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  • il y a 3 semaines
Ce jeudi 30 octobre, Gille s Moëc, chef économiste du Groupe AXA, a abordé le maintien des taux de la BCE à 2%, les raisons de ce statu quo de la BCE, la baisse de taux aux accents restrictif par la FED, ainsi que la trêve provisoire entre la Chine et les États-Unis, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.




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Transcription
00:00BFM Bourse, l'écho du monde.
00:03Avec Gilles Moecq, le chef économiste du groupe AXA.
00:05Bonjour Gilles, on est ravis de vous retrouver.
00:08Troisième statu quo d'affilée de la part de la Banque Centrale Européenne.
00:11Il y a du nouveau, il y a des nouveaux éléments à se mettre sous la dent
00:14autour de la conférence de presse, les propos, la tonalité de Christine Lagarde ?
00:19Il n'y a pas grand chose de nouveau, probablement parce que la BCE de toute manière,
00:25sauf événement important, en ce moment en tout cas, n'a pas envie de bouger entre deux exercices de prévision.
00:32On en a eu un au mois de septembre et le prochain reviendra au mois de décembre.
00:36Les seuls changements, je dirais, c'est sur l'appréciation des risques autour de la croissance.
00:43On sent une BCE beaucoup moins nerveuse, beaucoup moins inquiète.
00:47Pourquoi ? Parce qu'une partie des risques à la baisse sur la croissance qu'ils voyaient encore au mois de septembre
00:53sont toujours là, mais se sont atténués.
00:56Et on a eu à plusieurs reprises, d'ailleurs, dans la conférence de presse,
00:59des références de Christine Lagarde au fait qu'une trêve,
01:04une prolongation de la trêve commerciale a été conclue entre les États-Unis et la Chine
01:10et que d'une manière générale, l'environnement international de la zone euro
01:13semble s'être amélioré quelque peu.
01:16On a eu aussi un satisfait site autour des chiffres effectifs de la croissance
01:20et, bien évidemment, les 0,2 points de croissance du PIB au T3,
01:25un peu au-dessus de ce qui était attendu,
01:27sont venus amener de l'eau au moulin de ceux qui, à la BCE,
01:31considèrent qu'on est auto-neutre et qu'il n'y a pas de raison urgente
01:35de réduire encore la voilure.
01:38Donc voilà, pas de grands changements,
01:40mais plutôt un satisfait site encore plus clair, je dirais,
01:45autour de ces décisions qui ne remontent pas tant au début de l'été
01:51de ne plus bouger.
01:53Et Gilles, vous l'avez cité, il y a beaucoup de satisfait site
01:58dans ce que dit l'A BCE, alors que la croissance, quand même,
02:01quand on la copart aux États-Unis, ça reste quand même ridicule,
02:040,2% en zone euro, et on s'en félicite,
02:09c'est que ce n'est pas justement encore une attitude très faucon
02:11de vraiment juste regarder, de privilégier l'inflation
02:16par rapport à la croissance, même si, évidemment,
02:18il y a ce mandat qui rentre en jeu.
02:20Non, mais c'est un peu mon opinion.
02:23C'est-à-dire que l'impression que j'ai, c'est qu'on a une banque centrale européenne
02:25qui se contente de vraiment très peu sur la croissance,
02:28qui est prête à tolérer de très très longs mois d'inflation
02:34en deçà de son objectif.
02:37À 0,2% au T3, en rythme annualisé, pour parler comme les Américains,
02:41ça nous amènerait à 0,8, c'est en deçà du taux de croissance potentiel
02:46de la zone euro.
02:47Donc on est toujours plutôt dans des bases eaux conjoncturelles.
02:51Ça me semble difficile de se féliciter de ce 0,2.
02:55Mais l'ABCE au mois de septembre, dans ses prévisions,
02:59s'attendait à 0 au T3.
03:01Donc ils s'attendaient à très très peu.
03:02Ils sont un peu mieux que c'est à quoi ils s'attendaient.
03:06Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est cette tolérance d'une inflation basse.
03:11Alors Christine Lagarde a rappelé aujourd'hui que l'ABCE était symétrique
03:15autour de son objectif, ce qui veut dire qu'avoir une inflation en deçà de 2%,
03:19c'est aussi grave que d'avoir une inflation au-dessus de 2.
03:22Mais dans les prévisions d'inflation qui étaient sorties au mois de septembre,
03:25on avait une phase assez longue en 2026 où l'inflation était inférieure à 2%.
03:30Pas de beaucoup, mais quand même.
03:31Et donc effectivement, j'ai peur qu'en fait s'installe dans l'opinion
03:37l'idée qu'on a une banque centrale européenne vraiment très rétive
03:41à amener les taux en territoire accommodant.
