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  • il y a 2 mois
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00On va revenir maintenant à l'actualité judiciaire et l'ouverture du procès de Cédric Jubilard.
00:05Cinq ans maintenant, on est sans nouvelles de son épouse Delphine, il est accusé de meurtre, il est dans le box des accusés.
00:12Le voilà ce matin apparaître dans ce box devant la cour d'assises d'Albi, la cour d'assises du Tarn.
00:18C'est Mélanie Bertrand qui suit le procès pour BFM TV.
00:22Mélanie, justement, comment est-il apparu tout au long de cette journée, Cédric Jubilard ?
00:27Plutôt imperturbable, en tout cas impassible quand il fait son entrée dans la salle d'audience et que nous, journalistes, pouvons le filmer.
00:36Quelques minutes après, il y a devant lui un véritable mur, vous le voyez sans doute sur les images, un mur de photographes, de caméramans, de micros
00:44qui se baladent un petit peu partout autour de son box et lui, il vient s'asseoir tranquillement.
00:48Alors, on le reconnaît même s'il a un petit peu changé, il a le visage plus émacié, il porte une veste de survêtement de sport sur les épaules, couleur bleue.
00:56Il a le crâne rasé, mais on reconnaît évidemment celui que l'on a tant vu sur des photos depuis 2020.
01:02Il parle avec ses avocats, il échange quelques mots et puis ensuite les caméras ressortent et le procès commence véritablement.
01:08Ça, c'est pour l'image, pour le son bien sûr, la phrase importante de cette première journée d'audience.
01:13C'est quand il est interrogé par la présidente sur son positionnement par rapport aux faits et là, oui, il redit, je conteste, je laisse passer la moto, je conteste toujours les faits qui me sont reprochés.
01:25On voit qu'il n'y a pas donc de changement de ligne de défense chez cet accusé de 38 ans qui continue de clamer son innocence depuis le premier jour.
01:34Mais cette première journée d'audience est aussi concentrée sur la personnalité de Cédric Jubilard, son enfance et sa personnalité.
01:41Oui, on va entrer dans le vif du sujet sur les faits demain et puis dans les prochaines semaines.
01:47Mais aujourd'hui, on avait envie de savoir qui est vraiment cet homme de 38 ans, ce peintre en bâtiment, ce peintre plaquiste.
01:54Alors, c'est une enquêtriste de personnalité qui est venue se raconter à la barre ce qu'elle avait ressenti.
01:59Elle a rencontré deux fois Cédric Jubilard en détention et elle nous a dressé un portrait peu flatteur de cet accusé,
02:05mais en reconnaissant qu'il avait eu une vie chaotique, une enfance balottée de famille d'accueil en famille d'accueil.
02:10Un petit garçon décrit comme une pile électrique qui se mue en adolescent gros fumeur de cannabis
02:16et qui enchaîne les petits boulots devenus adultes jusqu'à la rencontre avec Delphine.
02:20Et d'ailleurs, l'enquêtriste précise que pendant les entretiens, il parle très très peu de sa femme.
02:25Mais pour la défense, c'est important parce que si elle a décrit une sorte d'adulte, adolescent attardé, elle n'a pas décrit un monstre.
02:31On écoute l'un des avocats de Cédric Jubilard.
02:35Le personnage caricatural qui est présenté depuis cinq ans ne correspond pas à la réalité.
02:40C'est tout ce que nous voulions mettre en exergue par le biais de nos questions.
02:45Le tyran n'existe pas, l'homme non-travailleur, ça n'existe pas.
02:50Voilà, vous l'avez entendu, nous avons enfin pu écrire Cédric Jubilard tel que nous le connaissons de manière équilibrée.
02:58En fin de journée, Cédric Jubilard a eu la parole une dernière fois.
03:02On lui a demandé comment il se décrivait lui-même comme quelqu'un de simple, dit Tim, parfois extravagant.
03:07Mais j'aime bien donner mon avis sur tout.
03:09Quant à la vie en prison, on apprend qu'il fait de la muscu et qu'il lit des romans policiers.
03:14Voilà pour aujourd'hui.
03:15Demain, ce sont les gendarmes qui seront entendus ici au procès.
