Qui s'opère à proximité.
00:15:17Vous avez dit, Paul Conge, qu'ils avaient obtenu de desserrer l'étau.
00:15:23Ils exhibent un brassard police.
00:15:25C'est incroyable à quel point ils ont, dans chacun des moments et chacun des signes,
00:15:32la démonstration qu'ils sont déterminés à continuer.
00:15:36Et un des serveurs d'Iram, ils sont montés dans un taxi pour essayer de faire diversion et que tout s'arrête.
00:15:46Voilà.
00:15:46Et malheureusement, ça ne s'est pas passé comme cela.
00:15:48Ils ont continué leur poursuite, là où tout aurait dû s'arrêter.
00:15:58Ils partent en cavale tous les deux, ensuite ?
00:16:00Alors, il y a cette double scène de tir qui est, là pour le coup, totalement exceptionnelle par rapport aux autres faits divers.
00:16:11Parce que des tirs à la sortie d'une boîte de nuit ou d'un bar, ça existait à peu près partout.
00:16:16Mais la double scène, non.
00:16:18Vous avez raison.
00:16:18Mais deux tireurs qui vident leur chargeur, c'est très particulier.
00:16:22C'est même quasiment insolite.
00:16:27Parce que sinon, on tombe sur des commandos qui ouvrent le feu, la terrasse des Marronniers sur le sud de la France, etc.
00:16:36On se retrouve dans une autre configuration.
00:16:39Mais là, vous vous retrouvez avec deux personnages qui sont tous les deux armés et qui vont vider leur chargeur.
00:16:45Et vont toucher à hauteur d'homme pour caractériser ce qui fait leur intention homicide.
00:16:52C'est un peu pour ça que je vous disais tout à l'heure, pardon, mais trois mois, six mois, ça ne suffit pas pour instruire une affaire pareille et pour la comprendre.
00:16:58Alors, on se demande avec Pauline en préparant l'émission, pourquoi l'un auteur et l'autre complice ?
00:17:04Pourquoi ?
00:17:06Ce n'est pas tout à fait auteur et complice.
00:17:07Un pour complicité et l'autre...
00:17:09Il y en a un qui est renvoyé pour assassinat comme auteur principal, l'autre pour tentative d'assassinat.
00:17:13La tentative. J'appelais ça la complicité, pardon, la tentative.
00:17:16La complicité, elle est sur la jeune femme.
00:17:19Oui. C'est parce que les juges d'instruction ont estimé que ce n'était pas une scène unique de violence.
00:17:24C'est un peu technique, c'est un peu juridique, mais en gros, ça consiste à dire que Romain Bouvier a tiré le premier.
00:17:30Il est parti ensuite et Loïc Lepriol arrive en second.
00:17:33Romain Bouvier n'est plus présent sur la scène.
00:17:35Donc on a quelque part deux scènes de crime qui se superposent dans le temps, mais qui ne se déroulent pas au même moment.
00:17:40Ce qui justifie que l'un, le coup mortel, émanerait a priori de l'arme de Loïc Lepriol.
00:17:44Donc c'est lui qui est renvoyé pour assassinat et Romain Bouvier pour tentative.
00:17:48Merci beaucoup à tous les deux.
00:17:49Merci pour Lumière.
00:17:50Évidemment, on suivra ce procès en septembre 2026 qui est audiencé, je le rappelle, aux Assises à Paris.
00:17:54Dans un instant, on revient sur l'enquête du Louvre et les dernières précisions de la procureure de Paris.
00:17:58Quelle est la composition du commando ?
00:18:00Que sait-on des profils ?
00:18:01On s'aperçoit que lorsqu'on compare les quasi-judiciaires des deux protagonistes que je viens de citer,
00:18:07ils ont en tout cas été impliqués dans une même affaire de vol pour laquelle ils ont été condamnés en 2015 à Paris pour des faits significatifs.
00:18:15Donc deux d'entre eux se connaissaient ?
00:18:17Voilà.
00:18:18Si on veut un peu voir les profils, on s'aperçoit que ces profils sont des profils de personnes de proximité.
00:18:26Restez avec nous, on revient dans un très court instant. Ne bougez pas.
00:18:3113h30 sur BFM TV, toujours pas de traces des bijoux du Louvre.
00:18:35Deux premiers mis en examen en début de semaine, deux autres hier et trois personnes remises en liberté.
00:18:40L'enquête a bien accéléré hier.
00:18:41Quels sont les profils de ceux et celles qui sont montés sur cette opération commando ?
00:18:45On en parle avec nos invités.
00:18:46Avec nous en plateau, Clarisse Serres, avocate pénaliste au barreau de Bobigny.
00:18:49Merci d'être avec nous.
00:18:50Bonjour.
00:18:50Christian Flech, ancien directeur de la police judiciaire.
00:18:53Merci aussi d'être là.
00:18:54Laurent Valdiguet compte, présente plus, journaliste d'investigation.
00:18:56Bonjour Pauline.
00:18:57Bonjour.
00:18:59Et Célia Vallée.
00:19:00Célia Vallée, reporter BFM TV, qui est avec nous aujourd'hui parce que hier vous avez pu assister à cette comparution immédiate de cette femme de 38 ans
00:19:07qui a été mise en examen pour complicité de vol en bande organisée.
00:19:11Et nous, petite souris, on aimerait savoir comment ça s'est passé et comment vous pouvez nous raconter ce que vous avez vécu hier.
00:19:15C'était une audience à huis clos, donc ça veut dire que les journalistes sont invités au début et à la fin de l'audience.
00:19:22Quand on arrive dans cette salle d'audience, on découvre donc le visage de cette femme, qui est une femme de 38 ans.
00:19:28Elle a les cheveux châtains clairs, elle a un pull gris et surtout elle est effondrée en larmes, cette femme,
00:19:32dès les premiers mots de la juge des libertés de la détention, notamment quand elle prononce sa mise en examen
00:19:37pour complicité de vol en bande organisée et association de malfaiteurs en vue d'un crime.
00:19:42Ensuite, nous, on est invités à sortir, les journalistes, et puis on re-rentre à la fin, au moment de la décision.
00:19:47Et cette femme, elle est effondrée en larmes encore plus qu'avant, au moment où la juge la place en détention.
00:19:55Mais elle dit ces mots, la juge, je n'exclus pas de réévaluer la situation et je souhaite que les versions soient croisées.
00:20:01La balle est dans votre camp.
00:20:03Voilà ce que dit la juge à cette femme de 38 ans, qui est entourée de ses trois avocats et qui est effondrée en larmes
00:20:09et qui répète aussi, j'ai peur, j'ai peur pour mes enfants, j'ai peur pour moi, j'ai peur.
00:20:13Voilà ce qu'elle dit avant de partir pour la détention.
00:20:15Merci. Je ne rectificais pas de la comparution médiatique, c'était devant le juge de la liberté et de la détention hier.
00:20:20Vous avez fait un boulot formidable parce que vous étiez nos yeux sur place et quand on commentait en direct,
00:20:25c'était vraiment tellement important ce que vous nous avez dit.
00:20:28Et cette phrase, maître, cette phrase de la juge des libertés et des détentions, le contraire,
00:20:37le contraire, j'ai bien raison, mais vous m'avez compris, c'est à se coucher tard et à se lever tôt,
00:20:43à BFB on est comme ça, qu'on oublie tout.
00:20:46Je n'exclus pas la liberté de libérer madame, la balle est dans son camp, sa parole serait déterminante.
00:20:51Je viens de dire Célia.
00:20:52Qu'est-ce que ça sous-entend ce message ?
00:20:54Ça a l'air de dire que si elle décide de faire des déclarations et notamment de donner des éléments
00:20:59qui permettraient de savoir où sont les bijoux et de savoir où sont les autres personnes
00:21:03qui n'ont pas encore été interpellées, sa situation pourrait être réévaluée.
00:21:07Alors après, il faut aussi pour cette personne-là voir la situation en face.
00:21:11Elle est incarcérée, il risque d'y avoir aussi des représailles et s'il n'y a pas de représailles,
00:21:18il peut y avoir aussi la crainte par elle-même d'avoir peur pour ceux qui sont à l'extérieur
00:21:22si on n'assure pas une protection.
00:21:23Donc la question, c'est de savoir quel est l'intérêt pour elle de donner des éléments.
00:21:28Et le sait-elle vraiment d'ailleurs ?
00:21:29Et le sait-elle vraiment.
00:21:30Parfois, il y a des gens qui sont utilisés dans des dossiers,
00:21:32les magistrats peuvent penser à raison ou à tort qu'ils connaissent beaucoup d'éléments dans le dossier
00:21:36et en fait, on se rend compte que les choses ont été compartimentées,
00:21:39ce qui fait que les gens leur demandent d'exécuter une tâche très précise
00:21:42et ils ne connaissent pas nécessairement ceux qui sont au-dessus.
00:21:45– Et Clarisse Serres, ce que nous disait hier un ancien commissaire de police,
00:21:48Maurice Signolet, que Christian Flech connaît bien, un de ses copains vieux de la crime,
00:21:52qui nous disait à l'époque, on prenait la femme du voyou,
00:21:56on la mettait en cellule, on fermait la porte en attendant que le voyou parle.
00:22:00Ça existe encore ou pas ?
00:22:01– Alors ça, c'est un policier qui vous l'a dit.
00:22:04C'est toujours intéressant quand on est avocat de la défense de l'eau relevée
00:22:06parce que dans des dossiers, on sait qu'il y a pu y avoir des deals qui ont été faits en garde à vue
00:22:10et quand on pouvait dire ça aux assises, on nous disait au grand jamais, jamais de la vie,
00:22:14on se serait permis de faire ça.
00:22:15– Bien sûr.
00:22:15– Dans la pratique, c'est vrai qu'on comprend très bien dans des dossiers
00:22:18que des gens ont fait ce qu'on appelle du off.
00:22:21Maintenant, les choses ont aussi beaucoup évolué
00:22:23parce qu'il y a des pressions qui sont faites à l'extérieur.
00:22:26Vous pouvez avoir quelqu'un qui est incarcéré, dont on dit,
00:22:29et c'est assez choquant, mais qu'on va le garder en prison,
00:22:31pour assurer sa propre sécurité.
00:22:33– Mais là, ce n'est pas le cas.
00:22:34Là, on a un adien retrouvé sur la nacelle de cette femme.
00:22:36– Voilà, mais sa propre sécurité parce que si elle avait été remise en liberté
00:22:40sous contrôle judiciaire, elle peut être aussi approchée par des gens
00:22:42qui vont lui dire, surtout, il ne faut pas parler.
00:22:45Donc, il y a aussi cette difficulté-là, c'est d'assurer sa propre sécurité.
00:22:49Mais quand on dit sa propre sécurité, c'est aussi d'assurer la sécurité des siens.
00:22:53En fait, la question qui se pose, pour elle, qui va se poser,
00:22:55c'est l'intérêt de parler.
00:22:57Quel est-il ? Les gens disent souvent,
00:22:59faute reconnue est à moitié pardonnée.
00:23:01Oui, mais là, on est dans une affaire criminelle.
00:23:03Nous savons tous qu'une affaire criminelle, ça va prendre beaucoup d'années.
00:23:06Nous savons que cette affaire, vraisemblablement, sera jugée aux assises.
00:23:09Il y a un taux de saturation des cours d'assises,
00:23:11notamment en région parisienne, qui fait qu'actuellement,
00:23:14une fois que le dossier est terminé,
00:23:15normalement, les gens doivent être jugés dans un délai maximal d'un an.
00:23:19Mais les délais, actuellement, ne sont pas tenus.
00:23:21Donc, vous vous rendez compte que là, il y a la phase d'instruction,
00:23:24il y a ensuite la phase de règlement,
00:23:25il y a ensuite la phase où on attend l'audience,
00:23:28ce qui fait que cette affaire, vraisemblablement,
00:23:30ne sera pas jugée avant 4 ou 5 ans, dans le meilleur des cas.
00:23:33Donc, cette femme, il va falloir qu'elle se dise aussi
00:23:36quel est son intérêt à parler ?
00:23:38Est-ce que ça garantit de sécurité ?
00:23:40Est-ce qu'il va y avoir, effectivement, une peine ?
00:23:42Il y a aussi tout un dispositif qui existe
00:23:44pour ceux qui décident de parler.
00:23:45Les repentis.
00:23:46Les repentis.
00:23:47Bien que ça n'existe plus, maintenant, le terme,
00:23:49puisque le terme n'existe plus,
00:23:50puisque le législateur a décidé d'appeler ça
00:23:52collaborateur de justice.
00:23:54Et en plus, on a une autre problématique qui se pose.
00:23:57Le décret d'application de cette loi
00:23:59qui a été prise en juin 2025
00:24:01n'a pas été pris encore à l'heure où je vous parle.
00:24:04En raison de la crise politique qui a larvé tous les agendas.
00:24:06Toujours plein de raisons.
00:24:07Je répète quand même, je connais quand même assez bien
00:24:09le sujet du repentis pour avoir écrit un livre.
00:24:11Eh bien, le premier système avait été créé en 2014.
00:24:14On avait attendu à l'époque 10 ans
00:24:16avant d'avoir un décret d'application
00:24:19sans parler de problèmes politiques.
00:24:22Donc là, la loi a été prise en 2025.
00:24:23Ce qui veut dire actuellement, c'est qu'imaginons
00:24:26que cette personne ou d'autres personnes
00:24:27peuvent être interpellées et peuvent se dire
00:24:29« Moi, j'ai un intérêt, par exemple,
00:24:30à dire où sont les bijoux,
00:24:32parce que tout de suite, je vais être entrée
00:24:34dans ce qu'on appelle le système
00:24:35de collaborateurs de justice,
00:24:37mais le décret d'application n'a pas été pris. »
00:24:39Donc, pour ces gens qui décideraient de parler,
00:24:41quelles sont les garanties
00:24:42que le système judiciaire peut leur donner ?
