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  • il y a 3 mois
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00Le visage aussi, c'est l'un des chefs les plus médiatiques de ces dernières années,
00:03multi-étoilé, il a pris la tête des grands établissements,
00:06il est connu des stars du monde entier.
00:08Il s'appelle Jean Humbert, mais aujourd'hui, il se retrouve face à des accusations de violences conjugales
00:13portées par deux ex-compagnes, dont l'une, voilà ce qu'elle racontait ce matin,
00:18il s'agit de l'actrice Léla Sali.
00:22Je pars juste boire un café le matin, je laisse mon téléphone dans notre chambre d'hôtel
00:26et je vois qu'il met un certain temps à venir me rejoindre au petit déjeuner.
00:30Je remonte dans la chambre et en fait, il est sur le lit.
00:33Il a mon téléphone entre les mains, je venais de recevoir un texto qui disait
00:37« Comment ça va, ma chérie, de la part d'un garçon ? »
00:40Et c'est là-dessus que les faits ont démarré.
00:42Mais démarrer, c'est quoi les faits ?
00:43Me mettre sur le lit, me mettre des grandes baffes,
00:45m'interdire de sortir de cette chambre pendant plusieurs heures.
00:48Et j'ai vraiment eu peur pour ma vie à ce moment-là.
00:51Il faut comprendre que c'est vraiment d'un coup une violence qui sort de nulle part
00:54parce que moi, excusez-moi, je reçois des textos de mes copains,
00:57j'ai des gens qui me disent qu'ils m'aiment, que ce soit des garçons ou des filles,
01:00et c'est normal à 20 ans.
01:01Et dans sa tête à lui, c'est parce que je le trompais.
01:04Des accusations graves, on va revenir sur l'enquête.
01:07Toujours est-il que suite à ces accusations,
01:09Jean-Himbert a pris la décision, Pauline Revena,
01:13de sortir, de se mettre en retrait des établissements qu'il dirigeait.
01:18Oui, parce qu'il explique qu'il travaille avec plus de 1000 personnes
01:20et qu'il doit beaucoup à tous ces gens et qu'il ne peut pas leur faire porter ses tourments.
01:25Ce sont les mots qu'il a utilisés.
01:26La justice est saisie, a-t-il dit d'abord, c'est un soulagement.
01:29Je n'ai aucun doute sur l'issue de l'enquête.
01:31Ce qui est intéressant et ce qu'il dit aussi, c'est qu'il dit
01:33je ne m'exprimerai pas ici sur ce qui a été dit ces derniers mois
01:35parce qu'on ne peut ni se défendre,
01:38je pense à mon voisin qui va nous en parler,
01:39ni s'excuser, ni prendre la parole dignement dans le bruit médiatique.
01:43Conséquence de quoi ?
01:44Il se retire des établissements,
01:46le temps que la justice fasse son travail.
01:48Mais attention, Jean-Himbert, la justice, elle ne fait pas son travail en 48 heures,
01:51ça va prendre du temps.
01:52Le parquet de Versailles, il a ouvert une enquête préliminaire
01:55pour violences sur conjoints.
01:57Sur ce cas précis, cette jeune femme qui a pris la parole ce matin,
02:01le parquet n'a pas retenu le chef d'accusation de séquestration,
02:04c'est elle qui a porté plainte.
02:05Pourquoi est-ce qu'elle porte plainte alors qu'elle sait que les faits sont prescrits ?
02:09Eh bien, elle nous l'explique dans la plainte,
02:10elle explique que sa démarche est pédagogique
02:12et qu'elle veut soutenir les plaintes des autres femmes
02:16qui auraient été victimes de cette même personne, Jean-Himbert.
02:18Justement, il y avait des témoignages sous couvert d'anonymat
02:22qui étaient sortis il y a quelques mois déjà dans le magazine,
02:24elle, à propos de Jean-Himbert.
02:25Mais la question c'est, est-ce que ces témoignages vont se transformer en plainte ?
02:28Il y a deux temps, et je pense que notre invité nous l'expliquera mieux que moi.
