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  • il y a 1 semaine
Regardez L'esprit de l'info avec Anne-Charlène Bezzina avec Thomas Sotto du 23 septembre 2025.

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Transcription
00:00Thomas Soto, RTL Matin
00:03L'esprit de l'info à 9h15 sur RTL avec notre grand témoin du mardi, c'est vous Anne-Charlène Bézina, politologue et spécialiste de la Constitution.
00:10Alors ça y est, ça y est Anne-Charlène et Emmanuel Macron a officiellement reconnu au nom de la France l'État de Palestine.
00:15C'était donc hier à l'Assemblée Générale des Nations Unies.
00:17Je déclare que la France reconnaît aujourd'hui l'État de Palestine.
00:24Et pour commencer, tiens c'est pas à la constitutionnaliste que je vais m'adresser mais à la citoyenne.
00:28Elle vous convient cette décision ou pas ?
00:31C'est une décision qui, il faut le redire juridiquement, est une décision purement déclarative.
00:37C'est-à-dire qu'elle n'aura pas pour effet de faire naître un État palestinien.
00:40Elle n'aura pas pour effet de solutionner ce conflit à deux États.
00:44Elle n'aura pas pour effet de mobiliser les opinions des deux pays pour une solution vers la paix.
00:50Donc moi j'ai le sentiment que ce véhicule de la reconnaissance, il est utilisé ici,
00:54soit à porter exclusivement symbolique, soit vraiment pour porter une diplomatie de très très long terme.
01:01Et c'est vrai que moi je me questionne.
01:03Est-ce que c'était le bon moment ? Est-ce qu'au niveau national ça va nous apporter quelque chose ?
01:07Il me semble qu'il faut vraiment beaucoup de temps pour comprendre cette déclaration
01:10à l'aune d'une vraie diplomatie finalement.
01:13Remettez votre avis de constitutionnaliste.
01:16Décidez tout seul dans son coin, comme l'a fait Emmanuel Macron.
01:18Finalement il n'en a parlé à personne, enfin il n'a débattu avec personne.
01:22Le Parlement n'a pas été saisi de cette question.
01:25Il y a encore eu moins de votes.
01:27Ça c'est la règle, il a le droit de faire ça ?
01:29Ça fait partie du domaine réservé ?
01:31Alors c'est l'Institut du droit international,
01:33qui est un organisme qui émane de l'ONU,
01:35qui a publié des déclarations à propos de la reconnaissance dès le début des années 40,
01:39et qui a précisé que c'est l'autorité capable ou apte politiquement
01:45à signer les traités et accords internationaux.
01:47Donc oui, c'est le président de la République
01:48et en France nous représente à l'international.
01:51Donc rien ne l'interdisait d'organiser un débat même sans vote,
01:54mais rien ne l'y obligeait véritablement non plus.
01:57Donc l'idée que la reconnaissance puisse se faire,
01:59même au titre d'un discours,
02:01voire même, vous savez, on peut reconnaître des reconnaissances dites de facto.
02:04C'est-à-dire à partir du moment où vous engagez une relation commerciale,
02:06par exemple, il y a reconnaissance de l'État.
02:07Donc la reconnaissance n'est pas très encadrée.
02:10Néanmoins, c'est vrai que ça prouve...
02:12Pardon, mais il n'y a jamais de contrat,
02:13on ne va pas signer un papier,
02:14ce n'est pas comme la Constitution,
02:16quand c'est écrit dedans, c'est gravé.
02:17Il n'y a absolument rien de véritablement matériel dans une reconnaissance,
02:21mais ce qui est intéressant, c'est que c'est irrévocable.
02:23Ah, c'est irrévocable.
02:24Il n'y a aucun acte de déreconnaissance
02:27qui ne puisse avoir une validité en droit international.
02:29Et que le prochain ou la prochaine qui arrivera à l'Élysée
02:30ne peut pas dire, ben non, en fait, moi, ça ne me va pas.
02:32Absolument pas.
02:32Absolument pas.
02:33Alors évidemment, comme tout ce qui existe dans le droit international,
02:35on peut le vider de son sens,
02:36en entretenant absolument pas de négociations ou de relations.
02:41Mais ce qui est intéressant, c'est de se dire
02:42qu'on vient ici de poser quelque chose
02:43qui restera même bien après le mandat d'Emmanuel Macron.
02:48Et voilà.
02:49Il n'y a pas eu, certes, de concertation des oppositions,
02:52mais c'est surtout, voilà,
02:53est-ce qu'on va, nous, nationalement,
02:55pouvoir tirer quelque chose de bénéfique de ça ?