00:24:44C'est aussi l'équilibre à avoir
00:24:46entre l'État partie prenante, si j'ose dire,
00:24:49en tous les cas, comme l'a répété le Procrément de la République,
00:24:51de récupérer les bijoux,
00:24:52et ensuite, tous les protagonistes du dossier.
00:24:55Mais est-ce qu'on a une vraie marge de manœuvre,
00:24:56Christian Flèche, là, sur ce dossier ?
00:24:58Moi, j'écoutais avec attention Clarissa.
00:25:00Est-ce que ce n'est pas plus simple que ça ?
00:25:02Il y a un couple qui a été déféré.
00:25:05Les juges les voient.
00:25:06Il y en a un qui fait valoir son droit au silence
00:25:08et qui demande à reporter son passage...
00:25:12C'est donc l'homme ?
00:25:14Devant le juge.
00:25:16Il demande à préparer sa défense
00:25:18et donc à prendre un peu de temps.
00:25:19Est-ce que, justement, ce n'est pas parce qu'on attend
00:25:22les déclarations de l'homme
00:25:23qu'on la laisse en prison ?
00:25:26Ah ben, ça, c'est toute la stratégie
00:25:28qui va être mise en place par les juges d'instruction
00:25:30dans des dossiers de cette importance-là.
00:25:33C'est aussi de savoir, d'abord,
00:25:34est-ce que toutes les personnes ont été mises en examen ?
00:25:37On rappelle qu'il manque le quatrième homme du commando
00:25:39présent sur zone ce matin-là.
00:25:41Vous avez raison de parler du commando,
00:25:42mais aujourd'hui, ce qui a l'air de se détacher,
00:25:46de se dessiner, c'est qu'il y a peut-être aussi
00:25:48des gens au-dessus.
00:25:49Parce que ceux qui sont intervenus là
00:25:51ont laissé des telles traces
00:25:53qu'on se dit que c'est peut-être des gens
00:25:54qui n'ont fait qu'exécuter des ordres
00:25:56et que ceux qui ont réfléchi à aller au Louvre
00:25:58ne se sont peut-être pas mis les mains
00:26:00dans le cambouis, comme on dit.
00:26:01Après, quand les gens sont tous mis en examen,
00:26:03les juges d'instruction, ça dépend des juges,
00:26:05peuvent décider soit d'attendre les gens immédiatement,
00:26:08soit d'attendre que tout le monde soit interpellé,
00:26:11et après, c'est de savoir dans quel ordre on les entend.
00:26:13Est-ce qu'on commence par le plus faible ?
00:26:15Est-ce qu'on commence par celui qui est présenté
00:26:16comme le plus fort ?
00:26:18Ça peut aussi avoir un signe pour dire
00:26:19est-ce qu'il y en a un qui ouvre la parole
00:26:21par rapport aux autres ?
00:26:22D'ailleurs, la preuve, c'est que la police
00:26:23a attendu pour arrêter ce couple.
00:26:26Puisqu'on sait aujourd'hui qu'ils ont leur ADN.
00:26:28Ils ont l'ADN du couple, au moins sur la nacelle.
00:26:30C'est peut-être un ADN de contact.
00:26:32Pour elle, je crois que c'est un ADN de contact.
00:26:34Pour lui, je crois que c'est un ADN sans.
00:26:35Parce que nécessairement, ils sont fichés.
00:26:37Il a déjà été condamné, lui.
00:26:38Donc, en réalité, ils ont déjà son ADN.
00:26:40Alors, il y a une deuxième...
00:26:41Ils l'ont arrêté mercredi.
00:26:42Pourquoi ?
00:26:43Non, j'ai une autre version.
00:26:44Je pense que l'homme est fiché,
00:26:46il a été identifié.
00:26:48Donc, ils ont son point de chute.
00:26:50Le couple a des enfants.
00:26:51Ils ont quatre autres personnes
00:26:53qui ont été interpellées,
00:26:54dont ils ont dû prendre les empreintes
00:26:57digitales et ADN.
00:26:59Et c'est là où, sans doute,
00:27:00l'ADN de la femme qui, semble-t-il,
00:27:01n'était pas connue, cette femme.
00:27:03Ah oui.
00:27:03Alors, écoutez les précisions de...
00:27:05Moi, j'ai une autre version.
00:27:06Alors, attendez.
00:27:06On écoute les précisions de l'Orbequio
00:27:08et après, on aura la version de Dominique Rizet.
00:27:11Au sein de la nacelle,
00:27:12on a trouvé des traces ADN là concernant.
00:27:15Alors là aussi, il faut être précis
00:27:18dans ce que je vous dis.
00:27:19C'est-à-dire qu'autant les traces ADN
00:27:22du premier mis en examen qui a eu lieu hier
00:27:26sont importantes,
00:27:28autant celles-ci sont des traces ADN
00:27:29dont on peut se poser objectivement
00:27:31la question de savoir
00:27:31si ce qu'on appelle de l'ADN de transfert.
00:27:34Ça veut dire que son ADN est déposé
00:27:37sur quelqu'un, sur un objet,
00:27:39qui est ensuite redéposé dans la nacelle.
00:27:41Dominique, l'ADN reine.
00:27:45C'est comme ça quand même que...
00:27:46C'est central dans cette enquête.
00:27:47C'est comme ça qu'ils sont remontés
00:27:48sur le commando.
00:27:49Bien sûr, oui.
00:27:50Je rappelle que quand on parle d'ADN de transfert,
00:27:52il y a une affaire de terrorisme
00:27:53où on avait retrouvé un ADN de contact
00:27:55sur un ordinateur.
00:27:57Vous voyez, donc, pourquoi pas ?
00:27:59Cet homme, il est là, il est dans le coup.
00:28:01Et puis, il transporte sur lui,
00:28:03comme tout le monde, l'ADN de sa femme.
00:28:05Et il touche la nacelle.
00:28:07Il dépose l'ADN de sa femme sur la nacelle.
00:28:09Ça s'appelle un ADN de transfert.
00:28:12Elle n'a rien à voir avec tout ça.
00:28:13Elle pleure.
00:28:14Elle ne comprend pas ce qui lui arrive.
00:28:15Et son avocat, c'est tout à fait posséder là.
00:28:17Si c'est hypothèse.
00:28:18Maître sœur, maître sœur.
00:28:19Non, je veux dire que si c'est le cas,
00:28:20c'est quand même assez terrible.
00:28:21Vous avez raison, c'est une hypothèse.
00:28:22Mais ça veut dire que dans ces cas-là,
00:28:24cette femme devient une monnaie d'échange.
00:28:26Et donc, la détention provisoire,
00:28:27je le rappelle,
00:28:28ce n'est pas un vain mot,
00:28:28mais moi, j'appartiens quand même
00:28:29à l'association des avocats pénalistes, l'ADAP.
00:28:32On est quand même extrêmement vigilants.
00:28:33Et on rappelle en permanence...
00:28:34On en rappelle en permanence,
00:28:37la présomption d'innocence
00:28:38et la détention provisoire...
00:28:39Comme une exception.
00:28:40...doit être une exception.
00:28:41Donc là, si cette femme...
00:28:43Même si, effectivement,
00:28:45c'est la femme de celui
00:28:46dont on a retrouvé l'ADN.
00:28:47Ça veut dire qu'elle devient
00:28:48une monnaie d'échange
00:28:48et qu'on l'a incarcérée
00:28:50pour soit, si elle ne connaît rien,
00:28:53elle ne pourra rien dire,
00:28:54soit que lui parle.
00:28:55Donc, c'est comme une mesure coercitive.
00:28:57Alors, il y a aussi à avoir autre chose.
00:28:58Peut-être que ces avocats
00:28:59ont interjeté appel de la décision
00:29:01parce qu'ils peuvent interjeter appel
00:29:03de l'incarcération provisoire.
00:29:05Si c'est le cas,
00:29:05il y aura une audience
00:29:06à la Chambre d'instruction
00:29:07composée par trois magistrats
00:29:08et les trois magistrats
00:29:10peuvent décider autre chose.
00:29:11Ils peuvent décider que,
00:29:12un, elle est présumée innocente,
00:29:13qu'elle sera remise en liberté
00:29:14sous contrôle judiciaire.
00:29:15Mais c'est vrai que l'avocat que je suis,
00:29:17quand j'entends que cette femme
00:29:18a considéré, évidemment,
00:29:19avec les précautions d'usage,
00:29:21si elle n'est au courant de rien,
00:29:22si ce n'est d'être la femme
00:29:24de quelqu'un qui a participé...
00:29:26Et c'est vrai que ça fait quand même
00:29:27ça incarcèle pour quelqu'un
00:29:29qui n'a jamais été incarcéré en plus.
00:29:30À ceci près que c'est son compagnon
00:29:31qui a demandé le report
00:29:33dans l'audience.
00:29:34Mais peu importe,
00:29:34parce qu'il fait esquiver en fait.
00:29:36Il fait esquiver, ça veut dire que c'est normal.
00:29:36Mais c'est vrai que l'ADN de contact,
00:29:38si je serre la main de Dominique
00:29:39et qu'on prend une poignée de porte,
00:29:42on a deux ADN, j'ai compris.
00:29:43Je vais poser l'ADN de Dominique
00:29:45sur la poignée de porte.
00:29:45On se serre pas la main,
00:29:45on s'embrasse.
00:29:47Donc c'est vrai que l'ADN de contact,
00:29:48c'est...
00:29:48Ah mais je dis pas le contraire,
00:29:49mais ça voudrait dire dans ces cas-là...
00:29:51Elle a pour elle qu'aucune caméra
00:29:52de vidéosurveillance ne l'a vue elle
00:29:54sur la face.
00:29:54Ça veut dire aussi que beaucoup de femmes,
00:29:56les gens qui sont mises en examen,
00:29:57si on suit le raisonnement,
00:29:58pourraient être incarcérées
00:29:59sous prétexte que parce qu'on vit
00:30:01avec quelqu'un,
00:30:02on est forcément au courant
00:30:03des agissements.
00:30:04Je le dis aussi un peu par expérience
00:30:06et même pas par expérience d'avocat,
00:30:07mais même dans la...
00:30:08On peut vivre avec quelqu'un
00:30:09sans forcément connaître le détail
00:30:11de sa vie au quotidien.
00:30:13On peut ignorer qu'il ait des rendez-vous
00:30:15craqués.
00:30:15Oui, surtout quand il y a
00:30:16des activités criminelles.
00:30:17C'est pour moi les hommes
00:30:18et les huites ont parlé à leurs femmes.
00:30:19Elle a peut-être aussi répété
00:30:21la manutention de la nacelle.
00:30:26C'est pas non plus.
00:30:27Non, mais il y a plein d'hypothèses
00:30:28de travail.
00:30:29Il y a plein d'hypothèses de travail.
00:30:29C'est simplement que si une femme
00:30:30n'a jamais été incarcérée,
00:30:32qu'en plus elle a des enfants,
00:30:34qu'en plus on a tenté
00:30:35à considérer qu'elle ait encore un rôle,
00:30:38ce qui ne semble pas
00:30:38être totalement établi.
00:30:39Mais Célia, hier,
00:30:40elle n'a pas donné...
00:30:41C'était probablement pas le lieu,
00:30:43mais elle n'est pas rentrée
00:30:44dans un début d'explication.
00:30:45Rien du tout.
00:30:45Elle était plutôt traumatisée
00:30:48par ce qui allait lui arriver
00:30:49parce qu'elle avait bien compris
00:30:50qu'il y avait ce risque
00:30:51de détention provisoire,
00:30:52mais elle n'est pas rentrée
00:30:53dans les explications.
00:30:54Non, elle est peut-être rentrée
00:30:55quand nous, on n'était pas là,
00:30:56un journaliste,
00:30:56parce qu'il y a eu un huis clos.
00:30:57Donc nous, on assiste au début
00:30:59à la mise en examen,
00:31:00les chefs d'accusation.
00:31:01On sort et ensuite,
00:31:02on re-rendra au moment de la décision.
00:31:04Ce qui est sûr,
00:31:04c'est qu'elle est effondrée
00:31:05et que la juge a bien précisé
00:31:06qu'elle reviendrait sur sa décision
00:31:08que la balle était dans son camp.
00:31:10C'est vrai qu'il y a une porte souverte.
00:31:11Moi, je trouve ça assez...
00:31:11Non, mais ça ne nous semble pas anormal
00:31:13que si elle a fait des déclarations
00:31:14et que son compagnon,
00:31:16lui, est resté dans le silence,
00:31:17qu'il y a un besoin,
00:31:18à un moment donné,
00:31:18de confronter...
00:31:19De croiser, bien sûr.
00:31:20Mais bien sûr,
00:31:20mais...
00:31:21Sous le régime de la détention provisoire ?
00:31:22Mais bien sûr,
00:31:23mais le risque de concertation,
00:31:25l'un des motifs
00:31:26pour placer quelqu'un
00:31:26en détention provisoire,
00:31:27il y en a plusieurs
00:31:28qui sont prévus
00:31:29par le Code de procédure pénale,
00:31:30c'est d'éviter
00:31:31le risque de concertation.
00:31:32J'entends exactement
00:31:33ce que tu es en train de dire,
00:31:34mais si lui décide
00:31:35devant le juge d'instruction
00:31:36de garder le silence,
00:31:37c'est son droit.
00:31:38Oui, mais s'il manque
00:31:38d'autres gens du commando,
00:31:39c'est pour ça.
