- il y a 4 mois
Regardez L'esprit de l'info avec Roger-Pol Droit avec Thomas Sotto du 27 août 2025.
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00:00Nous sommes ensemble jusqu'à 9h30, l'esprit de l'info sur RTL, nouveau rendez-vous pour vous donner quelques clés de l'actualité,
00:09pour nous aider à mieux comprendre tout ce qui se passe et il s'en passe des choses, notamment dans la vie politique depuis 48 heures.
00:14Ce matin c'est avec vous Camille Pascal, bonjour et bienvenue.
00:17Merci Thomas de votre invitation.
00:19Grand prix du roman de l'Académie française en 2018 pour l'été des quatre rois, vous êtes aussi historien et vous avez été plume,
00:24autrement dit vous avez écrit des discours pour Nicolas Sarkozy ou encore pour l'ancien Premier ministre Jean Castex.
00:30Vous avez aussi travaillé avec François Bayrou quand il était ministre de l'éducation, c'est ça ?
00:33Oui, je pense que c'est bien de le dire parce que je crois qu'il faut être transparent avec vos auditeurs.
00:38Donc je connais bien François Bayrou, j'ai été son collaborateur, je suis entré dans la vie politique administrative grâce à lui
00:44et je lui conserve une amitié.
00:49Il vous a téléphoné ces derniers jours ou pas ?
00:52On se parle de temps en temps mais moi je fais très attention, je ne suis pas membre de son cabinet, on parle de choses et d'autres.
00:58Et vous l'avez eu depuis avant-hier ?
01:00Nous avons échangé par SMS.
01:01Qu'est-ce qu'il vous dit si ce n'est pas secret ? Vous le sentez serein ?
01:04Il a répondu tout de suite à mes messages par des petits smileys sympathiques.
01:08Vous savez, c'est un homme politique qui a été bronzé, comme on disait autrefois, par 40 ans de vie politique.
01:25Alors on peut en dire, on peut en penser ce que l'on veut.
01:27Moi je ne suis pas là pour faire son agéographie.
01:30Mais je ne vendrai pas la peau du Bayrou avant de l'avoir tué.
01:34Ah, vous pensez qu'il n'a pas forcément...
01:37Non, d'abord je pense qu'il fait ça de façon extrêmement raisonnable.
01:42Je n'ai pas échangé, que mes propos soient très clairs, il ne m'a pas donné d'explication.
01:47Mais vous n'êtes en aucun cas son porte-parole ce matin.
01:48Non, non, non, non.
01:49Mais il faut bien que vos auditeurs sachent qui je suis par rapport à lui.
01:54Sinon ce serait d'une malhonnêteté intellectuelle parfaite.
01:57Donc en réalité, moi tout le monde a dit, oh là là, mais pourquoi ?
02:01Il prend cette décision de consulter la représentation nationale le 8 septembre.
02:10Donc deux jours avant...
02:12Le 10.
02:13Le 10.
02:14Et bloquons tout.
02:15Oui, ce que je trouve pour le coup très habile.
02:17Parce que ça coupe l'herbe sous le pied.
02:19Quoi qu'il arrive, ça coupe l'herbe sous le pied de ce mouvement multiforme,
02:24dont on ne sait pas très bien, qui m'a l'air quand même bien organisé
02:26par certains réseaux politiques, contrairement aux gilets jaunes qui étaient spontanés.
02:33Et là, il lui coupe l'herbe sous le pied.
02:34Pourquoi ? Parce que s'il tombe, pourquoi manifester contre un gouvernement qui n'existe plus ?
02:41S'il arrive à obtenir la confiance,
02:44Évidemment, la rue perd toute crédibilité.
02:50Puisqu'il a été renforcé par le...
02:52Donc ça déjà, je trouve ça, pour être tout à fait franc, assez malin.
02:56Bon, on va réécouter quelques-uns des mots de François Bayrou.
02:59C'était hier.
03:00Hier, François Bayrou qui mettait en balance le chaos ou la responsabilité.
03:04Dans les 13 jours qui viennent, les Français vont choisir, vont influencer leurs représentants
03:11pour qu'ils choisissent et disent s'ils se placent du côté du chaos ou du côté de la conscience et de la responsabilité.