03:45On est aujourd'hui un taux neutre.
03:47Alors personnellement, je pense qu'il faudrait prendre un peu d'assurance
03:52et les placer un tout petit peu plus en territoire accommodant,
03:55baisser encore une fois.
03:57Mais la réticence est très très claire.
04:00Et honnêtement, j'ai un peu de mal à me l'expliquer.
04:01Je ne vois pas quel risque l'ABCE prendrait aujourd'hui
04:04à réduire un peu la voilure encore un peu plus.
04:08Mais voilà, c'est un état de fait.
04:09Et ça, ça suggère sans doute qu'il y a un équilibre des forces
04:13au sein du board, au sein du Conseil des gouverneurs,
04:16qui est effectivement plutôt aujourd'hui à l'avantage des faucons.
04:20Oui, elle a sur l'inflation quand même dit
04:21« Les perspectives sont plus incertaines que d'habitude.
04:24Les dépenses militaires pourraient accélérer l'inflation à moyen terme, Gilles. »
04:29Oui, et ça c'est quelque chose qui vient d'Isabelle Schnabel au départ.
04:32C'est-à-dire que ça, pour le coup, c'est une idée
04:35qui vient en général du camp des faucons.
04:39Oui, je veux bien admettre que lorsque vous avez une poussée budgétaire forte
04:44comme celle à laquelle on s'attend en Allemagne,
04:46on puisse avoir des pressions ici ou là sur les prix.
04:49Mais au regard de tous les déterminants macroéconomiques
04:53dont on dispose aujourd'hui, ça me semble être un risque assez mineur.
04:57En fait, là où personnellement, et vraiment, il faut être très humble là-dessus,
05:01mais moi j'ai un désaccord avec la lecture générale de l'ABCE,
05:06c'est que par exemple, un des risques à la baisse sur l'inflation,
05:10aujourd'hui très net, c'est ce qui se passe du côté de nos importations
05:14et de nos importations en Provence de Chine.
05:16La Chine est en situation de déflation,
05:18ses exportations vers la zone euro progressent très très vite,
05:20et donc la Chine exporte vers la zone euro de la déflation.
05:24La BCE a traité ce choc-là, ce canal-là, dans ses dernières prévisions,
05:30comme un scénario alternatif.
05:32Pour moi, ce n'est pas un scénario alternatif,
05:34c'est un scénario baseline,
05:36c'est effectivement ce qui est en train de se produire.
05:38Je vous citerai juste un chiffre.
05:41Sur 12 mois, au mois de septembre 2025,
05:43d'après les statistiques chinoises,
05:46les exportations chinoises vers la zone euro ont augmenté de plus de 12%.
05:49C'est énorme.
05:51Oui, et ça remet les choses à leur place, effectivement,
05:53pendant que les statistiques sont en train de monter de grosses évolutions
05:57et de montrer aussi que la croissance européenne est enlisée,
06:01la BCE choisit de s'auto-enliser, en tout cas,
06:03de confirmer le statut quo, troisième statut quo d'affilée.
06:06Nos experts sont assez nombreux à ne pas être d'accord
06:09avec sa stratégie monétaire de la Banque Centrale Européenne.
06:11La Fed, parallèlement à elle, hier soir, a baissé ses taux,
06:14mais alors là aussi, on aurait presque envie de parler
06:16d'une baisse de taux un peu restrictive,
06:18c'est-à-dire que Jérôme Powell, dans sa conférence de presse,
06:21a dit que pour la suite, une nouvelle baisse de taux en décembre
06:23n'était pas acquise, loin de là, ce sont ces termes,
06:25ce loin de là, il fait mal au marché aujourd'hui, Gilles.
06:29Oui, c'était quand même très clair,
06:31beaucoup plus clair que ce à quoi je m'attendais, honnêtement.
06:33On savait qu'une bonne partie du FOMC,
06:37du Comité de politique monétaire, de la Fed,
06:39est très réticente, en fait, à poursuivre les baisses de taux,
06:43en tout cas, à les poursuivre à un rythme rapide.
06:46Je ne pensais pas que ce serait exprimé d'une niveau aussi net
06:49par J. Powell.
06:51Moi, j'ai le sentiment que J. Powell, jusqu'à son départ,
06:54qui doit intervenir jusqu'en mai 2026,
06:57campera sur ses positions
06:58et ne sera pas nécessairement un allié
07:00de ce que Donald Trump veut faire aux États-Unis.
07:04Mais un des éléments qu'il a cités,
07:06et qui me semble important à comprendre,
07:08c'est qu'il y a aujourd'hui un vrai problème d'offres de travail
07:11aux États-Unis à cause de la restriction
07:13sur les flux d'immigration.
