- il y a 3 mois
Chaque week-end, l’émission pilotée par Dominique Rizet, consultant police/justice BFMTV, et Pauline Revenaz, traite d’un événement majeur de la semaine, ainsi que d’autres affaires qui sont revenues sur le devant de la scène.
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00:00L'étrange docteur Péchier à présent. Il était médecin anesthésiste à Besançon.
00:04Avec une solide réputation, le docteur Péchier comparait dans 8 jours.
00:07Libre aux assises du Doubs à partir du 8 septembre, il est accusé d'avoir tué 12 patients parmi 30 empoisonnements dans deux cliniques de Besançon.
00:15Qui est réellement ce docteur ? Comment se défend-il face à lui ?
00:19156 parties civiles, le point sur l'affaire avec Pierre-Louis Brusset.
00:23À en croire ses collègues, il était parfois considéré comme la star des anesthésistes de Besançon.
00:28Une image de sauveur charismatique, aujourd'hui dans la tourmente d'une affaire tentaculaire.
00:34Frédéric Péchier, ex-anesthésiste de 53 ans, est soupçonné de 30 empoisonnements volontaires, dont 12 mortels.
00:41Selon les enquêteurs, les poches de réhydratation des patients étaient trafiquées,
00:45notamment en y injectant des surdoses d'anesthésiant ou de chlorure de potassium.
00:49Le poison s'écoule alors goutte à goutte dans la veine du patient lors de l'anesthésie
00:53et conduit à un arrêt cardiaque lors de l'opération.
00:56Pour l'accusation, Frédéric Péchier a commis ses crimes sur fond de tension avec ses collègues.
01:02Cela lui aurait également permis de démontrer ses qualités de réanimateur sur les patients.
01:07L'ex-anesthésiste n'a jamais été pris en flagrant délit, mais pour le parquet, pas de doute.
01:11Frédéric Péchier est le dénominateur commun de ces empoisonnements.
01:15Il est le seul à avoir été présent le jour de l'ensemble des événements indésirables graves suspects,
01:21ou en tout cas pour les opérations du lundi, avoir été présent le vendredi en fin de journée à la clinique,
01:27jour où les charieux d'anesthésie sont préparés pour le premier jour de la semaine suivante.
01:31Les patients concernés étaient pour la plupart en bonne santé.
01:34Certains de ceux ayant survécu doivent maintenant vivre avec un profond traumatisme.
01:38On a la peur au ventre de se refaire anesthésier, on a un priant de toutes les anesthésies possibles,
01:43donc on croise les doigts en se disant « pourvu que je ne tombe jamais malade, pourvu que je ne me casse rien ».
01:47Auprès de BFM TV, Frédéric Péchier continue de clamer son innocence dans ce dossier.
01:53Je comprends la haine des partis civils envers moi, parce qu'on leur a vendu une fausse affaire.
01:57Je comprends qu'elles tiennent absolument à ce qu'il y ait une vérité d'empoisonnement.
02:01Le procès de Frédéric Péchier doit s'ouvrir le 8 septembre prochain.
02:04Alors qu'il comparaît libre, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
02:10Alors j'accueille sur ce plateau Maître Randall Schwerdorfer, l'avocat de Frédéric Péchier.
02:14Merci d'être avec nous Maître.
02:15Bonjour.
02:15Et puis Willy Graff, journaliste à l'Est républicain et chef du bureau de Besançon.
02:19Bonjour.
02:19Vous allez couvrir ce procès pour découvrir l'instruction aussi.
02:22Et Boris, vous, vous allez couvrir le procès pour BFM TV.
02:25Boris, vous avez réussi à joindre le docteur Péchier vendredi, par téléphone.
02:29Quel est son état d'esprit ? Que vous confie-t-il et comment est-ce que vous l'avez trouvé ?
02:34Oui, nous avons passé une dizaine de minutes ensemble au téléphone.
02:37C'est la deuxième fois que je l'appelais ces derniers jours.
02:40Et cette fois-ci, il nous a donné son accord pour qu'on puisse retranscrire ses propos.
02:46Je l'interroge forcément sur son état d'esprit actuel.
02:48À moins de dix jours de l'ouverture de ce procès déjà qualifié de hors normes,
02:52il me dit « Je ne suis pas particulièrement anxieux, mais ce n'est pas non plus une partie de plaisir ».
