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  • il y a 23 heures
Ce lundi 17 novembre, Alexis Karklins-Marchay, directeur général délégué d'Eight Advisory, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur la tension entre le Japon et la Chine au sujet de Taïwan. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Forte tension entre le Japon et la Chine au sujet de Taïwan, évocation d'une invasion militaire, menace de décapitation, convocation d'ambassadeurs, ça s'en venait depuis une semaine.
00:09Cette nuit, les groupes liés au tourisme ont plongé en bourse puisque la Chine a recommandé à ses ressortissants d'éviter de voyager au Japon.
00:16On en parle avec Alexis Karkins-Marcher. Bonjour, vous êtes directeur général délégué d'Acte Edvisori.
00:21Tout est parti d'une prise de parole il y a dix jours de la première ministre japonaise.
00:25Oui, on a vraiment l'impression qu'une crise diplomatique en chasse une autre et il y a quelques jours, la première ministre japonaise, Sané Takahishi, a pris la parole devant le Parlement en expliquant, je cite,
00:37qu'une attaque, comprendre une invasion ou un blocus sur Taïwan, constituerait une menace existentielle sur le Japon.
00:44Alors ce que ça veut dire, en vertu d'un certain nombre de règlements et la constitution japonaise, ça veut dire que le Japon serait en droit d'utiliser la force militaire pour défendre ses intérêts
00:53si Taïwan devait être attaqué. Alors évidemment, ça a été perçu comme une agression directe de Pékin.
01:02Vous savez que tout ce qui concerne Taïwan, ça provoque des réactions épidermiques, on le sait bien.
01:07L'objectif de la Chine, c'est d'accueillir l'île de Taïwan, de retrouver la pleine possession de Taïwan qui est au large du continent.
01:18Et là, on peut dire que ça dépasse le simple discours diplomatique.
01:25En fait, ça a commencé par des réactions gouvernementales chinoises absolument virulentes.
01:30Des choses qu'on n'entend pas vraiment dans le langage diplomatique.
01:32Le ministère des Affaires étrangères déclarant que ceux qui jouent avec le feu périront par le feu.
01:38Le ministère de la Défense chinois expliquant que si le Japon intervenait, il subirait une défaite écrasante.
01:44Et puis, vous l'avez cité, ça s'est envenimé en quelques jours.
01:47Avec cette déclaration du consul chinois à Osaka, laissant entendre que la décapitation de la première ministre japonaise serait quelque chose qui serait envisageable.
01:58Les avis qui ont été donnés aux touristes chinois et aux étudiants chinois n'allaient plus au Japon.
02:04Et puis, depuis 48 heures, c'est l'envoi de bateaux chinois dans les eaux territoriales japonaises.
02:10Les japonais appellent les îles Sankaku, les chinois les appellent les îles Yaoyu.
02:15Voilà, ça monte, ça monte, c'est vraiment très tendu.
02:18Annalisa ?
02:18En fait, cette déclaration est vraiment explosive.
02:20Ce week-end, on a parlé de rien d'autre dans la presse chinoise, japonaise et puis sur les réseaux sociaux.
02:25Absolument.
02:26On voit, en fait, il y a vraiment deux visions qui s'opposent.
02:29C'est un enjeu de rivalité, très clairement, sur la zone Asie-Pacifique.
02:33Du côté japonais, la nouvelle première ministre a été très claire quand elle était élue.
02:39Sur sa plateforme électorale, c'était « Make Japan great again ».
02:43Ça passe par un discours plus militariste que précédemment.
02:47Ça passe par une rhétorique patriotique.
02:50En fait, elle s'inscrit dans la lignée de son mentor, l'ancien premier ministre japonais Abe,
02:54qui a été assassiné en 2022.
02:56On comprend aussi que le Japon veut revenir sur les trois principes nucléaires.
03:00Les trois principes nucléaires, c'est quoi ?
03:02C'est le Japon s'interdit de posséder l'arme nucléaire, s'interdit de produire l'arme nucléaire
03:07et s'interdit d'accueillir l'arme nucléaire.
03:09Et sur ce troisième principe, la possibilité d'avoir des armes nucléaires,
03:13le discours japonais est en train d'évoluer.
03:16Le Japon commence à envisager de pouvoir installer des armes nucléaires pour se protéger.
03:22Donc clairement, il y a ça.
03:23Encore une fois, le Japon est dans une logique de souveraineté.
03:26De plus en plus, le Japon veut à nouveau exister, peser sur le plan politique,
03:31pas seulement sur le plan économique, et ça passe par la réaffirmation de cette puissance.
03:35La Chine a aussi son propre agenda.
