- il y a 15 heures
- #energie
- #economie
- #jancovici
- #decroissance
- #france
Dans cette vidéo publiée sur la chaîne Hugo Décrypte, Jean Marc Jancovici, ingénieur, spécialiste énergie climat, président du Shift Project et cofondateur du cabinet Carbone 4, explique pourquoi la décroissance est déjà en marche en France.
Il détaille la baisse structurelle de l’énergie disponible, l’évolution des mètres carrés construits, la diminution des tonnes transportées par camion et les effets directs sur l’économie réelle. Il revient aussi sur l’invendabilité politique du mot décroissance, la réalité physique derrière le PIB et les conséquences sociales et politiques de cette décrue énergétique qui touche une large majorité de la population française.
Une analyse claire et percutante qui éclaire les débats sur la croissance verte et les limites matérielles de nos sociétés.
#energie #economie #jancovici #decroissance #france
Il détaille la baisse structurelle de l’énergie disponible, l’évolution des mètres carrés construits, la diminution des tonnes transportées par camion et les effets directs sur l’économie réelle. Il revient aussi sur l’invendabilité politique du mot décroissance, la réalité physique derrière le PIB et les conséquences sociales et politiques de cette décrue énergétique qui touche une large majorité de la population française.
Une analyse claire et percutante qui éclaire les débats sur la croissance verte et les limites matérielles de nos sociétés.
#energie #economie #jancovici #decroissance #france
Catégorie
📚
ÉducationTranscription
00:00À partir du moment où l'énergie disponible dans une zone baisse de manière subie,
00:05ça va vous dire, et du vrai c'est ce qu'on voit avec la production industrielle,
00:07la production industrielle en Europe elle baisse depuis 2007.
00:10Donc ça veut dire que la production vraie, j'ai envie de dire,
00:13ce qui se compte en mètres carrés, en tonnes, en litres, en mètres cubes,
00:16est en train de baisser.
00:18Alors après on peut toujours tripatouiller les potentiomètres
00:21pour avoir en apparence une croissance économique,
00:24parce qu'on a plus d'activités financières,
00:28des honoreurs d'avocats qui augmentent, etc.
00:30Mais en fait c'est une fausse croissance.
00:32Si moi par exemple qui suis consultant de mon métier,
00:34j'augmente mes zones horaires d'une année sur l'autre,
00:36je ne vais pas travailler plus d'heures.
00:38Vous achèterez toujours une heure de Jean Covici.
00:40C'est ça qui vaut ce qu'elle vaut.
00:42Et si je la facture deux fois plus cher, c'est de la croissance.
00:51Sur la question énergétique,
00:53et plus largement d'ailleurs sur la question économique ici,
00:54parce qu'on parle de la France,
00:55dans le cadre de ces sujets,
00:57la question de la décroissance revient régulièrement dans les débats,
01:00enfin régulièrement,
01:00parce qu'elle revient de temps en temps dans les débats.
01:02Ça a été popularisé par certains ouvrages récents,
01:04même si c'est un terme qui est ancien,
01:06celui de l'économiste récemment,
01:07Timothée Parikh,
01:08qui a écrit un livre sur le sujet.
01:10Quand on parle de décroissance,
01:11ça va prendre plusieurs formes.
01:13Décroissance du PIB,
01:14aussi d'un point de vue justement
01:15d'utilisation énergétique.
01:18Quel regard est-ce que vous portez
01:20sur ce débat-là aujourd'hui ?
01:21Alors je pense que c'est un projet invendable.
01:25Invendable au sens ?
01:26Invendable.
01:26Y compris auprès des politiques ?
01:28Auprès de tout le monde.
01:29Je pense que,
01:30allez, je vais être un peu méchant,
01:32à part quelques intellos urbains,
01:36je pense que c'est juste invendable.
01:38Vous allez voir,
01:39il y a une fraction croissante des Français
01:41qui sont à découvert dès le 15 du mois,
01:42et vous allez leur prononcer le mot décroissance.