02:57Frédéric Péchier, il est accusé d'avoir empoisonné 30 patients, dont 12 mortels.
03:01À ce stade, il y a 156 parties civiles qui se sont constituées.
03:06Me dit-il, les parties civiles, je les comprends.
03:08On leur a donné un os arrongé en leur disant qu'elles avaient été empoisonnées alors que ce n'est pas vrai.
03:12Elles ont la certitude de cela.
03:14Ça va être dur pour elles d'entendre la vérité et de refaire face à la clinique et aux médecins qui les ont endormis.
03:19Je comprends leur haine de moi parce qu'on leur a vendu une fausse affaire.
03:22Je comprends qu'elles tiennent absolument à ce qu'il y ait cette explication d'empoisonnement.
03:27Lors de son procès, Frédéric Péchier affirme à BFMTV qu'il veut livrer sa vérité
03:32et qu'il a la certitude que celle-ci va sortir.
03:35Frédéric Péchier va donc être présent pendant ses trois mois et demi d'audience.
03:39Comment est-ce qu'il se prépare à cela ?
03:41Est-ce qu'il va supporter d'être présent tous les jours alors qu'on le rappelle,
03:44il avait tenté de mettre fin à ses jours en octobre 2021 ?
03:48Aujourd'hui, il affirme à BFMTV n'avoir aucun problème de santé.
03:51Il faudra bien tenir sur toute la longueur du procès.
03:54C'est comme une semaine de travail.
03:56Aujourd'hui, on l'a interrogé également sur ce qu'il fait au quotidien.
03:59On va rappeler qu'il n'a fait aucun jour de détention provisoire.
04:02Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de paraître dans ce département du Doubs.
04:07Il loge actuellement, et ça depuis plusieurs années, à côté de Poitiers, chez ses parents.
04:12Et il me déclare, c'est une vie où j'ai tout perdu.
04:14J'ai perdu mon mariage, j'ai perdu mon boulot, j'ai perdu mes amis.
04:17Je ne suis plus avec eux, je suis à distance de ma famille.
04:19Oui, je n'ai pas vu grandir mon fils pendant son adolescence.
04:22Cela fait des années, je passe mon temps dans le dossier à lire, à aider mes avocats dont vous faites partie, maître Schwartdorfer.
04:28Ce n'est plus possible.
04:29Il faut que j'aille me battre une dernière fois, quand je l'interroge sur vraiment ce qu'il attend de ce 8 septembre prochain.
04:35Que cela se termine.
04:36Je ne suis pas fatigué, je ne suis pas énervé.
04:38Je veux que les gens écoutent pour une fois.
04:41Frédéric Pécher affirme à BFM TV ne pas avoir d'intime conviction dans cette affaire dont il est le personnage principal.
04:47Un homme qui se dit détruit et qui reste, on le rappelle, présumé innocent.
04:51Alors maître Schwartdorfer, l'enjeu est de taille puisqu'on l'a dit, il comparaît libre, mais il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
04:57Comment on prépare Frédéric Pécher à l'Everest ?
05:00C'est ce face à quoi il va se retrouver.
05:03D'abord, ça fait 8 ans qu'il attend ce procès.
05:08Pendant 8 ans, à 4 reprises, on peut dire que les juges d'instruction, le parquet de Besançon, la police judiciaire se sont acharnés pour le faire incarcérer.
05:16Acharnés, vous dites ?
05:16Oui, acharnés.
05:17Ils n'ont jamais réussi à obtenir cette incarcération.
05:20Ce qui est exceptionnel d'avoir un homme qui est accusé, notamment de 12 empoisonnements mortels, qui est resté libre pendant 8 ans.
05:26Ça n'existe pas.
05:27Mais il y a des raisons.
05:28Et on s'expliquera à la cour d'assises.
05:29Comment on se prépare ?
05:31J'ai beaucoup aimé le résumé qui vient d'être fait.
05:34Tout est dit sur l'état de santé de Frédéric Pécher, sur son état d'esprit, parce qu'il l'attend ce procès.
05:38Vous le retrouvez dans les mots qu'il a choisis avec Boris ?
05:41Totalement.
05:42Et je dirais, parce qu'on me pose la question, est-ce qu'il est abattu ? Est-ce qu'il est combattif ?
05:46Il est investi.
05:47Il est investi et ça fait 8 ans qu'il attend.
