- il y a 3 mois
Chaque week-end, l’émission pilotée par Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, et Pauline Revenaz, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.
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00:00Il est 14h02, affaire suivante continue, nous allons maintenant évoquer le cas de Michel Pial,
00:06ce père de famille renvoyé aux Assises pour avoir tué sa femme Karine Esquivillon.
00:11Il a d'abord expliqué que c'était une disparition volontaire avant d'avouer la thèse accidentelle.
00:17Leur fille, Eva Louise, est notre invitée avec son avocat dans un instant,
00:20mais tout de suite, le rappel de cette affaire avec Pierre-Louis Bousset.
00:25Quand Michel Pial nous reçoit chez lui en mai 2023, il nous l'affirme droit dans les yeux.
00:30Sa compagne Karine Esquivillon, alors portée disparue depuis près de deux mois,
00:34est partie volontairement du domicile familial.
00:36Il nous décrit également un SMS qu'elle aurait envoyé à l'une de ses filles.
00:41Je pars d'un petit pays à côté de la France, il fait chaud.
00:44Ne vous inquiétez pas, je suis accompagnée et quelqu'un me conduit.
00:47Placé en garde à vue un mois plus tard, Michel Pial avoue finalement avoir tué Karine Esquivillon.
00:52Il a effectivement donné sa version consistant à expliquer qu'il s'agissait d'un accident.
00:57C'était une garde à vue très éprouvante sur le plan psychologique.
01:00Il est épuisé physiquement également, mais il est soulagé d'avoir pu donner sa version des faits
01:05et d'avoir pu livrer ce qu'il avait sur la conscience.
01:08Michel Pial, tireur sportif, affirme qu'il manipulait une carabine en vue de la vendre sur Internet
01:13quand un coup de feu a été tiré par accident en direction de Karine Esquivillon.
01:17Le parquet de son côté est convaincu que l'homicide est intentionnel pour plusieurs ans.
01:22Notamment le fait que l'arme du mari était munie d'un silencieux
01:25ou que Michel Pial n'a jamais appelé les secours.
01:28Mais aussi car selon les enfants du couple, Karine Esquivillon était sous l'emprise de son conjoint.
01:33Une forme d'absence de liberté pour leur mère.
01:36Le parquet ajoute aussi que c'est Michel Pial qui avait envoyé les SMS
01:39faisant croire au départ volontaire de son épouse.
01:41Un scénario conçu pour gagner du temps et dissimuler des éléments de preuve.
01:46Michel Pial doit être renvoyé devant la cour d'assises de Vendée pour meurtre sur conjoint.
01:51Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
01:54J'accueille à présent la fille de Karine Esquivillon et de Michel Pial, Eva-Louise.
01:58Merci d'avoir accepté notre invitation et à vos côtés votre avocate Pauline Rongier.
02:02Merci aussi pour nous aider à démêler un peu la personnalité, la psychologie de l'accusé,
02:08les Lumières de Johanna Rosenboom.
02:10Mais alors, Eva-Louise d'abord, comment est-ce que vous avez accueilli ce renvoi devant les assises ?
02:14Est-ce qu'on peut parler de soulagement ? Est-ce que vous avez une soif de justice ?
02:18Comment est-ce que vous réagissez ?
02:20C'est un énorme soulagement.
02:22Parce que ça reste quand même des procédures qui sont longues, très douloureuses, pénibles.
02:27Beaucoup de questions qui sont souvent sans réponse.
02:29C'est cette peur de cette thèse d'accédent et que ces mensonges passent et soient validés.
02:35Donc non, c'est vraiment un soulagement.
02:37On se dit que le plus gros effet, en tout cas sur cette partie-là...
02:41Le plus dur ?
02:42Le plus dur, je ne pense pas.
02:43Je pense que ce sera quand même le procès.
02:44On aura certaines réponses à des questions ou alors on va devoir faire le deuil aussi de certaines réponses également.
02:51Donc je pense que le procès sera le plus dur, d'être en face de lui,
02:54de refaire chaque fait, chaque point, aussi devant d'autres personnes autour et pas chez soi.
03:00Donc je pense que ça va être la partie la plus difficile.
03:02Mais en tout cas, le plus gros, d'un point de vue administratif, ce genre de choses est fait.
03:06Et c'est un grand soulagement.
03:07Et ça permet d'avoir beaucoup d'espoir pour le procès, en tout cas.
