- il y a 7 semaines
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.
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00:00Pour décrypter ce sondage dont tout le monde parle, on va l'analyser, on va le regarder, on va le détailler avec nos invités ce soir.
00:06En commençant par Mélanie Vogel qui est avec nous, sédatrice écologiste des Français de l'étranger.
00:11Bonsoir.
00:11Nous sommes avec Tugdual Denis, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles.
00:16Bonsoir Tugdual.
00:16Marie Chantret, chef du service politique de BFM TV.
00:19Et puis je dirais presque l'homme du jour, c'est Frédéric Dhabi, le directeur général opinion du groupe IFOP.
00:25Bonsoir Frédéric Dhabi.
00:26Bonsoir, homme du jour, parce que votre sondage peut beaucoup réagir.
00:29Vous vous attendiez à ça ?
00:29Il n'y avait pas eu de sondage, d'attente sondage présidentiel publié depuis 4 mois.
00:33Depuis la fin mai, IFOP.NVF1 avec Sud Radio et Fiducial et Figaro, après la désignation de l'élection de Bruno Rotaillot comme président de LR.
00:42Et effectivement, il n'y avait rien eu.
00:44Alors, je rappelle, un sondage, ce n'est pas un pronostic.
00:48Ça a l'instant T.
00:49Ça a l'instant T, c'est un rapport de force aujourd'hui, ici et maintenant.
00:52Si nous nous étions vus il y a 10 ans, jour pour jour, le 30 septembre 2015,
00:55on aurait peut-être parlé de tous les candidats possibles à l'élection de 2017,
00:58sauf Emmanuel Macron qui n'était absolument pas dans les sphères.
01:02Et puis, on va en parler, on a dû faire des choix.
01:03Parce que quand on regarde cette élection présidentielle,
01:06qui va être une élection de renouvellement, comme en 1995, comme en 2007,
01:10tous les scénarios sont possibles.
01:11On peut rapidement monter à 20, 30, voire plus de configurations électorales,
01:16ce qui explique, on va peut-être en parler,
01:18des insatisfactions sur telle ou telle force politique qui n'ont pas été testées.
01:20Voilà, et puis les attaques directes contre votre institut, on va l'évoquer.
01:25Mais d'abord, regardons surtout de quoi on parle avec Nargis, justement.
01:29Donc nous sommes à plus d'un an.
01:31Et voyons avec vous, Nargis, quelles sont les intentions de vote ?
01:34Oui, et plusieurs enseignements à tirer de ce sondage IFOP fiducial.
01:38Alors, ce qui frappe d'abord, c'est que si les Français venaient à voter ce dimanche,
01:42le Rassemblement national dominerait largement ces votes,
01:45avec, on va le voir, 33 à 35% au premier tour.
01:50Il fait que ce soit, pardon, le candidat Jordan Bardella
01:53ou que ce soit Marine Le Pen, c'est à peu près la même chose.
01:56Dans 4 configurations sur 5, le président du Rassemblement national
02:00devance légèrement sa mentor.
02:03Alors, plus largement, l'extrême droite est grande gagnante de ce sondage.
02:06Dans une hypothèse que je vais vous montrer, celle-ci,
02:09si on cumule les intentions de vote Nicolas Dupont-Aignan,
02:12Éric Zemmour et Jordan Bardella,
02:14cela donne un total de 43% d'intentions de vote pour l'extrême droite.
02:19Et le deuxième élément qui a retenu notre attention,
02:21c'est que le Borloch central s'étouffe avec pléthore de candidatures.
02:25Édouard Philippe reste le mieux placé,
02:27mais très loin derrière le Rassemblement national,
02:29entre 16 et 19% des intentions de vote.
02:32Derrière lui, Gabriel Attal à 10%,
02:34Gérald Darmanin à 7%
02:35et François Bayrou à 3%.
02:38Enfin, ce que nous montre également ce sondage,
02:40c'est une figure à gauche qui émerge et dépasse même Jean-Luc Mélenchon.
02:45C'est la surprise Raphaël Glucksmann.
02:47Le Raphaël Glucksmann, donc entre 14 et 16%,
02:50meilleur candidat de toutes les gauches.
02:53Et si on met à sa place Olivier Faure,
02:55eh bien, il recueillirait deux fois moins avec 7% seulement d'intentions de vote.
02:59– Merci Nargis Hadji.