02:32Vous pouvez dénoncer dans un article de presse,
02:35mais est-ce que vous avez la force d'aller pousser la porte d'un commissariat,
02:37d'une brigade de gendarmerie pour déposer plainte ?
02:39C'est un autre temps, c'est un temps judiciaire.
02:42Lila Slimani, vous êtes militante féministe,
02:44directrice du Pôle Projet de la Fondation des Femmes.
02:46Donc ça passe à chaque fois, c'est la même procédure aujourd'hui,
02:49c'est-à-dire c'est l'interpellation médiatique,
02:51les accusations médiatiques,
02:53pour faire en sorte qu'ensuite ça aille à la justice, c'est ça ?
02:56Non, je ne pense pas qu'on puisse dire ça,
02:57et bonjour et merci pour votre invitation,
03:00mais je ne pense pas qu'on puisse dire cela,
03:01puisque là on est sur des cas médiatiques qui concernent des hommes médiatiques,
03:05mais l'immense majorité des plaintes pour violences sexuelles
03:07se font dans les commissariats, dans l'anonymat,
03:10et aussi dans la difficulté,
03:12parce que ce sont des procédures qui sont très lourdes,
03:15qui portent en elles souvent, on parle de revictimisation,
03:18mais en tout cas le fait de revivre des traumatismes
03:20et des moments extrêmement difficiles.
03:22Et donc ça, dans la plupart du temps, ça se fait dans l'anonymat.
03:25Là, on est sur un cas médiatique,
03:26et effectivement, je ne vais pas dire la chance,
03:29mais en tout cas cette situation-là permet peut-être
03:31de faire émerger d'autres témoignages,
03:34et c'est peut-être ce que souhaite faire Lila Salé par cette démarche.
03:37En tout cas, moi je tiens vraiment à saluer son courage,
03:40parce que j'ai trouvé son témoignage édifiant, extrêmement intéressant.
03:44Qui n'est qu'un témoignage.
03:45Qui est un témoignage, mais qui est un témoignage
03:47qui, en tout cas, décrit la stratégie d'un agresseur présumé,
03:51évidemment, il reste un présumé innocent.
03:54Moi je la crois, je crois aussi les autres femmes qui témoignent.
03:58Et je tiens à la saluer, elle,
03:59et à saluer aussi le travail des journalistes,
04:01notamment du magazine Elle,
04:02et le travail aussi qu'on fait aujourd'hui,
04:03parce qu'aujourd'hui, les journalistes sont souvent
04:06une manière, effectivement, d'accéder à la parole
04:09quand on n'a pas pu l'avoir auparavant.
04:11Vous avez entendu, justement,
04:14Maître Delamourandière,
04:16ce qu'écrit Jean-Habert.
04:18Il ne peut pas se défendre.
04:19Je ne peux pas me défendre,
04:20je suis dans le tumulte médiatique,
04:22donc de toute façon, quoi que je dise, quoi que je fasse,
04:24donc il se met en retrait.
04:26C'est-à-dire qu'il ne peut plus travailler, lui, de nouveau.
04:28Oui, c'est vrai.
04:29Marie Dosé, qu'on ne peut pas accuser
04:31de ne pas avoir fait des belles choses
04:33pour le féminisme,
04:35pour la cause des femmes,
04:37écrivait elle-même l'éloge de la prescription,
04:39si vous voulez,
04:39parce qu'en fait,
04:40une justice qui ne s'intéresse pas du tout
04:43à la prescription,
04:43à la question de la prescription,
04:45en fait, c'est une justice qui veut exister en elle-même,
04:47un peu comme une justice divine,
04:48qui flotte,
04:49puis qui ne s'intéresse pas du tout
04:50à la question des preuves.
04:51Il faut savoir qu'en fait,
04:53la justice, c'est vraiment une série de médiations.
04:55Les preuves, ça en est une.
04:57Les preuves, c'est fragile.
04:58Ça peut disparaître.
04:59Ça a une durée de conservation limitée.
05:02Et en fait, pour se défendre,
05:04il faut aussi des preuves.
