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  • il y a 2 mois
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00Le procès Jubilard, deuxième journée d'audience avec plusieurs temps forts à voir avec vous, Mélanie Bertrand.
00:06Vous êtes notre envoyée spéciale à ce procès devant les accords d'assises du Tarn, vous êtes à Albi.
00:11D'abord, c'est la manière dont les enfants ont appréhendé ce procès par la voix de leur administratrice.
00:22Oui, effectivement, ces enfants dont on parle finalement assez peu.
00:25Depuis cinq ans, on parle beaucoup de Delphine Jubilard, de son mari, de son amant.
00:29Mais Elia et Louis sont effectivement souvent peu évoqués.
00:33Et pourtant, ils ont maintenant 6 et 11 ans à l'époque.
00:35En 2020, ils étaient tout petits.
00:37Ils dormaient dans leur chambre le soir de la disparition de leur mère.
00:40Et on a eu de leurs nouvelles.
00:41En effet, c'est la grande sœur de Delphine Stéphanie qui a la garde de ses deux neveux et nièces.
00:46Elle a expliqué que c'était des enfants normaux qui poursuivaient leur scolarité,
00:50qui faisaient des activités, de la danse, du rugby.
00:52Mais qu'évidemment, il y avait ce traumatisme, cette immense absence qu'ils vivent au jour le jour.
00:58Et ces questions incessantes, qu'est devenue Delphine Jubilard ?
01:01Que lui est-il arrivé ?
01:03Alors, par exemple, leur tante Stéphanie a expliqué que Louis, le petit garçon qui a maintenant 11 ans,
01:08souhaitait avoir un lieu pour se recueillir là où était enterrée sa mère.
01:11Mais que c'était compliqué, forcément, dit-elle, parce que le corps de Delphine n'a jamais été retrouvé.
01:16Et après, on a entendu, en effet, la représentante légale des enfants.
01:19Et elle, elle va encore plus loin.
01:21Elle dit que les enfants, que Louis notamment, est en colère contre son père,
01:24que les enfants attendent des réponses.
01:27Louis, dit-elle, il est persuadé que c'est son père qui a fait le coup.
01:30Maintenant, il veut savoir ce qu'il s'est passé sur le banc des accusés.
01:34Cédric Jubilard, lui, ne sourcille pas.
01:37Il reste impassible et regarde fixement la dame qui parle de ses propres enfants en face de lui.
01:42Et puis, Mélanie Bertrand, on a entendu aussi les gendarmes,
01:45les premiers arrivés sur les lieux de la disparition de Delphine Jubilard.
01:48Oui, c'est comme si on faisait, en fait, un retour en arrière avec la cour d'assises
01:54aux prémices de cette affaire.
01:56Ces deux gendarmes, ce sont les primo-intervenantes,
01:58ce sont elles qui ont été appelées la nuit de la disparition
02:01et qui se sont rendues vers 5h du matin en pleine nuit à Cagnac-les-Mines.
02:05Et elles nous ont replongées, finalement, dans cette nuit-là,
02:07là où tout s'est déroulé.
02:08Elles racontent qu'elles arrivent vers 5h du matin,
02:11qu'elles trouvent ça surprenant parce que Cédric Jubilard leur ouvre la porte
02:13en combinaison panda, qu'il est en train de mettre des vêtements,
02:18en tout cas des objets, dans la machine à laver.
02:20Elle trouve ça surprenant alors que sa femme est censée avoir disparu en pleine nuit.
02:24La maison est en grand désordre.
02:26Et surtout, il y a une phrase qui a marqué l'une des gendarmes.
02:29C'est Cédric Jubilard qui la prononce.
02:31Delphine a disparu depuis une heure ou deux.
02:33Et il dit, qu'est-ce que je vais faire maintenant qu'elle a disparu ?
02:36Sur le coup, ça ne lui a pas semblé étrange.
02:38Mais après, elle s'est dit, mais enfin, il prend ça comme acquis,
02:41comme si elle ne reviendrait jamais.
02:43Donc là, il y a la déposition des gendarmes qui se poursuit.
02:46A noter un petit moment de tension tout à l'heure
02:48parce que les avocats de la défense de Cédric Jubilard,
02:51qui sont vraiment pied à pied avec chaque élément du dossier,
02:53ont tenté de pointer les lacunes dans la déposition des gendarmes.