03:01– Ce qui est frappant, c'est la façon dont, au premier tour,
03:05quel que soit d'ailleurs le candidat du RN,
03:06que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella,
03:09le RN creuse l'écart sur ses concurrents.
03:11– Oui, l'écart est extrêmement fort, il est de 15 à 20 points.
03:14Quand on prend l'histoire d'une élection présidentielle,
03:16il faut remonter, et ça ne nous rajeunit pas,
03:18à Alain Power et Georges Pompidou,
03:19avec 20 points d'écart en avril 1969.
03:24Là, c'est vrai que ce qui est frappant, ça a été bien dit,
03:26c'est que, que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella,
03:29on a exactement le même score, 33%.
03:31On n'a pas de différence selon les catégories de population.
03:34– Comment vous expliquez qu'il n'y a pas de différence entre Bardella et Le Pen ?
03:36– Je vais vous dire, c'est quand on fait du qualitatif,
03:38quand on interroge spontanément des électeurs acquis
03:40ou potentiels du Rassemblement national.
03:42Ils ne sont pas sur une logique d'incarnation.
03:43Il nous faut Marine, il nous faut Jordan, pour reprendre leur phrase,
03:47mais sur une logique d'alternative.
03:48Les propos, c'est leur tour, il faut les essayer,
03:51ils n'ont jamais été au pouvoir,
03:53ils vont sortir de la crise politique et parlementaire,
03:55de cet éclipse du politique que l'on vit.
03:57Et surtout, une phrase que je trouve terrible pour la classe politique en général,
04:00c'est « ils ne feront pas pire que les autres ».
04:02– D'accord, alors du coup, derrière, on est loin derrière,
04:06et notamment Édouard Philippe qui, jusqu'à présent,
04:08était un peu le favori quand même face au RN,
04:11il se détachait, là maintenant, ce n'est plus le cas.
04:13– Pour moi, c'est vraiment un enseignement majeur de ce sondage,
04:16jusqu'au mois de mai, je parlais de ce sondage du mois de mai,
04:19il y avait une sorte de dissociation entre une impopularité forte
04:22d'Emmanuel Macron et des successeurs, des héritiers,
04:25enfin, des personnes de l'écosystème macroniste
04:27qui arrivaient à tirer leur épingle du jeu.
04:29Édouard Philippe montait à 25-27%,
04:31Gabriel Attal, de mémoire, 17-19%.
04:33Là, on voit qu'ils sont rattrapés.
04:35Tout ce qui touche, pour les Français,
04:36compte tenu de l'aggravation de la crise,
04:38de l'éclipse du politique, de la chute de François Bayrou,
04:41la situation sur la dette,
04:43tout ce qui touche de près ou de loin à Emmanuel Macron,
04:45quand bien même Édouard Philippe et récemment Gabriel Attal
04:48ont voulu se déscotcher du président sortant,
04:50et si je puis dire touchés,
04:51et le fait majeur également,
04:52c'est que l'électorat macroniste,
04:54qui est un électorat, je parle de celui,
04:55de 2022, premier tour, c'est 28%,
04:57c'est un vrai magot électoral,
04:59qui était relativement fidélisé,
05:01assez homogène,
05:02et bien il explose, il va un peu partout.
05:03Il va chez Raphaël Glucksmann,
05:05il va chez Bruno Retailleau,
05:0712% vont même chez Jordan Bardella
05:09ou Marine Le Pen,
05:105% chez Jean-Luc Mélenchon,
05:11c'est ça aussi un des enseignements de cette enquête.
05:13Ce qui explique la poussée de Raphaël Glucksmann à gauche,
05:17qui passe même devant Jean-Luc Mélenchon.
05:19Alors on va avoir la réaction de Jean-Luc Mélenchon dans un instant,
05:21parce que visiblement ça lui a déplu,
05:23mais peut-être parce que les faits sont là,
05:25c'est qu'aujourd'hui il y a une dynamique Glucksmann ?
05:27Alors ce ne sont pas des faits,
05:28je vous rappelle que ce n'est pas une réalité,
05:29c'est une perception du reste.
05:30Ça traduit peut-être une dynamique qui profite à Glucksmann.
05:33Je ne vais pas revenir sur la théorie des deux gauches irréconciliables,
05:35il y a une gauche radicale,
05:36qu'incorne Jean-Luc Mélenchon.
05:37Mais qui dominait jusqu'à présent.