05:04Il faut pouvoir opposer
05:06à des accusations qui sont fortes,
05:08les éléments de fait.
05:08On ne peut pas se baser juste
05:09sur ces déclarations,
05:09c'est ce que vous dites.
05:10Exactement, il faut pouvoir se défendre.
05:12Et si vous voulez se défendre
05:13après une très longue période,
05:14etc., c'est quasiment impossible.
05:16Donc en fait, il a raison
05:17de souligner aussi les limites de la défense.
05:21Et vous posiez tout à l'heure
05:22la question de l'intérêt
05:24de déposer une plainte
05:25alors qu'on sait que,
05:26à priori, les faits sont prescrits.
05:28On sait qu'il y a des mécanismes
05:29pour lutter contre la prescription.
05:30Par exemple, la prescription glissante
05:32ou alors voir qu'il y a
05:34une série de victimes
05:34qui fait qu'il y a une unité des faits
05:37et qu'on peut lutter
05:37contre la prescription.
05:39Là, c'est presque
05:39une stratégie judiciaire.
05:42On peut doubler,
05:43qui peut peut-être se doubler
05:44d'une stratégie médiatique.
05:45Ce n'est pas à moi d'en juger.
05:46Mais toujours est-il
05:47qu'on ne peut pas concevoir
05:48de justice sans prescription.
05:50Moi, je suis tout à fait d'accord.
05:51Après, on peut débattre aussi
05:52des durées de prescription.
05:53D'ailleurs, elles évoluent régulièrement.
05:57C'est le signe que la société bouge ?
05:59Oui, bien sûr,
06:00parce qu'il faut quand même rappeler
06:01que les violences faites aux femmes,
06:05les violences sexuelles,
06:05mais aussi les violences conjugales,
06:06sont des délits particuliers,
06:08des crimes particuliers,
06:09dans la mesure où
06:10ils créent d'abord
06:13parfois des amnésies traumatiques
06:15qui font que les souvenirs
06:16ressurgissent très tardivement.
06:18Là, c'est notamment
06:19dans les cas d'inceste,
06:20mais aussi de violences sexuelles.
06:22Et ils peuvent aussi générer
06:23une forme de peur
06:24d'aller porter plainte
06:25parce que,
06:25et on voit bien
06:26qu'il y avait une plainte
06:27qui a été déposée
06:28en 2012 ou 2013
06:29par Lille-Acellé,
06:30qui a été retirée
06:31suite à des pressions,
06:34en tout cas une situation
06:34où elle ne se sentait plus capable
06:36de porter plainte.
06:38On sait que l'emprise,
06:39c'est un mécanisme classique
06:41et systématique
06:41dans les violences conjugales.
06:42Donc, c'est des éléments
06:43qui rendent difficiles les plaintes.
06:45Donc, c'est vrai
06:45qu'une prescription de 6 ans
06:46sur les violences conjugales,
06:47je comprends qu'elle pose
06:48la question de cette durée.
06:49Dans les accusations,
06:50parce qu'il y a eu
06:51Alexandra Rosenfeld aussi.
06:52Qui avait pris un prénom
06:53d'emprunt pour ce protégé.
06:54Voilà, et puis maintenant
06:55Lille-Acellé.
06:56Dans les accusations,
06:57on parle de coups,
06:58on parle de séquestration,
07:00on parle peut-être d'emprise.
07:01Donc, c'est quand même
07:01les accusations qui sont...
07:02Oui, mais là,
07:03la plainte qui est ouverte
07:04par le parquet de Versailles,
07:04pour l'instant,
07:05elle est ouverte
07:05pour violences sur conjoints,
07:07mais il n'a pas retenu
07:08le chef d'accusation
07:09de séquestration.
07:10Donc, on verra
07:11s'il y a d'autres personnes
07:12et s'il y a des faits
07:13présumés de séquestration.
07:14Et là, la justice étudiera.
07:16Mais dans ce cas présent,
07:17il n'est pas retenu.