03:11Est-ce que je peux vous poser la question ?
03:12Quel est l'état de vos relations avec votre père, Michel Pial ?
03:15Au début, quand votre mère disparaît, comment ça se passe ?
03:18Qu'est-ce qu'il vous dit précisément ?
03:20Et on rappelle, pour les téléspectateurs, à l'époque, déjà, vous n'habitez plus chez eux.
03:24Comment ça se passe aujourd'hui ?
03:25C'est ça. Alors, concernant mon géniteur, je n'étais pas forcément en très bon lien avec lui déjà avant.
03:31On ne se parlait pas forcément plus que ça.
03:32J'étais beaucoup plus proche de ma mère.
03:34Et suite à tout ça, il a commencé à appeler tous les jours pour demander si j'avais des nouvelles d'elle.
03:41On me parlait que c'était compliqué, fatigué.
03:43Donc ça a été deux mois et demi de cauchemars, en toute franchise.
03:48C'est beaucoup de pression psychologique.
03:50Parce qu'à la fois, on nous recommande de ne pas remonter en Vendée.
03:52Parce que ça a été les recommandations qu'on a eues de mes grands frères, de ne pas remonter en Vendée.
03:57Pour ne pas gêner le travail des enquêteurs, qui ont très bien fait leur travail, mine de rien là-dessus.
04:03Mais c'est compliqué, pendant deux mois et demi, de rester là où on est.
04:06Vous l'appelez votre géniteur et vous portez le nom de votre maman.
04:08Exactement.
04:09Et ça, c'est totalement volontaire.
04:11Totalement.
04:11Totalement assumé.
04:12Dans les rédactions, quand on travaille sur des dossiers comme celui-ci,
04:16Jeanette avec nous, Pauline, chef du service police-justice, maître,
04:20nous, on a parfois des doutes.
04:22On se dit, c'est vrai que la première fois qu'on entend Michel Pial parler, on se dit, bizarre.
04:27Un peu comme quand on entend, on voit les larmes de Jonathan Daval.
04:31Voyons, bizarre.
04:33On peut le faire aussi pour Cédric Jubilard, qui est innocent puisqu'il n'est pas encore jugé.
04:37Est-ce que, un, vous avez des doutes ?
04:40Et si oui, à quel moment vous commencez à avoir des doutes ?
04:42Tout de suite.
04:43C'est quoi tout de suite ? C'est quand alors ?
04:45Tout de suite, quand il m'appelle déjà dans le bus, je suis en état de choc.
04:48C'est en rentrant, en fait, où je me dis, il y a quelque chose qui ne va pas.
04:51Il y a quelque chose qui ne va pas.
04:52Ça ne tourne pas rond.
04:52Ce n'est pas dans le comportement de ma mère.
04:54Même lui, les propos qu'il utilise, les mots qu'il utilise, il n'y a rien qui va,
04:58il n'y a rien qui colle.
04:59Du coup, au début, c'est un état de choc.
05:01On le sait au fond de nous, mais on veut quand même avoir ce déni.
05:06Donc, dans le cadre d'une disparition, on n'aborde même pas le sujet potentiel de meurtre
05:12ou quoi que ce soit, même par un élément extérieur.
05:15On parle vraiment de pourquoi votre maman serait partie.
05:17Et là, il me pose la question, est-ce que vous pensez qu'il lui est arrivé quelque chose ?
05:20Je leur dis vraiment oui.
05:22Et quand vous l'entendez nous parler à BFM, la longue interview, vous l'avez forcément écoutée,
05:27vous vous dites quoi ?
05:28Mais c'est de la torture.
05:29C'est deux mois et demi de torture.
05:31En fait, on le voit se mettre en spectacle.
05:33On le voit parler.
05:34On voit même, c'est trop court.
05:36Le jardin, la maison.
05:38C'est une angoisse.
05:39On va y revenir avec Johanna, mais je voulais vous montrer le premier SMS du 14 mars 2023.
05:44Je m'en vais, je n'en peux plus.
05:46Je veux une vie de femme aimée et pas une vie de famille sans amour.
05:50Ça ne peut pas être votre maman qui écrit ce SMS.
05:52Pourquoi ?
05:53Ce n'est pas sa façon d'écrire.
05:54Déjà, pour commencer, ma mère ne parle quasiment pas en SMS.
