- il y a 7 semaines
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.
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00:00Le procès de Cédric Jubilard, il continue devant la cour d'assises d'Albi, c'est dans le Tarn, on va y retrouver Mathias Tesson en direct pour BFM TV
00:07parce que Mathias, la cour et les jurés ont aujourd'hui entendu plusieurs témoins dresser un portrait peu flatteur de l'accusé.
00:16Oui absolument, les amis de Delphine Jubilard avaient la parole aujourd'hui ici à la cour d'assises du Tarn
00:23et ça a commencé ce matin avec une témoin évidemment très intéressante, une amie intime du couple qui a reçu les confidences de l'un et de l'autre
00:32et cette femme prénommée Anne nous en a dit un peu plus sur le contexte de séparation de ce couple.
00:38Delphine avait honte de Cédric, honte de comment il parlait, de comment il s'habillait, commence-t-elle par débuter.
00:44Le couple selon elle se délite à partir de l'été 2020, en août précisément Delphine a pris sa décision, elle veut quitter Cédric.
00:52A partir de l'été 2020, c'est un stade de non-retour pour Delphine, dit-elle.
00:56Cédric n'a pas de CDI ni de stabilité financière et ça, ça n'est plus acceptable pour Delphine.
01:02Dans un second temps, Cédric va ensuite avoir des doutes et va commencer à fliquer Delphine selon le mot utilisé par cette témoin
01:09et son comportement va commencer à devenir pour le moins inquiétant.
01:13Il la surveillait, il n'était pas d'accord pour se séparer, explique-t-elle.
01:17L'homme devient menaçant envers lui-même, menace de se pendre mais également envers les autres.
01:22« Si elle a un amant, je vais lui faire à l'envers », avait pu dire Cédric à cette témoin.
01:27On ne sait pas à ce moment-là de qui Cédric parlait.
01:30Le matin du 16 décembre, le matin de la disparition, il y a un échange téléphonique entre cette témoin et Cédric Jubilard.
01:37Et voici ce que Cédric lui dit en substance.
01:39« J'ai grillé Delphine en train d'envoyer une photo à un type », une photo probablement à l'amant de Delphine.
01:45Et puis, cet après-midi, à l'instant, en réalité, une autre amie a pris la parole.
01:50Elle a eu des mots particulièrement forts à la barre.
01:52Selon elle, Delphine est devenue le symbole des féminicides.
01:56Et elle va même plus loin ensuite.
01:57Elle détaille ce qu'elle pense de cette affaire.
02:00Elle était folle amoureuse de son amant.
02:02Elle parle de Delphine.
02:03Elle n'imaginait pas la dangerosité de son mari.
02:06Le fait qu'elle le quitte, qu'il puisse la perdre, mais aussi qu'il puisse perdre la maison.
02:09Tout ça lui était totalement insupportable.
02:12Une façon de s'accaparer sa vie jusqu'à la mort.
02:15Fin de citation.
02:16C'est la première fois depuis le début de ce procès qu'il y avait autant d'émotion et de spontanéité, en quelque sorte, à la barre.
02:22Et alors qu'elle souhaite, cette témoin, cette amie de Delphine, s'adresser directement à l'accusé.
02:27La présidente lui refuse.
02:29Protestation dans la salle à ce moment-là.
02:31Mathias Tesson en direct d'Albi avec William Gué pour BFM TV.
02:36Nous sommes avec l'avocat pénaliste Hector Lajoigny.
02:39Avec vous, je voudrais revenir sur ces mots très forts d'une des amies de Delphine, Chloé, qui dit
02:43« J'ai la profonde certitude que Cédric a assassiné Delphine de ses mains. »
02:47Alors précisons d'ailleurs que Cédric Jubilard n'est pas renvoyé pour assassinat, mais pour meurtre sur conjoint.
02:53Les mots sont forts.
02:54Est-ce que c'est des mots qui peuvent marquer durablement le jury ?
02:59Oui et non.
03:01On interroge une des meilleures amies de la victime.
03:04Si moi, mon meilleur ami trouve la mort, est-ce que mon témoignage aura une valeur objective, intéressante ?