02:57Ça a donné lieu à une sorte de passe d'armes dans la salle d'audience.
03:00Demain, c'est le directeur d'enquête qui va être entendu toute la journée ici.
03:04Mélanie Bertrand devant la cour d'assises du Tarn à Albi
03:07avec Caroline Bertolino pour BFM TV.
03:09Avec nos invités, revenons tout d'abord sur ce témoignage
03:13via l'enquêtrice du fils.
03:16Le fils, il avait 6 ans lorsque sa mère a disparu.
03:20Il avait d'ailleurs à l'époque raconté avoir été témoin
03:22d'une dispute entre sa mère et son père.
03:25Et 5 ans après, donc il a 11 ans, il est persuadé que son père est le coupable.
03:29On a appris d'ailleurs qu'il ne voulait plus s'appeler Jubilard
03:32dans la cour de récréation.
03:33Ce témoignage, est-ce que ça peut peser lourd dans le verdict final, maître ?
03:39Alors oui, il y a plusieurs éléments.
03:41Déjà, c'est un témoignage quasiment direct sur les faits.
03:43On sait qu'il y a des témoignages directs ou indirects.
03:45Indirect, c'est on m'a dit que, on a raconté que.
03:48Là, c'est un enfant qui raconte ce qu'il a vécu cette nuit-là.
03:52Ça, c'est un premier élément.
03:53Et puis, chaque témoignage a pour objet, en réalité, ou pour effet,
03:57ce n'est pas exactement la même chose, de construire l'image de la personne
04:01qui est accusée et qui va être jugée.
04:04Et voilà.
04:05Et c'est vrai que tous ces éléments-là sont des éléments qui sont très lourds,
04:09sûrement pour la défense, très lourds à combattre.
04:12Parce qu'il y a une logique, en plus, quand vous avez une victime,
04:16parce que le fils, l'enfant, c'est une victime avant tout,
04:19c'est un témoin, mais c'est aussi une victime,
04:21il est impossible de, on va dire, déclencher une réaction vive,
04:25forte pour essayer de discréditer des éléments
04:28ou déconstruire des éléments qui sont, en réalité, assez à charge.
04:32Parce que ça pourrait porter atteinte à la dignité des débats, d'une part,
04:36et puis, en plus, parce que ça peut être contre-productif en matière de preuves.
04:40Il y a un seul élément qui est très important, à mon avis,
04:42quand on entend des très jeunes enfants et des mineurs,
04:45c'est qu'on leur pose des questions
04:46et ils ne savent pas l'enjeu réel de la question.
04:49Et dans les débats judiciaires, à titre personnel,
04:51quand je suis avec des adolescents qu'on interroge
04:55et avec lesquels on est obligé de poser des questions pendant les débats,
04:59j'essaye, à titre personnel, de leur dire
05:02« je vais vous poser une question sur tel sujet,
05:04mais l'enjeu de cette question-là, c'est tel élément ».
05:07Et ça, la justice ne le fait pas,
05:08parce que dans les techniques habituelles de l'enquête,
05:10ce n'est pas du tout le cas.
05:12Mais Lalou, il a 11 ans,
05:13il ne pouvait pas venir témoigner directement au procès ?
05:16Ce n'était pas possible ?
05:17Parce qu'il est trop jeune ?
05:20À 11 ans, oui, il ne peut pas témoigner tout seul.
05:25Alors après, je ne sais pas si son avocat va prendre sa déposition
05:30et donc va faire part de ses propos.
05:32Oui, c'est ce qui est fait aujourd'hui.
05:33C'est ce qui a été fait aujourd'hui.
05:35C'est fiable, ces témoignages ?
05:37En fait, quand on interroge des enfants,
05:41effectivement, comme a dit Maître,
05:46en réalité, surtout un enfant ne connaît pas l'enjeu.
05:50Et donc, même si au départ, il se méfie,
05:54assez rapidement, il va parler avec ses émotions
05:58et on sait diriger un entretien
06:01pour le mettre suffisamment à l'aise
06:03sur beaucoup d'autres sujets
06:05et petit à petit, resserrer l'entonnoir
06:08et arriver à des éléments qui sont importants.