00:31:39Je ne dis pas le contraire,
00:31:40mais je dis que le risque
00:31:41de concertation,
00:31:42si elle,
00:31:42elle ne connaît personne d'autre
00:31:43à part évidemment son mari,
00:31:45si son mari est placé
00:31:46en détention provisoire
00:31:47et elle,
00:31:47elle est placée
00:31:48sous contrôle judiciaire,
00:31:49de fait,
00:31:49ils ne peuvent pas communiquer.
00:31:51Sauf par les avocats.
00:31:52Ah, non,
00:31:53mais les avocats
00:31:53sont tenus au secret
00:31:54de l'instruction
00:31:55et secret professionnel.
00:31:56Donc là,
00:32:02c'est comme les affaires
00:32:03qui sortent dans la presse,
00:32:04souvent on se rend compte
00:32:04que les affaires
00:32:05qui sortent dans la presse
00:32:06ce ne sont pas les avocats
00:32:07puisqu'on n'a même pas accès
00:32:07au dossier quand on a regardé.
00:32:08Non, mais en revanche,
00:32:09on ne sait pas quel est son rôle
00:32:10effectivement dans cette organisation
00:32:11de commando
00:32:12et si elle n'est pas en lien
00:32:13avec l'un de l'autre
00:32:13encore dans la nature.
00:32:14Je dis simplement une chose,
00:32:16je dis que cette femme,
00:32:17de ce que l'on sait
00:32:18au jour d'aujourd'hui,
00:32:19c'est-à-dire très compliqué
00:32:20de parler d'un dossier
00:32:21qui est à l'instruction,
00:32:23même si dans cette affaire
00:32:24on comprend qu'on a envie
00:32:25d'en parler,
00:32:32d'un des commis en examen.
00:32:34La question,
00:32:35si elle n'a jamais été incarcérée,
00:32:37si elle n'est pas
00:32:38sur la scène du vol,
00:32:40si dans ce dossier
00:32:42elle ne sait rien
00:32:43ou pas grand-chose,
00:32:45la question,
00:32:46on peut imaginer
00:32:46qu'elle sache
00:32:47mais pas grand-chose,
00:32:48c'est est-ce qu'il y a
00:32:48une proportion
00:32:49entre ce qu'elle peut savoir
00:32:51et la placer
00:32:52en détention provisoire ?
00:32:54Voilà, c'est le recours
00:32:55à la détention provisoire.
00:32:56J'en parle d'autant
00:32:57plus librement.
00:32:58Je ne connais pas
00:32:59ce dossier autrement
00:33:00que je connais dans les médias.
00:33:01Je dis d'un point
00:33:02de vue humain,
00:33:03il faut penser aussi
00:33:05que si en plus
00:33:05il y a des enfants,
00:33:07les conséquences
00:33:07que ça peut avoir.
00:33:08On peut aussi
00:33:09anticiper le pire
00:33:10et se dire
00:33:11qu'elle sera peut-être
00:33:11condamnée,
00:33:12on peut anticiper le mieux
00:33:13et se dire
00:33:14que cette femme
00:33:14a un non-lieu.
00:33:15Donc la décision
00:33:16qui a été prise,
00:33:17à voir,
00:33:17je ne sais pas
00:33:18ce que vont faire
00:33:18les avocats,
00:33:19peut-être qu'ils vont
00:33:20interjeter appel
00:33:21de cette décision
00:33:22pour dire
00:33:23il existe une autre alternative
00:33:25dans des places à quiconque,
00:33:26c'est le contrôle judiciaire.
00:33:28Il y a une deuxième information
00:33:29que donne la procureure
00:33:29de Paris ce matin,
00:33:30c'est qu'il y a deux
00:33:31des quatre hommes
00:33:32du commando,
00:33:33si j'ai bien compris,
00:33:34qui sont déjà montés ensemble
00:33:35sur un braquage
00:33:36précédemment.
00:33:37Dont le compagnon.
00:33:38C'est vrai que le compagnon,
00:33:39c'est pour ça que je suppose
00:33:41que les policiers
00:33:41ont attendu
00:33:42avant de l'interpeller
00:33:43parce qu'ils ont
00:33:44son ADN
00:33:46dans les fichiers
00:33:47et son pédigré
00:33:48du coup.
00:33:48Et son pédigré
00:33:49parce que le compagnon,
00:33:50celui dont vous parlez Pauline,
00:33:51la procureure révèle
00:33:52qu'il a déjà participé
00:33:54à un braquage
00:33:54avec un des deux.
00:33:55Avec un des deux premiers,
00:33:57on est d'accord.
00:33:57Je pense que ce n'est pas
00:33:58un braquage,
00:33:58elle parle de vol.
00:33:59Elle parle de vol.
00:34:00Je ne sais pas ce qu'on parle.
00:34:01On va parler de vol.
00:34:02Elle parle de vol,
00:34:03elle parle de vol,
00:34:04exactement.
00:34:04Oui, connu pour vol.
00:34:05Donc, en réalité,
00:34:06la procureure,
00:34:07elle parle d'une équipe,
00:34:09de gens qui se connaissent déjà.
00:34:11D'où le fait
00:34:11que les policiers
00:34:13les suivis
00:34:14puisqu'ils les ont arrêtés
00:34:15mercredi soir.
00:34:16Ils ont arrêté
00:34:16cinq personnes
00:34:17mercredi soir.
00:34:18C'était de l'ordre
00:34:18du coup de filet
00:34:19alors qu'ils allaient
00:34:20assister à un match de foot.
00:34:22Ils ont arrêté
00:34:22le couple
00:34:23et trois autres.
00:34:24Alors, les trois autres
00:34:25ont été mis hors de cause.
00:34:28Ils travaillent sur les téléphones,
00:34:29sur la téléphonie.
00:34:30Bien sûr.
00:34:31Parce qu'en faisant
00:34:32ces arrestations,
00:34:34ils ont accès
00:34:34à leur téléphone.
00:34:35Bien sûr.
00:34:35Ils ont accès à tout ça.
00:34:37Donc, c'est vrai
00:34:37que c'est un jeu
00:34:38de chat et la souris.
00:34:39Les policiers
00:34:40traquent à la fois
00:34:41le commando,
00:34:42la procureure
00:34:42et le ministre de l'Intérieur
00:34:43a dit ce matin
00:34:44dans le Parisien
00:34:45qu'il a dit
00:34:46qu'on en a trois des quatre.
00:34:49Il a dit aussi
00:34:51qu'il avait bon espoir
00:34:52de retrouver les bijoux.
00:34:53Oui, mais il a manqué
00:34:53un quatrième
00:34:54et puis surtout,
00:34:54surtout,
00:34:55il manque les bijoux.
00:34:55Bah voilà.
00:34:56Et puis,
00:34:57il y a d'autres personnes
00:34:57que ceux qui ont participé.
00:34:58Bah oui.
00:34:59Voilà, bien sûr.
00:35:00Il manque des gens.
00:35:01Pour vous rassurer,
00:35:01vous voyez bien
00:35:02que sur les cinq personnes
00:35:03interpellées,
00:35:04il y en a deux en détention
00:35:05et trois qui ont été remises dehors.
00:35:06Donc, il y a eu quand même
00:35:07la part des choses
00:35:08qui a été faites
00:35:09sur l'élément du dossier
00:35:09Je vais vous citer
00:35:10un autre exemple.
00:35:11Dans une évasion
00:35:11qui a fait couler
00:35:12beaucoup, beaucoup de bruit,
00:35:14l'évasion de Réau,
00:35:16une femme a été mise
00:35:17en examen.
00:35:18Exactement.
00:35:18Une femme a été mise
00:35:19en examen
00:35:19parce qu'elle a été soupçonnée
00:35:21d'avoir commis
00:35:22le délit de recel
00:35:23de malfaiteur.
00:35:24Cette femme a été incarcérée
00:35:25aux assises.
00:35:27Elle a été acquittée.
00:35:29Elle a fait combien
00:35:29de temps de détention ?
00:35:29De mémoire,
00:35:30je crois qu'elle a fait
00:35:31un an de détention.
00:35:32Elle a été acquittée.
00:35:33Elle a été indemnisée.
00:35:34Et elle a...
00:35:35Ah bah ça,
00:35:35il y a des procédures
00:35:36qui sont suivies, évidemment.
00:35:37Non, mais il faut le rappeler
00:35:38aux téléspectateurs.
00:35:39Quand on a été incarcérée
00:35:41et qu'on a bénéficié
00:35:42d'une décision
00:35:43de non-lieu
00:35:43de relax et de l'acquittement,
00:35:44on peut évidemment demander.
00:35:45Mais l'indemnisation,
00:35:47c'est bien beau
00:35:47d'agiter l'indemnisation,
00:35:49ce n'est rien.
00:35:50Ce qui est donné
00:35:51actuellement en France,
00:35:52ce n'est rien
00:35:52par rapport aux préjudices
00:35:53subis, surtout lorsqu'il y a
00:35:55une femme.
00:35:55Je cite cet exemple
00:35:56parce que cette femme,
00:35:57elle a été acquittée
00:35:58par une décision
00:35:59rendue au nom
00:36:00du peuple français.
00:36:01Le parquet n'a pas fait appel.
00:36:02Donc vous avez raison.
00:36:03Heureusement que dans ce qu'on appelle
00:36:04les filets dérivants,
00:36:06des gens peuvent être
00:36:07après la garde à vue
00:36:09remis en liberté.
00:36:11Mais on peut aussi
00:36:11s'interroger.
00:36:12C'est d'ailleurs
00:36:12un débat intéressant.
00:36:13Parce que vous dites,
00:36:14il y en a trois qui ont été...
00:36:15Je rappelle qu'ils sont
00:36:16tous les trois mis en examen.
00:36:17Je ne connais pas leur position.
00:36:18Je ne sais pas
00:36:19qui a dit quoi,
00:36:20qui a fait quoi.
00:36:21Ce qu'on dit déjà,
00:36:21on les présente
00:36:22comme étant des coupables.
00:36:23Puis en plus,
00:36:23on a l'impression
00:36:24qu'il faut en arrêter quatre.
00:36:25J'ai l'impression quand même
00:36:26que le dossier,
00:36:28c'est peut-être plus compliqué
00:36:29que ça.
00:36:29Ce n'est peut-être pas
00:36:30que simplement...
00:36:30On n'a pas de commanditaire
00:36:31présumé en tout cas.
00:36:32On peut se poser la question.
00:36:33En tout cas,
00:36:33on se demande.
00:36:34Est-ce que ce sont des gens
00:36:35à qui on a dit
00:36:36d'aller commettre comme ça,
00:36:37de prendre tous les risques ?
00:36:38Est-ce qu'il y a des gens
00:36:39qui sont au-dessus ?
00:36:40La filière d'écoulement
00:36:41pour le recel ?
00:36:42Je doute un petit peu
00:36:43par expérience
00:36:44qu'il n'y ait,
00:36:45entre guillemets,
00:36:45que quatre ou cinq personnes
00:36:47qui soient ultérieurement
00:36:48mises en examen.
00:36:49Non, mais l'histoire n'est pas finie.
00:36:50Ça, c'est sûr
00:36:51que l'histoire n'est pas finie
00:36:52et que les enquêteurs
00:36:53continuent pied à pied.
00:36:54Je crois qu'il y a
00:36:54une centaine d'enquêteurs
00:36:55qui sont mobilisés.
00:36:56Ils ne vont pas s'arrêter maintenant.
00:36:57C'est la base, bien sûr.
00:36:58Donc, ce n'est pas forcément
00:37:00le filet dérivant.
00:37:01C'est les éléments
00:37:01qui sont accumulés
00:37:02qui font qu'à un moment donné,
00:37:03on a des naces
00:37:04et le barreau et la police.
00:37:06Les dérivants
00:37:07qui ont été pris,
00:37:08vous-même vous le dites
00:37:08et qui ont été remis en liberté.
00:37:09Et qui sont de l'entourage
00:37:10et qui sont de l'entourage
00:37:11de ce couple, en fait.
00:37:13Et qui allaient au match de foot
00:37:13avec eux,
00:37:14on va dire les choses.
00:37:15Est-ce que vous avez entendu
00:37:16parler de la voûte verte ?
00:37:17Pas du tout, expliquez-moi.
00:37:18Alors, la voûte verte,
00:37:19c'est le musée de Dresde.
00:37:21Ah oui.
00:37:21Le musée de Dresde,
00:37:22il contient tous les bijoux,
00:37:24tous les joyaux
00:37:24de la famille royale de Saxe.
00:37:282019, ils ont tout volé.
00:37:29Il y en a pour 110 millions d'euros.
00:37:32On est en quelle année ?
00:37:33En 2019.
00:37:34Il y en a pour 110 millions,
00:37:35il y a 4000 diamants.
00:37:37À côté, le casse de l'ouvre,
00:37:38c'est Petit Joueur.
00:37:39Alors, c'est Petit Joueur
00:37:40parce que pour rentrer,
00:37:41ils ont des complicités,
00:37:43ils cassent des boîtiers électroniques,
00:37:45ils scillent des barreaux la veille.
00:37:46C'est déjà le bon.
00:37:46C'est très sophistiqué.
00:37:48Les avocats ont joué un grand rôle
00:37:49parce qu'ils en ont arrêté 5,
00:37:53ils ont pris 4 ou 5 ans de prison
00:37:54et puis on a retrouvé les bijoux.
00:37:56Ils ont rendu une partie des bijoux.
00:37:57C'est ça.
00:37:58Et vraisemblablement,
00:37:59l'article de presse allemand...
00:38:01Vous êtes sur la ligne Nunez.
00:38:03Vous, vous avez espoir pour...