03:18– Merci Mélanie Bertrand avec Annaëlle Le Teneux, donc en direct de la cour d'assises du Tarn à Albi.
03:24– Je voudrais me tourner vers le psychologue clinicien Joseph Agostini.
03:27Cette enquête de personnalité nous présente un homme agaçant, auto-centré, pas très sympathique.
03:34Mais en même temps, c'est un homme qui a vécu une enfance difficile.
03:38Sa mère avait 15 ans lorsqu'il est né.
03:40Il n'a d'ailleurs pas été élevé par elle.
03:41Il a été balotté, des études compliquées.
03:45Est-ce que ça joue ensuite dans un procès ?
03:48On va passer au fait, bien sûr, très rapidement dès demain.
03:50Mais est-ce que ça peut jouer aussi la personnalité peu sympathique telle qu'elle est décrite par la enquêtrice ?
03:57– Déjà, c'est très personne dépendant.
03:59C'est-à-dire qu'il peut y avoir des enfances absolument ravageantes
04:02qui donnent des personnalités tout à fait fiables, avec de véritables éthiques
04:06et qui ne transgressent pas la loi et qui ne tuent pas.
04:09En revanche, effectivement, ça peut être des déclencheurs
04:12dans la mesure où la personnalité est beaucoup plus fragile, beaucoup plus friable.
04:15Ça peut donner naissance à des pathologies narcissiques, avec des clivages,
04:20des personnalités coupées en deux.
04:22Et c'est ce qui apparaît.
04:23En tout cas, ce qu'on peut dire de cette personnalité,
04:26c'est qu'il y a un mensonge à l'œuvre.
04:28Un mensonge, une déformation, une tendance à la manipulation chez Cédric Jubilard.
04:34Évidemment que ça, ça n'augure pas forcément d'un passage à l'acte criminel.
04:39Ce serait très hâtif de le dire de cette manière.
04:42En revanche, ce qu'on peut dire à l'issue de cette journée,
04:47c'est qu'il a tendance à vraiment cloisonner les choses.
04:51C'est-à-dire qu'on pourrait croire que Delphine Jubilard, son épouse, la mère de ses enfants,
04:57n'est qu'un détail dans son existence.
04:59Il en parle très peu, d'ailleurs.
05:01Absolument.
05:02On dirait qu'il n'est pas impacté, en réalité, par le drame.
05:05Même s'il avait son alliance.
05:07Absolument.
05:07Et cette alliance, il l'a montrée.
05:09Est-ce que c'est une provocation ?
05:11J'ai envie de dire que l'alliance, c'est la monstration par excellence.
05:14Vous voyez, c'est le semblant social, l'alliance.
05:17On montre son alliance.
05:18On peut la cacher aussi quand on trompe l'autre.
05:20C'est-à-dire qu'on est dans le semblant,
05:21on est dans le jeu de la manipulation et du mensonge social.
05:25En tout cas, l'alliance n'a jamais été une preuve d'amour.
05:29Barbe et crâne rasée pour...
05:31C'est le Jubilard qu'on n'avait pas vu depuis 5 ans.
05:33Il est en prison depuis quelques années, Dominique Rizet.
05:36La question est de savoir si, en 4 semaines d'audience,
05:40on saura si c'est lui qui a tué sa femme.
05:43Il n'y a pas de cadavre, pas de scène de crime,
05:45pas de preuve tangible pour l'instant.
05:48Pour l'instant, on parle de lui.
05:49La présidente lui pose des questions.
05:51Il répond aux questions.
05:53Il collabore.
05:56Et puis, il répond positivement.
05:59Oui, je consommais des produits stupéfiants.
06:02Uniquement du hachiche.
06:03Oui, uniquement du hachiche.
06:04Combien ?
06:0515 juin par jour, 20 juin par jour.
06:07Oui, j'étais un gros consommateur.
06:09D'où venait l'argent ?
06:10Je travaillais au Black.
06:11Je prenais l'argent de Delphine.
06:12Oui, c'est-à-dire qu'il répond aux questions.
06:15Et Mélanie Bertrand nous l'a bien expliqué.
06:17Et puis, en plus de ce qu'elle nous a dit tout à l'heure,
06:19elle nous a envoyé beaucoup de notes d'audience.
06:21Donc, il lit des romans policiers.