05:58Elle était plutôt à peine.
05:59Et elle n'aurait jamais fait les choses comme ça, déjà pour commencer.
06:02Et en plus, sa vie de femme, ça va être très dur ce que je vais dire, mais elle l'avait vraiment mise de côté pour les enfants.
06:10Énormément, dont mon petit frère qui était en situation de handicap.
06:12Il y avait deux petits-enfants qui vivaient avec eux à ce moment-là.
06:15Exactement, exactement.
06:17Et pour elle, c'était les enfants, sa vie.
06:19Et elle s'occupait de nous et elle était là pour nous.
06:22Donc, jamais elle serait partie déjà comme ça en laissant mon petit frère et ma petite sœur, déjà pour commencer.
06:27Et ensuite, avec ma mère, on était proches et on parlait très souvent.
06:30Et plusieurs fois, des fois, on allait faire les boutiques ensemble.
06:33Je disais, mais tu es quand même une femme.
06:34Tu es notre mère, certes, mais tu es une femme.
06:35N'oublie pas.
06:35Et donc, jamais elle aurait fait les choses comme ça.
06:38Et pour moi, ça prouve encore plus que c'est prémédité de sa part.
06:41Et que c'est quelque chose qui est recherché depuis un moment.
06:44Ce qui est déroutant, moi, je trouve, c'est l'attitude de votre géniteur, pour reprendre vos mots,
06:48qui, pendant deux mois, va entretenir cette piste de disparition volontaire.
06:52Et il reçoit les journalistes à la maison.
06:55Et Johanna, il y a des choses qui le trahissent, selon vous.
06:59Comment est-ce qu'on peut lire, justement, dans cette longue interview qu'il donne aux journalistes,
07:02cette place qu'il donne aux médias ?
07:04Est-ce qu'on peut décrypter avec vous et les mots et la gestuelle ?
07:08C'est vrai que très rapidement, on se rend compte qu'il a ce plaisir,
07:13à être le personnage principal.
07:15L'attention est directement tournée sur lui.
07:18Et c'est vrai, Dominique l'évoquait.
07:19Quand il reçoit les caméras de BFM, il fait visiter toute la maison.
07:22Il est dans son jardin.
07:23Il parle à ses voisins.
07:24Il y a quelque chose d'extrêmement théâtral.
07:26Il est très à l'aise.
07:28Et chez les personnes qui sont dans la fabulation,
07:30il y a comme ça un excès de gestuels, de détails.
07:33Il va parler à la minute près des SMS qu'il aurait reçus.
07:38Il va montrer les détails de sa cuisine tout en faisant un café, en faisant des grands gestes.
07:42Et ce qui est très intéressant et ce que font aussi les comportementalistes,
07:45c'est d'écouter le discours sans l'image, puis regarder l'image sans le discours.
07:49Quand vous écoutez le discours, il est évidemment extrêmement effrayant.
07:52Il parle de sa femme qui a disparu.
07:54Dis-nous ce qui est arrivé.
07:56Pense à tes enfants.
07:57Il y a quelque chose d'extrêmement dramatique, encore une fois extrêmement théâtral.
08:00Et puis si vous regardez l'image de Michel Pial qui s'adresse directement aux caméras,
08:05vous ne pouvez pas vous douter une seconde qu'il prononce ces mots.
08:08Il n'est pas souriant, mais il est extrêmement à l'aise.
08:11Il n'y a rien de l'ordre de la sidération dans sa posture et dans son langage non-verbal.
08:16Et donc c'est cette incongruence qui va venir attirer l'attention.
08:20Alors lui, il persiste jusqu'à sa garde à vue et ses aveux.
08:23Mais là, Maître, il va donner aussi une version étonnante de l'affaire
08:25parce qu'il avance la thèse d'un accident.
08:28Il manipulait une carabine, dit-il, avec silencieux.
08:32Et le coup est parti tout seul.
08:33Je le cite, un accident bête et con.
08:36Alors la première question qu'on se pose tous,
08:38c'est pourquoi est-ce qu'il n'appelle pas les secours ou il n'appelle pas la police
08:41si vraiment c'est un accident ?
08:42Non, Dominique ?
08:42Ce n'est pas plus pire que ça.
08:43Parce qu'il dit « je photographiais la carabine ».
08:46C'est ça.
08:46Il prenait une photo de la carabine et le coup est parti.