05:39Alors dans l'enquête du mois d'avril pour Hexagone,
05:40ils étaient quasiment à égalité,
05:42mais elle était effectivement quand même devant.
05:44Et une gauche plus sociale-démocrate
05:46qui un peu attrape tout dans cette enquête,
05:4825% des électeurs Jean-Luc Mélenchon 2022,
05:51c'est ceux qui ont voté peut-être utile pour éviter Marine Le Pen,
05:54choisissent Raphaël Glucksmann.
05:55On l'avait vu d'ailleurs aux élections européennes.
05:5820% des électeurs Macron 2022
06:00choisissent également Raphaël Glucksmann,
06:01qui lui n'est pas Jean-Luc Mélenchon,
06:03et ne peut pas être suspecté d'être entaché par la tâche,
06:07si je puis dire,
06:07par le stigmate du quinquennat d'Emmanuel Macron.
06:10– Avant de voir les différentes réactions,
06:13quand même, c'est vous qui êtes interpellé
06:14via ce tweet de Jean-Luc Mélenchon,
06:16voilà ce qu'il dit,
06:17le leader de la France insoumise,
06:19il vous reproche,
06:20il parle d'IFLOC,
06:21il fout la pagaille au PS et chez les macronistes,
06:25mais il va plus loin dans son tweet,
06:27puisqu'il parle de problèmes de méthodologie,
06:30il vous dit, soyez sérieux
06:31et ayez un peu moins de rendez-vous chez Bruno Retailleau,
06:33voilà ce qu'il vous dit.
06:34– Oui, oui, et je suis aussi traité d'islamophobe,
06:36mais ça c'est un autre sujet.
06:37Alors ce qui est très intéressant,
06:39et ça montre une forme de schizophrénie des insoumis
06:41sur la question des sondages,
06:42la veille, l'IFOP a sorti un sondage
06:44dans la ville d'Avignon,
06:46qui était favorable à la liste LFI,
06:49qui devançait la liste socialiste,
06:50et là notre sondage ne posait aucun problème,
06:52il a été retweeté, repris dans toutes les boucles.
06:54– Est-ce que les insoumis ne sont pas quand même
06:56à chaque fois sous, enfin Mélenchon précisément,
06:59sous-estimés dans les sondages présidentiels ?
07:01– Parce qu'il y a toujours quand même un écart
07:04entre les sondages et le résultat final.
07:06– Justement, alors…
07:07– Concernant Jean-Luc Mélenchon.
07:08– Non mais tout à fait, cette critique tout à fait légitime
07:10a été avancée par Jean-Luc Mélenchon fin mars dernier,
07:14suite à un sondage IFOP pour le journal du dimanche,
07:17et l'IFOP a fait un communiqué extrêmement simple,
07:19nous avons dit qu'en 2012, lors de sa première candidature,
07:23nous avions surestimé Jean-Luc Mélenchon de deux points,
07:26en 2017, on l'avait donné exactement à son poids,
07:28il avait fait 19%, il était juste derrière François Fillon,
07:32et en 2022, on a donné une dynamique Mélenchon,
07:34mais on l'a sous-estimé de 3 à 4 points pour autant…
07:37– C'est-à-dire qu'il commence à 12, il finit à 20 à chaque fois.
07:39– Oui, mais vous savez, ce n'est pas…
07:40– C'est la dynamique de campagne, ça.
07:41– Ce n'est pas homothétique, c'est quelqu'un qui sait très bien faire campagne,
07:43qui progresse toujours en campagne électorale,
07:45rien ne dit qu'il sera candidat,
07:47on ne connaît pas l'offre électorale face à lui,
07:49c'est pour ça que je suis prudent, compte tenu de l'insertitude électorale.
07:51– C'est le phénomène de vote utile,
07:52si je peux me permettre de défendre l'institut de sondage,
07:54parce que c'est pour l'IFOP comme pour les autres,
07:56c'est-à-dire que Jean-Luc Mélenchon,
07:57au bout d'un moment, il y a un phénomène de vote utile,
07:58quand on voit qu'il progresse dans les sondages,
08:00on se dit, bon, ça ne sert à rien de s'éparpiller
08:01sur une candidature un peu plus accessoire à gauche,
08:04et ça peut arriver des phénomènes de vote utile à droite aussi,
08:07et donc il bénéficie d'un vote utile en fin de campagne.