06:12Ça, c'est une première chose.
06:14L'enfant n'a pas de raison, si vous voulez,
06:16de mentir et d'avoir une construction psychique
06:20en disant « il ne faut pas que je dis ci,
06:22il faut que je dis ça ».
06:23Enfin, vous voyez, sa structure psychique,
06:27en tant qu'enfant, n'est pas suffisamment construite
06:29pour pouvoir avoir un panel de choses à dire
06:34et à ne pas dire dans une construction.
06:37– Mais c'est terrible, le fils qui pense que son père
06:40a tué sa mère, qui ne veut plus s'appeler Jubilard,
06:43et puis la petite sœur qui a six ans,
06:45qui, elle, est persuadée que sa mère est encore vivante.
06:48– Et qu'elle va revenir si on lui donne une baguette magique.
06:50– Alors, on a dans un cas de figure une petite fille
06:54qui se protège de quelque chose d'extrêmement…
07:01– Dur, traumatisant.
07:02– Traumatisant et destructeur pour elle.
07:05Donc, pour l'instant, elle a besoin de projeter sa mère quelque part
07:09et sa maman va revenir.
07:11C'est une protection.
07:13Et le garçon, lui, a vu,
07:17j'ai lu qu'il avait vu au travers d'une porte,
07:19ses parents se disputaient.
07:22– Le soir de la disparition de sa mère.
07:24– Le soir de la disparition.
07:27Et il ne faut pas oublier que ce sont des parents
07:29qui ont l'habitude de se disputer.
07:31Ce n'est pas la première fois.
07:33Et spontanément, avec tous les émotions que l'enfant a ressenties,
07:40je suppose que c'est pour ça que cet enfant est persuadé
07:42que son père y est pour quelque chose.
07:45– Et puis aujourd'hui, à la barre,
07:46on a parlé de Delphine aussi quand même.
07:49– Elle a été racontée par sa sœur et ses frères, Mathias Tesson.
07:52– Oui, ce n'était pas prévu dans le planning,
07:54mais effectivement, les deux frères et la sœur de Delphine Jubilard
07:57ont pris la parole ce matin à la barre de la cour d'assises du Tarn
07:59pour brosser un petit peu son portrait,
08:03mais pas que.
08:04Déjà ce matin, Stéphanie, la sœur de Delphine Jubilard,
08:07qui est aujourd'hui à 43 ans,
08:09a donné un peu son intuition sur l'affaire,
08:11parce qu'on va rappeler que, évidemment,
08:13toutes les pistes ont été explorées dans cette affaire,
08:14notamment celle de la disparition volontaire de Delphine Jubilard.
08:18Et Stéphanie a dit la chose suivante,
08:20elle a dit qu'elle n'aurait jamais laissé ses enfants,
08:22ce n'était pas son genre,
08:23signe que cette piste pour les proches de Delphine Jubilard
08:27n'est pas du tout crédible.
08:29Elle a parlé aussi de Cédric Jubilard,
08:31plus particulièrement de son comportement,
08:33qu'elle a observé, vous savez, pendant ces six mois
08:36où il était libre,
08:38puisqu'il n'a pas tout de suite été placé en garde à vue,
08:40mis en examen et mis en détention provisoire.
08:42Il y a eu six mois qui se sont écoulés
08:43entre la disparition de Delphine
08:45et le moment où il a finalement été écroué provisoirement.
08:48Et Cédric Jubilard, c'est dans ce laps de temps-là
08:50qu'il a retrouvé des femmes.
08:52Et Stéphanie, la sœur de Delphine,
08:54a dit avoir ressenti une certaine douleur,
08:57avoir Cédric s'afficher avec de nouvelles compagnes,
09:00c'était insultant.
09:01Stéphanie, qui a aujourd'hui la garde,
09:03d'ailleurs, des deux enfants du couple,
09:06elle en a profité pour dire que,
09:08j'allais dire,
09:09fort heureusement, ils évoluent assez bien,
09:11ils sont tous les deux scolarisés.
09:12La petite est au CP, le plus grand,
09:14Louis est au collège,
09:15ils sont bons élèves,
09:16ils ont des activités.