01:45Alors ça ne veut pas dire que moi,
01:46je ne crois pas qu'elle va arriver de toute façon,
01:48mais c'est un autre débat.
01:49Ça ne veut pas dire que je crois
01:51qu'on va pouvoir maintenir
01:53les flux matériels d'aujourd'hui constants.
01:55Mais encore une fois,
01:55c'est un autre débat.
01:56Moi, je vous parle simplement
01:57du débat sémantique,
01:59du débat marketing,
02:00j'ai envie de dire.
02:02Vous allez croiser
02:03un certain nombre de gens dans la rue,
02:04puis vous leur dites,
02:05tiens, j'ai un truc à te vendre,
02:06c'est génial.
02:07Vous voyez votre manteau,
02:08comme les vieux vendeurs de montres
02:09à la sauvette,
02:10la décroissance.
02:13Donc je pense que c'est invendable.
02:15Ce qui est vendable,
02:17c'est de vendre,
02:17puis personne n'accepte
02:19qu'on vous vende moins.
02:20C'est biologique,
02:21ça c'est pareil.
02:22Ce qu'on peut accepter,
02:23c'est d'avoir moins quelque part,
02:25parce qu'on va vous vendre plus
02:26ailleurs.
02:27D'accord ?
02:28Alors, je ne sais pas moi,
02:32vous avez un projet de vie,
02:34j'ai vu un reportage là-dessus une fois,
02:37de gens qui disent,
02:38moi j'avais envie de plus d'air pur,
02:40de plus d'espace pour les gamins,
02:42d'être moins stressé,
02:43etc.
02:44Donc j'ai quitté l'île de France,
02:45je suis allé vivre en dehors de l'île de France,
02:47je gagne moins d'argent
02:48et je suis plus heureux.
02:49C'est un projet de décroissance
02:50ou pas de décroissance ?
02:51Moi, je ne sais pas dire.
02:53C'est un projet de décroissance économique,
02:55puisque les gens gagnent moins d'argent,
02:56et c'est un projet de croissance du bonheur,
02:58puisqu'ils sont plus heureux.
02:59Mais ça n'a jamais été vendu,
03:01quand les gens font ce pas-là,
03:03ce qu'ils achètent d'abord,
03:05ce n'est pas le fait
03:05qu'ils vont gagner moins d'argent.
03:06Ce qu'ils achètent d'abord,
03:07c'est l'air pur,
03:08l'espace pour les gamins,
03:09le fait qu'ils sont détendus
03:10et que s'ils ont envie
03:11de se balader dans la forêt,
03:12ils habitent juste à côté.
03:13C'est ça qu'ils achètent.
03:14Donc, en matière de décroissance,
03:16je ne crois pas une seconde
03:18qu'on puisse vendre la décroissance
03:19comme projet principal.
03:20Ce que je crois,
03:21c'est qu'on peut arriver
03:22à la faire passer
03:22dans des projets
03:24qui, par ailleurs,
03:26ont un argument de vente principal
03:28qui n'est pas celui-là.
03:29Je vais reprendre l'exemple
03:30de mon vélo.
03:31C'est un peu anecdotique,
03:32le vélo.
03:32Aujourd'hui,
03:33c'est quelques pourcents
03:33des déplacements.
03:34Je ne voudrais pas
03:34que les gens
03:35qui roulent en voiture
03:35et qui me regardent
03:36se disent qu'ils sont
03:36complètement obsédés
03:37par le vélo.
03:37Je trouve que pédagogiquement,
03:39c'est intéressant.
03:41Les gens qui le peuvent
03:41et qui le font
03:42quand ils passent
03:44de la voiture au vélo
03:45ou quand ils n'achètent pas
03:47de voiture alors qu'ils pourraient.
03:48C'est une autre manière
03:49de faire la même chose.
03:50Ils remplacent un engin
03:51qui fait une tonne et demie
03:52par un engin qui fait 20 kilos.
03:54Souvent, les gens
03:54qui se mettent au vélo
03:55se mettent au vélo électrique.
03:57C'est une forme de décroissance.