08:09– Mais Frédéric, vous avez oublié quand même
08:10un candidat écologiste ou une candidate,
08:13et alors là, attendez, parce que Mélanie Vogel,
08:16ça ne vous a pas échappé, ça n'a pas échappé non plus
08:18à Marine Tondelier, qui l'a exprimé dans un tweet.
08:22– Non, évidemment, enfin, c'est des choix qui sont,
08:26enfin, vous faites les choix que vous voulez,
08:27mais de fait, ils ont une part d'arbitraire,
08:30c'est-à-dire qu'ils partent du postulat,
08:32là, en tout cas, on pose la question aux gens
08:34comme si les écologistes n'existaient pas
08:36dans l'équation présidentielle.
08:37Ce n'est pas forcément ce qui va se passer.
08:40Or, ça changerait, évidemment, beaucoup de choses.
08:43Donc, on a, évidemment, ça pose des questions,
08:46ça pose des questions sur les choix des candidats,
08:48mais comme tout sondage a deux ans d'une élection présidentielle…
08:50– Mais est-ce que vous êtes vexé qu'il n'y ait pas
08:51de candidat écologiste testé dans ce sondage ?
08:55Ou parce que peut-être, vous, les écologistes,
08:56vous êtes plutôt pour l'idée d'une candidature unique à gauche,
08:59donc a priori, pas d'une candidature individuelle ?
09:01– Non, mais ce n'est pas que je suis vexé.
09:01– Alors, Marine Tourdelil, elle n'est pas contente.
09:04– Elle n'est pas contente politiquement,
09:07mais ce n'est pas du registre de la vexation personnelle.
09:09Non, c'est que ça montre quand même un postulat
09:12qui est pris, en tout cas là, dans ce sondage,
09:15que le projet écologiste serait absent de la présidentielle.
09:18Ce qui, pour moi, est un problème parce qu'en fait…
09:20– Ou repris par d'autres, Glucksmann, par exemple.
09:23– En tout cas, on n'a pas proposé aux personnes
09:25qui ont répondu au sondage
09:27de répondre à la question de savoir
09:29si il ou elle serait volontaire
09:31pour voter pour une candidature écologiste.
09:32Ce qui est un parti pris.
09:33Et un parti pris qui a des conséquences sur les résultats.
09:36Par ailleurs, moi…
09:37– Mais est-ce que Marine Tourdelil, c'est la candidate naturelle ?
09:40– Mais là, ce n'est pas du tout la question.
09:42– Alors oui, il fallait qui ?
09:43Il fallait tester qui alors ?
09:44Parce que s'il fallait tester une candidature…
09:46– On aurait pu tester Marine Tourdelil, oui.
09:47– On a fait huit ou neuf sondages présidentiels.
09:50– Pourquoi on l'avait pas fait ?
09:50– Je vais vous répondre.
09:51– Depuis le début de l'année, on a systématiquement testé Marine Tourdelil.
09:56Et là, je l'ai dit, on est forcé de faire des choix.
09:59On est sur une offre électorale.
10:00Attendez, on n'a pas testé François Ruffin,
10:02on n'a pas testé, on parle de Philippe de Villiers,
10:04on n'a pas testé toute une série de forces politiques.
10:06L'idée, c'était quoi ?
10:07Quand j'ai travaillé avec mes deux commanditaires,
10:09Sud Radio et le journal L'Opinion,
10:11ils voulaient voir l'alternative Le Pen-Bardella.
10:14On aurait pu doubler toutes les hypothèses,
10:15on aurait fait douze.
10:16C'est impossible de les passer dans une enquête,
10:18ça lasse les gens.
10:19Deuxième idée, c'était de voir l'état du bloc central,
10:23l'idée de tester François Bayrou,
10:25Jérôme Darmanin, Gabriel Attal et Édouard Philippe.
10:29Et également, c'était comme on l'avait fait pour l'enquête Hexagone,
10:32de tester surtout l'opposition de la gauche sociale-démocrate,
10:35on va dire, et la gauche radicale,
10:37à savoir Mélenchon, Glucksmann.
10:39Bien sûr, il y a une force écologiste qui a été présente
10:41à toutes les présidentielles, sauf 2017.
10:44On fera très bientôt une enquête
10:46et naturellement, elle sera testée.
10:48L'idée, c'était de tester cette opposition Glucksmann-Mélenchon,
10:52de tester quand même une hypothèse ou une primaire de gauche.
10:54Et on a choisi, avec nos commanditaires, arbitrairement.
10:57Primaire de gauche, souhaitée par Marine Tondelier elle-même.