00:38:04On sait que les avocats en Allemagne
00:38:07ont un peu discuté avec la justice
00:38:09pour des remises de presse
00:38:10dans l'échange des bijoux.
00:38:12Ça fait partie du job.
00:38:13Si ça marchait,
00:38:15ce système de collaborateurs de justice,
00:38:17on pourrait imaginer
00:38:18que l'un décide de parler.
00:38:20Mais s'il décide de parler,
00:38:21il faut qu'il ait des garanties.
00:38:22C'est une évidence.
00:38:23On sait déjà dans les affaires,
00:38:24en principe,
00:38:25quand quelqu'un reconnaît des faits
00:38:27par rapport à celui
00:38:27qu'il ne reconnaît pas,
00:38:28en principe,
00:38:29les magistrats,
00:38:30au moment de la juridiction de jugement,
00:38:31en tiennent compte.
00:38:32Maintenant,
00:38:33là, on est en phase d'instruction.
00:38:35Il est évident
00:38:35qu'il y a peut-être
00:38:36ceux qui ont été interpellés
00:38:38connaissent des éléments
00:38:38qui n'ont pas révélé jusqu'à présent
00:38:40qu'il peut y avoir un intérêt
00:38:42pour l'enquête.
00:38:43Après, la question,
00:38:44c'est effectivement
00:38:44dans la proportion
00:38:45qu'est l'intérêt.
00:38:46Je rappelle une autre affaire
00:38:47qui a fait beaucoup parler.
00:38:48C'était ce convoyeur de fonds
00:38:50qui lui-même...
00:38:52Tony Musulin.
00:38:52Qui lui met un million à Lyon
00:38:54avec 11,6 millions
00:38:56et qui en garde 2,6.
00:38:58Voilà.
00:38:58On sait très bien
00:38:59qu'il a été condamné
00:39:00à la peine maximale
00:39:01et qu'il est sorti de prison
00:39:02et qu'il y a des millions
00:39:02qui n'ont jamais été retrouvés.
00:39:04Oui, oui, c'est vrai.
00:39:04Question, question.
00:39:05On se posait...
00:39:06Est-ce que...
00:39:07En fait,
00:39:08les collaborateurs de justice,
00:39:09la protection,
00:39:10ça ne marche pas en France.
00:39:11Protection des témoins.
00:39:12La preuve,
00:39:13Sonia,
00:39:13qui donne le nom d'Abaoud
00:39:15dans les attentats...
00:39:16Dans les attentats du 13 novembre.
00:39:17Sonia,
00:39:18elle pète de trouille
00:39:19là où elle vit.
00:39:20Elle n'est protégée par personne.
00:39:22Elle a une vie compliquée,
00:39:23on va dire.
00:39:23Ça n'a jamais...
00:39:24Oui,
00:39:24elle a une vie compliquée,
00:39:25merci.
00:39:26C'est ce que je m'emporte un peu.
00:39:27Donc,
00:39:27ça ne fonctionne pas.
00:39:28Mais on se posait une question
00:39:29avec Pauline
00:39:30en préparant l'émission.
00:39:32Dans l'affaire du Louvre,
00:39:33on revient au Louvre,
00:39:34qui va négocier ?
00:39:36Si négociation il y a...
00:39:37Si l'un des types dit
00:39:38les bijoux,
00:39:39moi je donne,
00:39:40je rends les bijoux,
00:39:42mais je veux que ma peine
00:39:42soit réévaluée,
00:39:44discutée,
00:39:45qui négocie ?
00:39:46Vous l'avocate,
00:39:47les policiers,
00:39:49la proc,
00:39:50les juges d'instruction ?
00:39:51Tout le monde, non ?
00:39:52J'aimerais vous répondre
00:39:53à cette question.
00:39:53Ce que je peux vous dire,
00:39:54c'est qu'il n'y a pas
00:39:54de décret d'application.
00:39:56Moi,
00:39:56je connais le système
00:39:57du repenti
00:39:58parce que j'en ai fait
00:39:58des frais avec celui
00:39:59que j'ai défendu.
00:40:00Mais là,
00:40:01la nouvelle loi de 2005,
00:40:03c'est dommage,
00:40:03il n'y a pas de décret d'application.
00:40:04Et pourquoi ?
00:40:05Moi,
00:40:07je ne suis qu'avocat,
00:40:08donc je ne peux pas répondre
00:40:08à cette question.
00:40:09Mais le décret d'application
00:40:10n'a pas été pris.
00:40:10Mais concrètement,
00:40:12quand les gens
00:40:13sont mis en examen,
00:40:14en principe,
00:40:15enfin,
00:40:15c'est la loi,
00:40:16ils n'ont plus contact
00:40:17avec les policiers.
00:40:18Ils sont mis en examen,
00:40:19le contact qu'ils ont,
00:40:20c'est évidemment
00:40:21l'avocat de la défense
00:40:22et le juge d'instruction.
00:40:24Donc là,
00:40:25on pourrait imaginer
00:40:26peut-être que
00:40:27le mis en examen
00:40:28dit à son avocat
00:40:29j'ai des choses à dire
00:40:31et d'aller voir le juge.
00:40:32Mais l'avocat
00:40:32qui va faire ça,
00:40:33il faut que lui-même,
00:40:34il ait des garanties
00:40:35pour son client.
00:40:36Dans le nouveau système,
00:40:37à la différence de l'ancien,
00:40:39dans le nouveau système,
00:40:40ce qui est sûr,
00:40:40c'est que celui
00:40:41qui donne des éléments
00:40:42qui permettent notamment
00:40:43d'interpeller quelqu'un,
00:40:45il est sûr et certain
00:40:46qu'à la finale,
00:40:47il aura une diminution de peine.
00:40:49Ce qui n'était pas le cas avant
00:40:50puisqu'il fallait attendre
00:40:51la juridiction de jugement.
00:40:52Ça, c'est sûr,
00:40:53c'est acquis.
00:40:54Ça, c'est dans les textes.
00:40:55Maintenant,
00:40:55le décret d'application,
00:40:56c'est de dire,
00:40:57et pour répondre à votre question,
00:40:58M. Rizet,
00:40:58qui fait quoi ?
00:40:59C'est-à-dire qu'un avocat,
00:41:01hormis notre rôle,
00:41:03c'est de défendre,
00:41:04nous avons une responsabilité
00:41:05professionnelle.
00:41:06On ne peut pas dire à quelqu'un
00:41:07vous allez avoir telle peine
00:41:09si on n'est pas sûr
00:41:11et certain du résultat.
00:41:12Donc là,
00:41:12il faudrait vraiment
00:41:13encadrer les choses
00:41:14pour celui qui puisse dire,
00:41:15voilà, encore une fois,
00:41:17je sais où sont les bijoux,
00:41:18je sais celui qui vous manque,
00:41:20je sais exactement
00:41:21toute l'architecture
00:41:22de cette affaire.
00:41:23Il faut quand même aussi voir
00:41:24les risques que ça peut engager
00:41:26aussi pour certains
00:41:27de devoir parler.
00:41:28C'est toujours le même problème,
00:41:28c'est la loi de l'Omerta.
00:41:31Oui, risque-bénéfice en fait.
00:41:32Et chacun,
00:41:33dans son équation individuelle,
00:41:35cette femme, cet homme
00:41:36vont se demander
00:41:36quel intérêt j'ai à parler
00:41:38et à me mettre à table
00:41:38et à balancer ou pas,
00:41:40si je sais ou pas.
00:41:40En fait, l'équation,
00:41:41elle est là.
00:41:41Et puis en plus,
00:41:42il y a le problème de parler.
00:41:44On peut se dire
00:41:44j'ai un intérêt judiciairement,
00:41:46c'est-à-dire qu'à la finale,
00:41:47je sais que comme j'ai participé
00:41:49à la manifestation de la vérité,
00:41:50que j'ai donné des éléments
00:41:51très importants,
00:41:52très probants,
00:41:53j'aurais ce qu'on appelle
00:41:54une diminution de peine.
00:41:55Ça, c'est d'un point de vue,
00:41:57je vous ai envie de donner
00:41:58l'image du millefeuille,
00:41:59de la première couche du millefeuille.
00:42:00Mais deuxième question,
00:42:01quelles protections
00:42:02vont-ils avoir ?
00:42:03C'est ça.
00:42:04Parce qu'on sait
00:42:04qu'en maison d'arrêt,
00:42:06il y a des pressions
00:42:06qui peuvent être exercées,
00:42:08il y a l'extérieur
00:42:09où il peut y avoir des pressions
00:42:10et donc après,
00:42:11il y a le dispositif
00:42:13de mise en place,
00:42:14de rentrer dans un système
00:42:15de protection.
00:42:16Mais encore une fois,
00:42:17on n'a pas de décret
00:42:18d'application,
00:42:19donc je ne sais pas trop
00:42:20comment les choses
00:42:20peuvent s'enligner.
00:42:21Mais qu'est-ce que vous
00:42:21leur conseilleriez ?
00:42:23C'est hyper compliqué
00:42:23comme question.
00:42:25C'est très, très, très...
00:42:27De dire la vérité.
00:42:28Oui, mais il y a des gens
00:42:30qui ont envie de dire la vérité.
00:42:31Le problème,
00:42:32c'est que quand il y a un dossier
00:42:33où il y a plusieurs personnes
00:42:34mises en examen,
00:42:35on n'est pas tout seul à décider.
00:42:36On fait partie d'une chaîne
00:42:37et donc celui qui balance
00:42:39a quand même mauvaise presse,
00:42:41mauvaise cote.
00:42:42Même en maison d'arrêt,
00:42:43c'est celui qui reste la balance.
00:42:44Parce que les deux premiers,
00:42:45rappelons,
00:42:45ils ont reconnu à minima
00:42:46parce qu'il y avait de l'ADN
00:42:48et ça donnait dans la bouche
00:42:49de leur BQ,
00:42:50la procureure de Paris.
00:42:51Ils ont reconnu
00:42:51partiellement les faits.
00:42:53Bon, enfin,
00:42:54grosso modo,
00:42:54on leur a dit
00:42:54qu'il y a votre ADN,
00:42:55vous y étiez,
00:42:55vous n'y étiez pas
00:42:56et ils se sont arrêtés là.
00:42:57Donc en fait,
00:42:58pour de vrai,
00:42:58il n'y a pas grand monde
00:42:59qui a commencé à parler.
00:43:00Ah bah bien sûr,
00:43:00puis c'est un tout début d'instruction
00:43:01et puis les gens,
00:43:02tout le monde se tient,
00:43:03tout le monde se jauge,
00:43:04se jauge de savoir
00:43:05et de savoir, etc.
00:43:06Alors après,
00:43:08je vous donne un autre exemple
00:43:09que vous avez dû suivre.
00:43:10Dans l'affaire du braquage
00:43:11de Kim Kardashian,
00:43:12ils ont été interpellés,
00:43:14ils ont été mis en examen.
00:43:15Et bien après.
00:43:16Bien après,
00:43:17mais à la finale,
00:43:18est-ce qu'on a retrouvé
00:43:19tous les bijoux ?
00:43:19Je ne crois pas.
00:43:20En tout cas,
00:43:21la fameuse bague,
00:43:22moi je ne l'ai pas vue.
00:43:22On ne l'a pas retrouvée.
00:43:23Mais 4,5 millions,
00:43:24c'est rien par rapport à ce qui est international.
00:43:25Non, mais il y a aussi,
00:43:27il y a des gens qui n'ont plus,
00:43:29qui calculent en disant
00:43:30est-ce que j'ai intérêt à tout dire,
00:43:31quel intérêt de tout dire.
00:43:32Et puis il y a aussi ce qu'on appelle,
00:43:34comme dans beaucoup de dossiers,
00:43:35des petites mains.
00:43:36Et les petites mains,
00:43:38ces petites mains,
00:43:39mais elles sont aussi pieds et points liés.
00:43:40Mais est-ce que cela,
00:43:41ce ne sont pas les mêmes propositions ?
00:43:42Est-ce que cela,
00:43:43ce sont les petites mains ?
00:43:44Est-ce que ce sont les moyennes mains ?
00:43:45Je ne suis pas du tout
00:43:48Je dis simplement
00:43:51que vu le mode opératoire,
00:43:53on peut se demander
00:43:54s'il n'y a pas des gens au-dessus
00:43:55qui ont construit,
00:43:56parce qu'il faut quand même se dire
00:43:57qu'il y a des gens
00:43:58qui ont nécessairement,
00:43:59il suffit de lire un peu
00:44:00des romans policiers,
00:44:01il y a au moins des repérages,
00:44:02il y a quelqu'un
00:44:03qui a dû aller au Louvre.
00:44:04Est-ce qu'on passe totalement inaperçu
00:44:06quand on a l'habitude
00:44:07d'aller au Louvre ?
00:44:08Ou est-ce que quand on n'a jamais
00:44:09mis les pieds dans un musée,
00:44:10est-ce qu'on ne va pas avoir
00:44:12un comportement
00:44:13ou ne poser des questions
00:44:14qui peuvent être dérangeantes ?
00:44:16Donc on peut se dire aussi
00:44:17qu'il y a peut-être des gens
00:44:17qui ont fait des repérages
00:44:18qui n'ont pas été interpellés.
00:44:20Il y a aussi le problème
00:44:20de l'écoulement.
00:44:21Dans beaucoup de dossiers,
00:44:22la question qui reste souvent
00:44:23en suspens,
00:44:24c'est l'écoulement.
00:44:25Où sont les recéleurs ?
00:44:26Qui sont les recéleurs ?
00:44:27Est-ce qu'ils sont en France ?
00:44:28Pas en France ?