05:49Et donc, c'est enfin le moment où il va pouvoir s'exprimer.
05:52Depuis 8 ans, pendant 8 ans, les juges d'instruction l'ont écouté.
05:57L'ont posé des questions, y compris les enquêteurs, à 2 reprises, 2 séries de garde à vue.
06:01Mais ils ne l'ont jamais entendu.
06:02Jamais.
06:03Écouté, entendu.
06:04C'est deux choses très différentes.
06:05À la cour d'assises, en plus, enfin, on aura un débat contradictoire.
06:08Tout va être discuté.
06:10Parce qu'il y a eu, en tout cas, au moins un empoisonnement, c'est sûr, et un empoisonneur à la clinique Saint-Vincent.
06:15Qui est-ce ?
06:16Est-ce que c'est la bonne personne dans le box des accusés ?
06:18On a toujours dit que ce n'était pas Frédéric Pécher.
06:20On l'a toujours maintenu.
06:21Il y a une cour d'assises et on verra ce qui se passe.
06:23Donc, vous dites qu'il y a eu des empoisonnements.
06:24Oui, il y en a eu.
06:25Mais ce n'est pas lui, c'est quelqu'un d'autre.
06:26Je viens de dire qu'il y a, avec certitude d'au moins un empoisonnement, c'est le cas Gandon, pour être clair.
06:30Au moins un, ce n'est pas lui qui l'a commis, donc il faut trouver l'auteur.
06:33Ce n'est pas Frédéric Pécher.
06:34Et effectivement, il y a bien quelqu'un qui l'a fait et c'est bien quelqu'un de la clinique.
06:38C'est une évidence.
06:38Oui, grave, d'accord avec ça ?
06:39Ça paraît évident, ça ressort de la procédure et ce n'est pas contesté par la défense.
06:44C'est le point de départ de notre discussion.
06:46La question n'est pas de savoir s'il y a crime ou non.
06:48La question, c'est de savoir effectivement qui.
06:51Et ce n'est pas forcément le docteur Pécher.
06:52Ça, ça ne m'appartient pas de répondre à cette question.
06:55C'est tout l'intérêt de ces quatre mois d'audience.
06:56Vous vous la posez, la question, vous ?
06:58Est-ce que c'est vraiment lui ?
06:58Je me la pose, bien sûr, mais je me garde bien d'avoir un avis tranché et définitif.
07:02Dans notre métier, il faut qu'on reste ouvert à tout.
07:05Mais c'est vrai que ça va être très intense pendant quatre mois.
07:10Et on va voir ce qu'il en ressort.
07:12Le curseur, il est entre 1 et 30 empoisonnements.
07:15à suivre.
07:17On vous avait préparé une question avec Pauline.
07:18On voulait vous demander, mais elle n'est plus d'actualité.
07:21Qu'est-ce qui reste de cet homme, du docteur Pécher,
07:23après sa tentative de suicide ?
07:25Mais on a déjà la réponse, parce qu'il est quand même très combatif.
07:28Quand il répond à Boris, il est très combatif.
07:30Il n'a aucune parole.
07:32Attendez, aucune parole, rien pour les victimes, rien.
07:36Si, si, il dit, je comprends leur haine.
07:38On leur a vendu une fausse.
07:39Je comprends leur haine, c'est un peu facile.
07:42Mais dire, bon, je pense à elle ou j'ai...
07:43Il a toujours dit que pour lui, de toute façon,
07:47empoisonnement ou pas, empoisonnement n'est pas la question.
07:49Il y a des victimes dans cette affaire.
07:51Quoi qu'il se soit passé, il y a des gens qui ont été victimes,
07:54qui ont souffert, aujourd'hui qui ont des séquelles.
07:57Mais à qui on dit, c'est un empoisonnement,
07:59et à qui Frédéric Pécher dit non, ce sont des accidents d'anesthésie.
08:02Si, ce n'est pas lui.
08:03Ce n'est pas la même chose.
08:04Sauf pour un cas, M. Gandeau.
08:05Si, ce n'est pas lui, il peut avoir une parole sympathique pour elle.
08:07Mais il a...
08:07Il cherche la vérité, je comprends que...
08:08Dominique, c'est compliqué de s'exprimer,
08:11et notamment en aussi peu de temps, je peux vous assurer qu'il l'a.