08:48Oui, c'est ça.
08:49Et alors ce qui est aussi intéressant de préciser,
08:51c'est que cette version, cette nouvelle version,
08:54il ne la donne qu'après avoir eu l'intégralité du dossier.
08:57C'est-à-dire qu'il a d'abord sa toute première version,
09:00celle qu'il avait prémédité, mise en place et construite,
09:02qui est de dire « elle est partie, elle a abandonné ses enfants », etc.
09:06Donc en plus quelque chose qui est dévalorisant pour elle
09:08et valorisant pour lui,
09:10qu'il se retrouve pauvre père seul à élever les enfants.
09:13Puis une fois que les enquêteurs lui mettent devant les yeux
09:17tous les éléments accablants qu'il y a contre lui,
09:20parce que c'est vraiment, là, c'est massif,
09:23notamment en termes de téléphonie,
09:26eh bien il finit donc par aller vers les aveux que l'on connaît
09:31au moment de la garde à vue.
09:32Mais c'est seulement plusieurs semaines plus tard
09:34qu'il demande à être auditionné
09:35et qu'il livre cette version de l'accident
09:38qui ne tient pas une seule seconde.
09:41Il y a énormément de contradictions entre cette version
09:44et les éléments matériels du dossier.
09:47Et Valouise, vous, cette thèse de l'accident,
09:48c'est la torture continue, pour reprendre vos mots,
09:51comment ça se passe ?
09:52Comment est-ce que vous l'envisagez ?
09:53Pas sérieusement du tout ?
09:54Pas du tout, et encore une fois,
09:56c'est de la torture dans le sens où on se dit
09:59que jusqu'au bout, il va continuer à mentir,
10:01jusqu'au bout, il va vouloir garder ses réponses,
10:03et jusqu'au bout, il va continuer à faire du mal.
10:06Et on le voit même dans la procédure,
10:08où là, je remercie mon avocate
10:11qui a fait une demande
10:11pour éviter d'avoir des contacts avec lui,
10:14parce qu'également, on reçoit des lettres,
10:16j'en ai reçu,
10:17où il continue de dire
10:18que ce n'est pas ce qu'il voulait faire,
10:19qu'il pense à moi, qu'il m'aimait,
10:21ce genre de choses.
10:23Ça, c'est insupportable.
10:24C'est horrible.
10:25Déjà, juste quand vous recevez le courrier,
10:26que vous voyez le destinataire derrière,
10:27déjà, vous vous effondrez.
10:29Vous auriez pu ne pas les lire, ces lettres ?
10:31J'aurais pu ne pas les lire,
10:32mais comment ne pas les lire ?
10:34En disant peut-être qu'il y aurait une réponse dedans
10:35à toutes ces questions qui tournent en tête ?
10:38C'est quoi vos questions qui tournent dans votre tête ?
10:41Qu'est-ce qui lui a fait subir exactement ?
10:43Déjà, pour commencer,
10:44est-ce qu'elle a eu mal ?
10:44Est-ce qu'elle a souffert ?
10:45Est-ce qu'elle a été toute seule ?
10:46Est-ce qu'elle a essayé de s'enfuir ?
10:49Est-ce qu'elle a pensé à nous ?
10:51Pourquoi avoir fait ça ?
10:52Dans quelles conditions ?
10:53Qu'est-ce qu'il lui a fait exactement ?
10:54C'est plein d'autres questions comme ça, en fait.
10:56Donc oui, le procès est nécessaire.
10:57Oui, le procès est nécessaire
10:59quand on voit toutes ces questions.
11:00Et il vous demande pardon ?
11:02Il ne demande pas forcément pardon.
11:03Il dit juste que, pour lui,
11:05il n'avait jamais fait ça
11:06et que ce n'est pas lui.
11:08Il savait que je savais
11:09que ce n'était qu'un accident.
11:11Donc, encore une fois,
11:12il y a cette manipulation
11:12qu'il essaie même par les lettres.
11:14Et c'est vrai que c'est compliqué
11:15parce que je ne m'attendais déjà pas
11:16à recevoir de lettres de lui
11:17parce que je ne voulais pas de contact.
11:19Et j'en ai quand même reçu.
11:20Et c'est là où, du coup,
11:21mon avocate a fait cette demande
11:23parce qu'il faut savoir
11:24que dans ce genre de dossier,
11:26la demande, il faut qu'on la fasse.
