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  • il y a 2 jours
Ce jeudi 6 novembre, Sébastien Abis, directeur du Club Demeter et chercheur associé à l'Iris, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur le sommet de la COP30 au Brésil et le recul de la déforestation de l'Amazonie. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Il est 7h18, on va parler de la COP au Brésil.
00:03On est à quelques jours de l'ouverture, on a une sorte de pré-show ces derniers jours.
00:07A peine une soixantaine de chefs d'État seront présents contre 150 à Dubaï.
00:12La COP de la vérité, nous dit le Brésil, il n'y a pas d'ordre du jour.
00:14Mais on doit faire un certain point sur un certain nombre de questions.
00:17On va se concentrer ce matin sur la déforestation.
00:19Et avec Sébastien Abyss, bonjour, directeur du club Déméter, chercheur associé à l'IRIS.
00:23A première vue Sébastien, quand on regarde les chiffres sur la déforestation, c'est plutôt positif ?
00:28Alors c'est plutôt positif, oui.
00:30Lula, évidemment, cherche à corriger le tir.
00:32On sait que dans son troisième mandat, il s'était engagé justement à enrayer la dynamique progressiste de déforestation.
00:38Il a toujours aussi rappelé que le Brésil n'était pas tout seul à déforester en Amérique latine.
00:42On sait qu'une partie de l'Amazonie déborde sur d'autres États.
00:46Il y a aussi de la déforestation dans les pays voisins.
00:48Mais c'est sûr que Lula ne ménage pas sa peine.
00:50Et il a aussi annoncé que derrière ce sujet de déforestation, cette COP au cœur de l'Amazonie, à Bélène,
00:56un choix géographique fort, était une COP importante pour notamment la question du financement des transitions climatiques.
01:04Il a quand même indiqué depuis quelques semaines, y compris à l'ONU, en écho au discours inversé de Donald Trump,
01:09que le climat, le tic-tac, était plus que menaçant.
01:12Et que les pays du Nord, très responsables des émissions carbone depuis deux siècles, devaient quand même passer à la caisse.
01:17Et c'est ce qu'il va faire parce qu'il lance quand même un fonds totalement inédit,
01:20avec un fonctionnement qu'on expliquait dans les journales.
01:22Il s'appelle le Tropical Forest Forever Facility.
01:25C'est destiné à financer, à aller contre la déforestation, à aider les forêts tropicales.
01:32C'est une sorte de crédit carbone dans son fonctionnement ?
01:35Oui, c'est un peu complexe.
01:36En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que le Brésil est très mobilisé sur une diplomatie sud-sud,
01:42où les questions agricoles, les questions forestières, les questions climatiques sont assez centrales.
01:47On sait que le Brésil, y compris de Lula et Lula 3 dans son mandat actuel,
01:52cherche vraiment à coaliser les pays du Sud autour d'un agenda du développement humain,
01:58mais aussi développement durable.
02:00Et cette question des forêts, il le met avec la question des crédits carbone.
02:05On sait que le Brésil cherche à développer une bourse au carbone avec un système monétaire un peu particulier.
02:09Et encore une fois, Lula, il est attendu au rendez-vous là-dessus, encore une fois aussi,
02:15parce qu'il a un propre agenda politique lui-même.
02:18Il vient d'annoncer qu'il était candidat à sa réélection pour un quatrième mandat.
02:22Les élections au Brésil, ce sera fin 2026.
02:24Et en même temps, Lula vient de fêter 80 ans.
02:27Et l'après-Lula est une grande inconnue au Brésil.
02:30Le Brésil est important dans les relations internationales aujourd'hui,
02:33y compris dans cet agenda climatique ou sur l'agenda forestier.
02:35Mais c'est aussi une vraie préoccupation pour les 220 millions d'habitants au Brésil,
02:39parce qu'on sait qu'il y a des forces populistes, Bolsonaro hier,
02:42qui avaient quand même profondément divisé le pays,
02:44là où Lula est quand même un peu plus rassembleur.
02:46Annalisa, en réalité, dans le discours de Lula, il y a aussi énormément de contradictions.
02:50Il se veut champion du climat.
02:51En réalité, on sait qu'il a soutenu un projet pétrolier au large de l'Amazonie il y a quelques semaines.
02:57On sait aussi que l'agrobusiness reste très très puissant au Brésil.
03:00Donc Lula est quand même soumis à ces injonctions-là.
03:03Comment il peut faire pour concilier les deux ?
