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  • il y a 6 semaines
Mardi 21 octobre 2025, retrouvez Clément Delepine (Directeur, Art Basel Paris) dans ART & MARCHÉ, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans Art et Marché, votre émission hebdomadaire qui vous ouvre les portes du marché de l'art.
00:16Et pour cette édition d'aujourd'hui, nous entrons dans la Paris Art Week cette semaine et la foire d'art moderne et contemporain Art Basel Paris va ouvrir ses portes dans quelques jours.
00:26Quelles sont les grandes tendances de cette année ? Quel est le regard de son directeur sur le marché de l'art de cette fin d'année ?
00:33Clément Delépine, directeur d'Art Basel Paris et l'invité d'Arrêt Marché.
00:41C'est le début de la Paris Art Week au cœur de laquelle se trouve la foire d'art moderne et contemporain Art Basel Paris.
00:47Je suis ravie d'être en compagnie de Clément Delépine. Bonjour, merci pour votre invitation.
00:52Clément Delépine, vous êtes directeur d'Art Basel Paris. Est-ce que tout d'abord, vous pouvez nous raconter quels sont les marqueurs forts de cette édition 2025 ?
01:00Bien sûr. Donc la foire se déroulera du 22 au 26 octobre au Grand Palais, ce qui est déjà une prouesse.
01:06Et on franchit cette année la barre symbolique des 200 exposants puisqu'on aura 206 galeries qui proviennent de 41 pays et territoires.
01:11Et que les grands moments seront évidemment marqués par le secteur principal, qui compte à peu près 180 galeries,
01:19et les secteurs thématiques dédiés pour émergence aux jeunes galeries et à l'art émergent,
01:24et pour prémisse aux présentations curatoriales singulières et présentations thématiques.
01:28Et en complément, un programme public qui sera ouvert à toutes et tous et accessible gratuitement,
01:34et qui se tiendra cette année dans neuf lieux de patrimoine à travers la ville.
01:37Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous tient particulièrement à cœur ?
01:43C'est vrai que vous êtes le directeur, normalement vous accompagnez tous les participants.
01:46Est-ce qu'il y a quelque chose, pour vous, il ne faut vraiment pas manquer ?
01:49Je pense qu'il y a des propositions contextuelles qui sont assez fortes.
01:55Il y a un certain nombre de présentations solos qui me ravissent,
01:58et je pense particulièrement à celle de Marta Minourine, l'artiste argentine de 80 ans,
02:03qui a vécu à Paris une partie de sa vie, qui a un lien fort, qui était contemporaine de Christo,
02:10et qui est présentée par la galerie mexicaine Curie Manzuto dans un stand
02:15dont l'architecture a été confiée à Efrida Escobedo,
02:18qui est une des artistes impliquées dans la rénovation du centre Pompidou.
02:21Est-ce qu'on sait déjà quelles sont les tendances qui vont émaner de la foire ?
02:27Ça, c'est quelque chose qu'on voit à postériori ?
02:30Je pense qu'en fait la foire, elle est aussi le reflet des débats et des grands questionnements
02:34qui agitent la société et dont les artistes se saisissent souvent.
02:38Donc on a tendance quand même, en fonction des moments politiques qu'on traverse,
02:43à trouver des échos au sein de la foire, à retour par exemple du geste,
02:48avec une place plus importante accordée au craft,
02:52ou souvent des propositions qui ont été historiquement marginalisées,
02:55d'artistes femmes, ou d'artistes queer, d'artistes racisés,
02:59et qui s'inscrivent un petit peu à la suite des grands moments structurants du champ de l'art
03:04que sont les Biennales de Venise ou la Documenta par exemple.
03:06Donc un art engagé, c'est vrai que c'est quelque chose qu'on voit depuis quelques années.
03:11Ce qu'on sait en fait des moments, des contextes chargés politiquement,
03:16c'est qu'ils ont tendance à produire un art qui se saisit du moment,
03:20et un art militant.
03:22Du côté des galeries, on l'a vu, il y a quelques fermetures pendant l'été, etc.
03:28Est-ce que ça c'est quelque chose, en tant que foire, vous écoutez,
03:34est-ce que vous avez des marges de manœuvre ?
03:35Est-ce qu'il y a des manières d'accompagner les galeries ?
03:38Parce que du coup c'est une foire qui arrive à un moment où certaines galeries se posent des questions
03:42sur la structure de la galerie.
03:47Comment est-ce qu'on se positionne en tant que foire ?
03:50En tant que foire, on ne peut pas complètement ignorer le marché de nos clients
03:54qui a un intervalle et notre marché, tout ça est assujetti au réel.
04:00Et de fait, on ne peut pas négliger le moment de contraction que traversent les galeries.
