- il y a 2 mois
Chaque week-end, l’émission pilotée par Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, et Pauline Revenaz, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.
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00:00:00Musique
00:00:00On dirait que c'est parce que vous avez mal au dos.
00:00:12Bonjour à tous, il est 13h, bienvenue dans votre émission Affaires suivantes.
00:00:15Je suis ravie de vous retrouver comme tous les dimanches avec mon complice Dominique Rizet.
00:00:19Bonjour Pauline.
00:00:20Au programme, Frédéric Pêcher comparaît demain devant les assises du Doubs.
00:00:23L'anesthésiste est accusé de 30 empoisonnements dont 12 mortels.
00:00:26Face à lui, 156 parties civiles.
00:00:30Celle par qui toute cette affaire a éclaté sera notre invitée.
00:00:32Sandra Simard avec ses deux avocats qui défendront les parties civiles.
00:00:36Que reproche-t-elle précisément à ce docteur Pêcher ?
00:00:39Quelles réponses les familles peuvent-elles attendre de ce procès tentaculaire ?
00:00:43L'État, condamné cette semaine pour faute lourde dans le dossier d'Estelle Mouzin,
00:00:48disparue sur le chemin de l'école, souvenez-vous, en 2003 à Guermande, c'était en Seine-et-Marne.
00:00:53Prise dans les griffes du couple Fourniray, son père Éric Mouzin sera avec nous.
00:00:56Il a jeté toutes ses forces dans cette bataille.
00:00:59Il nous expliquera les défaillances, les errances de l'enquête et de la justice, les responsabilités et sa vie d'après.
00:01:07Michel Fial, bientôt renvoyé aux assises.
00:01:09L'homme sera jugé pour avoir tué sa femme Karine Esquivillot.
00:01:12Nous accueillerons ici la fille de ce couple, Eva-Louise, avec son avocate.
00:01:16Quelle est la personnalité de cet accusé qui a varié dans ses versions ?
00:01:20Comment se reconstruire après un tel drame ?
00:01:22Nous allons plonger ensemble dans ce dossier passion.
00:01:24Affaire suivante, c'est tout de suite, juste après une toute petite petite pub.
00:01:36Demain, il devra faire face à 156 partis civils.
00:01:40Frédéric Péchier, l'anesthésiste star de Besançon, est accusé de 30 empoisonnements, dont 12 mortels.
00:01:45La semaine dernière ici, nous recevions sa défense.
00:01:48Aujourd'hui, place au parti civil.
00:01:50Avec Dominique, j'accueille sur ce plateau Maître Stéphane Jurana, merci d'être avec nous.
00:01:54Maître Frédéric Bernat, merci d'être avec nous.
00:01:57Et Sandra Simard, merci aussi d'être là.
00:01:59Vous êtes partie civile et présidente de l'association des victimes de Frédéric Péchier.
00:02:02Vous êtes en quelque sorte celle qui fait démarrer cette affaire.
00:02:06Vous êtes la première et vous êtes la survivante.
00:02:08Nous vous expliquerons ça dans un instant.
00:02:10Mais tout d'abord, avant de plonger dans ce dossier, voyons d'abord comment se déroule cette affaire Péchier.
00:02:14Quelle date, quelle étape faut-il avoir en tête dans cette affaire, Sabine ?
00:02:18Oui, en effet, l'affaire Frédéric Péchier éclate le 7 février 2017.
00:02:22Le parquet de Besançon ouvre une information judiciaire des chefs d'empoisonnement.
00:02:27Cet anesthésiste réputé de Besançon est mis en examen pour 7 empoisonnements avec préméditation.
00:02:32La justice le soupçonne en effet d'avoir manipulé des poches de perfusion provoquant des arrêts cardiaques inexpliqués chez plusieurs patients.
00:02:40Deux ans plus tard, donc le 16 mai 2019, l'affaire prend une toute autre ampleur puisque de nouveaux signalements apparaissent.
00:02:47Frédéric Péchier est donc de nouveaux mis en examen pour 17 autres faits d'empoisonnement commis entre 2008 et 2016.
00:02:54Il est placé sous contrôle judiciaire et interdit d'exercer sa profession.
00:02:58Le temps de l'instruction est long finalement puisque le 5 août 2024, après 7 ans d'enquête, des milliers de pages d'expertise, plusieurs témoins entendus
00:03:06et des familles des victimes qui attendent la vérité, les juges ordonne son renvoi devant la cour d'assises du Doubs pour ses 30 empoisonnements présumés, dont 12 mortels.
00:03:16Un an plus tard, donc ce 8 septembre 2025, après 7 ans d'enquête, des milliers de pages d'expertise,
00:03:23s'ouvre son procès à Besançon dans une salle historique spécialement réaménagée pour l'occasion.
00:03:30Un procès hors normes prévu pour durer plus de 3 mois jusqu'au 19 décembre prochain.
00:03:35Frédéric Péchier en cours, la réclusion criminelle à perpétuité.
00:03:37Merci beaucoup Sabina pour toutes ces lumières.
00:03:39Alors vous Sandra Simard, ces dates, ces étapes évidemment, vous les connaissez par cœur, mais vous pourriez aussi rajouter une autre date,
00:03:45celle de votre opération du dos, c'était le 11 janvier 2017.
00:03:48Et son issu, un arrêt cardiaque.
00:03:50Racontez-nous d'abord dans quelle disposition vous allez à cette opération et comment ça se déroule.
00:03:55Alors je vais me faire opérer du dos pour une prothèse discale.
00:03:58Je rentre la veille, le 10 janvier, et je me fais opérer le 11 janvier au matin.
00:04:05Je suis la première patiente du matin et je m'endors et je vais me réveiller 5 jours plus tard, le lundi 16 janvier.
00:04:13Quelles séquelles vous gardez aujourd'hui ?
00:04:15Aujourd'hui, les séquelles, elles sont physiques et cognitives.
00:04:19Donc physiques parce qu'au niveau du dos, je n'ai pas pu commencer ma rééducation et la faire correctement surtout.
00:04:27Donc il a quand même fallu attendre un certain temps avant de pouvoir être mise sur pied.
00:04:33D'un point de vue cognitif, on s'est aperçu beaucoup plus tard que j'avais des lésions cérébrales
00:04:38qui impactaient ma mémoire, ma concentration et beaucoup de fatigue.
00:04:45Alors votre arrêt cardiaque, Sandra, il reste d'abord sans explication et c'est l'intervention de Frédéric Péchet qui va interpeller l'établissement.
00:04:52Et l'anesthésiste en charge de l'intervention comprend que le collègue a pu avoir l'intuition d'administrer précisément un médicament spécifique.
00:05:00Ma question, elle est assez simple, vous n'avez au début évidemment aucun soupçon sur le docteur Péchet, comment ça se passe ?
00:05:06Absolument pas.
00:05:07C'est lui qui vous sauve d'une certaine manière ?
00:05:09Oui, mais je ne l'ai jamais rencontré.
00:05:10Et puis moi, quand je me réveille, je suis au CHU de Besançon, donc je ne sais absolument pas ce qui s'est passé.
00:05:17Et on ne me dit rien, on ne me donne pas d'explication puisque de toute façon, il n'y en a pas.
00:05:22On ne sait pas ce qui s'est passé, même les médecins du CHU n'ont aucune information à ce niveau-là.
00:05:27Donc moi, je suis dans l'attente.
00:05:29Sandra, vous restez cinq jours, cinq jours avant de vous réveiller, on ne vous explique rien du tout.
00:05:34On n'a pas d'explication à vous donner.
00:05:35Non, non, c'est dans l'attente et c'est surtout dans l'attente de savoir si à nouveau je vais refaire un arrêt cardiaque ou pas.
00:05:41C'est ça qu'on appelle un événement, comment, un EIG ?
00:05:44Un événement indésirable grave, oui.
00:05:45Oui, c'est ça ? Vous en êtes un, si je puis dire ?
00:05:47Oui.
00:05:48Enfin, ce qui vous est arrivé, ça y ressemble ?
00:05:49C'est en fait partie, oui, oui, ça en est un.
00:05:51Pourquoi vous secouez la tête, maître ?
00:05:53Parce que c'est le cas.
00:05:54Oui.
00:05:55Le ton arrêt cardiaque, c'est grave.
00:05:56EIG ?
00:05:57Je dirais que c'est plus que grave, c'est dramatique, mais oui, oui, exactement.
00:06:01Et quelle réponse vous attendez de ce procès ?
00:06:04Parce que là, l'actualité, c'est que demain matin, vous allez lui faire face.
00:06:06Demain matin, il va pouvoir être libre, ce docteur Péchir.
00:06:09Comment est-ce que vous vous préparez ?
00:06:10Comment est-ce que vos avocats vous préparent à ce face-à-face ?
00:06:13Ça fait huit ans qu'on se prépare.
00:06:14Après huit ans, déjà, on a attendu un certain nombre d'années que l'enquête soit terminée.
00:06:19On a attendu aussi également de savoir si on allait avoir un procès.
00:06:23Le jour où ça a été dit, on était quand même soulagés.
00:06:26Parce que ce qu'on attend, en fait, c'est des réponses.
00:06:28C'est la vérité.
00:06:29Ce qu'on attend, c'est d'abord les arguments.
00:06:31Puisque M. Péchir nous dit qu'il est innocent,
00:06:33on aimerait savoir quels arguments il va pouvoir nous apporter pour nous le prouver.
00:06:37Vous êtes en fait, en quelque sorte, je sais qu'à ce moment-là, vous étiez inconsciente,
00:06:42mais vous êtes une lanceuse d'alerte parce que sans votre cas,
00:06:45il n'y a pas d'ouverture d'enquête, il n'y a pas de procès si on tire le raisonnement jusqu'au bout.
00:06:48Et aujourd'hui, vous prenez en plus la tête de l'association.
00:06:53Comment est-ce que vous gérez tout ça ?
00:06:55Et comment est-ce que vous avez conscience de ce rôle moteur départ dans l'affaire ?
00:06:59Alors, moi, je ne le vois pas tout à fait comme ça
00:07:01parce que je me dis que de toute façon, si ça n'avait pas été moi, ça aurait été la prochaine personne.
00:07:05Exact.
00:07:06Donc, il fallait bien que ça tombe sur quelqu'un.
00:07:10Alors, je co-préside l'association avec Amandine qui a perdu son papa en 2008.
00:07:13C'est elle qui est présidente et moi, je suis vice-présidente de l'association.
00:07:18Amandine que j'ai rencontrée à la police judiciaire,
00:07:20c'est eux qui nous ont présenté, qui nous ont mis en contact
00:07:22et avec laquelle on a décidé très rapidement de créer cette association
00:07:26pour pouvoir regrouper toutes les victimes,
00:07:28pour qu'il y ait un soutien tant psychologique, j'ai envie de dire, un accompagnement.
00:07:33Et là, vous êtes combien en partie civile ?
00:07:35On est dans l'association, environ 70 personnes.
00:07:38D'accord.
00:07:38Et au total, ce que j'aimerais comprendre, c'est comment, entre le moment où vous vous réveillez
00:07:42et le moment où on en arrive au docteur Péchier, à vos avocats, à l'association,
00:07:46combien de temps s'est passé, s'est écoulé, et qu'est-ce qui s'est passé ?
00:07:50Deux mois.
00:07:51Il vous dit un jour, voilà, le docteur Péchier, combien ?
00:07:53Il s'est passé deux mois.
00:07:54La veille de sa mise en examen, j'ai été contactée.
00:08:00Non, c'était le jour de sa mise en examen, pardon.
00:08:02J'ai été contactée par la police judiciaire qui m'a informée qu'il y avait quelqu'un qui avait été mis en examen.
00:08:07Donc j'ai demandé qui c'était.
00:08:08On m'a expliqué que c'était un médecin de la clinique, un anesthésiste.
00:08:10Encore 2017 ?
00:08:11Voilà, c'était en mars.
00:08:13Et moi j'avais été opérée le 11 janvier, donc très peu de temps avant.
00:08:18Vous, maître, vous vous souvenez quand est-ce que vous réalisez tous les deux l'ampleur
00:08:22et le nombre potentiel de victimes ? C'est vertigineux ?
00:08:25Oui, parce que le hasard a fait que quand Sandra Simard a pris contact avec moi,
00:08:29dès le début, juste après ce qu'elle vient de vous dire,
00:08:32j'avais déjà une autre personne du même dossier qui avait pris contact avec moi.
00:08:37Et en fait, c'est un hasard incroyable.
00:08:40Et quand je prends conscience et connaissance de ces deux clients
00:08:44et que tout de suite j'essaye d'obtenir des informations,
00:08:47parce que ça va très vite, il y a une audience qui est programmée
00:08:48sur la détention de M. Péchier, je me rends compte immédiatement
00:08:52qu'on est en train d'ouvrir un dossier qui est extraordinaire
00:08:56par son ampleur, par sa teneur.
00:09:00C'est vertigineux dès le départ pour moi, pourtant j'ai un peu d'expérience,
00:09:02mais c'est vertigineux tout de suite.
00:09:03Parce qu'ils vont reprendre en fait les dossiers, ils vont remonter,
00:09:06ils vont se rendre compte grosso modo pour les spectateurs
00:09:08que le dénominateur commun de tous ces événements graves,
00:09:12c'est le docteur Péchier.
00:09:14Moi, depuis le départ, je suis l'avocat de la famille Yelen,
00:09:17qui ont perdu leur père et leur époux en 2008.
00:09:20On est en 2017.
00:09:22Et il y a toujours l'information judiciaire qui est ouverte depuis 2008,
00:09:27dont on sait qu'on a retrouvé, moi je ne vais pas donner de mon médicament,
00:09:30le poison dans le corps de M. Yelen,
00:09:33et on ne l'explique pas.
00:09:35Parce que personne ne peut imaginer qu'un médecin anesthésiste...
00:09:42À la réputation solide.
00:09:43À la réputation solide, on en parlera pendant le procès, on va voir.
00:09:47Mais un médecin anesthésiste puisse être à l'origine d'un empoisonnement.
00:09:50Donc on a des gens qui sont décédés,
00:09:53on n'arrive pas à s'expliquer,
00:09:55on sait qu'il y a du poison,
00:09:56puisqu'on a fait des prélèvements sur eux,
00:09:59mais on ne sait pas d'où ça vient.
00:10:00Alors au départ, tout le monde pense à des erreurs, des surdosages.
00:10:04Sauf que le poison, ce n'est pas les médicaments qui sont utilisés dans le cadre de l'anesthésie.
00:10:08Donc on se dit, c'est des erreurs, on a inversé des ampoules.
00:10:12Sauf que ça se répète, et ça se répète, et ça se répète, de manière inexpliquée.
00:10:16Et à chaque fois, le docteur Péchier est dans l'hôpital, il est là.
00:10:19Mais c'est... Vous savez, les enquêteurs ont fait un travail de fourmi dans ce dossier.
00:10:24Le docteur Péchier dit, ce n'est pas moi.
00:10:25Dont acte.
00:10:26Il a le droit de le dire, et il faut le respecter.
00:10:28Il a le droit de l'innocence, et il clame son innocence de fil des...
00:10:30Ce n'est pas moi qui vais vous dire qu'il ne faut pas respecter la présence de l'innocence.
00:10:32Non, non, mais moi je le répète.
00:10:33Évidemment.
00:10:34Mais les enquêteurs ont fait un travail de fourmi.
00:10:38Le docteur Péchier va travailler dans deux établissements.
00:10:41Polyclinique et clinique.
00:10:43D'accord ?
00:10:44Il va travailler dans une polyclinique pendant six mois.
00:10:48Pendant ces six mois, il y a des cas.
00:10:49Avant, il n'y en a pas.
00:10:52Après, il n'y en a plus.
00:10:53À Saint-Vincent, quand il est à la polyclinique, il n'y a plus de cas.
00:10:57Il y en a avant, il y en a après.
00:10:59Depuis mars 2017, il n'y en a plus.
