00:03L'esprit de l'info à 9h15 sur RTL avec notre grand témoin du mardi, c'est vous Anne-Charlène Bézina, politologue et spécialiste de la Constitution.
00:10Alors ça y est, ça y est Anne-Charlène et Emmanuel Macron a officiellement reconnu au nom de la France l'État de Palestine.
00:15C'était donc hier à l'Assemblée Générale des Nations Unies.
00:17Je déclare que la France reconnaît aujourd'hui l'État de Palestine.
00:24Et pour commencer, tiens c'est pas à la constitutionnaliste que je vais m'adresser mais à la citoyenne.
00:28Elle vous convient cette décision ou pas ?
00:31C'est une décision qui, il faut le redire juridiquement, est une décision purement déclarative.
00:37C'est-à-dire qu'elle n'aura pas pour effet de faire naître un État palestinien.
00:40Elle n'aura pas pour effet de solutionner ce conflit à deux États.
00:44Elle n'aura pas pour effet de mobiliser les opinions des deux pays pour une solution vers la paix.
00:50Donc moi j'ai le sentiment que ce véhicule de la reconnaissance, il est utilisé ici,
00:54soit à porter exclusivement symbolique, soit vraiment pour porter une diplomatie de très très long terme.
01:01Et c'est vrai que moi je me questionne.
01:03Est-ce que c'était le bon moment ? Est-ce qu'au niveau national ça va nous apporter quelque chose ?
01:07Il me semble qu'il faut vraiment beaucoup de temps pour comprendre cette déclaration
01:10à l'aune d'une vraie diplomatie finalement.
01:13Remettez votre avis de constitutionnaliste.
01:16Décidez tout seul dans son coin, comme l'a fait Emmanuel Macron.
01:18Finalement il n'en a parlé à personne, enfin il n'a débattu avec personne.
01:22Le Parlement n'a pas été saisi de cette question.
01:25Il y a encore eu moins de votes.
01:27Ça c'est la règle, il a le droit de faire ça ?
01:29Ça fait partie du domaine réservé ?
01:31Alors c'est l'Institut du droit international,
01:33qui est un organisme qui émane de l'ONU,
01:35qui a publié des déclarations à propos de la reconnaissance dès le début des années 40,
01:39et qui a précisé que c'est l'autorité capable ou apte politiquement
01:45à signer les traités et accords internationaux.
01:47Donc oui, c'est le président de la République
01:48et en France nous représente à l'international.
01:51Donc rien ne l'interdisait d'organiser un débat même sans vote,
01:54mais rien ne l'y obligeait véritablement non plus.
01:57Donc l'idée que la reconnaissance puisse se faire,
01:59même au titre d'un discours,
02:01voire même, vous savez, on peut reconnaître des reconnaissances dites de facto.
02:04C'est-à-dire à partir du moment où vous engagez une relation commerciale,
02:06par exemple, il y a reconnaissance de l'État.
02:07Donc la reconnaissance n'est pas très encadrée.
02:10Néanmoins, c'est vrai que ça prouve...
02:12Pardon, mais il n'y a jamais de contrat,
02:13on ne va pas signer un papier,
02:14ce n'est pas comme la Constitution,
02:16quand c'est écrit dedans, c'est gravé.
02:17Il n'y a absolument rien de véritablement matériel dans une reconnaissance,
02:21mais ce qui est intéressant, c'est que c'est irrévocable.
02:23Ah, c'est irrévocable.
02:24Il n'y a aucun acte de déreconnaissance
02:27qui ne puisse avoir une validité en droit international.
02:29Et que le prochain ou la prochaine qui arrivera à l'Élysée
02:30ne peut pas dire, ben non, en fait, moi, ça ne me va pas.
02:32Absolument pas.
02:32Absolument pas.
02:33Alors évidemment, comme tout ce qui existe dans le droit international,
02:35on peut le vider de son sens,
02:36en entretenant absolument pas de négociations ou de relations.
02:41Mais ce qui est intéressant, c'est de se dire
02:42qu'on vient ici de poser quelque chose
02:43qui restera même bien après le mandat d'Emmanuel Macron.
02:48Et voilà.
02:49Il n'y a pas eu, certes, de concertation des oppositions,
02:52mais c'est surtout, voilà,
02:53est-ce qu'on va, nous, nationalement,
02:55pouvoir tirer quelque chose de bénéfique de ça ?
