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  • il y a 22 minutes
Ce mardi 9 décembre, Jacques Lemoisson, fondateur de Gate Capital Management, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur les propos menaçants de Macron qui prétend imposer des droits douaniers à la Chine, alors que la France ne fait pas le poids dans les échanges commerciaux et dans la compétition industrielle, avant de parler des pistes d'action pour lutter contre le rouleau compresseur chinois. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00La Chine vient percuter le cœur du modèle industriel européen, ce sont les mots d'Emmanuel Macron hier matin dans les échos.
00:05On en reparle avec Jacques Lemoisson. Bonjour, vous êtes le fondateur de Gate Capital Management.
00:09Quand on dit que ça percute le cœur du modèle industriel européen, c'est le moins qu'on puisse dire,
00:14puisque je redonne les chiffres qu'on a eus hier sur novembre.
00:17L'excédent commercial chinois atteint plus de 1000 milliards de dollars.
00:21C'est un record avec des exportations de la Chine qui ont augmenté de quasiment 6% en novembre sur un an
00:27et qui ont baissé vis-à-vis des États-Unis, donc a priori ça vient directement chez nous en Europe.
00:32Est-ce que vous pensez que la méthode d'Emmanuel Macron de dire
00:35« si vous ne nous respectez pas en tant qu'européens potentiels consommateurs et clients de vous chinois,
00:41on va vous mettre en place des droits de douane », est-ce que pour vous c'est une bonne stratégie ?
00:45Non. Déjà, qui on est pour essayer de menacer la Chine, petit un ?
00:50Est-ce qu'on a les cartes en main ? Non.
00:52Après, Xi Jinping le sait très bien, on voit ce qu'a récupéré Emmanuel Macron en allant en Chine.
00:57Rien. La Chine a gagné du temps.
00:59Il y aurait quelques contrats sur des Airbus mais non confirmés ?
01:02Oui. Après, derrière, on va toujours avoir des miettes de pain, on va dire.
01:05Mais globalement, c'est un choc de modèles industriels.
01:09Notre modèle est un modèle ancien.
01:11La Chine est un modèle nouveau.
01:14Les déclarations qui ont été faites sur « il faut que les Chinois investissent en Europe »,
01:18la Chine a investi, entre 2015 et 2025, 25 trillions de dollars de plus que l'Europe sur son architecture industrielle.
01:31Nous, en France, on est en train de se battre sur 30 milliards de trous dans la sécu.
01:36Vous comprenez que la magnitude n'a rien à voir.
01:39Donc non, on a clairement un problème de modèle.
01:43Mais qu'est-ce qu'on peut faire face au rouleau compresseur chinois ?
01:45Parce qu'on le sait, ça va être le cas dans l'aluminium dont on parlera tout à l'heure,
01:49mais on sait que la compétition chinoise, en fait, elle est tellement forte qu'on ne peut pas lutter.
01:53Est-ce qu'il faut lâcher l'affaire ? Comme vous le dites, ils sont trop forts pour nous ?
01:56Ce n'est pas lâcher l'affaire. Je pense que le terme de coopération n'est pas un vilain mot, le titin.
02:02Il suffit de voir qu'il y a quand même des centaines de milliards d'investissements de sociétés européennes en Chine.
02:08Il faut aussi comprendre que la Chine n'a pas besoin de nous.
02:11Ce n'est pas qu'elle ne veut pas, comme j'ai entendu dans certains plateaux, certains économistes le dire.
02:16La Chine ne veut pas, elle n'a pas besoin de nous.
02:18Qu'est-ce qu'on met dans la coopération ?
02:20Dans la coopération, il y a des briques.
02:22Par exemple, il y a des sociétés comme Nexperia, qui font des puces pour les autres automobiles.
02:30Et évidemment, elle est interachetée par la Chine et c'est une coopération.
02:34Les Chinois prennent ces petites puces et les Chinois complètent la supply chain de ces puces
02:41avec des produits qu'ils ont à eux.
02:43Et in fine, c'est des produits Nexperia européens, qui est un des leaders dans ce...
02:48Ça, pour vous, c'est un bon exemple ?
02:49Pour moi, c'est un bon exemple de coopération.
02:52C'est un mauvais exemple en termes de, on va dire, idiotie politique.
02:57Parce qu'à un moment, les Hollandais ont dit, si plus les Chinois, spoliation.
03:00Une loi de 56, je crois, qu'ils ont remis au goût du jour, qui est dans la guerre froide.
03:04En disant que c'est stratégique, en fait.
03:06Du coup, on récupère.
03:06Oui, c'est stratégique, in fine, mais c'est stratégique de rien.
03:08Parce que les Chinois ont dit, nous, on coupe.
03:11Et l'industrie automobile se trouve par terre.
03:12On a besoin de la Chine pour produire.
03:15Parce que les Chinois ont investi ce que nous n'avons pas investi.
03:20On a une électricité deux fois plus chère.
03:22On a un coût du capital quatre fois plus élevé.
03:24On a des régulations dans tous les sens.
03:26Et on n'a aucune vision.
03:28Donc, à un moment, il va falloir se poser la question d'un reset.
03:30Et d'ailleurs, lorsque vous avez présenté les Awards 2025,
03:3390% des patrons ont dit la même chose que moi.
03:38Il y a trop de régulations.
03:39Où est-ce qu'on va ?
03:40Et c'était à la fois un bon moment, mais triste.