03:04La productivité et en même temps les exigences climatiques.
03:07Lula, en fait, il est à l'image du Brésil, c'est-à-dire que c'est une puissance polygame.
03:12En fait, le Brésil parle avec toute la planète aujourd'hui.
03:14Finalement, même, il s'est un peu rabiboché ces derniers temps avec Donald Trump.
03:18Lula, en fait, il s'inscrit dans une continuité brésilienne d'une politique de non-alignement.
03:23Et finalement, je discute autant avec les puissances occidentales, européennes, nord-américaines,
03:29qu'avec la Chine, qui est le grand partenaire commercial, y compris agricole, du Brésil,
03:34le grand investisseur au Brésil.
03:35Mais il y a aussi toute la diplomatie et le dialogue avec l'Afrique.
03:39Et c'est vrai que Lula ne manque pas de paradoxes, à la fois dans les relations internationales
03:43ou dans ses propres politiques économiques et environnementales à domicile.
03:46On sait qu'il souhaite que Petrobras, la grande entreprise pétrolière brésilienne,
03:52aille très fortement vers les énergies renouvelables
03:54et devienne une grande compagnie énergétique d'énergies renouvelables internationale.
04:01Je précise quand même qu'au Brésil, aujourd'hui, 50% du mix énergétique
04:05vient des énergies renouvelables.
04:08Le Brésil, depuis longtemps, mis sur les biocarburants, sur la biomasse.
04:12Et donc, la biomasse mobilisée des produits forestiers
04:16fait partie du projet politique, économique et climatique du Brésil.
04:22Donc, on ne peut pas reprocher au Brésil de ne rien faire.
04:24Par contre, il y a un sujet, évidemment, sur la déforestation,
04:27parce que l'élevage a grignoté énormément de terres dans les forêts,
04:31notamment l'élevage.
04:32Et on a de la monoculture qui interroge, maïs, soja,
04:35parce que le Brésil, c'est aussi un géant agricole
04:37et un géant qui exporte énormément, aujourd'hui,
04:40sans lequel une partie de la sécurité alimentaire mondiale
04:43serait quand même très différente.
04:45Je pense aussi qu'il faut garder cette équation en tête,
04:47parce que le climat frappe aussi le Brésil.
04:50On a des chocs climatiques dans ce pays.
04:52Peut-être que demain, le Brésil ne pourra pas toujours exporter davantage,
04:55parce qu'il aura besoin d'abord de protéger son marché national,
04:57voire régional, sud-américain.
04:59Mais comment vous regardez cette COP, vous, avec votre regard d'expert ?
05:02Est-ce que vous dites qu'on est condamnés et déçus ?
05:04Est-ce que vous dites que ça sert à quelque chose,
05:05parce qu'au moins, c'est un endroit où on discute, quand même ?
05:08C'est quoi votre point de vue ?
05:09Ce qui est certain, c'est que l'absence des États-Unis complète.
05:12La Chine envoie son Premier ministre.
05:14On sait qu'un certain nombre de pays ne viennent pas.
05:15Il y a trois fois moins de participants, aujourd'hui,
05:17au sommet des chefs d'État et de gouvernement que l'an dernier.
05:20Et on a une espèce de fatigue autour de ces COP.
05:23Alors, certains disent que c'est la dernière COP.
05:24Ce sera la dernière COP de l'histoire, parce qu'en fait, ça ne sert à rien.
05:27Loulard, lui, dit lui-même, non, c'est la COP de la vérité,
05:30de savoir, en fait, qui veut continuer,
05:31et qui continue ses engagements à l'horizon 2050.
05:34L'Europe, hier, a trouvé un consensus,
05:36et donc maintient le climat comme grand narratif
05:38dans son expression internationale.
05:41Mais ce qui est certain, c'est que cette COP,
05:42elle s'inscrit dans un contexte international
05:45où on voit le multilatéralisme plutôt à la peine.
05:48Et on voit que les institutions internationales
05:50ont du mal à montrer que le climat
05:52peut être, en fait, un dénominateur commun
05:54dans toutes les grandes questions communes.
05:59Et évidemment, il ne faut pas lâcher l'affaire,
06:00puisque le sujet du climat, c'est le sujet de ce siècle.
06:03Et le sujet du climat est évidemment
06:05un immense sujet économique,
06:06mais aussi agricole ou alimentaire,
06:08si on focus sur ce secteur.
06:10Merci beaucoup, Sébastien Abyss,
06:11d'être venu ce matin dans Good Morning Business.

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