06:24On lui parle de son enfance.
06:25Est-ce qu'il a été violent avec son fils ?
06:28Il dit oui.
06:28Bon, pas tout le temps.
06:30Mais bon, est-ce que vous étiez un père violent ?
06:32Oui.
06:32Est-ce que vous êtes arrivé ?
06:33Oui.
06:33Oui, c'est-à-dire qu'il n'est pas pour l'instant,
06:37il n'est pas encore, j'ai l'impression, dans le mensonge.
06:39Ensuite, quand on va aborder la disparition de sa femme,
06:42c'est-à-dire quand on va taper dans le lourd du dossier,
06:46quand il va falloir parler d'elle,
06:47lui qui n'en parle quasiment pas,
06:50là, ça va se compliquer.
06:51Et est-ce qu'il va rester le même Cédric Jubilard
06:53qui collabore avec la présidente qui lui pose des questions,
06:56qui collabore avec la justice, avec les avocats ?
06:58L'avocat de ses enfants, Maitre Bouguet, lui a posé des questions.
07:00Il dit je représente vos enfants.
07:02Ils ont besoin de savoir pourquoi est-ce que vous ne leur écrivez pas ?
07:05Je leur ai écrit, ils ne m'ont jamais répondu.
07:06Oui, mais ça fait un an que vous n'avez pas écrit.
07:08Ah oui, je leur ai écrit au début du mois,
07:10je vais leur écrire bientôt.
07:12Vous voyez, il y a une forme de je donne d'une main,
07:15je suis là, je m'explique, je parle.
07:19Mais est-ce qu'à un moment, ça va s'arrêter
07:21quand on va lui poser des questions qu'il y a ?
07:2365 témoins, 11 experts vont se succéder.
07:27Le dossier Jubilard, le Delphine Jubilard,
07:29c'est 27 tomes, 15 000 pages de procédure.
07:324 semaines d'audience.
07:32Sans une pégance, c'est un gros procès
07:35parce que l'affaire en elle-même
07:37ne paraît pas si compliquée.
07:39A-t-on vraiment besoin de 4 semaines d'audience ?
07:41Pour y voir clair.
07:42Ne serait-ce que déjà par rapport à la liste
07:44des personnes que vous avez indiquées.
07:46Et vous qui êtes avocat de pénaliste,
07:48ce genre de procès, c'est des procès exceptionnels ?
07:50Et oui, parce qu'à partir du moment où
07:51il n'y a pas de dépouille, forcément,
07:53ça complexifie le dossier.
07:54Donc, rendez-vous compte,
07:55examiner un dossier sans corps,
07:58sans aveu de l'accusé,
07:59sans preuve matérielle,
08:00donc sans ADN, bien évidemment.
08:02Sans scène de crime.
08:03Et sans scène de crime.
08:04C'est très complexe, c'est très délicat.
08:06C'est un défi de taille
08:07pour justement les jurés
08:08et les magistrats de la Cour d'Assemblée.
08:09Donc, il faut miser sur l'aveu, alors ?
08:12Il faut miser sur...
08:13Pas forcément.
08:14Après, il y a tout un tas de choses.
08:15Vous savez, malheureusement,
08:15il y a déjà eu des condamnations.
08:17Il y a eu des précédents.
08:17Et Dominique Rizet le sait très bien.
08:18Il y a eu des précédents
08:19avec des décisions judiciaires
08:20où il n'y a pas eu de corps,
08:21il n'y a pas eu d'armes,
08:22il n'y a pas eu de scène de crime.
08:23Et des accusés ont été reconnus coupables
08:25et condamnés.
08:25Mais justement...
08:27C'est Zenec, Landru, Agnuelet...
08:28C'est devant une cour d'assises.
08:29Oui.
08:30Donc, c'est un juré populaire.
08:32Oui.
08:32Ce sont des hommes et des femmes
08:33qui vont se prononcer
08:34sur le cas de Cédric Jubilat.
08:35Un six et trois magistrats professionnels.
08:37Mais ils ont entendu parler
08:38depuis cinq ans de cette affaire.
08:40Donc, comment est-ce qu'on les choisit ?
08:41Comment est-ce qu'ils arrivent au tribunal ?
