00:00BFM Business et RMC Live présentent la matinale de l'économie.
00:05Good morning business.
00:08On débriefe l'actualité économique du jour avec Robin Rivaton.
00:11Bonjour, président de l'EICI.
00:13C'est jour de suspension officielle de la réforme des retraites aujourd'hui,
00:16puisque ça va en Conseil des ministres tout à l'heure.
00:18Je ne sais pas si vous faites une petite fête ou pas, ou marquez le coup.
00:22En tout cas, ce qui est quand même fascinant, c'est ce déni démographique autour de la question des retraites.
00:26Il y avait des chiffres publiés dans les Echos hier qui disaient qu'entre 2018 et 2028,
00:31il y aura un million d'élèves de primaire et de maternelle en moins,
00:34ce qui veut dire qu'il n'y a plus d'enfants, donc à priori plus de gens pour financer les réformes des retraites.
00:38On refuse de voir ces chiffres, Robin.
00:40Oui, totalement.
00:40Quand on regarde les scénarios du Conseil d'orientation des retraites,
00:43on s'est écharpé sur ces chiffres il y a maintenant 12 mois en disant
00:47en fait les régimes sont à l'équilibre.
00:49Souvenez-vous, certains économistes ont eu plateau ouvert pour dire que tout allait bien,
00:52notamment M. Zemmour.
00:53En réalité, on voit bien que le déficit est déjà là
00:56et que les projections démographiques sur lesquelles sont basées ces projections du Conseil d'orientation des retraites,
01:01à la fois sur la productivité, sont fausses,
01:03parce qu'on a une productivité qui est beaucoup plus faible par rapport à ce qu'on attend,
01:07et à la fois en démographie, sont fausses aussi,
01:09puisqu'on voit bien que la natalité est en train de chuter à vitesse très très forte,
01:13que la France est en train de rattraper malheureusement les autres pays de l'Europe.
01:17Et cette exception, on était à deux enfants par femme,
01:19on était le seul pays d'Europe avec l'Irlande à deux enfants,
01:22on va être à 1,59 cette année, je pense, on enfonce la barre des 1,60,
01:26et la trajectoire, quand on regarde les désirs d'enfants,
01:29donc comment ils se projettent, on va finir à 1,4 d'ici 10 ans.
01:34Et donc, il peut y avoir des effets rebonds quand même,
01:38mais même si on était à 1,4, le scénario est plutôt construit autour d'1,8,
01:42donc on est très très très loin évidemment.
01:44– Maxime Sbaillé, il dit qu'il y a un refus collectif de voir que le pays a changé,
01:48c'est-à-dire qu'on refuse de voir qu'on va devenir un pays de vieux.
01:52– Oui, je pense qu'effectivement, c'est un peu comme toujours,
01:55on a du mal à abandonner ce qui était une force et une particularité française,
01:59qu'on a beaucoup mis en avant au début des années 2000,
02:03à l'inverse de l'Allemagne qui perdait 200 000 habitants par an,
02:05nous on avait cette croissance démographique,
02:07il y a eu plein de projections pour dire la France va rattraper l'Allemagne,
02:10donc je pense qu'on a un peu un inconscient à se dire,
02:12on abandonne une force ou quelque chose qui était une particularité positive de la France,
02:17et la réalité c'est qu'on rejoindra tout le monde très rapidement.
02:20– Mais ce qu'on voit, c'est qu'aucune politique de la natalité ne marche dans aucun pays.
02:24– Quasiment dans aucun pays dans le monde,
02:26les pays où on a mis en place des dispositifs les plus puissants,
02:28les plus incitatifs financièrement, que ce soit la Hongrie, la Pologne, la Corée du Sud,
02:33où on est monté jusqu'à 30 000 équivalents euros par enfant,
02:36ça a des impacts très légers, souvent conjoncturels,
02:41après la trajectoire reprend,
02:43et ce qui est intéressant c'est que c'est valable dans tous les pays dans le monde,
02:46vous avez l'Inde, aujourd'hui l'Inde est en dessous des 2,1 enfants par femme,
02:50donc ça veut dire que l'Inde de 2025 est au niveau de la France de 2010,
02:53c'est absolument dantesque.
02:56– C'est le grand vide qui nous attend.