00:11:02Et sur 1514 personnes, 1514, on n'est pas une chance sur deux, une chance sur trois.
00:11:09Il y a 1514 personnes, le seul dénominateur commun.
00:11:13Qui travaillent, qui travaillaient dans les unes et dans les autres des deux cliniques.
00:11:17Tout le personnel.
00:11:18On a étudié le personnel des deux établissements.
00:11:23Il y a un dénominateur commun, un seul.
00:11:27Péchier.
00:11:29Tous les chemins mènent à Péchier.
00:11:30Stéphane Joriana, moi je vous pose la question de son avocat.
00:11:33Quel intérêt a-t-il ?
00:11:34C'est un anesthésiste, Pauline l'a dit, c'est vrai, plutôt brillant, qui ne pose pas de problème.
00:11:40Quel intérêt un anesthésiste a-t-il à empoisonner ses patients ?
00:11:43Ça n'a pas de sens.
00:11:45Le mobile ne fait pas le crime, premièrement.
00:11:47Mais c'est quoi le mobile ?
00:11:48Deuxièmement, le mobile, il y a des mobiles qui sont assez clairement établis aujourd'hui par le dossier.
00:11:56Il y a une conjonction.
00:11:58Systématiquement, quand le docteur Péchier a maille à partir avec un de ses collègues,
00:12:01ses collègues immédiatement prennent des EIG.
00:12:04Le hasard sur huit ans, et de cette façon, c'est impossible.
00:12:09Mais le dossier le démontre sans difficulté.
00:12:11Ce que vous soupçonnez, donc, vous, c'est que le docteur Péchier cause du tort à des collègues...
00:12:18Donc mobile de vengeance.
00:12:19Mobile de vengeance à des collègues qu'il n'aime pas,
00:12:21et donc qu'il empoisonne les poches de sang pour ses collègues interviennent, c'est ça ?
00:12:25C'est ce que nous soupçonnons, et de manière terrible d'ailleurs...
00:12:26Alors comment vous expliquez qu'il en sauve certains ?
00:12:29Non mais c'est pas ce qu'on soupçonne, c'est ce qu'on prouve.
00:12:31C'est ce qu'on prouve.
00:12:32Il en sauve, et il y en a qui sauvent, et qui réempoisonnent dans la foulée.
00:12:36Vous allez voir ce dossier, on ne peut pas tout évoquer devant vous,
00:12:38mais vous allez voir à la cour d'assises, il y a énormément de choses...
00:12:41Il y a des choses qui vont être révélées, et ça va être très impressionnant, je vous le dis.
00:12:45Sandra, moi j'ai une question très précise, il va comparaître libre,
00:12:48on le rappelle, il a fait de la garde à vue, mais il n'a jamais fait de détention proviseur, le docteur Péchier.
00:12:52Est-ce que c'est compliqué pour vous de le voir arriver chaque matin avec son petit cartable,
00:12:57je ne sais pas comment il va arriver, enfin libre, avec cette charge vertigineuse,
00:13:01puisqu'on le rappelle, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité ?
00:13:03Vous, le voir libre de ces mouvements tous les jours, aller dans le tribunal, comment vous appréhendez ça ?
00:13:08C'est une décision qu'on n'a pas compris au départ,
00:13:10quand la question de la détention provisoire s'est posée,
00:13:14quand on n'est pas dans la justice, quand on ne connaît pas ce milieu-là,
00:13:17on ne comprend pas pourquoi il n'est pas mis en détention.
00:13:19On l'a compris par la suite, parce qu'effectivement, il y a des motifs
00:13:23pour lesquels, qui doivent être remplis pour que...
00:13:27Troubles à l'ordre public, communication avec...
00:13:29Il y a six motifs, je ne vais pas vous les énumérer,
00:13:31parce que de toute façon, je ne les ai pas tous en tête.
00:13:33Ces motifs-là n'étaient pas remplis.
00:13:36Donc aujourd'hui, on le comprend tout à fait,
00:13:38et de toute façon, une détention provisoire, elle ne peut pas durer huit ans.
00:13:41C'est impossible.
00:13:42Comment est-ce que vous avez préparé ?
00:13:43Il y a des mots que vous avez...
00:13:44Vous allez aller à la barre, vous allez vous adresser à lui.
00:13:47Il y a des mots que vous avez préparés ?
00:13:49Oui, en quelque sorte.
00:13:51Après, il y a des grandes lignes.
00:13:52Maintenant, j'ai envie aussi de laisser place un peu à l'improvisation,
00:13:56et puis à dire ce que je ressens.
00:13:59En général, quand quelqu'un compare libre aux assises,
00:14:02qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité,
00:14:05même s'il est libre, le premier soir, il dort en prison.
00:14:07Ah non, c'est fini de fioriser.
00:14:08C'est ?
00:14:09C'est terminé, c'est plus long avant de fioriser.
00:14:11Ça fait dix ans que la loi a changé sur ce point.
00:14:13D'accord, ok.
00:14:14Alors, autant pour moi, mais pour sa propre sécurité,
00:14:17la sécurité du docteur Péchier,
00:14:20il va rentrer le soir dans sa voiture, comme ça ?
00:14:22C'est un des critères de la détention provisoire.
00:14:25Article 144 du Code de procédure pénale,
00:14:28les juges peuvent placer en détention provisoire
00:14:30une personne mise en cause,
00:14:31notamment pour garantir sa sécurité ou sa santé.
00:14:34Oui, tout à fait.
00:14:35Et il m'est déjà arrivé, je vais vous dire,
00:14:37de demander le placement en détention d'un de mes clients
00:14:39qui comparaissait libre pour assurer sa sécurité
00:14:41parce qu'il était visé par des actes extérieurs.
00:14:46Mais ça peut être aussi quand une personne est suicidaire, par exemple.
00:14:49La semaine dernière, Boris Karlamov a réussi à gendre le docteur Péchier
00:14:52qui dit ça, et je voulais vous faire réagir.
00:14:54Je comprends la haine des partis civils
00:14:55parce qu'on leur a vendu une fausse affaire.
00:14:57Je comprends qu'elle tienne à ce qu'il y ait une vérité d'empoisonnement.
00:15:00Qu'est-ce que vous pouvez répondre ?
00:15:01Oui, on leur a donné un os à ronger aussi.
00:15:03C'est ce qu'il a dit.
00:15:05Oui, c'est ce qu'il a dit.
00:15:05Donc, moi, j'ai envie de dire qu'on n'est pas des animaux
00:15:08assoiffés de vengeance.
00:15:10On veut un coupable.
00:15:11Enfin, on veut le coupable.
00:15:11On ne veut pas un coupable.
00:15:13On veut le vrai coupable.
00:15:14Et après, en ce qui concerne le reste...
00:15:19Excusez-moi, répondez à votre question.
00:15:20Je comprends la haine des partis civils.
00:15:22Est-ce que vous êtes animée par la haine ?
00:15:23Moi, je n'ai pas de haine aujourd'hui.
00:15:25Non, non, je n'ai pas de haine.
00:15:26Je veux juste la vérité.
00:15:29Et ça prendra du temps.
00:15:30Quatre mois d'audience, c'est une espèce d'endurance.
00:15:32Comment est-ce qu'on se prépare ?
00:15:34Il faut tenir sur la longueur.
00:15:35Comment est-ce que vous vous préparez tous ?
00:15:36Vous savez, devant une cour d'assises, tout peut arriver.
00:15:38Exactement.
00:15:39La seule règle pour un avocat,
00:15:41et je l'ai expliqué à Mme Simard,
00:15:44c'est de connaître parfaitement son dossier.
00:15:46Une fois que vous connaissez parfaitement votre dossier,
00:15:49vous êtes à l'abri de toutes les surprises.
00:15:50On va avoir des rebondissements.
00:15:52Il y aura des incidents.
00:15:53Il y aura effectivement, sur trois mois et demi,
00:15:55parce que c'est long,
00:15:56des événements qu'on n'aura pas prévus.
00:15:59Mais ce n'est pas grave.
00:16:00In fine, parce que c'est le dossier.
00:16:03Moi, je veux dire,
00:16:03M. Péchier peut médiatiquement dire qu'il est innocent.
00:16:06Moi, ça ne me pose pas de problème.
00:16:08Ce qui m'intéresse, c'est la vérité judiciaire.
00:16:10Et le dossier,
00:16:13des centaines d'éléments à charge contre Frédéric Péchier,
00:16:18ce n'est pas un, ce n'est pas deux, ce n'est pas trois,
00:16:19c'est des centaines.
00:16:20Vous posiez la question tout à l'heure du mobile.
00:16:25Le mobile, il est plus réel dans ce dossier.
00:16:27Mais ce qu'on sait, par exemple,
00:16:28c'est que quand il ne va pas bien,
00:16:30quand il a des problèmes au sein de son foyer,
00:16:32quand il a des problèmes avec ses collègues,
00:16:34quand il a des problèmes,
00:16:35et là, on a un pic.
00:16:36On a un pic d'empoisonnement.
00:16:39Merci beaucoup.
00:16:40Merci à tous les trois d'être venus.
00:16:41Merci, Sandra.
00:16:42Bon courage pour ce procès qui démarre.
00:16:43Donc demain, restez avec nous.
00:16:45Dans un instant, nous reviendrons sur la condamnation
00:16:47de l'État dans l'affaire Mousin pour faute lourde.
00:16:50Le visage de la petite Estelle,
00:16:51souvenez-vous, a traversé nos vies.
00:16:52Son père n'a jamais baissé les bras.
00:16:54Ce sera notre invité dans une poignée de secondes.
00:16:56Ne bougez pas.
00:17:04Il est 13h30.
00:17:05L'État condamné pour faute lourde
00:17:06et pour de multiples dysfonctionnements
00:17:08dans l'affaire Estelle Mousin.
00:17:09Son visage, le visage d'Estelle,
00:17:11nous le connaissons tous.
00:17:11Le voici depuis ce soir d'hiver 2003
00:17:14et sa disparition.
00:17:14Nous avons vu son père,
00:17:16qui est notre invité,
00:17:17se battre comme un diable
00:17:18pour la retrouver en vain.
00:17:19L'enquête s'est enlisée
00:17:20avec en toile de fond
00:17:21cette ombre machiavélique du couple fournirait.
00:17:23J'accueille sur ce plat.
00:17:25Merci infiniment, monsieur,
00:17:27d'être avec nous aujourd'hui.
00:17:28Nous allons revenir vers vous
00:17:29dans quelques instants.
00:17:30Francis Nagbar,
00:17:31ancien procureur de la République
00:17:33de Charleville-Mézières,
00:17:34auteur de Ma rencontre avec le mal
00:17:36aux éditions Marie-Euchel Fine.
00:17:38Merci d'être là.
00:17:39Journaliste et autrice du livre
00:17:40Dans le cerveau du tueur,
00:17:42l'affaire Monique Olivier,
00:17:43Michel Fourniray aux éditions Fayard.
00:17:45Monsieur Mouzin,
00:17:46d'abord, avant de revenir
00:17:47sur les étapes de cette affaire,
00:17:48racontez-nous votre réaction.
00:17:49Je vous ai vu le jour
00:17:50de la condamnation de l'État.
00:17:52Quand vous apprenez
00:17:53que l'État est condamné
00:17:54pour faute lourde
00:17:55dans le dossier,
00:17:56dans le dossier de votre vie,
00:17:57comment est-ce que vous accueillez
00:17:59cette décision ?
00:17:59La première réaction,
00:18:01c'est bien sûr la satisfaction,
00:18:03parce que nous demandions
00:18:03la condamnation de l'État.
00:18:05Quand je dis nous,
00:18:05c'est le cabinet Seban et moi.
00:18:07Nous demandions
00:18:07la condamnation de l'État.
00:18:08Donc, le jugement
00:18:11qui est tombé
00:18:12mercredi après-midi
00:18:14le confirme.
00:18:16Ensuite, bien sûr,
00:18:18j'ai relu,
00:18:20parce que ce document
00:18:21est important,
00:18:22donc je l'ai relu
00:18:23plusieurs fois
00:18:25pendant la nuit
00:18:26de mercredi à jeudi
00:18:27pour nuancer
00:18:30un petit peu
00:18:31ma première réaction.
00:18:35Et on va le décrypter.
00:18:36Mais humainement,
00:18:36physiquement,
00:18:37qu'est-ce que ça fait ?
00:18:38Ça vous retombe
00:18:39sur les épaules ?
00:18:39Quelles sensations vous avez ?
00:18:42Vous savez,
00:18:43ça fait quand même
00:18:44plus de 20 ans
00:18:45que je suis un peu
00:18:47balotté
00:18:47de ci et de là
00:18:49au gré
00:18:50de toutes les
00:18:51vicissitudes
00:18:53de l'enquête.
00:18:55On a réussi
00:18:56à passer à travers,
00:18:58quand je dis nous,
00:18:58là c'est la famille,
00:18:59on a réussi à passer
00:19:00à travers
00:19:01les conséquences
00:19:02du procès d'assises
00:19:03de Nanterre
00:19:04de décembre 2023,
00:19:05qui était quand même
00:19:06un moment particulier
00:19:07liremont dur.
00:19:07On va y revenir, oui.
00:19:09Donc,
00:19:10je ne vais pas dire
00:19:11que le cuir s'épaissit,
00:19:12mais voilà.
00:19:14Vous nous disiez tout à l'heure
00:19:15et si l'État faisait appel ?
00:19:17Non,
00:19:18c'est un peu
00:19:18une formule
00:19:20anecdotique.
00:19:24L'État ne peut pas
00:19:25faire appel
00:19:25parce que ce jugement,
00:19:26en fait,
00:19:27lui rend un grand service.
00:19:29Je pense que ce jugement
00:19:31pourrait s'appeler
00:19:33opération
00:19:34désamorçage.
00:19:37Si on prend
00:19:39le dernier jeu
00:19:40de conclusion
00:19:41du cabinet Seban,
00:19:42qui a été diffusé
00:19:43avant les plaidoiries
00:19:44du mois de juin
00:19:452025,
00:19:47on a la démonstration
00:19:48de l'enchaînement
00:19:50à la fois
00:19:52des conséquences
00:19:53de l'absence
00:19:55de moyens de la justice,
00:19:57des moyens de la justice
00:19:58en général,
00:19:59des moyens de la justice
00:20:00en particulier
00:20:01un mot,
00:20:03en particulier
00:20:03avec les superpositions
00:20:05de magistrats
00:20:06et certains défauts.
00:20:08Le millefeuille,
00:20:09en fait,
00:20:09ce que vous dites.
00:20:10Oui,
00:20:12et l'absence,
00:20:14il faut imaginer
00:20:15une vision
00:20:16complètement centrée
00:20:19sur un magistrat
00:20:20tout seul
00:20:21dans son petit bureau
00:20:22au tribunal de mots.
00:20:24C'est d'ailleurs
00:20:24ce que dit
00:20:25le jugement aujourd'hui
00:20:27parce que ce jugement,
00:20:28il est plein de contradictions.
00:20:29Ce jugement,
00:20:30il dit
00:20:30les différents services
00:20:33qui étaient condamnés
00:20:34par le parcours criminel
00:20:35de Michel Fourniret
00:20:36et tout ça
00:20:36ne se sont jamais
00:20:38joints
00:20:39pour communiquer.
00:20:41C'est bien
00:20:41ce qu'on leur reproche.
00:20:43Alors ?
00:20:43Je pense que
00:20:44le procureur
00:20:45va nous l'expliquer.
00:20:47Mais pour tous
00:20:48nos téléspectateurs
00:20:49qui ne se souviennent
00:20:50pas forcément.
00:20:51Et donc,
00:20:51on a cet enchaînement
00:20:53qui aboutit
00:20:54aussi
00:20:55à un moment
00:20:56à un défaut
00:20:57de pilotage
00:20:58de l'instruction.
00:20:59le chef de bord
00:21:01de l'instruction,
00:21:02c'est le juge.
00:21:03Le juge donne
00:21:04des instructions
00:21:05à ses services d'enquête.