08:42Comment est-ce qu'ils abordent ce procès ?
08:45Alors, c'est compliqué parce qu'en effet...
08:47Les jurés sont tirés au sort, c'est ça ?
08:48Ils sont tirés au sort.
08:49Ils sont tirés au sort.
08:50Et nous, en tant qu'avocats de la Défense
08:51ou en tant que ministère public,
08:53on a un droit de récusation.
08:54Nous, au niveau de la Défense,
08:56on peut récuser jusqu'à cinq jurés.
08:58Le ministère public, quatre.
08:59Donc, ce qui veut dire que nous,
09:00en fait, avant l'audience,
09:02on a une réunion préparatoire
09:03avant le procès aux assises
09:04avec le président ou la présidente.
09:05Et on a aussi la communication
09:07de la liste des futurs jurés.
09:09Donc, on connaît...
09:09Et quel est le bon profil alors
09:10dans ce cas-là ?
09:12Alors, quand on a la liste...
09:13Avant de l'avoir de visu...
09:15C'est l'avocat de Cédric Jubilard.
09:16Déjà, on a l'identité civile.
09:18Donc, on connaît...
09:18Si c'est un homme, si c'est une femme.
09:19On connaît l'âge.
09:20On connaît aussi la profession.
09:21Donc, on sait un peu
09:22dans quel milieu socio-professionnel
09:24la personne évolue.
09:25La situation de famille aussi.
09:26La situation familiale.
09:27Donc, on sait s'il est marié, pas marié.
09:28Donc, ça aussi, ça peut conditionner aussi
09:30notre envie d'être examiné
09:32et jugé par ce genre de personnage.
09:34Mais, en attendant,
09:35on ne connaît pas les opinions personnelles.
09:37Pas d'opinion politique.
09:38Pas de confession religieuse.
09:40Et on ne connaît rien de leur personnalité.
09:41Donc, en fait, tout se fait un peu ressentir.
09:43Oui, mais cette affaire, ils en ont parlé.
09:44Ils en ont entendu parler, bien évidemment.
09:46Mais, justement,
09:47donc, nous, quand on va les voir
09:48dans l'audience,
09:49donc, quand ils sont tirés au sort
09:50par le président ou la présidente,
09:52quand ils arrivent jusqu'à s'asseoir
09:54jusque derrière la cour d'assises,
09:56c'est à nous de ressentir
09:58de la personnalité.
09:59Est-ce qu'il y a un regard fuyant ?
10:00Est-ce qu'il y a un regard qui est étonnant ?
10:02C'est des choses comme ça, en fait.
10:03Vous leur parlez ?
10:03Vous pouvez leur poser des questions ?
10:04Non.
10:04Alors, pourquoi vous les récuseriez à ce moment-là ?
10:08Parce que, par rapport à l'âge,
10:10par rapport au milieu socio-professionnel,
10:11par rapport à la situation familiale,
10:12est-ce que, après, tout dépend,
10:14bien sûr, la nature des faits.
10:14Il faut des gens qui s'identifient à l'accusé ?
10:17Un petit peu.
10:18Oui.
10:18Donc, de savoir s'il faudrait une parité
10:21qui soit véritablement bien respectée
10:23pour ce genre d'affaires,
10:25tout dépend.
10:26Maître, est-ce que, finalement,
10:27dans une affaire de viol, par exemple,
10:29vous défendez un violeur,
10:30est-ce que c'est mieux d'avoir,
10:32parmi les jurés,
10:33plus d'hommes que de femmes ?
10:34Des femmes vont être plus sévères,
10:36plus méchantes, évidemment,
10:37avec un violeur ou non ?
10:38Comment ça se passe ?
10:39On essaie d'avoir plus d'hommes dans le juré ?
10:41Là aussi, c'est délicat
10:41parce que, quand il y a une histoire de viol,
10:44la femme peut aussi être amenée
10:46à comprendre un petit peu plus
10:47ce qui s'est passé.
10:49Et donc, peut connaître un petit peu aussi
10:51les rouages de la séduction,
10:53du consentement,
10:54de la prise d'alcool ou de stupéfiants,
10:55qui peut aussi, à un moment donné,
10:57faire en sorte que le consentement
10:58soit pas vraiment donné,
11:00un peu biaisé.