11:27Mais, maître,
11:28on ne peut pas interdire à un père
11:29d'écrire à sa fille,
11:30même s'il est le meurtrier
11:31de la mère de sa fille.
11:32Alors, bien sûr, déjà parce qu'elle est...
11:34Présumé, présumé, merci.
11:36Meurtrier, présumé.
11:36Déjà parce qu'elle est victime
11:38dans ce dossier,
11:39elle est partie civile.
11:41Et puis, parce qu'elle est témon,
11:43finalement aussi,
11:44du comportement que son père
11:45avait avec sa mère.
11:46Donc, évidemment,
11:47effectivement,
11:48Eva-Louise, d'ailleurs,
11:49parle de manipulation.
11:50Et c'est bien ça.
11:52Ce n'est pas une lettre
11:52d'un père aimant à sa fille.
11:54Ce n'est pas d'ailleurs
11:54une lettre dans laquelle
11:55il se soucie d'elle.
11:56C'est une lettre qui a pour but
11:58de la manipuler,
11:59de la contrôler.
12:00Et finalement,
12:01le contrôle qu'il avait mis en place
12:02à l'égard de Karine,
12:04eh bien,
12:05une fois qu'il l'a tuée,
12:06il le met en place
12:07avec une force tout aussi importante
12:10à l'égard des enfants.
12:11Et c'est bien aujourd'hui,
12:13d'ailleurs,
12:13sur toute cette période
12:15qui suit le meurtre
12:17ou l'assassinat,
12:18qu'on estime,
12:20avec Eva-Louise,
12:21qu'il y aurait besoin aussi
12:21d'une enquête
12:22pour toutes ces violences psychologiques
12:23qui ont été infligées aux enfants.
12:25Il a quand même fait faire
12:26des cadeaux de fête des mères
12:27aux petits.
12:28Il appelait Eva-Louise
12:29tous les jours
12:30en faisant comme s'il était innocent.
12:33Enfin,
12:33tout ça,
12:33elle parle de torture
12:34et je pense que
12:35ce n'est pas un mot trop fort.
12:36Maître,
12:37il y a des meurtriers présumés
12:39de leur femme
12:39qui sont horribles,
12:42vraiment détestables.
12:43Mais lui,
12:44c'est un personnage lisse,
12:45comme la table,
12:46comme la table de verre.
12:47C'est un personnage lisse.
12:48Et c'est justement ça
12:49tellement aimant
12:50avec sa femme
12:51et ses enfants.
12:51Qu'est-ce que vous aurez
12:52comme point d'accroche ?
12:53En fait,
12:54si vous préférez,
12:55vous avez la violence
12:56qui est certes physique
12:56où là,
12:57quand la personne
12:57a une mise derrière les barreaux,
12:58vous êtes protégé
12:59de cette violence physique.
13:00Là-dessus,
13:00je vous l'accorde.
13:01Mais quand l'arme
13:02de prédilection de la personne,
13:03ce sont les mots,
13:04en fait,
13:05ça peut passer par tout
13:06et n'importe quoi,
13:06que ce soit par une image,
13:07par des mots,
13:08par des lettres,
13:08par une prestance
13:09et ça passe par tout ça.
13:11Et c'est là où,
13:11en fait,
13:12l'emprise psychologique
13:14est beaucoup plus traître
13:15parce qu'en fait,
13:16cette image lisse
13:16que vous avez
13:17et qui peut renvoyer
13:18ou même auprès des victimes
13:19parce qu'on n'a pas de traces
13:20sur le corps,
13:21je vous l'accorde entièrement,
13:22mais c'est l'empreinte
13:23qui laisse au plus profond
13:24de la personne.
13:25Qu'est-ce qui se passait
13:26dans cette maison
13:27qu'on ne sache pas,
13:28qu'on ignorait ?
13:29Les mensonges,
13:30le fait d'avoir
13:30un cadre de vie
13:31qui n'est pas du tout
13:32comme les autres enfants
13:33et on ne s'en rend compte
13:33que bien plus tard.