00:21:06Les services d'enquête
00:21:07répondent.
00:21:08Alors,
00:21:09on va décrypter tout ça
00:21:10dans le détail,
00:21:10mais pour noter
00:21:11les spectateurs
00:21:11qui ne sont peut-être
00:21:12pas nés en 2003
00:21:13quand Estelle Mouzin
00:21:15a disparu,
00:21:16le rappel
00:21:16des grandes étapes
00:21:17de cette affaire
00:21:18est avec
00:21:18Pierre-Louis Bousset.
00:21:19C'est sur un chemin
00:21:22qu'Estelle Mouzin
00:21:23connaît très bien.
00:21:24Entre son école
00:21:25et son domicile,
00:21:26elle disparaît
00:21:27le 9 janvier 2003.
00:21:29L'écolière est aperçue
00:21:31pour la dernière fois
00:21:31devant une boulangerie
00:21:32de sa commune
00:21:33de Guermantes.
00:21:35Le travail des autorités
00:21:36pour tenter de retrouver
00:21:37la jeune Estelle
00:21:37ne donne rien.
00:21:39L'enquête patine,
00:21:40sans lise.
00:21:40En 2018,
00:21:4115 ans après la disparition,
00:21:43le père d'Estelle Mouzin
00:21:44décide d'attaquer
00:21:45l'État en justice.
00:21:46On est passé
00:21:47de 50 000 pièces
00:21:48de procédure
00:21:49à 80 000 pièces
00:21:50de procédure,
00:21:51ce qui devient surréaliste.
00:21:52Le juge
00:21:53qui va être remplacé
00:21:54dans deux ans
00:21:55devra tout reprendre
00:21:58pour comprendre
00:21:59où en est le dossier.
00:22:01L'étau finit
00:22:01par se resserrer
00:22:02autour d'une piste
00:22:03précédemment étudiée
00:22:04et abandonnée,
00:22:05celle de Michel Fourniret,
00:22:07déjà condamnée
00:22:08pour le meurtre
00:22:08de sept autres femmes
00:22:09en 2008.
00:22:11Le tueur en série
00:22:12vient d'être dénoncé
00:22:12par Monique Olivier,
00:22:14sa compagne
00:22:14et complice.
00:22:16En 2020,
00:22:17Michel Fourniret
00:22:18reconnaît l'enlèvement
00:22:19et le meurtre
00:22:19de la petite Estelle Mouzin.
00:22:21Mais celui
00:22:21que l'on surnomme
00:22:22l'ogre des Ardennes
00:22:23est alors au crépuscule
00:22:24de sa vie.
00:22:25Il meurt l'année suivante
00:22:27sans avoir été jugé
00:22:28pour ce dossier.
00:22:30Où le corps
00:22:30de la fillette
00:22:31a-t-il été dissimulé ?
00:22:32Quelle souffrance
00:22:33la jeune fille
00:22:33a-t-elle enduré ?
00:22:34De nombreuses zones
00:22:35d'ombre persistent.
00:22:37Michel Fourniret est mort.
00:22:38Il n'a jamais répondu
00:22:40de ses actes.
00:22:41Nous ne savons pas
00:22:41exactement ce qui est
00:22:42arrivé à Estelle,
00:22:43sauf qu'ils l'ont tué,
00:22:44que le couple l'a tué.
00:22:46En 2023,
00:22:47Monique Olivier
00:22:48est condamnée
00:22:48à la réclusion criminelle
00:22:49à perpétuité
00:22:50pour trois meurtres,
00:22:51dont celui d'Estelle Mouzin.
00:22:53Cette semaine,
00:22:54c'est l'État
00:22:54qui a été condamné
00:22:55pour faute lourde
00:22:56en raison de dysfonctionnement
00:22:58dans l'enquête
00:22:58sur la disparition.
00:23:00Avec nous,
00:23:01Michel Fin,
00:23:02journaliste,
00:23:02et Francis Nagbar,
00:23:03ancien procureur
00:23:04de Charleville-Mézières.
00:23:04On va pointer avec vous
00:23:05tous ces dysfonctionnements,
00:23:07toutes ces défaillances
00:23:08de l'enquête.
00:23:08Est-ce qu'on peut reprendre
00:23:09ce que disait Éric Mouzin ?
00:23:10Ça démarre dans le bureau
00:23:11d'un juge à Maud.
00:23:13Et ensuite,
00:23:14comment ça déraille ?
00:23:15Pour moi,
00:23:17ça déraille dès le début.
00:23:18L'enquête,
00:23:19elle est confiée
00:23:20à un juge d'instruction
00:23:21du tribunal de Maud.
00:23:23En fait,
00:23:23il ne va pas y avoir
00:23:23un juge d'instruction.
00:23:24Au fil des années,
00:23:25en 15 ans,
00:23:26il va y avoir
00:23:2610 juges d'instruction.
00:23:28C'est un dossier,
00:23:29il y a 50 000 codes,
00:23:30c'est un dossier
00:23:30qui est monstrueux,
00:23:32qui est énorme.
00:23:32Alors,
00:23:33un juge d'instruction
00:23:33reste deux ans,
00:23:35il ne peut pas prendre
00:23:35connaissance
00:23:36de l'entièreté
00:23:36de ce dossier.
00:23:37Donc,
00:23:38effectivement,
00:23:39comme vous dites,
00:23:39il n'y a pas de pilote
00:23:40dans l'avion,
00:23:40c'est-à-dire qu'on passe
00:23:41d'un juge à un autre.
00:23:42Vous avez dit
00:23:4310 juges en 11 ans,
00:23:45en 15 ans.
00:23:4710 juges en 15 ans.
00:23:48Et à peu près
00:23:48autant de garde des seaux ?
00:23:50Probablement,
00:23:52oui.
00:23:54Ce qui est important
00:23:55de comprendre,
00:23:56ce qu'il est important
00:23:56de comprendre,
00:23:57c'est que du coup,
00:23:58le pilote,
00:23:58il est au service enquêteur.
00:24:00C'est la police judiciaire
00:24:01de Versailles
00:24:01qui est le service enquêteur
00:24:03qui travaille sur cette affaire,
00:24:04qui décide un petit peu
00:24:05de la procéduration,
00:24:07de la procédure à suivre.
00:24:10Et la PJ Versailles
00:24:10a une conviction
00:24:11dès le départ,
00:24:12c'est que ce n'est pas
00:24:13Fourniret.
00:24:14Mais pourquoi ?
00:24:14Dès le départ.
00:24:15Mais pourquoi elle a cette conviction ?
00:24:16Moi, je tournais avec eux
00:24:17en 2015.
00:24:19J'ai tourné avec eux
00:24:21pendant la garde à vue
00:24:22d'une dame
00:24:22qui a relancé
00:24:23la procédure.
00:24:26Et en fait,
00:24:27ils m'ont expliqué
00:24:28leur conviction,
00:24:29c'est que ça ne pouvait
00:24:30pas être Fourniret
00:24:31parce qu'il était
00:24:32en Belgique
00:24:33à l'époque des faits
00:24:35et que la disparition
00:24:37d'Estelle
00:24:37se passe à 245 km de là
00:24:40en Seine-et-Marne
00:24:42et qu'il neigeait énormément.
00:24:43Et eux,
00:24:44il va leur falloir
00:24:44trois heures
00:24:45pour aller
00:24:47de Versailles
00:24:47à Guermantes.
00:24:50Et donc,
00:24:50si eux,
00:24:50il leur a fallu
00:24:51trois heures
00:24:51sous la neige,
00:24:53Fourniret ne pouvait pas
00:24:54être venu.
00:24:55Donc ça,
00:24:56c'est vraiment
00:24:56leur conviction.
00:24:57Leur deuxième conviction,
00:24:59c'est qu'elle n'était pas
00:25:01la victime type
00:25:03de Michel Fourniret
00:25:04parce que Michel Fourniret
00:25:05s'attaquait
00:25:06à des femmes
00:25:08plus âgées.
00:25:09C'est oublié
00:25:09que Michel Fourniret,
00:25:10il a enlevé
00:25:11la petite
00:25:12Elisabeth Brichet
00:25:13qui avait
00:25:1312 ans
00:25:16à Namur.
00:25:17Il a reconnu
00:25:18ce meurtre
00:25:18et c'est parce
00:25:19qu'il a reconnu
00:25:20ce meurtre
00:25:20de la petite
00:25:21Elisabeth Brichet
00:25:22que la polijudiciaire
00:25:24belge
00:25:24qui a entendu
00:25:26Fourniret,
00:25:27qui a fait avouer
00:25:28Monique Olivier
00:25:29pendant un an
00:25:30d'interrogatoire
00:25:31qui a fait avouer
00:25:33Michel Fourniret.
00:25:34C'est en pensant
00:25:36à cette petite fille
00:25:37que quand Estelle
00:25:38disparaît
00:25:39et que Fourniret
00:25:41est arrêtée,
00:25:42ils disent
00:25:42mais on pense
00:25:43que c'est votre client.
00:25:46Et ils en parlent
00:25:46à la police judiciaire
00:25:47de Reims
00:25:47qui en parlent
00:25:48à la police judiciaire
00:25:49de Versailles.
00:25:49Quand Fourniret
00:25:50est arrêtée
00:25:50en juin 2003,
00:25:51tout de suite,
00:25:52ils se disent
00:25:52ce type-là,
00:25:54il a de la famille
00:25:55en région parisienne.
00:25:56Tout de suite.
00:25:56Tout de suite.
00:25:57Très très vite.
00:25:58Et donc,
00:25:59il faut dire
00:25:59à la police judiciaire
00:26:00de Versailles
00:26:00que c'est lui.
00:26:02Mais la police judiciaire
00:26:03de Versailles
00:26:03pense que ce n'est pas lui
00:26:04parce qu'il y a la neige,
00:26:06parce qu'il a un alibi aussi.
00:26:07Il a un alibi.
00:26:08Et ça,
00:26:08ça va tout fausser
00:26:09dès le départ.
00:26:10Oui, ça fausse.
00:26:11C'est-à-dire que l'arbre
00:26:11de l'enquête
00:26:12va pousser de travers.
00:26:13Oui, je pense.
00:26:14Moi, je pense.
00:26:15Pardon,
00:26:16mais ce n'est pas seulement
00:26:17depuis le départ,
00:26:18c'est tout au long.
00:26:19Ça va tout fausser
00:26:20pendant 20 ans.
00:26:21Parce que...
00:26:21Parce que vous,
00:26:22vous allez alerter.
00:26:23J'ai alerté déjà
00:26:24en juillet 2016.
00:26:25Dites-nous où vous êtes
00:26:25ce que vous faites.
00:26:26Je suis procureur
00:26:27de la République
00:26:27à Charleville-Mézières.
00:26:29J'ai suivi
00:26:30comme directeur d'enquête
00:26:31ou tout au moins
00:26:32en étroite concertation
00:26:34avec les juges d'instruction
00:26:35co-saisis dans cette affaire
00:26:37pendant 4 ans.
00:26:37J'ai passé une centaine
00:26:38d'heures avec Fourniré
00:26:40à discuter avec lui.
00:26:42Et j'ai également requis
00:26:44à son procès d'assise
00:26:45en 2008.
00:26:46Mais dès 2006,
00:26:48dès 2006,
00:26:49ça faisait 2 ans
00:26:50que je côtoyais
00:26:51et que je m'abîmais
00:26:52en quelque sorte
00:26:52avec Fourniré.
00:26:533 ans après la disparition
00:26:55d'Estelle, 2006.
00:26:563 ans après la disparition
00:26:56d'Estelle,
00:26:57j'envoie un courrier
00:26:58de 3 pages
00:26:59à la DACG,
00:27:00à la Direction des Affaires
00:27:01Criminales et des Grâces
00:27:02du ministère de la Justice
00:27:03pour indiquer
00:27:04que ne connaissant rien
00:27:05du dossier d'Estelle Mouzin
00:27:06puisqu'il était instruit à mots,
00:27:08que je n'avais jamais lu
00:27:09aucune pièce du dossier,
00:27:10j'étais néanmoins convaincu,
00:27:12et j'utilise ce terme,
00:27:14convaincu de la culpabilité
00:27:15de Fourniré
00:27:16dans l'enlèvement
00:27:17et le meurtre d'Estelle Mouzin.
00:27:19J'explique par toute
00:27:20une série d'indices
00:27:21les raisons
00:27:22qui ne sont pas des preuves,
00:27:24ce sont des indices,
00:27:25un faisceau d'indices.
00:27:26Aucune réponse.
00:27:27Aucune réponse.
00:27:28Rien.
00:27:29Même pas un accusé de réception.
00:27:30J'ai appris.
00:27:31J'ai appris lors du procès
00:27:33de novembre 2023
00:27:34qu'en fait,
00:27:35pendant deux jours,
00:27:36il y a deux ou trois jours,
00:27:38il y a des magistrats
00:27:39de la chancellerie
00:27:39qui n'ont aucune expérience
00:27:40de terrain
00:27:41qui se sont simplement amusés
00:27:42à disséquer
00:27:44mes différents arguments,
00:27:46mes différents indices
00:27:46pour les écarter.
00:27:48Et ça continue
00:27:49parce que deux ans après,
00:27:50j'assiste à une conférence,
00:27:53je participe
00:27:54à une réunion de formation
00:27:56à l'école,
00:27:57à l'ENSP
00:27:57de Saint-Cyr-aux-Montdor,
00:27:58l'école des commissaires de police.
00:28:00Et là,
00:28:01parmi les auditeurs,
00:28:04en quelque sorte,
00:28:05de cette conférence,
00:28:06il y a le directeur
00:28:07de la PJ de Versailles,
00:28:08M. Espitalier.
00:28:09Jean Espitalier.
00:28:10Voilà.
00:28:10Et je lui dis,
00:28:11mais M. le directeur,
00:28:13pourquoi vous ne croyez pas,
00:28:14vous n'exploitez pas plus
00:28:15cette hypothèse fournirée ?
00:28:16Ah !
00:28:18Vous m'énervez avec ça,
00:28:19me répond-il,
00:28:20il saute sur sa chaise
00:28:21comme un cabri
00:28:21en disant
00:28:22la Libye,
00:28:22la Libye,
00:28:23la Libye.
00:28:25La Libye.
00:28:25Enfin,
00:28:26vous n'êtes jamais posé
00:28:27la question.
00:28:27Vous avez déjà
00:28:27les vérifiés.
00:28:28Le vérifié aurait pu
00:28:29téléphoner
00:28:30à la place de fournirée.
00:28:31C'était toujours
00:28:31souvent très prémédité
00:28:33quand même
00:28:33ces enlèvements
00:28:34de jeunes filles.
00:28:36Il y a...
00:28:36de jeunes filles
00:28:37parce que
00:28:39Marie Ascension Sonway,
00:28:4013 ans et demi.
00:28:42Et qui réussit
00:28:42heureusement à s'échapper.
00:28:44Oui,
00:28:44qui a réussi à s'échapper
00:28:45et qui est à l'origine
00:28:45de l'arrestation
00:28:46de fournirée.
00:28:47Donc,
00:28:47il n'y a pas
00:28:47qu'Elisabeth Brichet.
00:28:49Bien sûr que les petites filles
00:28:50l'intéressaient
00:28:51au plus haut point,
00:28:51les intéressaient
00:28:52au plus haut point.
00:28:53Et donc,
00:28:53je lui dis,
00:28:54il s'énerve
00:28:55complètement psychorigide.
00:28:57Ça va encore
00:28:57même plus loin
00:28:58parce que
00:28:59j'étais en colère
00:29:00que l'on ne...
00:29:01non pas qu'on ne m'écoute pas,
00:29:03je m'en fiche complètement,
00:29:04ce n'est pas le problème,
00:29:04mais qu'on n'exploite pas
00:29:06plus cette piste
00:29:07de fournirée
00:29:07telle que je...
00:29:08Moi,
00:29:09j'ai une question pour...