07:18Mais est-ce que
07:18c'est parce qu'il était médiatique,
07:19à votre avis,
07:20que tout le monde,
07:20enfin, tout le monde,
07:21que ses compagnes
07:22ou ex-compagnes
07:23se sont tus ?
07:25C'est l'omerta,
07:25c'est la puissance
07:26médiatique
07:29qui empêchait de dire
07:30non, il est inattaquable,
07:31il est intouchable,
07:32selon vous ?
07:33En tout cas,
07:33ce qui est certain,
07:34c'est que depuis
07:35le mouvement MeToo,
07:36il y a un changement
07:37qui s'est opéré
07:41en MeToo,
07:41on n'était pas
07:42dans la même période,
07:43même du point de vue médiatique,
07:44on parlait très peu
07:45de ces cas.
07:46Donc peut-être que
07:46ça a été pour ces femmes,
07:47même à postériori,
07:48quelques années plus tard,
07:49un déclic,
07:50le fait de pouvoir
07:51effectivement s'exprimer.
07:54Mais c'est vrai que,
07:55oui,
07:55quand on s'attaque
07:55à quelqu'un de puissant,
07:58d'aussi puissant,
07:59d'aussi médiatique,
07:59ça peut faire...
08:00Il faut d'abord passer
08:01par la case médiatique,
08:02en fait.
08:02Il n'y a que comme ça
08:03que ça peut avancer.
08:04Parce qu'aujourd'hui,
08:05il y a potentiellement
08:07une victime,
08:08ça c'est ce que l'enquête
08:09devra déterminer.
08:09Mais il y en a un
08:10qui perd son travail,
08:11qui se met en retrait,
08:13c'est Jean Amère.
08:14Il se met en retrait
08:15de lui-même, oui.
08:16Oui,
08:17mais comme il le dit lui-même,
08:18il m'y retrouve un peu
08:19obligé, poussé,
08:21contraint, quoi.
08:21C'est ça le problème.
08:22C'est surtout
08:23que ça risque de durer.
08:24Effectivement.
08:25Le temps de l'enquête
08:25et d'un éventuel procès
08:27ou quoi.
08:28Vous soulevez
08:29une situation
08:30des plus paradoxales
08:31puisqu'en fait,
08:31il y a une peine
08:32avant l'enquête,
08:33il y a une peine
08:34avant la condamnation
08:35et sur une procédure
08:37où a priori
08:38l'enquête n'est presque pas possible.
08:40C'est la peine médiatique.
08:40C'est la peine médiatique
08:41puis c'est la peine professionnelle.
08:42Donc effectivement,
08:43il y a une difficulté
08:44de ce côté-là.
08:45Pour chercher à expliquer
08:46aussi les différences
08:47de réaction face à un trauma,
08:49il faut aussi dire
08:50qu'il y a des victimes
08:51qui font le choix
08:52de ne pas forcément
08:53faire un traitement judiciaire
08:55de leur affaire
08:56et c'est un choix
08:57qui peut être assumé.
08:59Et c'est quelque chose
08:59d'important à entendre,
09:00c'est-à-dire que
09:01tout le monde peut assumer.
09:02Le temps de la justice,
09:04c'est toujours un temps
09:04qui est médiatisé
09:05par un rythme.
09:06Quand je plaide,
09:07il y a un début
09:08puis il y a un commencement
09:09et puis après,
09:09il faut que je me taise.
09:10C'est fini, ça s'arrête.
09:12Et chacun a eu son rôle,
09:13chacun a eu son tour.
09:14Et en matière judiciaire,
09:15en fait,
09:15il y a un temps
09:16pour déposer plainte
09:17puis quand c'est fini,
09:18c'est fini.
09:18Oui, je ne m'exprimerai pas ici
09:20sur ce qui a été dit
09:20parce que c'est ce qu'il explique,
09:22je ne peux pas me défendre.
09:23Je ne peux ni me défendre
09:24ni m'excuser
09:25et je ne peux pas prendre
09:26la parole d'ignomance.
09:27Ni s'excuser
09:27ni prendre la parole d'ignomance
09:28dans le bruit médiatique.