13:35Certains codes sociaux
13:36que j'ai appris
13:37bien plus tard,
13:38par exemple,
13:39un exemple tout bête,
13:40où le fait que sa mère
13:42n'ait jamais le droit
13:43de conduire,
13:43n'ait pas le droit
13:44d'avoir les clés
13:44de la boîte aux lettres,
13:46le fait que sa mère
13:46n'ait pas le droit
13:47d'avoir des comptes,
13:48qu'elle n'ait pas le droit
13:49d'avoir de carte bancaire,
13:50c'est toute une situation
13:51où en fait,
13:52l'emprise n'est pas physique
13:54à proprement parler,
13:55mais elle le devient
13:56parce que tellement
13:56la violence psychologique
13:58et l'emprise
13:58prend de la place
13:59que ça en vient même
14:00sur du matériel physique.
14:02Donc là,
14:02de ne pas avoir accès
14:03à une voiture,
14:03de ne pas pouvoir conduire,
14:04de ne pas pouvoir sortir,
14:05de ne pas avoir
14:05de carte bancaire,
14:06que son téléphone
14:07soit en permanence fouillé,
14:09qu'elle n'ait pas
14:09de moment intime
14:11ou même de journal intime,
14:13c'est quelque chose
14:13qui n'existait pas.
14:14Et vous dites
14:14qu'on allait faire
14:15des courses ensemble.
14:16Mais on allait faire
14:16des courses ensemble,
14:17mais...
14:18Parce qu'elle était avec vous,
14:18elle était autorisée à sortir.
14:19À la sauvette, vous voulez dire
14:20en cachette ?
14:20Oui, par moment, oui.
14:22Il n'était pas forcément en courant.
14:23C'est plein de choses comme ça
14:24où c'est vraiment une ambiance
14:25qui n'est pas saine,
14:26qui n'est pas normale
14:27et ça en vient
14:28en impacter du coup le matériel.
14:29Mais c'est avant tout
14:30une violence qui est psychologique
14:31et cette image lisse
14:32que vous pouvez renvoyer
14:33auprès des personnes
14:34d'une famille, par exemple,
14:36normale qui va faire ses courses,
14:37en réalité,
14:38elle n'est pas le cas.
14:38Ce n'est pas du tout ça.
14:40Moi, ce que je trouve
14:40très pervers,
14:41et Johanna,
14:41là, j'ai besoin aussi
14:42de vos lumières,
14:42c'est les messages échangés
14:43entre vos frères et sœurs,
14:45petits ou vous-mêmes,
14:46et les réponses apportées
14:48par le téléphone de votre mère.
14:50Alors, on a compris
14:50que visiblement,
14:51ce n'est pas elle
14:52qui les écrivait.
14:53Et bien ça,
14:54est-ce que c'est
14:54toute la force,
14:56toute la densité
14:57de la perversité
14:57et de la manipulation
14:58de cette accusation ?
14:59Mais complètement,
15:00Eva-Louise,
15:00on sent qu'il y a
15:01un gros travail
15:01que vous avez fait
15:02parce qu'elle explique
15:03très bien
15:03les mécanismes
15:04d'emprise
15:05et de manipulation.
15:06On a,
15:07chez ces personnalités
15:08qui ont un narcissisme
15:09extrêmement prononcé
15:10parce que c'est un homme
15:11qui montait beaucoup,
15:12il était mythomane,
15:13mais la mythomanie,
15:13ce n'est pas un diagnostic,
15:14c'est un symptôme
15:15qu'on retrouve beaucoup
15:16chez les personnes narcissiques
15:17qui mettent sous emprise
15:18ce qu'ils manipulent.
15:19Il y a d'abord
15:19cette faculté
15:20à prendre le dessus
15:21avec les mots,
15:23avec la pensée,
15:24avec la psyché.
15:24Effectivement,
15:26petit à petit,
15:26on perd son libre arbitre,
15:27son esprit critique.
15:29Toutes les décisions
15:29doivent passer par lui
15:30alors qu'il ne lève
15:31même pas la main.
15:33Et donc,
15:33on se retrouve
15:34esselé,
15:35isolé de son entourage.
15:36C'est une maman
15:36qui veut continuer
15:37à protéger ses enfants.
15:38Les choses se font
15:38dans le secret
15:39et tout passe par lui.
15:40Et en fait,
15:41c'est des hommes
15:41qui se nourrissent de cela
15:43et qui trouvent leur pouvoir
15:44en utilisant les autres
15:45comme un piédestal.