04:08Donc la question se pose de comment est-ce qu'on peut être peut-être plus souple,
04:12que ce soit financièrement, que ce soit en étant plus, comment dire, moins intransigeant sur certaines typologies d'œuvres
04:22ou les différentes catégories d'art que les galeries ont parfois la volonté d'amener.
04:29Je pense qu'il faut simplement être à l'écoute des clientes, des clients.
04:32Cette année, on a choisi par exemple de créer en amont un moment qui est particulièrement dédié aux galeries,
04:40en faisant des galeries les puissances invitantes,
04:43et de sorte à ce qu'elles puissent avoir un temps privilégié avec leurs collectionneuses et collectionneurs les plus importants,
04:49en amont de l'ouverture au public.
04:51Il y a différentes séquences comme ça qui sont pensées,
04:56et notamment des enjeux liés aux frais de participation pour le programme public.
05:00Par exemple, nous, on ne facture pas les galeries pour leur participation au programme public.
05:05Le programme se veut inclusif au possible,
05:08c'est-à-dire qu'on peut participer au programme public indépendamment de sa participation à la foire ou non.
05:12Donc on bénéficie quand même d'une visibilité.
05:15Et l'événement qui reste un événement fort pour le marché,
05:19bénéficie aussi aux galeries parisiennes qui ne participent pas à la foire,
05:23puisque nombre d'antelles nous font part d'un grand nombre de visites et de bonnes affaires qui se font au moment de la foire.
05:32Donc il y a quelques marges de manœuvre en fait.
05:34Il y a quelques marges de manœuvre, oui bien sûr.
05:36Après la marge de manœuvre elle est ténue,
05:37parce que l'événement a aussi une santé économique qu'il faut pouvoir soutenir.
05:48J'ai lu qu'il y avait aussi des exposants qui présentent dans des stands communs.
05:52Ça c'est des choses aussi qui peuvent être peut-être bénéfiques pour les galeries.
05:56Absolument.
05:56Ça c'est que nombre de jeunes galeries se saisissent de cette opportunité de partager un stand.
06:02Après c'est un risque,
06:02parce qu'évidemment qu'il faut pouvoir convaincre le comité de sélection avec une présentation conjointe.
06:09Et il faut que la présentation soit plus que la somme des parties.
06:11Donc il y a un enjeu de ce point de vue-là.
06:13Mais effectivement, le comité de sélection, bien conscient qu'une foire comme Art Basel Paris
06:20peut peser plus lourd sur les économies les plus vulnérables,
06:23a eu la volonté de favoriser les présentations conjointes.
06:29Ça va être votre quatrième édition, si je ne me trompe pas.
06:33Comment est-ce que vous avez vu évoluer la foire ?
06:36D'autant plus qu'il y a aussi eu l'annonce d'une foire Art Basel au Qatar.
06:40Comment est-ce que vous vous positionnez en termes de régionalité ?
06:45Est-ce qu'on présente vraiment les galeries parisiennes à Art Basel Paris ?
06:51On veut aussi être international.
06:53Comment est-ce qu'on fait pour se présenter dans cette vaste proposition
07:00qui est internationale et qui maintenant est de plus en plus régionale, j'ai l'impression ?
07:04Où est-ce qu'on se situe ?
07:05C'est tout l'enjeu, in fine, il faut savoir proposer des contextes
07:08qui sont complètement différents et identifiables.
07:10Donc à Paris, la volonté c'est évidemment de faire une foire,
07:14si pas française, au moins au goût français, si je puis dire.
07:20French flavor, comme on dirait en anglais.
07:23Mais ça signifie que nous, sur les 206 exposants,
07:27on compte déjà 61 galeries françaises, avec un espace en France.
07:34Le cursus qui détermine une galerie française de ce qui n'est pas une galerie française,
07:36c'est un petit peu plus subjectif et difficile à quantifier que ça peut paraître.
07:44Mais en tout cas, la volonté c'est d'avoir un tiers d'exposants français
07:49et défendre, favoriser la scène française, les galeries françaises
07:55et par extension, les artistes français.
07:57Donc déjà, le parti pris, il est là.
07:59Et ensuite, l'espace du Grand Palais étant sublime, magnifique et monumental,
08:05il n'en est pas moins relativement ramassé par rapport au Convention Center
08:09des autres foires que sont Miami Beach, Hong Kong ou même Bal.
08:13Et donc, comment est-ce qu'on peut jouer avec cette contrainte architecturale,
08:18entre guillemets, comment ce qu'on ne trouve pas à l'intérieur du Grand Palais,
08:23on peut le grignoter en dehors, au-delà de la verrière,
08:28en collaboration avec, que ce soit le Louvre, le Palais d'Iéna,
08:31la ville de Paris, pour la place Vendôme, les Beaux-Arts de Paris.
08:34Il y a tout un tas de collaborations que l'on met en place
08:36pour aussi proposer ce programme public hors les murs.