00:44:29Alors Laurent Nunez, lui,
00:44:30n'exclut pas que l'écoulement
00:44:31se fasse à l'étranger,
00:44:32mais ça, ça n'engage que lui
00:44:33pour l'instant.
00:44:34Mais toutes les hypothèses
00:44:35sont ouvertes.
00:44:36Christian Flech,
00:44:37il a une hypothèse
00:44:38comme quoi la commande
00:44:39aurait pu se faire
00:44:40par le Tarknet
00:44:40et qu'il n'y a absolument
00:44:41aucun lien entre les voleurs
00:44:46et les recéleurs.
00:44:47L'idée qu'on a,
00:44:48c'est que les exécutants
00:44:49n'ont pas le profil
00:44:50de ceux qui ont commandité.
00:44:51On est d'accord.
00:44:52Donc après,
00:44:52comment le lien se fait ?
00:44:54Il peut y avoir des commandes
00:44:55qui se font
00:44:55où on vous dit
00:44:56tiens, tu vas aller monter
00:44:58sur une échelle,
00:45:00aller dans le Louvre
00:45:01et piquer des éléments.
00:45:03C'est tout à fait possible.
00:45:04Donc derrière,
00:45:05il faut arriver à voir
00:45:06le commanditaire
00:45:07qui, sans doute,
00:45:08avant ça se passait
00:45:09dans un café.
00:45:10Maintenant,
00:45:10c'est plus sophistiqué
00:45:12et ça se passe
00:45:13avec des ordinateurs.
00:45:14Mais la police
00:45:14est tout à fait capable
00:45:15de remonter aussi
00:45:16sur ces commanditaires.
00:45:17Il y a des services
00:45:17hyper spécialisés,
00:45:18notamment en cyber
00:45:19et j'imagine qu'ils aient plus
00:45:20que ça.
00:45:20Qui ont d'ailleurs été cités
00:45:21par la Procureur de la République
00:45:22dans sa première conférence de presse.
00:45:24Donc ça veut dire
00:45:25que tout le monde va travailler
00:45:26et qu'on tire.
00:45:28On n'est pas dans le filet dérivant,
00:45:29encore une fois,
00:45:29on est dans les éléments
00:45:30d'enquête qu'on exploite.
00:45:32Elle a aussi dit ce matin
00:45:33que toute interpellation
00:45:34a amené d'autres éléments
00:45:35qui étaient à nouveau exploités.
00:45:37Elle a dit aussi
00:45:38que parmi tous les scellés,
00:45:40180 scellés, je crois,
00:45:41il y en a certains.
00:45:42Parce que quand on fait
00:45:43des prélèvements ADN,
00:45:44quand on les fait
00:45:45sur un coton-tige,
00:45:46c'est une machine
00:45:46qui vous exploite les choses
00:45:47et qui vous sort des données
00:45:50qui sont après rentrées
00:45:51automatiquement dans le fichier.
00:45:52Quand vous êtes sur des scellés,
00:45:54c'est-à-dire,
00:45:55je vais prendre par exemple
00:45:56le siège de la nacelle,
00:46:00par exemple.
00:46:00On va découper
00:46:01et ensuite,
00:46:02c'est une analyse
00:46:03qui est beaucoup plus fine.
00:46:04et qui prend beaucoup plus de temps
00:46:05que le prélèvement.
00:46:08Donc ensuite,
00:46:08quand on va en perquisition,
00:46:10chez tous les gens,
00:46:11ça a été le cas
00:46:11mercredi soir
00:46:12ou jeudi matin,
00:46:13il y a des nouveaux éléments
00:46:15qui sont saisis
00:46:15et ils sont à nouveau exploités
00:46:17parce que c'est intéressant
00:46:18de trouver d'autres ADN.
00:46:20Même si on a
00:46:21quatre personnes
00:46:23qui ont fait le vol
00:46:25et que peut-être
00:46:26il y a quatre ADN,
00:46:27il faut arriver à trouver
00:46:28la part entre les gens
00:46:29qui ont commis le vol
00:46:31et ceux qui ont soutenu.
00:46:32Donc la femme
00:46:33est mise en examen
00:46:34pour complicité
00:46:35et elle est aussi
00:46:36mise en examen
00:46:37pour association
00:46:37de malfaiteurs.
00:46:38Ça veut dire que
00:46:39dans cette association
00:46:39de malfaiteurs,
00:46:40il y a quand même
00:46:41un maximum de gens
00:46:42qui peuvent être inclus.
00:46:44Et c'est tout le boulot
00:46:45de la police et de la justice
00:46:46de trouver.
00:46:47C'est vrai que la police...
00:46:48Ou un minimum de gens
00:46:49parce que...
00:46:49Mais plus que les quatre.
00:46:51Ah, plus que les quatre.
00:46:51Je suis d'accord.
00:46:52Mais ça peut être aussi
00:46:52une équipe réduite
00:46:53parce que plus on prend
00:46:54des équipes importantes,
00:46:55plus le risque de fuite
00:46:57est important.
00:46:59Donc ça dépend aussi
00:46:59du degré de connaissance
00:47:01et du degré d'intelligence
00:47:03de ceux qui ont...
00:47:04C'est tout l'angeul.
00:47:05C'est tout l'angeul.
00:47:06C'est tout l'angeul.
00:47:06Non, parce que là,
00:47:07le couple était allé
00:47:08à un match de foot
00:47:09donc ils étaient assez détendus.
00:47:10Alors, elle, non, je crois,
00:47:11mais lui avec ses copains
00:47:12et elle, elle a été, je crois,
00:47:13arrêtée chez elle.
00:47:15La police a une machine
00:47:16à remonter le temps.
00:47:18Elle l'a un peu effleurée,
00:47:19la procureure,
00:47:20quand elle a dit
00:47:20la vidéo surveillance.
00:47:23Ah oui.
00:47:23Parce qu'en fait,
00:47:24il y a des policiers
00:47:25de la préfecture de police de Paris.
00:47:26Ils s'appellent entre eux
00:47:27les vidéos patrouilleurs
00:47:29dont la spécialité
00:47:30est de naviguer
00:47:32avec les caméras.
00:47:33Parce qu'en fait,
00:47:33il ne suffit pas
00:47:33d'avoir des caméras
00:47:34dans tout Paris.
00:47:34Encore faut-il savoir
00:47:36que à tel endroit
00:47:37il faut utiliser la caméra
00:47:39de la banque,
00:47:40de tel endroit,
00:47:41du métro,
00:47:42passer dans le métro.
00:47:43En fait,
00:47:43ils arrivent à suivre.
00:47:45Dans Paris, en tout cas,
00:47:46ils arrivent à vous suivre
00:47:47avec une précision folle.
00:47:48Et comme tout ça
00:47:49est emmagasiné,
00:47:51ils ont fait avant,
00:47:53ils ont fait toute la période
00:47:54en amont du braquage.
00:47:56Avec la voiture relais
00:47:58dont on parle.
00:47:59Avec les fameuses
00:47:59voitures relais
00:48:00parce qu'il y a au moins
00:48:00deux voitures relais
00:48:01donc ils cherchent
00:48:02les autres voitures relais.
00:48:03Ils cherchent plein de complices.
00:48:04Et ça, les complices,
00:48:04ils les cherchent comme ça
00:48:05grâce notamment
00:48:06à la vidéosurveillance
00:48:08en amont.
00:48:09Après, ils font attention.
00:48:11Plus attention.
00:48:12En amont, moins.
00:48:13Le boulot de la police
00:48:13sur une scène de crime,
00:48:15c'est de bloquer
00:48:15les éléments de vidéo.
00:48:17Donc, il y a
00:48:18un délai de observation.
00:48:19Il faut bloquer.
00:48:21Et puis au fur et à mesure...
00:48:21C'est un travail gigantesque.
00:48:23Non, non.
00:48:24Bloquer, ça veut dire
00:48:24que des gens les stockent.
00:48:25Non, non, j'entends.
00:48:26Mais ensuite,
00:48:26les visionner.
00:48:28Vous avez un itinéraire
00:48:29de fuite.
00:48:29Vous avez...
00:48:30Bon, alors, sur la vidéo
00:48:31de la préfecture de policiers,
00:48:33un plan.
00:48:33On sait où sont les caméras.
00:48:34Ils sont partis vers l'est
00:48:35de Paris, voilà.
00:48:36Donc, il s'agit après
00:48:36de bloquer les caméras
00:48:37sur l'itinéraire.
00:48:39Et après, on exploite.
00:48:41Ça prend du temps.
00:48:42Comme, sans doute,
00:48:43on a bloqué les vidéos
00:48:44du Louvre.
00:48:45Oui.
00:48:46Que ce sera exploité,
00:48:47sans doute,
00:48:47en vue des repérages éventuels
00:48:49avec les photos
00:48:50des gens qui sont déjà
00:48:51identifiés.
00:48:51Alors, les journalistes,
00:48:53aussi, ont une machine
00:48:53à remonter le temps.
00:48:55Spadjari avait écrit
00:48:56sur les murs
00:48:56de la Société Générale
00:48:58à Nice,
00:48:59sans armes,
00:49:00sans haine
00:49:01et sans violence.
00:49:01Là, c'est la même chose.
00:49:03Donc, qu'est-ce que risque ?
00:49:05Comment ?
00:49:06Pourquoi c'est la même chose ?
00:49:07Parce qu'il n'y a pas de normes.
00:49:07Parce qu'il n'y a pas d'armes,
00:49:09il n'y a pas de haine,
00:49:09il n'y a pas de violence.
00:49:11Donc, qu'est-ce que risquent
00:49:12ces gens-là ?
00:49:13C'est quoi la peine encourue ?
00:49:14C'est une réclusion,
00:49:16puisqu'en matière criminelle,
00:49:17s'ils vont jusqu'aux Assises,
00:49:18la peine de réclusion
00:49:21est de 15 années.
00:49:22Sauf, elle pourrait être portée
00:49:24à 20 ans,
00:49:25si, par exemple,
00:49:26il y avait des menaces,
00:49:27enfin, déterminer les circonstances
00:49:29exactes à l'intérieur
00:49:30du musée du Louvre.
00:49:31C'est-à-dire,
00:49:31s'il y a eu des menaces...
00:49:32Elle a dit que non,
00:49:33la procureure.
00:49:33Voilà.
00:49:33Mais s'il n'y a pas de menaces...
00:49:34Il y a eu le vol de la nacelle.
00:49:36Ah oui, mais il va être englobé...
00:49:38Oui, mais là,
00:49:38il y a des menaces.
00:49:39Ah oui, ils n'ont pas...
00:49:40Ah, mais ce n'est pas forcément...
00:49:41Voilà, ça sera à voir.
00:49:42Mais si c'est un vol,
00:49:43entre guillemets,
00:49:4415 ans de réclusion...
00:49:4515 ans.
00:49:4515 ans.
00:49:46Avec un bon avocat
00:49:47et avec des indications,
00:49:51des informations...
00:49:51Et avec cette marge
00:49:52de manœuvre possible.
00:49:53Des informations sur les bijoux
00:49:55et la possibilité
00:49:56de les retrouver,
00:49:57c'est combien ?
00:49:58C'est totalement aléatoire.
00:50:007 ans, 8 ans ?
00:50:01C'est sûr, on veut dire...
00:50:03Totalement aléatoire,
00:50:04ça va dépendre plus le temps...
00:50:06Enfin, quand on s'intéresse
00:50:08un peu aux faits divers,
00:50:09ce dont on se rend compte,
00:50:10c'est que souvent,
00:50:10plus le temps passe,
00:50:12plus c'est difficile
00:50:13de récupérer les bijoux.
00:50:15Ça, c'est sûr et certain.
00:50:16Donc là,
00:50:17c'est dans les jours à venir
00:50:19qu'il peut y avoir
00:50:19peut-être des choses
00:50:20qui vont se...
00:50:20Les voleurs de Dresde,
00:50:21ils ont pris 4 ans.
00:50:22Ah, ça, c'est une bonne indication.
00:50:24Les voleurs de Dresde,
00:50:25ils ont pris 4 ou 5 ans de prison.
00:50:27Mais attention,
00:50:28il faut rendre les bijoux.
00:50:29Ils ont rendu une grande partie
00:50:30des bijoux.
00:50:30Il faut rendre les bijoux.
00:50:31Bon, merci à tous
00:50:31d'être venus
00:50:32pour ces lumières sur le Louvre.
00:50:33On a compris
00:50:34que l'enquête
00:50:35n'était pas terminé.
00:50:36Message,
00:50:37rendez les bijoux.
00:50:37Merci à tous.
00:50:38À présent,
00:50:39on va évoquer un livre,
00:50:40une fiction
00:50:40qui traverse l'actualité PJ
00:50:42et cette année noire
00:50:44de 2015.
00:50:45Et c'est pour ça
00:50:45qu'on a voulu recevoir
00:50:46Laurent Bénégui
00:50:48qui nous rejoint à l'instant.
00:50:49Vous écrivez
00:50:50« Ma guerre »
00:50:51chez Mialet Barraud.
00:50:52Merci d'être avec nous.
00:50:54Et c'est une plongée
00:50:54vertigineuse
00:50:55dans une quête.
00:50:57Vous décrivez
00:50:58une mère de famille
00:50:59qui se bat
00:50:59pour retrouver sa fille,
00:51:01partie rejoindre
00:51:01les rangs
00:51:02de l'État islamique.
00:51:03Je le montre ici.
00:51:04qu'on va retrouver
00:51:05dans le camp de Roy,
00:51:07« Sa guerre »,
00:51:08c'est le titre
00:51:08de votre ouvrage.
