00:00Chaque jour, un expert, une experte aujourd'hui de marché vient déconstruire les idées reçues.
00:04Aujourd'hui, Valentine Ennouz nous rejoint.
00:07Elle est responsable de la stratégie de taux chez Amundi Institute.
00:10Bonjour Valentine !
00:11Bonjour !
00:12Ravie de vous retrouver et merci de vous y coller un 26 août.
00:15Avec plaisir !
00:17Face aux droits de doigt et nos incertitudes, la Banque Centrale Européenne va stopper son cycle de baisse de taux.
00:22Beaucoup le pensent, mais pas vous, vous dites bullshit !
00:25Vous foudroyez !
00:30Je foudroie !
00:31Cette idée que la Banque Centrale Européenne ne baisserait plus ses taux, en tout cas pas avant décembre.
00:35Enfin, reconnaissez qu'elle a été assez claire, il y aura peut-être moins de baisse de taux qu'avant.
00:38C'est ce qu'elle a laissé entendre dans sa dernière réunion.
00:39Alors, il est très clair, la BCE a placé la barre assez haute pour de nouvelles baisses de taux.
00:45On a une inflation qui se stabilise autour de 2%.
00:49Même si on a un peu plus d'inflation sur les services, ils ne sont pas inquiets
00:52parce qu'on voit quand même reculer les pressions sur les salaires.
00:56La BCE met aussi en avant qu'on a quand même une activité économique qui reste résiliente
01:02dans un contexte mondial qui est quand même, il faut l'avouer, difficile,
01:06surtout parce qu'on a une demande domestique qui tient,
01:09avec des croissances sur les salaires qui sont supérieures à l'inflation.
01:13On est au plein emploi en zone euro, c'est quand même un point très positif,
01:16avec un taux de chômage à 6,2% et on a aussi une activité de crédit
01:22qui se reprend doucement, doucement dans la zone euro.
01:24Donc ça, c'est quand même, c'est les arguments mis en avant par les BCE
01:28pour justifier que la barre pour les baisses de taux à venir est quand même assez haute.
01:32Oui, il n'y aurait donc du coup pas besoin de baisser les taux comme la BCE l'a fait ces derniers mois
01:36parce que finalement l'économie européenne ne va pas si mal.
01:39Julien ?
01:39Oui, mais du coup, ça n'a pas été un petit peu intégré dans le marché,
01:41le fait que même si les conditions s'améliorent,
01:45on n'est pas dans l'urgence de baisser les taux comme vous venez de l'exposer,
01:48avec les droits de douane, j'imagine qu'on se dit peut-être qu'elle les baissera quand même.
01:51Alors ça, c'est ce qu'anticipe le marché aujourd'hui et c'est cette idée que je fous droit.
01:55Je ne suis pas d'accord avec ce que pense aujourd'hui le marché,
01:58que la BCE n'aura pas besoin de baisser, d'avoir au maximum encore une baisse de taux.
02:03Pour vous, elle va plus les baisser que ce que le marché anticipe ?
02:05Pour moi, je pense que la BCE va beaucoup plus les baisser que ce que le marché aujourd'hui l'anticipe.
02:09Pourquoi ?
02:10Déjà, oui, une activité économique résiliente, mais une croissance qui reste relativement molle.
02:16Et si on a eu des bons chiffres de croissance au T1,
02:18c'était surtout une accélération par anticipation des exportations avant la hausse et droits de douane.
02:25Et puis, l'activité de crédit se reprend sur la zone euro,
02:28mais c'est surtout une activité de crédit pour les prêts immobiliers, pour les particuliers.
02:32Parce que si on regarde l'activité de crédit pour les entreprises, elle reste faible.
02:36Et la demande de prêts de la part des entreprises reste extrêmement faible.
02:42Après, on a aussi l'impact de la hausse des droits de douane et de l'appréciation de l'euro
02:48sur les pays exportateurs comme l'Allemagne.
02:51Et ça, c'est quand même à venir et c'est quand même un vrai risque.
02:54Ça plaide pour plus de baisse de taux, ça ?
02:55Faire baisser l'euro, mais ce n'est pas dans son mandat.
02:57Non, mais ça plaide quand même, ça plaide pour moi sur une direction
03:00qu'une baisse de taux, c'est vraiment le minimum que ce que va devoir faire la BCE.
03:06Parce que si on regarde les États-Unis, c'était quand même le premier pays exportateur pour l'Allemagne.
03:11Et surtout, le Made in Germany avait quand même eu beaucoup de succès sur le marché américain.
03:17On a vu un accroissement des exportations vers les États-Unis.
03:21et ce qui avait permis de compenser le ralentissement économique en Chine
03:25et la perte de parts de marché des entreprises allemandes en Chine.
03:29Donc, le marché américain est extrêmement important.
03:31Alors oui, on est arrivé à un accord entre Washington et Bruxelles,
03:36mais le coût des exportations s'est quand même significativement renchéri.
03:41Et puis, on est quand même, il faut l'avouer, dans un manque de visibilité pour les entreprises qui est important.
03:45Parce que ce n'est pas parce qu'on a un accord qu'on est à l'abri d'un changement de ton aujourd'hui de la Maison-Blanche.
03:50Donc, il y a plus cher.
03:51Et d'ailleurs, elle menace de surtaxe les pays qui réglementeraient trop les GAFAM.
03:55Donc, on n'est pas à l'abri d'une taxe aussi en Europe.
03:56Exactement. Les droits de douane, c'est devenu un outil politique.
04:00Flexible, oui.
