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  • il y a 2 jours
Ce mercredi 1er octobre, la paralysie budgétaire aux Etats-Unis qui fait chuter les marchés futurs, a été abordée par Florian Ielpo, responsable de la macroéconomie chez Lombard Odier IM, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Et notre éclaireur du jour est Florent Yelpo, en charge de la macroéconomie chez Lombard Audier IEM.
00:09Bonjour Florian Yelpo, vous êtes en duplex avec nous. Merci d'être avec nous dans Good Morning Markets.
00:15Bonjour Florian Yelpo.
00:17Bonjour Nicolas, bonjour à tous.
00:19Un mot quand même de ces deux actualités du matin. Nous vivons un shutdown aux Etats-Unis.
00:23Alors effectivement, ça n'inquiétait pas beaucoup les marchés. Il y avait ceux qui y croyaient, ceux qui n'y croyaient pas,
00:27ceux qui voyaient des conséquences assez relatives sur le sujet.
00:30Nous vivons un shutdown aux Etats-Unis, Florian Yelpo, et puis nous avons passé les 7900 points sur le CAC 40 ce matin.
00:37Absolument. Il faut se rappeler que ce shutdown est une problématique qui est purement américaine,
00:42avec très peu d'incidence finalement sur les perspectives de profit pour un grand nombre d'indices non américains notamment.
00:50Ça c'est le premier élément.
00:51Le deuxième élément, il faut se souvenir que c'est souvent, enfin c'est historiquement quelque chose de court terme.
00:56Vous savez, en moyenne, ça dure 15 jours.
00:58Donc on a en général deux semaines de shutdown avec des variations.
01:02Ça a pu aller jusqu'à 35 jours.
01:04Souvenez-vous, 2018, avec certaines conséquences économiques, mais très peu de conséquences de marché,
01:11où ça n'a pu durer quelques jours, notamment sous Reagan.
01:14Donc il y a un point commun à tout ça.
01:17C'est un choc de court terme normalement, et c'est un choc américano-américain.
01:22Pas d'inquiétude sur les marchés européens et sur les marchés américains, Florian Yelpo ?
01:27Alors, un peu plus d'inquiétude de ce côté-là.
01:30Moi, mes yeux, ils sont surtout sur la trajectoire du dollar.
01:33C'est-à-dire que ce pauvre dollar, cette année, il a une trajectoire qui est difficile.
01:38Il a souffert de l'imposition des tarifs douaniers.
01:41Il a souffert d'un certain nombre de déclarations qui mettaient en péril l'indépendance de la Banque centrale américaine.
01:48Et là, il souffre à nouveau parce que la crédibilité de l'État américain est une nouvelle fois atteinte.
01:53Donc en filigrane de tout ça, il faut garder en tête qu'on ne parle encore et toujours que de la même chose,
02:00c'est-à-dire du destin fiscal de l'État américain.
02:03Et c'est l'un des dangers de 2025.
02:06Maintenant, le marché tente de se repositionner, de réagir face à ça.
02:09Le premier des marchés à réagir en général, c'est plutôt la monnaie et le dollar baisse à l'ouverture.
02:15Si l'on est aux États-Unis, je vous propose d'y rester, Florian Yelpo, en matière de politique monétaire.
02:22Alors effectivement, l'argument shutdown était interprété comme certain par l'idée que ça pourrait venir soutenir
02:32cette politique monétaire accommodante aux États-Unis,
02:36ou en tout cas ce que veulent un certain nombre d'opérateurs de marché sur le sujet.
02:40On price deux baisses de taux pour la fin d'année 2025,
02:44mais quatre baisses de taux d'ici décembre 2026, Florian Yelpo.
02:50Oui, tout à fait.
02:51Il faut garder en tête qu'historiquement, ces exercices de shutdown coûtent environ 0,1% de croissance par semaine.
03:00Alors c'est à la fois peu et beaucoup, en tout cas ça risque de contribuer à ralentir l'économie américaine
03:08et du coup ça va faire le lit probablement d'au moins une à deux baisses cette année
03:12et ce sont clairement des arguments qui vont dans la direction d'une baisse des taux.
03:17Le problème auquel nous allons être confrontés également bientôt, encore une fois une conséquence de ce shutdown,
03:22c'est que le Bureau of Labor Statistics, qui est l'entité statistique qui produit les statistiques de l'emploi
03:31qui doivent être, qui devaient être publiées ce vendredi,
03:34eh bien ce shutdown va mettre en péril cette publication,
03:36mais ne mettra pas en péril la publication des ISM qu'on verra cet après-midi pour nous aux États-Unis
03:42et vendredi après-midi qui sont les indicateurs avancés de l'économie américaine.
03:47Historiquement ce qu'on voit c'est un report de l'importance des statistiques du marché de l'emploi
03:51vers ces deux enquêtes de l'ISM qui devraient néanmoins être publiées en dépit du shutdown.
03:55Pour autant l'enquête suivie par la Fed, ou en tout cas les chiffres de l'emploi suivis par la Fed,
04:00c'est évidemment ce rapport sur l'emploi privé aux États-Unis, publié vendredi.