00:51:10Et j'ai voulu
00:51:10vous faire dialoguer
00:51:11aujourd'hui
00:51:11avec le journaliste
00:51:12Noé Pignette
00:51:13qui est allé,
00:51:13lui,
00:51:14dans ce camp justement
00:51:15et qui a suivi
00:51:15des familles,
00:51:16des mères,
00:51:16des enfants
00:51:16de retour en France.
00:51:18Merci d'avoir accepté
00:51:19cette double invitation.
00:51:20C'est une première pour nous.
00:51:22Laurent Bénégui,
00:51:22pourquoi est-ce que
00:51:23vous avez choisi
00:51:23cette thématique ?
00:51:24Ce n'est pas évident.
00:51:25Les enfants de Daesh,
00:51:26comment vous vous êtes documenté
00:51:27et comment vous vous êtes
00:51:27immergé dans ce dossier ?
00:51:29Alors à titre personnel,
00:51:30je suis un peu bouleversé
00:51:31par tout ce qui déchire
00:51:33notre société
00:51:34depuis quelques années,
00:51:36notamment
00:51:36ceux qui croient,
00:51:38ceux qui ne croient pas
00:51:39ou ceux qui ne croient pas
00:51:40à la même chose
00:51:41que leurs voisins,
00:51:42ceux qui ont pratiquement tout,
00:51:43ceux qui n'ont quasiment rien
00:51:44et je voulais écrire là-dessus.
00:51:47Et puis j'ai rencontré
00:51:48un homme
00:51:48qui est un agent
00:51:50des services secrets français
00:51:51en mission
00:51:52qui n'existe pas
00:51:53et pourtant
00:51:54il a été là-bas
00:51:56en Syrie
00:51:56pendant
00:51:5618 mois,
00:51:582 ans.
00:51:59que vous remerciez
00:52:00dans votre page de remerciement ?
00:52:01Il est dedans ?
00:52:02Il est dedans
00:52:03mais ce n'est pas son vrai nom.
00:52:03Mais il est caché,
00:52:04d'accord.
00:52:05C'est plus prudent.
00:52:06Et donc
00:52:06je l'ai rencontré,
00:52:08il se trouve qu'il avait lu
00:52:08mes romans précédents
00:52:09et qu'il a eu envie
00:52:11de me parler.
00:52:12Ça a commencé
00:52:12par des conversations informelles
00:52:13et moi je ne voulais pas
00:52:14écrire un roman
00:52:15d'agent secret
00:52:16et je voulais écrire
00:52:18un roman
00:52:18à hauteur humaine
00:52:19j'ai envie de dire
00:52:20de vous et moi
00:52:20parce que
00:52:21tout le monde est concerné
00:52:22par ce qui s'est passé
00:52:23et ce qui se passe encore.
00:52:26Et surtout
00:52:26il m'a fait dresser
00:52:28des portraits de femmes
00:52:28incroyables.
00:52:30Des mères,
00:52:30d'enfants
00:52:31parties faire le djihad
00:52:32et ces enfants,
00:52:34ces jeunes
00:52:34où moi j'ai découvert
00:52:35que ça battait en brèche
00:52:36tous les préjugés,
00:52:37toutes les idées reçues
00:52:38que j'avais
00:52:38sur ces gamins,
00:52:39ces gosses
00:52:40qui ne sont pas
00:52:41partis avec les couteaux
00:52:42entre les dents.
00:52:43Et qui n'ont rien demandé
00:52:44pour de vrai.
00:52:44Et qui n'ont rien demandé
00:52:45et ceux qui ensuite
00:52:46puisqu'ils sont partis
00:52:47à 17 ans,
00:52:4918 ans,
00:52:50ça a duré
00:52:50c'est 2015,
00:52:512025 aujourd'hui
00:52:52qui ont eu des enfants là-bas
00:52:54qui sont encore moins
00:52:55demandés quoi que ce soit.
00:52:56Donc est-ce que vous pouvez
00:52:57nous pitcher comme on dit
00:52:58en télé,
00:52:59Hélène,
00:53:00elle est cardiologue
00:53:00et sa fille de 18 ans
00:53:02elle passe la frontière turque
00:53:03avec un terroriste notoire.
00:53:04Et après,
00:53:04qu'est-ce qui se passe
00:53:05sans dévoiler la fin ?
00:53:07C'est une quête éperdue,
00:53:08c'est jamais sans ma fille.
00:53:09C'est une quête qui,
00:53:09oui c'est un peu ça,
00:53:10c'est une quête
00:53:11qui dure plusieurs années,
00:53:13d'abord d'acceptation
00:53:14quand elle apprend
00:53:15que sa fille
00:53:15disparaît du jour au lendemain
00:53:18alors que c'est une mère
00:53:19de famille
00:53:19pour qui tout va bien
00:53:21et avec qui sa relation,
00:53:25la relation avec sa fille
00:53:25est fusionnelle,
00:53:26complice
00:53:26et pourtant sa fille disparaît
00:53:28et la première nouvelle
00:53:29qu'elle a d'elle,
00:53:30c'est une photo
00:53:31que lui montre
00:53:31un agent des GSI
00:53:33de sa fille
00:53:34dans un aéroport
00:53:35au Moyen-Orient.
00:53:36Alors elle est heureuse
00:53:37de la retrouver
00:53:37sauf que cette fille
00:53:39est accompagnée d'un type
00:53:40qui est un terroriste notoire
00:53:41qui sont à l'aéroport
00:53:42de Gaziantep
00:53:43qui était la porte d'entrée,
00:53:44une des portes d'entrée
00:53:45pour passer la frontière syrienne
00:53:46et qu'elle découvre
00:53:47que sa fille serait
00:53:48non seulement partie
00:53:49faire le djihad,
00:53:51je précise
00:53:51c'est une famille
00:53:52de tradition catholique,
00:53:5442% je crois
00:53:55des jeunes qui sont partis
00:53:55étaient de tradition catholique.
00:53:57Donc convertis,
00:53:57c'est ce qu'on appelle
00:53:58les convertis.
00:53:58Oui, alors qu'ils sont convertis
00:53:59juste avant ou juste après,
00:54:01je crois même
00:54:02qu'il y a des juifs,
00:54:026% de juifs.
00:54:03Donc c'est pour ça
00:54:04que je dis ça,
00:54:04ça embrèche tout ce qu'on peut imaginer.
00:54:06Et elle découvre
00:54:07que sa fille,
00:54:08donc il faut accepter déjà,
00:54:09donc c'est cette quête
00:54:10de cette mère
00:54:10qui doit comprendre,
00:54:12accepter,
00:54:13apprendre ce que ça veut dire
00:54:14et qui décide de sauver sa fille
00:54:16et qui va faire tout
00:54:18pour aller la chercher
00:54:19et qui va aller en Syrie
00:54:20parce qu'elle croit
00:54:21au moment où elle pense
00:54:22que sa fille est peut-être décédée,
00:54:24elle apprend qu'elle serait peut-être,
00:54:25je dis peut-être
00:54:26pour ne pas tout raconter,
00:54:27dans un de ces camps de réfugiés,
00:54:29notamment le camp de...
00:54:31Et alors justement,
00:54:31nous et vous,
00:54:32vous êtes rentrés dans ce camp
00:54:33avec Fanny Morel,
00:54:35co-réalisant ce documentaire
00:54:37qui a été diffusé en 2021
00:54:38dans le format Ligne Rouge.
00:54:42C'est une matière
00:54:42si humaine, si sensible.
00:54:44Vous qui avez pu pénétrer
00:54:45dans ce camp,
00:54:45à quoi ça ressemble
00:54:47et est-ce que vous pouvez nous...
00:54:49Les mots de Laurent
00:54:50sur vos images
00:54:51et votre enquête à vous ?
00:54:53Alors d'abord,
00:54:53les mots de Laurent
00:54:54sur les familles
00:54:55qui se battent
00:54:55depuis des années maintenant
00:54:56pour le rapatriement,
00:54:57pour retrouver leurs proches
00:54:59parfois qui ont disparu,
00:55:00puis pour le rapatriement
00:55:01de leurs enfants,
00:55:02de leurs petits-enfants aussi.
00:55:04Ça, c'est quelque chose
00:55:04avec lequel nous,
00:55:06les journalistes
00:55:07qui traitons le terrorisme,
00:55:08traitons au quotidien,
00:55:09des gens qui nous appellent,
00:55:10qui nous disent
00:55:10« J'ai plus de traces de ma fille
00:55:12depuis 2017,
00:55:13j'ai plus de traces de mon fils
00:55:14depuis 2019,
00:55:15je crois qu'il est en prison,
00:55:16il est peut-être mort,
00:55:17il est peut-être encore en vie. »
00:55:18Et donc,
00:55:19dans ces camps
00:55:20où certaines familles
00:55:21maintenant se rendent
00:55:22pour essayer
00:55:22de retrouver leurs proches,
00:55:24on a une situation
00:55:25qui est profondément déplorable.
00:55:28On est très très loin,
00:55:29évidemment,
00:55:29des standards internationaux
00:55:30en termes de détention.
00:55:33On est donc avec des camps
00:55:34où il fait extrêmement chaud
00:55:36l'été,
00:55:37sous des tentes.
00:55:37C'est de la toile de quoi ?
00:55:39C'est de la toile,
00:55:40c'est des bâches,
00:55:41c'est des bâches,
00:55:42ils vivent sous des bâches.
00:55:44Dans des conditions
00:55:44extrêmement difficiles ?
00:55:46Oui, extrêmement difficiles.
00:55:48Il y a un accès à l'eau
00:55:49qui est très limité,
00:55:50l'eau est souvent contaminée,
00:55:51il y a un accès à la nourriture
00:55:52qui est très limité.
00:55:53En fait,
00:55:53les familles survivent
00:55:54parce que leurs proches,
00:55:55en France,
00:55:55leur envoient de l'argent,
00:55:56même si c'est interdit,
00:55:57ils continuent de leur envoyer
00:55:58de l'argent
00:55:58pour qu'ils puissent
00:55:59s'acheter du shampoing,
00:56:02de la nourriture
00:56:02dans le petit soupe
00:56:03qu'il y a dans ce camp.
00:56:05Mais sinon,
00:56:06les colis alimentaires
00:56:07sont très maigres
00:56:08et la situation
00:56:09est extrêmement compliquée.
00:56:10Alors évidemment,
00:56:11on nous dira,
00:56:12peu importe,
00:56:13ce sont des djihadistes,
00:56:13ils ont décidé de partir là-bas.
00:56:14On entend cette argument.
00:56:15C'est que ces gens-là
00:56:17ont des enfants
00:56:17et qu'il y a une centaine d'enfants
00:56:19aujourd'hui
00:56:19qui n'ont rien demandé,
00:56:20qui se retrouvent...
00:56:20Il y a encore sur zone
00:56:21une centaine d'enfants,
00:56:22une cinquantaine de femmes françaises
00:56:24et 47 hommes
00:56:25qui ont été transférés en Irak.
00:56:26Exactement.
00:56:27Une vingtaine d'hommes
00:56:27dont on a perdu la trace
00:56:28puisqu'il y avait 67 hommes
00:56:30dans les prisons kurdes.
00:56:3147 ont été transférés
00:56:32et une vingtaine d'hommes.
00:56:33Sont-ils morts ?
00:56:34Sont-ils encore dans les prisons kurdes ?
00:56:35Et vous,
00:56:35vous les connaissez,
00:56:36vous les avez rencontrés.
00:56:37Quand vous entendez
00:56:38ces phrases
00:56:39convenues à tout le monde,
00:56:41ils l'ont bien mérité,
00:56:42ils l'ont bien cherché,
00:56:43on ne va pas s'embêter
00:56:45à aller les chercher.
00:56:46Comment vous réagissez
00:56:47quand vous entendez ça ?
00:56:48Et que vous,
00:56:49vous les connaissez.
00:56:50Vous savez,
00:56:51vous connaissez les personnes
00:56:51dont on parle
00:56:52quand on se trouve ces phrases.
00:56:53Alors, ce n'est pas
00:56:53qu'une histoire d'émotion.
00:56:54Évidemment,
00:56:55on rencontre des femmes
00:56:56et des hommes,
00:56:58parfois aussi,
00:56:59qui se sont fait embrigader
00:57:00dans une dérive sectaire.
00:57:01Donc, évidemment,
00:57:02on a envie que ça pèse
00:57:03devant un tribunal français
00:57:05qui pourrait prendre ça en cause
00:57:06comme circonstance atténuante.
00:57:07Voilà.
00:57:08Mais ce que j'ai envie de dire
00:57:09aux gens qui pensent ça,
00:57:10c'est que la justice antiterroriste kurde,
00:57:12elle condamne pour l'instant
00:57:13seulement des Syriens
00:57:14et pas les internationaux,
00:57:15mais les Syriens
00:57:16à des peines extrêmement faibles.
00:57:18Et la justice française,
00:57:20pour le coup,
00:57:20est la justice antiterroriste
00:57:21la plus sévère d'Europe.
00:57:23Il n'y a pas de terroristes
00:57:24aujourd'hui
00:57:25qui rentrent de zone
00:57:26irako-syrienne
00:57:27qui sont condamnées
00:57:28à moins de 8-10 ans de prison.
00:57:30Donc, en fait,
00:57:31on est face à une situation
00:57:32où on a des femmes,
00:57:33pour le coup,
00:57:34qui choisissent
00:57:34de rester en Syrie
00:57:35pour ne pas faire face
00:57:36à la justice,
00:57:37ce qui est quand même
00:57:38assez incroyable.
00:57:39On est face à des gens
00:57:39qui choisissent
00:57:40leur destin judiciaire
00:57:41alors même
00:57:41qu'ils sont soupçonnés
00:57:42de terrorisme
00:57:43et poursuivis
00:57:43par la justice française.
