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  • il y a 4 mois
Ce lundi 1er septembre, Alexis Karklins-Marchay, directeur général délégué d'Eight Advisory, était l'invité de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Il a rebondi sur les propos de Mario Draghi qui lance un appel pour un sursaut de compétitivité de l'Europe face à l'invasion des produits chinois, aux droits de douane imposés par les États-Unis et à son rôle très marginal dans les négociations géopolitiques en Iran, à Gaza et en Ukraine. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Démonstration de force en Chine avec ce sommet où il y a le président chinois bien évidemment,
00:05mais les dirigeants russes, iraniens et turcs. Il y a une vingtaine de leaders eurasiatiques.
00:09Pendant ce temps-là, l'Europe patine. Alexis Karkins, marché.
00:12Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes le directeur général délégué Date Advisory.
00:16Vous nous accompagnez tous les lundis. Un Mario Draghi qui prêche un peu dans le désert ces derniers temps,
00:21qui répète toujours la même chose sur l'Europe fédérale.
00:24Pour lui, c'est la seule manière de pouvoir se construire politiquement.
00:27Bon, ça ne suffit pas, l'économie. Est-ce qu'il l'est entendu, écouté, vous avez l'impression ?
00:33Alors, objectivement, peu, mais il essaye.
00:37Il y a un an, il remet son rapport sur la compétitivité, pratiquement jour pour jour,
00:42parlant du déficit de productivité, d'innovation, proposant des pistes, proposant des actions.
00:48Avec cette phrase incroyable lors de la présentation de son rapport,
00:51nous tuons nos entreprises.
00:53Donc, il envoie un message très fort et il craint, dès l'année dernière, que ce rapport finisse sur une étagère.
00:59Nous sommes un an plus tard.
01:01Il intervenait la semaine dernière à Rimini.
01:03Rimini, pour se représenter, on est sur les bords de l'Adriatique, c'est une série de conférences, ça dure une semaine.
01:08C'est tous les ans, depuis plus de 40 ans en Italie.
01:11C'est un événement qui est prisé.
01:13Il y a toujours des personnalités de premier plan qui interviennent.
01:16Mario Draghi a fait l'ouverture, Giorgia Meloni a fait la clôture.
01:18Et là, il est allé encore plus loin, il a dressé un nouveau constat assez puissant sur l'Europe,
01:26en évoquant le fait que nous avons été trop longtemps convaincus que 450 millions d'habitants,
01:34450 millions de consommateurs, que cette puissance économique que nous représentions serait un levier géopolitique,
01:40serait une forme de puissance dans le monde diplomatique et politique.
01:44Et il dit la réalité, c'est que ce n'est pas du tout ça, 2025 c'est l'incarnation, il parle, là encore il a une expression très forte,
01:49il parle de l'évaporation de nos illusions.
01:51Pourquoi ? Il dit, regardez ce qui s'est passé en 2025.
01:55Nous subissons les tarifs douaniers.
01:56Nous sommes tensés d'augmenter nos dépenses militaires.
02:00Nous avons un rôle marginal dans les négociations en Ukraine, alors que l'Europe est le principal contributeur.
02:05Nous avons un rôle très marginal en Iran, très marginal dans la guerre à Gaza.
02:09Et nous risquons de subir l'invasion, d'ailleurs nous le subissons déjà en partie,
02:13l'invasion de produits chinois avec un pays qui aujourd'hui a moins d'accès aux Etats-Unis.
02:17La réalité, il pose cette réalité, l'Europe aujourd'hui n'est pas une puissance géopolitique.
02:22Annalisa, ce qu'il nous dit surtout c'est que l'Europe est dysfonctionnelle dans sa forme actuelle.
02:27Il y a beaucoup trop de désorganisation, ça ne marche pas vraiment, il faut changer quelque chose.
02:31Alors ça fait déjà quelques années qu'il dénonce la dérive bureaucratique européenne, l'inefficacité de l'Union Européenne.
02:37Il a pris soin de rappeler pourquoi nous avions créé cette Union Européenne.
02:42D'abord c'était lutter contre la tendance de ces Etats-nations à s'affronter, historiquement.
02:47Et puis c'était de donner une vraie puissance économique.
02:49Le marché commun est devenu le marché unique.