11:00Souhaitée, on a testé Olivier Faure qui atteint 7%.
11:04Je peux complètement comprendre une forme de frustration,
11:06mais on a des choix à faire.
11:08D'accord, sinon ça devient trop compliqué en toute analyse.
11:10Vous savez qu'en 2006, on testait 8 candidats socialistes par téléphone,
11:15puisqu'on ne savait pas qui serait le candidat.
11:17Et finalement, c'est Glucksmann-Mélenchon.
11:19Il y a quand même plusieurs enseignants très intéressants.
11:21Tout d'abord, le bloc central qui est en perte de vitesse.
11:23À la peine, très clairement.
11:24Donc on a déjà, je ne sais pas combien de candidats potentiels dans ce bloc central.
11:27Il va falloir qu'ils se mettent d'accord.
11:28Oui, ça pose cette question-là en effet aussi, ce sondage aujourd'hui,
11:32d'une période qui fait beaucoup de mal aux macronistes.
11:36Et Frédéric Dhabi l'évoquait, qui font tous, en tout cas certains d'entre eux,
11:40pour essayer finalement de se détacher de l'emprise d'Emmanuel Macron,
11:44comme s'il était devenu un peu radioactif.
11:46On a vu les étapes d'émancipation d'un Gabriel Attal,
11:50d'un Édouard Philippe qui, à coups d'interviews ou de meetings,
11:53tente d'écorcher ce qu'ils ont vécu au travers du président de la République.
11:58Cette période fait mal aux macronistes, mais cette période fait du bien,
12:01même si, même si, je mets un peu de bémol à Marine Le Pen et Jordan Bardella,
12:05parce qu'ils sont dans les mêmes étiages qu'ils ne l'étaient il y a encore quelques mois.
12:09Ils ne progressent pas, j'ai envie de dire.
12:11Ils sont très hauts, mais il n'y a pas un bon.
12:14Alors, si on ajoute...
12:15Plus faire plus de 33-35% lors d'un premier tour, c'est assez rare.
12:19C'est pas arrivé depuis François Mitterrand.
12:20Effectivement, d'autant plus que si on ajoute les votes d'un Éric Zemmour
12:24et un Nicolas Dupont-Aignan, Nargis le soulignait tout à l'heure.
12:27Mais c'est vrai que sur la stratégie à tenir du camp, bloc central ou socle commun,
12:33ça pose énormément de questions.
12:34Ils ne sont pas tous encore officiellement candidats déclarés.
12:37Mais faudra-t-il ou non une primaire ?
12:39Certains plaident pour.
12:41Il va être très compliqué de déterminer qui sera le candidat à la fin.
12:44Si je suis Gabriel Attal ou Gerdar Mana, je me dis qu'Édouard Philippe n'est pas intouchable.
12:49Et donc, ça va plutôt leur donner envie...
12:51Et connaissant le caractère de certains, vraisemblablement, ils ne se...
12:56De jouer le jeu, quoi, en fait.
12:57Je crois surtout que ce serait une illusion pour eux de croire qu'ils sont mieux placés qu'Édouard Philippe.
13:02C'est-à-dire qu'il n'y aura pas d'héritage politique d'Emmanuel Macron.
13:07Et je pense que tous ceux qui l'ont approché de trop près,
13:09que ce soit Édouard Philippe, Gérald Darmanin...
13:11Macroni s'est mort, vous dites comme d'autres.
13:12Et peut-être même Bruno Retailleau en pâtisse aujourd'hui.
13:15Il y a une forme de toxicité politique du macronisme
13:18que les gens ont envie de punir aujourd'hui.
13:22Et effectivement, Édouard Philippe, il y a quelques mois, il était à 25%.
13:24Donc c'est un dévissage sévère.
13:26Mais excusez-moi, ce n'est pas très glorieux non plus,
13:28les scores de Gérald Darmanin ou de Gabriel Attal.
13:30Et on voit bien qu'entre eux...
13:32Ou même de Bruno Retailleau, pardon.
13:34Exactement, exactement.
13:35Pour ce qui est de Gabriel Attal...
13:37La révélation Retailleau, on ne la voit pas forcément dans ce sondage.
13:39Pour ce qui est de Gabriel Attal et d'Édouard Philippe, par exemple,
13:42dont Marie vient de rappeler que, de temps en temps,
13:44ils essayaient de montrer, de mettre en scène leur rupture avec le macronisme.