08:13Ça reste un soignant.
08:14Et puis on le verra devant la cour d'assises, surtout.
08:16On le verra devant la cour d'assises.
08:17Mais ça reste quelqu'un qui a toujours gardé en ligne de mire aussi,
08:20qui a de vraies victimes dans cette affaire,
08:22des gens qui ont vraiment souffert et qui ont failli mourir,
08:24et dont certaines sont décédées.
08:25Et on s'expliquera sur tout ça à la cour d'assises.
08:28Par contre, il a toujours dit la même chose.
08:30Ce n'est pas moi.
08:31Moi, je n'ai rien fait à ces gens-là.
08:32Sa ligne de défense, elle n'a jamais varié.
08:34Il a essayé d'apporter des explications.
08:36Vous-même, vous avez été jusqu'à vous mettre en scène,
08:38si je puis dire, en essayant de polluer des poches,
08:41de montrer comment est-ce qu'on polluait des poches.
08:43Expliquez-nous ce que vous avez fait.
08:44C'était devant les caméras de télévision, c'est il y a quelques années.
08:46Au départ de l'enquête, les enquêteurs nous disent
08:48qu'il est impossible pour un profane de polluer des poches.
08:51Ça ne peut être qu'un anesthésiste et même pas un infirmière anesthésique.
08:53On parle des poches qu'on administre.
08:55Des poches de soluté, des poches de ringer.
08:56Qu'est-ce qu'on fait ?
08:57Je me suis procuré des poches de ringer,
08:59j'ai démontré, après m'être entraîné,
09:01pendant quelques heures, j'ai démontré quelqu'un comme moi,
09:03avec un petit peu d'entraînement, qui ne suit qu'avocat.
09:05J'arrivais à polluer des poches de ringer sans que ça se voit.
09:08Aussi bien qu'un anesthésiste.
09:10Mais ils n'ont jamais été convaincus d'aucun argument du docteur Péché.
09:13Pourquoi ? Parce que depuis le départ de cette affaire,
09:15les enquêteurs, comme les juges d'instruction,
09:17ont toujours été convaincus de la culpabilité de Frédéric Péché.
09:20C'est-à-dire que, quand je dis il n'a jamais été entendu,
09:23c'est qu'on n'a jamais entendu ses arguments parce qu'on n'en voulait pas.
09:26On a déterminé qui était le coupable dans cette affaire,
09:29et ensuite on a construit le dossier.
09:30C'est ça l'affaire Péché.
09:32Et le problème, c'est que vous ne pouvez pas parler à des gens
09:34qui ne veulent pas vous entendre.
09:35À la cour d'assises, tous les éléments du dossier,
09:38que vous ne connaissez pas d'ailleurs, notamment à des charges,
09:41sortiront...
09:4230 000 pièces dans le dossier.
09:43Mais vous savez, seuls les éléments à des charges
09:46ont été véhiculés par le procureur de la République,
09:48les procureurs successifs.
09:49Seuls des éléments à charge contre Frédéric Péché,
09:52notamment l'expertise psychocriminologique,
09:56a été communiqué à la presse
09:57et a été abondamment commenté par la presse.
09:59Je n'ai pas vu que les éléments favorables
10:01avaient été communiqués dans la presse.
10:03Elles seront communiquées aux assises.
10:04Les journalistes pourront enfin comprendre
10:06ce qu'est l'affaire Péché avec tous les éléments.
10:09La particularité, c'est que, rappelons-le pour nos auditeurs,
10:12nos téléspectateurs, il n'y a pas de scène de crime,
10:14il n'y a pas de flagrant délit, il n'y a pas de mobile évident,
10:16mais il y a un faisceau d'indices graves et concordants
10:19selon l'accusation.
10:19Willy, je vous vois d'audeliner de la tête,
10:21vous n'êtes pas d'accord ?
10:22Ah si, si, je suis d'accord.
10:23Effectivement, il n'y a pas de la preuve irréfutable
10:26qui certifie que Frédéric Péché serait coupable.
10:30En revanche, voilà, l'accusation a tissé une forme
10:32de tout oile d'araignée, finalement, autour de...
10:34C'est le terme faisceau d'indices,
10:36autour de Frédéric Péché.
10:37Et là, pour le coup, il y a une myriade de liens
10:39qui convergent vers lui.
