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  • il y a 2 semaines
Ce mercredi 10 septembre, Jean-Yves Colin, spécialiste de l'Asie du Nord à l'Asia Centre, était l'invité d'Annalisa Cappelini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur la démission du Premier ministre au Japon, qui ouvre une période d'instabilité politique, et les problèmes liés au coût de la vie et à la question démographique qui, à regarder de près, sont à peu près similaires à ceux connus par la France. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Focus ce matin sur le Japon, là aussi on cherche un Premier Ministre.
00:04Bonjour Jean-Yves Collin, vous êtes spécialiste de l'Asie du Nord à l'Asia Centre.
00:08Est-ce que ça se fait au Japon, cette recherche de Premier Ministre après la démission de Shigeru Shiba dans le calme ?
00:15Ou c'est comme chez nous, une sorte de chaos où on est dans une situation inextricable ?
00:21Non, ce n'est pas un chaos, ce n'est pas non plus une situation inextricable.
00:25Hier, le Parti libéral-démocrate a décidé de réunir une sorte de conseil très élargi, composé de 295 élus, chambres basses, chambres hautes,
00:38et également du même nombre d'élus du parti venant des préfectures.
00:43Donc il va y avoir une compétition qui aura lieu du 22 septembre au 4 octobre.
00:49Il y a d'ores et déjà 5 candidats plus ou moins déclarés, un vraiment déclaré et 4 autres qui sont dans les starting blocks.
00:59Peut-être qu'il y en aura d'autres, la dernière fois il y en a eu 9.
01:01Donc je dirais la compétition est en cours.
01:05Et on sait qui est le favori ?
01:07Alors non, aujourd'hui c'est assez difficile à dire, ne serait-ce d'ailleurs qu'à cause de la composition de ce conseil
01:14qui donne un rapport de force un peu plus important aux élus de base, en quelque sorte, du parti.
01:21En revanche, certains pensent qu'il faut d'abord conquérir le cœur, si j'ose dire, des élus parlementaires,
01:28avant de se retourner vers la base.
01:30D'autres à l'inverse.
01:30En tout cas, il y a deux personnes qui semblent se dégager, mais il n'est pas du tout certain que ce soit elle qui soit à l'arrivée.
01:37D'une part, l'ancienne protégée de Shinzo Abe, Takahichi Sane, qui était déjà candidate la dernière fois,
01:44qui était arrivée numéro 2.
01:46Et Koizumi, qui est le fils de son père, si j'ose dire, est actuellement ministre de l'Agriculture.
01:51D'accord.
01:51Annalisa Capellini.
01:52Alors vous disiez effectivement la démission du Premier ministre nous fait penser évidemment à la situation française.
01:57Il y a aussi d'autres similitudes.
01:59Il y a les questions économiques avec un coût de la vie en hausse, avec la hausse du prix du riz, par exemple,
02:05qui est un indicateur important pour le Japon.
02:07Il y a la question démographique.
02:08Le Japon, lui aussi, est un pays vieillissant.
02:10Est-ce que la situation économique est similaire à celle française, à votre avis ?
02:13Alors la situation économique est effectivement à peu près similaire, si j'ose dire,
02:19parce qu'il y a une sorte d'inflation qui est relativement de faible ampleur pour quelqu'un de mon âge,
02:26par exemple, qui a connu des inflations entre 10 et 20 %, mais qui pour les Japonais est extrêmement importante
02:31parce que vous avez toute une génération, je dirais, les gens qui ont aujourd'hui entre 30 et 40 ans au Japon,
02:37ils n'ont pas connu d'inflation du tout.
02:38C'est-à-dire qu'ils ont connu un pays déflationniste et aujourd'hui se retrouvent avec une inflation
02:43qui est aux alentours, disons, de 3 %, mais avec un point de, je dirais, de focalisation extrêmement fort
02:49qui est le prix du riz.
02:51Là, il y a eu, si j'ose dire, un mismanagement de la gestion du riz,
02:56en ce sens que le gouvernement a tablé sur une demande décroissante, une offre déclinante,
03:00et finalement, il y a eu un déséquilibre dans ce rapport qui fait que ça a créé une tension politique très importante
03:06que M. Ishiba n'a pas réussi à calmer totalement en nommant M. Koizumi,
03:11qui est une personnalité un peu charismatique, si j'ose dire, en tout cas,
03:14ce qu'on appellerait un beau gosse dans le langage japonais de base.
03:19La démographie, bien entendu, c'est un sujet crucial au Japon depuis 40 ans, 50 ans,
03:25et qui est beaucoup plus difficile qu'en France, moins pire, si j'ose dire, qu'en Corée,
03:30mais quand même très difficile.