03:42C'est pas faux.
03:44Non, c'est vrai.
03:44C'est un peu le sentiment que ça a laissé.
03:45Annalisa.
03:46Vous dites que les Chinois n'ont pas besoin de nous.
03:48Ils ont quand même un peu besoin de l'Europe en tant que consommateurs,
03:51en tant que marché de consommation.
03:52Bien sûr.
03:52C'est pour ça qu'ils ont déjà commencé à orienter les flux qui allaient avant vers les États-Unis,
03:57vers l'Europe.
03:57Nous, on est un peu des victimes collaterales dans cette histoire.
03:59C'est intéressant, c'est qu'on va regarder les chiffres en détail.
04:01C'est vrai, il y a plus de flux vers l'Europe,
04:04mais surtout, il y a une explosion des flux vers l'Azéane,
04:07vers l'Asie du Sud-Est.
04:08Mais une explosion des flux.
04:09Pour plusieurs choses.
04:11Déjà, un, les flux sont...
04:15Certains pays du Sud-Est sont utilisés par la Chine pour contourner les tarifs.
04:19Alors, tarifs qui ne marchent pas, la preuve.
04:22Record de balance commerciale chinoise.
04:24Bon, donc ça ne marche pas.
04:26Et après, derrière, l'Azéane 5,
04:28donc les 5 plus grands pays d'Asie du Sud-Est,
04:32ont une croissance du PIB à 4,2 à peu près,
04:35quand le G7 est à 1,5.
04:37La croissance n'est plus chez nous, elle est là-bas.
04:39Donc les consommateurs, ils sont là-bas.
04:40Ils sont là-bas.
04:41Et en plus, le choc des différentes administrations américaines d'avoir des tarifs
04:45fait qu'il y a une conscience des pays asiatiques de dire
04:48la Chine est peut-être un partenaire plus, je dirais, stable que les États-Unis.
04:55Et donc, avant, il y avait un footprint, désolé,
04:58il fait une empreinte américaine très forte.
04:59Maintenant, la Chine est devenue une alternative plausible pour beaucoup de pays.
05:06Et donc, maintenant, c'est l'Asie du Sud-Est qui traîne une grosse partie.
05:10Elle rentre un peu, mais vraiment, regardez les flux commerciaux vers l'Amérique du Sud,
05:14vers l'Afrique, vers le Moyen-Orient et vers l'Asie du Sud-Est,
05:19qui représente maintenant quasiment 60% de la croissance mondiale.
05:22Quand Emmanuel Macron dit ce qu'il nous faut, c'est des transferts de technologies
05:26avec des usines chez nous qui produisent des voitures électriques,
05:29vous y croyez à ça, au fait que la Chine puisse accepter de faire ce que nous,
05:33on a fait il y a 30 ans ?
05:35Je pense qu'ils le font déjà.
05:37Vous avez BYD qui a des usines dans le nord de l'Europe,
05:42dans l'Est de l'Europe, pardon.
05:45Donc, ils peuvent le faire, oui.
05:48Le problème, c'est qu'ils ne le font pas parce qu'ils sont menacés de tarifs.
05:51Ils ne sont pas fous.
05:51Et derrière, ils ont une telle compétitivité locale.
05:54Si c'est pour le faire en Europe, avec un prix d'électricité deux fois plus cher.
05:57Alors en France, c'est différent.
05:58Mais en Allemagne, ce sera la charbon qui fournit l'électricité.
06:01Donc, vous achetez une Tesla en Allemagne, vous pouvez lever.
06:04Parce que c'est la chaîne de production d'électricité.
06:07Mais in fine, les Chinois peuvent en effet investir,
06:10mais on n'a pas de cadre réglementaire clair.
06:14Les Pays-Bas ont démontré qu'ils peuvent ressortir des règles
06:19pour foutre dehors un actionnaire chinois.
06:22Est-ce que vous croyez que les Chinois vont dire
06:24« Ah ben super, oui, on va investir chez vous ».
06:26Trop de risques.
06:28Et pas assez d'intérêt.
06:29Non, pas assez d'intérêt.
06:30Déjà, ils le produisent très bien.
06:31Et même avec des tarifs, ils seront encore moins chers.
06:33Une voiture chinoise, je suis allé en Chine il y a quelques mois,
06:36vous avez un 4x4 luxueux, 7 places,
06:39avec des écrans partout, qui marchent très très bien,
06:42qui a 700 km d'autonomie,
06:43vous l'avez pour 25 000 dollars.
06:47Donc vous mettez 100% de tarifs.
06:49C'est le prix de la R5.
06:50Oui, 100% de tarifs, ça fait 40 000 dollars.
06:53Et vous avez l'équivalent d'un Q7 en termes de taille.
06:56Donc le gros problème, c'est qu'on a des atouts
06:59absolument énormissimes en Europe.
07:01Le problème, c'est qu'on a une classe dirigeante
07:04qui est aveugle, incompétente, on ne sait pas encore trop.
07:08Mais on a un gros problème à ce niveau-là,
07:09sachant que la Chine n'est pas un pays,
07:11c'est une civilisation.
07:13L'Égypte, les civilisations égyptiennes, romaines, grecques,
07:17beaucoup ont disparu.
07:18La Chine est une civilisation.
07:20On ne se bat pas contre un pays, mais contre une civilisation.
07:23Merci beaucoup Jacques Lemoisson,
07:24d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.
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