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  • il y a 6 semaines
Regardez L'esprit de l'info avec Laeticia Strauch-Bonart avec Thomas Sotto du 28 août 2025.

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Transcription
00:01Thomas Soto, RTL Matin.
00:03On est ensemble jusqu'à 9h30 et à présent c'est l'esprit de l'info, votre nouveau rendez-vous qui vous donne quelques clés pour mieux appréhender l'actualité.
00:10Avec un grand témoin chaque matin et ce matin c'est vous Laetitia Strange-Bonnard, bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Essayiste, journaliste et auteur notamment de La Gratitude et si vous étiez de droite vous aussi publié aux éditions de l'Observatoire.
00:21Alors hier soir, François Bayrou a tout donné, on va dire, aux 20h de TF1 pour essayer de renverser la vapeur et de convaincre les autres forces politiques et les français de le suivre.
00:32C'est comme un bateau qui aurait une voie d'eau, un trou dans la coque et la coque se remplit d'eau.
00:39Alors il y a des gens qui disent, ben t'en fais pas Simone, le bateau flotte encore.
00:44T'en fais pas Simone et vous, est-ce que vous en faites Laetitia Strange-Bonnard ? Je vous vois sourire.
00:48Oui, mais je ne sais pas s'il a tout donné. Je trouve qu'il a été assez décevant.
00:55Et à mon sens, il n'était pas tout à fait à la hauteur de l'exercice.
00:59Pourquoi ?
01:00Il y avait une forme de contraste entre la gravité du contenu et un style qui est quand même un peu patelin, un peu bonhomme, parfois même un peu guiré.
01:10C'est comme si au fond, il n'était pas très inquiet.
01:14Donc vous, t'en fais pas Simone, ça vous fait pas sourire en fait ?
01:16Ah non, alors...
01:16C'est pas au niveau ?
01:17Pas du tout.
01:18Et surtout, voilà, ça donne l'impression qu'il plaisante.
01:25Alors, il y a plusieurs hypothèses.
01:27L'une, c'est que c'est son style et on ne peut pas lui en vouloir.
01:30Une autre, c'est qu'au fond, il sait très bien ce qu'il fait.
01:34Et il a un esprit assez stratégique.
01:36Tout de même, n'oublions pas que c'est un vieux routier de la politique.
01:38Je fais l'hypothèse qu'il sait que, de toute façon, à un moment ou à un autre, son gouvernement était en très mauvaise posture et il préfère sortir par le haut.
01:49Une façon de sortir par le haut, c'est d'éviter la motion de censure qui viendrait avec un 49-3 et de proposer dès maintenant au Parlement, à l'Assemblée, de le suivre ou de ne pas le suivre.
02:04Il sait très bien que l'Assemblée ne le suivra pas, mais il pourra dire que les politiques ne sont pas responsables.
02:11Ils n'ont pas entendu mon discours de responsabilité.
02:13Moi, j'avais dit les choses, ils ne m'ont pas entendu.
02:14Moi, j'avais décrit la situation, la gravité de la situation et ils ne sont pas à la hauteur de l'époque.
02:21Alors, vous dites, il dit, moi j'ai décrit la gravité de la situation.
02:24Ce qui est intéressant sur le fond, cette fois, du discours de France en Bérou, c'est qu'il dit et répète sans cesse que la France va très mal.
02:30Pourquoi on n'est pas capable ou on n'a pas envie de l'entendre ?
02:33Ça, ce n'est pas être politique de dire que la France va très mal, c'est factuel.
02:37Plus de 3 300 milliards de dettes, des indicateurs économiques qui sont quasiment tous dans le rouge.
02:42Pourquoi on ne l'entend pas ?
02:44Alors, je me demande si on n'a pas trop usé de cette rhétorique, un petit peu comme dans la chèvre de M. Seguin, on l'a beaucoup dit.
02:52Je me rappelle en 2010, quand j'écrivais les discours de François Baroin, qui était ministre des Finances, j'écrivais de telles choses.
02:59La France va mal, nous sommes en danger, la souveraineté de la France est en jeu.
03:02En parlant de finances publiques.
03:04En fait, nous allions mieux qu'aujourd'hui.
03:07Simplement, à force de dire pendant des années que nous allions très mal, le jour où on va vraiment mal, comme aujourd'hui, personne n'y croit.
03:14On crie trop au loup, les politiques crient trop au loup ?