02:57Bon, il y a eu beaucoup de...
02:59Il y a un peu les réactions Urbi et Torbi.
03:00De toute façon, on s'est vus au niveau mondial
03:02et puis au niveau de la France.
03:04Je voudrais qu'on écoute ce que disait hier Marine Le Pen
03:06chez nos confrères de BFM
03:08à propos de cette reconnaissance de la Palestine.
03:09La reconnaissance de la Palestine aujourd'hui
03:13est une faute extrêmement grave
03:14et notamment à l'égard des nations
03:15qui luttent contre le terrorisme islamiste
03:17parce que la réalité, c'est que c'est le Hamastan, en fait.
03:21Le Hamastan.
03:22Est-ce que vous pensez que cette décision,
03:24donc sur la scène internationale,
03:25va avoir des conséquences en France ?
03:28Qu'est-ce que vous voyez comme conséquences possibles
03:29sur le champ intérieur ?
03:31Alors, déjà, peut-être quand même juridiquement,
03:33pour bien reprendre à propos de cette reconnaissance,
03:35on a annexé ce qu'on a appelé la déclaration de New York
03:38où, justement, on a embarqué aussi d'autres États
03:40comme l'Arabie Saoudite.
03:42Et dans la déclaration de New York,
03:43vous voyez bien que le 7 octobre est qualifié d'acte terroriste.
03:46Quand on sait que, justement, on embarque l'Arabie Saoudite,
03:48ça veut dire quelque chose.
03:49C'est important.
03:50Et surtout, on donne les clés de la gouvernance,
03:53on va dire, à l'autorité palestinienne,
03:55ce qui est vraiment loin d'arranger le ramasse aussi.
03:57Donc, je pense qu'on ne peut pas parler de Hamastan
03:59sans vraiment complètement se tromper,
04:02en tout cas juridiquement,
04:03sur le calibrage de cette reconnaissance.
04:05Après, voilà, le mot est lâché quand même.
04:08Ça veut dire que dans nos oppositions,
04:09de toute façon,
04:10c'était la meilleure manière de souffler sur les braises.
04:13La question de savoir si ça va être récupéré
04:15de manière politique, bien sûr.
04:17Si la politique va s'apaiser avec ça, c'est sûr que non.
04:21Moi, ce qui m'inquiète plus, c'est les opinions.
04:23Ce qu'il faut qu'on arrive, c'est à...
04:24Quand on est président de la République française,
04:26on a un rôle très clair dans l'article 5 de la Constitution.
04:28C'est non seulement rassembler,
04:30mais être carrément le champ de l'unité des Français,
04:32de parler au nom de tous.
04:33Et donc, le président de la République a dit, justement,
04:36le faire au nom de tout cela.
04:38Je demande à voir les effets assez rapidement de cette unité.
04:42Et je crois que c'est vraiment le rôle
04:43sur lequel on a le plus de défaillance en ce moment.
04:45On aura l'occasion d'y revenir.
04:46Vous connaissez la date du jour ?
04:48Nous sommes le...
04:4923 septembre.
04:5023 septembre.
04:50Ça veut dire que ça fait deux semaines
04:52que Sébastien Lecornu a été nommé à Matignon.
04:55Demain, ça fera deux semaines qu'il a dit ça.
04:57Je remercie évidemment le président de la République
04:58pour sa confiance.
05:01Je ne vais pas faire de grands discours
05:02puisque cette instabilité
05:03et la crise politique et parlementaire
05:05que nous connaissons
05:06commandent à l'humilité et à la sobriété.
05:10Bon, ça, on ne peut pas dire
05:10qu'il fasse de grands discours depuis deux semaines.
05:12Sébastien Lecornu.
05:13Plus de son, plus d'image, pratiquement ?
05:14Oui.
05:15Alors, à la fois,
05:16il essaye d'agir un peu dans l'ombre.
05:18C'est une espèce de style
05:19qui est le sien, à mon avis.
05:21On se rappelle qu'il a déjà pris des décrets,
05:24c'est-à-dire des actes
05:24qui ressortent de son propre domaine
05:26sur la question du statut
05:27des anciens premiers ministres
05:29et de leurs avantages.
05:30Il a déjà ficelé apparemment
05:32une réforme de la décentralisation.
05:33Donc, il travaille dans l'ombre.
05:36Il travaille seul, il n'a pas de gouvernement.
05:37Ce qui m'inquiète un petit peu,
05:37c'est surtout l'idée
05:38qu'il n'ait pas de gouvernement
05:40et que tout le monde s'en fiche royalement.
05:44Et vous aussi ?