15:46À mesure d'affaiblir
15:48son entourage,
15:48ses enfants
15:49et sa propre femme,
15:51c'est comme s'il montait
15:52sur un piédestal
15:52et lui-même
15:53est gagné en puissance
15:54comme s'il vampirisait
15:55un petit peu
15:56son environnement.
15:57Les personnes
15:57perdent de leur substance
15:59parce qu'elles sont
15:59appauvries psychiquement,
16:01parce qu'elles ont peur,
16:02parce qu'elles sont manipulées
16:03sous emprise.
16:03Et lui,
16:04il est encore plus fort,
16:05encore plus fort,
16:06encore plus fort,
16:06ce qui rend la situation
16:08extrêmement complexe.
16:09Et Valouise le dit très bien,
16:10l'entourage ne se rend pas compte
16:11de ça.
16:12Donc,
16:12il n'y a pas de trace.
16:13C'est une famille
16:14qui est idéalisée
16:15par l'entourage.
16:16Et on voit bien
16:16quand M. Pial reçoit BFM
16:19et parle à ses voisins,
16:20les voisins lui demandent
16:21comment il va
16:21et lui souhaitent bon courage
16:22parce qu'au final,
16:24il passe pour la victime.
16:25C'est ce qu'on appelle
16:25les blessures invisibles.
16:26Absolument.
16:27Vous en parlez
16:27avec une force impressionnante.
16:29Maître,
16:30c'est un féminicide.
16:32Oui,
16:32c'est un féminicide
16:33de plus.
16:36Puis un cas d'école
16:36puisqu'on voit
16:37tout ce que décrit
16:38Evalouise,
16:39c'est vraiment
16:39le contrôle coercitif
16:40qu'on appelle aujourd'hui
16:42le contrôle coercitif
16:43de cette situation
16:44de femme
16:45qui est complètement
16:46dans une prison invisible,
16:48qui est contrôlée,
16:48qui ne peut pas partir.
16:49Et ce féminicide,
16:52il est presque annoncé,
16:54comme dans bien des cas,
16:55et même s'il n'y a pas
16:56eu de violence physique.
16:57Et comme d'ailleurs
16:57dans la moitié
16:58des cas de féminicide,
16:59le féminicide
17:00est le premier acte
17:01de violence physique.
17:02J'ai l'impression
17:03que celui-ci,
17:04la mort de votre maman,
17:05c'est un féminicide
17:07vicieux,
17:08sournois.
17:09Vous voyez,
17:09pas brutal,
17:10pas frontal,
17:11mais...
17:12Lentement.
17:13...esquivé
17:14avant de...
17:16avoir le passage à l'acte.
17:17C'est exactement ça.
17:18C'est...
17:19J'ai envie de dire,
17:21c'est le principe même,
17:22en fait,
17:22de cette violence psychologique.
17:24C'est toujours
17:25être vicieux,
17:27se faufiler
17:27entre les mailles
17:28du filet,
17:29appuyer là où ça fait mal,
17:31savoir jouer
17:31sur quelle corde.
17:32Et c'est exactement...
17:33On va dire,
17:33c'est la finalité,
17:36j'ai envie de dire,
17:36de ce pervers qui...
17:39Ouais,
17:40de cette perversité,
17:41en fait.
17:41C'est vraiment
17:42la finalité de tout ça.
17:43C'est à essayer
17:44de passer
17:45comme un serpent
17:46qui va venir vraiment
17:47se faufiler,
17:48pour le coup.
17:48Vous êtes d'une lucidité
17:49vraiment étonnante.
17:52Et je voulais savoir
17:53quel mot
17:54ou quel...
17:55Qu'est-ce que vous allez
17:56attendre de ce procès ?
17:57Et je suis obligée
17:59de vous poser la question,
17:59est-ce que le pardou
18:00est possible
18:01ou est-ce que de toute façon
18:02cet homme est sorti
18:03de votre vie,
18:04vous ne portez pas son nom,
18:05vous ne le porterez jamais
18:06et vous allez devoir
18:07l'affronter de toute façon
18:08au procès ?
18:08Donc ça,
18:09je vous rejoins,
18:09ça va être une épreuve.
18:11Mais qu'est-ce que vous pouvez
18:11en attendre de cette étape judiciaire ?
18:14J'en attends déjà
18:14beaucoup de choses
18:15dans la justice pour ma mère
18:16qu'elle soit reconnue,
18:17que cette violence psychologique
18:19soit reconnue aussi
18:20parce que c'est bien,
18:21aujourd'hui on parle
18:21de plus en plus
18:22de la violence physique
18:22et je trouve ça très bien.