07:15Et donc, son point, c'est qu'effectivement,
07:17le marché du travail a ralenti,
07:19et donc ça, ça devrait les conduire à baisser les taux
07:21à une vitesse assez rapide.
07:23Mais en même temps, l'offre de travail,
07:25elle, s'écroule,
07:26parce qu'on n'a plus de flux d'immigration aux États-Unis.
07:30Donc, son point, c'est,
07:31même avec très peu de création d'emplois,
07:32on peut conserver un degré de pression sur les salaires
07:36qui resteraient élevés
07:37et qui maintiendraient l'inflation
07:38au-dessus de l'objectif de la Fed.
07:40Donc, il n'est pas, comment dire,
07:43contradictoire d'avoir à la fois
07:45des chiffres assez mauvais sur la situation de l'emploi
07:48et d'être nerveux sur la situation de l'inflation.
07:51Donc, effectivement,
07:52on a une Fed réticente à baisser.
07:55Je pense qu'elle le fera quand même,
07:56parce que, baisser en décembre,
07:59parce que, honnêtement,
08:00je pense que d'ici là,
08:00les chiffres vont révéler
08:01un marché du travail encore plus détérioré,
08:06je pense,
08:06que ce que l'on a eu au cours du troisième trimestre.
08:08Mais la charge de la preuve
08:10est probablement plus lourde
08:11que celle à laquelle on aurait pu penser, oui.
08:13Gilles, l'autre action de la Réserve fédérale hier,
08:16c'est l'annonce de l'arrêt de la réduction du bilan,
08:20la fin du QT.
08:21Est-ce que c'est un tournant majeur
08:23pour la politique monétaire américaine ?
08:26Et là aussi,
08:26est-ce que ça va dans le sens
08:27de ce que veut Donald Trump ?
08:29Est-ce qu'il en a été contraint,
08:30Jean-Jérôme Bouel ?
08:31Ce n'est pas un grand tournant
08:33parce que, dès le mois de mars de cette année,
08:37la Fed avait énormément ralenti
08:40le rythme de réduction de son bilan
08:44parce qu'en mars,
08:45on commençait à avoir
08:47des développements un peu désagréables
08:50sur le marché monétaire,
08:51en particulier américain.
08:52Donc, la Fed en avait tiré
08:54à la conclusion qu'on était proche
08:55du niveau à partir duquel
08:59il allait être dangereux de réduire
09:00encore plus le niveau de liquidité globale
09:02aux États-Unis.
09:03Donc, cette décision,
09:05cette annonce d'hier,
09:06elle ne change pas grand-chose
09:07parce qu'on était déjà
09:08sur un très faible rythme de QT.
09:11En revanche,
09:11ce qui est intéressant,
09:12c'est la décision de réinvestir
09:13ce qui reste du portefeuille obligataire
09:16de la Fed
09:17en obligation à très court terme
09:20du 13 ans.
09:21Et ça, c'est intéressant
09:22parce que depuis quelques temps,
09:24on a parfois un vrai problème
09:26de transmission
09:27le long de la courbe.
09:28C'est-à-dire que même
09:29lorsque la Fed baisse ses taux,
09:33on a parfois assez peu
09:34de transmission
09:35sur la partie longue de la courbe.
09:36Si la Fed,
09:38en plus de tout le reste,
09:39décide de réinvestir son portefeuille
09:41uniquement sur la partie courte
09:42de la courbe,
09:43ça va également avoir tendance
09:45à faire monter les taux longs.
09:47Et c'est exactement
09:48la réaction qu'on a eue hier
09:49où on a,
09:50en l'espace de quelques minutes,
09:52gagné de mémoire
09:528 ou 9 points de base
09:54sur le 10 ans américain.
09:55Donc, ça ne va pas du tout
09:57dans le sens
09:58que souhaitait l'administration américaine.
10:00Oui, et cette proportion
10:01à réduire,
10:04limiter la duration
10:05du bilan de la Réserve fédérale américaine
10:07en achetant désormais
10:07des obligations à court terme,
10:09de plus en plus court terme,
10:10c'est quand même bon
10:11pour l'économie à terme,
10:12pour les marchés
10:13où vous voyez des limites
10:14qui vont très vite
10:16se manifester aussi
10:17à travers l'immobilier peut-être.
10:19Quels impacts réels de tout ça ?
10:21En fait, on a déjà
10:23un marché immobilier américain
10:24qui est quand même
10:25encalminé,
10:27qui est encalminé
10:27en grande partie
10:28parce qu'on a une vraie résistance
10:29des taux à très long terme
10:31puisque les taux à 30 ans,
10:32ce sont eux
10:32qui déterminent le niveau
10:33des emprunts immobiliers
10:37aux États-Unis.