09:29Donc, il est coincé.
09:32C'est aussi sa stratégie de défense.
09:34D'autres hommes
09:34ont d'autres stratégies médiatiques,
09:36plus offensives,
09:37moins offensives.
09:38Voilà, il est aussi conseillé,
09:39évidemment,
09:40et donc il choisit
09:41la stratégie de défense
09:41qui est la tienne.
09:42Oui, il aurait pu aussi venir
09:43sur un plateau de télévision
09:44pour préclamer son innocence.
09:45Oui, voilà,
09:46mais d'autres l'ont fait.
09:47Ce n'est pas forcément
09:48effectivement la meilleure stratégie,
09:49mais après,
09:50ça appartient à chacun.
09:52Non, mais c'est double peine.
09:53C'est ce que dit
09:54Maître Delamourandien,
09:55c'est qu'en fait,
09:55on est sur une double peine.
09:56La première, elle est là.
09:57Pourquoi une double peine ?
09:57Pour l'instant,
09:58il n'y a aucune peine.
09:59C'est lui de lui-même.
10:00Il y a une peine médiatique
10:01qui empêche de continuer
10:03quelqu'un de travailler.
10:05Là, en l'occurrence,
10:05même s'il décide
10:06de se mettre en rentrée,
10:07il dit que ça va être compliqué
10:07pour moi dans des établissements
10:09prestigieux
10:09avec toutes les stars
10:10que je côtoie
10:11ou le travail que je fais.
10:12À chaque fois que je vais rentrer,
10:13on va me regarder
10:13et on va dire
10:14il est violent.
10:15Donc, il y a ça,
10:16il y a cet affichage public
10:17et puis ensuite,
10:18il y aura peut-être
10:19une autre peine
10:19si jamais il y a un procès
10:21et une condamnation.
10:22Oui, mais on vit dans une société
10:23qui est de fait médiatique.
10:26Ça, ça ne vous touche pas.
10:26Ce n'est pas à moi
10:27de vous dire
10:27si je suis touchée ou pas.
10:28C'est une affaire.
10:29C'est la question que je vous pose.
10:30Est-ce que ça vous touche ou pas ?
10:31Il est accusé par quatre femmes.
10:33Ce n'est pas une femme toute seule,
10:35c'est quatre femmes.
10:36C'est un travail journalistique sérieux
10:37qui a été fait derrière.
10:39Il y a des accusations
10:39qui sont quand même détaillées.
10:41Elles restent des accusations
10:42pour l'instant,
10:43mais c'est des choses
10:44qui sont assez détaillées.
10:45Donc, il est assez logique
10:47qu'au vu de sa personnalité médiatique,
10:50les journalistes s'en saisissent.
10:51Et après, oui,
10:52ça a un impact sur sa profession,
10:53mais si vous voulez,
10:54les victimes présumées,
10:56elles ont aussi vécu
10:57et elles ont aussi un vécu
10:59qui est un vécu traumatique,
11:00qui est un vécu compliqué
11:02qu'a détaillé aussi Lila Salé,
11:04un travail de reconstruction
11:05qu'elles doivent faire par la suite
11:07et effectivement,
11:09une condamnation extrêmement hypothétique
11:11puisque malgré tout,
11:12les condamnations restent très rares
11:14et très faibles.
11:15au regard du taux de prévalence réel
11:17des violences conjugales
11:18et des violences sexuelles.
11:19Mettez-le-moi en dire.
11:19Deux observations.
11:20J'aime bien l'expression.
11:21Je ne peux pas m'excuser.
11:22Je vais vous expliquer ça.
11:23Ça me semble important.
11:24Parce qu'en fait,
11:25s'ils pouvaient exprimer des regrets,
11:28en fait,
11:28ce serait pris,
11:30interprété automatiquement
11:31comme des aveux.
11:33Et donc, en fait,
11:34ce jeu médiatique
11:35sur ce genre de fait
11:36est compliqué
11:37parce que ça le bloque
11:38par certains côtés.