04:06On va du coup avoir certains éléments, mais plutôt des enquêtes privées.
04:10Et d'ailleurs on a déjà découvert l'enquête Joltz hier, Florian Yelpo,
04:14qui montre que les offres d'emploi ont augmenté plus fortement que prévu au mois d'août.
04:19Oui, et s'il y a l'une des sous-composants de cette enquête à suivre,
04:24c'est les taux de licenciement.
04:26On a un indicateur qui permet de suivre justement le nombre de personnes,
04:29en tout cas le pourcentage des gens employés qui perdent leur emploi.
04:33Il est resté inchangé vis-à-vis du mois précédent à 1,1%
04:36et plus important encore, il reste très éloigné des seuils critiques
04:41qui différencient un marché de l'emploi qui ne va pas bien,
04:44un marché de l'emploi qui va bien, ce seuil étant à 1,4%.
04:47Donc on en est encore très très loin et cette enquête des Joltz
04:52le montre assez clairement, dans l'ensemble, le marché de l'emploi
04:54reste résilient aux États-Unis avec un taux de chômage
04:57qui restera probablement aux alentours des 4,2-4,3%.
05:01Peut-on espérer, Florian Yelpo, le jour où effectivement nous aurons accès
05:06aux données de l'emploi aux États-Unis, du Bureau of Labor Statistics,
05:10peut-on espérer une reprise du marché de l'emploi
05:12ou en tout cas une résistance de ce marché ?
05:15Alors c'est comme ça que le marché est positionné aujourd'hui.
05:17Le scénario de marché principal aujourd'hui,
05:19c'est que les États-Unis ont connu au troisième trimestre
05:23une phase de ralentissement qui était un peu scriptée,
05:26qui était scriptée notamment du fait de l'impact des droits de douane
05:29sur l'économie américaine, mais que ce qui est devant nous,
05:32c'est plutôt une forme de rebond de l'économie américaine,
05:34c'est-à-dire que les créations d'emploi devraient progresser
05:37dans les mois à venir, dans les rapports de septembre, octobre, novembre, décembre,
05:40le jour où on pourra mettre nos mains sur ces données-là.
05:44C'est le scénario global du marché et puisque c'est son scénario,
05:47son angle mort, c'est justement une poursuite de la détérioration.
05:50Un chiffre à suivre dans ce rapport sur l'emploi,
05:52ce sont les révisions des créations d'emplois.
05:55On ne le dira jamais assez.
05:57Des révisions négatives, c'est-à-dire que la réestimation du chiffre précédent,
06:02plus basse que la publication initiale,
06:05ce sont généralement des signes de détérioration.
06:06Lorsqu'on aura moins de révisions négatives,
06:09on pourra confirmer une amélioration sur le marché de l'emploi américain.
06:13Un mot, Florian Yelpo, de l'inflation, cette fois-ci en zone euro.
06:17Alors on a eu hier deux chiffres sur lesquels on y mérite de s'arrêter.
06:21L'inflation en France, 1,2% en septembre,
06:23et l'inflation en Allemagne, 2,4% en septembre.
06:26On est sur un rapport de 1 à 2.
06:29Comment interpréter ces différences, Florian Yelpo ?
06:33Il faut bien garder en tête la position qui est extrêmement difficile aujourd'hui
06:36pour la Banque centrale européenne.
06:38C'est-à-dire que si on étend encore la liste de ces chiffres d'inflation,
06:41on a également reçu l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande,
06:45donc des pays qui sont quand même significatifs pour la zone euro,
06:49et aucun d'entre eux n'a le même chiffre d'inflation.
06:53On est confronté à une vaste disparité entre les chiffres d'inflation,
06:56mais dans l'ensemble, on a un grand nombre de pays qui sont au-dessus des 2% d'inflation,
07:02et ça risque d'inquiéter la BCE.
07:04Pourquoi ? Ce sont généralement les pays où le momentum économique est le plus fort,
07:08c'est-à-dire que la dynamique globale, c'est un euro fort, des matières premières qui baissent,
07:12ce sont des facteurs de désinflation, ce sont des facteurs qui vont venir limiter la progression des prix,
07:18mais de l'autre côté, lorsqu'on pense à un pays comme l'Allemagne,
07:20on en a encore eu la confirmation avec l'enquête de l'IFO,
07:22avec l'enquête de la Commission européenne qui est en phase de reprise,
07:27et bien cette phase de reprise, elle est généralement inflationniste,
07:29et la BCE va devoir statuer entre ses préférences pour ses enfants qui vont le plus vite
07:35et ses enfants qui vont le moins vite.
07:37Malheureusement, parmi ses enfants qui vont le moins vite, on trouvera la France,
07:40vous l'avez vu avec les bandes de détail notamment, qui enregistrent un recul au mois précédent.
07:45Donc c'est le grand écart, c'est le grand strabisme pour la Banque centrale européenne
07:50avec une décision de politique honnêteur qui va devenir de plus en plus difficile à prendre.
07:54Merci Florian Yelpau de nous avoir accompagné dans L'Éclaireur, dans Good Morning Markets.

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