00:00Florian Yelpo qui nous attend depuis Lombard, Odier, IM en charge de la macroéconomie.
00:06Merci d'être avec nous Florian.
00:08Alors on devait parler des statistiques américaines qui étaient tant attendues aujourd'hui.
00:12Il devait notamment y avoir les prix à la production, les ventes au détail,
00:15mais sauf que faute de shutdown, il n'y a toujours pas de statistiques.
00:19Bon, le marché s'en accommode.
00:20Une nouvelle fois, quand on regarde l'obligataire, mais aussi le marché actions,
00:24il arrive visiblement à vivre sans ces statistiques.
00:26Alors qu'en temps normal, c'est des temps forts, c'est même des temps indispensables.
00:31Oui, ce sont des grands marqueurs du cycle économique.
00:35Bonjour à tous, bonjour Étienne.
00:37La bonne nouvelle, c'est qu'il nous reste encore quelques chiffres économiques qui sont publiés,
00:42notamment ceux publiés par les différentes antennes de la Réserve fédérale américaine.
00:46La Banque centrale américaine produit elle-même ces statistiques.
00:50Elle ne produit malheureusement pas de statistiques liées notamment à l'inflation,
00:54ou en tout cas l'indice des prix à la consommation n'est pas son dû.
00:58Néanmoins, ce chiffre-là nous a été assuré.
01:01Il nous a été assuré qu'il sera publié la semaine prochaine.
01:03Donc c'est une première bonne nouvelle.
01:05Là, l'une des deux grandes questions qui nous animent aujourd'hui,
01:08c'est celle de l'inflation aux États-Unis.
01:09Donc bonne nouvelle.
01:11On aura de l'information la semaine prochaine.
01:14Par contre, aujourd'hui, effectivement,
01:15on va devoir s'asseoir sur l'indice des prix à la production,
01:18les ventes de détails, mais également les demandes d'indemnisation au chômage
01:21qui font partie des marqueurs, semaine après semaine,
01:25de l'évolution du marché de l'emploi.
01:27C'est la deuxième grande question.
01:28Est-ce que l'emploi américain va bien ?
01:30Donc il y a une forme de confusion qui peut entourer aujourd'hui l'économie américaine.
01:36Cette confusion intervient finalement peut-être à un bon moment,
01:40parce que justement, vous le commentiez,
01:41on est en train de découvrir les résultats des entreprises,
01:45et notamment avec ce qu'on appelle les forward guidance,
01:47donc les prévisions, les anticipations auxquelles elles se livrent.
01:51Et ça, c'est une source d'information qui vient compenser en partie
01:55le manque de chiffres économiques publiés,
01:57notamment par le bureau Of Labor Statistics.
01:59Nous en reparlerons tout au long de l'émission.
02:01Et une nouvelle fois, l'intelligence artificielle sort son épingle du jeu
02:04avec cette publication marquante ce matin de TSMC
02:07qui annonce un bénéfice en hausse de près de 40% au troisième trimestre.
02:11C'est bien au-delà des attentes.
02:13Bon, par contre, on a des statistiques en Chine, Florian Hielpo,
02:16et là, malheureusement, vous avez une tendance qui est tout autre,
02:19dans le sens où s'il y a une forte inflation aux États-Unis,
02:21du côté de la Chine, c'est une déflation,
02:23c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'inflation,
02:24c'est une inflation qui est négative une nouvelle fois.
02:26Alors, effectivement, on est à moins 2,3% de progression des prix
02:32sur les prix à la production sur une année,
02:34et on est à moins 0,3% de progression des prix
02:37sur l'indice des prix à la consommation.
02:39Donc, vous le disiez, on peut parler d'une forme de déflation.
02:44La déflation, c'est un phénomène qui inquiète toujours,
02:46surtout les États très endettés.
02:47On rappelle que la Chine a une dette agrégée globale
02:50qui est assez importante aujourd'hui.
02:52Maintenant, est-ce qu'il y a réellement besoin de s'en inquiéter ?
02:57Les indices actions chinois disent le contraire.
03:00Ont-ils raison ?
03:02Ce à quoi on assiste cette année,
03:04c'est une période en Chine, surprenante,
03:07de croissance au-dessus de son potentiel.
03:09En tout cas, ce sont les estimés du Fonds monétaire international.
03:13Le FMI estime également que l'an prochain,
03:16on aura une nouvelle année de croissance chinoise
03:18au-dessus de son potentiel à nouveau.
03:20Donc ça, ce sont des phénomènes qui vont venir combattre la déflation.
