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  • il y a 58 minutes
Ce mercredi 8 octobre, Gilles Moëc, chef économiste du groupe AXA, était l'invité dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur les menaces que présentent les investisseurs japonais sur les marchés obligataires occidentaux. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Gilles Mouek, bonjour, chef économiste du groupe AXA.
00:03Je vous ai demandé de venir ce matin pour qu'on parle notamment des investisseurs japonais
00:07parce qu'on a besoin des investisseurs japonais sur les marchés obligataires.
00:10Ils fournissent beaucoup de dettes quand même aux pays occidentaux.
00:14On s'attend potentiellement à ce qu'ils se replient sur eux-mêmes.
00:17Est-ce qu'il y a un risque demain de crise de la dette à cause des japonais ?
00:23Les investisseurs japonais bougent en général de manière assez graduelle
00:28ou en tout cas ne réagissent pas à des nouvelles qui ne sont pas confirmées,
00:34qui n'ont pas fait l'objet d'une étude vraiment très approfondie de leur part.
00:40On l'a vu à plusieurs reprises dans le passé, ce ne sont pas des investisseurs volatiles,
00:45ce sont des investisseurs de long terme.
00:47Maintenant, ce sont des gens qui sont confrontés à des choix assez complexes
00:52sur leur propre marché domestique,
00:55ce qui probablement les incite à rester aussi très prudents
00:59dans leur stratégie aujourd'hui d'allocation internationale.
01:01Je ne crois pas qu'on va avoir des mouvements très très nets
01:04de leur part à très court terme,
01:06parce que leur choix à eux,
01:08à la fière action en centrale,
01:09c'est comment réagir à la nouvelle bonne politique au Japon,
01:12comment réagir à ce qui pourrait être
01:15la place d'une politique budgétaire
01:17beaucoup plus expansioniste.
01:19Et je pense que tant qu'ils ne sauront pas
01:21à quel point s'ils sont mangés, entre guillemets, domestiquement,
01:24je ne pense pas qu'ils bougent beaucoup.
01:25On va avoir des questions...
01:27Même Gilles, si Sanae Takahashi, en arrivant au pouvoir,
01:31elle a annoncé qu'elle allait mettre en place des abénomics,
01:33le capital ne peut pas être partout.
01:35Donc à un moment donné, si on a besoin de capitaux
01:37pour faire une relance hypothétique au Japon,
01:40on ne peut pas être à la fois au Japon
01:42et sur les marchés occidentaux.
01:44Sauf si les taux montent.
01:45Ce qui est une possibilité non nulle dans le cas japonais.
01:50Parce qu'il y a pour moi une vraie difficulté
01:55dans le dépoussiage, entre guillemets, d'abénomics aujourd'hui.
01:59C'est qu'abénomics, à l'époque, était complètement approprié.
02:03Enfin, je rappelle, abénomics, c'était le mélange
02:06d'une politique budgétaire expansionniste
02:08avec une politique monétaire accommodante
02:10et des réformes structurelles.
02:11C'était ça les trois flèches d'abénomics.
02:14A l'époque, c'était complètement approprié
02:16parce qu'on était dans une situation
02:19de déflation complètement enquistée
02:24dans l'économie japonaise.
02:25Aujourd'hui, on n'est plus dans une situation
02:27de déflation enquistée.
02:29C'est même bien le contraire.
02:30Ce qui a provoqué d'ailleurs la défaite du LDP
02:33dans deux élections récemment,
02:35c'est précisément le fait que le retour de l'inflation
02:37venant éroder le pouvoir d'achat des ménages
02:39se traduit par un mécontentement des électeurs.
02:42Donc, abénomics, je comprends cette tentation
02:46parce que la croissance japonaise est assez faible,
02:50parce qu'il y a ce souci de pouvoir d'achat
02:52qui incite les politiques à essayer de répondre
02:56par des politiques actives.
02:59Mais dans l'état actuel,
03:01dans la configuration japonaise actuelle,
03:03c'est quelque chose qui pourrait se traduire
03:04soit par un score-croît d'inflation,
03:07soit par une augmentation des taux longs.