04:01Et pour moi, le dernier argument qui pourrait forcer la BCE à baisser plus ses taux,
04:06eh bien, c'est si on a une inflation plus faible.
04:08Parce qu'aujourd'hui, la BCE, elle est très, très confiante que l'inflation a la ralentie
04:12et maintenant, elle va se stabiliser à 2%.
04:14Mais ce n'est pas du tout évident qu'on ait une inflation qui continue de se stabiliser à 2%.
04:18Parce que l'inflation, elle pourrait être plus faible
04:21si on a les exportations européennes ralentie, baissent.
04:27On aura trop de stocks.
04:29Voilà.
04:30Les prix baisseraient.
04:30Exactement.
04:31Déflation ?
04:31Alors, sans parler de déflation, on peut parler d'une inflation qui ne soit plus à 2%,
04:36mais peut-être en dessous.
04:38Et du moins, qui oblige la BCE à avoir une politique monétaire plus accommodante.
04:43Oui, cela dit, il y a aussi tout ce qui a animé le marché positivement concernant l'Europe en début d'année.
04:50Il y a des annonces des dépenses d'investissement sur la construction, sur l'infrastructure,
04:56sur la défense, notamment les annonces allemandes.
05:00Tout ça, ça devrait logiquement soutenir quand même de la croissance.
05:03Alors ça, ça devrait soutenir la croissance, l'inflation.
05:06Mais aussi le problème de l'inflation, c'est si on a plus d'importations de produits chinois.
05:10Parce que la Chine est aujourd'hui en surcapacité
05:13et elle pourrait inonder le marché européen de produits chinois.
05:17Donc ça, et c'est plus simplement l'électroménager, les textiles ou l'immobilier.
05:22On parle maintenant aujourd'hui des automobiles et des produits à plus hausse valeur technologique.
05:27Et sur les plus de dépenses en Allemagne, on parle d'un plan de 500 milliards.
05:33Et ça, ça va être extrêmement positif pour l'Allemagne.
05:37Mais est-ce que les autres pays européens ne sont pas dans cette configuration ?
05:41On peut parler de la France qui est quand même revenue seule devant de la scène aujourd'hui.
05:44La marge de manœuvre budgétaire de la France pour soutenir son économie est quand même beaucoup plus faible.
05:49Donc pour moi, si je veux conclure, la BCE pourrait être obligée de baisser plus ces taux que le marché l'anticipe aujourd'hui.
05:56Si on a un environnement en Europe où il y a plus de fragmentation,
05:59certes c'est positif pour l'Allemagne,
06:01mais pour les autres pays européens, on peut se poser des questions.
06:03Et si on est sur une inflation plus faible que ce qu'anticipe la BCE aujourd'hui.
06:08La prochaine réunion de la Banque Centrale Européenne tombera le 11 septembre.
06:11Voilà.
06:12Bon, on espère que ça se passera bien quand même.
06:14Merci beaucoup, Valentine, d'être passée nous voir.
06:16Merci.
06:16Valentine et nous, juste pour se rassurer, parce que quand on se regarde, on se fait peur,
06:18mais quand on se compare, on se rassure.
06:20Oui, les taux français montent, on est à 3,51.
06:22Vous êtes spécialiste obligataire.
06:23Les taux japonais, 30 ans, sont sur des plus historiques.
06:263,21 là.
06:27Exactement.
06:29Et les taux britanniques montent fortement aussi en ce moment.
06:31Il n'y a vraiment pas que la France.
06:32On est vraiment aujourd'hui sur des pressions sur les taux longs.
06:38On est dans un environnement...
06:39Bon, ça, on en rediscutera à la tête là.
06:41C'est grave, docteur, ou pas ?
06:42Juste en un mot, c'est grave là ce qui se passe.
06:43Il y a vraiment des lignes qui sont en train d'évoluer fortement.
06:46Les taux longs, vous le dites, se tentent partout.
06:47Il n'y a pas que la France.
06:48Il y a le Japon, il y a le Royaume-Uni,
06:49les États-Unis aussi dans une moindre mesure en ce moment.
06:52On est vraiment dans un environnement
06:53où il y a un vrai changement de régime
06:55sur la dynamique offre et demande sur l'obligataire.
06:59Où il y a des besoins de financement des États
07:01qui sont en train d'augmenter.
07:03Sur le court terme.
07:05Oui, sur le court-moyen terme,
07:06pour financer le vieillissement de la population,
07:08le vieillissement de la population,
07:10pour financer les soutiens à l'économie,
07:12pour financer des transitions vers une économie décarbonée.
07:15Mais il y a vraiment globalement,
07:17le marché anticipe aujourd'hui des besoins de financement
07:19des économies développées
07:21qui sont en train de monter.
07:22Les États-Unis aussi,
07:23pour financer les déficits qui sont élevés.
07:25C'est un mouvement global.
07:26En plus, les Américains,
07:27pour financer leurs dettes long terme,
07:28empruntent, démultiplient les emprunts à court terme.
07:30Ils s'endettent pour financer les dettes long terme.
07:34Mais ça, ce n'est pas nouveau.
07:35Depuis Biden,
07:36les emprunts à court terme
07:37avaient aussi très fortement augmenté.
07:40Valentin et Luz,
07:41merci de nous avoir accompagnés à Moundi Institute.
07:43Et puis,
07:43merci de nous avoir accompagnés à Moundi Institute.
07:44Merci.
07:44Merci.
07:44Merci.
07:44Merci.
07:44Merci.
07:45Merci.
07:45Merci.
07:45Merci.
07:45Merci.
07:45Merci.