13:47On voit bien que ça reste des mots et ce n'est pas suivi d'effet, entre guillemets, dans l'opinion.
13:52Et pour Bruno Retailleau, je trouve que la leçon, elle est quasiment immédiate.
13:55C'est-à-dire qu'à l'heure où on s'interroge de l'utilité pour lui,
13:58d'une nouvelle participation à un gouvernement de Sébastien Lecornu,
14:02on voit bien que ce n'est pas forcément quelque chose de gagnant pour lui.
14:06Et je suis quand même d'accord aussi avec Marie,
14:08quand elle dit que c'est un peu trompeur pour le Rassemblement National.
14:11La question du RN, ce n'est pas leur score au premier tour,
14:13c'est de savoir si un jour, oui ou non, pour rester poli,
14:16ils peuvent passer la barre des 50 au deuxième tour.
14:18Et ça reste une question qui est totalement suspente aujourd'hui.
14:21Est-ce que pour vous, la dynamique du RN est inarrêtable, là, aujourd'hui ?
14:25Mélanie Vogel.
14:26Ah ben non, je ne pense pas qu'elle soit inarrêtable.
14:29Sinon, j'arrêterai de me lever le matin et de faire ce que je fais.
14:32Mais pour moi, un enseignement, si on lit ce sondage pour ce qu'il est,
14:38un enseignement politique que ça raconte,
14:41c'est malgré tout qu'il existe un espace à gauche possible.
14:44Puisque quand on cumule les candidatures de gauche,
14:48on voit très bien qu'il existe une dynamique possible
14:50qui peut amener la gauche au second tour.
14:53Et c'est la raison pour laquelle,
14:53et moi je pense que cette dynamique, pour qu'elle soit victorieuse,
14:56elle doit passer par une candidature commune au travers d'une primaire
15:00qui pourrait nous assurer, parce qu'il faut que ça marche.
15:03En tout cas, oui, moi je considère qu'il n'y a pas de meilleure option.
15:05Ni Jean-Luc Mélenchon, ni Gluckman n'en veulent.
15:07Je sais bien, je sais bien.
15:08Mais c'est un problème quand même.
15:10Je suis bien au courant, je vous remercie de me le rappeler,
15:12je suis parfaitement au courant.
15:14Mais il faut la bonne candidature,
15:16qui sont en capacité d'accéder au second tour,
15:17donc d'avoir une dynamique de campagne favorable pour accéder au second tour,
15:21et de le gagner façon rassemblement national.
15:22Mais quand on regarde, en dehors du fait que le RN fait des scores élevés au premier tour,
15:27ce que je ne conteste pas,
15:29quand on regarde dans les autres études d'opinion en général,
15:32on voit malgré tout qu'il y a toujours une majorité de Françaises et de Français
15:35qui ne veulent pas livrer le pays à l'extrême droite.
15:37Donc c'est là-dessus que moi je m'appuie pour considérer que,
15:40ben non, ce n'est pas inarrêtable, ce n'est pas une fatalité.
15:43Peut-être que ça va arriver,
15:44mais on a toujours toute la capacité aujourd'hui,
15:46pendant les deux ans qui viennent, de tout faire pour que ça n'arrive pas.
15:48Oui, mais pardon, mais la stratégie de Raphaël Gluckman,
15:51qui est de dire non à la primaire,
15:54elle semble pour l'instant porter ses fruits.
15:56Si on prend ce sondage où il est à 15,
15:58Edouard Philippe a 16, dans les marges d'erreur,
15:59donc il peut être qualifié pour le deuxième tour,
16:01face à Jordan Bardella ou Marine Le Pen,
16:04et peut-être profiter à ce moment-là du Front Républicain.
16:06Pourquoi vous ne testez pas le deuxième tour ?
16:08Ben, on le fera, vous savez, moi je suis assez...
16:11Non mais, pour être plus sérieux,
16:12je suis très prudent sur un second tour,
16:14autant sur un premier tour,
16:15même à un an et demi du vote,
16:16on essaye de mettre les gens en situation de vote.
16:19D'ailleurs, il y a eu des élections présidentielles
16:20où tout était figé un an et demi avant,
16:23par un sondage qui donne François Mitterrand battu en 88,
16:26par un sondage qui donne Nicolas Sarkozy battu en 2007.
16:29Ce n'est pas le cas pour les autres élections,
16:31il faut bien sûr le reconnaître.
