00:00Florian Hielpaux, notre éclaireur en charge de la macroéconomie chez Lombard-Audier IM.
00:07Merci d'être avec nous, Florian. En effet, c'est le sujet qui préoccupe les marchés ces dernières
00:13heures, notamment depuis vendredi la publication de chiffres aux États-Unis concernant l'emploi,
00:18l'emploi qui cale et ça sera intéressant d'ailleurs de regarder cet après-midi la révision de ces
00:23chiffres de l'emploi concernant la période du printemps. Ça donnera notamment des indices sur
00:29la tenue du marché de l'emploi aux États-Unis.
00:31Bonjour, Keanu. Oui, tout à fait. C'est un peu la grande question du jour. Ce qu'on a découvert
00:37vendredi, si on devait le résumer simplement, c'est que la réserve fédérale américaine a toutes les
00:41raisons d'être inquiète au sujet de la trajectoire du marché de l'emploi aux États-Unis. Alors ce qu'on
00:47avait observé précédemment, c'était une première publication du chiffre de création des emplois aux
00:52alentours de 100 000 pendant l'été. 100 000, est-ce que c'est beaucoup ou non ? C'est la moitié du rythme
00:57de croisière de l'économie américaine. Ces chiffres-là ont été révisés en seconde estimation à zéro et le
01:03dernier chiffre qui nous a été présenté, ça n'était pas 75 000 créations comme anticipé, mais 22 000 en
01:08première estimation. Donc il faut bien garder en tête que ces premières estimations, elles vont avoir
01:13tendance à être révisées à la baisse dans les mauvais moments du cycle. Pourquoi ? Simplement parce
01:18que ces révisions proviennent du fait que les petites et moyennes entreprises tardent à répondre à
01:23à l'enquête et sont celles qui sont les plus exposées aux fluctuations du cycle. Donc on va être très
01:28attentifs non seulement aux chiffres lui-même, mais à ces révisions que vous mentionniez, parce que
01:32c'est justement ça votre éclaireur aujourd'hui dans la macro, c'est-à-dire ces révisions négatives
01:37sont un signe généralement de détérioration des perspectives économiques dans leur ensemble.
01:42Pour rappel, les chiffres qui ont été publiés vendredi faisaient état d'un taux de chômage de 4,3%
01:46aux Etats-Unis, avec seulement 22 000 créations de postes, alors que le consensus s'attendait à 75 000.
01:52Bon, le marché obligataire se détend dans ce contexte aux Etats-Unis. On a un 10 ans américain qui est sur
01:56des plus bas de 5 mois. Ça, c'est quand même un sacré carburant pour Wall Street. Comment vous regardez
02:00ce 10 ans américain qui est à la porte des 4 %, 4,05 ce matin, Florian Yelpo ?
02:05C'est un peu la trajectoire de marché qui change la donne. C'est-à-dire que lorsque les taux longs baissent,
02:13ça permet de voir ce qu'on appelle les PER, les Price Earning Ratio, qui sont des indicateurs
02:17de valorisation, en tout cas de cherté des marchés d'action, des révisions à la hausse.
02:22C'est-à-dire, finalement, on peut vivre aujourd'hui avec des PER de 23, 24, 25 années
02:26lorsque les taux se mettent à passer certains seuils. Évidemment, le grand seuil, c'est 4%.
02:30Et si on passe les 4% à la baisse sur le 10 ans américain, la question est quelle est la raison
02:36qui pourrait nous faire passer ce 4% à la baisse si ces raisons sont une inquiétude croissante
02:41au sujet des perspectives de croissance aux États-Unis ?
02:45On comprend bien que ce coussin, ce matelas qui s'est formé ces deux derniers jours
02:50avec la baisse des taux pourrait néanmoins être également revisité parce que les perspectives
02:55de earnings, les perspectives de bénéfices futurs des entreprises pourraient s'en trouver
02:59amoindries. Donc on va devoir faire, nous, l'équilibre entre, justement, des taux qui baissent,
03:04la marée qui fait monter tous les bateaux, et puis, d'un autre côté, des taux qui baissent
03:09parce que les perspectives de bénéfices reculent. Et ça, c'est plutôt un facteur défavorable
03:13dans un marché qui reste cher aujourd'hui.
