00:00BFM Business et RLC Découverte présente
00:02Good Morning Business, la matinale de l'économie
00:08On est avec Robin Rivaton, le président de Stone Hall et Essayiste pour débriefer l'actualité économique.
00:13Bonjour Robin.
00:13Bonjour.
00:14On a ce chiffre de la dette publique qui vient de tomber, qui dépasse les 3 400 milliards d'euros à 115% du PIB.
00:20Bon, c'est pas une surprise, mais quand même 3 400 milliards, ça interpelle quand même toujours.
00:24Ah bah oui, on voit la folle dérive de nos finances publiques et donc il faut s'endetter pour financer ce déficit.
00:30Alors après, la première partie de l'année est toujours plus mauvaise en finances publiques que la deuxième partie de l'année,
00:34donc on peut espérer plutôt un tassement d'ici le 31 décembre.
00:39Mais bon, il faut espérer que les recettes d'impôts sur les sociétés et d'impôts sur le revenu soient plutôt positives en fin d'année.
00:45Et ça, vu la conjoncture et l'inquiétude qu'on ressent dans les rangs patronaux, c'est pas gagné.
00:50Si on veut se rassurer ce matin, il y a quelque chose de très étonnant, il faut aller écouter le président chinois.
00:55Le président chinois qui se veut désormais un chantre de la transition verte.
00:58Il a dit hier à l'ONU qu'il fallait continuer à avoir une vision de long terme, même s'il y en avait qu'été réfractaire.
01:04Il parle de l'OMC en disant qu'il va renoncer à son avantage de pays en voie de développement parce qu'il croit au commerce international.
01:12C'est l'inversion des valeurs.
01:14Désormais, pour se rassurer, il faut écouter les chinois.
01:15Les chinois jouent une partition plutôt fine avec le retrait du soft power américain.
01:21Qu'on le veuille ou non, c'est quand même une stratégie America First, c'est quand même le slogan de MAGA.
01:26Donc il y a eu un retrait des instances internationales de la part de Donald Trump, l'OMC, l'Organisation Mondiale de la Santé, l'ONU même quelque part.
01:35Et donc les chinois occupent la place et ils jouent une partition plutôt fine.
01:39Ils s'étaient pas mal trompés post-Covid en étant très agressifs avec le reste du monde, ce qui leur avait coûté beaucoup en termes d'appréciation par les autres pays.
01:48Aujourd'hui, on voit que les opinions des publics des pays s'améliorent beaucoup par rapport à eux.
01:52Et ils ont une politique d'ouverture, je le rappelle, mais c'est le pays qui a le plus de 100 visas avec le reste du monde.
01:58Donc vous pouvez rentrer en Chine pour 54 pays dans le monde, c'est vraiment exceptionnel.
02:01C'est un pays qui milite effectivement pour beaucoup d'accords commerciaux.
02:05Parce qu'ils en ont besoin quand même.
02:06Mais ça sert leurs intérêts évidemment.
02:08Ils ont fait un visa pour que tous les jeunes chercheurs viennent en visa free en Chine,
02:13remplaçant un peu la fin des HB1 aux Etats-Unis.
02:17Donc ils sont en train de jouer une partition assez facile quelque part,
02:20qui est de réoccuper l'espace que les Etats-Unis laissent en quittant les instances mondiales.
02:26Avec un besoin, je le disais quand même, de vendre le surplus industriel là-bas,
02:30avec une croissance chinoise qui ne redécolle pas, la déflation quand même.
02:34Donc il y a besoin d'avoir un commerce ouvert.
02:37C'est sûr qu'aujourd'hui, la stratégie chinoise a été le dégonflement de la bulle immobilière à partir de 2020,
02:43qui a représenté 20-25% de la croissance du PIB.
02:47Si vous enlevez un moteur qui fait 20-25% de la croissance du PIB, il faut trouver un autre moteur.
02:51Ce moteur a été trouvé notamment sur les exportations dites « vertes »,
02:56donc à la fois les panneaux solaires, à la fois les batteries, à la fois les voitures électriques,
03:00à la fois les éoliennes, qui sont devenues quelque chose de très important.
03:04Donc évidemment, le discours de Xi Jinping s'oriente dans ce sens-là,
03:09mais on ne peut pas non plus dire que ça ne sert pas les intérêts à long terme de la planète.
03:13On préfère tout ce qui est moins de carbone quand même émis chaque année dans l'atmosphère.
03:16Autre sujet d'actualité qui interpelle ce matin, c'est l'Italie qui va revenir sur ses règles de retraite.
03:24Alors, ils n'ont pas le même fonctionnement que nous, c'est-à-dire qu'eux, ça suit la démographie,
03:27donc ils sont un peu coincés parce qu'on va vers les 70 ans jusqu'en 2050.
03:31Nous, chez nous, on ne discute pas du tout de ça, même pas d'aller dans des règles démographiques,
03:35ce qui est en soi quasiment normal, en fait, c'est la réalité.
03:38Tous les pays européens aujourd'hui ont des régimes qui sont des régimes mobiles,
03:42c'est-à-dire qu'ils progressent en fonction de l'âge et de l'espérance de vie.
03:46Vous avez le Danemark qui a fait parler de lui en allant directement à 70 ans là,
03:50donc pas aujourd'hui, mais en prévoyant la borne de 70 ans d'ici 15 ans.
03:56Et l'Italie fait un petit retour en arrière puisque l'Italie voudrait caper, bloquer à 67 ans,
04:01cet élément mobile, cette variable.
04:05Alors, ça a envoyé un petit coup de stress sur les marchés en se disant « mais pourquoi elle fait ça ? »
04:08Bon, c'est quand même dans un horizon assez long terme.
04:1167, ça reste quand même une grosse marche, encore une fois, rappelons où nous en sommes, nous, en France.
04:17Mais ça montre quelque part notre incurie, c'est-à-dire que tous nos voisins, y compris de l'Europe du Sud,
04:24aujourd'hui ont fait ce travail-là.
04:26Et aujourd'hui, le débat en France devrait être de se dire comment on va vers 67 et peut-être 70 ans.
04:32Et on en est encore à reparler pour revenir à 62.
04:34Donc, ça montre le gap idéologique dans lequel nous sommes enfermés.
04:37Et un gap au sein de l'Europe, c'est-à-dire qu'on n'est pas sur des pays très différents,
04:41on va sur des problématiques démographiques qui sont les mêmes.
04:43Exactement les mêmes.
04:44Le boom démographique français s'est évaporé, on est à peu près revenu à la moyenne d'autres pays,
04:48donc on n'a aucun avantage à faire valoir là-dessus.
04:51On est absolument fou de ne pas avoir mis en place un tel système il y a déjà quelques années,
04:56malgré les réformes des retraites successives.
04:58Et c'est ce qui nous coûte très très cher aujourd'hui, et c'est ce qui va nous coûter de plus en plus cher.
05:02Merci beaucoup Aubin et Badon d'être venus ce matin dans la matinale de l'économie sur BFM Business et sur AMC Découverte.