10:38Donc oui,
10:39ça ne va sûrement pas aider.
10:42Sur les temps,
10:42je pense que c'est assez marginal
10:44par rapport à ce qui est
10:46pour moi
10:46le grand événement
10:48depuis quelques mois
10:49aux États-Unis,
10:49c'est l'apparition
10:50d'une prime de risque
10:51quand même assez substantielle
10:52sur les taux l'américains,
10:55une prime de risque
10:56qui intègre
10:57les doutes
10:57sur l'indépendance
10:59de la Fed
10:59si le conflit
11:01s'aggrave
11:01entre la Maison-Blanche
11:02et la Fed
11:03et qui intègre aussi
11:05tout simplement
11:07le fait
11:07qu'on a une politique budgétaire
11:08qui est quand même
11:08comment dire
11:10assez héroïque
11:11et qui va se traduire
11:14par une dérive
11:15encore plus accusée
11:16de la trajectoire
11:17de dette publique.
11:18Donc dans le 30 ans américain
11:20qui a donc
11:22une importance immédiate
11:23pour les taux
11:24d'emprunts immobiliers,
11:26on a quand même
11:26beaucoup
11:27de primes de risque
11:28liées à la politique
11:29qui est quand même menée
11:30depuis le mois de janvier.
11:32Indépendamment de la Fed.
11:33Indépendamment de la Fed,
11:34oui, oui.
11:34Dans un instant,
11:35on se rebranche
11:35à la séance du jour,
11:36bien sûr,
11:36on reparlera des GAFAM
11:37qui ont publié leurs résultats.
11:39On a un dernier mot
11:40quand même ensemble,
11:40Gilles,
11:41sur cette rencontre
11:41entre Donald Trump
11:42et Xi Jinping
11:42la nuit dernière.
11:44Aude, vous le disiez,
11:45on a senti une forme
11:45de malaise,
11:46ne serait-ce qu'en regardant
11:46la poignée de main
11:47entre les deux hommes
11:48où Donald Trump
11:48multipliait les blagues,
11:49les tapes dans le dos,
11:50etc.
11:50Il y a alors un Xi Jinping
11:51qui lui était
11:52une statue de marbre
11:53qui rigolait jamais,
11:54enfin très particulier
11:55et c'est vrai
11:56quand on regarde aussi
11:57le contenu de l'accord
11:58tel que Donald Trump
11:59le présente,
11:59on se dit
12:00c'est sans doute
12:01une trêve provisoire.
12:02Est-ce que c'est comme ça
12:03que vous l'interprétez également ?
12:04Quelque chose
12:04d'un peu provisoire
12:05et peut-être en dessous
12:06ce qu'on aurait pu espérer ?
12:07Oui, c'est une trêve provisoire
12:09mais je trouve
12:10que ce qui est très intéressant
12:11c'est que
12:11c'est sans doute
12:13la première fois
12:14depuis le début
12:15du mandat de Donald Trump
12:162.0
12:17qu'on a pour moi
12:19un vrai recul net
12:20de la part
12:21de l'administration américaine
12:22parce que
12:22si on regarde
12:24les choses froidement,
12:25les Chinois ont accepté
12:26de reporter d'un an
12:27la mise en place
12:28de quelque chose
12:29que pour l'instant
12:29ils n'avaient pas mis en place.
12:31Donc on repousse
12:32quelque chose
12:33qui était un durcissement
12:34par rapport au statu quo
12:35alors que les Américains
12:37renoncent à 10 points
12:38de droit de douane
12:39qu'ils avaient
12:40effectivement mis en place.
12:42Donc en termes
12:42de concession à Cyproque
12:43à mon sens
12:44les Américains
12:45ont concédé davantage
12:46que les Chinois.
12:47C'est la première fois
12:48depuis le début
12:50de ce mandat
12:50et ça signale
12:51à mon avis très bien
12:52que lorsque les Chinois
12:54se sont servis
12:54de l'argument
12:55des terres rares
12:56ils ont visé juste
12:58parce que là
12:58on a senti
12:59une vraie inquiétude
12:59du côté de la Maison Blanche
13:01et donc une vraie capacité
13:02à offrir des concessions
13:04qui moi encore une fois
13:05me paraissent
13:05assez asymétriques
13:06du côté américain.
13:07Merci beaucoup
13:08Gilles Mouec
13:08le chef économiste
13:09du groupe AXA
13:10avec nous régulièrement.
13:11Bonne fin d'après-midi.
13:12Gilles Mouec
13:14Gilles Mouec
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