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  • il y a 6 jours
Ce mercredi 1er octobre, Florence Pinot de Villechenon, directrice du CERALE (Centre d'Etudes et de Recherche Amérique Latine Europe), était l'invitée d'Annalisa Cappellini, dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Elles se sont intéressées aux législatives en Argentine qui auront lieu le 26 octobre, et à la popularité de Javier Milei. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:007h18 sur BFM Business et sur RMC là et focus sur l'Argentine.
00:04Ce matin, élection de mi-mandat le 26 octobre qui vise à remplacer la moitié du Congrès.
00:09C'est très important pour Ravier Mileï et n'est pas en très bonne posture.
00:12Notre invitée ce matin, c'est Florence Pinault de Villechenon.
00:15Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes professeure émérite à l'ESCP Business School.
00:19Vous êtes directrice du CERAL, le Centre d'études et de recherche Amérique Latine Europe.
00:24Il y a le bilan économique dont on parle souvent, mais ça pose sur politique aujourd'hui.
00:28Est-ce que Ravier Mileï est en haut dans les sondages ?
00:32Est-ce qu'il bénéficie justement de sa tronçonneuse économique auprès des Argentins ?
00:38Eh bien écoutez, je pense qu'on peut dire qu'aujourd'hui, effectivement, juste à la veille,
00:42puisqu'il manque quelques semaines à peine de ses élections au niveau national,
00:46mais juste après les élections qui ont lieu au niveau de la province de Benozer,
00:50qui étant la province la plus peuplée, faisait figure un peu de test,
00:54bien qu'elle ait un profil un petit peu particulier.
00:56Je pense qu'il est bon de s'interroger.
00:58Est-ce que la technique Mileï souffre un peu d'un effet d'usure ?
01:04Je pense qu'il y a quand même une cote qui n'a pas dégringolé,
01:10mais qui s'est effritée tous ces derniers mois,
01:14émaillée des mois qui ont été émaillés par deux scandales
01:19qu'on associait à la corruption, le crypto-gate, comme on l'a appelé à l'automne australe,
01:26où le président est apparu concerné par une crypto-monnaie qui a été lancée en une journée.
01:35Il l'a appuyée depuis son compte personnel,
01:37en voulant faire peut-être après une source de revenus pour les start-upers, etc.
01:41Puis tout ça a dégrincé, s'est effiloché dans la journée,
01:46ça a créé des pertes pour les uns, des gains pour les autres.
01:48Donc ça a jeté une suspicion que le président et son entourage,
01:53par son style, n'ont pas complètement dissipé.
01:55Je pense que de ce point de vue-là,
01:57vous voyez, j'oserais dire maintenant,
02:00quand on regarde et on suit l'Argentine et on l'aime,
02:03moi je la suis avec attention,
02:05en suivant tous les jours ce qui se passe,
02:07que finalement le pire ennemi du président, c'est lui-même.
02:10Dans sa communication ?
02:11Et dans son style.
02:13C'est-à-dire que vous avez un président qui a quand même une réussite,
02:17qui est la lutte contre l'inflation.
02:20Là, il n'y a pas de marche arrière, ça se passe bien.
02:26Mais tout d'un coup, vous avez un président qui communique
02:29comme quand il était à la conquête du pouvoir.
02:33C'est ça qui a marché quand même.
02:34C'est ce style handicapé.
02:36Ça a marché, bien sûr, comme on voit que ça marche
02:38dans d'autres sociétés, ailleurs dans la planète.
02:41Mais en même temps, tout d'un coup, vous vous dites,
02:42mais attendez, ce réseau maintenant,
02:44là ce n'est plus le réseau des fans de Millet,
02:47c'est le réseau, c'est le compte de la présidence de la République.
02:51Donc de ce point de vue-là, il y a une erreur,
02:53et il y a une erreur aussi.
02:54Alors c'est ce qui a marché au début,
02:55c'est ce qui lui a permis d'accéder au pouvoir.
02:58La brutalité du style, d'un côté c'était rassurant,
03:01parce que vous dites avec quelqu'un comme ça,
03:02c'est sûr que la bataille contre l'inflation,
03:05il veut l'emporter et il ne va pas y renoncer,
03:08mais en même temps, si vous voulez,
03:09ça fait un style très brutal.
03:11Alors quand vous rentrez dans des sujets très sensibles
03:13comme l'éducation, le handicap, la vieillesse,
03:17l'hôpital, la santé, etc.,
03:19tout d'un coup, l'entretien des routes,
03:21là ça fait un peu mal,
03:23et si la crise dure un peu,
03:25la population paraît un peu fatiguée.