03:59Vous avez divisé par 70
04:00la masse de l'engin
04:01que vous utilisez
04:01pour vous déplacer.
04:02Ça va beaucoup moins vite,
04:03etc.
04:04Mais les gens qui font ça
04:06par ailleurs,
04:06notamment pour se déplacer
04:07en milieu urbain,
04:08se disent que ça va plus vite
04:09dans les embouteillages.
04:10Donc, en fait,
04:10ils ne perdent rien.
04:11Que le nombre de jours
04:12où ils se font tremper
04:13comme une soupe
04:13en arrivant...
04:14En fait, quand on compte bien,
04:15il n'y en a pas tant que ça.
04:17Qu'ils ne sont pas stressés
04:17à chercher une place de parking.
04:19Qu'ils sont contents
04:19de faire un peu d'exercice
04:20le matin.
04:22Enfin, voilà.
04:23De temps en temps,
04:23ils tapent la discute
04:24avec la personne
04:24qui a arrêté à côté d'eux.
04:26Voilà.
04:26S'ils ont des gamins,
04:27les gamins dans la carriole
04:28à vélo,
04:28ils bidonnent,
04:28ils adorent ça.
04:30Donc,
04:31et c'est ça qu'ils achètent.
04:32Ils ne vont pas acheter
04:33la décroissance.
04:34Bon,
04:35ce n'est pas ça.
04:36Donc, je ne crois pas au terme.
04:38Nulle part.
04:40Je crois
04:41que ça peut,
04:42encore une fois,
04:43être embarqué
04:43dans des projets
04:44qui ne vendent pas ça.
04:45Et que ça, par contre,
04:46c'est de la responsabilité
04:47des gens
04:47qui pensent
04:49qu'on va devoir
04:50de toute façon
04:50diminuer les flux physiques.
04:51Et moi, j'en fais partie.
04:52de se creuser un peu
04:54la cervelle
04:54pour essayer de proposer
04:56des choses
04:56qui, de fait,
04:57effectivement,
04:58permettent de diminuer
04:58les flux physiques
04:59et sont compatibles
05:00avec une baisse des revenus
05:01si elle arrive.
05:02Mais ça ne va pas être ça
05:03l'argument principal de vente.
05:04Et là,
05:05c'est vrai que,
05:06pour bien comprendre
05:06votre regard là-dessus,
05:07on prend des exemples
05:08qui sont de l'ordre
05:09de l'échelle individuelle
05:10sur des cas
05:11pour bien comprendre tout ça.
05:12Mais c'est vrai
05:13que quand on parle de croissance,
05:14c'est souvent dans un discours
05:15politique
05:16qu'il est porté.
05:18Et on le voit politiquement.
05:20C'est vrai que vous le dites,
05:20s'il n'y a aucune personnalité politique,
05:22même d'ailleurs peut-être
05:22certaines qui seraient alignées
05:23avec des regards peut-être
05:26de personnes pour la décroissance
05:27qui vont porter ce terme-là.
05:28Mais pour comprendre
05:29à l'échelle plus globale
05:31et à l'échelle politique
05:32et de la société,
05:34vous dites que c'est inévitable,
05:36c'est-à-dire que vous ne croyez pas aussi
05:37à tous les discours
05:40de croissance verte, etc.,
05:42qui sont portés à l'échelle...
05:42Alors moi,
05:43je dis que c'est plus qu'inévitable,
05:45je dis que c'est déjà en route
05:46en France.
05:48Alors, je dis que c'est déjà en route
05:50et qu'aujourd'hui,
05:52le PIB en croissance,
05:53en fait,
05:53c'est essentiellement conventionnel.
05:56Ça ne correspond plus
05:57à une réalité physique.
05:59Il y a deux indicateurs
05:59de l'économie
06:00que je regarde depuis maintenant
06:01de nombreuses années
06:01qui me paraissent correspondre
06:03à une forme de réalité physique.
06:05C'est les mètres carrés
06:06qu'on construit dans l'année.
06:08Combien on construit
06:09de mètres carrés
06:10de bâtiments dans l'année ?