11:00Il y a quand même la question du corps.
11:03Où se trouve le corps de Delphine Jubilard ?
11:07Et c'est peut-être ce qui a été loupé,
11:08en tout cas, pendant l'enquête.
11:10On parle beaucoup d'un lieu
11:11qui a été visité une fois par les gendarmes,
11:14mais qui sera, pendant ce procès,
11:17qui devrait l'être.
11:18Qui devrait l'être.
11:19Un lieu qui est géolocalisé
11:21sur le téléphone portable
11:22de Cédric Jubilard
11:23à 3h21,
11:24la nuit de la disparition de sa femme,
11:26nuit du 15 au 16 décembre 2020.
11:28Donc, cet endroit, les gendarmes y sont allés,
11:31et puis, finalement, se sont dit...
11:33Mais il est localisé de façon très exacte.
11:36C'est trop loin de la route,
11:37trop difficile de transporter un corps jusque-là.
11:40Pour garer la voiture,
11:41c'est assez loin du lieu
11:42qui est géolocalisé.
11:44Donc, c'est pas ici.
11:45Et puis, ça correspond sans doute à un bug.
11:47Et ça s'est arrêté là.
11:48Or, on sait qu'il y a un expert
11:50qui est allé dans le dossier,
11:52qui a fouillé,
11:52qui va être entendu jeudi.
11:54Et selon cet expert,
11:57il y a 17 fois
11:58ce même point de localisation
12:00qui est consulté par le téléphone
12:03de Cédric Jubilard.
12:04Alors, soit qui est consulté,
12:05soit ce qui veut dire
12:06qu'il est allé sur place.
12:07Voilà.
12:08Tout ça, c'est à vérifier.
12:09C'est exactement le même point.
12:11Et ça, dans la période du...
12:12Écoutez bien,
12:1314 novembre
12:14au 15 décembre 2020.
12:17C'est-à-dire dans le mois
12:17qui précède la disparition
12:19de sa femme Delphine Jubilard.
12:22Et après ça,
12:23après le 15 décembre,
12:25il n'y va plus jamais.
12:26Ou en tout cas,
12:27le point n'est plus jamais
12:28géolocalisé.
12:29Mais est-ce qu'on pourrait retourner
12:30durant l'audience ?
12:32Alors, comment fait la cour d'assises
12:33dans ce cas-là ?
12:34Soit elle se transporte sur les lieux,
12:35soit on peut interrompre le procès.
12:36Qu'est-ce qui se passe ?
12:37Oui, il peut y avoir
12:37des suppléments d'informations
12:38et sinon, en effet,
12:39il peut y avoir une reconstitution
12:41ou en tout cas un déplacement
12:42sur les lieux aussi.
12:43le président de la cour d'assises.
12:45Si ça apporte quelque chose
12:46au dossier, c'est ça.
12:48Toujours dans l'esprit
12:49et sous le prisme
12:50de la manifestation de la vérité.
12:51C'est très curieux quand même
12:52ce lieu qui n'a été visité
12:54qu'une seule fois.
12:55On peut parler peut-être
12:56de la clune.
12:56En tout cas, on se pose la question
12:57en cinq ans d'instruction,
13:00finalement, on n'a pas été capable
13:01d'apporter des preuves tangibles
13:04sur la scène du crime,
13:06même si on a retrouvé
13:07une branche de lunettes
13:09de Delphine cassée,
13:11même si effectivement
13:12le comportement
13:13de Syrie Jubilard
13:14ce soir-là
13:15pouvait paraître suspect.
13:16On n'a pas de preuves tangibles,
13:18on n'a pas retrouvé le cadavre.
13:20Ça veut dire quoi ?
13:20C'est que les enquêteurs
13:21ont loupé quelque chose
13:23dès le début ?
13:23Ça veut dire que l'enquête
13:24est à la peine.
13:25Les enquêteurs sont à la peine.
13:27Même si le travail a été fait,
13:28il y a quelque chose
13:29qu'ils n'ont pas trouvé.
13:30Il y a des éléments
13:31qui étaient peut-être
13:31dans le dossier.
13:32Si on dit parfois
13:33que la vérité,
13:33elle est dans le dossier,
13:34il faut juste la trouver.