02:57– C'est un grand vide qui nous attend,
02:58le seul continent qui aujourd'hui échappe un peu à ça c'est l'Afrique,
03:01l'Afrique subsaharienne, parce que les autres zones ou régions de l'Afrique,
03:06elles continuent de baisser, que ce soit l'Afrique des Grands Lacs ou l'Afrique du Nord,
03:10donc on va vers un grand vide effectivement.
03:12– Emmanuel Macron pousse l'idée que la réforme borne c'était pas la sienne,
03:16et ce qu'il voulait c'était la réforme à points,
03:18ça revient sur le devant de la scène,
03:19c'est reparti, la CFDT est pour,
03:21la CFTC aussi, la CGT non,
03:23est-ce que c'était la bonne réforme ?
03:25– Oui, ça aurait pu être une façon d'embarquer tout le monde
03:27en disant on fait un grand changement,
03:29et je pense qu'Emmanuel Macron dans son premier mandat
03:33aurait eu déjà l'occasion de le faire,
03:35il l'a repoussé au deuxième mandat,
03:36donc en perdant déjà beaucoup de légitimité,
03:38la question encore une fois,
03:40c'est les paramètres c'est sympa,
03:42mais il faut quand même réussir à décaler l'âge de départ à la retraite,
03:44donc on peut se raconter ce qu'on veut, se faire plaisir,
03:46quand les Danois vont vers 70 ans,
03:50les Italiens vers 67,
03:52on peut se raconter tout ce qu'on veut
03:53sur la borne des 62, des 63, des 64,
03:5664 n'est pas suffisant.
03:57– Il nous reste deux minutes,
03:59on a Meta qui a supprimé 600 postes
04:01dans l'intelligence artificielle,
04:03est-ce qu'ils avaient trop recruté ?
04:05Comment vous analysez ce signe ?
04:07– Alors, ce n'est pas du tout une volonté de Meta
04:09de refluer ou de ralentir ses investissements dans l'IA,
04:12Meta a choisi une autre stratégie,
04:13c'est-à-dire aujourd'hui on avait une grosse équipe d'IA
04:15pas assez spécialisée,
04:17qui ne produisait pas assez de résultats,
04:18il y a eu une très très grosse déception
04:19sur le modèle Yama de Meta,
04:23le Yama 4 a été assez mauvais,
04:25et donc Zuckerberg a changé totalement de stratégie,
04:28il n'a recruté que des nouveaux profils,
04:30une équipe beaucoup plus réduite.
04:32– Des stars ?
04:32– Voilà, des stars, en tout cas des gens payés très chers,
04:35après on verra s'ils sont capables de produire,
04:37mais ils ont un beau CV,
04:39donc Alexandre Wang de Scalea,
04:41la société qu'il a racheté,
04:42il a vidé de sa substance pour faire revenir…
04:44– Il a racheté le PDG quoi.
04:45– Il a racheté le PDG,
04:46une partie des équipes pour 49% du capital,
04:49ce qui lui permet de passer sous les fourches de l'antitrust,
04:51et puis après une vingtaine, trentaine, quarantaine de profils payés
04:55avec des pondors,
04:56on a vu ses offres à 200 millions de dollars,
04:58alors c'est beaucoup d'écoutis des actions de Meta,
05:01mais bon quand même,
05:02et donc par contre il comprime le reste des équipes,
05:05il l'avait déjà fait pour sa division Metaverse,
05:08réalité virtuelle, réalité augmentée il y a quelques années,
05:10Reality Labs,
05:13c'est une façon…
05:14On voit aussi que cette boîte est dirigée par son fondateur,
05:16donc c'est intéressant aussi,
05:17il a une majorité de droits de vote,
05:20malgré la majorité du capital,
05:22et il peut prendre des stratégies extrêmement audacieuses,
05:25aujourd'hui, après ça a des coûts,
05:27aujourd'hui Meta avait 30 milliards de cash,
05:30au début de l'année,
05:31ils ont zéro,
05:31ils ont tout cramé dans l'IA,
05:33dans beaucoup de data centers,
05:34mais on verra si cette stratégie est payante.
05:36– Merci beaucoup Romain d'être venu ce matin,
05:37dans la matinale de l'économie.
05:38– Merci.
05:39– Merci.