06:11Et il se trouve qu'en Europe,
06:12le maximum de la construction
06:13est passé en 2007.
06:15Depuis 2007,
06:16le nombre de mètres carrés
06:17qu'on construit dans l'année
06:17et c'est une tendance européenne.
06:19Ce n'est pas une tendance
06:19juste française.
06:20Construite de moins en moins.
06:20A tendance exactement à baisser.
06:22Et il y a un deuxième indicateur
06:23que je trouve très intéressant,
06:24c'est les tonnes qu'on charge
06:25dans les camions chaque année.
06:26D'accord.
06:27Alors, c'est donc juste,
06:28on prend la quantité totale
06:29de marchandises
06:30qu'on a chargées
06:31dans une caisse de camions.
06:32Alors, c'est intéressant
06:33parce que les camions,
06:34absolument tout objet
06:35que vous voyez dans cette pièce
06:36sera passé par la caisse
06:37d'un camion.
06:38C'est vrai pour cette table,
06:39c'est vrai pour ce verre,
06:40c'est vrai pour la farine.
06:41C'est vrai pour le micro,
06:42c'est vrai pour le tapis qui est là,
06:44c'est vrai pour la plante en peau.
06:45Je n'ai que moi-même le tapis.
06:48Alors, c'est vrai pour la laine
06:49avec laquelle vous avez fait ça
06:50pendant les longues soirées d'hiver.
06:52C'est vrai pour les lampes
06:53qui nous éclairent.
06:54Absolument tout sera passé
06:55par la caisse d'un camion.
06:57Et même quand vous avez
06:57du transport ferroviaire
06:58ou du transport par bateau,
07:01c'est rare qu'il n'y ait pas
07:01un segment à un moment
07:03qui soit assuré par camion.
07:05Donc, les tonnes qu'on a chargées
07:08dans les camions dans l'année,
07:09ça donne une bonne indication
07:10de tout ce qui a été produit
07:10dans un pays
07:11et tout ce qui a été consommé
07:12dans un pays.
07:13Et bien cet indicateur-là,
07:14il diminue également depuis 2007
07:16en tendance en Europe.
07:19Pas très vite.
07:20Alors, qu'est-ce qui s'est passé en 2007 ?
07:22Il se trouve que 2007
07:23est le maximum
07:24de l'approvisionnement énergétique européen.
07:26Aussi.
07:27C'est-à-dire qu'à partir de 2007,
07:29l'approvisionnement énergétique européen
07:31s'est mis à baisser
07:32comme résultat de trois évolutions
07:35qui se sont empilées
07:36les unes sur les autres.
07:37L'approvisionnement européen en charbon
07:38baisse depuis les années 80.
07:401980.
07:41Parce que le charbon se transporte mal.
07:42C'est un pondéro solide.
07:44Ça pèse lourd
07:45et c'est gros.
07:46Ça occupe des gros volumes.
07:47Ça ne se transporte pas bien.
07:48Et donc,
07:49quand la production domestique
07:50de charbon commence à baisser,
07:51en général,
07:51la consommation domestique
07:52de charbon,
07:53elle baisse aussi.
07:56Le pétrole est passé
07:57par un pic d'approvisionnement,
07:59un pic de production
08:00au niveau mondial
08:01en 2008
08:02pour le pétrole
08:02qu'on appelle conventionnel.
08:03C'est-à-dire tout ce qui n'est pas
08:04le pétrole de schiste américain
08:05et les sabbitumineux canadiens.
08:07Et ça,
08:08ça a renversé l'évolution
08:09dans tous les pays industrialisés.
08:12Et enfin,
08:13le gaz en Europe
08:14est passé par un maximum
08:15en 2005
08:15parce qu'à ce moment-là,
08:16la mer du Nord
08:17a passé son pic
08:17et comme le gaz est gazeux,
08:18il se transporte très mal.
08:20Et donc,
08:20à partir du moment
08:21où régionalement
08:22ou localement
08:22la production baisse,
08:23c'est pareil,
08:24c'est très difficile
08:24de conserver un approvisionnement
08:26en très forte hausse.
