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  • il y a 5 jours
Bullshitomètre : "La BCE peinera à baisser encore ses taux"

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Transcription
00:00Chaque jour, vous le savez, un expert de marché vient aussi de déconstruire les idées reçues.
00:03Aujourd'hui, c'est Chansey Schmitt qui nous rejoint, associé gérant de IJFI.
00:06J'espère bien le prononcer. IJFI, c'est ça Chansey ?
00:08IJFI.
00:09IJFI, voilà, je vais le dire à la Britannique.
00:11C'était puissant, là-bas.
00:12Bienvenue, parce que Chansey, c'est...
00:14Oui, parce que...
00:16Non, mais Chansey, Chansey, si je l'avais prononcé à la française,
00:19j'essaie de le dire, il faut le dire Chansey, pour le coup.
00:21Alors, pour le coup, effectivement, mon prénom est d'origine américaine,
00:23donc j'avoue que je ne simplifie pas les choses.
00:24Bienvenue, Chansey. On est ravis de vous retrouver pour IJFI, donc.
00:28Alors, les marchés pensent que, parce qu'on n'en parle pas beaucoup de la BCE,
00:31pensent qu'elle restera sur un statu quo, qu'elle ne baissera plus ses taux
00:34et que la BCE ne sera donc plus un sujet dans les prochaines semaines.
00:37Elle ne fera rien. C'est ce que beaucoup pensent.
00:39Mais vous n'êtes pas d'accord, vous dites bullshit.
00:44Vous pensez même, Chansey, que la BCE se remettra à baisser ses taux. Pourquoi ?
00:48Alors, effectivement, je dis bullshit, pour le coup, et même de manière complètement assumée.
00:52Parce que, de mon point de vue, pour le coup, il y a différentes forces
00:55qui convergent vers une trajectoire plutôt baissière des prix, en l'occurrence à venir.
01:01Il y a plusieurs grands mouvements désinflationnistes.
01:04Le premier grand mouvement que j'ai envie de citer, c'est la désinflation par la devise,
01:08puisqu'on le sait, on a un euro qui est fort.
01:10On a un euro qui s'est apprécié de 12-13% depuis le début de l'année vis-à-vis du dollar.
01:14Et un euro fort, pour le coup, ça nous permet d'avoir des importations qui sont moins onéreuses.
01:18Donc ça, c'est mécaniquement désinflationniste.
01:21Ensuite, on a un deuxième grand mouvement, c'est la désinflation par l'offre.
01:26Et là, pour le coup, on a l'afflux massif de marchandises chinoises qui arrivent en Europe à bas coût.
01:32Donc là, pour le coup, c'est un élément qui est quand même assez important,
01:37puisque la Chine, on le sait, c'est un pays qui produit énormément,
01:42mais qui consomme finalement assez peu.
01:44Et en plus de cela, vous avez en ce moment les exportations chinoises via les droits de douane
01:50à destination justement de la Chine qui sont fortement limitées.
01:55Donc en l'occurrence, ça a une incidence, ça provoque que la Chine,
01:59elle a un amas de marchandises conséquents en l'occurrence à disposition.
02:04Et donc, elle les afflue massivement vers la France et vers l'Europe de manière générale en cassant les prix.
02:10Donc ça, c'est mécaniquement aussi désinflationniste.
02:12Et enfin, le troisième grand mouvement, c'est la désinflation par la demande.
02:17Et là, on a une demande intérieure en Europe qui est malgré tout, comme toujours, assez faible,
02:22avec des ménages qui consomment finalement assez prudemment,
02:26avec des entreprises qui investissent assez peu.
02:29Et on a aussi la demande extérieure qui est pénalisée aujourd'hui,
02:33avec d'un côté les droits de douane et de l'autre la devise forte.
02:37Donc ça aussi, pour le coup, c'est pour les désinflationnistes.
02:39Les consommateurs américains moins consommés, c'est ce qui ressort des chiffres de Targets aujourd'hui,
02:44de Home Depot aussi hier.
02:46Et donc, l'impact des droits de douane, pour nous Européens évidemment, à l'exportation ça pèse.
02:50L'eurofort aussi ça pèse, c'est désinflationniste.
02:53En plus, la déflation importée de la Chine, ça fait beaucoup.
02:57Vous pensez donc que la BCE va devoir baisser ses taux.
03:00Si tel était le cas, quelles seraient les conséquences pour les investisseurs et pour les marchés ?
03:05Alors pour le coup, les incidences, elles seraient multiples,
03:08parce que les décisions de la BCE, elles ont des répercussions sur finalement quasiment toutes les classes d'actifs.
03:14Déjà, la première qu'on peut citer, c'est l'immobilier,
03:17puisque s'il y a une baisse des taux de la BCE, a priori, ça devrait se traduire également par une baisse des taux sur les prêts immobiliers.