03:19Le chaos ou la responsabilité ? L'homme de l'être, la plume que vous êtes, trouve-t-il que le choix des mots est le bon ?
03:26Écoutez, oui, il dramatise.
03:27Il dramatise dans une période politique qui se crispe.
03:34Mais vous savez, j'ai entendu...
03:35J'avais juste une question.
03:36Oui ?
03:36C'est pas vous qui l'avez.
03:37Non, non, non.
03:37Le discours d'avance n'est pas du tout.
03:39Non, non, non.
03:39On est d'accord.
03:40Non, non, non.
03:40Non, non, non.
03:42J'ai rangé...
03:44Certains rangent les gants.
03:45Moi, j'ai rangé mon plumeur.
03:46J'écris pour moi.
03:47Ce qui n'a pas été le cas tout au long de ma vie.
03:49J'ai écrit des livres et je garderai là-dessus un secret absolu.
03:53J'ai écrit des livres pour des gens qui les signaient.
03:57Mais je...
03:58Voilà.
03:59Non, maintenant, j'écris pour moi.
04:01Mais ça ne m'empêche pas d'avoir gardé des relations de proximité avec tous ceux que j'ai servis.
04:06Alors, le choix des mots.
04:08Là, il y a eu ce discours, cette conférence de presse.
04:11Il devait faire un discours de politique générale avant le vote de confiance le 8 septembre.
04:15Alors, qu'est-ce que vous lui conseilleriez comme mots, comme tournure de phrases, comme construction ?
04:21Comment on fait pour que ça marque dans une époque qui est trop bavarde et où on ne retient plus rien ?
04:25Alors, justement, d'éviter...
04:27Mais ça, il sait très bien le faire.
04:29Vous savez, c'est un homme de lettres, lui aussi.
04:30C'est pour ça qu'on a eu un contact.
04:32Vous savez, il est agrégé.
04:35J'ai pour lui de l'admiration pour le trajet qu'il a accompli dans la société.
04:41Vous savez, son père est quasiment mort sur un tracteur.
04:43Donc, c'est un paysan.
04:45C'est un paysan bernet.
04:47Il a passé la grecque de lettres.
04:49Il a...
04:50Bon, tout le monde le sait, mais il a dépassé son bégayement.
04:54Bon, et c'est un...
04:55Alors, je crois que...
04:57Pardon, mais la vie politique aujourd'hui souffre d'une chose terrible.
05:01C'est l'inculture.
05:03Littéraire, historique, on entend n'importe quoi.
05:07Ce n'est pas son cas.
05:07Moi, c'est un homme qui est capable de vous réciter Victor Hugo pendant une demi-heure autour d'un bon plat de frites.
05:14Mais ça ne règle pas les problèmes de fin de mois ?
05:16Non, mais vous me parlez des mots.
05:18Donc, il n'a pas besoin de qui que ce soit pour écrire.
05:20Moi, si j'avais un conseil à lui donner, dans toute modestie, c'est d'être ce qu'il est.
05:25C'est-à-dire qu'il n'a jamais été un Parisien.
05:26On se moque un peu de lui en disant, oui, il part à Pau, etc.
05:33C'est un homme des Pyrénées.
05:37Je crois qu'il faut qu'il parle la langue qui sait parler et qui est celle des Français.
05:42Après, il sera entendu ou pas entendu.
05:46Je pense qu'il ne faut pas de formule de communicant.
05:50Je pense qu'il faut qu'il soit lui.
05:51Parce que, de toute façon, là, ils jouent...
05:52Il y en a trop des formules de communicant.
05:53Oui, il y a beaucoup trop d'éléments de langage.
05:56Ça, c'est un peu des années Sarkozy.
05:58Vous étiez dans la boucle.
05:59Oui, mais je trouve que c'était...
06:03Comment dire ?
06:03Au début, c'est une nouveauté.
06:05Donc, ça fonctionne.
06:07Après, ça ne fonctionne plus.
06:08Oui.
06:08Il y a un discours de politique générale qui vous a marqué, vous.
06:11C'est celui de Jacques Chabandelma.
06:12C'était le 16 septembre 1969.
06:15De cette société bloquée, je retiens trois éléments essentiels.
06:20Liés les uns aux autres.
06:21La fragilité de notre économie.
06:23Le fonctionnement souvent défectueux de l'État.