08:27Et en fait,
08:27l'approvisionnement européen,
08:28quand la mer du Nord
08:29qui faisait plus de la moitié
08:30en 2005
08:31du gaz consommé en Europe
08:32est passé par son maximum,
08:33instantanément,
08:34la consommation de gaz européenne
08:35s'est arrêtée de monter.
08:37Et pourquoi ?
08:38Parce que les prix montent ?
08:39Parce qu'il n'y a plus de volume ?
08:40Parce que ce n'est pas transportable
08:41d'ailleurs facilement.
08:43Comme le gaz est gazeux,
08:44la seule façon
08:44de le transporter facilement,
08:45c'est d'avoir un tuyau.
08:47Et le tuyau,
08:47il faut que vous ayez
08:48un pays consommateur
08:48et un pays producteur.
08:50Et si le tuyau
08:51part de la mer du Nord
08:52et que la mer du Nord
08:53voit sa production baisser,
08:55vous ne pouvez pas
08:56prendre le tuyau
08:57par hélicoptère
08:58et puis aller le coller
08:59au Qatar,
08:59en Iran,
09:01aux Etats-Unis.
09:02Il y a des éléments
09:03des contraintes physiques
09:04qui font que...
09:06Et le gaz,
09:07quand vous le transportez
09:08sous forme liquide
09:09dans des bétaniers,
09:10en fait,
09:10vous en perdez
09:1110 à 20% au passage.
09:13Les coûts
09:14pour construire
09:15les infrastructures
09:15de liquéfaction
09:16sont extrêmement élevés.
09:18Les délais de construction
09:19de ces infrastructures
09:20sont élevés, etc.
09:21Et donc,
09:22aujourd'hui,
09:22vous n'avez que 10%
09:23du gaz consommé
09:24dans le monde
09:24qui est sous forme
09:25de GNL.
09:26D'accord ?
09:27Les liquéfactions,
09:28etc.
09:2990% transitent
09:31sous forme gazeuse
09:32avec des tuyaux.
09:33Et donc,
09:34quand la production
09:34baisse à un côté
09:35du tuyau,
09:36la consommation baisse
09:37de l'autre côté
09:37du tuyau.
09:38Donc,
09:39vous dites qu'il y a
09:39déjà une décroissance
09:40qui est en marche.
09:41Oui.
09:41Mais simplement pour...
09:42Et pour finir,
09:44je relis ça
09:45à la situation politique
09:46du moment.
09:47C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
09:48vous avez...
09:49Allez,
09:49je vais dire n'importe quoi.
09:50Je ne sais pas si c'est
09:5070, 80, 90%
09:52de la population française,
09:53mais c'est dans ces eaux-là
09:54qui est entraînée
09:57dans cette décrue énergétique
09:58subie.
09:59Parce qu'elle est subie.
10:00En 2007,
10:00il n'y a pas eu
10:00de politique climatique
10:01particulière
10:02et il ne s'est rien passé
10:02de particulier.
10:04Eh bien,
10:05qui est entraînée
10:05dans cette politique,
10:06dans cette décrue énergétique
10:07subie
10:08et qui voit la vie
10:08devenir de plus en plus
10:09difficile sur le plan
10:10économique,
10:11logement,
10:11déplacement,
10:12etc.
10:13Et qui vote
10:14de manière de plus en plus
10:15importante
10:16pour des gens
10:17qui promettent
10:17de renverser la table.
10:18Et vous avez
10:20les 20%
10:21qui surnagent au-dessus
10:21qui sont les cadres urbains
10:22gagnants de la mondialisation
10:23qui ne voient pas
10:25avec leur sens
10:25ce qui est en train
10:26de se passer
10:26chez les 80%
10:27et qui disent
10:28il suffit de gueuler
10:29contre tel ou tel candidat
10:30ou candidate
10:30et puis tout se passera bien.
10:31Mais non,
10:32tout ne va pas bien se passer
10:33parce que le déterminant
10:33n'a rien à voir avec ça.