00:29:11Et je vais le voir
00:29:11à la maison d'arrêt
00:29:12de fournirée.
00:29:13Juste avant le procès
00:29:14parce que j'avais
00:29:14de bons contacts
00:29:15avec lui.
00:29:16Et quand je lui parle
00:29:17d'Estelle Mouzin,
00:29:18il se lève comme un brouillable,
00:29:19il a failli mettre anglais,
00:29:20etc.,
00:29:20en disant
00:29:20c'est pas moi,
00:29:21c'est pas moi.
00:29:21Mais moi,
00:29:22j'étais convaincu
00:29:23depuis le départ
00:29:23parce qu'il me l'avait dit
00:29:24en négatif
00:29:25à la fournirée,
00:29:26il m'avait fait des aveux.
00:29:28Éric Mouzin,
00:29:28vous,
00:29:29à quel moment,
00:29:30Michel Fournirée est arrêté,
00:29:32à quel moment
00:29:33vous commencez
00:29:33à explorer cette piste
00:29:35tout de suite
00:29:35ou est-ce que ça va
00:29:36prendre du temps
00:29:37et lorsqu'il y a ce procès
00:29:38à Charleville-Mézières,
00:29:39est-ce que vous allez
00:29:40guetter ces réponses
00:29:41parce que je me souviens,
00:29:42moi,
00:29:43j'ai pu assister à ce procès
00:29:44à Charleville-Mézières,
00:29:45le cas d'Estelle Mouzin,
00:29:47on en parlait à ce moment-là.
00:29:48Il n'était pas renvoyé pour cela
00:29:49mais on en parlait
00:29:50dans les couloirs.
00:29:51Donc vous,
00:29:51à quel moment
00:29:52vous vous intéressez précisément
00:29:54si je puis dire
00:29:54et dans le détail
00:29:55à Michel Fournirée ?
00:29:57Donc Michel Fournirée,
00:29:58il rentre dans notre vie
00:29:59en juin 2023,
00:30:02en 2003,
00:30:03pardon,
00:30:04ses repas d'anniversaire
00:30:05et il y a un coup de téléphone
00:30:06du SRPG
00:30:07me disant
00:30:07on a arrêté
00:30:08un individu en Belgique
00:30:09qui a enlevé
00:30:11un petit enfant,
00:30:12on s'en occupe et tout.
00:30:13Bon, ok.
00:30:14Ça paraît tellement lointain,
00:30:16ça paraît tellement…
00:30:17Voilà.
00:30:18Moi,
00:30:18dans un premier temps,
00:30:19effectivement,
00:30:19je considère que
00:30:21ça fait peut-être partie
00:30:23de…
00:30:23c'est peut-être une piste
00:30:24mais qu'elle doit être analysée.
00:30:26Et effectivement,
00:30:27quand on arrive
00:30:27à avoir accès
00:30:28aux quelques pièces
00:30:30de la procédure,
00:30:31il y a un PV
00:30:33du SRPG
00:30:34avec une copie
00:30:36d'écran
00:30:37MAPI,
00:30:39Guermante-Sarcustine
00:30:42égale 2h45
00:30:44mauvaise condition
00:30:45de circulation.
00:30:45Le trajet
00:30:46que Michel Fournir
00:30:47aurait pu emprunter.
00:30:47Le coup de téléphone
00:30:48à 20h,
00:30:48moins 2h45,
00:30:50il ne peut pas être
00:30:50à Guermante
00:30:51et téléphoner
00:30:52à la maison.
00:30:53quand,
00:30:54à ce moment-là,
00:30:55le cabinet se vend
00:30:56on dit
00:30:56« mais attendez,
00:30:57la téléphonie,
00:30:58la téléphonie,
00:30:59vous savez bien
00:30:59que c'est compliqué ».
00:31:01En plus,
00:31:02il avait une capacité
00:31:03de transfert d'appel
00:31:05avec son opérateur belge
00:31:07et qu'il avait
00:31:09une quantité industrielle
00:31:10de cartes SIM.
00:31:14Donc,
00:31:14le cabinet se vend
00:31:15dit à tous les magistrats
00:31:16« mais attendez,
00:31:17vous n'avez pas la liste
00:31:17de tous les numéros
00:31:18de téléphone
00:31:18de Michel Fourniré,
00:31:19on va vous les communiquer,
00:31:20comme ça,
00:31:21vous pouvez faire
00:31:21vos vérifications ».
00:31:23Dans le jugement
00:31:24qui a été rendu mercredi,
00:31:26le juge,
00:31:26le magistrat,
00:31:27nous dit
00:31:28« la téléphonie
00:31:29a été vérifiée,
00:31:30tout va bien,
00:31:31il n'y a pas d'anomalie ».
00:31:34Alors,
00:31:34le juge
00:31:35a cité une pièce,
00:31:36mais malheureusement,
00:31:37il n'a pas cité
00:31:38la bonne.
00:31:38si on prend la cote
00:31:4047 905
00:31:42et les suivantes,
00:31:44vous avez,
00:31:45par exemple,
00:31:46tel numéro,
00:31:47qui c'est qui a appelé ?
00:31:49Michel Fourniré.
00:31:50Il appelle qui ?
00:31:50Il appelle son fils.
00:31:52Son fils,
00:31:52après,
00:31:52n'a pas été entendu,
00:31:53à l'époque,
00:31:54il est petit,
00:31:55mais au fur et à mesure
00:31:56des années,
00:31:56il grandit.
00:31:57Donc,
00:31:58voilà,
00:31:58on a les numéros
00:32:00de téléphone,
00:32:01y compris
00:32:04le jour
00:32:05de la tentative
00:32:05d'enlèvement
00:32:06de Mégane.
00:32:06Là,
00:32:08la ligne 0-1
00:32:09identifiée.
00:32:09Mégane,
00:32:10on le rappelle
00:32:10pour les téléspectateurs,
00:32:13c'est l'ami
00:32:13de votre fille
00:32:15et c'est un repérage
00:32:17fait par Michel Fourniré
00:32:18juste avant.
00:32:20Qui a refusé
00:32:21de monter
00:32:21dans la camionnette
00:32:22qui lui proposait
00:32:23gentiment
00:32:24de la ramener
00:32:24chez elle
00:32:26puisqu'elle était
00:32:27devant chez elle.
00:32:28Donc là,
00:32:28c'était une faute.
00:32:30Donc,
00:32:31Michel Fourniré
00:32:31ne s'avoue pas vaincu.
00:32:33Ça,
00:32:33c'est le dernier jeudi
00:32:34avant les vacances scolaires
00:32:352002-2003.
00:32:39Dès le jeudi,
00:32:40il revient
00:32:41avec une similitude
00:32:42de jour.
00:32:43Le jeudi,
00:32:44la même heure,
00:32:45au même endroit.
00:32:46Et là,
00:32:46il tombe sur Estelle
00:32:47qui ressemble
00:32:48comme deux gouttes d'eau
00:32:49à Mégane.
00:32:50C'est l'histoire.
00:32:52Donc,
00:32:53pour revenir
00:32:54quand même
00:32:55à ce qui est dit,
00:32:57moi,
00:32:57je vais un peu plus loin.
00:32:59Alors,
00:32:59j'espère que je ne dis pas
00:33:00une énormité
00:33:01qui me faudra
00:33:01les foudres
00:33:02de tout le monde.
00:33:03mais le fait
00:33:05de refuser
00:33:06de se remettre
00:33:08en question,
00:33:11ce n'est pas
00:33:11que le tunnel
00:33:15de pensée,
00:33:16ce n'est pas
00:33:17autre chose.
00:33:18C'est un refus
00:33:19de concourir
00:33:20à la manifestation
00:33:21de la volonté.
00:33:22de la vérité.
00:33:24De la vérité, pardon.
00:33:25L'absurde.
00:33:26Oui.
00:33:26Donc ?
00:33:27Parce qu'au procès
00:33:29d'assises,
00:33:30un témoin
00:33:31qui s'était adressé
00:33:32à l'association
00:33:33pour nous dire
00:33:34le jeudi
00:33:35qui a précédé
00:33:36le jeudi
00:33:36de l'enlèvement
00:33:37d'Estelle,
00:33:38j'ai vu
00:33:39Michel Fourniret
00:33:40sur un parking
00:33:42de station-service.
00:33:43Cette personne
00:33:44est entendue
00:33:44dans le cadre
00:33:45des procès d'assises.
00:33:46Le président
00:33:47lui demande
00:33:48ce que vous nous dites
00:33:50aujourd'hui,
00:33:51ce n'est pas tout à fait
00:33:51ce que vous avez
00:33:52mis dans votre déposition.
00:33:55Et la personne
00:33:55de répondre,
00:33:57j'étais convaincu
00:33:57que j'allais être entendu
00:33:58par les vrais enquêteurs,
00:34:00entre guillemets,
00:34:00vrais enquêteurs,
00:34:02parce que ce que je leur disais,
00:34:03je voyais bien
00:34:04qu'ils refusaient
00:34:04de le prendre en compte.
00:34:07Donc,
00:34:07ce que vous dites,
00:34:08c'est qu'il y a
00:34:08un espèce de déni
00:34:09de vérité,
00:34:10de déni de justice,
00:34:11en tout cas,
00:34:11qu'il n'y a pas eu
00:34:12les moyens nécessaires.
00:34:13Ce n'est pas les moyens.
00:34:14Non,
00:34:15ce n'est plus les moyens.
00:34:16C'est la volonté.
00:34:17C'est le refus
00:34:18délibéré
00:34:19de se remettre en question
00:34:21et d'accepter
00:34:22qu'à un moment,
00:34:23on a pris
00:34:24une position erronée.
00:34:25Nous avons demandé
00:34:26avec le cabinet Seban,
00:34:28je ne sais pas
00:34:28combien de fois
00:34:29la relecture du dossier
00:34:30par un oeil neuf.
00:34:31La relecture du dossier
00:34:32par un oeil neuf,
00:34:33ça consiste en quoi ?
00:34:34Ça consiste à se dire
00:34:35je mets tout,
00:34:37je reprends,
00:34:38je me refais une chronologie.
00:34:39Est-ce que
00:34:40ma liste
00:34:42d'hypothèses
00:34:45elle est valable,
00:34:46elle est fausse,
00:34:46les alibis sont bons
00:34:48ou ils ne sont pas bons ?
00:34:48C'est comme ça
00:34:49qu'on arrive souvent
00:34:49à résoudre.
00:34:50D'autant plus
00:34:51que le SRPJ
00:34:53peut nous dire
00:34:54qu'ils avaient
00:34:54des tas de pistes.
00:34:56Je n'ai jamais vu
00:34:56les pistes
00:34:57du SRPJ.
00:34:58On a arrêté
00:34:59des gens
00:35:02qui n'avaient pas
00:35:03des comportements exemplaires
00:35:04mais qui n'avaient rien à voir
00:35:05avec l'enlèvement d'Estelle.
00:35:07Alors comment est-ce que
00:35:08la vérité va finir
00:35:09par arriver,
00:35:10par fragments,
00:35:11par notamment
00:35:12Michel Fourniret
00:35:14il ne va pas vraiment
00:35:14nous aider dans cette enquête
00:35:15mais est-ce que ce n'est pas
00:35:16Monique Olivier
00:35:17qui va avoir la clé
00:35:19et la co-détenue
00:35:20de Monique Olivier ?
00:35:21Comment est-ce qu'on arrive
00:35:21finalement au bout du chemin ?
00:35:23Deux petites choses,
00:35:24ce n'est pas qu'il ne veut pas aider,
00:35:25il veut bien aider,
00:35:27Michel Fourniret,
00:35:27il parle d'Estelle tout le temps.
00:35:29Dès 2004,
00:35:30dès 2004,
00:35:31quand il avoue
00:35:32les huit autres meurtres
00:35:33en Belgique,
00:35:34il parle d'Estelle Mouzin,
00:35:35il dit
00:35:35il parle toujours en négatif
00:35:37quand il dit
00:35:39c'est pas moi
00:35:39donc si on met
00:35:40le décrypteur
00:35:41c'est pas moi
00:35:42dans son premier PV
00:35:44d'audition
00:35:45mais il faut comprendre
00:35:45comment pensent
00:35:46ces gens-là,
00:35:47c'est des pervers,
00:35:48c'est des gens
00:35:49qui sont toujours
00:35:49en train de s'affronter
00:35:51à la justice.
00:35:53En 2007,
00:35:54avant qu'il soit jugé
00:35:55pour les huit autres meurtres,
00:35:57sept autres meurtres,
00:35:58il va dire
00:35:59Estelle,
00:35:59je voudrais être jugée
00:36:00pour Estelle,
00:36:01je voudrais voir son père
00:36:02d'ailleurs
00:36:02mais c'est pas moi.
00:36:03Alors on se dit
00:36:04s'il dit
00:36:05que s'il en parle
00:36:07c'est que c'est pas lui
00:36:08effectivement.
00:36:09Quand il est entendu
00:36:09la première fois en 2005
00:36:11par la PJ Versailles,
00:36:12on lui dit
00:36:12vous étiez où
00:36:13le 9 janvier 2003
00:36:15quand Estelle Mouzin
00:36:16a disparu ?
00:36:17J'étais en France,
00:36:18j'étais à Ville-sur-Lume
00:36:19et il donne l'endroit
00:36:20où il a assassiné Estelle.
00:36:22Donc il donne des indices
00:36:23sauf que
00:36:24on ne comprend pas
00:36:25le fonctionnement,
00:36:26on n'a pas la grille
00:36:27de lecture
00:36:28de ces gens-là.
00:36:30Et en fait
00:36:30comment l'histoire sort ?
00:36:31Elle ne sort pas
00:36:32grâce à un magistrat,
00:36:34elle ne sort pas
00:36:34grâce à un policier,
00:36:35elle sort
00:36:37grâce à une escroc
00:36:39qui est une co-détenue
00:36:40de Monique Olivier,
00:36:42Milica Petrovic
00:36:43qui se met en tête
00:36:44parce qu'elle voit
00:36:45M. Mouzin
00:36:46à la télévision
00:36:46et qu'elle est émue
00:36:49par votre témoignage,
00:36:50elle se met en tête
00:36:51de faire parler
00:36:52Monique Olivier
00:36:53qui est de l'autre côté
00:36:54du couloir.
00:36:55Pour bien mettre la scène,
00:36:57c'est une émission
00:36:57dans laquelle
00:36:58vous intervenez
00:36:59et vous expliquez
00:37:00grosso modo
00:37:00qui que ce soit
00:37:01que vous ayez la vérité,
00:37:02des fragments de vérité,
00:37:03aidez-nous à retrouver Estelle.
00:37:04La teneur de votre message
00:37:05elle est à peu près
00:37:06de cet ordre-là.
00:37:07Et c'est à ce moment-là
00:37:08où cette co-détenue
00:37:09se dit
00:37:09moi j'ai Monique Olivier
00:37:11devant moi,
00:37:11il va bien falloir
00:37:11que je fasse quelque chose,
00:37:12je ne vais pas rester
00:37:13les bras ballants.
00:37:13C'est ça l'idée ?
00:37:14Voilà, c'est exactement ça
00:37:16et elle se dit
00:37:17je vais la mettre en confiance
00:37:18et elle la met en confiance.
00:37:19Elle lui offre un café,
00:37:21elle lui fait les ongles,
00:37:22elle la fait venir
00:37:23dans sa cellule,
00:37:24porte fermée
00:37:24parce qu'elle ne veut pas
00:37:26que ses copines
00:37:26voient qu'elle parle
00:37:27à Monique Olivier
00:37:28parce que Monique Olivier
00:37:28est très mal considérée
00:37:29en prison
00:37:30et elle va permettre
00:37:32à Monique Olivier,
00:37:33enfin Monique Olivier
00:37:34va finir par lui dire
00:37:36que c'est elle
00:37:38qui a passé
00:37:38le jour
00:37:39de l'enlèvement d'Estelle
00:37:40un coup de fil
00:37:41au fils
00:37:43de Michel Fourniret
00:37:44à la demande
00:37:45de Michel Fourniret
00:37:46pour faire croire
00:37:47que c'est
00:37:47Michel Fourniret
00:37:48qui a appelé son fils
00:37:50le fameux Alibi.