03:11Je ne sais pas.
03:12Donc les jurés entendent que sa meilleure amie est peinée par sa mort et que selon une de ses meilleures amies,
03:18c'est Cédric Jubilard qui a fait le coup.
03:19Qu'est-ce que ça démontre ? Qu'est-ce que ça prouve ?
03:21Est-ce que ça enlève le fait que ce dossier soit un océan d'incertitudes ?
03:29Oui d'accord, mais il y a une accumulation, là c'est la septième journée d'audience, je mets-moi.
03:35Ça fait septième, tout à fait.
03:38Merci Mélanie, je pars sur la responsabilité de Mélanie Bertrand.
03:41Septième journée d'audience, on accumule les témoignages qui décrivent quand même un garçon violent avec ses enfants,
03:49qui se comporte mal avec sa femme, qui était jaloux, qui était persuadée que sa femme voyait quelqu'un.
03:55Quand on accumule hier les témoignages de la famille, mais aussi des enfants par l'intermédiaire du représentant légal,
04:03et là aujourd'hui des amis IES de Delphine, ça fait quand même beaucoup.
04:07La question, c'est pas est-ce que Cédric Jubilard est un sale mec ou un sale type,
04:13ou quelqu'un qui a été détesté par les amis de sa femme.
04:16C'est pas ça la question.
04:17La question c'est est-ce qu'il y a des éléments de preuve qui démontrent que Cédric Jubilard a,
04:22au-delà de tout doute raisonnable, tuer sa femme ?
04:25C'est ça un verdict d'Assise, on doit aller au-delà du doute raisonnable.
04:29Les jurés, ils vont entendre que les amis de Delphine n'aimaient pas Cédric Jubilard,
04:34il y a des millions de couples en France où les amis de la femme détestent le compagnon.
04:39Vous dites qu'il était peut-être violent avec son fils, peut-être que c'est un homme violent,
04:43peut-être que c'était quelqu'un de jaloux, peut-être qu'il même fliquait sa femme.
04:47Est-ce que pour autant ça démontre qu'il est coupable du meurtre de sa femme ?
04:50C'est-à-dire que ça ne suffit pas, selon vous aujourd'hui, à condamner quelqu'un pour meurtre ?
04:55Certainement pas.
04:56Regardez l'affaire Jacques Viguier, c'est un professeur de droit à Toulouse,
05:01qui a été acquitté en première instance, acquitté en appel, pardonnez-moi.
05:05Dans cette même salle d'assise.
05:07Dans cette même salle d'assise, alors même que la présidente de l'affaire Jubilard
05:11était assesseur en appel.
05:12Qu'est-ce qu'on avait dans ce dossier ?
05:15Pas de cadavres, pas de scènes de crimes.
05:17Ça ressemble immensément à quelqu'un.
05:19Et Jacques Viguier s'en est sorti.
05:21Oui.
05:21Exactement.
05:22Justement, avant de venir à la voiture qui est au cœur de l'enquête Mélanie Bertrand,
05:27mais simplement sur tous ceux qui ont défilé à la barre, justement, pour parler,
05:30Cédric Jubilard.
05:30En particulier Anne, c'est la meilleure amie de Delphine.
05:33Et là, je me tourne vers vous, Pascal Neveu, psychanalyste.
05:36Elle dit, elle a raconté, au début, tout allait bien dans le couple,
05:39c'était vachement sympa.
05:40Et puis après, voilà ce qu'elle dit, il provoquait des off chez Delphine.
05:45Elle était joviale et souriante.
05:47Et à chaque fois qu'il arrivait, elle s'éteignait, elle disparaissait.
05:51Donc là, c'est une fois de plus la personnalité nuisible, en fait, de l'accusé qui est au cœur du débat.
05:58Mais c'est là où, chez Cédric Jubilard, évidemment, on décrit une personnalité
06:02qui est à la fois clivante, qui peut être très proche des autres,
06:08mais qui, d'un autre côté, est à la fois provocateur, humiliant,
06:14qui est très violent également envers ses propres enfants.
