00:00PFM Business et RMC Live présente la matinale de l'économie.
00:05Good morning business.
00:088h46, on débriefe la matinée et les informations économiques du jour.
00:12Berthi Bayer, bonjour, rédacteur chef au Figaro.
00:15Ce matin, on a lâché la dernière digue, la réforme des retraites.
00:19Suspension, propose Elisabeth Ban, c'était la dernière à y croire encore.
00:24Elle finit elle-même par tuer le père, c'est peut-être la dernière.
00:26Alors là, sur la réforme de la retraite, on est quand même sur un risque systémique vis-à-vis des marchés financiers.
00:32On sait bien que c'est le marqueur qui est vraiment pris en compte par les marchés
00:36sur les dernières miettes de crédibilité budgétaire qu'on peut avoir, j'allais dire, en France.
00:42Donc cette réforme, elle est effectivement très très importante pour ça.
00:46Qu'on la mette dans le pot de la négociation avec les autres concessions qui avaient déjà été faites
00:51et avancé socialistes pour éventuellement réussir à obtenir une majorité de non-censure.
00:58Rappelons-la comme vous voulez, on est un petit peu perdu dans les termes qu'on doit utiliser
01:03pour définir la situation politique actuelle.
01:06Voilà, maintenant cette réforme, une éventuelle suspension de la réforme des retraites.
01:09Alors on va commencer par le positif, s'il faut essayer de trouver du positif.
01:14C'est qu'une suspension, ça n'est pas une abrogation.
01:17Voilà, ça ne crée rien de structurel qui ne pourrait pas être remis en cause.
01:21En fait, ça ne veut pas dire grand-chose, quoi, une suspension.
01:23Ça veut dire qu'on s'arrête à 63 ans au 1er janvier et qu'on arrête le mouvement vers les 64 ans.
01:28Donc ça n'est ni neutre, ça n'est pas neutre politiquement et ça n'est pas neutre financièrement, soyons clairs.
01:33Voilà, mais après ça peut être remis en jeu dans une future campagne électorale
01:38et c'est probablement moins structurel que ce qui aurait pu être fait dans le cadre du conclas
01:44où il y avait effectivement des idées un petit peu dangereuses de création de quasi régimes spéciaux à l'intérieur du régime.
01:51Cela dit, un, ça coûte.
01:53Ça coûte dès le budget 2026, ça coûtera encore plus pour le budget 2027 et les suivants.
01:58C'est évidemment une aberration totale de revenir sur cette réforme
02:02par rapport au mouvement qui est enclenché dans le reste de l'Europe,
02:06dans le reste des pays du monde, dans le reste des pays développés.
02:08C'est une aberration par rapport à notre réalité démographique.
02:12Voilà, l'allongement de l'espérance de vie.
02:15Aujourd'hui, on passera bientôt un quart de siècle, je veux dire, à la retraite
02:20par rapport à la vie active pendant laquelle on cotise et on contribue
02:24à la production de richesses de la collectivité.
02:28Et personne ne fait ça ? On est les seuls ?
02:31On est les seuls.
02:33À vouloir travailler aussi peu.
02:34Oui.
02:35Et on sait les conséquences que ça a, que ça a eues depuis le temps qu'on a eu
02:40un âge de la retraite décalé par rapport au reste du monde.
02:44Ça se lie aujourd'hui dans nos comptes publics, dans notre dette.
02:47On peut estimer que plus de la moitié de notre dette aujourd'hui,
02:49ces fameux 3400 milliards dont on ne sait pas comment on va réussir à les rembourser
02:54ou plutôt comment on va réussir à juste payer la charge des intérêts,
02:56la moitié de ces 3400 milliards de dettes, largement, c'est de la dette sociale.
03:01Et dans cette dette sociale, le gros paquet, c'est la retraite.
03:03Évidemment.
03:04On sent quand même ce matin avec nos invités, on était avec Daniel Ball du Crédit Mutuel,
03:07mais aussi avec Orpi, que le risque, ce n'est pas complètement la crise financière.
03:12Là, on a l'euro et la Banque Centrale Européenne, on n'est pas tout seul,
03:14on a les Allemands qui nous couvrent.