10:34Le déterminant,
10:35c'est la décrue physique
10:36qui est déjà à l'œuvre
10:37et qui donne
10:38à une fraction croissante
10:39de la population
10:40dans ce pays
10:40le sentiment
10:41qu'elle est laissée
10:41sur le bord de la route
10:42et que tout le monde s'en fout.
10:44Alors,
10:44à tort ou à raison,
10:45je ne dis pas
10:45que tout le monde s'en fout
10:45mais c'est ça.
10:48Il y a avec des gens
10:48qui capitalisent là-dessus
10:49et on est déjà
10:51en train de le vivre ça.
10:52Et en ligne de pente,
10:53malheureusement,
10:53il suffit de laisser passer le temps
10:54et ça va s'aggraver.
10:56Mais sur l'indicateur
10:57par exemple
10:57des camions de marchandises,
11:00vous dites du coup
11:00qu'il y a une baisse
11:02de ce point de vue-là
11:03au fil des années,
11:03depuis 2007.
11:04Des tonnes chargées.
11:05Des tonnes chargées.
11:06Mais spontanément,
11:07je pense à ceux
11:07qui vont nous écouter,
11:08ça paraît très contradictoire
11:09avec ce qu'on entend
11:10et ce qu'on voit très récemment.
11:13Je ne sais pas,
11:13on peut parler
11:13de la question du débat
11:14sur Chine
11:15et toutes les plateformes
11:16de ultra fast fashion,
11:18de ces importations
11:19qui paraissent colossales.
11:20On a des chiffres d'ailleurs
11:21qui ont été communiqués
11:22sur ça.
11:23Alors là,
11:23je vous parle
11:23d'une tendance sur 20 ans.
11:26Ça n'exclut pas
11:28que vous puissiez avoir
11:29des sous-ensembles
11:30sur lesquels
11:31ça ne va pas se passer
11:32comme ça
11:32sur quelques années.
11:34Ce n'est pas du tout
11:35incompatible.
11:35Ou des catégories
11:36de produits ou autre chose
11:37qui vont connaître...
11:38Oui, exactement.
11:38Ce n'est pas du tout
11:39incompatible.
11:40Et je reboucle
11:41au risque d'être répétitif.
11:43Ce que j'ai bien compris
11:44sur la question
11:44du pétrole ou du gaz,
11:45mais dans le cas
11:46des camions
11:47et de la baisse
11:49de cargaison
11:50de marchandises
11:52dans ce cadre-là,
11:53comment est-ce
11:53que vous l'expliquez ?
11:55Vous l'expliquez
11:55par la question
11:56des ressources énergétiques
11:57pour le permettre ?
11:58Alors,
11:59quand vous regardez
12:00historiquement
12:00quelle est la production
12:04économique mondiale
12:04en fonction de la quantité
12:06d'énergie utilisée
12:06dans le monde,
12:07vous avez une quasi-droite.
12:08Alors,
12:09tout simplement
12:09parce que l'énergie
12:10c'est la nourriture
12:10des machines
12:11et en fait
12:12la quantité d'énergie
12:13qu'on utilise dans le monde
12:13c'est tout simplement
12:14la quantité de machines
12:15qui travaillent pour nous.
12:16C'est aussi bête que ça
12:17parce que l'énergie
12:17ne sert qu'à ça,
12:18elle sert à faire fonctionner
12:19des machines.
12:19et il faut savoir
12:21que les machines
12:22que vous avez dans le monde
12:23sont à tout instant
12:25en gros
12:25200 fois plus puissantes
12:26que les muscles
12:27de l'humanité.
12:28C'est-à-dire,
12:28si je regarde
12:28à l'instant où on se parle
12:29en ce moment,
12:30les camions qui sont
12:31en train de rouler,
12:32les avions qui sont
12:32en train de voler,
12:33les bateaux qui sont
12:34en train de se déplacer,
12:35les laminoirs qui sont
12:36en train de l'aminer
12:36de l'acier,
12:37les usines chimiques
12:37qui sont en train
12:38de produire des engrais,
12:39les usines qui sont
12:40en train de faire
12:41de la peinture,
12:41des vis et des croissants
12:43sur lesquels
12:44je fais une fixation,
12:45la puissance combinée
12:51de toutes ces machines,
12:52là à l'instant
12:52où on est en train
12:53de se parler,
12:53c'est 200 fois
12:54la puissance des muscles
12:55de l'humanité.
