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  • il y a 8 minutes
Ce mardi 11 novembre, Djilali Benchabane, consultant en stratégie et géopolitique, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils ont parlé du Sahara occidental, un contentieux de 50 ans. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Focus ce matin dans le monde qui bouge sur le Maroc et la question du Sahara occidental.
00:05Le 31 octobre, une résolution de l'ONU a été adoptée, les Etats-Unis et l'ONU laisse la main au Maroc pour son plan d'autonomie.
00:11On en parle avec Giliali Benchaban, bonjour, vous êtes consultant expert en stratégie et géopolitique.
00:16Il faut comprendre quand même, pour qu'on comprenne bien la situation du Sahara occidental, on va rétro-pédaler un petit peu.
00:22C'est une colonie espagnole jusqu'en 1975, c'est le dernier territoire d'Afrique sans statut post-colonial défini.
00:29Aujourd'hui, il y a une avancée majeure.
00:32Il y a une avancée majeure avec la résolution 2797 qui a été poussée par les Etats-Unis.
00:38C'est surtout une avancée majeure pour le Maroc qui a toujours poussé pour faire reconnaître sa souveraineté sur ce territoire.
00:46Et là, pour la première fois, on a une résolution qui est adoptée, qui reconnaît le plan marocain comme étant le plan crédible,
00:52capable de poser le cadre du règlement du conflit.
00:56Donc oui, il y a une avancée et une victoire diplomatique assez significative pour Rabat.
01:01Annalisa ?
01:01Ce qui change surtout, c'est que la communauté internationale se range petit à petit du côté du Maroc.
01:07Il y a surtout un pays qui a changé la donne, ce sont les Etats-Unis.
01:10Effectivement, les Etats-Unis s'impliquent.
01:13De l'observation, ils passent à être l'architecte de ce règlement du conflit.
01:18Il faut prendre conscience que cette avancée date quand même de 2020, l'époque des accords d'Abraham avec des Etats-Unis
01:26qui mettent en place une sorte de deal, c'est-à-dire l'acceptation de la reconnaissance par le Maroc officiel d'Israël
01:33et de l'autre côté, le soutien de Washington sur la marocanité du Sahara occidental.
01:39Victoire côté marocain, mais est-ce que c'est une défaite de l'Algérie ?
01:42Parce qu'il y a des indépendantistes qui, eux, n'étaient pas de ce bord-là de l'accord,
01:48eux qui étaient poussés par l'Algérie.
01:50Est-ce que vous pouvez voir ça comme une défaite ?
01:52Pour l'Algérie, c'est une défaite, en tout cas c'est une situation qui est compliquée
01:56puisque l'Algérie a toujours été légèrement dans cette zone qu'est l'Afrique du Nord et le Sahara.
02:01Ça a été aussi un partenaire privilégié à la fin des années 90 et jusqu'au début des années 2000
02:05pour les Etats-Unis, notamment en termes de lutte antiterroriste.
02:09Et aujourd'hui, on se rend compte que la position algérienne devient complexe
02:13parce qu'elle est plus marginalisée non seulement en Afrique, mais au niveau international.
02:17Les Etats-Unis qui poussent, mais les alliés aussi traditionnels tels que Moscou et Pékin
02:22qui se sont abstenus lors du vote de la résolution et n'ont pas posé de veto.
02:26Donc pour l'Algérie, il y a clairement la nécessité aujourd'hui de revoir sa posture diplomatique
02:30et sa stratégie au Sahara occidental.
02:33Mais le Sahara occidental, c'est combien de personnes ?
02:36C'est des gens qui pensent quoi aujourd'hui ? C'est quel type de territoire ?
02:39Le Sahara occidental, c'est un territoire désertique avec des populations saharaouies,
02:46mais c'est surtout aussi des intérêts économiques, puisque derrière la diplomatie,
02:49il y a aussi des intérêts économiques.
02:51Lorsque Washington soutient, il y a effectivement l'aspect diplomatique,
02:54mais il y a aussi le corridor stratégique que représente cette façade atlantique
02:59au moment où la Chine est l'un des acteurs principaux de l'Afrique,
03:03avec ce contrôle des ports d'Afrique.
03:05Il y a la présence aussi de l'ex-Wagner de la Russie,
03:09donc il y a la notion à la fois de containment,
03:11c'est la notion de repositionnement politique.
03:14Donc pour Washington, il y a différents intérêts qui se superposent
03:18au règlement de ce conflit.
03:20Annalisa, le Front Polisario, qui est soutenu par l'Algérie
03:24et qui s'est toujours opposé à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental,
03:28dit qu'il pourrait accepter le plan marocain,
03:31mais avec un référendum où il y aurait quand même l'option
03:33d'une indépendance pour les Saharaouis.
03:35Est-ce que vous y croyez ou c'est tout simplement une façade ?
03:38J'ai l'impression qu'au regard des évolutions auxquelles on assiste,
03:42l'autodétermination devient de plus en plus une hypothèse
03:45totalement hypothétique et lointaine,
03:47et qu'on avance au mieux vers une large autonomie,
03:50mais en aucun cas vers une reconnaissance de l'autodétermination
03:53et d'un référendum qui de toute manière n'a pas lieu d'être pour rabat, clairement.
03:58Qu'est-ce qu'il y a exactement dans ce plan du Maroc pour le Sahara occidental ?
04:02Il y a tout d'abord cette reconnaissance de la prééminence du Maroc,
04:08cette idée que le territoire du Sahara occidental
04:13va être une province totalement intégrée au Maroc,
04:16et puis on a aussi la notion de développement économique qui est importante,
04:21ce développement économique notamment dans l'exploitation des ressources.
04:24Il y a du phosphate notamment là-bas ?
04:26Il y a du phosphate, mais il y a aussi des ressources halieutiques
04:29avec une des zones parmi les plus poissonneuses au monde.
04:32Il y a également, et ça c'est important,
04:35un potentiel en termes de développement d'énergie verte,
04:37assez important notamment en termes solaires ou d'hydrogène.
04:41Donc pour le Maroc, c'est un enjeu stratégique majeur.
04:44Annalisa ?
04:45Des ressources naturelles qui intéressent beaucoup de puissances,
04:48et parmi elles la Chine,
04:49la Chine qui essaye de jongler entre le Maroc et l'Algérie.
04:52Elle s'est abstenue pendant le vote au Conseil de sécurité,
04:55donc avec une position plutôt pro-marocaine.
04:57Et en même temps, le ministre chinois des Affaires étrangères
05:00a appelé son homologue algérien pour lui expliquer pourquoi.
05:03Donc Pékin cherche vraiment de jongler entre le Maroc et l'Algérie.
05:07Quels sont les intérêts chinois exactement dans la région ?
05:10Dans la région, on a une forte présence des entreprises chinoises.
05:14On a toujours eu en Afrique cette volonté
05:17de contrôler un corridor stratégique important,
05:20parce que l'Afrique c'est aussi la porte vers l'Union européenne.
05:23Pour Pékin, la posture d'équilibre n'est pas forcément évidente,
05:27parce qu'en s'abstenant,
05:29elle envoie un message quand même assez cinglant à Alger,
05:31c'est celle d'une mise en retrait du soutien défectif de Pékin,
05:36tout comme Moscou d'ailleurs.
05:38Merci beaucoup Gilles-Olivienne Chaban
05:39d'être venue ce matin dans la matinale de l'économie.
05:41Sous-titrage Société Radio-Canada

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