10:41Non, je devinais sur le côté scène de crime,
10:43de la mesure où, là, peut-être que Randal
10:46nous rejoindra là-dessus,
10:48c'est sur le dernier cas, il y a une scène de crime,
10:50il y a même des sereines qui sont présentées
10:53comme l'arme du crime.
10:54Et c'est vrai que ce dernier cas pose énormément de questions
10:57et en fait, le point de départ de l'affaire,
10:59c'est ça.
11:00C'est le dernier, exactement.
11:01Et il y a bien une scène de crime.
11:02Et il y a bien une scène de crime.
11:03Et donc, tous les cas vont être étudiés.
11:06Chronologiquement.
11:06C'est pour ça aussi les 4 mois d'août.
11:08Chronologiquement, ça va être tentaculaire,
11:10ça va être intense
11:11et ça va être une épreuve aussi.
11:13Vous, le docteur Péché,
11:14vous l'avez rencontré en 2017, je crois,
11:16dans le bureau de Randall Schwerderfer.
11:19Des mots qu'il a donnés à Boris
11:20et de ce que vous savez à l'approche du procès,
11:22est-ce que vous mesurez le chemin
11:24qu'il a parcouru
11:25ou la descente, je ne sais pas comment on dit,
11:27entre 2017, le début de l'affaire,
11:29et aujourd'hui ?
11:30Quel homme est-il ?
11:31Alors, pour ce qui est des mots,
11:32et pour répondre à votre question,
11:33là, on était donc mi-mars 2017,
11:35ça faisait 10 jours
11:36que Frédéric Péché était mis en examen.
11:38L'affaire avait eu le temps
11:39de prendre un petit peu de l'empeur
11:40dans la presse.
11:40C'est vrai que c'était la première interview
11:42qu'il accordait à un média.
11:43Et les mots étaient déjà les mêmes
11:45dans le sens où on avait titré
11:46« Je veux donner ma vérité ».
11:47Je crois que c'est ce qu'il a répété.
11:49Donc, mot pour mot, pour le coup,
11:51on est sur la même ligne.
11:53Après, en revanche,
11:55moi, j'avais en face de moi
11:56quelqu'un qui avait un certain charisme,
11:59qui avait une vraie stature
12:02et qui semblait déterminé à se battre.
12:06Là, on sait que ces 8 années d'instruction
12:07l'ont quand même éreinté.
12:09Sa vie personnelle,
12:10alors ce n'est pas trop à moi d'en parler,
12:12mais il est parti quand même en lambeau.
12:14Il le dit, j'ai tout perdu.
12:16Donc, ça veut dire qu'il a divorcé,
12:17qu'il a ses enfants,
12:18mais qu'il a quand même perdu son job,
12:20ses amis, sa famille.
12:21Et donc, il y a une vraie question.
12:22Même si on s'attend tous
12:24à ce que, bien sûr,
12:25il soit là au premier jour de son procès,
12:27il y a une vraie question
12:28sur la manière dont il va encaisser
12:29les 4 mois d'audience.
12:31Parce que je peux vous garantir
12:32que les 2 avocats de général
12:33et même les avocats de partie civile
12:35vont lui mettre une pression terrible
12:36et constante.
12:37On l'avait rencontré,
12:38il avait failli venir dans l'affaire suivante
12:39il y a 2 ans,
12:40puis il a changé d'avis.
12:41Il n'est pas facile à gérer quand même.
12:42Parce qu'il ne devait venir,
12:43pas venir la semaine suivante,
12:44la semaine d'après,
12:46puis il voulait venir avec telle et telle personne.
12:47Quand on l'avait rencontré,
12:48il y avait vous, 3 avocats,
12:50sa sœur,
12:51qui est avocate aussi.
12:53Et puis il y a eu une espèce d'histoire
12:55parce que l'un des avocats,
12:57l'un des 3 donc,
12:59a dit,
13:00moi je ne veux plus le défendre
13:01parce qu'en fait,
13:02l'indemnité publique
13:03est jugée insuffisante
13:04dans le cadre de l'aide juridictionnelle.
13:06Il a l'aide juridictionnelle,
13:07et il y a un des avocats
13:10qui dit,
13:10ce n'est pas assez.
13:11Est-ce que vous pouvez nous dire,
13:12maître Schwerdorfer,
13:14combien votre cabinet,
13:15le cabinet va toucher
13:17d'indemnité dans ce dossier ?