13:36Elle est peut-être
13:37dans ce dossier.
13:37les enquêteurs
13:38sont peut-être passés à côté.
13:40Moi, je le répète souvent
13:41mais Sandrine le sait bien,
13:44Sandrine Pégan
13:44qui est avocate,
13:45pénaliste,
13:47il y a là
13:47les enquêteurs.
13:48Parfois, les enquêteurs
13:49ont une chance,
13:50un coup de bol
13:50ou trouvent
13:51le petit truc,
13:53c'est presque du Colombo,
13:55trouvent le petit truc,
13:56la faille
13:56et là,
13:58peut-être que
13:58cet élément
13:59est dans le dossier
14:00qu'on le présenterait
14:01à Cédric Jubilard
14:02et il dirait
14:03ben oui,
14:03voilà quoi,
14:04oui,
14:04c'est vrai.
14:05Et parfois,
14:07les malfaiteurs
14:09ou les meurtriers
14:10ont de la chance
14:10pour poser.
14:11Mais la pugnacité
14:12en fait aussi
14:13est indispensable,
14:14la pugnacité des enquêteurs.
14:15Bien sûr,
14:15mais ce qui intrigue
14:16c'est la personnalité
14:17de Cédric Jubilard.
14:17Voilà cet homme
14:18qui faisait des petits boulots,
14:21etc.
14:22et qui arrive quand même
14:23à,
14:24si c'est lui,
14:25je prends cette hypothèse,
14:26il est présumé innocent,
14:27mais si c'est lui
14:28quand même
14:28à tromper tout le monde
14:29finalement
14:30et cinq ans après
14:31il n'a pas craqué
14:32par rapport
14:35à cette personnalité
14:35qui paraît
14:36assez banale
14:36entre guillemets,
14:37on s'étonne.
14:38D'ailleurs,
14:39Dominique Rizal
14:39le dit très bien
14:40dans son livre
14:40sur l'affaire,
14:41précisément,
14:42c'est la question
14:43du clivage.
14:44C'est-à-dire
14:44qu'on peut,
14:46moi je me souviens,
14:47j'écris moi-même
14:47un livre actuellement
14:48sur les tueurs en série
14:49et je travaille
14:50notamment sur
14:50Christian Van Gelhoven.
14:51Christian Van Gelhoven
14:52c'est un tueur enfant,
14:53un prédateur sexuel.
14:54Il est clivé,
14:56mais c'est du béton,
14:57c'est-à-dire
14:57il ne dit rien
14:58pendant des heures
14:59et des heures
15:00à l'interrogation.
15:00J'ai assisté à son procès,
15:01j'ai assisté à son procès.
15:02Absolument.
15:03C'est cette question-là
15:05et à un moment donné,
15:07l'enquêteur
15:07va mettre un mot
15:08comme ça
15:09qui va résonner,
15:10il va parler des familles,
15:11des mamans
15:11qui sont appendues
15:12à leur téléphone,
15:12qui attendent des nouvelles
15:13de leur petite fille
15:14et Christian Van Gelhoven
15:15va dégobiller
15:16en quelque sorte,
15:17c'est-à-dire qu'à un moment donné,
15:19ça y est,
15:19il y est.
15:20Et c'est à la phrase près,
15:22c'est au mot près,
15:23c'est quelque chose
15:24d'éminemment psychanalytique
15:26au fond
15:26puisqu'il faut énormément
15:29de doigté
15:30pour aller là
15:31où, justement,
15:33à un moment donné,
15:34ça craque.
15:34Et ça pourrait craquer
15:35pendant le procès ?
15:36C'est ce qu'on espère,
15:38c'est-à-dire comment faire
15:40pour faire tomber le masque,
15:42tomber le clivage au fond.
15:44C'est peut-être pas lui aussi.
15:45Alors, c'est peut-être pas lui.
15:45Il ne faut pas l'oublier
15:46qu'on a un homme
15:47qui est présumé innocent
15:48et cette hypothèse.
15:49Oui, mais c'est peut-être pas lui,
15:51mais il y a quand même
15:52un mensonge à l'œuvre
15:53qui veut que cette personnalité
15:54soit complètement clivée.