16:32Quand on pose la question de second tour,
16:34il nous manque une information capitale.
16:36C'est la connaissance des résultats du premier tour,
16:38les éventuels dynamiques,
16:39et c'est vrai que le second tour,
16:41c'est un problème pour le Rassemblement national.
16:43Non mais ça serait intéressant de voir s'il y a une différence
16:44entre Bardella et Le Pen au deuxième tour.
16:46On n'a pas au premier tour,
16:47on s'il y a une au deuxième tour.
16:48On l'avait fait au mois d'avril
16:49dans le cadre de sondage Hexagone,
16:51auprès de 10 000 personnes,
16:52et de mémoire,
16:53on était sur des seconds tours extrêmement serrés,
16:55ce qui m'incite à cette prudence.
16:57On sait très bien que la campagne de second tour
16:59est toujours compliquée pour le Rassemblement national.
17:00Oui, mais c'est plus serré que les précédents scrutins.
17:03Vous savez, on est passé de 92-18 en 2002
17:05pour Chirat-Le Pen à 58-42 de mémoire,
17:1057,5-42,5 pour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.
17:13Mais en donnant Marine Le Pen vainqueur de cette élection ?
17:15Non, jamais.
17:16Elle n'a pas été donnée face à François Hollande dans une...
17:19Non mais pardon,
17:20on avait publié chez nous un sondage IFOP
17:22avec un second tour de Marine Le Pen.
17:25Non, après 2022.
17:26Oui, après 2020.
17:26Elle était à 51%.
17:28Mais bien sûr, on a donné des choses plutôt serrées.
17:31Mais vous savez,
17:32il y a une logique d'élimination au second tour
17:34qui a toujours été très compliquée pour le RN.
17:36C'est la fameuse phrase de Guy Mollet
17:38que Charles Pasco avait popularisée.
17:40Au premier tour, on choisit.
17:41Au deuxième tour, on élimine.
17:41Mais attention,
17:43on disait que le RN ne gagnerait jamais un duel
17:45dans une élection législative.
17:47Pendant quasiment 30 ans,
17:48ils n'en ont pas gagné.
17:49Et quand on a vu ce qui s'est passé
17:50le 30 juin et le 7 juillet 2024,
17:52ça a été démenti
17:52par une sorte de poussée peut-être inarrêtable.
17:55Et quand on voit certaines positions
17:56de figure tutélaire,
17:57je pense à Nicolas Sarkozy,
17:59désormais condamné.
18:00Mais son interview au Figaro,
18:02il y a quelques semaines,
18:02a fait beaucoup de bruit
18:03et a eu beaucoup d'écho
18:04quant à finalement
18:06la lassitude des Français
18:07pour le Front Républicain.
18:08Est-ce que ce qu'il s'est passé
18:10aux dernières législatives anticipées
18:12et ce Front Républicain
18:13qui a finalement vu
18:15le Rassemblement National
18:16oblitérer complètement
18:17son explosion possible
18:19de siège à l'Assemblée Nationale
18:21se repasserait de la même manière
18:22si une dissolution avait lieu demain ?
18:25Certains disent que non.
18:26Vous êtes en train de dire
18:27que les Français seraient lassés d'eux-mêmes.
18:29C'est les Français
18:29qui ont fait le Front Républicain.
18:30Mais ils sont peut-être là
18:31que c'est la situation actuelle,
18:32c'est-à-dire ingouvernable.
18:3365% des Français
18:34l'année dernière
18:35ont refusé de donner
18:36les clés du pouvoir
18:37à l'extrême droite.
18:38C'est un fait.
18:39Je trouve qu'aujourd'hui
18:40il y a une situation ingouvernable.
18:41Ce n'est pas vraiment
18:41les Français
18:42qui ont fait le Front Républicain.
18:43Ils allaient au bureau de vote
18:44et puis tout d'un coup
18:45il y avait un candidat
18:45qui avait disparu
18:46qui s'était désisté
18:47au profit d'un autre.
18:48Ce n'est pas exactement...
18:50Ils ont massivement voté
18:51au second tour
18:52et ils ont ultra majoritairement
18:54fait le Front Républicain.
18:56C'est factuel.
18:56C'est juste,
18:57mais ils ont été déçus
18:57du résultat,
18:58à savoir cette chambre ingouvernable,
19:03sévérité en termes d'impuissance
19:04et de plus rien
19:05qui se passe dans le pays.
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