06:18On évoquait son fils aîné, le faire s'asseoir,
06:22enfin, les genoux sur des légaux pour le punir, des insultes.
06:25C'est la scène de l'enfant lors d'une colonie de vacances.
06:29Non, non, même dans des repas de famille, s'il faisait trop de bruit, son père le punissait au coin.
06:32Oui, mais là, il y a eu une gifle aussi, une gifle quand il avait deux ans.
06:35Il raconte pas que devant tout le monde, il l'a fessé avec une tongue en public.
06:39Mais on a l'impression que le corps du gamin vacillait sous les coups.
06:43C'est un peu la définition du couple sous emprise,
06:45en tout cas de la personnalité sous emprise,
06:47de relations dominants-dominées, d'un couple un peu diabolique,
06:50qui ne sait pas comment s'échapper, mais qui se retrouve l'un et l'autre.
06:54Il n'y a pas de hasard dans les rencontres de couple.
06:57Mais qu'est-ce qu'on en fait ?
06:58Malheureusement, l'amour peut mener à la mort.
07:00On a l'impression que Delphine était en train de se libérer justement de cette emprise
07:03et que c'est justement peut-être au moment où elle allait se libérer avec cet amant
07:07avec qui elle avait une relation très forte, semble-t-il.
07:10D'ailleurs, elle lui a écrit le soir de sa disparition
07:11que peut-être, effectivement, c'est le jubilard n'a pas supporté cette situation.
07:15Lui, publiquement, dit « je vais me pendre si elle me quitte ».
07:17Avec cette hypothèse, effectivement, par rapport à son anamnèse, son historique personnel,
07:22que ce soit un échec amoureux et qu'il ne le supporte pas
07:25et que pour lui, il paille en arriver, malheureusement, à un passage à l'acte mortel.
07:30Oui, mais justement, maître Lajoigny, quand on est juré, on dit « ça ne peut être que lui ».
07:34On décrit quelqu'un de violent, de toxique,
07:35qui éteint sa femme dans sa personnalité.
07:40Oui, mais c'est un salaud, ça ne peut être que lui.
07:42Si vous condamnez quelqu'un parce que c'est un salaud,
07:44vous violez votre serment de juré.
07:46C'est quoi le serment de juré ?
07:47Le serment de juré, c'est que vous devez faire peser sur votre raison
07:50les moyens de la défense et les preuves rapportées par l'accusation.
07:56La défense a une obligation de moyens
07:57et l'accusation, c'est le fondement d'une démocratie,
08:00doit prouver que la personne est coupable.
08:02En quoi le fait de dire que c'est un mari jaloux et un papa violent,
08:06ça vient prouver qu'il a tué sa femme ?
08:09On n'a pas le corps, on n'a pas la scène de crime.
08:11Et là, depuis dix minutes, on parle du ressenti des amis de Delphine,
08:14mais on n'est pas en train de me dire où est-ce qu'il l'a tué, comment
08:17et dans quelles circonstances.
08:19On n'a pas d'éléments matériels.
08:21Depuis plus d'une semaine, on n'a pas eu d'éléments matériels probants.
08:26Il y a eu quand même des gendarmes qui sont venus à la barre,
08:28plusieurs gendarmes, le directeur d'enquête,
08:29on était dans la salle, qui sont venus pendant plusieurs heures
08:32expliquer, selon eux, tous les éléments d'enquête
08:35qui sont accablants pour Cédric Jubilard.
08:38On a parlé du contexte du couple, effectivement, de la séparation,
08:41de cette jeune femme qui avait un amant,
08:42qui projetait de refaire sa vie, des choses matérielles,
08:45les cris que certaines voisines entendent en pleine nuit,
08:48à l'heure où Delphine Jubilard aurait pu se retrouver
08:51sous les coups de son compagnon,
08:52le petit garçon du couple qui dit avoir entendu une dispute ce soir-là,
08:56le sens de la voiture, on va y venir, qui n'est pas dans le sens habituel,
08:58peut-être sous-entendant que Cédric Jubilard aurait pu l'emprunter
09:01pour aller dissimuler le corps,
09:02les lunettes de Delphine retrouvées dans le salon du domicile conjugal,
09:07cassées comme si elle s'était pris un coup de poing,
09:09ça c'est l'IRCGN, les gendarmes scientifiques qui le disent,
09:12effectivement, vous avez raison, il n'y a pas la preuve irrésistible.