00:37:50La Libi de Fourniret
00:37:51tombe,
00:37:51il n'y a plus d'Alibi.
00:37:52Mais il ne tenait pas
00:37:53de toute façon.
00:37:54Oui mais on n'était pas
00:37:55allé le voir
00:37:56qu'il ne tenait pas.
00:37:57Absolument.
00:37:57Il y a deux choses
00:37:59en complément
00:38:00de ce que vient de dire
00:38:01Michel Fin,
00:38:02c'est que
00:38:03pour le dossier Estelle,
00:38:06Michel Fourniret
00:38:08n'est pas arrêté
00:38:09à la suite
00:38:10d'une enquête
00:38:11de police.
00:38:14Jamais.
00:38:16De tous les crimes
00:38:17qu'il a commis
00:38:18depuis 1987,
00:38:21il n'a jamais été arrêté
00:38:22à la suite
00:38:22d'une enquête
00:38:23de police.
00:38:25Toutes les enquêtes
00:38:26de police
00:38:26ont échoué.
00:38:29Toutes.
00:38:32Qu'est-ce que ça veut dire
00:38:32pour vous ?
00:38:34Ça pose quand même
00:38:35le problème
00:38:36de l'efficacité
00:38:37des services d'enquête.
00:38:40Effectivement,
00:38:41c'est Monique Olivier
00:38:42qui va le dénoncer
00:38:42pour des...
00:38:44C'est incompréhensif.
00:38:45Je n'ai pas du tout
00:38:46envie de rentrer
00:38:46dans la tête
00:38:47de ces gens-là.
00:38:50Je mets
00:38:51la plus grande distance.
00:38:53Justement,
00:38:53quand il vous propose
00:38:54de vous rencontrer,
00:38:55quelle est votre réaction ?
00:38:56J'ai fait
00:38:57à peu près...
00:38:59Je ne vois pas
00:39:00ce que j'aurais pu faire
00:39:01de plus.
00:39:02Donc,
00:39:02s'il fallait rencontrer
00:39:03Michel Fourniret,
00:39:04j'étais prêt à y aller,
00:39:05mais je ne voulais pas
00:39:06y aller en allant
00:39:06au casse-pipe
00:39:07et me faire retourner
00:39:09par un pervers
00:39:10qui pouvait me manipuler
00:39:11ou me détruire
00:39:13encore plus.
00:39:14Donc,
00:39:14j'ai dit
00:39:14je ne veux pas y aller
00:39:15comme ça.
00:39:16et finalement,
00:39:18aucune suite
00:39:18n'a été donnée.
00:39:19Mais entre le moment
00:39:19où la lettre
00:39:20qu'il m'a adressée
00:39:21est partie
00:39:22de je ne sais plus
00:39:23quelle prison
00:39:24où il était
00:39:24et elle m'est arrivée,
00:39:26il s'était passé
00:39:26à peu près deux ans,
00:39:28donc elle n'était plus
00:39:28tout à fait d'actualité
00:39:29et donc à ce moment-là,
00:39:31de toute façon,
00:39:32comme ce n'était pas lui,
00:39:33on ne voyait pas
00:39:33à quoi ça servait
00:39:35que j'aille le voir.
00:39:36Mais il a écrit
00:39:38en me disant
00:39:38qu'il voulait être jugé,
00:39:40en me disant
00:39:40évidemment
00:39:40que ce n'était pas lui,
00:39:41il a à de très nombreuses reprises
00:39:46exprimé clairement
00:39:48par la négation,
00:39:51mais la négation
00:39:52peut valoir
00:39:52à fière passion
00:39:53dans certains cas
00:39:53avec certaines personnes,
00:39:55qu'il avait quelque chose
00:39:57à voir.
00:39:58Et je pense
00:39:58qu'il s'est délecté
00:40:00de voir
00:40:00qu'un alibi téléphonique
00:40:02aussi ténu que ça,
00:40:05aussi improbable,
00:40:08on a l'impression
00:40:10de lire
00:40:10le club des cinq.
00:40:11Eh bien,
00:40:13ça marche.
00:40:14Il a dû jubiler.
00:40:16Et vous voyez,
00:40:16quand vous disiez tout à l'heure
00:40:17qu'agent hospitalier
00:40:19qui était le patron
00:40:19de la PJ Versailles,
00:40:20ce n'est pas lui
00:40:21qui porte toute la responsabilité
00:40:22parce qu'il y a un service enquêteur,
00:40:23il y a des chefs de groupe,
00:40:24il y a toute une équipe
00:40:25qui était persuadée
00:40:25que ça n'était pas à fournir.
00:40:27Mais vous êtes un procureur
00:40:28de la République quand même.
00:40:29Quand un proc
00:40:30dit à un patron de PJ,
00:40:31même à l'école
00:40:32des commissaires à Lyon,
00:40:34voilà,
00:40:35lui, vous lui,
00:40:36il ne connaissait rien.
00:40:38Et ça se termine comme ça.
00:40:39C'est pour ça que
00:40:40je partage totalement
00:40:41l'opinion de M. Mouzin
00:40:44sur le jugement
00:40:45qui vient d'être rendu.
00:40:46C'est effectivement
00:40:46un jugement défensif
00:40:47parce qu'il y a naturellement
00:40:49une responsabilité
00:40:50extrêmement lourde
00:40:51des enquêteurs,
00:40:52de la PJ
00:40:53et de leurs responsables,
00:40:55au premier chef,
00:40:56le directeur,
00:40:57mais il y a une responsabilité
00:40:58très lourde
00:40:59du monde judiciaire.
00:41:00De la DGAC
00:41:01à laquelle vous avez écrit ?
00:41:02Oui, mais ça, bon...
00:41:03Mais pas seulement.
00:41:03Ils ont fait du juridisme.
00:41:06Je n'étais pas compétent
00:41:07géographiquement,
00:41:08je me mêlais
00:41:08de ce qu'ils ne me regardaient pas.
00:41:10Le côté humain,
00:41:10ça leur est parfois
00:41:11un peu étranger.
00:41:12Mais je parle,
00:41:14vous parliez
00:41:14de la direction d'enquête.
00:41:15Un directeur d'enquête,
00:41:16c'est un juge d'instruction,
00:41:17l'espèce.
00:41:18C'est lui qui dirige l'enquête.
00:41:20Qui délivre des commissions
00:41:20relatoires aux enquêteurs.
00:41:22Ce n'est pas les opédiens
00:41:24qui leur donnent des consignes.
00:41:25Et puis, il y a le procureur
00:41:25quand même,
00:41:26qui n'est plus directeur d'enquête
00:41:27à partir du moment
00:41:28où le juge d'instruction est saisi.
00:41:29Mais qui naturellement
00:41:30co-dirige,
00:41:30entre guillemets,
00:41:32selon les bonnes relations
00:41:34qu'il entretient
00:41:35avec son ou ses collègues
00:41:37de l'instruction.
00:41:38Il a aussi son mot à dire.
00:41:39Bon, il y a eu un silence
00:41:42extrêmement coupable
00:41:43de la justice.
00:41:44Alors, les juges d'instruction,
00:41:4510 juges d'instruction
00:41:46en 2 ans,
00:41:47on croit rêver.
00:41:48Sur une affaire comme ça,
00:41:49il faut mettre
00:41:502 juges d'instruction
00:41:51et puis passer un deal
00:41:52avec eux, quoi.
00:41:53Je veux dire,
00:41:53vous restez au moins
00:41:545 ou 6 ans,
00:41:55ça se fait,
00:41:56je l'ai vu,
00:41:565 ou 6 ans,
00:41:587 ans s'il faut,
00:41:59le maximum.
00:42:00Et puis ensuite,
00:42:00vous aurez une priorité
00:42:01dans le choix.
00:42:02Vous voyez,
00:42:03comment peut-on imaginer
00:42:0510 juges d'instruction
00:42:06en 2 ans ?
00:42:06C'est complètement irresponsable.
00:42:08Donc, dans cette condamnation,
00:42:09vous avez l'impression
00:42:10qu'il s'en tire à bon compte,
00:42:11que c'est un petit peu
00:42:12une justification à minima.
00:42:14Comment est-ce que
00:42:15vous caractérisez
00:42:16cette décision ?
00:42:16C'est une justification à minima,
00:42:17mais c'est une excellente chose,
00:42:19au moins sur le plan
00:42:20des principes,
00:42:21que l'État soit reconnu
00:42:22comme ayant
00:42:23le service public
00:42:24de la justice,
00:42:25justice police,
00:42:26soit reconnu
00:42:27comme étant responsable.
00:42:28Ce n'est pas qu'une faute grave
00:42:29de l'État,
00:42:30c'est une faute grave
00:42:30des services de l'État,
00:42:32en l'occurrence,
00:42:32la justice,
00:42:33un service de police judiciaire.
00:42:35Pourquoi est-ce qu'on
00:42:36ne sort pas des noms,
00:42:38qu'on ne dit pas
00:42:38telle, telle, telle personne
00:42:40qui avait dit ça ?
00:42:40Est-ce que ça...
00:42:42Vous êtes...
00:42:43Éric, pardon,
00:42:44c'est difficile
00:42:44de vous poser la question
00:42:45comme ça,
00:42:45mais vous êtes satisfait
00:42:46de cette décision
00:42:47parce qu'on reconnaît
00:42:48que l'État a fauté
00:42:48ou vous voudriez
00:42:49aller plus loin aussi ?
00:42:50Non, non, je suis satisfait.
00:42:51Parce que ces gens
00:42:52continuent à faire
00:42:52leur travail, finalement.
00:42:53C'est ce que nous demandions.
00:42:55D'accord ?
00:42:56La page 14 du jugement,
00:42:57elle est claire,
00:42:58il y a une reconnaissance
00:42:59de la responsabilité
00:43:00que les services de l'État
00:43:02n'ont pas réussi
00:43:03à remplir leur mission.
00:43:04C'est ce que l'on voulait.
00:43:05Bon, c'est basé uniquement
00:43:06sur le défaut de cotation
00:43:07du dossier
00:43:08qui était reconnu
00:43:11par l'avocat de l'État
00:43:16dans ses pièces
00:43:17pendant la plaidoirie
00:43:20et par le procureur.
00:43:22Donc, il y avait quand même
00:43:23à un moment
00:43:23un consensus
00:43:24pour dire
00:43:25le défaut de cotation
00:43:26c'est une faute,
00:43:27ça veut dire
00:43:28que ça ne fonctionne
00:43:28pas correctement.
00:43:30Mais ce jugement,
00:43:31il est en fait
00:43:31rempli de contradictions.
00:43:33C'est à la fois
00:43:34très important
00:43:35puisque l'État
00:43:36est condamné
00:43:37parce qu'il n'a pas
00:43:37su coté,
00:43:38mais en même temps
00:43:39c'est sans incidence
00:43:40parce que de toute façon
00:43:41ça n'aurait pas changé
00:43:42le cours des choses
00:43:42et celle était déjà morte.
00:43:44Donc, on joue tout le temps
00:43:46sur ces deux tableaux-là.
00:43:49Après, pour répondre
00:43:50à votre question
00:43:50des noms,
00:43:52moi j'ai toujours refusé
00:43:53de mettre des noms
00:43:54de qui que ce soit
00:43:56sur tous les gens
00:43:58qui sont intervenus
00:43:59dans ce dossier-là
00:43:59parce que ce n'est pas
00:44:00un problème de personne,
00:44:02c'est un problème
00:44:03d'institution,
00:44:05de système
00:44:06et c'est aujourd'hui
00:44:07pour ça que nous
00:44:08nous espérons
00:44:09avec le cabinet
00:44:10de ce banc
00:44:10qu'on va réussir
00:44:11à exploiter
00:44:12ce jugement
00:44:14pour essayer
00:44:15de faire bouger
00:44:16les choses.
00:44:17Alors, c'est quoi
00:44:17faire bouger les choses
00:44:18la suite ?
00:44:19C'est le Paul Colquais
00:44:19de Nanterre ?
00:44:21Est-ce que c'est
00:44:21votre prochain combat ?
00:44:22Qu'est-ce que vous voulez
00:44:23mettre en place
00:44:24avec cette décision ?
00:44:25Alors, aujourd'hui,
00:44:26vous savez qu'il n'existe
00:44:27pas de fichier
00:44:28des enfants disparus.
00:44:31Alors, des associations
00:44:32ont commencé
00:44:33à fabriquer
00:44:33des fichiers
00:44:34de leur côté
00:44:35mais c'est quand même
00:44:36inadmissible.
00:44:37D'autant plus qu'en octobre
00:44:392024, on nous annonce
00:44:42le fichier est presque prêt,
00:44:44on va appuyer sur le bouton,
00:44:45il y a juste un petit détail
00:44:46de RGPD à régler
00:44:47sur le site
00:44:48du ministère de l'Intérieur.
00:44:50Donc, l'association
00:44:51a écrit tout de suite
00:44:51au ministère de l'Intérieur
00:44:52et au ministère de la Justice
00:44:53pour dire
00:44:54« Alors, on y va ! »
00:44:57Réponse ?
00:44:57Non.
00:44:58Voyez les services
00:44:58de gendarmerie
00:44:59qui viennent de nous dire
00:45:00« Voyez avec la chancellerie ».
00:45:02Donc, on recommence
00:45:04et le résultat
00:45:05c'est qu'on n'a pas eu de réponse,
00:45:06on ne sait pas
00:45:06où ça en est.
00:45:07Donc, c'est une histoire simple.
00:45:08Dans l'ordre,
00:45:09nous allons demander
00:45:10la création de ce fichier
00:45:11des enfants disparus.
00:45:13Nous allons demander
00:45:14à ce que les prélèvements ADN
00:45:16des enterrés sous X
00:45:17soient mis dans un fichier
00:45:18comme c'est prévu
00:45:20par la loi
00:45:21et que ce fichier soit créé.
00:45:22Ensuite, on comparera
00:45:23les deux fichiers
00:45:24parce que peut-être
00:45:25qu'on recherche
00:45:26des enfants disparus
00:45:27qui sont enterrés
00:45:28dans le village d'à côté
00:45:29sous X.
00:45:30Ça s'est passé ?
00:45:31Ça s'est passé déjà.
00:45:32Il y a au moins un exemple.
00:45:34Dans l'affaire Émile-Louis.
00:45:36Ça serait quand même
00:45:37dans l'intérêt de l'État
00:45:38de mettre en place un système
00:45:39que ça va peut-être
00:45:40coûter un petit peu d'argent.
00:45:42Mais ça coûte certainement
00:45:43moins cher
00:45:44que de monopoliser
00:45:46l'intervention
00:45:47de magistrats de services
00:45:49d'enquête
00:45:49qui tournent en rond
00:45:50parce qu'ils n'ont pas fait
00:45:51d'une vérification élémentaire
00:45:52comme celle-là.
00:45:53Ça leur coûtera moins cher.
00:45:55Puis en plus,
00:45:55s'ils aillent à se faire condamner
00:45:56aussi, ça leur coûtera moins cher.
00:45:58Et donc,
00:45:59ça c'est les deux,
00:45:59les premières pistes
00:46:00et ensuite la création
00:46:02d'une fondation
00:46:02qui s'occupera
00:46:03des problèmes
00:46:04de disparition d'enfants.
00:46:05Là, c'est beaucoup
00:46:06plus compliqué
00:46:07et j'ai besoin
00:46:08d'être sûr
00:46:09que l'association
00:46:10me suit dans ce combat.
00:46:12Et pour ne pas être
00:46:12uniquement à charge,
00:46:13on va dire,
00:46:14est-ce que ça ne peut pas être
00:46:14non plus un problème d'époque ?
00:46:16En 2003,
00:46:17on n'a pas les moyens d'aujourd'hui.