03:23Donc ça, ça viendrait en soutien vis-à-vis du marché.
03:28On peut imaginer que des projets qui sont actuellement en stand-by pourraient être repris.
03:33On pourrait imaginer que des ménages pourraient se lancer dans des projets d'investissement locatif,
03:38donc plutôt positifs sur l'immobilier.
03:40Ça aurait pour le coup aussi des répercussions, cette fois-ci, plutôt négatives sur l'épargne sans risque,
03:45puisqu'une baisse des taux de la BCE aurait quasiment systématiquement,
03:50disons, ça provoquerait de la baisse des taux des livrets réglementés et du franc en euros.
03:55Au point où on en est, de toute façon.
03:56Voilà, donc ça pour le coup, les incidences, elles seraient plutôt négatives sur les actifs sans risque.
04:01Julien ?
04:02Oui, mais du coup, si le marché pousse vos vues, on peut aussi penser que ce serait un catalyseur pour les actions,
04:06puisque par définition, plus les taux sont bas, plus la construction mécanique des futurs flux,
04:10qui font donc la valorisation des actions, monte.
04:13Oui, alors s'agissant des obligations, pour le coup, l'effet serait quand même dans un premier temps positif,
04:19puisque les détenteurs actuels d'obligations, on serait du coup favorisés,
04:23puisqu'on rappelle que quand les taux baissent, les obligations détenues en portefeuille,
04:28pour le coup, elles progressent, donc là, il y aura un effet plutôt positif.
04:32En revanche, vous avez raison, pour les nouvelles émissions obligataires,
04:35pour le coup, elles deviendraient a priori moins compétitives,
04:37avec des taux qui seraient un petit peu plus faibles,
04:39et donc on imagine assez facilement qu'en termes de flux,
04:41il y aurait pas mal de flux obligataires qui se rebalanceraient vers les actions,
04:47qui, elles, pour le coup, profitent quand même un petit peu plus du régime de taux bas
04:50que la BCE pourrait enclencher.
04:53Antoine ?
04:53Alors, la Fed est censée stabiliser peut-être un petit peu son bilan,
05:00la BCE, elle, elle n'en est pas du tout là,
05:03il y a des États qui vont continuer à s'endetter,
05:06est-ce que vous ne pensez pas que cette différence de conjoncture entre les deux
05:12pourrait poser problème ?
05:14Alors, pour le coup, je pense effectivement que la BCE n'en est pas encore là,
05:18mais je pense qu'elle pourrait, elle aussi, suivre un petit peu la politique de la Fed.
05:23Alors comment ?
05:24Alors, je pense que dans l'idée, déjà, il faut un petit peu revenir sur la partie chronologique.
05:29Effectivement, vous avez raison, la Réserve fédérale américaine,
05:32elle a admis qu'elle allait stopper la réduction de son bilan au mois de décembre.
05:35Maintenant, si on revient un petit peu en arrière,
05:37elle avait initié la réduction de son bilan en juin 2022,
05:42et pour le coup, la BCE avait emboîté le pas neuf mois plus tard, en mars 2023.
05:46Donc finalement, ce n'est pas si illogique que ça que la Fed entame la fin de ce cutie avant.
05:53Donc je pense que déjà, ce côté chronologique, il est assez intéressant.
05:57Et ensuite, je trouve que c'est quand même assez intéressant de se replonger sur le pourquoi
06:01la Réserve fédérale américaine a décidé maintenant de mettre fin à ce cutie.
06:07La raison, je pense qu'elle est assez simple, c'est la liquidité,
06:10puisque en asséchant son bilan de mois en mois,
06:13elle a tout simplement réduit de manière assez significative les liquidités sur le marché américain.
06:19Et le risque, c'est que ça aurait pu provoquer un enrayement global du système des marchés globaux aux États-Unis.
06:27Et si on répercute ça, en l'occurrence sur la Banque Centrale Européenne,
06:32qui, pour rappel, aujourd'hui réduit la taille de son bilan de 35 milliards d'euros chaque mois,
06:37ce qui est quand même assez conséquent,
06:39eh bien on se rend compte que la BCE, elle pourrait se retrouver dans la même considération que la Fed actuellement,
06:46dans le courant du deuxième semestre de l'année 2026.
06:49Donc ça peut nous donner quand même des petits éléments en termes de temporalité.
06:53Ne désespérez jamais de la BCE, une baisse de taux nous attend peut-être encore.
06:57C'est votre point de vue.
06:58Et vous combattez le consensus qui pense qu'on est peut-être au bout maintenant,
07:02en tout cas pour cette année 2025.
07:04Merci beaucoup.
07:04Chansy Schmitt, associé gérant d'Ingéfi, avec nous aujourd'hui.
07:07C'est votre première dans le bullshitomètre.
07:08Merci d'être passé.
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