03:24On serait aux États-Unis,
03:25on nous parlerait d'une inflation à zéro
03:27et d'une économie qui croit au-dessus de son potentiel.
03:30On parlerait très naturellement d'économie boucle d'or,
03:33on parlerait de période Goldilocks
03:34et les marchés actions s'en accommoderaient bien volontiers,
03:38seraient très contents de cette performance-là.
03:41Le point de repère, c'est 2017.
03:43En 2017, on a eu exactement ce genre de période-là.
03:45Donc gardons en tête qu'on a une forme de pessimisme
03:49qui entoure la Chine.
03:51Évidemment, la déflation, ça n'est pas un marqueur,
03:53ça n'encourage pas l'optimisme,
03:54mais dans l'ensemble, la situation en termes de croissance chinoise,
03:57elle reste bonne.
03:58D'autant plus qu'il pourrait y avoir des bonnes surprises
04:00la semaine prochaine,
04:01avec notamment les politiques chinoises
04:04qui vont se réunir pendant une semaine
04:05pour donner le cap sur les prochaines années
04:08d'un point de vue macroéconomique,
04:09en termes de croissance notamment.
04:10Exactement.
04:12Ce qui est particulièrement intéressant avec cette économie,
04:15c'est que non seulement elle croit au-dessus de son potentiel,
04:17mais en plus, on a une forme de visibilité
04:19sur ce qui est en train de s'y placer,
04:21sur les priorités notamment en termes d'investissement.
04:24Imaginez à quel point on pourrait rêver
04:26d'une situation équivalente en Europe.
04:28On parlera peut-être un petit peu d'Europe tout à l'heure.
04:30Mais la Chine a ce grand avantage
04:33de donner en tout cas aux investisseurs
04:35une forme de visibilité.
04:36Et ce qu'on attend de ce conclave,
04:39c'est l'indication que le gouvernement,
04:43contrairement à ce qui s'est passé il y a une dizaine d'années,
04:46n'est pas mal à l'aise face à la progression
04:48du marché actions chinois.
04:50Je vous rappelle que les actions chinoises
04:51sont peut-être le top performer,
04:53le meilleur performer de l'année 2025,
04:56en dépit de la guerre commerciale
04:59qui peut encore animer l'évolution des marchés
05:02ces derniers jours.
05:03Avec un Hong Kong qui gagne plus de 25%
05:05depuis le début de l'année.
05:06Alors peut-être des bonnes surprises
05:07la semaine prochaine du côté de la Chine
05:08et peut-être également des bonnes nouvelles en Europe.
05:11Alors c'est vrai que l'Europe peine toujours
05:12à convaincre avec ces statistiques,
05:14mais un point bas a peut-être été touché.
05:16Je ne sais pas, comment vous regardez la situation,
05:18Florian Yelpo, par rapport aux différentes statistiques
05:21en Europe et cette forme de pessimisme aujourd'hui ?
05:24Il est difficile de convaincre les investisseurs
05:27que la zone euro va bien, va mieux,
05:30enregistre en 2025 une forme de reprise.
05:32Pourtant, les chiffres des ventes de détails
05:35qu'on a eus il y a deux semaines étaient plutôt bons,
05:38aux alentours de 1% de progression des ventes de détails
05:41sur une année roulante, ce qui est plutôt bien,
05:43dans une économie qui n'a pas une forte croissance économique.
05:47On a eu hier l'indice,
05:48la progression de la production industrielle
05:51qui elle-même s'établit autour de 1%.
05:53Donc dans l'ensemble, on a une progression à la fois
05:56de la production industrielle et une progression de la consommation.
06:00Et la combinaison des deux donne l'image d'une zone économique
06:04qui est en forme de reprise.
06:06Cette zone économique, elle abrite également des indices actions
06:08qui ont des valorisations qui sont relativement faibles,
06:11relativement basses.
06:12Et pour nous, c'est une indication de croissance décente,
06:20pas de problème d'inflation et une consommation
06:23qui elle-même tient la route,
06:24mélangée avec des valorisations faibles.
06:27C'est ce qu'on appelle un investment case.
06:30Il y a des raisons de penser que les actions européennes
06:33pourraient continuer à progresser.
06:35L'allocation, nous en reparlerons dans une demi-heure,
06:37avec notamment nos deux invités,
06:39pour regarder comment vos téléspectateurs, auditeurs de BFM Business,
06:43vous pouvez positionner vos portefeuilles pour cette fin d'année.