09:14– Ça c'était des éléments qu'on avait avant le début du procès.
09:16– Et tout ça c'est un faisceau d'indices, vous avez raison,
09:18on verra si ça suffit à convaincre les six jurés du Tarn
09:22et les trois magistrats qui composent le jury,
09:25mais c'est sûr que dans ce dossier, il n'y aura jamais,
09:27enfin à ce stade, de scènes de crimes, d'aveux, de corps,
09:30sauf s'il y a une bascule dans les prochains jours.
09:31– Alors justement Mélanie, est-ce que l'accusation fait le pari
09:35qu'à un moment donné, Cédric Jubilard va craquer le procès long ?
09:38– C'est ce qu'on appelle la magie des assises en quelque sorte entre nous.
09:40– Parce qu'avec l'accumulation de ces témoignages quand même à charge,
09:44et puis il y en a d'autres qui vont arriver,
09:46est-ce qu'on pense que c'est le Jubilard qui n'aurait donc pas craqué depuis quatre ans ?
09:50– C'est pour ça que la testation disait, c'est dommage qu'il n'y ait pas eu ce moment peut-être d'assises
09:55où cette jeune femme en larmes qui dit « je suis sûre qu'il l'a tué de ses mains »,
09:58elle demande à interroger Cédric Jubilard,
10:00la présidente lui dit « non, ce n'est pas le moment ».
10:02– C'est pour ça que les assises, ça peut se jouer sur pas grand-chose,
10:04moi j'ai vécu un procès d'assises à Avignon où un jeune homme était accusé d'avoir tué un policier,
10:09il niait, il niait, il niait, son avocat c'était Franck Berton, donc grand pénaliste,
10:13et à un moment, le jeune homme se lève et bam, il avoue en plein procès.
10:16C'est toujours possible, mais là on a quelqu'un qui est emmuré dans le déni,
10:19c'est peut-être la vérité, il est présumé innocent,
10:21mais en tout cas, qui nie catégoriquement depuis cinq ans.
10:23– Vous l'avez déjà vécu, vous, dans un procès,
10:26effectivement, l'accusé qui à un moment donné avoue, craque,
10:30et donne enfin la vraie version.
10:33– Je l'ai déjà vécu, mais c'est effectivement des moments d'audience,
10:36et pour ma part, c'est davantage des dossiers
10:39où vous avez des avocats de la Défense
10:43qui, dans le secret professionnel, disent
10:45« Monsieur, il y a trop de preuves contre vous,
10:48il faut qu'on reconnaisse, parce que sinon vous allez prendre 30 ans
10:50au lieu de prendre peut-être 20 ans ».
10:52Et on peut avoir un accusé qui, au bout d'un jour, deux jours, trois jours d'audience,
10:55vient vous dire « Maître, en fait, vous avez raison,
10:57il y a trop d'éléments contre moi,
10:58je vais reconnaître les faits ».
11:01– Sauf que là, il n'y a pas d'éléments.
11:03– Là, pour l'instant, on n'aurait pas la preuve matérielle.
11:05– Moi, je n'y crois pas, une seconde,
11:07parce que, de mon point de vue de citoyen,
11:10on n'a pas d'éléments matériels.
11:12Les éléments à charge que vous me disiez,
11:14madame, il y a un instant,
11:15ils sont contestés par les avocats de la Défense.
11:17Quand on lit les contre-en-lui d'audience,
11:19il paraît qu'il y a un gendarme qui a été exclu
11:21du groupe d'enquête parce qu'il parlait trop,
11:23il donnait trop d'informations à des témoins.
11:25Beaucoup de vos confrères journalistes indiquent
11:28que le procureur de l'époque a été l'objet d'une transparence,
11:32pour être poli.
11:33Il a été muté dans un autre tribunal
11:34parce qu'il a fait une conférence de presse
11:36avec trop d'éléments qui auraient été démontés.