06:25Voilà, enfin, l'archaïsme et le conservatisme de nos structures sociales.
06:32Je crois aussi que les Français sont aujourd'hui en état de le considérer et d'en tirer les leçons.
06:38Pourquoi celui-là ?
06:39Parce que vous dites que François Bayrou pourrait le reprendre le...
06:41Non, alors d'abord, le constat est le même, j'allais dire, 60 ans plus tard.
06:45Donc, ça veut bien dire que la France est malade depuis près de 60 ans des mêmes mots.
06:53Et ça, c'est inquiétant pour une société qui a connu des alternances, etc.
06:57Alors, pourquoi ce discours m'intéresse ?
07:03C'est parce que je l'ai beaucoup travaillé, je l'ai beaucoup lu.
07:05Il est considéré comme un des grands discours de la Ve République.
07:08Et en fait, il est creux.
07:11Il n'y a rien.
07:11Hein ?
07:12Non.
07:12Le constat est bon.
07:15Mais sur le reste, sur la nouvelle société, etc.
07:17C'est extrêmement fumeux.
07:19C'est extrêmement creux.
07:21Et en fait...
07:21Mais c'est un bon discours ou pas ?
07:23Oui, pourquoi ?
07:23Non, mais c'est ça qui est intéressant.
07:25Pourquoi est-ce que c'est un bon discours ?
07:26Parce que ce n'est pas le fond qui, à l'époque, a percuté la vie politique.
07:32C'est ce qui était sous-entendu, c'est-à-dire une critique du gaullisme.
07:36Et c'est ça qui est fascinant dans ce discours.
07:38C'est que dans ce discours, il n'y a rien.
07:41Il a été écrit par Delors, tout le monde le sait.
07:43Il n'y a rien.
07:44Je vous dis, je l'ai lu, je l'ai travaillé, je l'ai décortiqué.
07:47Mais ce qui est intéressant, ce n'était pas ce qu'il y avait dedans.
07:50C'était ce qu'il sous-entendait.
07:51C'est-à-dire, au fond, de fermer la période du gaullisme.
07:56Et qu'un gaulliste, un homme désigné par le général de Gaulle, critique le général.
08:01Et c'est ça qui a percuté la vie politique.
08:06Comme quoi, les mots, pardon, ne sont pas ceux que l'on prononce, mais ceux qu'il y a dessous.
08:10Absolument. Il faut prendre le temps de les lire, de les regarder, de les décortiquer.
08:13Camille Pascal, vous avez travaillé aussi avec Jean Castex, je le disais.
08:16Son nom dans Le Parisien est cité pour revenir à Matignon.
08:18Alors, écoutez, là vous allez dire que je suis ami avec le Wouzou, mais Jean est un ami.
08:28Nous avons travaillé ensemble à l'Elysée entre 2010 et 2012.
08:34C'est lui qui a fait appel à moi.
08:36Moi, je n'ai pas envoyé de lettre de candidature à Matignon quand il a été nommé.
08:43Nous avons travaillé ensemble, j'ai fait ce que je pouvais.
08:45Alors, ce n'est pas un bon souvenir pour moi, Matignon, parce que c'est Matignon confiné.
08:49Je pense que c'est un bon souvenir pour aucun Français, d'ailleurs.
08:52Et c'est très curieux d'être un Matignon au cœur de l'État et du fonctionnement de l'État,
08:56avec un masque sur le visage, en visio et avec personne.
08:59Personne, on était quelques-uns autour du Premier ministre.
09:01Juste parce qu'on arrive au bout, il pourrait y retourner ?
09:03Vous pensez que ce serait une bonne idée ou pas ?
09:04Écoutez, je crois que ça s'est toujours bien passé avec l'actuel président de la République,
09:08qui a, dans le fonctionnement, été le bon.
09:10Est-ce que Jean en a envie ? Je n'en suis pas certain.
09:13Il n'y a pas eu de texto ? Non.
09:14Envoyez-lui, puis vous nous direz quand vous viendrez nous voir.
09:16Je l'avais envoyé en 2020, je me souviens, à texto, en lui disant
09:19si la rumeur que j'entends est vraie, c'est la meilleure nouvelle depuis 2012,
09:23si elle est fausse, prenons un café, quand il devait être nommé.
09:25Et vous avez répondu ?
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