11:39Et on sait très bien
11:40qu'entre la vie familiale
11:42de couple normal
11:43qui peut connaître
11:44des difficultés
11:45la dimension pathologique
11:46d'un couple
11:47et aussi l'existence
11:49d'une faute pénale,
11:50il y a tout un éventail
11:52en fait
11:52de comportements dysfonctionnels.
11:55Il faut que la justice
11:56puisse faire le tri
11:56en ce qui relève
11:57d'une infraction
11:58et ce qui ne relève pas
11:59d'une infraction.
11:59La question, ce sera la réitération.
12:01Est-ce qu'elle est seule
12:01ou est-ce qu'il y aura
12:02d'autres personnes aussi ?
12:03Ça va peut-être nourrir l'enquête.
12:04Ça peut tout à fait
12:05nourrir l'enquête
12:06et c'est d'ailleurs
12:06quelque chose
12:08qui doit se faire
12:08selon nous de plus en plus.
12:10C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
12:11c'est ce que demandent aussi
12:12les associations
12:12de la Coalition
12:13pour une loi intégrale
12:14contre les violences sexuelles.
12:15Et ça s'applique aussi
12:16aux violences conjugales.
12:17Il y a besoin
12:18d'actes d'enquête
12:19qui soient beaucoup plus fournis
12:20et notamment le fait
12:21d'écouter l'entourage
12:23puisque la charge de la preuve
12:25qui appartient quand même
12:27à la partie civile
12:28dans ces affaires,
12:29elle doit être établie.
12:31Elle est difficile à établir
12:32et donc elle est aussi
12:33circoncentielle.
12:34Ça va être compliqué
12:35d'avoir des preuves
12:36sur des déclarations,
12:37sur un retour
12:38sur ce qui était
12:38une vie de couple.
12:40Mais on a-t-elle parlé
12:40à des personnes annexes
12:42connues ?
12:42Oui, mais ce sont des déclarations aussi.
12:43Oui, c'est des déclarations.
12:44Ce sont des témoignages.
12:45Oui, mais les témoignages
12:46peuvent constituer
12:47des preuves
12:48dans ces affaires.
12:49C'est ce qu'on appelle
12:50la preuve par témoin direct.
12:51Il n'y a pas de preuve
12:53par témoin direct
12:53parce que c'est souvent
12:54les violences conjugales
12:55s'en souviant
12:56des violences de l'intime,
12:58du secret en fait.
12:59On est dans l'huile clos.
13:01Sauf qu'on se rend commissariat
13:02à ce moment-là
13:02avec des traces de coups
13:03ou traumatismes.
13:04Il y a des éléments
13:05de preuves matérielles objectives
13:06mais ça, elles ont disparu
13:07et c'est pour ça aussi
13:08qu'il y a une question de prescription.
13:08Pas pour Alexandre Rosenfeld.
13:11Il y a un autre élément
13:12que je voulais soulever
13:13qui me semble important
13:16En fait, il y a très peu
13:17de prise en charge
13:18des auteurs de violences
13:20en France.
13:21Vous voyez, vous êtes
13:22dans une association
13:23qui prend en charge,
13:24qui offre des moyens
13:25aux victimes de violences
13:26et notamment aux victimes
13:27de femmes.
13:28Mais quand vous regardez
13:29la prise en charge
13:30d'auteurs de violences,
13:31il n'y a quasiment rien.
13:32Ce sont des obligations de soins.
13:33Il y a aujourd'hui
13:33des obligations de soins
13:34mais il n'y a rien de spécifique.
13:36Il n'y a pas d'association.
13:37Bien sûr qu'il y a.
13:38Et il y a très peu de choses.
13:40Et quand j'étais, moi,
13:41responsable d'une association
13:42qui s'occupait du contrôle judiciaire
13:44à Paris
13:44et du contrôle judiciaire long,
13:45on avait fait un programme
13:46qui s'appelait
13:47« La main qui a frappé
13:47peut apprendre à soigner »
13:49et on apprenait
13:50aux gens qui étaient frappés
13:51par ces problèmes de violences
13:52à faire du shiatsu,
13:54c'est-à-dire mesurer
13:55leur propre violence
13:56par une pratique
13:57qui naissait du corps.