11:37– Il a dû s'expliquer à la barre il y a quelques jours.
11:39– Hier matin.
11:40– Hier matin, précisément.
11:41– Il s'est expliqué, c'est le mot.
11:43– Mais ça veut dire que vous, par votre expérience,
11:45vous ne voyez pas le syndic jubilard craquer ?
11:47– Non.
11:48– Mais honnêtement, en qualité de citoyen
11:52et en qualité d'avocat,
11:53on peut se poser la question de savoir
11:55mais ce n'est pas une question de craquer.
11:58Vous dites qu'il craquerait,
11:59mais ça suppose qu'il est coupable.
12:00– Si je me mets du côté de l'accusation,
12:02dans l'hypothèse qu'il serait coupable, bien sûr.
12:03– Oui, mais si on se met une seconde…
12:05– Il est présumé innocent.
12:06– Une seconde dans la peau de Cédric jubilard.
12:08Il n'arrête pas de dire, je suis effondré,
12:10c'était mon amoureuse, la femme de ma vie, etc.
12:12– Et je ne l'ai pas tué.
12:13– Et surtout, je ne l'ai pas tué.
12:14Il ne va pas s'accuser d'un fait qu'il n'a pas commis.
12:18– Qu'est-ce que vous en pensez ?
12:19– Mais s'il est très interpellant,
12:20ce qui nous intéresse le plus,
12:22c'est la problématique d'expression
12:24de l'affect de Cédric jubilard.
12:27Parce qu'il est très flou, même durant…
12:29– Il manque un peu d'empathie.
12:30– On n'en sait rien,
12:32c'est quelqu'un qui se cache peut-être,
12:35qui n'exprime rien.
12:36Il va falloir qu'il se livre à un moment donné.
12:37Et je pense que pour toute personne,
12:39qu'elle soit coupable ou pas coupable,
12:41je pense que ce qui est sensible auprès du jury
12:46et puis du tribunal,
12:47et puis des avocats également,
12:49des parties adverses, etc.,
12:51c'est la façon dont on va pouvoir réellement raconter
12:53la vérité, dont on va pouvoir se soulager
12:55d'un crime, d'un aveu,
12:58d'un aveu, c'est-à-dire je n'ai rien fait
12:59ou au contraire j'ai fait quelque chose.
13:01– Mais il faut aussi parler de la voiture du couple.
13:03Alors comme ça, ça peut paraître anecdotique de le dire,
13:05sauf que le sens de stationnement
13:07est important dans le déroulement de l'enquête.
13:09– Oui, il faut imaginer Kania Clémine, petite commune,
13:12la maison des Jubilards, elle est en haut d'une petite montée.
13:14Ça a son importance parce que
13:15tous les voisins disent Delphine Jubilard,
13:17quand elle conduisait sa voiture,
13:19elle arrivait et elle se garait dans le sens de la montée,
13:21capot vers le haut.
13:22C'est ce que disent tous les voisins,
13:24c'est ce qu'a dit à la barre ce matin Anne,
13:26une amie très proche de Delphine Jubilard.
13:28Elle dit d'ailleurs le soir du 15 décembre,
13:29donc le soir où Delphine disparaît,
13:31elle-même rentre de l'école avec ses enfants,
13:32elle dit je crois Delphine qui sort de sa voiture,
13:35il est aux alentours de 16h30,
13:37capot vers le haut.
13:39Il a interrogé qui dit oui, oui, elle se garait toujours comme ça,
13:42c'était plus simple pour elle.
13:44Et il dit le soir d'ailleurs, je rentre tard le soir du 15 décembre
13:47vers 21h15, capot vers le haut.
13:49Le lendemain, cet homme dit à 7h45,
13:52j'emmène ma fille à l'école, je sors de chez moi
13:53et je me dis tiens, la voiture a changé de sens,
13:56elle est capot vers le bas.
13:57Et ce voisin, il dit spontanément,
13:59ça veut dire que Cédric Jubilard l'a utilisée
14:00parce que vraiment jamais Delphine,
14:02elle ne se garait comme ça capot vers le bas.
