Samedi 18 octobre 2025, retrouvez Rémy Peyret (Head of AI, Primaa) et Hervé Bonnaud (Président, Nex&Com;) dans SANTÉ FUTURE, une émission présentée par Alix Nguyen.
00:00Et c'est le moment de prendre un peu de hauteur avec l'œil d'Hervé et Hervé en médecine il y a et partout et elle promet beaucoup.
00:11Elle promet beaucoup et je trouve même qu'on ne parle plus que de ça.
00:15C'est bien et c'est peut-être un peu fatigant par moments, mais c'est vraiment la révolution actuelle.
00:19Le diagnostic, les pratiques, la prise en charge, le parcours de soins, tout bouge et c'est merveilleux.
00:25Et en même temps, il y a l'envers du décor.
00:27L'envers du décor, il est de deux ordres.
00:30L'OMS nous parle d'une épidémie de solitude qui est liée en partie à la désertification médicale.
00:36Donc c'est un joli paradoxe.
00:37La technologie s'emballe, l'accès aux médecins s'éloigne.
00:41Donc le parcours.
00:43Oui, c'est pourquoi tu nous dis que le parcours du soin du patient semble devenir parfois un véritable parcours du combattant.
00:49Complètement et sans prendre des exemples très compliqués.
00:52On veut consulter un dermatologue en France.
00:54Dans certains départements, le délai moyen est de 36 jours, voire 90 jours dans certains départements.
01:01Un ophtalmo, c'est en moyenne 20 jours pour une urgence.
01:0487 jours, la durée médiane pour caler un rendez-vous.
01:09Quand même, ça fait un peu peur.
01:10Et l'autre point parallèle, c'est la fracture numérique qui s'installe.
01:13Parce qu'on dit, il y a, c'est formidable, il n'y a qu'à télécharger ceci, cela, scanner le QR code et tout ça.
01:20Ce n'est pas si simple de converser avec un chatbot, de télécharger une appli, etc.
01:26Et j'ai regardé les études faites notamment par l'INSEE, qui met en place un baromètre numérique, sur 15 millions de personnes.
01:33Tout le monde est concerné par le numérique.
01:3660% des patients ont plus de 70 ans.
01:39Vous voyez où je veux en venir.
01:40Et 70 ans, à 15-70 ans, pardon, plus de 80% des patients supportent une maladie.
01:48Donc, ça veut dire que plus on vieillit, plus on est malade, plus on a besoin d'accéder au numérique.
01:53C'est compliqué.
01:54Et par ailleurs, on sait qu'une personne de plus de 75 ans sur deux n'utilise jamais Internet.
02:00Donc, vous voyez, le problème arrive.
02:01On est obligé d'y aller et on ne peut pas.
02:03Et parmi celles qui utilisent Internet, près d'un tiers ne sont pas capables de faire la démarche toutes seules.
02:08Ils ont besoin d'un aidant de leur fille, leur petite fille pour dire, et c'est des trucs bêtes, prendre rendez-vous sur Doctolib.
02:15Ça paraît simple.
02:16Ça ne l'est pas tant que ça quand on a 75 ans et qu'on est malade et qu'on ne voit pas bien et tout ça.
02:21Et donc, chez eux, le parcours de soins numériques devient un labyrinthe administratif et technologique.
02:28Ils s'y perdent et ils ont envie de pleurer.
02:30Donc, c'est paradoxal aussi.
02:33L'IA nous rapproche de data, mais elle éloigne les humains.
02:39Voilà.
02:39Donc, on a des zones qui deviennent des formes de pansements numériques.
02:44Alors, autre réflexion parallèle que m'a inspiré ce sujet, c'est des mots qui changent de sens quand on change une lettre.
02:50En anglais, on a deux mots qui ont presque le même sens, c'est le cure et le care.
02:55To cure, n'est-ce pas, c'est guérir et c'est vraiment la médecine de la maladie.
02:59Donc, c'est là où on va parler de l'IA, des avancées technologiques, le diagnostic, le traitement et tout est vrai.
03:04C'est formidable.
03:06Et dans le parcours de soins, c'est clairement tout ce qui peut être augmenté grâce à l'IA qui va être intéressant.
03:11La chirurgie, le diagnostic, on en parlait juste avant.
03:14Tout me va bien là.
03:15Le care, c'est autre chose.
03:17Care, c'est prendre attention à la personne, l'écouter, vraiment prendre soin d'elle.
03:23C'est la médecine du malade.
03:24Il va bien falloir qu'on arrive à réconcilier le cure et le care.
03:29Et en français, ça m'a intéressé de voir que c'est pareil.
03:32À une lettre près, tout change.
03:34Le mot penser avec un E, où on pense à l'être humain.
03:38Ou penser avec un A, où on soigne la maladie.
03:40Et voilà.
03:41Donc, entre la France et l'Angleterre, à un mot près, c'est la même histoire.
03:45Donc, voilà.
03:46Donc, en conclusion, tout ça, c'est formidable.
03:48L'IA nous promet des merveilles, mais il y a sans doute des limites.
03:54Le monde bouge.
03:54Donc, aujourd'hui, je veux juste vous dire, take care, prenez soin de vous.
03:58Merci, Hervé.
03:59Rémi, là, à chaud, qu'est-ce que vous pensez de l'analyse du docteur Bono ?
04:06Je suis tout à fait d'accord avec ce qu'il dit.
04:07Maintenant, l'objectif de l'IA, ça va être aussi de rapprocher le patient du médecin.
04:20Et notamment avec un diagnostic de précision.
04:26On va avoir une médecine de précision qui est bien plus spécialisée pour le cas du patient.
04:33Mais comment éviter, justement, que cette technologie, aussi prometteuse soit-elle, n'éloigne les patients, finalement ?
04:41Le sujet, c'est le délai de mise en place.
04:44L'IA, c'est une explosion, une révolution.
04:46Évidemment, des jeunes geeks comprennent tout.
04:49Mais le sujet, c'est que les malades, ils n'ont pas 23 ans, ils n'ont pas fait un MBA en intelligence artificielle.
04:56Ils n'arrivent pas à se connecter à Doctolib.
04:57Quand on voit ça, on voit la fracture numérique et l'IA, c'est bien, mais ça devient aussi complexe.
05:04Juste l'interface, quoi.
05:06Oui, bien sûr.
05:10Pour moi, il y a une différence entre le numérique et l'IA en elle-même.
05:14Donc, l'accès au numérique, effectivement, pour les patients dans leur parcours de soins, ça peut être un frein.
05:22Maintenant, moi, là où je suis convaincu, c'est que l'IA peut apporter, grâce à de l'aide du côté des soignants, un meilleur parcours de soins pour le patient.
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