00:46:17Parce que ce même service,
00:46:19l'APJ Versailles,
00:46:20qui a totalement raté l'enquête
00:46:22sur la disparition
00:46:23de votre fille,
00:46:24a été brillant
00:46:24dans la mort de la petite Louise
00:46:28il y a quelques mois de ça.
00:46:30En 72 heures,
00:46:31ils ont retrouvé l'auteur présumé,
00:46:33un jeune garçon qui s'appelle
00:46:33Anne.
00:46:34Et 72 heures,
00:46:36donc est-ce que ça ne peut pas être
00:46:37aussi un problème d'époque ?
00:46:38Parce qu'on n'avait pas
00:46:39les mêmes moyens qu'aujourd'hui.
00:46:40Et pardon de vous interrompre
00:46:41un peu brutalement comme ça,
00:46:43mais je ne crois pas.
00:46:44Et j'apporte un bémol
00:46:45sur ce que vient de dire
00:46:46M. Mouzin,
00:46:47il ne faut pas personnaliser
00:46:48les choses.
00:46:48Moi, j'ai toujours,
00:46:49en 41 ans,
00:46:50j'ai toujours vu des PJ
00:46:52qui travaillaient remarquablement bien.
00:46:54L'exemple que vous avez donné,
00:46:55ce n'est qu'un exemple
00:46:56parmi d'autres.
00:46:57Je n'ai jamais eu
00:46:57à me plaindre
00:46:58d'une quelconque inefficacité
00:47:00des enquêteurs d'APJ.
00:47:02C'est la première fois
00:47:03que je vois
00:47:03un tel travail bâclé,
00:47:05pour reprendre votre expression,
00:47:06qui est parfaitement juste.
00:47:07Pourquoi ?
00:47:07Là, c'est un problème de personne.
00:47:09Vous avez affaire
00:47:09à des enquêteurs
00:47:10qui ne sont pas bons.
00:47:11Vous avez affaire
00:47:12à un directeur
00:47:13qui n'est peut-être pas forcément
00:47:14à la hauteur,
00:47:15me semble-t-il.
00:47:17C'est très subjectif
00:47:18ce que je dis,
00:47:18mais je le dis
00:47:19comme je le pense.
00:47:20Ils sont rentrés
00:47:21dans cette espèce
00:47:21d'effet tunnel
00:47:22avec l'innocence
00:47:24de Fourniré
00:47:25et n'ont pas voulu
00:47:26en démordre.
00:47:27Peut-être un peu
00:47:27un complexe de supériorité aussi.
00:47:29On ne va pas quand même
00:47:30se faire apporter l'affaire
00:47:31sur un plateau
00:47:32par la police judiciaire belge
00:47:33ou par une petite
00:47:34police judiciaire de France.
00:47:35On y arrivera nous-mêmes.
00:47:36C'est à ce que vous dites.
00:47:37On y arrivera
00:47:38par nos propres moyens.
00:47:38On est quand même
00:47:39la grande plaisir.
00:47:39Il y a tout ça.
00:47:41Et puis le déni.
00:47:42Il y a le déni de grossesse,
00:47:43ça existe,
00:47:44tout le monde le sait,
00:47:44mais il y a le déni de vérité.
00:47:46Encore aujourd'hui,
00:47:47après la condamnation
00:47:48de Monique Olivier,
00:47:50encore aujourd'hui,
00:47:50il y a des enquêteurs
00:47:51qui étaient sur l'affaire
00:47:53d'Estelle Mouzin
00:47:54qui sont presque persuadés
00:47:56que ce n'est pas Fourniré
00:47:57ni Olivier.
00:47:58Alors qu'il y a de l'ADN partiel,
00:48:00il y a les aveux de Fourniré,
00:48:01les aveux précis
00:48:01et circonstanciels
00:48:02de Monique Olivier.
00:48:03C'est vous dire
00:48:03à quel point
00:48:04ils sont en dessous de tout.
00:48:05Michel,
00:48:06vous voulez rajouter quelque chose ?
00:48:09Je ne dirais pas qu'ils ne sont pas bons.
00:48:11Parce qu'effectivement,
00:48:11ils ont résolu plein d'enquêtes
00:48:13et c'est quand même
00:48:14un des problèmes
00:48:14de service de PJ de France.
00:48:17Ils se sont trompés
00:48:18sur cette affaire-là
00:48:18et ils ont persisté
00:48:20dans les...
00:48:21Ça peut arriver.
00:48:22Mais il peut y avoir
00:48:23un contre-pouvoir quelque part,
00:48:25par exemple,
00:48:25un juge d'instruction
00:48:26au procureur
00:48:26qui leur dit
00:48:27« Regardez ! »
00:48:28Et ça n'a pas fonctionné.
00:48:29Pourquoi ça a marché en Belgique ?
00:48:31Parce qu'en Belgique,
00:48:32on a un système différent
00:48:32et que la PJ est rattachée
00:48:34au ministère de la Justice
00:48:35et que c'est
00:48:36les mêmes enquêteurs
00:48:37qui ont interrogé
00:48:39Monique Olivier
00:48:39pendant un an,
00:48:40120 interrogatoires
00:48:41pour la faire avouer.
00:48:43Et derrière,
00:48:44Michel Fourniré a avoué.
00:48:46Et c'est pas...
00:48:48Et en France,
00:48:49c'est pas les enquêteurs
00:48:50qui gardent une enquête
00:48:51pendant 48 heures.
00:48:52Ensuite,
00:48:52c'est le juge d'instruction
00:48:53qui prend le relais.
00:48:54Quand vous avez 10 juges d'instruction,
00:48:55vous n'avez pas de patron d'enquête.
00:48:57C'est ça le problème.
00:48:58Merci.
00:48:58Merci infiniment
00:48:59à tous les trois.
00:49:00Merci d'être venu parmi nous,
00:49:01Éric Mouzin.
00:49:02Puisse votre combat
00:49:03en éclairer d'autres
00:49:04et permettre ainsi
00:49:05aux choses de bouger
00:49:06dans le bon sens.
00:49:07C'est ce qu'on souhaite à tout le monde.
00:49:09Merci à tous les trois.
00:49:10Merci de vos lumières.
00:49:11Il est 14h02.
00:49:13Affaire suivante continue.
00:49:15Nous allons maintenant évoquer
00:49:16le cas de Michel Pial,
00:49:18ce père de famille
00:49:19renvoyé aux Assises
00:49:20pour avoir tué sa femme,
00:49:21Karine Esquivillon.
00:49:23Il a d'abord expliqué
00:49:23que c'était une disparition volontaire
00:49:25avant d'avouer
00:49:26et d'avouer la thèse accidentelle.
00:49:29Leur fille,
00:49:29Eva-Louise,
00:49:30est notre invitée
00:49:30avec son avocat.
00:49:31Dans un instant,
00:49:32mais tout de suite,
00:49:33le rappel de cette affaire
00:49:34avec Pierre-Louis Bousset.
00:49:37Quand Michel Pial
00:49:38nous reçoit chez lui
00:49:39en mai 2023,
00:49:40il nous l'affirme
00:49:40droit dans les yeux.
00:49:42Sa compagne,
00:49:42Karine Esquivillon,
00:49:43alors portée disparue
00:49:44depuis près de deux mois,
00:49:45est partie volontairement
00:49:47du domicile familial.
00:49:48Il nous décrit également
00:49:49un SMS
00:49:50qu'elle aurait envoyé
00:49:51à l'une de ses filles.
00:49:52Je pars d'un petit pays
00:49:54à côté de la France,
00:49:55il fait chaud.
00:49:56Ne vous inquiétez pas,
00:49:57je suis accompagné
00:49:58et quelqu'un me conduit.
00:49:59Placé en garde à vue
00:50:00un mois plus tard,
00:50:01Michel Pial avoue finalement
00:50:02avoir tué Karine Esquivillon.
00:50:04Il a effectivement donné
00:50:06sa version consistant
00:50:07à expliquer
00:50:08qu'il s'agissait d'un accident.
00:50:09C'était une garde à vue
00:50:10très éprouvante
00:50:10sur le plan psychologique.
00:50:12Il est épuisé physiquement
00:50:13également,
00:50:14mais il est soulagé
00:50:14d'avoir pu donner
00:50:15sa version des faits
00:50:17et d'avoir pu livrer
00:50:18ce qu'il avait sur la conscience.
00:50:20Michel Pial,
00:50:20tireur sportif,
00:50:21affirme qu'il manipulait
00:50:22une carabine
00:50:23en vue de la vendre
00:50:24sur Internet
00:50:25quand un coup de feu
00:50:26a été tiré par accident
00:50:27en direction de Karine Esquivillon.
00:50:29Le parquet de son côté
00:50:30est convaincu
00:50:31que l'homicide
00:50:32est intentionnel
00:50:32pour plusieurs ans.
00:50:34Notamment le fait
00:50:35que l'arme du mari
00:50:36était munie d'un silencieux
00:50:37ou que Michel Pial
00:50:38n'a jamais appelé
00:50:39les secours.
00:50:40Mais aussi car
00:50:41selon les enfants du couple,
00:50:42Karine Esquivillon
00:50:43était sous l'emprise
00:50:44de son conjoint,
00:50:45une forme d'absence
00:50:46de liberté pour leur mère.
00:50:47Le parquet ajoute aussi
00:50:48que c'est Michel Pial
00:50:49qui avait envoyé les SMS
00:50:51faisant croire
00:50:52au départ volontaire
00:50:52de son épouse.
00:50:54Un scénario conçu
00:50:55pour gagner du temps
00:50:55et dissimuler
00:50:56des éléments de preuve.
00:50:58Michel Pial
00:50:59doit être renvoyé
00:51:00devant la cour d'assises
00:51:01de Vendée
00:51:01pour meurtre sur conjoint.
00:51:03Il encourt
00:51:03la réclusion criminelle
00:51:04à perpétuité.
00:51:05J'accueille à présent
00:51:07la fille de Karine Esquivillon
00:51:08et de Michel Pial,
00:51:09Eva-Louise.
00:51:10Merci d'avoir accepté
00:51:11notre invitation
00:51:12et à vos côtés
00:51:12votre avocate
00:51:13Pauline Rongier.
00:51:14Merci aussi
00:51:15pour nous aider
00:51:16à démêler un peu
00:51:17la personnalité,
00:51:18la psychologie
00:51:18de l'accusé,
00:51:20les lumières
00:51:20de Johanna Rosenboom.
00:51:22Alors,
00:51:22Eva-Louise,
00:51:23d'abord,
00:51:23comment est-ce que vous avez
00:51:24accueilli ce renvoi
00:51:25devant les assises ?
00:51:26Est-ce qu'on peut parler
00:51:27de soulagement ?
00:51:27Est-ce que vous avez
00:51:28une soif de justice ?
00:51:30Comment est-ce que vous
00:51:30réagissez ?
00:51:32C'est un énorme soulagement
00:51:33parce que ça reste
00:51:35quand même des procédures
00:51:35qui sont longues,
00:51:37très douloureuses,
00:51:37pénibles,
00:51:39beaucoup de questions
00:51:40qui sont souvent
00:51:40sans réponse
00:51:41et cette peur
00:51:42de cette thèse d'accédant
00:51:43et que ces mensonges
00:51:44passent
00:51:45et soient validés.
00:51:47Donc non,
00:51:47c'est vraiment
00:51:48un soulagement.
00:51:49On se dit que le plus gros
00:51:50effet,
00:51:51en tout cas sur cette partie-là...
00:51:52Le plus dur ?
00:51:54Le plus dur,
00:51:54je ne pense pas.
00:51:55Je pense que ça sera
00:51:55quand même le procès.
00:51:56On aura certaines réponses
00:51:58à des questions
00:51:58ou alors on va devoir
00:52:00faire le deuil
00:52:00aussi de certaines réponses
00:52:02également.
00:52:03Donc je pense que le procès
00:52:03sera le plus dur
00:52:04d'être en face de lui,
00:52:05de refaire chaque fait,
00:52:07chaque point,
00:52:09aussi devant d'autres personnes
00:52:10autour
00:52:10et pas chez soi.
00:52:12Donc je pense que ça va
00:52:12être la partie
00:52:13la plus difficile
00:52:13mais en tout cas
00:52:14le plus gros
00:52:14d'un point de vue administratif
00:52:16ce genre de choses
00:52:17est fait
00:52:18et c'est un grand soulagement
00:52:19et ça permet d'avoir
00:52:20beaucoup d'espoir
00:52:21pour le procès en tout cas.
00:52:22Est-ce que je peux
00:52:23vous poser la question
00:52:23et quel est l'état
00:52:24de vos relations
00:52:25avec votre père
00:52:26Michel Pial
00:52:27au début
00:52:27quand votre mère disparaît ?
00:52:29Comment ça se passe ?
00:52:30Qu'est-ce qu'il vous dit
00:52:30précisément ?
00:52:32Et on rappelle
00:52:32pour les téléspectateurs
00:52:33à l'époque déjà
00:52:33vous n'habitez plus
00:52:34chez eux.
00:52:36Comment ça se passe aujourd'hui ?
00:52:37C'est ça.
00:52:37Alors concernant du coup
00:52:39mon géniteur
00:52:39j'étais pas forcément
00:52:40en très bon lien
00:52:41avec lui déjà avant.
00:52:43On se parlait pas forcément
00:52:43plus que ça.
00:52:44J'étais beaucoup plus proche
00:52:45de ma mère.
00:52:46Et suite à tout ça
00:52:47il a commencé à appeler
00:52:49du coup tous les jours
00:52:50pour demander
00:52:50si j'avais des nouvelles d'elle.
00:52:53On me parlait
00:52:53que c'était compliqué
00:52:54fatigué
00:52:54donc ça a été
00:52:55deux mois et demi
00:52:56en fait de cauchemars
00:52:58en toute franchise.
00:53:00C'est beaucoup de pression
00:53:01psychologique
00:53:01parce qu'à la fois
00:53:02on nous recommande
00:53:03de pas remonter en Vendée
00:53:04parce que ça a été
00:53:05les recommandations
00:53:05qu'on a eues
00:53:06de mes grands frères
00:53:07de pas remonter en Vendée
00:53:08pour ne pas gêner
00:53:09le travail
00:53:10des enquêteurs
00:53:11qui ont très bien
00:53:13fait leur travail
00:53:13mine de rien là-dessus.
00:53:14Mais c'est compliqué
00:53:15pendant deux mois et demi
00:53:16de rester là où on est.
00:53:17Vous l'appelez votre géniteur
00:53:18et vous portez le nom
00:53:19de votre maman.
00:53:20Exactement.
00:53:21Et ça c'est totalement volontaire.
00:53:22Totalement.
00:53:23Totalement assumé.
00:53:24Dans les rédactions
00:53:25quand on travaille
00:53:26sur des dossiers
00:53:26comme celui-ci
00:53:27John est avec nous
00:53:29Pauline,
00:53:30chef du service
00:53:30police-justice
00:53:31maître
00:53:32nous on a
00:53:32parfois des doutes
00:53:33on se dit
00:53:34c'est vrai que la première fois
00:53:35qu'on entend Michel Pial parler
00:53:36on se dit
00:53:37bizarre
00:53:38un peu comme quand on entend
00:53:39on voit les larmes
00:53:42de Jonathan Daval
00:53:43vous voyez
00:53:43bizarre
00:53:44on peut le faire aussi
00:53:45pour Cédric Jubilard
00:53:46qui est innocent
00:53:47puisqu'il n'est pas encore jugé
00:53:48est-ce que vous avez des doutes
00:53:51et si oui
00:53:52à quel moment
00:53:52vous commencez à avoir des doutes ?
00:53:54Tout de suite.
00:53:55C'est quoi tout de suite ?
00:53:56C'est quand alors ?