14:04Sous-entendu, et ça c'était évidemment un élément
14:06important pour l'accusation,
14:07est-ce qu'il n'aurait pas pris la voiture, s'il est considéré
14:10comme le meurtrier, pour aller partir
14:12dissimuler le corps de sa femme en pleine nuit
14:14et se regarder capot vers le bas.
14:16C'est ce que notent aussi les primo-intervenants
14:18de gendarmes, quand elles arrivent à la maison du couple
14:20le matin du 16 décembre, elles disent
14:22oui, oui, la voiture est bien capot vers le bas.
14:24Sauf que Cédric Jubilard, il a été interrogé là-dessus,
14:26alors pas aujourd'hui, mais pendant l'enquête,
14:28et lui, il nie totalement tous ces témoignages.
14:30Il dit non, non, Delphine, elle faisait un peu les deux,
14:32capot vers le haut, capot vers le bas.
14:34En l'occurrence, quand elle rentrait de l'école,
14:37le soir du 15 décembre, elle sort de l'école,
14:38elle a été chercher ses deux enfants à l'école et à la crèche,
14:41il dit oui, oui, quand elle rentrait de l'école,
14:42elle se garait capot vers le bas.
14:44Donc il vient contredire tous les témoignages
14:45d'amis, de voisins d'en face.
14:47Ces voisins, on sait quelles sont leurs petites habitudes,
14:49qui disent tous oui, pour elle, c'était plus simple,
14:51elle ne voulait pas se galérer à faire une marche arrière,
14:53elle se garait capot vers le haut.
14:54Tout ça est remis à plat par Cédric Jubilard,
14:55on verra s'il est interrogé là-dessus,
14:57c'est un élément clé, en tout cas, pour l'accusation.
14:59Quand est-ce qu'il sera interrogé précisément ?
15:01Le vendredi de la semaine prochaine, dans huit jours,
15:03en quelque sorte, il est interrogé un peu au fil de l'eau,
15:05et le gros interrogateur.
15:07Mais vous parliez des jurés.
15:09Lorsqu'ils ont été tirés au sort,
15:10ils ont entendu parler de cette affaire Jubilard.
15:12Est-ce qu'ils arrivent même, pendant les quatre semaines d'audience,
15:15à s'isoler complètement par rapport au compte rendu,
15:18à tout ce qui peut être dit sur le procès ?
15:20Est-ce qu'on leur demande, est-ce qu'on leur intime l'ordre
15:22de dire ne tenez pas compte de tout ce que vous pouvez entendre ?
15:25Oui, en principe, un président indique qu'effectivement,
15:28vous devez arriver comme des jurés qui ne connaissent pas l'affaire,
15:31et vous devez essayer de faire preuve d'une objectivité.
15:34C'est impossible, mais c'est vrai pour d'autres affaires.
15:37Quand un juré a entendu parler d'une affaire dans les médias,
15:40il arrive avec une opinion.
15:42Sauf qu'une fois que vous êtes juré,
15:44vous avez accès véritablement aux témoins,
15:46vous avez accès véritablement à l'accusé et aux experts.
15:50Et donc, vous avez un œil qui est extrêmement différent
15:54et beaucoup plus avisé, beaucoup plus informé,
15:56que celui qui va regarder son poste de télévision ou lire la presse.
15:59Donc, c'est un rôle où je crois qu'on peut encore faire confiance
16:02aux jurés populaires de dire, ils sont jurés,
16:05on les briefe sur comment réagir,
16:08sur ce qu'ils doivent avoir comme mécanisme
16:11pour se faire une raison, tout simplement.
16:13Merci, monsieur et dame.
16:14Vous voulez ajouter quelque chose ?
16:15Non, non, mais en tout cas,
16:16les jurés sont un peu des Hercule Poirot ou des Colombo,
16:20qui, justement, on va avoir à cœur de trouver une vérité.
16:24Hercule Poirot, avec une lourde tâche sur les épaules,
16:26quand même, de soit acquitter, soit condamner un homme
16:29qui, jusqu'à présent, crie son innocence.
16:30Et en cas de doute, même 1% de doute,
16:33ils doivent acquitter.
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