09:18Louis qui demande aussi, parfois,
09:21à sa tante,
09:22donc, comment est-ce qu'il pourrait se recueillir
09:24sur les lieux où se trouverait sa mère ?
09:27Et forcément, ça, dit-elle, Stéphanie,
09:29c'est compliqué d'avoir une réponse,
09:30puisqu'on va le rappeler,
09:31le corps de Delphine Jubilard,
09:32le corps de sa mère,
09:33n'a jamais été retrouvé.
09:34Ce qui est bel et bien au centre
09:36de ces premières heures d'audition,
09:38d'audience,
09:39c'est la personnalité de l'un et de l'autre,
09:41c'est plutôt les rapports dans le couple,
09:43c'est ce qu'a encore expliqué aujourd'hui
09:45un enquêteur.
09:47Dans la dynamique du couple,
09:48il y a un réel déséquilibre,
09:50a priori,
09:50de ce qui ressort,
09:51où M. Jubilard a une position
09:53plutôt affirmée,
09:55il prend de la place
09:56dans la sphère sociale,
09:58il est présent,
09:59et à côté de ça,
10:01Mme Osaguel était beaucoup plus en retrait,
10:03donc, en fait,
10:03il avait une position un peu de puissance,
10:05de domination,
10:06qui s'inversait complètement à la fin,
10:08puisque, enfin,
10:10ce que remarque l'entourage,
10:10c'est qu'elle s'opposait publiquement à lui,
10:12elle pouvait verbaliser
10:13ses désapprobations,
10:17et donc, réellement,
10:18elle s'émancipait à ce moment-là,
10:19et elle, finalement,
10:20et on me le dit,
10:21elle reprenait le dessus sur lui.
10:22– Oui, c'est ce qui sera au cœur du procès,
10:24quoi, en fait.
10:24– Mais surtout,
10:25on a un portrait quand même pas très flatteur
10:27de Célique Jubilard depuis deux jours.
10:28– C'est sûr que là,
10:29tout ce qu'on dit,
10:30on répète depuis tout à l'heure,
10:31c'est très accablant pour la défense,
10:33c'est difficile à combattre.
10:35Là, vous avez un enquêteur de personnalité,
10:36un enquêteur de personnalité,
10:37c'est plutôt un éducateur
10:38ou un travailleur social,
10:39c'est pas un policier,
10:40c'est quelqu'un qui s'intéresse
10:42au contexte de vie,
10:43au parcours personnel,
10:45et qui s'intéresse
10:46à la trajectoire de vie.
10:48Normalement,
10:49il y a des constatations,
10:50voilà,
10:51ils travaillent,
10:51ils ne travaillent pas,
10:52etc.,
10:52puis vous avez à côté de ça
10:54des interprétations,
10:55ils vont donner leur point de vue,
10:57et exprimer,
10:58et là,
10:58vous voyez bien
10:59que cet enquêteur de personnalité
11:01parle de tendance à la domination,
11:04et vous voyez ce petit détail
11:05qui n'en est pas un,
11:07une façon de construire
11:08l'image du monstre,
11:10et là,
11:11quand on reprend l'ensemble
11:12des choses qui ont été dites,
11:13vous avez l'enfant
11:13qui est persuadé
11:15que son père est coupable,
11:17vous avez celui
11:18qui se remet en couple
11:19trop vite,
11:20donc en fait,
11:21qui n'avait pas de lien,
11:22qui est réel,
11:22et on voit qu'au fur et à mesure
11:24de ces deux premiers jours,
11:25il y a une construction
11:26d'une image très négative.
11:28Parce que l'accusation
11:29va aussi devoir faire
11:30sans preuves tangibles
11:31et sans cadavres
11:32et sans corps,
11:33donc Jubilard principalement,
11:35mais à l'accusation aussi,
11:37donc son alité d'attitude
11:38aujourd'hui de Cédric Jubilard,
11:39mais plus tard,
11:40de la même manière,
11:42entre ces premiers éléments
11:44de personnalité
11:45et d'autres éléments
11:45plus saillants bientôt.
11:48Merci à vous trois
11:49d'avoir été avec nous
11:49pour commenter
11:50ces deuxièmes jours d'audience
11:52dans le procès
11:52de Cédric Jubilard.
11:54Sous-titrage Société Radio-Canada
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