03:09Donc là, il y a une vraie difficulté.
03:11Il y a un timing qui est extraordinairement compliqué,
03:14à la fois pour Takahashi
03:15et pour la Banque du Japon.
03:17J'ajouterais, pour que le tableau soit complet,
03:21que Takahashi ne fera pas exactement ce qu'elle voudra.
03:24Elle ne fera pas exactement ce qu'elle voudra,
03:25parce qu'elle devra négocier un accord de coalition
03:27avec des partis qui sont eux aussi également favorables
03:31à une politique budgétaire active,
03:32mais différemment.
03:33Takahashi, c'est la politique budgétaire active
03:35plutôt axée sur l'investissement.
03:38Et ça, c'est plutôt bien,
03:39parce que ça évitera beaucoup d'effets inflationnistes domestiques.
03:42Mais elle a des alliés potentiels
03:43qui, eux, veulent une relance budgétaire,
03:46j'allais dire classique,
03:47passant par le soutien à la consommation.
03:50Donc on est vraiment dans un attentif.
03:52Donc ce n'est pas gagné que les abénomics,
03:54ça fonctionne à nouveau.
03:55Ça n'avait pas marché la dernière fois.
03:57Il n'y a pas de raison que ça fonctionne à nouveau.
03:59Gilles, je ne peux pas résister
04:00au fait de vous poser une question
04:01quand même sur la situation française.
04:03Vous entendez qu'on va revenir
04:04sur la réforme des retraites.
04:05Comment peut-on être le pays
04:07qui travaille le moins
04:09avec le niveau de dépense sociale le plus élevé ?
04:12Il y a eu un papier de Gilles Berset
04:15dans les écoles il y a peu de temps.
04:16Gilles Berset, c'était mon ancien patron
04:18à la Banque de France,
04:18donc j'ai évidemment beaucoup de respect pour lui.
04:20Et un des points qu'il faisait
04:22qui me paraissait juste,
04:23qui était un peu de renversé logique,
04:25était de dire
04:25pourquoi a-t-on ce problème aujourd'hui
04:28de discussion budgétaire,
04:30de soutenabilité de notre état social ?
04:32Et sa réponse était
04:33parce que notre croissance est trop faible,
04:35parce que notre PIB par habitant est trop faible.
04:38Et parce que notre PIB par habitant est trop faible,
04:40nous n'avons pas les moyens, entre guillemets,
04:41de soutenir l'état de présence
04:43que nous souhaitons collectivement,
04:46parce que c'est un choix civilisationnel français.
04:48Et son point, c'était de dire
04:49cherchons les raisons qui font
04:51que le PIB par habitant français
04:53est plus bas que dans les pays nordiques, par exemple.
04:55Et on trouve toujours cette fameuse question
04:57du taux d'emploi,
04:59d'une faiblesse du taux d'emploi,
05:00en particulier pour les seniors.
05:02Donc, quel que soit l'habillement,
05:04l'habillage qu'on trouvera
05:05sur la réforme d'intraite en soi,
05:08pour moi, la question l'incidante
05:09est toujours la même.
05:10Comment peut-on faire remonter le taux d'emploi ?
05:14Parce que c'est en remontant le taux d'emploi,
05:16y compris probablement pour les seniors,
05:18qu'on réussira à trouver les moyens financiers
05:20de servir l'ambition que, semble-t-il,
05:23nous avons tous, culturellement, en France,
05:25pour un état de providence relativement développé.
05:28C'est ça, pour moi, qui est véritablement important.
05:30La question du paramétrage de la réforme
05:33elle-même me paraît un tout petit peu secondaire.
05:36L'important, c'est de réussir à faire en sorte
05:37qu'on ait un système de retraite
05:39qui permette qu'il soit compatible
05:41avec une extension du taux d'emploi.
05:44Merci beaucoup, Gilles Mouek,
05:45chef économiste du groupe AXA,
05:46d'avoir été avec nous ce matin
05:47dans la matinale de l'économie.

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