00:57:45Et donc, elles disent
00:57:45« Bah non,
00:57:46on préfère rester là,
00:57:47puis on reste là
00:57:48avec nos enfants,
00:57:48d'ailleurs,
00:57:48qu'on condamne,
00:57:49puisqu'ils ne peuvent pas
00:57:50aller à l'école,
00:57:51ils vivent dans des camps,
00:57:52dans des conditions déplorables
00:57:53depuis des années maintenant
00:57:53et on les laisse choisir.
00:57:55L'État français
00:57:57décide de les laisser choisir.
00:57:59C'est bizarre comme situation.
00:58:00C'est extrêmement...
00:58:01C'est paradoxal.
00:58:02Évidemment.
00:58:02Je vous propose
00:58:03d'écouter un extrait
00:58:04de votre documentaire.
00:58:05On va écouter Sophia,
00:58:06une adolescente
00:58:07que vous aviez pu interviewer
00:58:08à l'époque
00:58:08et qui raconte son traumatisme.
00:58:11Dès que je me rappelle
00:58:12que je suis là,
00:58:13je n'ai pas envie de penser.
00:58:16J'ai pas envie de penser.
00:58:18Quand elle est arrivée
00:58:19dans le camp,
00:58:20Sophia a retiré son voile
00:58:22avant de se raviser
00:58:23sous la pression
00:58:24des plus radicalisés.
00:58:27À 15 ans,
00:58:28elle a connu
00:58:28l'État islamique,
00:58:30la guerre
00:58:30et les bombardements
00:58:31jusqu'à la chute
00:58:32du califat autoproclamé
00:58:34à Barouz
00:58:35en mars 2019.
00:58:37Mon petit frère,
00:58:38le premier,
00:58:39il est mort à Barouz
00:58:41et mon deuxième petit frère,
00:58:44et ma soeur,
00:58:45elle est morte
00:58:45avec une balle dans sa tête
00:58:46et mon deuxième petit frère,
00:58:49il est mort à l'hôpital.
00:58:51Qu'est-ce qu'elle est devenue
00:58:51Sophia ?
00:58:52Est-ce que toutes ces personnes
00:58:54que vous avez rencontrées,
00:58:55je rappelle que c'était en 2020,
00:58:56qu'est-ce qu'elles sont devenues ?
00:58:57Sophia est rentrée en France
00:58:58avec sa fratrie,
00:58:59elle va bien,
00:59:01elle a été prise en charge
00:59:02comme ça se fait en France
00:59:03par l'aide sociale à l'enfance
00:59:04et la protection judiciaire
00:59:05de la jeunesse.
00:59:07Et aujourd'hui,
00:59:07elle va à l'école,
00:59:08elle mène une vie
00:59:09normale,
00:59:10entre guillemets,
00:59:11ses enfants,
00:59:11pour l'instant,
00:59:12ils se réintègrent,
00:59:13c'est extrêmement compliqué.
00:59:14Il y en a,
00:59:14Sophia a la chance
00:59:15de parler français,
00:59:16mais il y a des enfants
00:59:16qui ne parlaient même plus français.
00:59:17Et donc,
00:59:19petit à petit,
00:59:20ils se réintègrent,
00:59:21ils retrouvent leur famille,
00:59:22leurs grands-parents,
00:59:22quelquefois leur mère,
00:59:24parce qu'il y en a qui sont partis
00:59:24avec un seul parent,
00:59:26souvent le père
00:59:26qui a enlevé l'enfant.
00:59:28Et donc,
00:59:30ils se réintègrent
00:59:30et j'ai envie de dire
00:59:31comment peut-on croire
00:59:32que Sophia est aujourd'hui
00:59:33un danger pour la France ?
00:59:34Alors plus elle reste...
00:59:35Donc on est quand même
00:59:35un peu loin.
00:59:36L'expression que Dominique
00:59:37avait aussi,
00:59:38c'est cette...
00:59:39On parlait d'enfants
00:59:40de bombes à retardement.
00:59:42Quand on voit Sophia,
00:59:43on a du mal.
00:59:44Et Laurent ?
00:59:45Oui,
00:59:46c'est-à-dire que même
00:59:46si on se plaçait
00:59:47d'un point de vue
00:59:47un peu cynique,
00:59:48la meilleure stratégie,
00:59:50ce serait de faire
00:59:51revenir ces enfants
00:59:52parce qu'en les laissant là-bas,
00:59:54il faut imaginer quand même
00:59:55dans les camps,
00:59:56ils ont accès à l'information.
00:59:57Ils ont un téléphone,
00:59:59une télé.
00:59:59Ils savent très bien
01:00:00ce qu'on dit,
01:00:01ce qui se passe en France.
01:00:02Donc comment ils peuvent
01:00:02réagir autrement
01:00:03en tant que gosses
01:00:04de se dire
01:00:05mais on ne veut pas de moi
01:00:06et c'est eux l'ennemi.
01:00:07Donc on fabrique,
01:00:08on a plus de chances
01:00:09de fabriquer des terroristes
01:00:10là-bas,
01:00:10qui un jour vont venir peut-être
01:00:13que de les ramener ici,
01:00:14de les rééduquer
01:00:15ou de juger,
01:00:16pas les gosses,
01:00:17mais d'évaluer
01:00:18qui a du sang sur les mains
01:00:19ou pas.
01:00:20Donc c'est une erreur
01:00:20stratégique terrible
01:00:21et qui est politique
01:00:22d'autant qu'il y a eu
01:00:23un plan de rapatriement général
01:00:28des enfants en 2018-2019.
01:00:30Alors depuis 2019,
01:00:32on va donner les chiffres,
01:00:33il y a 179 enfants
01:00:35qui sont rentrés
01:00:35et 60 femmes
01:00:36qui ont été rapatriées.
01:00:37On le rappelle,
01:00:37quand les femmes rentrent,
01:00:38elles sont judiciarisées
01:00:39et les enfants,
01:00:40comme vous l'avez bien expliqué,
01:00:41ils sont placés
01:00:42avec l'ASE
01:00:43ou avec la PJJ
01:00:44ou la protection
01:00:45de la jeunesse.
01:00:46Judiciaire de la jeunesse.
01:00:47Oui, exactement.
01:00:48Et les rapatriants
01:00:49avaient cessé en 2023,
01:00:51faute de volontaires,
01:00:52disaient les autorités
01:00:53et ce, souvenez-vous,
01:00:54malgré toutes les condamnations
01:00:55internationales.
01:00:56Donc le dernier rapatriement,
01:00:57il date de septembre dernier.
01:00:59Est-ce qu'on peut espérer
01:01:00qu'il y ait d'autres rapatriements
01:01:02puisqu'il reste encore
01:01:03une centaine d'enfants ?
01:01:04Alors on était sur une stratégie
01:01:06de compte-gouttes,
01:01:06ensuite on était sur une stratégie
01:01:08un peu massive
01:01:08où d'un coup,
01:01:10on a rapatrié énormément de gens.
01:01:11On est de nouveau
01:01:12sur une stratégie de compte-gouttes.
01:01:13Là, il y a trois femmes
01:01:13qui sont rentrées seulement.
01:01:15Mais encore une fois,
01:01:16il faut qu'elles disent
01:01:18qu'elles sont d'accord
01:01:19puisque les autorités françaises
01:01:20disent que si elles ne donnent
01:01:21pas leur accord,
01:01:23ça représenterait
01:01:23un enlèvement international
01:01:24puisque les Kurdes syriens
01:01:26n'étant pas un État reconnu,
01:01:27ils ne peuvent pas livrer
01:01:28ces femmes à l'État français.
01:01:30La vérité, c'est qu'en fait,
01:01:31les Kurdes syriens
01:01:31pourraient les envoyer en Irak
01:01:32et ensuite on les rapatriera en France.
01:01:34Alors on est tous d'accord
01:01:35sur le fait qu'un gamin
01:01:36n'est pas responsable
01:01:39des actes de ses parents.
01:01:40On est tous d'accord là-dessus.
01:01:41On devrait tous être d'accord là-dessus.
01:01:43Maintenant,
01:01:43est-ce que ces gens
01:01:44qui reviennent
01:01:45regrettent à chaque fois ?
01:01:48Est-ce que le regret,
01:01:49c'est un passage forcé
01:01:50de leur retour
01:01:53ou c'est un passage forcé
01:01:53de ce que vous entendez
01:01:54quand ils vous parlent
01:01:55de leur passé ?
01:01:56Ou est-ce qu'il y a des gens
01:01:57qui sont allés
01:01:58et qui disent
01:01:58« Moi, j'y suis allé
01:01:59parce que j'y croyais,
01:02:00je reviens parce que
01:02:01je ne peux plus rester là-bas
01:02:02mais je n'ai pas de regrets ? »
01:02:03Ça dépend.
01:02:04Ça dépend.
01:02:06La majorité regrette.
01:02:08La majorité aussi
01:02:08sont dans une certaine
01:02:09forme de déni
01:02:10sur l'ampleur
01:02:11de ce qu'a représenté
01:02:12l'État islamique,
01:02:13notamment les attentats
01:02:14en Europe.
01:02:15Ils disent
01:02:15« Mais nous,
01:02:15on n'a rien à voir avec ça,
01:02:16on était en Syrie »
01:02:17alors qu'ils ont des proches
01:02:18parfois qui ont participé
01:02:19à l'organisation des attentats.
01:02:21Donc,
01:02:21ils sont dans une forme de déni.
01:02:24Les femmes disent souvent
01:02:25« Mais nous,
01:02:25on était à la maison,
01:02:26on s'occupait des enfants. »
01:02:27Les femmes,
01:02:28elles ont eu un rôle central
01:02:29à savoir transmettre
01:02:30l'idéologie de Daesh
01:02:31à leurs enfants quand même.
01:02:31Donc,
01:02:32il y a quelque chose
01:02:32qui est en soi
01:02:34hautement condamnable.
01:02:35Elles ont condamné
01:02:36leurs enfants
01:02:36à une idéologie mortifère
01:02:39et aujourd'hui,
01:02:40ces enfants seront
01:02:41sûrement marqués à vie.
01:02:43Donc,
01:02:43il y a évidemment
01:02:44des femmes qui regrettent,
01:02:46qui disent
01:02:46« On s'est trompé. »
01:02:47Des femmes qui sont
01:02:48parties extrêmement jeunes,
01:02:49qui disent
01:02:49« Mais moi,
01:02:50j'ai pas vraiment eu le choix,
01:02:51en fait.
01:02:51C'est ma mère,
01:02:52j'avais 16 ans,
01:02:53c'est ma mère qui m'a emmenée.
01:02:54On partait en vacances
01:02:55en Turquie,
01:02:55puis ensuite,
01:02:55on a franchi la frontière. »
01:02:57Il y a des cas
01:02:57extrêmement,
01:02:58extrêmement différents,
01:02:59mais peu importe,
01:03:01en fait,
01:03:01dans le sens où
01:03:02ces gens-là
01:03:02doivent rentrer,
01:03:04être judiciarisés
01:03:06s'ils ont commis
01:03:08des crimes
01:03:08et puis passer
01:03:09par un processus
01:03:10de déradicalisation.
01:03:11On n'est pas en génie
01:03:12qu'on ne va pas réussir
01:03:13à tous les déradicaliser.
01:03:13Il y a un projet qui veut...
01:03:15Pardon.
01:03:16Laurent,
01:03:17votre personnage,
01:03:18elle regrette,
01:03:19elle,
01:03:19d'être partie ?
01:03:21Alors,
01:03:21pour ne pas tout dévoiler,
01:03:23c'est plutôt
01:03:24la mère de celle
01:03:26qui est partie,
01:03:28bien sûr,
01:03:28qui culpabilise
01:03:29et après,
01:03:30qui se pose
01:03:30énormément de questions
01:03:31sur le comportement
01:03:33qu'elle,
01:03:33elle doit avoir.
01:03:34Il faut savoir
01:03:34qu'on parle évidemment
01:03:36très souvent
01:03:37de la présomption
01:03:38d'innocence,
01:03:39mais on est en train
01:03:39d'inventer un truc
01:03:40qui s'appelle
01:03:40la péremption
01:03:41de l'innocence.
01:03:42C'est-à-dire,
01:03:43à deux ans,
01:03:44à trois ans,
01:03:45est-ce qu'ils sont devenus...
01:03:45À quel âge ?
01:03:46On perd son innocence ?
01:03:47À quel âge ?
01:03:48L'État ?
01:03:49Les États,
01:03:49d'ailleurs,
01:03:50parce qu'ils sont à peu près...
01:03:52Ils sont 800...
01:03:53Il y a des femmes
01:03:54et des enfants
01:03:54de, je crois,
01:03:55une quarantaine
01:03:56de nationalités.
01:03:56La Belgique,
01:03:57notamment,
01:03:57qui a beaucoup rapatrié aussi.
01:03:59Oui,
01:03:59et la problématique
01:04:00est quand même
01:04:00globalement la même.
01:04:01À quel âge
01:04:02on considère
01:04:02qu'un gamin
01:04:03est encore un gamin
01:04:04ou c'est devenu
01:04:05un extrémiste
01:04:06en puissance ?
01:04:08Et ça,
01:04:08c'est une vraie question.
01:04:09C'est une question
01:04:10que se pose
01:04:10la mère...
01:04:12Enfin,
01:04:12le personnage
01:04:13de mon roman.
01:04:13Alors,
01:04:14attendez,
01:04:14je voulais vous proposer
01:04:14d'écouter
01:04:15une interview
01:04:16de Laurent Nunez
01:04:17qu'on a réalisée
01:04:18au moment
01:04:18de la diffusion
01:04:19de ce documentaire
01:04:20sur BFMTV
01:04:20en 2021.