05:44Vous, la constitutionnaliste,
05:45vous dites, finalement,
05:46ça ne va pas si mal ?
05:47Je suis la seule à être très inquiète.
05:47La seule à être très inquiète
05:48du fait que les Français
05:49ne voient même plus la différence
05:51parce que ça veut dire
05:51qu'on est en train de s'abonner
05:52aux affaires courantes,
05:53au gouvernement des missionnaires.
05:55On a Bruno Retailleau
05:56qui prend des décisions
05:56de sécurité publique,
05:58évidemment,
05:59au nom de la continuité de l'État.
06:00Mais au fond,
06:02est-ce qu'on n'est pas en train
06:03de devenir des Belges XXL ?
06:05Est-ce qu'ils s'en sortent plus mal
06:06sans gouvernement, les Belges ?
06:08Non.
06:08Mais justement,
06:09si on arrive à se dire
06:12que le politique
06:13est finalement
06:14la source de nos problèmes,
06:15je vais même plus loin,
06:16j'ai l'impression que dans l'opinion,
06:17c'est presque cette idée
06:18qu'il n'y ait plus de politique
06:19qui les arrange.
06:20Là, on peut rentrer
06:21dans tout ce qu'on va appeler
06:23la contre-démocratie,
06:24les populismes.
06:26Et je pense que c'est
06:26le terreau fertile
06:27de beaucoup de décisions
06:28qu'on peut regretter par la suite.
06:29Donc moi, j'aimerais vraiment
06:30qu'on rétablisse le politique,
06:32peut-être,
06:32au point qu'il s'annule lui-même.
06:33Si on fait moins de lois
06:34et qu'on essaie
06:35d'être moins présent,
06:35on peut faire de la politique
06:36très bien, à mon avis.
06:37C'est ça.
06:37Peut-être moins de lois,
06:38peut-être faire des décrets
06:39comme ça,
06:40gouverner de manière
06:40moins toniturante,
06:41peut-être parler,
06:42je suis un peu schizophrène de ça
06:43parce que j'en invite un tous les matins,
06:44parler un peu moins souvent
06:45pour les politiques aussi,
06:46on les entend trop,
06:47ils caturent l'espace.
06:47Je ne suis pas sûre,
06:48mais je pense qu'ils parlent
06:49de beaucoup de choses
06:50qu'ils ne font pas
06:50et qu'ils font beaucoup de choses
06:52dont ils ne parlent pas.
06:53Donc moi,
06:54ce que j'aimerais bien,
06:54c'est qu'on rétablisse
06:55la parole,
06:56les actes
06:56et que surtout,
06:57on essaye de contracter
07:00un peu tout ça.
07:01Vous savez,
07:01on nous parle toujours
07:01de l'esprit de coalition allemand,
07:03mais il n'y a pas de secret,
07:04il faut en parler avant
07:05autour d'une table
07:06et en faire beaucoup moins
07:08et beaucoup mieux.
07:09Bon, après,
07:09il y a quand même quelque chose,
07:10c'est une sorte d'humeur.
07:13Il y a deux semaines,
07:13on était au bord du gouffre,
07:14on disait,
07:15attention François Bayrou,
07:16dramatisé,
07:16c'est le chaos,
07:17ça va être la catastrophe,
07:18on va tous mourir.
07:20Et puis là,
07:20finalement,
07:21c'est tranquille,
07:22c'est le beau d'aller.
07:24Il n'y a pas le moins des problèmes.
07:26Si vous mettez ce fond musical,
07:28je vais avoir du mal à réagir
07:29parce que moi-même,
07:30je vais finir par être anesthésiée
07:31par la beauté de cette musique.
07:33Vous voyez la dramatisation
07:34qui a disparu comme ça,
07:35paf !
07:36Alors, néanmoins,
07:36les échéances avancent,
07:37c'est-à-dire que là,
07:38on a de moins en moins
07:39de certitudes
07:40de pouvoir avoir un budget
07:41à la fin de l'année.
07:42On a une cristallisation
07:43autour de la taxe Zuckman
07:44pour toutes les possibilités
07:46de dialoguer entre nous.
07:48On voit bien qu'en fait,
07:49on est à la fois
07:50dans un énorme paradoxe
07:51de l'huile de la Ve République,
07:52c'est-à-dire qu'on est en train
07:53de s'habituer au fait
07:53qu'il n'y ait plus de politique
07:54et pourtant,
07:55il n'y a jamais eu autant d'urgence
07:56pour les Français.
07:57C'est très perturbant, Thomas.
08:00Eh bien, on n'est pas au bout.
08:01Merci beaucoup à vous.
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