02:57Bon, il y a eu beaucoup de...
02:59Il y a un peu les réactions Urbi et Torbi.
03:00De toute façon, on s'est vus au niveau mondial
03:02et puis au niveau de la France.
03:04Je voudrais qu'on écoute ce que disait hier Marine Le Pen
03:06chez nos confrères de BFM
03:08à propos de cette reconnaissance de la Palestine.
03:09La reconnaissance de la Palestine aujourd'hui
03:13est une faute extrêmement grave
03:14et notamment à l'égard des nations
03:15qui luttent contre le terrorisme islamiste
03:17parce que la réalité, c'est que c'est le Hamastan, en fait.
03:21Le Hamastan.
03:22Est-ce que vous pensez que cette décision,
03:24donc sur la scène internationale,
03:25va avoir des conséquences en France ?
03:28Qu'est-ce que vous voyez comme conséquences possibles
03:29sur le champ intérieur ?
03:31Alors, déjà, peut-être quand même juridiquement,
03:33pour bien reprendre à propos de cette reconnaissance,
03:35on a annexé ce qu'on a appelé la déclaration de New York
03:38où, justement, on a embarqué aussi d'autres États
03:40comme l'Arabie Saoudite.
03:42Et dans la déclaration de New York,
03:43vous voyez bien que le 7 octobre est qualifié d'acte terroriste.
03:46Quand on sait que, justement, on embarque l'Arabie Saoudite,
03:48ça veut dire quelque chose.
03:49C'est important.
03:50Et surtout, on donne les clés de la gouvernance,
03:53on va dire, à l'autorité palestinienne,
03:55ce qui est vraiment loin d'arranger le ramasse aussi.
03:57Donc, je pense qu'on ne peut pas parler de Hamastan
03:59sans vraiment complètement se tromper,
04:02en tout cas juridiquement,
04:03sur le calibrage de cette reconnaissance.
04:05Après, voilà, le mot est lâché quand même.
04:08Ça veut dire que dans nos oppositions,
04:09de toute façon,
04:10c'était la meilleure manière de souffler sur les braises.
04:13La question de savoir si ça va être récupéré
04:15de manière politique, bien sûr.
04:17Si la politique va s'apaiser avec ça, c'est sûr que non.
04:21Moi, ce qui m'inquiète plus, c'est les opinions.
04:23Ce qu'il faut qu'on arrive, c'est à...
04:24Quand on est président de la République française,
04:26on a un rôle très clair dans l'article 5 de la Constitution.
04:28C'est non seulement rassembler,
04:30mais être carrément le champ de l'unité des Français,
04:32de parler au nom de tous.
04:33Et donc, le président de la République a dit, justement,
04:36le faire au nom de tout cela.
04:38Je demande à voir les effets assez rapidement de cette unité.
04:42Et je crois que c'est vraiment le rôle
04:43sur lequel on a le plus de défaillance en ce moment.
04:45On aura l'occasion d'y revenir.
04:46Vous connaissez la date du jour ?
04:48Nous sommes le...
04:4923 septembre.
04:5023 septembre.
04:50Ça veut dire que ça fait deux semaines
04:52que Sébastien Lecornu a été nommé à Matignon.
04:55Demain, ça fera deux semaines qu'il a dit ça.
04:57Je remercie évidemment le président de la République
04:58pour sa confiance.
05:01Je ne vais pas faire de grands discours
05:02puisque cette instabilité
05:03et la crise politique et parlementaire
05:05que nous connaissons
05:06commandent à l'humilité et à la sobriété.
05:10Bon, ça, on ne peut pas dire
05:10qu'il fasse de grands discours depuis deux semaines.
05:12Sébastien Lecornu.
05:13Plus de son, plus d'image, pratiquement ?
05:14Oui.
05:15Alors, à la fois,
05:16il essaye d'agir un peu dans l'ombre.
05:18C'est une espèce de style
05:19qui est le sien, à mon avis.
05:21On se rappelle qu'il a déjà pris des décrets,
05:24c'est-à-dire des actes
05:24qui ressortent de son propre domaine
05:26sur la question du statut
05:27des anciens premiers ministres
05:29et de leurs avantages.
05:30Il a déjà ficelé apparemment
05:32une réforme de la décentralisation.
05:33Donc, il travaille dans l'ombre.
05:36Il travaille seul, il n'a pas de gouvernement.
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