18:24Et on est aussi
18:25beaucoup plus sensibilisés,
18:26même dans la rue,
18:27les personnes,
18:27quand ils voient une femme
18:28généralement avec des bleus,
18:29vont avoir beaucoup plus
18:31l'attention sur elle.
18:32Mais cette violence psychologique,
18:34on commence tout juste
18:35à en parler
18:35alors qu'elle est présente,
18:36d'autant plus
18:37avec les réseaux sociaux,
18:38cette manie du contrôle,
18:38elle est vraiment présente
18:40pour le coup
18:40et c'est bien
18:40de commencer à alerter.
18:42Donc oui,
18:42je recherche de la justice
18:43pour ma mère,
18:44qu'elle soit reconnue
18:45comme telle.
18:45Mais je recherche aussi
18:47entre guillemets
18:49d'en faire un exemple
18:50et d'en tirer un positif
18:51en me disant
18:52que ça va peut-être
18:53pouvoir aider
18:54des personnes
18:54dans cette situation-là,
18:56peut-être des filles,
18:57des sœurs,
18:57des mères,
18:58des cousines
18:59ou des amis
19:00ou n'importe qui
19:01qui vont peut-être
19:02se reconnaître
19:02dans cette situation
19:03ou peut-être dans mes propos
19:04qui sont témoins
19:05vers la famille
19:06et qui se disent
19:07ça ne ira peut-être
19:08jamais plus loin
19:08ou j'ai le temps
19:09de la sauver
19:09et de faire un peu...
19:11C'est une alerte
19:11que vous lancez.
19:12Exactement.
19:13C'est de la prévention,
19:14c'est une alerte.
19:15J'essaye en tout cas
19:15de me dire
19:16qu'il y a d'autres personnes
19:17qui vivent ça
19:17et il y en a énormément
19:19et si ma mère
19:21peut aider
19:22de là où elle est,
19:23je vais bien aider.
19:24Vous avez une maturité
19:25impressionnante,
19:26on a l'impression
19:26que vous avez grandi
19:27plus vite que les autres.
19:28Je vous demandais
19:29ce que vous faites
19:29dans la vie ?
19:30Actuellement,
19:31je suis assistante
19:32de direction au cinéma.
19:34Voilà.
19:35Une autre vie
19:36est possible.
19:37Exactement.
19:37Compliquée.
19:38Et la vie doit continuer.
19:40C'est ça,
19:40les conseils de ma mère
19:42mais c'est compliqué
19:43de vivre avec tout ça,
19:44c'est compliqué
19:44de vivre aussi
19:45avec certaines séquelles,
19:46c'est compliqué de vivre
19:47avec également
19:48un dossier pénal
19:49qui est en cours
19:50parce que pareil,
19:51votre deuil,
19:51vous le faites
19:51mais à retardement
19:52parce que tant
19:53que vous n'avez pas
19:54de réponse
19:54ou ce genre de choses,
19:56vous ne pouvez pas
19:56faire votre deuil,
19:57il faut être honnête
19:58aussi là-dessus.
19:59Donc,
19:59dans la vie,
20:00c'est possible,
20:00c'est compliqué,
20:01il y a des séquelles,
20:01il y a des questions
20:02sans réponse,
20:02il y a des nuits
20:03de cauchemar,
20:04il y a des nuits
20:04sans sommeil,
20:05il y a des journées
20:06où on n'a pas envie
20:06de se lever
20:07mais on essaie
20:08quand même
20:08pour les personnes
20:09qui sont là,
20:10donc mon petit frère,
20:10ma petite sœur
20:11et pour mes amis
20:12qui sont incroyables
20:14pour le coup.
20:15Merci,
20:16merci beaucoup
20:16d'être venus,
20:18merci pour votre énergie,
20:19merci à toutes les trois
20:19d'être venus sur ce plateau,
20:21merci à tous
20:21de nous avoir suivis,
20:22Dominique et moi,
20:23on se quitte plus,
20:23on se retrouve dimanche prochain
20:25un nouveau numéro d'affaires suivantes
20:27et vous avez rendez-vous
20:28maintenant avec l'actualité
20:29et Anne Sefton,
20:30merci à tous.
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