00:008h47, retour de la matinale de l'économie. On est ensemble jusqu'à 9h.
00:05On va débriefer l'actualité économique, tout ce qu'il faut savoir avant d'aller au bureau.
00:09On est avec Lucie Robquin. Bonjour.
00:11Bonjour Laure.
00:11Directrice des rédactions de la Tribune.
00:13On va parler évidemment de cette rentrée politique et patronale un petit peu compliquée
00:16avec François Bayrou qui est en train de s'exprimer sur RMC BFM,
00:20qui est en train de revenir en gros sur les jours fériés,
00:23de faire des ouvertures vis-à-vis de la gauche.
00:25Est-ce qu'il faut s'attendre dans les prochains jours ?
00:27Globalement, des annonces de hausse d'impôts, notamment sur les riches et sur les entreprises.
00:31Bien sûr, le débat se focalise sur ces deux aspects.
00:34Vous avez raison, les entreprises, les riches.
00:37C'est vraiment la cible facile à atteindre qui crée le consensus à gauche.
00:41On va avoir donc une surenchère de propositions pour taxer les riches,
00:45soit un impôt un peu similaire à ce qui avait été instauré l'an dernier.
00:48Vous vous souvenez, c'était cette taxe de 20% pour tous les revenus supérieurs à 250 000 euros.
00:53Ça ne rapporte pas grand-chose, ça rapporte un milliard,
00:55mais symboliquement, c'est très fort pour une partie de la gauche.
00:58Soit quelque chose de beaucoup plus fort, puissant et potentiellement dévastateur pour l'économie française,
01:05c'est une taxe sur le patrimoine.
01:06C'est plus aisé, c'est cette fameuse taxe Zuckmann,
01:10qui toucherait pas grand monde à 1 800 personnes, gagnant plus de 100 millions d'euros.
01:15Et là, on touche à des personnes qui logent leurs revenus dans des holdings.
01:19On touche donc à des chefs d'entreprise.
01:21Avec ce débat qu'on a beaucoup entendu depuis hier,
01:24et ce fameux rapport du Conseil d'analyse économique,
01:27est-ce qu'ils vont quitter, oui ou non, la France ?
01:29Alors, on était avec Camille Landais, il y a une grosse demi-heure.
01:33Alors, c'est clair, lui, il dit non, ils ne vont pas quitter la France,
01:35mais il se base sur 400 000 personnes, non pas sur les 1 800 personnes.
01:40Et puis, il y a cette question de l'efficacité de cette taxe,
01:43où il reconnaît lui-même qu'en fait, c'est très peu efficace.
01:46Finalement, à cause notamment de l'optimisation fiscale.
01:49Oui, en fait, on se rend compte qu'il y a le risque, entre guillemets, pour la France,
01:53ce n'est pas forcément l'exil fiscal, c'est les échappatoires
01:56que les grandes fortunes trouvent en France pour échapper à cet impôt
02:00qui, rappelons-le, est le plus élevé du monde quand même.
02:02Donc, il y a une forme d'inefficacité.
02:05L'esprit de la taxe Zuckmann, c'est celui de la justice.
02:08Il faut l'expliquer aux Français, l'impôt en France est extrêmement progressif.
02:13Vous avez par exemple 32% de l'impôt sur le revenu
02:15qui est payé par 1% des plus fortunés en France.
02:18C'est donc très progressif.
02:20On a donc une progressivité immense jusqu'à 99,9% pour 99,9% des Français.
02:26Le problème, nous dit Gabriel Zuckmann, c'est pour les 0,01% tout en haut de l'échelle.
02:31Ceux qui logent leur revenu dans des holding,
02:33il essaie de corriger cette injustice en haut de l'échelle
02:37avec une taxe sur le patrimoine des plus fortunés.
02:40Mais encore une fois, on parle de justice, d'injustice, on parle de morale.
02:43On ne parle pas d'efficacité de l'impôt.
02:45On ne parle pas de combien ça rapporte concrètement dans les caisses.
02:47Et d'ailleurs, le rapport du CAE hier est assez passionnant de ce point de vue-là
02:50parce qu'il montre l'impact économique que peut avoir l'exil fiscal.
02:53Ça reste un phénomène circonscrit, mais l'impact est fort.
02:56Quand vous avez un patron qui est actionnaire de son entreprise
03:00qui quitte la France, son entreprise perd 15% de son chiffre d'affaires
03:04dans les 5 ans qui viennent et 30% de sa masse salariale.
03:06La masse salariale, c'est de l'emploi.
03:08Donc, il faut faire quand même attention à ce qu'on va faire
03:10dans les prochaines semaines au Parlement.
03:12On verra les ouvertures à gauche données, notamment demandées,
03:15désormais par Emmanuel Macron.
03:17Donc, ça paraît quand même acquis qu'on va aller vers ce type de mesures.
03:20On surveillera bien évidemment les taux obligataires.
03:22Hier, journée difficile sur les marchés européens
03:25avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de dettes à financer.
03:27C'est monté sur les taux longs ?
03:28Journée assez catastrophique.
03:30Partout en France, en Allemagne, en Angleterre,
03:32ça montre donc que l'onde de choc est assez large
03:34et que les marchés s'inquiètent de l'Europe en général,
03:37ce qui est assez nouveau.
03:38En France, catastrophique.
03:39On a atteint des taux de plus de 4,5% sur 30 ans.
03:42C'est du jamais vu depuis 2011.
03:44Et la semaine qui vient va être très, très difficile.
03:47Alors déjà, je vous encourage à surveiller demain.
03:49Grosse émission obligataire.
03:50La loi va émettre 10 milliards de dettes.
03:52Évidemment, elle va y arriver.
03:53Mais à quel prix ?
03:53Ça va être intéressant de le voir.
03:55Et la semaine prochaine, donc, selon toute probabilité,
03:57le gouvernement tombe le 8 et l'agence Fitch note la France le 12, vendredi.
04:03Tout porte à croire qu'elle va passer la note de la France de double A à A.
04:07Ça peut paraître très, très technique.
04:09Mais en fait, concrètement, ça a des conséquences immenses.
04:11C'est que vous avez beaucoup de caisses de retraite, de banques, d'assurances
04:15qui n'ont pas le droit de prêter à des pays notés A
04:18et qui vont donc devoir vendre, céder la dette française qu'ils possèdent.
04:21Et il y aura de moins en moins d'acheteurs par la force des choses.
04:24On va donc avoir les taux français qui vont encore augmenter la semaine prochaine.
04:27C'est probable.
04:27Et certains économistes qui prévoient une tempête financière dans les 15 jours qui viennent.
04:32Avec des investisseurs qui désormais préfèrent des maturités courtes
04:34par rapport à des maturités longues.
04:36On le voit notamment aux Etats-Unis.
04:38La question derrière, c'est est-ce qu'il y a trop de dettes ?
04:40C'est-à-dire qu'on parle de la France, mais tout le monde émet massivement de la dette.
04:44Il y a un budget britannique aussi à passer.
04:47C'est ça qu'il faut surveiller, c'est le marché obligataire.
04:49Oui, il y a beaucoup de dettes qui étaient mises par tous les pays européens
04:51et les Etats-Unis évidemment en ce moment.
04:53Et ça rend d'autant plus fébrile le climat des marchés aujourd'hui.
04:57Merci beaucoup Lucie Robkin d'être venue ce matin dans la matinale de l'économie.