13:20Pour ces 4 mois d'audience.
13:21Pour ces 4 mois d'audience.
13:2240 000 euros divisé par 2,
13:2320 000 euros pour 4 mois,
13:25c'est-à-dire un peu moins
13:26de 5 000 euros par mois
13:27pour assurer la défense,
13:29d'indemnité,
13:30ce n'est pas un salaire,
13:31loin de là,
13:32sur lequel il restera,
13:33pour mon cabinet,
13:34à peu près moins 15 000 euros,
13:35c'est-à-dire que c'est nous
13:36qui assumerons les frais de la défense.
13:38Donc ça va vous coûter de l'argent ?
13:39Ça va nous coûter de l'argent.
13:40Pourquoi ?
13:40Parce que le système
13:41de l'aide juridictionnelle en France,
13:42et Martin Vetz,
13:43qui était l'avocat de Salah Abdeslam,
13:45m'a beaucoup aidé
13:45dans ce dossier-là d'ailleurs,
13:47et je remercie aussi l'ADAP
13:48et le coprésident Maître Boulay
13:50d'être intervenu,
13:52la défense,
13:52il n'y aura pas de procès équitable
13:54parce que, pourquoi ?
13:55La défense n'est pas payée
13:55dans ces dossiers-là.
13:56Les partis civils
13:57cumulent les indemnités.
13:59Ce n'est pas l'argent
13:59des partis civils,
14:00c'est que l'État
14:00indemnise jusqu'à
14:0250 partis civils
14:03les avocats.
14:04Est-ce qu'on peut vous poser
14:06la question
14:06pour que ceux qui nous écoutent
14:07comprennent bien ?
14:08Vous, vous allez avoir
14:09votre cabinet,
14:104 500 euros par mois
14:12pendant 4 mois.
14:13En face,
14:14il y a des partis civils
14:15100, 130,
14:16150 civils,
14:17150,
14:18deux avocats.
14:19Combien les deux avocats
14:21des partis civils
14:21vont-ils toucher ?
14:22Si vous prenez les deux avocats,
14:24le bâtonnier Frédéric Bernin
14:25et le bâtonnier Stéphane Joriana
14:27vont toucher
14:27plus d'un million d'euros,
14:28eux,
14:29à deux,
14:30pour intervenir
14:32dans ce procès
14:32là où la défense,
14:33à deux,
14:34va toucher
14:34moins de 40 000 euros.
14:35Et c'est ça qu'on dénonce
14:36en disant
14:37que ce n'est pas normal.
14:38Et c'est ça
14:38qui avait été réglé
14:39par le Conseil de l'Ordre de Paris
14:40qui avait dit
14:41il faut une solidarité
14:41dans les attentats du 13 novembre
14:42il faut une solidarité
14:43confraternelle
14:44à armes égales en fait.
14:45À armes égales.
14:46Et comment voulez-vous considérer
14:47que les avocats de défense
14:48qui ont 40 000 euros
14:49de budget à deux
14:50pour défendre Frédéric Pécher
14:51et les avocats de partis civils
14:52dont je viens de parler
14:53qui ont plus d'un million d'euros
14:54pour assister les partis civils
14:55il y a un procès équitable.
14:57C'est totalement inéquitable
14:58entre les partis
14:59à tous les niveaux.
15:00Et c'est ça qu'on dénonce.
15:01Dans les attentats du 13 novembre
15:01les avocats des partis civils
15:09le bâtonnet Juryanet
15:10très clairement qu'on dit non.
15:12On n'aidera pas.
15:13Et là c'est une attitude
15:14très contraire aux intérêts
15:15de la profession
15:16parce que très contraire
15:17à l'intérêt de l'exercice
15:18des droits de la défense.
15:20Le procès on l'a déjà dit
15:20ne peut pas être équitable
15:21avec des moyens aussi disparates
15:23entre la défense
15:24et les avocats de partis civils.
15:26On ne parle pas
15:27de l'argent des victimes.
15:29On parle de l'argent
15:29alloué par l'État
15:31aux avocats.
15:32Bon.
15:33Revenons au judiciaire.
15:34L'enjeu il est colossal
15:35qui tout double.
15:37Est-ce qu'il s'est préparé
15:37à la détention
15:38en cas de condamnation ?
