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  • il y a 12 heures
Ce jeudi 20 novembre, Jean-Yves Colin, spécialiste de l'Asie du Nord à l'Asia Centre, était l'invité de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Ils sont revenus sur la dégradation des relations diplomatiques et économiques entre Tokyo et Pékin. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00L'annulation de voyages chinois au Japon, suspension des importations de produits de la mer,
00:04il y a même des films japonais qui ont été reportés dans leur sortie en Chine.
00:08Notre invité pour en parler c'est Jean-Yves Collin.
00:10Bonjour, vous êtes spécialiste de l'Asie du Nord à l'Asia-Centre.
00:14On voit que les premiers pas de la première ministre japonaise sont assez houleux.
00:20Est-ce que c'était volontaire ou c'est une crise malgré elle ?
00:24Alors certains considèrent qu'elle a fait une bévue à la Chambre des représentants,
00:29donc la chambre basse de la diète.
00:31Pour ma part je dirais qu'à la limite je suis prêt à accepter qu'il s'agisse d'une maladresse
00:36mais en vérité son propos correspond à une position assez classique du gouvernement japonais
00:43et du Parti libéral-démocrate.
00:44C'est une position qui a été élaborée par un précédent Premier ministre, Shinzo Abe.
00:53La nouveauté c'est que jamais le Premier ministre en tant que Premier ministre
00:58ne s'était exprimé aussi clairement.
01:01Et ça, ça correspond en fait à une volonté de Madame Takechi de parler vrai,
01:08je dirais presque de parler un peu cru, pour présenter les positions du Japon.
01:15Or il faut se rappeler qu'en l'occurrence,
01:17le Japon sur une carte a l'air assez loin de Taïwan et de la Chine,
01:23mais en vérité il y a tout un chapelet d'îles qui vont de Taïwan à Okinawa
01:30et la plus proche est à 120 km des côtes de Taïwan.
01:36Donc tout problème qui concernerait Taïwan du fait d'un blocus maritime aérien,
01:42en fait déborde naturellement sur ce chapelet dîle.
01:47C'est ce qu'elle a dit en fait, elle n'a pas dit autre chose que ça.
01:50Elle a dit en fait, elle a dit que ça pourrait mettre en cause la survie du Japon.
01:55C'est une expression qui est presque juridique,
01:58qui est incluse dans une loi de 2015.
02:02Elle n'a pas dit, comme ça a été parfois rapporté dans la presse,
02:07qu'elle était prête à une riposte militaire.
02:10Elle a simplement dit qu'un blocus maritime et un blocus aérien
02:13pourraient poser problème et seraient de nature à mettre en cause la survie du Japon.
02:18Et c'est vrai que ça mettrait en cause la souveraineté du Japon.
02:21Or la Chine, au cours des mois et presque des années récentes,
02:26a d'abord contesté la souveraineté du Japon sur les îles Sengaku,
02:32qu'on met en cause ce chapelet d'îles,
02:34et maintenant même, met en cause la souveraineté d'Okinawa.
02:39Donc voilà.
02:41Annalisa ?
02:41Le temps monte et continue de monter.
02:43La question, c'est de savoir jusqu'où ça peut aller,
02:45jusqu'où vont aller les tensions entre la Chine et le Japon ?
02:47Alors, je pense qu'elles vont finir par retomber.
02:50Il faut aussi garder à l'esprit que la Chine est remarquablement habile
02:55pour instrumentaliser tous ces phénomènes.
02:58Je vous prends deux exemples différents.
03:01Le premier, c'est que Mme Takechi, quand elle était en Corée du Sud
03:05pour le sommet de l'APEC, a rencontré un ancien vice-premier ministre de Taïwan.
03:10Les Chinois en ont fait tout un barouf, si vous me permettez l'expression.
03:15Or, de tels rendez-vous avaient déjà eu lieu dans le passé
03:17avec d'autres premiers ministres japonais.
03:19Autre exemple, pendant le week-end,
03:22les États-Unis et la Corée ont signé des accords
03:26concernant la sécurité et la défense,
03:29et notamment le développement de sous-marins à propulsion militaire.
03:34Or, l'un des chefs d'état-major de l'armée américaine
03:37a déclaré que ces sous-marins devaient être utilisés pour contrer la Chine.
03:40La Chine est restée calme.
03:42Je dis simplement que la Chine sait utiliser les moindres écarts
03:47et faire monter la tension et la faire redescendre quand il faut.
03:50Là, on fait monter la tension sur des questions économiques
03:52et la pression sur le tourisme, notamment le tourisme chinois,
03:55très important pour le Japon.
03:56Il y a ce plan de relance annoncé par Sanae Takahashi.
04:01Sur quel relais de croissance elle peut compter aujourd'hui ?
04:04Aujourd'hui, elle compte surtout sur le relais de croissance de l'investissement.
04:08Si on regarde les chiffres du dernier trimestre publié,
04:12c'est l'investissement qui a été le faible moteur,
04:16mais le moteur d'une petite croissance.
04:19La consommation reste à tonne, ça c'est un problème qui est,
04:22si j'ose dire, général au Japon depuis un certain temps.
04:26C'est notamment lié à la baisse des salaires réels
04:29et à des phénomènes spécifiques comme la hausse du prix du riz au printemps
04:33et le retour d'une inflation qui est aujourd'hui aux alentours de 2,9%
04:39hors produits alimentaires.
04:41Inflation qui était absolument inconnue de toute génération inférieure à 55 ans,
04:47si vous voulez, donc c'est un phénomène, je dirais, mystérieux
04:52pour beaucoup de Japonais, l'inflation.
04:55Voilà, donc, et quant au moteur des exportations,
04:59il a été victime des menaces de Donald Trump sur les droits de douane
05:06au Japon, comme en Corée et comme en Europe.
05:09Voilà.
05:09Merci beaucoup d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.
05:12Jean-Yves Collin, spécialiste de l'Asie du Nord à l'Asia Centre.
05:15Donc, je vous remercie.

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