03:31Et la croissance, il y a eu une révision des taux de croissance toute récente, il y a 2-3 jours,
03:37elle est plutôt aux alentours de 1,5%, 1,2%, mais enfin, je suis extrêmement prudent sur la croissance
03:42parce qu'il y a des révisions assez régulières des prévisions économiques.
03:45Alors vous me disiez que c'est plus calme que chez nous,
03:48mais la vie politique japonaise peut quand même être assez violente, on en a eu quelques démonstrations.
03:52Alors la vie japonaise, elle n'est d'abord pas caractérisée par une radicalité forte,
03:58c'est-à-dire qu'au Parlement, vous avez un parti qui a longtemps été majoritaire
04:02et qui reste dominant, qui est le Parti libéral-démocrate,
04:05qui est lui-même un ensemble de factions, en fait,
04:08d'où le souci de trouver le moyen de garder le liant entre toutes ces factions.
04:13Et puis vous avez des oppositions qui, en dehors du Parti communiste,
04:16sont en fait des oppositions, je dirais, entre centre-droit et centre-gauche,
04:21avec un parti principal d'opposition que le Parti démocrate constitutionnel,
04:25qui n'a pas enregistré un grand succès aux dernières élections.
04:29Mais avec une défiance quand même de la population face à sa corporation politique.
04:34La population japonaise depuis toujours est relativement défiante à l'égard de son personnel politique
04:39et n'attend pas de son personnel politique, je dirais, un changement de la nuit au jour,
04:46pour reprendre une expression ancienne française.
04:48Un mot des droits de douane ?
04:49Absolument, des droits de douane.
04:50Alors ça, c'est un problème qui est, entre guillemets, commun à tous les pays développés.
04:56Si je veux dire.
04:57Et qui était un point sur lequel s'appuyait M. Ishiba pour tenir son poste, en quelque sorte.
05:03Il disait, tant qu'il faut discuter avec M. Trump...
05:05Je resterai en place.
05:06Je reste en place.
05:08Il a considéré, peut-être pas...
05:12C'est plus un prétexte qu'autre chose, en ce sens qu'il a dit,
05:14puisque maintenant les négociations ont abouti, je peux partir.
05:17En fait, on s'aperçoit que les négociations ne sont pas complètement terminées
05:20parce que, le diable étant dans le détail,
05:22il y a encore des choses à discuter entre le Japon et les États-Unis,
05:26comme il y a des choses à discuter entre l'Union européenne et les États-Unis.
05:29Mais ça en dit long sur la relation avec les États-Unis,
05:31qui était le principal allié du Japon.
05:33Aujourd'hui, les choses commencent à changer.
05:35Les États-Unis restent le principal allié du Japon
05:38et il n'y a pas dans la classe politique japonaise,
05:41je dirais qu'on aille de la droite au centre-gauche,
05:44de gens qui ont envie de remettre en cause cette alliance.
05:48En revanche, je dirais qu'il y a un doute,
05:51maintenant un peu existentiel au Japon,
05:53sur la fiabilité du parapluie américain.
05:57En ce sens que ce qui s'est passé en Irak,
05:59ce qui s'est passé en Afghanistan,
06:02a introduit le doute,
06:04non seulement dans l'état-major militaire ou politique,
06:08mais aussi dans la population.
06:09Alors, les menaces, après, sont les mêmes.
06:11C'est-à-dire que les États-Unis demandent d'augmenter
06:14les dépenses militaires, également au Japon.
06:16Il n'y a pas qu'à l'Europe qu'on demande ça.
06:17Oui, tout à fait.
06:18Ce sont les mêmes pourcentages qui sont en jeu.
06:22Le gouvernement japonais,
06:23à l'époque du Premier ministre Kishida,
06:26avait annoncé un plan.
06:27Ce plan, il se heurte à deux difficultés principales.
06:31Le financement, parce que le Japon est un pays,
06:34comme vous le savez,
06:35qui a une dette encore plus importante que la France.
06:37Et d'autre part, gérer un problème presque plus grave,
06:39un problème logistique.
06:41C'est comment trouver les gens
06:42qui veulent faire leur service militaire
06:44et continuer à acheter du matériel militaire,
06:48l'avoir avec un bon timing.
06:51Il faut des bras pour ça, il faut des jeunes.
06:52Jean-Marc Daniel vous écoute religieusement
06:54derrière la caméra.
06:56Merci d'être venu, Jean-Yves Collin,
06:57spécialiste de l'Asie du Nord à l'Asia Centre.
07:00Merci d'avoir regardé cette vidéo !
07:01Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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