03:16On l'a trop fait. Or, maintenant, oui, vraiment, l'heure est grave.
03:21Mais je pense que ça n'atteint pas vraiment les gens, les citoyens.
03:27Vous le dites, l'heure est grave, ça ne date pas d'aujourd'hui.
03:29Écoutez ce que disait François Fillon.
03:30Alors, jeune Premier ministre, nouveau Premier ministre de Nicolas Sarkozy, on est en septembre 2007.
03:36Sarkozy a été élu en mai, je vous le rappelle.
03:39Je suis à la tête d'un État qui est, depuis 15 ans, en déficit chronique.
03:44Je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans.
03:49Bon, ça ne peut pas durer.
03:50Et ça, c'était vrai, et c'était déjà grave.
03:52Et à l'époque, il s'était fait taper sur les doigts, par Nicolas Sarkozy.
03:56Oui, tout à fait.
03:56Donc, il y a quand même une forme de déni dans la classe politique.
03:59Ce qui est aussi assez étrange, c'est qu'il y a une alternance entre ce déni
04:03et puis, soudain, une forme de catastrophisme, comme on le voit aujourd'hui avec François Bayrou.
04:10Constatons aussi que, quand François Bayrou est devenu Premier ministre,
04:14il n'a pas mis son poste dans la balance.
04:17Il a fait un discours de politique générale, mais il n'a pas demandé la confiance.
04:20Pourquoi ne l'a-t-il pas ?
04:21Parce qu'il ne l'aurait pas obtenu.
04:22Tout à fait.
04:22Mais pourquoi le faire maintenant ?
04:24Donc, ça va dans le sens de mon hypothèse de tentative de sortie par le groupe.
04:29Après, on peut reconnaître quelque chose à François Bayrou,
04:31c'est que depuis sa première candidature à la présidentielle,
04:34il a toujours été celui qui mettait le point sur le problème de la dette.
04:40Tout ça, ce n'est pas une lubie du moment.
04:42C'est tout à fait vrai.
04:43Simplement, à mon avis, ce qu'il pêche dans sa politique, dans son programme,
04:48depuis des années, c'est les moyens qu'il propose.
04:52C'est-à-dire que, là, on l'a vu d'ailleurs il y a un mois,
04:56les moyens proposés, à mon avis, ne vont pas au fond des choses.
04:59On a besoin de réformes beaucoup plus profondes pour sortir de l'ornière.
05:04Par ailleurs, il y a aussi chez lui une forme d'aveuglement sur, justement, l'état du pays.
05:09Parce que les politiques et les Français ne sont pas d'accord sur la situation du pays,
05:13sur sa gravité et surtout sur les causes et les solutions pour en sortir.
05:18Mais comment on fait ici, personnelle ?
05:19Est-ce que, du coup, la dissolution est inéluctable ?
05:23Écoutez ce que disait Edouard Philippe.
05:25C'était hier, il était devant l'université du MEDEF à Roland-Garros.
05:29Je pense que rien ne sera possible d'ambitieux, de nécessaire et, au fond, utile pour le pays
05:37avant qu'une clarification politique.
05:40Et donc, je crains que la dissolution soit inéluctable.
05:43Vous êtes d'accord avec lui, Laetitia Strauch-Bonnard ?
05:45Il faut faire un reset, une remise à zéro ?
05:47On refait voter les gens ?
05:49Oui.
05:50Toute la question est de savoir quand.
05:52Parce que le problème, c'est que, quand on vote trop, on finit par voter mal.
05:57J'ai l'impression que le vote, en France, en ce moment, c'est un petit peu comme une machine à sous.
06:02C'est-à-dire qu'on remet à chaque fois une pièce dans la machine et on pense qu'on va avoir le jackpot
06:06et ça ne sort pas et on joue de plus en plus et on ne gagne jamais.
06:10Surtout que dans un pays plus divisé que jamais, il n'y a aucune raison que sorte d'une élection législative
06:16une assemblée plus claire ?
06:18Tout à fait.
06:18Alors, il y a plusieurs possibilités.
06:20La première, c'est qu'avec la même assemblée, une nouvelle coalition arrive à émerger,
06:25qu'il y ait une véritable majorité, qu'elle soit présidentielle ou d'opposition.
06:29Bon, ça, j'y crois assez peu.
06:31L'autre possibilité, en effet, c'est un vote qui amènerait une clarification de fait
06:36parce que, finalement, là aussi, on trouverait une nouvelle coalition.