08:40Et depuis que vous êtes directeur d'Adbasel Paris,
08:43est-ce que vous avez l'impression que Paris a vraiment grandi dans son attractivité ?
08:49Et surtout, comment est-ce que ça peut se répercuter sur les galeries et la santé du secteur ?
08:55Oui. Je pense que c'est quelque chose qui prédate l'arrivée d'Adbasel à Paris.
09:00C'est une dynamique qu'on accompagne et qu'on a amplifiée à certains égards.
09:03Mais clairement, la ville, depuis une dizaine d'années,
09:06peut-être un peu plus, bénéficie d'un dynamisme retrouvé.
09:10Paris était la capitale des arts pendant la première moitié du XXe siècle.
09:14C'est un statut qu'elle a perdu au profit de Londres et de New York,
09:17qui sont des villes à l'ombre desquelles moi j'ai grandi enfant dans les années 80.
09:23Et donc, je me réjouis de voir Paris redevenir d'une certaine manière la capitale des arts,
09:29le centre d'un monde.
09:31Oui, je le ressens fort, puisque un grand nombre de galeries étrangères souhaitent s'installer ici.
09:38On compte quand même un nombre de fondations privées extrêmement puissantes et déterminées,
09:43qui ont redessiné aussi d'une certaine manière le paysage institutionnel à Paris.
09:48La France reste un marché puissant, c'est le quatrième marché mondial.
09:51Et la moitié des transactions d'art qui se passent dans l'Union Européenne se passent en France.
09:58Évidemment, je parle là d'un marché français, le cœur de l'activité, malgré tout, se fait à Paris.
10:04Il est vrai que la plupart des exposants français qui participent à Basel Paris sont parisiennes ou parisiens,
10:10à l'exception de quelques-uns.
10:11Et je pense notamment à Pietro Sparta, à Chani, où c'est son benne-tière à Saint-Etienne.
10:16Oui. Et comment est-ce que vous avez vu le marché évoluer de ces dernières années ?
10:22Selon vous, quelles sont vos analyses des grandes tendances des dernières années ?
10:27On considère que le marché ralentit, que le marché se contracte.
10:32Certains parlent de crise.
10:35Malgré tout, c'est sans commune mesure avec ce qu'on a pu connaître en 2008 ou dans les années 90,
10:39quand le marché s'est contracté de 60%.
10:41Je pense qu'il y a effectivement un cycle un peu plus ralenti,
10:47mais qui correspond à un certain nombre de changements structurels à l'intérieur de l'industrie,
10:51si vous me permettez cet anglicisme,
10:53avec un certain nombre de galeries historiques qui ferment,
10:56avec une nouvelle génération de collectionneurs qui rentrent sur le marché.
11:00Et donc, il y a un passage de témoins, finalement, qui est en train de se faire.
11:05Mais sur les positions aux polarités du marché de l'art,
11:11ou plutôt des marchés de l'art, parce qu'il y a plusieurs marchés qui se superposent,
11:14je pense que les très belles œuvres, les très grands chefs-d'œuvre ne sont pas impactés.
11:20Les œuvres d'artistes émergents sont moins impactées.
11:24C'est plutôt, effectivement, sur le marché moyen.
11:27Il nous reste une petite minute.
11:28Vous avez annoncé que vous rejoindrez la direction de la faille d'anticipation.
11:33Est-ce que vous avez déjà pu faire un bilan de ces quatre dernières années à la tête de Art Basel Paris ?
11:39Écoutez, non.
11:39À la veille de la semaine qui s'annonce, avec la foire qui ouvre,
11:42je dois admettre que je suis pleinement mobilisé,
11:44si pas vampirisé sur cet événement.
11:48Je ne m'autorise pas le luxe d'un bilan à ce stade,
11:51parce que je pense que c'est un exercice aussi émotionnellement chargé
11:53et que j'essaie d'éviter ou de repousser au plus tard.
11:57Ce que je peux vous dire, c'est que je me réjouis de prendre la direction de la faille d'anticipation mi-novembre,
12:02d'autant plus que j'inscrirai mon action à la suite de celle d'une amie qui m'est proche et qui m'est chère,
12:09la directrice actuelle, Rebecca Lamarche-Vadel,
12:11qui a choisi de quitter la fondation pour embrasser un projet de vie personnelle
12:15avec des projets solos, des projets freelance en Italie,
12:19des projets d'écriture et une biennale vidéo au début de l'année prochaine à Melbourne.
12:23Je lui souhaite énormément de succès et je lui envoie toute mon amitié.
12:27Merci beaucoup Clément Delépine.
12:28Je rappelle que vous êtes directeur d'Art Basel Paris.
12:31Merci à vous toutes et tous de nous avoir suivis.
12:33C'était Arrêt Marché.
12:41C'était Arrêt Marché.
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