03:28Annalisa ?
03:28Justement, il y a une question de style,
03:30de posture de Xavier Milay,
03:31mais quand on va vraiment sur le fond,
03:33quand on va regarder sur le terrain,
03:35est-ce que cette technique marche ?
03:38Il y avait effectivement le problème de l'inflation,
03:40il y a aussi le problème de la pauvreté,
03:41est-ce qu'il a réussi à le résoudre ?
03:43Alors pour la pauvreté, ce qui est dit,
03:44justement, je vous transmets un peu
03:46ce que, quand on suit comme ça,
03:50ce qui se passe dans le pays.
03:51Apparemment, d'après les statistiques,
03:54il n'y a pas de doute sur la qualité des statistiques.
03:56Je dis ça, c'est important,
03:58parce que sous le gouvernement de Christina Kirchner,
04:02par exemple, l'Institut de statistiques
04:03avait carrément été muselé,
04:06il était interdit de parler de chômage,
04:07je sais, pour ne pas créer de discrimination.
04:11Là, ce n'est pas le cas,
04:12donc les statistiques sont fiables.
04:14Au fait, si vous mesurez,
04:15d'après ce que disent les organisations
04:18qui suivent l'organisme des statistiques,
04:20si vous mesurez le parcours depuis début 2024,
04:23où il prend le pouvoir,
04:25jusqu'à mi-2025,
04:26donc, allez, grosso modo, 18 mois,
04:29la pauvreté s'est fortement réduite.
04:32En revanche, là,
04:33et c'est ça qui n'est pas très encourageant
04:35pour les Argentins,
04:36mais bon, il faut voir la capacité,
04:38le réservoir d'espoir que l'on peut avoir
04:40quand vous habitez en Argentine.
04:42Si vous comparez par 2017,
04:44effectivement, la trajectoire de l'Argentine
04:46montre une augmentation de la pauvreté.
04:48Donc, sur la question de la pauvreté,
04:50effectivement, là...
04:53Tout dépend de la base, quoi.
04:54Tout dépend de la base.
04:55Alors, ce qui est dit aussi,
04:57tous ces jours-ci,
04:58parce que les élections,
05:00là, elles ont...
05:01Personne n'a gagné,
05:02mais elles ont été une défaite pour Muley,
05:03parce que lui, il attendait une meilleure performance
05:04dans cette province de Ménosère,
05:06qui est pourtant...
05:07qui est un fief du péronisme,
05:10du kirchnerisme.
05:11Ce qu'on peut dire,
05:12c'est qu'effectivement,
05:13il y a beaucoup de segments de la population,
05:16de plus en plus,
05:16qui maintenant disent...
05:18Soit ils disent,
05:19je n'arrive pas à la fin du mois,
05:21ou ils disent,
05:22j'ai renoncé à des frais.
05:25Alors, les frais,
05:25ça va peut-être être l'école des enfants,
05:27ça va être le plan de santé,
05:28vous voyez, ce type de choses.
05:29Et beaucoup le disent, ça.
05:30Est-ce que ces relations avec Washington
05:31le poussent au niveau de la population,
05:35ou ça le sert ?
05:36Alors, vous savez bien que là,
05:39on assiste au deuxième plan de sauvetage financier
05:43de l'Argentine,
05:44on est au mois d'octobre,
05:45depuis avril,
05:47il y a eu d'abord le plan du FMI
05:48et maintenant l'aide d'un bloc de la présidence,
05:55voilà, de la présidence et du secrétaire
05:57qui a été extrêmement clair dans l'aide
05:59et dans le soutien à l'Argentine.
06:01Donc, à partir de là,
06:03vous imaginez,
06:03si vous êtes dans l'opposition,
06:04vous avez un magnifique argument
06:06pour dire,
06:07mais attendez,
06:08ça, ce n'est pas un assujettissement
06:10à la première puissance mondiale,
06:13sachant le style de l'hôte de la Maison-Blanche,
06:17qui a tendance à...
06:19qui est une personne de deal.
06:21Donc, effectivement,
06:23on est en droit,
06:23on le voit au sein du Congrès,
06:27l'opposition brandit déjà
06:28et va brandir probablement
06:30en vue des élections,
06:31cette arme.
06:32Mais attendez,
06:33on perd l'Argentine,
06:34perd sa souveraineté.
06:35Merci beaucoup,
06:36Florence Pinault de Villechenon.
06:37Vous êtes venue ce matin
06:37dans la matinale de l'économie
06:39pour nous parler de l'Argentine.

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