03:15Alors, la bourse, pour l'instant, ignore ses signaux négatifs. Et comme vous l'avez dit,
03:20regarde le prix de l'argent. Mais jusqu'à quand ? Encore hier, je voyais la Fed qui parlait
03:25notamment de plus de 16 milliards de crédits revolving octroyés au mois de juillet
03:29aux consommateurs américains. On voit bien quand même qu'on a un consommateur américain
03:33qui regarde de plus en plus la carte bleue, en tout cas à crédit, pour faire ses dépenses.
03:37Oui, tout à fait. Mais autant les États-Unis se sont bien comportés pendant toute la phase
03:43de hausse de taux de ces quatre dernières années, ce qui a aidé le reste du monde à traverser
03:48cette phase de hausse de taux avec un maigre ralentissement, disons. Autant là, la Chine
03:53va de mieux en mieux, la zone euro va de mieux en mieux. Et ce sont aussi des facteurs
03:58qui vont venir un petit peu alléger l'addition américaine, qui vont venir aider les États-Unis
04:02à, disons, moins mal se comporter, justement, si on devait entamer une période de ralentissement
04:09un peu plus marquée. Notre scénario principal aujourd'hui, c'est un ralentissement, pas
04:13une récession. Pour l'instant, on a de la peine encore à voir ce ralentissement devenir
04:17catastrophique aux États-Unis.
04:20Un dernier mot, Florian Hielpot, sur le chiffre d'inflation qui sera publié jeudi.
04:24Ça aussi, bien sûr, c'est une donnée essentielle pour la Fed qui regarde les chiffres de l'emploi.
04:27On en parlait en préambule et donc forcément ce chiffre d'inflation.
04:31Avec une petite spécificité sur cette semaine d'inflation, c'est que normalement, on a
04:36généralement d'abord l'inflation des consommateurs, puis l'inflation des producteurs
04:41le lendemain. Souvenez-vous, le mois passé, la surprise était venue plutôt des producteurs.
04:46Cette semaine, ce sera l'inverse. On aura d'abord les producteurs, puis les consommateurs.
04:50Ce qui est remarquable, c'est le consensus de marché aujourd'hui qui n'anticipe absolument
04:54pas de progression de l'inflation qui serait tirée par les droits de douane, ni du côté
04:58producteur, ni du côté consommateur. Quelque part, le risque est là. Le risque est
05:03justement que l'on découvre, encore une fois, que ce troisième trimestre sera placé
05:07sous le signe de l'impact des droits de douane sur l'économie américaine, du côté
05:13emploi, temps et du côté inflation. Et c'est ce qu'on va découvrir cette semaine.
05:18Est-ce que ce rapport pourrait amener la Fed à ne pas baisser ses taux en septembre ?
05:22C'est très peu vraisemblable au vu des chiffres de l'emploi qu'on a eu vendredi
05:26dernier.
05:27Très clairement. Maintenant, la question, c'est est-ce qu'il y aura d'autres baisses
05:29de taux d'ici à la fin de l'année ? Quelles sont vos projections chez l'ombardier
05:32Yem, Florian Yelpo ?
05:34On continue à en anticiper trois baisses de taux d'ici la fin de l'année aux États-Unis,
05:37justement parce qu'on pense que dans ce grand exercice d'équilibrisme que la Réserve
05:42fédérale américaine tente d'accomplir, c'est l'emploi qu'elle va préférer de plus en plus.
05:46On le lisait dans les minutes de son dernier meeting, on l'a lu dans le discours de Jackson
05:51Hall. On va continuer à le lire ces prochains mois dans leur déclaration.
05:55Très clair. Merci beaucoup Florian de nous avoir accompagné ce matin. Florian Yelpo en
05:58charge de la macroéconomie chez l'ombardier Yem, donc pour faire un point sur l'emploi
06:03mais aussi sur l'inflation de données qui seront bien sûr scrutées tout au long de la
06:07semaine sur les marchés.
06:08C'est tout.