15:56C'est-à-dire qu'il ne dit pas
15:58certaines choses
15:58et ça, on le sait,
15:59on en est sûr.
16:00Peut-être qu'il ne s'agit pas
16:02du meurtre de Delphine Jubilard,
16:03effectivement,
16:04mais qu'en est-il alors
16:06de la cohérence du propos ?
16:08Effectivement,
16:08est-ce que Dominique disait
16:09au sujet de ses coordonnées GPS,
16:11notamment ?
16:11N'oublions pas une chose,
16:12c'est que la cour d'assises
16:13est quand même un décorum.
16:14Donc, c'est solennel,
16:15ça peut exercer
16:16une espèce de pression
16:17sur l'accusé,
16:17il peut être rattrapé
16:18par les émotions,
16:19il peut être submergé
16:20par l'enjeu.
16:21Ça arrive souvent,
16:22des aveux tout d'un coup,
16:23j'ai l'impression
16:28l'affaire de Guy Georges,
16:30rappelez-vous,
16:30c'est bien un avocat
16:31d'une partie civile
16:32qui, lors d'un contre-interrogatoire,
16:34a extorqué les aveux
16:35de Guy Georges à la barre.
16:36Bien évidemment,
16:36durant l'enquête,
16:37il avait déjà avoué
16:38sur son affaire.
16:38C'est selon l'enjeu d'oumis
16:39qui se sent en doule.
16:40Donc, ça peut arriver.
16:41Oui, ça peut arriver.
16:42Mais pardon.
16:43Submerger, vous savez,
16:43comme ça.
16:44Et il y a les avocats
16:44du client d'Éric Morin,
16:45de Maître Morin,
16:47qui est un violeur,
16:48qui l'a fait acquitter
16:49en première instance,
16:50s'appelle Duparquet
16:51et on appelle,
16:53Maître Morin raconte,
16:54on écrit avec un ami de l'AFP,
16:55Rémi Bélon,
16:56un livre qui s'appelle
16:56Les Aveux
16:57et on a mis dans tous ces aveux-là
16:59ceux de Christian Van Gelhoven
17:01dont parlait Joseph
17:02et puis ceux de cet homme
17:03et Maître Morin dit
17:04je suis à l'audience,
17:05je l'ai fait acquitter
17:05en première instance.
17:07Je crois dur
17:07comme faire à son innocence.
17:09Il me tape sur l'épaule,
17:10il me dit,
17:11c'est bon maître,
17:12c'est moi, j'avoue.
17:13Et Maître Morin dit
17:14je tombe assis.
17:15Même moi,
17:16je croyais à son innocence.
17:19Le film sur le fil
17:20ou le fil avec Daniel Auteuil,
17:22pareil, c'est vraiment la même chose.
17:23Oui, tout à fait.
17:23Grégoire Gadebois...
17:24Mais les aveux-là,
17:25l'audience...
17:2511 experts vont passer à la barre.
17:2911 experts
17:30avec des experts
17:32qui vont détailler
17:32le profil psychologique.
17:34Mais 11 experts,
17:35ça apporte des précisions
17:37ou ça apporte de la confusion ?
17:38Ah mais c'est tant mieux
17:39qu'il y ait de la confusion,
17:41c'est tant mieux
17:41qu'il y ait des points de vue différents.
17:43Vous savez,
17:43l'être humain,
17:44il est forcément...
17:45Déjà, il est divisé.
17:46Déjà, la vérité est surtout psychique.
17:48La réalité,
17:49il n'y a pas que ça.
17:50Il y a aussi
17:51tout ce qu'on ressent,
17:52tout ce qu'on éprouve.
17:53Et si on n'écoute pas,
17:54si on n'est pas
17:54à l'écoute du sujet,
17:56à l'écoute de l'individu jubilard,
17:58je crois qu'on n'en tirera rien du tout.
17:59Merci, Maître Péguence,
18:01Joseph Agostini.
18:02Merci, Dominique Rizet.
18:04Donc, c'est la première journée
18:05de ce procès jubilard.
18:06On est parti pour
18:06quatre semaines de procès.
18:08Je vous le disais,
18:09avec 65 témoins,
18:1011 experts,
18:1127 tomes d'audition,
18:1315 000 pages de procédure.
18:15Merci.
18:16Merci.
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