03:16Le problème, c'est la récession, c'est l'activité qui s'arrête.
03:20Oui, absolument.
03:21On a cette situation paradoxale où, effectivement,
03:24les choses ne vont pas si mal, j'allais dire,
03:26par rapport à cette espèce de grand bazar politique qu'on voit.
03:29Là, on est dans une crise politique aiguë
03:32et on n'a pas le même sentiment d'urgence
03:34qui a l'air de se déclencher à partir de la situation économique.
03:37La situation financière, elle se dégrade,
03:38on le voit sur les marchés avec le spread qui augmente,
03:40mais on n'est évidemment pas dans l'explosion,
03:42on n'est pas dans la crise grecque avec 600 points de spread par rapport à l'Allemagne.
03:47On est tranquillement à 90.
03:48On est tranquillement à 90, voilà.
03:51Et puis la croissance 0,7, finalement, c'est presque un miracle.
03:56C'est déjà ça de pris, oui.
03:57C'est déjà ça de pris.
03:58Le problème, c'est que ce n'est pas tout blanc tout noir
04:01et qu'il se passe déjà des choses aujourd'hui
04:02sans atteindre la crise aiguë, sans atteindre l'arrivée de FMI.
04:06On verra bien si ça arrive un jour ou pas.
04:08Enfin, ce n'est pas le sujet.
04:08Le sujet par rapport à ce qui se passe aujourd'hui,
04:10c'est que ça crée déjà des cassures dans l'économie française.
04:15Ce fameux spread, il coûte.
04:16Voilà, 90 points de base, ça veut dire que tout coûte 90 points de base
04:20de plus que plus cher en France qu'en Allemagne.
04:24Ça vaut pour l'État et la gestion de la dette.
04:27Ça vaut pour les entreprises à chaque fois qu'elles ont un investissement à faire.
04:30Ça vaut pour les particuliers à chaque fois qu'ils ont un crédit immobilier à prendre.
04:33Voilà, donc ces 90 points de base, ils ont déjà un coût important
04:35et probablement ça ne va pas s'améliorer.
04:39Et que le jour où ça s'améliorera, supposons,
04:43ça prendra beaucoup de temps à se résorber.
04:45On ne va pas avoir une arloise magique le jour de l'élection,
04:48quel que soit le résultat, on va dire
04:50« Ok, tout ça c'est fini, la crise politique est terminée,
04:52on a retrouvé, et ce n'est pas sûr, une stabilité,
04:56et on retombe à 30 points de base comme avant la dissolution. »
04:58Ça prendra beaucoup de temps pour retrouver le crédit.
05:01Donc ça, c'est fait.
05:01Je veux dire, ça, c'est déjà planté.
05:04Le deuxième sujet, c'est l'investissement des entreprises.
05:07Il a commencé à décrocher à partir de la fin 2023,
05:11et ça continue.
05:12Et l'investissement des entreprises, je ne vous fais pas un dessin,
05:15mais c'est bien ça qui prépare...
05:16C'est l'emploi de demain.
05:17C'est l'emploi de demain, c'est la compétitivité de demain,
05:20c'est l'innovation de demain,
05:22et on voit ce qui se passe autour de nous, dans le monde.
05:25On sait bien à quel point c'est une course, une compétition
05:28qui est d'une vigueur, comme on en a rarement connu,
05:31justement pour l'innovation et la modernisation,
05:35juste de l'automatisation aussi de l'industrie.
05:38Tous ces investissements-là, aujourd'hui,
05:39ils ne sont pas faits en France, ils sont moins faits en France.
05:41Donc c'est un décrochage lent, en fait.
05:43Enfin lent, c'est un décrochage.
05:43Oui, c'est ça, on fait du surplace,
05:45et faire du surplace, c'est reculer.
05:47Surtout quand les autres avancent.
05:48Voilà, donc la crise politique est en train de programmer,
05:51j'allais dire, l'obsolescence de notre outil productif.
05:54Très bien.
05:55C'est bien remonté le moral, merci, ce matin.
05:57Merci d'être venu dans la matinale de l'économie.