13:59Et je trouvais
13:59que c'était une perspective
14:00intéressante.
14:01Oui, parce que ça permet
14:01de ne pas avoir de réitération
14:03ou justement de récidive
14:04pour celui qui a frappé.
14:06C'est-à-dire
14:06celui qui a frappé
14:07frappera encore.
14:08Aujourd'hui,
14:08il y a aujourd'hui
14:09notamment les centres
14:10de prise en charge
14:11des auteurs
14:12de violences conjugales
14:12qui ont été créés
14:13il y a quelques années
14:14qui sont effectivement
14:15plutôt une nouveauté.
14:17C'est difficile de savoir
14:18quel est l'impact réel
14:19de ces formations.
14:20Aujourd'hui,
14:21il n'y a pas vraiment
14:21d'études qui montrent
14:22que ça fonctionne vraiment
14:23sur notamment
14:23la prévention de la récidive.
14:25Mais par ailleurs,
14:26sur les moyens,
14:28évidemment,
14:29aujourd'hui,
14:29la justice,
14:30elle a des moyens dérisoires
14:31au regard des besoins.
14:33Et ces besoins,
14:33ils se situent effectivement
14:34sur la réinsertion
14:35et sur la prévention
14:36de la récidive,
14:37mais aussi et surtout
14:39sur la question
14:40de l'accueil des victimes,
14:42sur la question des enquêtes.
14:43Alors, il y a des progrès
14:44qui ont été faits
14:45sur les formations distillées
14:46notamment dans les commissariats.
14:47Oui, c'est vrai
14:47que ça a progressé
14:48dans les commissariats.
14:49Mais nous, aujourd'hui,
14:50on sort un rapport
14:50justement à ce sujet
14:51où on montre
14:52qu'il y a aujourd'hui
14:54du fait des restrictions
14:55budgétaires,
14:56des dangers
14:57d'augmentation
14:59de féminicides,
15:00du fait de la baisse
15:01des moyens
15:01dans les institutions
15:03et aussi des associations.
15:04Et c'est ce qu'on dit
15:05aujourd'hui, nous.
15:06Et puis par ailleurs,
15:07on a nous chiffré
15:08à la Fondation des femmes
15:09avec beaucoup d'associations
15:10le fait qu'il y aurait un besoin
15:11de 2,6 milliards d'euros
15:13par an
15:14pour accompagner
15:14toutes les femmes
15:15victimes de violences
15:16qui portent plainte
15:17par an.
15:18Or, aujourd'hui,
15:19on a un budget annuel
15:20de 184 millions d'euros.
15:21Donc, on est extrêmement
15:22loin du compte.
15:24Et ça explique aussi
15:25pourquoi les féminicides
15:26restent à un niveau très haut.
15:27Et ça explique aussi
15:27pourquoi des victimes
15:28ou des femmes
15:30qui souhaiteraient porter plainte
15:31mais ne sont pas
15:32suffisamment accompagnées
15:33et du coup décident
15:34de retirer leur plainte
15:35alors qu'elles auraient pu
15:35la maintenir peut-être
15:36si elles avaient été
15:37accompagnées correctement.
15:38Une dernière question.
15:40Jean-Humbert a pris
15:41comme avocat
15:41les deux mêmes avocats
15:43que Patrick Pauvre-Dorvort
15:44au moment de sa mise en examen.
15:46On a vérifié.
15:47Est-ce que c'est la bonne stratégie ?
15:49Ça, c'est pas nous le dire.
15:50Non, c'est pas nous le dire.
15:51En tout cas, il a pris
15:52des avocates
15:53qui sont extrêmement reconnues,
15:54compétentes et sérieuses.
15:55Personne ne le dira le contraire.
15:56Oui.
15:56Merci, messieurs, dames,
15:58pour cette affaire
15:59qui donc ne fait que commencer.
16:01On l'aura bien compris.
16:02Merci.
16:03Merci.
16:04Merci.
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