02:52Nous avons été convaincus que dans le multilatéralisme, l'Europe avait un rôle à jouer.
02:58Ce monde est fini. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui il faut compter.
03:02Dans ce monde, vous connaissez ce dernier livre de Julien Odao-Dampoli,
03:05à l'heure des prédateurs, à l'heure des empires, il faut compter géopolitiquement.
03:10Et l'Europe, aujourd'hui, telle qu'elle est, elle est effectivement dysfonctionnelle,
03:14elle n'a pas cette capacité à intervenir sur la sphère politique.
03:18En fait Alexis, ce qu'il dit, c'est ça, c'est qu'il dit qu'on a cru qu'on allait pouvoir mettre l'économie
03:21et puis la politique, on verra après où ça viendra de fait.
03:24En fait il dit qu'il faut faire une Europe politique, une Europe fédérale.
03:27Qu'est-ce qu'il met derrière ce terme fédéral ?
03:28Alors il ne prononce pas le mot, même la semaine dernière il ne l'a pas prononcé.
03:32On comprend que c'est une idée de fédéralisme pragmatique.
03:35Lui parle de davantage d'intégration.
03:38Il dit qu'il faut qu'on aille plus loin vers l'intégration parce qu'on ne peut pas rester en l'État.
03:41Alors on pourrait bien sûr reculer, on pourrait retourner aux États-nations,
03:45à la fédération des États-nations, c'est une idée qu'on entend souvent.
03:47Et lui dit, en réalité, vous ne compterez pas dans les négociations internationales
03:52pour maîtriser le destin de l'Europe et pour protéger les valeurs européennes.
03:55Vous ne compterez pas.
03:56Donc il faut aller plus loin dans l'intégration.
03:58Mais alors il est concret.
03:59Il prend d'abord des exemples.
04:00Il prend des exemples sur ces nouvelles formes d'intégration.
04:03Lui parle d'importance d'investir en commun sur la défense, sur la technologie, sur l'énergie.
04:08Il dit que chaque pays ne peut pas y aller tout seul.
04:10Vous ne compterez pas, vous n'aurez pas la capacité, vous n'aurez pas la taille,
04:13vous n'aurez pas l'échelle nécessaire pour faire les bons investissements et pour compter sur la planète.
04:19Premier exemple.
04:19Deuxième exemple, il parle de faire des dettes communes.
04:21Il en parlait déjà il y a un an.
04:22Il dit, nous devons avoir une dette commune.
04:24Et puis la grande nouveauté la semaine dernière, c'est que pour la première fois, il est allé plus loin sur l'aspect institutionnel.
04:30Il a parlé de la nécessité d'aller vers un 28e régime.
04:34Autrement dit, 27 pays et un 28e régime qui serait justement en coordination de ces projets internationaux
04:40et qui serait aussi l'arme de négociation beaucoup plus puissante avec la Chine, avec les États-Unis.
04:44Toutes les entreprises demandent ça.
04:45Eh bien, et voilà. En fait, il écoute les entreprises.
04:48Vous savez, Mario Draghi, on le sait, c'est quelqu'un qui a une réputation de quelqu'un de très sérieux.
04:53Ce n'est pas quelqu'un qui tombe dans la facilité.
04:55C'est un homme, quand il parle, il a plutôt le mot économe.
04:57Donc, quand il parle, on l'écoute.
04:59On l'écoute en tout cas dans certaines sphères.
05:01Et la grande difficulté, le grand défi qu'il pose, est aujourd'hui, ce sont les Européens qui doivent s'approprier ce sujet-là.
05:05Ça doit être dans le débat.
05:07Et ça ne l'est pas.
05:08En tout cas, ça l'est un peu en Italie.
05:09D'ailleurs, Georgia Meloni, en clôture, a repris une partie du discours, alors qu'elle était très eurosceptique.
05:14Elle a repris une partie du discours.
05:16Elle a changé grâce aux subventions européennes, notamment.
05:18Comme par hasard.
05:19Et puis, elle dit, c'est important d'avoir une défense européenne autonome des États-Unis.
05:22Bon, voilà.
05:23Mais en réalité, c'est qu'en France, on n'a pas ce type de débat.
05:26Merci beaucoup, Alexis Kaclin.
05:27Marche à l'être venue ce matin.
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