15:39Comment est-ce que
15:40vous lui en avez parlé ?
15:41J'imagine que vous avez
15:42évoqué la prison avec lui.
15:43Non.
15:44Il n'a jamais envisagé
15:45la détention.
15:46On a envisagé la détention
15:47lorsqu'on était
15:49sur les débats
15:50de 2017 et de 2019.
15:52Juge des libertés
15:53de la détention
15:53au chambre de l'instruction
15:54puisque tout est possible
15:56à ce moment-là.
15:57Ça a été écarté
15:58puisque ces instances
15:59ont refusé d'incarcer
16:00Frédéric Péché
16:01pour son procès.
16:02Nous n'avons jamais
16:02parlé de détention
16:03parce que Frédéric Péché
16:04n'a jamais envisagé
16:05autre chose
16:05que d'être reconnu innocent.
16:07des charges
16:08qui lui sont reprochées
16:09et on n'a jamais envisagé
16:12une seule seconde
16:12que ce procès
16:13pouvait se terminer
16:14par la prison.
16:15Donc s'il est condamné
16:16ce serait un choc immense
16:17psychologiquement,
16:18humainement
16:18pour lui
16:18qui comparaît libre
16:20et qui est depuis
16:208 ans dehors.
16:21Je ne connais pas
16:22l'avenir.
16:23Je vis au jour le jour
16:24et surtout
16:24dans un procès pénal
16:25et un procès d'assises
16:26vous les connaissez bien
16:27vous en avez suivi.
16:29Tout le monde ici
16:29connaît les procès d'assises.
16:31Tout est possible.
16:32Je ne sais pas.
16:33Lui aussi.
16:33Qu'est-ce qu'il vous dit Boris
16:34quand vous l'interrogez
16:35sur l'après-procès
16:36et sa vie future ?
16:37Qu'est-ce qu'il répond ?
16:37Il me parle d'une inconnue.
16:39Il n'envisage rien.
16:41Et il ne prononce pas
16:42le mot prison.
16:42En l'état,
16:43il n'a pas de vision
16:44sur son futur
16:45après ce procès.
16:47Alors sans doute
16:47dans cette histoire
16:48on aura un deuxième procès
16:49parce que si M. Péché
16:50est condamné,
16:51le parquet fera sans doute appel
16:52et s'il est acquitté,
16:54vous ferez sans doute appel.
16:56Donc on n'en est
16:56qu'à un long cheminement judiciaire.
16:58Je ne sais pas.
16:59On verra
17:00parce que c'est un procès.
17:01Il se passe aussi
17:01beaucoup de choses.
17:02On entend.
17:02tout ne se finit pas
17:05par un appel.
17:05Je ne sais pas.
17:06J'attends beaucoup de l'audience.
17:08Tout va se passer
17:08dans cette audience.
17:09Il y a un dossier écrit
17:10et entre le dossier écrit
17:11et l'audience,
17:12l'oralité des débats,
17:13la contradiction,
17:14il peut se passer
17:15énormément de choses
17:16et effectivement
17:17ce qui peut paraître
17:18une vérité au départ,
17:20on parle d'indices.
17:21Dominique,
17:22M. Rizet,
17:23vous parliez d'indices.
17:24La différence entre
17:25indices et preuves
17:26elle est fondamentale.
17:26Aux assises,
17:27il va falloir parler de preuves.
17:28Et il y a des jurés.
17:29Et il y a des jurés.
17:30Et c'est très important.
17:31Et je pense qu'au-delà
17:32de ce qu'ils savent
17:33au travers de la presse,
17:35ils vont découvrir
17:36le vrai dossier péché
17:37et on verra ensuite
17:38quelle sera leur décision.
17:39Et pour moi,
17:39ça reste une inconnue totale.
17:40C'est un procès
17:41très ouvert pour vous.
17:42Totalement ouvert.
17:43Et il y a aussi
17:43des parties civiles.
17:44Vous les avez rencontrés
17:45des parties civiles ?
17:46Oui, oui.
17:47Parce qu'eux,
17:47leurs grosses colères,
17:48quand on parle de haine
17:49tout à l'heure,
17:50au moins ils ont de la colère.
17:51Légitimement,
17:52pourquoi pas ?
17:52Docteur Péché,
17:53c'est un suspect.
17:54On leur a présenté
17:55comme un empoisonneur.