00:53:57Tout de suite quand il m'appelle
00:53:57déjà dans le bus
00:53:58je suis en état de choc
00:53:59et c'est en rentrant
00:54:01où je me dis
00:54:01il y a quelque chose qui ne va pas
00:54:02ça ne tourne pas rond
00:54:04ce n'est pas dans le comportement
00:54:05de ma mère
00:54:06même lui
00:54:07les propos qu'il utilise
00:54:08les mots qu'il utilise
00:54:09il n'y a rien qui va
00:54:09il n'y a rien qui colle
00:54:10du coup au début
00:54:11c'est un état de choc
00:54:12on le sait au fond de nous
00:54:14mais on veut quand même
00:54:14avoir ce déni
00:54:15et c'est ensuite
00:54:16quand je vais voir les gendarmes
00:54:17et qu'il y a la première audience
00:54:18donc dans le cas
00:54:19d'une disparition
00:54:20donc là on n'aborde même pas
00:54:21le sujet potentiel
00:54:23de meurtre
00:54:24ou quoi que ce soit
00:54:25même par un élément extérieur
00:54:26on parle vraiment
00:54:27de pourquoi votre maman
00:54:28serait partie
00:54:29et là il me pose la question
00:54:30est-ce que vous pensez
00:54:31qu'il lui est arrivé quelque chose
00:54:32je leur dis vraiment oui
00:54:33Et quand vous l'entendez
00:54:34nous parler à BFM
00:54:36la longue interview
00:54:37vous l'avez forcément écoutée
00:54:38vous dites quoi ?
00:54:39Mais c'est de la torture
00:54:40en fait
00:54:41c'est deux mois et demi
00:54:42en fait de torture
00:54:43en fait on le voit
00:54:44se mettre en spectacle
00:54:45on le voit parler
00:54:46on le voit même
00:54:46c'est trop court
00:54:47Il nous fait visiter le jardin
00:54:48la maison
00:54:49C'est une angoisse
00:54:51On va y revenir avec Johanna
00:54:53mais je voulais vous montrer
00:54:53le premier SMS
00:54:54du 14 mars 2023
00:54:56Je m'en vais
00:54:57je n'en peux plus
00:54:57je veux une vie de femme aimée
00:54:59et pas une vie
00:55:00de famille sans amour
00:55:02ça peut pas être votre maman
00:55:03qui écrit ce SMS
00:55:04pourquoi ?
00:55:05C'est pas sa façon d'écrire
00:55:06déjà pour commencer
00:55:07ma mère ne parle quasiment pas
00:55:09en SMS
00:55:10elle était plutôt appel
00:55:11et elle aurait jamais fait
00:55:12les choses comme ça
00:55:13déjà pour commencer
00:55:14et en plus
00:55:15sa vie de femme
00:55:16ça va être très dur
00:55:18ce que je vais dire
00:55:18mais elle l'avait vraiment
00:55:20mise de côté
00:55:20pour les enfants
00:55:21énormément
00:55:22dont pour mon petit frère
00:55:23qui était en situation
00:55:23de handicap
00:55:24Il y avait deux petits-enfants
00:55:25qui vivaient avec eux
00:55:26à ce moment-là
00:55:27exactement
00:55:27et pour elle
00:55:30c'était les enfants
00:55:30sa vie
00:55:31et elle s'occupait de nous
00:55:32et elle était là pour nous
00:55:33donc jamais elle serait partie
00:55:34déjà comme ça
00:55:35en laissant du coup
00:55:36mon petit frère
00:55:37et ma petite soeur
00:55:37déjà pour commencer
00:55:38et ensuite avec ma mère
00:55:40on était proche
00:55:40et on parlait très souvent
00:55:41et plusieurs fois
00:55:42des fois on allait faire
00:55:43les boutiques ensemble
00:55:44je disais
00:55:45mais t'es quand même une femme
00:55:45t'es notre mère
00:55:46certes
00:55:46mais t'es une femme
00:55:47et donc jamais
00:55:48elle aurait fait les choses
00:55:49comme ça
00:55:49et pour moi
00:55:50ça prouve encore plus
00:55:51que c'est prémédité
00:55:52de sa part
00:55:52et que c'est quelque chose
00:55:54qui est recherché
00:55:55depuis un moment
00:55:56Ce qui est déroutant
00:55:57moi je trouve
00:55:57c'est l'attitude
00:55:58de votre géniteur
00:55:59pour reprendre vos mots
00:56:00qui pendant deux mois
00:56:01va entretenir
00:56:01cette piste
00:56:02de disparition volontaire
00:56:03et il reçoit
00:56:05les journalistes
00:56:06à la maison
00:56:06et Johanna
00:56:09il y a des choses
00:56:09qui le trahissent
00:56:10selon vous
00:56:11comment est-ce qu'on peut lire
00:56:12justement
00:56:12cette longue interview
00:56:13qu'il donne aux journalistes
00:56:14cette place qu'il donne
00:56:15aux médias
00:56:15est-ce qu'on peut décrypter
00:56:18avec vous
00:56:18et les mots
00:56:19et la gestuelle ?
00:56:20C'est vrai que très rapidement
00:56:21on se rend compte
00:56:22qu'il a ce plaisir
00:56:24à être le personnage principal
00:56:27et l'attention
00:56:28est directement tournée sur lui
00:56:29et c'est vrai Dominique
00:56:30l'évoqué
00:56:30quand il reçoit
00:56:31les caméras de BFM
00:56:32il fait visiter
00:56:33il est dans son jardin
00:56:35il parle à ses voisins
00:56:36il y a quelque chose
00:56:36d'extrêmement théâtral
00:56:38il est très à l'aise
00:56:39et chez les personnes
00:56:40qui sont dans l'affabulation
00:56:41il y a comme ça
00:56:42un excès
00:56:43de gestuels
00:56:44de détails
00:56:45il va parler
00:56:46à la minute près
00:56:47des sms
00:56:48qu'il aurait reçus
00:56:50il va montrer
00:56:50les détails
00:56:51de sa cuisine
00:56:51tout en faisant
00:56:52un café
00:56:53en faisant des grands gestes
00:56:54et ce qui est très intéressant
00:56:55et ce que font aussi
00:56:56les comportementalistes
00:56:57c'est d'écouter le discours
00:56:58sans l'image
00:56:59puis regarder l'image
00:57:00sans le discours
00:57:01quand vous écoutez le discours
00:57:02il est évidemment
00:57:03extrêmement effrayant
00:57:04il parle de sa femme
00:57:05qui a disparu
00:57:06dis-nous ce qui est arrivé
00:57:07pense à tes enfants
00:57:08il y a quelque chose
00:57:09d'extrêmement dramatique
00:57:11encore une fois
00:57:11extrêmement théâtral
00:57:12et puis si vous regardez
00:57:13l'image de Michel Pial
00:57:14qui s'adresse directement
00:57:16aux caméras
00:57:16vous ne pouvez pas
00:57:18vous douter une seconde
00:57:19qu'il prononce ces mots
00:57:20il n'est pas souriant
00:57:21mais il est extrêmement à l'aise
00:57:23il n'y a rien de l'ordre
00:57:24de la sidération
00:57:25dans sa posture
00:57:27et dans son langage
00:57:27non-verbal
00:57:28et donc c'est cette incongruence
00:57:30qui va venir attirer l'attention
00:57:32alors lui il persiste
00:57:33jusqu'à sa garde à vue
00:57:33et ses aveux
00:57:34mais là
00:57:35Maître il va donner aussi
00:57:36une version étonnante
00:57:37de l'affaire
00:57:37parce qu'il avance
00:57:39la thèse d'un accident
00:57:40il manipulait une carabine
00:57:42dit-il
00:57:43avec silencieux
00:57:44et le coup est parti tout seul
00:57:45je le cite
00:57:45un accident
00:57:46bête et con
00:57:47alors la première question
00:57:49qu'on se pose tous
00:57:50c'est pourquoi est-ce que
00:57:50il n'appelle pas les secours
00:57:52ou il n'appelle pas la police
00:57:53si vraiment c'est un accident
00:57:54non Dominique ?
00:57:54c'est pas ce que Pierre
00:57:55que ça
00:57:55parce qu'il dit
00:57:56je photographiais la carabine
00:57:57c'est ça
00:57:58il prenait une photo
00:57:59de la carabine
00:57:59et le coup est parti
00:58:00oui c'est ça
00:58:01et alors ce qui est aussi
00:58:02intéressant de préciser
00:58:03c'est que cette version
00:58:04cette nouvelle version
00:58:05il ne la donne
00:58:06qu'après avoir eu
00:58:07l'intégralité du dossier
00:58:08c'est-à-dire qu'il a d'abord
00:58:10sa toute première version
00:58:11celle qu'il avait prémédité
00:58:13mise en place
00:58:13est construite
00:58:14qui est de dire
00:58:15elle est partie
00:58:16elle a abandonné ses enfants
00:58:17etc.
00:58:17donc en plus quelque chose
00:58:18qui est dévalorisant pour elle
00:58:19et valorisant pour lui
00:58:21qui se retrouve
00:58:22pauvre père seul
00:58:23à élever les enfants
00:58:25puis une fois que
00:58:27les enquêteurs
00:58:28lui mettent devant les yeux
00:58:29tous les éléments
00:58:30accablants
00:58:31qu'il y a contre lui
00:58:32parce que c'est vraiment
00:58:32là
00:58:33c'est massif
00:58:34notamment en termes
00:58:36de téléphonie
00:58:37et bien
00:58:38il finit donc
00:58:39par
00:58:40aller vers les aveux
00:58:42que l'on connaît
00:58:43au moment de la garde à vue
00:58:44mais c'est seulement
00:58:45plusieurs semaines plus tard
00:58:46qu'il demande
00:58:46à être auditionné
00:58:47et qu'il livre
00:58:48cette version
00:58:49de l'accident
00:58:50qui ne tient pas
00:58:52une seule seconde
00:58:53il y a énormément
00:58:54de contradictions
00:58:55entre cette version
00:58:56et les éléments matériels
00:58:57du dossier
00:58:58Et Valouise
00:58:59vous cette thèse
00:58:59de l'accident
00:59:00c'est la torture continue
00:59:02pour reprendre vos mots
00:59:03comment ça se passe
00:59:03comment est-ce que vous l'envisagez
00:59:05pas sérieusement du tout
00:59:06pas du tout
00:59:07et encore une fois
00:59:08c'est de la torture
00:59:09dans le sens
00:59:10où on se dit
00:59:10que jusqu'au bout
00:59:11il va continuer à mentir
00:59:12jusqu'au bout
00:59:13il va vouloir garder ses réponses
00:59:14et jusqu'au bout
00:59:15il va continuer
00:59:16à faire du mal
00:59:17et on le voit
00:59:19même dans la procédure
00:59:20où là je remercie du coup
00:59:22mon avocate
00:59:22qui a fait une demande
00:59:23pour éviter d'avoir
00:59:24des contacts avec lui
00:59:25parce qu'également
00:59:26on reçoit des lettres
00:59:27j'en ai reçu
00:59:28où il continue de dire
00:59:30que ce n'est pas
00:59:30ce qu'il voulait faire
00:59:31qu'il pense à moi
00:59:32qu'il m'aimait
00:59:33ce genre de choses
00:59:34donc
00:59:34ça c'est insupportable
00:59:36c'est horrible
00:59:36déjà juste
00:59:37quand vous recevez le courrier
00:59:38que vous voyez le destinataire derrière
00:59:39déjà vous vous effondrez
00:59:40vous auriez pu ne pas les lire
00:59:41ces lettres ?
00:59:43j'aurais pu ne pas les lire
00:59:44mais comment ne pas les lire
00:59:45en disant peut-être
00:59:46qu'il y aurait une réponse dedans
00:59:47à toutes ces questions
00:59:48qui tournent en tête
00:59:49c'est quoi vos questions
00:59:50c'est quoi vos questions
00:59:51qui tournent dans votre tête ?
00:59:52qu'est-ce qui lui a fait subir exactement ?
00:59:55déjà pour commencer
00:59:55est-ce qu'elle a eu mal ?
00:59:56est-ce qu'elle a souffert ?
00:59:57est-ce qu'elle a été toute seule ?
00:59:58est-ce qu'elle a essayé
00:59:59de s'enfuir ?
01:00:00est-ce qu'elle a pensé à nous ?
01:00:02pourquoi avoir fait ça ?
01:00:04dans quelles conditions ?
01:00:05qu'est-ce qu'il lui a fait exactement ?
01:00:06c'est plein de questions
01:00:07comme ça en fait
01:00:07donc oui le procès est nécessaire
01:00:09oui le procès est nécessaire
01:00:10quand on voit toutes ces questions
01:00:12et il vous demande pardon ?
01:00:14il ne demande pas forcément pardon
01:00:15il dit juste que
01:00:16pour lui
01:00:17il n'avait jamais fait ça
01:00:18et que ce n'est pas lui
01:00:19et qu'il savait que je savais
01:00:21que ce n'était qu'un accident
01:00:22donc encore une fois
01:00:23il y a cette manipulation
01:00:24qu'il essaye même par les lettres
01:00:25et c'est vrai que c'est compliqué
01:00:27parce que je ne m'attendais déjà pas
01:00:28à recevoir de l'aide de lui
01:00:29parce que je ne voulais pas de contact
01:00:30et j'en ai quand même reçu
01:00:32et c'est là où
01:00:33du coup mon avocate a fait cette demande
01:00:34parce qu'il faut savoir
01:00:35que dans ce genre de dossier
01:00:37la demande il faut qu'on la fasse
01:00:39mais maître on ne peut pas interdire
01:00:41à un père d'écrire à sa fille
01:00:42même s'il est le meurtrier
01:00:43de la mère de sa fille
01:00:43alors bien sûr
01:00:44déjà parce qu'elle est
01:00:45présumée
01:00:46présumée merci
01:00:47meurtrier présumée
01:00:48déjà parce qu'elle est victime
01:00:50dans ce dossier
01:00:51elle est partie civile
01:00:52et puis parce qu'elle est témon
01:00:54finalement aussi
01:00:55du comportement
01:00:56que son père avait avec sa mère
01:00:57donc évidemment
01:00:59effectivement
01:01:00Eva-Louise d'ailleurs
01:01:00parle de manipulation
01:01:01et c'est bien cela
01:01:03ce n'est pas une lettre
01:01:04d'un père aimant à sa fille
01:01:05ce n'est pas d'ailleurs
01:01:06une lettre dans laquelle
01:01:07il se soucie d'elle
01:01:08c'est une lettre
01:01:09qui a pour but
01:01:10de la manipuler
01:01:10de la contrôler
01:01:11et finalement
01:01:12le contrôle
01:01:13qu'il avait mis en place
01:01:14à l'égard de Karine
01:01:15et bien
01:01:16une fois qu'il l'a tuée
01:01:18il le met en place
01:01:19avec une force
01:01:20tout aussi importante
01:01:21à l'égard des enfants
01:01:22et c'est bien
01:01:24aujourd'hui
01:01:25d'ailleurs
01:01:25sur toute cette période
01:01:27qui suit
01:01:27le meurtre
01:01:29ou l'assassinat
01:01:30qu'on estime
01:01:32avec Eva-Louise
01:01:32qu'il y aurait besoin
01:01:33aussi d'une enquête
01:01:34pour toutes ces violences psychologiques
01:01:35qui ont été infligées aux enfants
01:01:36il a quand même fait faire
01:01:38des cadeaux de fête des mères
01:01:39aux petits
01:01:40il appelait Eva-Louise
01:01:41tous les jours
01:01:42en faisant comme
01:01:43s'il était innocent
01:01:44enfin tout ça
01:01:45elle parle de torture
01:01:46et je pense que
01:01:46ce n'est pas
01:01:47un mot trop fort
01:01:48il y a des meurtriers
01:01:50présumés de leurs femmes
01:01:51qui sont horribles
01:01:53vraiment détestables
01:01:55mais lui c'est un personnage lisse
01:01:57comme la table
01:01:57comme la table de verre
01:01:58c'est un personnage lisse
01:01:59et c'est justement ça
01:02:01qui est traître
01:02:01tellement aimant
01:02:02avec sa femme
01:02:02et ses enfants
01:02:03qu'est-ce que vous aurez
01:02:04comme point d'accroche
01:02:05sur lui ?