01:04:21Et à l'époque,
01:04:21il était coordonnateur
01:04:22du renseignement
01:04:23et du terrorisme
01:04:23et justement,
01:04:24il évoque cette stratégie
01:04:25du compte-gout
01:04:26dont vous parliez.
01:04:26Écoutez.
01:04:28La position de la France,
01:04:29c'est de considérer,
01:04:30c'est une position claire,
01:04:31ferme et très déterminée,
01:04:32c'est de considérer
01:04:32que ces individus
01:04:33sont partis sur zone
01:04:34en sachant très bien
01:04:35quels actes
01:04:37ils allaient commettre,
01:04:38ce à quoi
01:04:38ils allaient participer
01:04:39et c'est qu'ils doivent
01:04:40être jugés
01:04:40là où ils ont commis
01:04:41leurs méfaits.
01:04:42Évidemment,
01:04:42ça n'empêche pas
01:04:43chaque fois qu'on le peut
01:04:44de rapatrier les enfants
01:04:45qui se trouveraient
01:04:46dans des situations
01:04:47humanitaires délicates
01:04:48et c'est ce qui est fait
01:04:50comme d'autres grands pays.
01:04:51Nous ne rapatrions pas
01:04:52nos djihadistes adultes,
01:04:53hommes qui ont commis
01:04:54des méfaits dans ces pays.
01:04:56Mais ce sont des gens
01:04:57qui ont un potentiel
01:04:58de radicalité
01:04:59qui est toujours le même.
01:05:01Donc ça,
01:05:01c'était en 2021.
01:05:03Il y a une djihadiste présumée,
01:05:05Émilie Koenig,
01:05:06qui va revenir
01:05:07et le parquet a requis
01:05:08effectivement son renvoi
01:05:09devant les assises.
01:05:09Ça, c'est un procès
01:05:10qu'on va énormément guetter
01:05:11et justement,
01:05:12on va essayer de comprendre
01:05:13si elle,
01:05:14elle pose des mots
01:05:14sur cet engagement
01:05:15et les raisons
01:05:17pour lesquelles elle est partie.
01:05:18Émilie Koenig,
01:05:18elle a fait des allers-retours,
01:05:19elle regrette,
01:05:20elle ne regrette plus.
01:05:21Mais ce qui est presque amusant
01:05:23dans la déclaration
01:05:24de Laurent Nunez,
01:05:24c'est qu'il sait
01:05:25que c'est impossible.
01:05:26En fait,
01:05:26on ne peut pas juger
01:05:27ces djihadistes
01:05:28là où ils ont commis
01:05:28leurs crimes.
01:05:29En Syrie,
01:05:30la Syrie se relève
01:05:31de 50 ans de dictature.
01:05:33L'aso où ils sont contrôlés,
01:05:34c'est les Kurdes syriens
01:05:35qui la contrôlent.
01:05:36Ce n'est pas un État.
01:05:37Il n'y a pas de juridiction
01:05:38antiterroriste pour les juger,
01:05:39en tout cas pas pour l'instant.
01:05:41Il n'y aura pas
01:05:41d'organisation de procès
01:05:42international type Nuremberg
01:05:44au Kurdistan syrien
01:05:45parce que ça voudrait dire
01:05:46reconnaître le Kurdistan syrien
01:05:47ce que la France ne veut pas.
01:05:48Donc la France juge.
01:05:49Donc la France se met
01:05:50à juger ces gens
01:05:51qui sont rentrés.
01:05:52Elle en envoie en Irak aussi.
01:05:54Alors elle en envoie en Irak
01:05:55avec une justice expéditive.
01:05:57On a eu des procès
01:05:57déjà en Irak
01:05:58de djihadistes,
01:05:5911.
01:05:59Les procès duraient 30 minutes
01:06:01sans traducteur.
01:06:03Pas satisfaisant.
01:06:03Avec, voilà,
01:06:04pas du tout satisfaisant
01:06:05même si à l'époque
01:06:06le gouvernement
01:06:06par la voix de Sibeth Ndiaye
01:06:07nous disait
01:06:08la justice est appliquée
01:06:10et les procès sont impartiaux.
01:06:12Bon, les procès impartiaux
01:06:13de 30 minutes
01:06:14et qui aboutissent
01:06:15à une condamnation à mort
01:06:16ça ne remplit pas
01:06:18les standards européens
01:06:19et encore moins
01:06:19les standards français.
01:06:20Laurent, une petite note d'espoir
01:06:21sans dévoiler la fin de votre livre.
01:06:23Il y a aussi
01:06:23la génération d'après
01:06:24c'est-à-dire qu'il y a aussi
01:06:25ces enfants qui sont nés
01:06:26dans les camps
01:06:26et qui n'ont rien demandé
01:06:28encore une fois
01:06:28doublement rien demandé
01:06:29et qu'on peut avoir
01:06:31bon espoir de rapatrier
01:06:32et ça c'est aussi un moteur
01:06:33pour votre personnage Hélène.
01:06:35Oui, mais aussi
01:06:36elle doit accepter l'idée
01:06:38parce qu'en fait
01:06:40elle en tant que mère
01:06:41d'une jeune femme
01:06:42qui est partie
01:06:43elle subit les mêmes préjugés
01:06:46que tout le monde
01:06:47tout ce qui vient d'être dit
01:06:49ou que dit Laurent Nunez
01:06:50tout le monde a des idées reçues
01:06:51et donc elle doit aussi
01:06:53faire un chemin
01:06:53et c'est tout le chemin
01:06:54qu'elle fait dans ce livre
01:06:55qui finalement se révélera
01:06:58un chemin de concorde.
01:07:00Mais juste une chose encore
01:07:01quand on ne peut pas réduire
01:07:04tous ces jeunes
01:07:05qui sont partis là-bas
01:07:06à juste des gens
01:07:07qui étaient convaincus
01:07:09et qu'il y en a
01:07:10qui sont partis par erreur
01:07:11vraiment
01:07:12il y a des filles
01:07:13qui sont tombées amoureuses
01:07:14et qui arrivaient là-bas
01:07:15ont été mises
01:07:16en mode afghan
01:07:17c'est-à-dire
01:07:18on leur a supprimé
01:07:18leur téléphone portable
01:07:20elles ne pouvaient plus rien dire
01:07:21et elles ont été emprisonnées
01:07:23pendant toutes ces années
01:07:24pour finalement
01:07:25une fois parfois
01:07:26libérées de leur mari
01:07:27qui lui
01:07:28les hommes
01:07:28la plupart
01:07:29ont été tués
01:07:30sont morts
01:07:30à Barouz
01:07:31ou pendant les
01:07:32les bombardements
01:07:33sous les bombardements
01:07:34de la coalition
01:07:35elles sont retrouvées
01:07:35aujourd'hui dans ces camps
01:07:36donc elles passent
01:07:37d'une prison
01:07:37à l'autre
01:07:38et moi je pense
01:07:39qu'on ferait
01:07:41beaucoup progresser
01:07:43nos sociétés
01:07:44en les acceptant
01:07:46en jugeant
01:07:46de toute façon
01:07:47quand elles arrivent en France
01:07:48il ne faut pas imaginer
01:07:48qu'elles sont relâchées
01:07:49dans la nature
01:07:49qu'elles vont au supermarché
01:07:52placées en détention provisoire
01:07:53instruies et jugées
01:07:54elles arrivent
01:07:55à l'aéroport de Villa Coublet
01:07:56elles sont présentées
01:07:57à un juge d'instruction
01:07:58voilà
01:07:58alors on va dire
01:08:00que l'avenir est beau
01:08:00comment ?
01:08:01l'avenir est beau
01:08:02ce sont nos enfants
01:08:03qui vont le construire
01:08:04dont ceux qui reviennent
01:08:05de là-bas
01:08:05oui mais il faut absolument
01:08:07en tout cas il faut leur faire
01:08:08une place
01:08:08c'est ça que vous dites
01:08:09tous les deux
01:08:09vous avec les mots
01:08:11vous avec les images
01:08:12et avec les enquêtes
01:08:12il faut se dire
01:08:13qu'il faut les réintégrer
01:08:15dans notre collectif
01:08:17bien sûr il y a des enfants
01:08:18qu'on retrouve
01:08:19il y a un documentaire
01:08:20qui a été fait
01:08:21par Tani Morel
01:08:22sur Kylian
01:08:22un petit garçon
01:08:23qui a été enlevé à sa mère
01:08:25à 7 ans par son père
01:08:26et qui a grandi
01:08:27sous l'état islamique
01:08:28qui a été rapatrié
01:08:28il avait 13 ans
01:08:29il a été entraîné
01:08:30aux armes Kylian
01:08:31et pourtant
01:08:32je l'ai vu il y a un mois et demi
01:08:33qu'est-ce qu'il devient ?
01:08:35il va bien
01:08:36il raconte tout
01:08:37maintenant
01:08:38il en veut beaucoup
01:08:39à son père
01:08:39il en veut aussi
01:08:40malheureusement
01:08:41un peu à la France
01:08:41qu'il a laissé là-bas
01:08:42pendant très longtemps
01:08:43dans un camp
01:08:43mais il découvre l'école en France
01:08:45mais il découvre l'école en France
01:08:46il est en formation
01:08:47et il réapprend aussi
01:08:50il avait peur de la police
01:08:51beaucoup au début
01:08:51peur des journalistes aussi
01:08:52alors le début
01:08:54a été assez compliqué
01:08:55et en fait
01:08:56c'est des enfants
01:08:56qui aujourd'hui
01:08:58il a une grande soeur
01:08:59qui s'occupe de lui
01:09:01il a sa mère
01:09:02qui s'occupe de lui
01:09:03il va à l'école
01:09:03il a des copains
01:09:04il a réappris le français
01:09:05en fait il aspire à la normalité
01:09:07est-ce que tu sais Noé
01:09:08si dans la cour de l'école
01:09:10il parle de ça
01:09:10avec ses copains ?
01:09:12il commence à en parler
01:09:13c'est très difficile
01:09:14il passe pour qui
01:09:14dans la cour de l'école ?
01:09:15est-ce que c'est ?
01:09:16il dit qu'il a été en Syrie
01:09:17pas qu'il a été djihadiste
01:09:19parce qu'il n'a pas été djihadiste
01:09:20quelque part
01:09:20quand tu dis les armes
01:09:21il a utilisé des armes
01:09:22s'il raconte ça
01:09:23à ses copains
01:09:23je ne sais pas s'il raconte
01:09:24pardon on n'est pas
01:09:24dans la cour d'école avec eux
01:09:25non mais le détail des armes
01:09:27c'est quelque chose
01:09:27qui je pense
01:09:28est un peu compliqué
01:09:29à aborder
01:09:30même si
01:09:31peut-être qu'il n'en est pas fier
01:09:33il n'en est pas fier
01:09:34non mais il est sur le chemin
01:09:35en tout cas
01:09:36mais c'est un gamin
01:09:36pas comme les autres
01:09:37mais qui a l'air d'un enfant
01:09:38comme les autres
01:09:39quand on le voit aussi
01:09:39et qui a un suivi
01:09:41très lourd psychologique
01:09:43bien sûr
01:09:43ils ne sont pas laissés
01:09:44dans la nature
01:09:44ça on le rappelle
01:09:45c'est très encadré
01:09:46c'est extrêmement encadré
01:09:47mais oui
01:09:49c'est un enfant comme les autres
01:09:51on a mangé ensemble
01:09:52des sushis
01:09:52il va à la plage
01:09:53avec sa mère
01:09:53en maillot de bain
01:09:54voilà
01:09:56il a déconstruit
01:09:57en fait aussi ça
01:09:58mais il y a encore quelque chose
01:09:59et là c'est un cri de sa mère
01:10:01qui manque
01:10:02c'est la déradicalisation
01:10:04elle est seule
01:10:05face à ça
01:10:05elle elle va sur internet
01:10:06elle lit
01:10:07elle essaye de lui lire
01:10:08il manque des structures
01:10:09il manque des moyens
01:10:10voilà
01:10:11il manque des moyens
01:10:12et il manque vraiment des moyens
01:10:13elle
01:10:14elle connait mal
01:10:15la religion musulmane
01:10:17elle ne sait pas
01:10:18comment déradicaliser son fils
01:10:19sur plein d'aspects
01:10:20et elle est seule face à ça
01:10:21elle me dit
01:10:21mais si je l'emmène à la mosquée
01:10:22pour rencontrer un imam
01:10:24moi je ne sais pas
01:10:25qui est l'imam
01:10:25est-ce que la PJJ va me dire
01:10:27mais vous ne deviez pas l'amener
01:10:28à la mosquée
01:10:28l'imam est radicalisé
01:10:29enfin en fait
01:10:30ils sont quand même livrés
01:10:30à eux-mêmes les parents
01:10:31et c'est quelque chose
01:10:32qui reste à construire
01:10:34pour l'état français
01:10:34bien sûr
01:10:35le dossier de la déradicalisation
01:10:37on y reviendra
01:10:37dans d'autres émissions
01:10:38merci à tous les deux
01:10:39d'être venus avec nous
01:10:40je rappelle
01:10:40sa guerre
01:10:41Laurent Bénégui
01:10:41aux éditions
01:10:42Miel et Barreau
01:10:43merci beaucoup
01:10:43nous on se retrouve
01:10:45la semaine prochaine
01:10:45Dominique
01:10:46même heure
01:10:46même endroit
01:10:47absolument
01:10:47vous serez là
01:10:48rendez-vous avec l'info
01:10:50et avec Anne-Céphonne
01:10:51merci beaucoup
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