12:56Ce qui revient à dire
12:56que la production,
12:58la transformation
12:58de la matière
12:59qui est à la base
13:00de la production économique
13:01dans ce monde,
13:02en fait,
13:02elle est essentiellement
13:03faite par des machines.
13:04Les gens sont là
13:04pour donner des ordres,
13:06ça s'appelle
13:06un pilote de ligne
13:08de production
13:08ou ça s'appelle
13:09un employé de bureau
13:10qui en gros donne
13:11indirectement des ordres
13:12à des machines.
13:12Et si vous avez
13:15moins d'énergie
13:16disponible dans le système,
13:17ça veut dire
13:17que le parc de machines
13:18au travail baisse
13:18et donc la production baisse.
13:21C'est très logique
13:22que dans le monde,
13:23vous ayez une quasi droite
13:24entre la quantité d'énergie,
13:26c'est-à-dire le parc
13:26de machines en service
13:27et la production économique.
13:29C'est quasi droite.
13:30Donc à partir du moment
13:31où l'énergie disponible
13:33dans une zone
13:34baisse de manière subie,
13:36ça va vous dire
13:36que c'est ce qu'on voit
13:37avec la production industrielle.
13:38La production industrielle
13:39en Europe,
13:39elle baisse depuis 2007.
13:41Donc ça veut dire
13:42que la production vraie,
13:43j'ai envie de dire,
13:44ce qui se compte
13:44en mètres carrés,
13:45en tonnes,
13:46en litres,
13:46en mètres cubes,
13:47est en train de baisser.
13:49Alors après,
13:49on peut toujours
13:50tripatouiller les potentiomètres
13:52pour avoir en apparence
13:53une croissance économique
13:55parce qu'on a
13:57plus d'activités financières,
13:59des honoraires d'avocats
14:00qui augmentent,
14:00etc.
14:00Mais en fait,
14:01c'est une fausse croissance.
14:02Si moi, par exemple,
14:03qui suis consultant
14:04de mon métier,
14:05j'augmente mes honoraires
14:06d'une année sur l'autre,
14:07je ne vais pas travailler
14:08plus d'heures.
14:09D'accord ?
14:09Vous achèterez toujours
14:10une heure de Jean Covici.
14:11Ça qui vaut ce qu'elle vaut.
14:12Mais bon.
14:13Et si je la facture
14:14deux fois plus cher,
14:14c'est de la croissance ?
14:15Pas de la croissance,
14:16c'est toujours une heure
14:16de Jean Covici.
14:17Alors facialement,
14:18oui, c'est de la croissance.
14:19Mais en pratique, non.
14:20Bien sûr.
14:20C'est tous les biais aussi
14:21sur le PIB plus largement.
14:23Exactement.
14:24Voilà.
14:24Donc en fait,
14:24le PIB aujourd'hui,
14:26il agrège tellement de choses
14:28que le résultat est devenu
14:29très largement conventionnel.
14:30Ça n'est plus possible.
14:32Et c'est bien pour ça
14:33qu'on a cette incompréhension
14:34apparente
14:35entre un nombre croissant
14:36de gens pour qui la vie
14:37devient plus difficile
14:38et le PIB qui en apparence
14:39augmente.
14:40On dit, il y a de l'argent ?
14:41En fait, non.
14:42Le problème aujourd'hui,
14:43il est devenu physique.
14:44La limitation est physique.
14:45Ce n'est pas nécessairement
14:46parce qu'il y a de l'argent
14:46qu'on va facilement loger les gens.
14:48Ça paraît totalement
14:49contre-intuitif de dire ça.
14:51Mais en fait, physiquement,
14:51c'est comme ça que ça se passe.
Écris le tout premier commentaire