01:02:05en fait si vous préférez
01:02:06vous avez la violence
01:02:07qui est certes physique
01:02:08où là quand la personne
01:02:09est mise derrière les barreaux
01:02:10vous êtes protégé
01:02:11de cette violence physique
01:02:11là-dessus je vous l'accorde
01:02:12mais quand l'arme
01:02:14de prédilection
01:02:14de la personne
01:02:15ce sont les mots
01:02:16en fait ça peut passer
01:02:17par tout et n'importe quoi
01:02:18que ce soit par une image
01:02:19par des mots
01:02:19par des lettres
01:02:20par une prestance
01:02:21et ça passe par tout ça
01:02:22et c'est là où en fait
01:02:23l'emprise psychologique
01:02:26est beaucoup plus traître
01:02:27parce qu'en fait
01:02:27cette image lisse
01:02:28que vous avez
01:02:29et qui peut renvoyer
01:02:30ou même auprès des victimes
01:02:31parce qu'on n'a pas de traces
01:02:31sur le corps
01:02:32je vous l'accorde entièrement
01:02:33mais c'est l'empreinte
01:02:35qui laisse au plus profond
01:02:36de la personne
01:02:37qu'est-ce qui se passait
01:02:38dans cette maison
01:02:38qu'on ne sache pas
01:02:39qu'on ignorait ?
01:02:40Les mensonges
01:02:41le fait d'avoir
01:02:42un cadre de vie
01:02:43qui n'est pas du tout
01:02:46plus tard
01:02:46certains codes sociaux
01:02:48que j'ai appris
01:02:48bien plus tard
01:02:49par exemple
01:02:50en exemple tout bête
01:02:52où le fait
01:02:53que sa mère
01:02:54n'ait jamais le droit
01:02:55de conduire
01:02:55n'est pas le droit
01:02:55d'avoir les clés
01:02:56de la boîte aux lettres
01:02:57le fait que sa mère
01:02:58n'ait pas le droit
01:02:59d'avoir des comptes
01:03:00qu'elle n'ait pas le droit
01:03:01d'avoir de carte bancaire
01:03:02c'est toute une situation
01:03:03où en fait
01:03:04l'emprise n'est pas physique
01:03:05à proprement parler
01:03:07mais elle le devient
01:03:07parce que tellement
01:03:08la violence psychologique
01:03:09et l'emprise
01:03:10prend de la place
01:03:11que ça en vient même
01:03:12sur du matériel physique
01:03:13donc là
01:03:14de ne pas avoir accès
01:03:14à une voiture
01:03:15de ne pas pouvoir conduire
01:03:16de ne pas pouvoir sortir
01:03:16de ne pas avoir de carte bancaire
01:03:17que son téléphone
01:03:18soit en permanence fouillé
01:03:20qu'elle n'ait pas
01:03:21de moment intime
01:03:23ou même de journal intime
01:03:24c'est quelque chose
01:03:25qui n'existait pas
01:03:26et vous dites
01:03:26on allait faire des courses ensemble
01:03:27mais on allait faire
01:03:28des courses ensemble
01:03:29parce qu'elle était avec vous
01:03:30elle était autorisée à sortir
01:03:31à la sauvette
01:03:31vous voulez dire en cachette
01:03:32oui
01:03:32par moments oui
01:03:33il n'était pas forcément en courant
01:03:35c'est plein de choses comme ça
01:03:36en fait
01:03:36où c'est vraiment une ambiance
01:03:37qui n'est pas saine
01:03:38qui n'est pas normale
01:03:39et ça en vient
01:03:39en impacter du coup le matériel
01:03:41mais c'est avant tout
01:03:42une violence qui est psychologique
01:03:43et cette image lisse
01:03:44que vous pouvez renvoyer
01:03:45auprès des personnes
01:03:46d'une famille par exemple normale
01:03:48qui va faire ses courses
01:03:49en réalité elle n'est pas le cas
01:03:50ce n'est pas du tout ça
01:03:51moi ce que je trouve très pervers
01:03:53et Johanna
01:03:53là j'ai besoin aussi de vos lumières
01:03:54c'est les messages échangés
01:03:55entre vos frères et soeurs
01:03:57petits ou vous-mêmes
01:03:58et les réponses apportées
01:04:00par le téléphone de votre mère
01:04:01alors on a compris
01:04:02que visiblement
01:04:03c'est pas elle qui les écrivait
01:04:05et bien ça
01:04:05est-ce que c'est toute la force
01:04:08toute la densité
01:04:08de la perversité
01:04:09et de la manipulation
01:04:10de cette accusation
01:04:11mais complètement évaluise
01:04:12on sent qu'il y a un gros travail
01:04:13que vous avez fait
01:04:14parce qu'elle explique très bien
01:04:15les mécanismes d'emprise
01:04:17et de manipulation
01:04:18on a chez ces personnalités
01:04:19qui ont un narcissisme
01:04:21extrêmement prononcé
01:04:22parce que c'est un homme
01:04:23qui montait beaucoup
01:04:24il était mythomane
01:04:24mais la mythomanie
01:04:25c'est pas un diagnostic
01:04:26c'est un symptôme
01:04:27qu'on retrouve beaucoup
01:04:27chez les personnes narcissiques
01:04:29qui mettent sous emprise
01:04:30qui manipulent
01:04:30il y a d'abord cette faculté
01:04:32à prendre le dessus
01:04:33avec les mots
01:04:34avec la pensée
01:04:35avec la psyché
01:04:36effectivement
01:04:37petit à petit
01:04:38on perd son libre arbitre
01:04:39son esprit critique
01:04:40toutes les décisions
01:04:41doivent passer par lui
01:04:42alors qu'il ne lève
01:04:43même pas la main
01:04:44et donc on se retrouve
01:04:45esselé
01:04:46isolé de son entourage
01:04:47c'est une maman
01:04:48qui veut continuer
01:04:49à protéger ses enfants
01:04:49les choses se font
01:04:50dans le secret
01:04:51et tout passe par lui
01:04:52et en fait
01:04:52c'est des hommes
01:04:53qui se nourrissent
01:04:54de cela
01:04:55et qui trouvent leur pouvoir
01:04:56en utilisant les autres
01:04:57comme un piédestal
01:04:58à mesure d'affaiblir
01:04:59son entourage
01:05:00ses enfants
01:05:01et sa propre femme
01:05:02c'est comme s'il montait
01:05:03sur un piédestal
01:05:04et lui-même
01:05:05est gagné en puissance
01:05:06comme s'il vampirisait
01:05:07un petit peu
01:05:08son environnement
01:05:08les personnes
01:05:09perdent de leur substance
01:05:10parce qu'elles sont
01:05:11appauvries psychiquement
01:05:13parce qu'elles ont peur
01:05:13parce qu'elles sont manipulées
01:05:14sous emprise
01:05:15et lui il est
01:05:16encore plus fort
01:05:17encore plus fort
01:05:17encore plus fort
01:05:18ce qui rend la situation
01:05:19extrêmement complexe
01:05:21et Eva-Louise
01:05:21lui dit très bien
01:05:22l'entourage ne se rend pas
01:05:23compte de ça
01:05:23donc il n'y a pas de trace
01:05:25c'est une famille
01:05:26qui est idéalisée
01:05:26par l'entourage
01:05:27et on voit bien
01:05:28quand M. Pial
01:05:29reçoit BFM
01:05:31et parle à ses voisins
01:05:32les voisins lui demandent
01:05:33comment il va
01:05:33et lui souhaitent
01:05:34bon courage
01:05:34parce qu'au final
01:05:35il passe pour la victime
01:05:37c'est ce qu'on appelle
01:05:37les blessures invisibles
01:05:38absolument
01:05:39vous en parlez
01:05:39avec une force impressionnante
01:05:41maître c'est un féminicide
01:05:42oui
01:05:44c'est un féminicide
01:05:45de plus
01:05:47puis un cas d'école
01:05:48puisque on voit
01:05:49tout ce que décrit
01:05:50Eva-Louise
01:05:50c'est vraiment
01:05:51le contrôle coercitif
01:05:52qu'on appelle aujourd'hui
01:05:54le contrôle coercitif
01:05:55de cette situation
01:05:56de femme
01:05:57qui est complètement
01:05:58dans une prison invisible
01:05:59qui est contrôlée
01:06:00qui ne peut pas partir
01:06:01et ce féminicide
01:06:03il est presque
01:06:04il est presque annoncé
01:06:05comme dans bien des cas
01:06:07et même s'il n'y a pas eu
01:06:08de violence physique
01:06:08et comme d'ailleurs
01:06:09dans la moitié
01:06:10des cas de féminicide
01:06:11le féminicide
01:06:12est le premier acte
01:06:13de violence physique
01:06:14j'ai l'impression
01:06:15que celui-ci
01:06:15à bord de votre maman
01:06:17c'est un féminicide
01:06:18vicieux
01:06:19sournois
01:06:20vous voyez
01:06:21pas brutal
01:06:21pas frontal
01:06:22mais
01:06:23lentement
01:06:25esquivé
01:06:26avant de
01:06:27avoir le passage
01:06:28à l'acte
01:06:29c'est exactement ça
01:06:30c'est
01:06:30j'ai envie de dire
01:06:33c'est le principe même
01:06:34de cette violence
01:06:35psychologique
01:06:35c'est toujours
01:06:37être vicieux
01:06:38se faufiler
01:06:39entre les mailles
01:06:40du filet
01:06:41appuyer là
01:06:42où ça fait mal
01:06:42savoir jouer
01:06:43sur quelle corde
01:06:44c'est exactement
01:06:44on va dire
01:06:45c'est
01:06:46c'est la finalité
01:06:47j'ai envie de dire
01:06:48de ce pervers
01:06:50qui
01:06:50ouais
01:06:52de cette perversité
01:06:53en fait
01:06:53c'est vraiment
01:06:53la finalité de tout ça
01:06:55c'est à essayer
01:06:56de passer
01:06:57comme un serpent
01:06:58qui va venir
01:06:58vraiment se faufiler
01:06:59pour le coup
01:07:00vous êtes d'une lucidité
01:07:01vraiment étonnante
01:07:04et je voulais savoir
01:07:05quel mot
01:07:06ou quel
01:07:07qu'est-ce que vous allez
01:07:08attendre de ce procès
01:07:09et je suis obligée
01:07:10de vous poser la question
01:07:11est-ce que le
01:07:12pardon est possible
01:07:13ou est-ce que
01:07:13de toute façon
01:07:14cet homme
01:07:15est sorti de votre vie
01:07:16vous ne portez pas son nom
01:07:17vous ne le porterez jamais
01:07:18et vous allez devoir
01:07:19l'affronter de toute façon
01:07:20au procès
01:07:20donc ça
01:07:20je vous rejoins
01:07:21ça va être une épreuve
01:07:22mais qu'est-ce que vous pouvez
01:07:23en attendre de cette étape
01:07:24judiciaire ?
01:07:25j'en attends déjà
01:07:26beaucoup de choses
01:07:27dans la justice
01:07:28pour ma mère
01:07:28qu'elle soit reconnue
01:07:29que cette violence
01:07:30psychologique
01:07:31soit reconnue aussi
01:07:32parce que c'est bien
01:07:32aujourd'hui on parle
01:07:33de plus en plus
01:07:33de la violence physique
01:07:34et je trouve ça très bien
01:07:35et on est aussi
01:07:37beaucoup plus sensibilisés
01:07:38même dans la rue
01:07:38les personnes
01:07:39quand ils voient une femme
01:07:40généralement avec des bleus
01:07:41vont avoir beaucoup plus
01:07:42l'attention sur elle
01:07:44mais cette violence psychologique
01:07:45on commence tout juste
01:07:46à en parler
01:07:47alors qu'elle est présente
01:07:48d'autant plus
01:07:48avec les réseaux sociaux
01:07:49cette manie du contrôle
01:07:50elle est vraiment présente
01:07:51pour le coup
01:07:52et c'est bien
01:07:52de commencer à alerter
01:07:53donc oui
01:07:54je recherche de la justice
01:07:55pour ma mère
01:07:55qu'elle soit reconnue
01:07:56comme telle
01:07:57mais je recherche aussi
01:07:59entre guillemets
01:08:01d'en faire un exemple
01:08:02et d'en tirer un positif
01:08:03en me disant
01:08:04que ça va peut-être
01:08:04pouvoir aider
01:08:05des personnes
01:08:06dans cette situation-là
01:08:07peut-être des filles
01:08:08des sœurs
01:08:09des mères
01:08:09des cousines
01:08:11ou des amis
01:08:12ou n'importe qui
01:08:13qui vont peut-être
01:08:13se reconnaître
01:08:14dans cette situation
01:08:15ou peut-être dans mes propos
01:08:15qui sont témoins
01:08:17vers la famille
01:08:18qui se disent
01:08:18ça dira peut-être
01:08:19jamais plus loin
01:08:20ou j'ai le temps
01:08:21de la sauver
01:08:21et de faire un peu
01:08:22c'est une alerte
01:08:23que vous lancez
01:08:24exactement
01:08:24c'est de la prévention
01:08:26c'est une alerte
01:08:26j'essaye en tout cas
01:08:27de me dire
01:08:28qu'il y a d'autres personnes
01:08:29qui vivent ça
01:08:29et il y en a énormément
01:08:30et si ma mère
01:08:33peut aider
01:08:33de là où elle est
01:08:34je veux bien aider
01:08:36vous avez une maturité
01:08:37impressionnante
01:08:38on a l'impression
01:08:38que vous avez grandi
01:08:39plus vite que les autres
01:08:39je vous demandais
01:08:40ce que vous faites
01:08:41dans la vie
01:08:42actuellement
01:08:43je suis assistante
01:08:43de direction
01:08:44au cinéma
01:08:45voilà
01:08:46toute notre vie
01:08:47est possible
01:08:48exactement
01:08:49compliquée
01:08:50la vie doit continuer
01:08:51c'est ça
01:08:52les conseils
01:08:53de ma mère
01:08:53mais c'est compliqué
01:08:54de vivre avec tout ça
01:08:56c'est compliqué
01:08:56de vivre aussi
01:08:57avec certaines séquelles
01:08:58c'est compliqué
01:08:58de vivre avec
01:08:59également un dossier pénal
01:09:01qui est en cours
01:09:02parce que pareil
01:09:02votre deuil
01:09:03vous le faites
01:09:03mais à retardement
01:09:04parce que tant
01:09:05que vous n'avez pas
01:09:05de réponse
01:09:06ou ce genre de choses
01:09:07vous ne pouvez pas
01:09:08faire votre deuil
01:09:09il faut être honnête
01:09:10aussi là dessus
01:09:10donc dans la vie
01:09:11c'est possible
01:09:12c'est compliqué
01:09:12il y a des séquelles
01:09:13il y a des questions
01:09:13sans réponse
01:09:14il y a des nuits
01:09:15de cauchemar
01:09:16il y a des nuits
01:09:16sans sommeil
01:09:17il y a des journées
01:09:18où on n'a pas envie
01:09:18de se lever
01:09:18mais on essaye quand même
01:09:20pour les personnes
01:09:20qui sont là
01:09:21donc mon petit frère
01:09:22ma petite soeur
01:09:23et pour mes amis
01:09:24qui sont incroyables
01:09:26pour le coup
01:09:27merci
01:09:27merci beaucoup
01:09:28vous êtes venus
01:09:29merci pour votre énergie
01:09:30merci à tous les trois
01:09:31d'être venus sur ce plateau
01:09:32merci à tous
01:09:33de nous avoir suivis
01:09:34Dominique et moi
01:09:34on se quitte plus
01:09:35on se retrouve dimanche prochain
01:09:37un nouveau numéro
01:09:38d'affaires suivantes
01:09:39et vous avez rendez-vous
01:09:39maintenant avec l'actualité
01:09:41et Anne Sefton
01:09:42merci à tous
01:09:42merci à tous
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