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  • il y a 2 semaines
Ce mardi 25 novembre, Neil Makaroff, directeur de Strategic Perspectives et expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Il est revenu sur la COP30. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Retour sur la COP30 qui a accouché de maigres résultats.
00:04Notre invité, c'est Nel Makarov.
00:05Bonjour, vous êtes expert associé à la Fondation Jean Jaurès,
00:08directeur de Stratégique Perspective.
00:12On a une chef de la délégation chinoise qui dit
00:14que c'est un succès dans cette situation très difficile.
00:17On a une ministre française de la Transition écologique qui dit
00:19que c'est un accord sans ambition.
00:20Lula dit qu'on a sauvé le multilatéralisme
00:22et qu'on a prouvé que la science avait gagné.
00:25C'est toujours ça que Trump n'aura pas.
00:26C'est quoi votre positionnement, vous, à la fin de cette COP ?
00:29Lula avait promis que c'était la COP de la vérité
00:31et on voit qu'au moins il y a une vérité qui émerge,
00:34c'est que la COP n'est pas une bulle diplomatique isolée.
00:37Elle fait partie d'une géopolitique qui est de plus en plus turbulente
00:40et on a vu l'affaiblissement des Européens
00:43qui n'ont pas réussi à ancrer notamment la fin des énergies fossiles.
00:47L'émergence de la Chine, de l'Inde et du Brésil
00:49dans les négociations qui a été extrêmement forte.
00:51Donc finalement la COP c'est le reflet de la géopolitique
00:54et de l'économie mondiale
00:56et c'est pour ça qu'on a un accord qui est relativement creux.
00:59Qu'est-ce que vous retenez dans le fond de l'accord ?
01:02Il n'y a rien sur le fossile,
01:04il y a l'aide financière triplée pour les pays du Sud ?
01:06Exactement, l'aide financière à l'adaptation
01:08qui est un enjeu extrêmement important pour une grande partie du globe
01:11a été triplée.
01:12Maintenant en fait pour le reste c'est un accord qui est relativement plat
01:15qui ne revient pas néanmoins en arrière
01:18sur ce qu'on a appelé le consensus de Dubaï
01:20qui était une sortie progressive des énergies fossiles
01:23mais qui ne le mentionne pas non plus.
01:24Donc finalement c'est un peu une COP qui est là pour montrer
01:28que l'accord de Paris reste et résiste
01:31notamment suite à la sortie des Américains de cet accord
01:34mais il n'y a pas d'avancée majeure lors de cette COP.
01:37Annalisa, justement en tant qu'on n'est pas d'accord
01:39sur la question de la sortie des énergies fossiles
01:41en fait on ne pourra pas réellement avancer.
01:43Oui exactement et on a vu une offensive assez forte
01:46de la Russie, de l'Arabie Saoudite
01:48contre notamment ce langage sur la sortie des énergies fossiles
01:51et il ne faut pas être naïf
01:52derrière cette offensive
01:54il y avait aussi l'influence des Etats-Unis
01:57qui étaient en sous-main et dans l'arrière-fond
02:00pour essayer de faire dérailler un accord sur la sortie des fossiles
02:03parce que ces pays-là n'ont aucun intérêt
02:05à ce que le reste du monde se décarbone
02:07parce qu'ils perdraient des clients importants
02:09et ils perdraient un levier de chantage politique important.
02:12Il faut rappeler que l'administration Trump
02:14a quand même fait plier l'Union Européenne
02:16pour importer du gaz naturel liquéfié
02:19à hauteur de 750 milliards d'euros
02:21sur les trois prochaines années
02:22donc on voit que le gaz comme le pétrole
02:24sont devenus des outils de chantage politique.
02:26Le gaz qui sert quand même de transition
02:28dans un certain nombre de cas
02:30ce n'est pas inutile quand même pour la transition écologique.
02:32En Europe en tout cas aujourd'hui
02:33c'est plutôt un pari risqué de parier sur le gaz
02:35parce qu'on n'a pas de ressources gazières sur le continent
02:37ou très peu
02:38on a importé énormément du gaz de la Russie
02:41aujourd'hui des Etats-Unis
02:42et du Qatar
02:43donc c'est quand même un pari géopolitique assez risqué.
02:46Autre point qui a retenu notre intention
02:48c'est le fonds brésilien en faveur des forêts
02:50et c'est 5 milliards de dollars
02:52ça c'est une innovation
02:53c'est pas inintéressant non plus.