17:56Comment ça réagit
17:57du côté des parties civiles ?
17:59Et comment ça va cohabiter
18:00dans cette cour d'assises ?
18:01Justement,
18:01parce que tous les jours,
18:02il va venir à pied,
18:02il va prendre place
18:03sur le banc.
18:04Ça va être particulier,
18:04c'est vrai.
18:04Ça va être très particulier.
18:05Alors, pour répondre
18:06à cette première question,
18:07ça dépend des parties civiles,
18:09j'allais dire.
18:09Mais globalement,
18:10on a senti des parties civiles
18:11qui étaient sur les deux,
18:13trois premières années
18:14un petit peu circonspects.
18:16Il y avait certaines
18:16qui étaient quand même prudentes
18:17et qui étaient respectueuses
18:18de la présomption d'innocence
18:20à laquelle on est tous attachés ici.
18:22Et puis,
18:23au fil des années quand même,
18:24là, je ne trouve plus
18:25aucune partie civile
18:26qui ait un doute
18:27sur la culpabilité
18:27de Frédéric Péchier.
18:29Ce qui fait que,
18:30bon, pour certains,
18:31il y a, oui,
18:31une forme de colère,
18:32voire de haine.
18:34Et surtout,
18:35toutes me disent
18:36une soif de vérité,
18:37une soif de réponse.
18:39On veut comprendre.
18:40Certains ont perdu leur mère,
18:41leurs frères,
18:42leurs pères.
18:43D'autres ont des séquelles
18:45encore aujourd'hui
18:45qui ont changé leur quotidien.
18:48Et c'est vrai que derrière 30 cas,
18:50il y a 30 noms,
18:51il y a 30 visages,
18:51il y a 30 histoires.
18:52Et ça aussi,
18:53ça va être...
18:53ça va être un fil rouge
18:55dans ce procès,
18:56c'est qu'on va avoir
18:57des humains en face de nous
18:58qui ont souffert
18:59de cette situation,
19:01indépendamment de la culpabilité
19:02de l'un ou de l'autre
19:03des médecins.
19:05Et c'est vrai que ça,
19:06c'est quelque chose,
19:06c'est une dimension
19:07qui va être très forte.
19:08Une organisation particulière
19:09pour le procès,
19:10la salle d'audience,
19:11ça va être assez grave.
19:11Oui, effectivement.
19:12Ce qui est incroyable,
19:14on est sur quand même
19:14l'équivalent de 12 assassinats,
19:1518 tentatives d'assassinats
19:17et on a un accusé
19:18qui va rentrer
19:19par la grande porte
19:19et qui ne va pas se cacher.
19:21Et qui ne va pas se cacher,
19:22voire même
19:22qu'il se considère
19:24comme innocent.
19:24Donc, il va être
19:25dans ce registre-là
19:26et qu'il va surtout
19:27partir tous les soirs
19:28reprendre sa voiture,
19:29regagner son domicile.
19:31Et moi,
19:31c'est ce que je disais
19:32un petit peu au départ,
19:33ce qui m'inquiète,
19:34mais pour le coup,
19:35ce n'est pas mon inquiétude,
19:36elle est partagée
19:36par l'ensemble
19:37des acteurs du procès,
19:38c'est qu'un soir,
19:39moins bien qu'un autre,
19:40parce qu'il va quand même
19:41être mis...
19:42Il va y avoir des hauts et des bas
19:43pendant ses étudiants.
19:44Il va falloir que tous les matins,
19:46il trouve la ressource morale,
19:48physique, mentale
19:49pour revenir à 8h30,
19:51faire face à son destin judiciaire
19:52et sinon,
19:53c'est débat reporté,
19:55suspendu,
19:56sur 4 mois.
19:57C'est une grosse épreuve
19:57d'endurance
19:58à laquelle vous préparez
19:59tous les deux.
19:59Merci.
19:59Ça va être compliqué.
20:00Merci en tous les cas
20:01d'être venu avec nous
20:02et puis évidemment
20:04que ce dossier péché,
20:05on l'évoquera
20:05à intervalles réguliers
20:07dans cette émission
20:07tout au long de ce procès
20:08qui ouvre,
20:09donc on le rappelle,
20:10le 8 septembre
20:10et qui se referme
20:11mi-décembre.
20:12Merci à tous les deux.
Recommandations
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À suivre
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