03:38Son agenda, on le connaît, encore une fois, la réunification avec Taïwan,
03:41mais aussi ça va plus loin.
03:43La Chine est dans une logique aujourd'hui de mobiliser l'opinion,
03:47parce que les nouvelles économiques ne sont pas bonnes.
03:48On l'a évoqué sur ce plateau, notamment la semaine dernière,
03:51un chiffre d'investissement qui est en chute, en chute libre, donc qui fait peur.
03:54Et puis, le Financial Times parlait ce week-end de purge dans l'armée chinoise.
03:59Et donc, cette montée en tension du Côte chinois peut se comprendre
04:03comme la volonté d'unifier, de mobiliser le pays, autour d'une rhétorique.
04:08Objectivement, le Japon, c'est un peu l'ennemi héréditaire.
04:10Donc ce n'est pas si mauvais, en fait, finalement.
04:11Je ne dirais pas que ça arrange la Chine,
04:13mais ça permet de mobiliser autour d'un ennemi possible.
04:16On ne peut pas l'exclure.
04:18Clairement, le Japon, c'est un peu l'ennemi idéal de la Chine.
04:21On sait qu'il y a eu, évidemment, des guerres.
04:23On sait que la Chine reproche au Japon ses crimes, ses exactions
04:26pendant la Seconde Guerre mondiale,
04:27considérant que le Japon ne s'est jamais excusé,
04:29ce qui n'est pas tout à fait vrai.
04:30Le Japon s'est excusé à plusieurs reprises,
04:31a présenté ses excuses à plusieurs reprises.
04:33Mais enfin, quand même, on est dans cette logique de rivalité.
04:36Et c'est vrai que le Japon, c'est un peu le pays.
04:38C'était autrefois la grande puissance asiatique.
04:40Maintenant, la Chine, c'est quatre fois le PIB japonais.
04:43Et c'est six fois les dépenses militaires.
04:45Donc, c'est la première puissance asiatique devant le Japon.
04:47Mais quand même, le Japon reste cet ennemi tout désigné.
04:50Analia ?
04:51En fait, on a l'impression que le ton monte très vite
04:53parce que le sujet de Taïwan est inflammable des deux côtés.
04:56Mais est-ce qu'on va vraiment aller au conflit ?
04:58Est-ce qu'une des parties a vraiment intérêt à aller à un conflit ouvert ?
05:01Pour l'instant, on est toujours dans la montée du conflit.
05:03Ça, c'est vraiment très clair.
05:06Avoir le rôle que joueront les Américains.
05:09On ne peut pas exclure le fait que même le Japon ait agi
05:12ou communiqué en fonction d'un certain nombre d'intérêts américains
05:15puisqu'on est juste quelques jours après la fameuse rencontre
05:19entre le président Xi et le président Trump.
05:21Il y a eu aussi d'ailleurs une rencontre entre le président Xi
05:23et la première ministre Takahichi le lendemain.
05:26Donc, on est vraiment sur un moment assez fort.
05:28On ne peut pas exclure que ça continue encore de monter.
05:30Ce qui est certain, ce qu'on pourrait se dire,
05:32nous en Europe finalement, c'est loin de chez nous, c'est pas grave.
05:34Alors, ça a des conséquences et ça aura des conséquences à l'issue de ces tensions
05:38qui peuvent déboucher sur un conflit, peut-être larver dans un premier temps,
05:42mais quand même à surveiller.
05:44Parce que je rappelle que la mer de Chine, aujourd'hui, c'est 30% du commerce maritime mondial.
05:51Rappelons aussi que Taïwan, c'est un quart de la production des puces électroniques,
05:55mais c'est 90% de la production des puces électroniques avancées.
05:58Donc, tout ce qui se passe à Taïwan, et notamment un blocus ou un conflit,
06:03aurait des répercussions directes sur l'économie, non seulement asiatique,
06:06mais sur l'économie mondiale, et donc y compris sur l'Europe et sur la France.
06:09On a eu le PIB japonais cette nuit, qui continue de se contracter.
06:12Alors, moins attendu que ce qui était prévu,
06:15mais on est quand même à moins 0,4% sur la période juillet-septembre.
06:18Les analystes attendaient moins 0,6%.
06:20Donc, cette force, ça va avec le plan de relance que Tanae Sakéchi a annoncé avec.
06:25Sanae Sakéchi est complètement dans cette logique-là.
06:28pour redynamiser l'économie japonaise,
06:31redonner, entre guillemets, une dynamique à l'ensemble du pays,
06:34et ça passe aussi par la dynamique politique et géopolitique.
06:38Merci beaucoup Alexis d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.

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