02:55Oui, le président Lula
02:56avait fait de la déforestation
02:58un des grands thèmes de cette COP
03:00malheureusement la déforestation
03:02ne rentre pas dans le texte final de la COP
03:04mais il y a ce fonds
03:05il y a aussi des discussions
03:06qui seront prolongées sur les forêts
03:08donc c'est un point extrêmement important
03:11parce que si on veut atteindre la neutralité climatique
03:13il va falloir compter sur la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre
03:17mais aussi sur l'absorption par les puits carbone
03:20notamment naturels
03:21et les forêts sont indispensables.
03:22On a beaucoup parlé de la déception des Européens
03:24sur la question du fossile
03:26des Européens qui ont aussi été critiqués
03:28à l'intérieur de la COP
03:30comme ne voulant pas mettre la main à la poche
03:32est-ce que vous avez remarqué ça aussi ?
03:34Les Européens sont arrivés déjà très tardivement à la COP
03:37avec un nouveau plan national et un nouvel objectif
03:39ce qui a abîmé fortement leur crédibilité
03:42et ensuite ils ont négocié cette question de financement climat
03:46il faut savoir que l'Union Européenne reste le premier bailleur
03:48de la finance climat au monde
03:50donc les Européens mettent la main à la poche
03:53mais avec le départ des Américains de l'accord de Paris
03:56et la baisse de l'aide au développement
03:58les pays du Sud estimaient que les Européens
04:01pouvaient contribuer beaucoup plus
04:02et d'où l'accord sur le triplement de l'aide à l'adaptation.
04:06Pourquoi vous dites ça abîmait leur crédibilité ?
04:09Tout simplement parce qu'auparavant
04:10l'Union Européenne était vue comme un bloc
04:13qui a été à l'avant-garde de la transition écologique
04:16aujourd'hui au sein de l'Union Européenne
04:18il y a des divisions, la décarbonation ne fait plus un consensus
04:21en tout cas plus autant qu'auparavant
04:23et le reste du monde n'attend pas l'Union Européenne
04:26pour faire sa transition.
04:27Quand vous regardez la suprématie technologique de la Chine
04:30sur les technologies vertes
04:31le Vietnam est en train de déployer rapidement le véhicule électrique
04:34le Brésil met en place une stratégie contre la déforestation
04:38donc le reste du monde est en train de bouger
04:40quand les Européens sont en train de zigzaguer
04:43sur la question de la décarbonation.
04:44Justement chaque COP est aussi un reflet
04:46de la situation géopolitique dans laquelle on se trouve
04:49on a vu Xi Jinping, le président chinois
04:51se poser en nouveau chantre des énergies renouvelables
04:53il y a quelques semaines à l'ONU
04:55qu'est-ce que vous en pensez ?
04:56Est-ce qu'on peut vraiment aller vers des COP guidées de plus en plus
04:59par les pays émergents, les économies émergentes ?
05:02Ce qui est sûr c'est que la COP maintenant est sur le terrain géopolitique, commercial et économique
05:07et là-dessus la Chine a clairement une longueur d'avance
05:10elle a la suprématie technologique
05:12d'ailleurs une petite anecdote
05:13le président Lula est arrivé à la COP à bord d'un véhicule électrique chinois BYD
05:18ce qui montre aussi cette nouvelle ère industrielle qui est en train d'émerger
05:21qui est largement dominée par la Chine
05:24et d'ailleurs la question commerciale lors de cette COP
05:26a été le centre même du débat
05:29parce que la COP n'est plus une question de baisser nos émissions de gaz à effet de serre
05:34pour respecter le 1,5 degré ou le 2 degré
05:37c'est une question de comment les technologies circulent dans le monde
05:40où sont les barrières
05:41qui est le plus rapide dans cette nouvelle ère industrielle
05:45et c'est vraiment ici que se joue l'ensemble de cette course à la transition écologique
05:49C'est intéressant ce que vous dites
05:51il y aurait quasiment pu y avoir des contrats signés à la COP
05:54c'est pas le lieu normalement mais ça pourrait être ça
05:56C'est pas le lieu mais c'est clair que ça s'inscrit dans cette
05:59enfin la Chine a cette volonté et cette ambition
06:02de dominer cette nouvelle ère industrielle qui est en train d'émerger
06:05et je pense qu'ici en tant qu'Européen il ne faut pas être naïf
06:08les innovations et les emplois de demain ne se feront pas dans le moteur thermique
06:12ou dans la chaudière au fuel
06:14elles se feront dans la batterie ou dans la pompe à chaleur
06:16donc si on n'est pas capable à un moment donné de rattraper la Chine
06:20dans cette course industrielle
06:21on risque tout simplement de perdre les usines et les emplois sur notre territoire
06:25Et voilà !
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