06:41La difficulté, c'est qu'on ne vit pas dans un vrai système parlementaire.
06:43Dans un vrai système parlementaire, il n'y a pas de président.
06:46Et donc, les partis doivent se débrouiller entre eux.
06:48Ils sont obligés, finalement, d'arriver à quelque chose.
06:50Là, on a toujours le président qui convoque les partis, qui décide.
06:53Et donc, c'est quand même une force de contrepoids qui n'est pas forcément positive.
06:58Tu veux dire quoi ? Qu'il faut changer la constitution ?
06:59Il faut changer les règles du jeu ?
07:00Alors, il y a plusieurs options.
07:03Il y a celle-ci, en effet, qui est de changer le régime et d'accepter d'aller vers un régime plus parlementaire.
07:08C'est ce que, personnellement, je préconiserais.
07:10Mais ça prend beaucoup de temps.
07:13Et puis, alors, on dit que les Français sont très attachés à la figure du président.
07:19Je ne sais pas.
07:20Peut-être que c'est vrai.
07:21Peut-être, au contraire, qu'ils sont aussi attachés à la figure du président,
07:24qu'il était à celle du roi.
07:25Et qu'on peut passer rapidement à un autre régime qu'on a connu, d'ailleurs, en France.
07:29On a eu un système parlementaire sous la Troisième République.
07:32Ça, c'est une première possibilité.
07:34L'autre chose, c'est que...
07:35L'autre possibilité, c'est que dans le même régime,
07:38on arrive à retrouver de vraies majorités.
07:40Et je pense que pour arriver à retrouver de vraies majorités,
07:43il faut retrouver une bipolarisation de la vie politique.
07:46Une vraie alternance entre la gauche et la droite.
07:49On paye le macronisme ?
07:50On paye la stratégie macronique pour accéder au pouvoir ?
07:52Macroniste ?
07:53Exactement.
07:53Alors, pas entièrement.
07:56Emmanuel Macron est en grande partie responsable, en effet,
07:58de la fin de la bipolarisation de la vie politique.
08:01Parce qu'il l'a vraiment argumenté, thématisé.
08:04Il a voulu dépasser non seulement l'opposition gauche-droite,
08:08mais même l'idée d'idéologie politique.
08:11Et ça, c'est vrai que ça a fait du mal à notre vie politique.
08:14Mais il n'a pas fait cela tout seul.
08:15Je pense qu'il exprimait aussi quelque chose qui se passe dans la société française,
08:19qui a beaucoup changé, dont la sociologie a changé.
08:22Quand on parle des trois blocs politiques actuels de la France...
08:27Donc le RN, en gros, le bloc centriste et la gauche dure, le LFI.
08:31Tout à fait. On parle d'une réalité qui existe dans le pays.
08:35Et une réalité qui est assez nouvelle.
08:38Pardon, mais je reviens à votre idée.
08:39Si vous dites qu'il faut revenir à une polarisation, une bipolarisation,
08:42ça veut dire que c'est le bloc central qui coulerait
08:44et qui resterait la droite radicale et la gauche radicale ?
08:46Alors, plutôt, enfin je l'espère plutôt de la façon suivante,
08:51que le bloc central se sépare en deux.
08:54Une partie qui retourne à gauche, une partie qui retourne à droite,
08:57avec l'espoir que cette séparation ramène un peu de mesures et de modérations
09:02à la gauche et à la droite.
09:03Donc on retrouve finalement cette alternance
09:06qui a fait la stabilité de la vie politique française.
09:10Après le Simone de François Bayrou, vous êtes tout le temps de
09:12Léon revient à la maison, en fait.
09:13Que chacun retourne dans sa famille d'origine politique.
09:16Pourquoi pas.
09:18Merci beaucoup en tout cas, Laetitia Stronche-Bona.
09:20On va écouter juste quelques notes de Léo Ferré.
09:22Ils ont voté et puis après, parce que je crois que c'est une chanson que vous aimez beaucoup,
09:25et ça permet peut-être de dédramatiser un petit peu tout ça.
09:28Ils ont voté et puis après, dans une France socialiste,
09:35je mettrai ces fumiers debout, à fumer le scrutin de liste,
09:39jusqu'au mégot de mon dégoût.
09:43Et puis, assis sur...
09:45Laetitia Stronche-Bona, auteur notamment de La Gratitude,
09:47et si vous étiez de droite, vous aussi, aux éditions de l'Observé.
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