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  • il y a 2 jours
Ce lundi 6 octobre, Carlos de Cordoue, directeur du Crédit Agricole en Ukraine, était l'invité dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Il parle de l'économie ukrainienne et de sa capacité de résilience. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00de l'économie ukrainienne et sa capacité de résilience, des besoins sur place pour soutenir la consommation,
00:05financer les infrastructures électriques, les télécoms, le système financier lui-même.
00:09Carlos de Cordoue, bonjour, merci d'être avec nous ce matin.
00:12Vous êtes directeur du Crédit Agricole en Ukraine.
00:14En Ukraine, il y a 2000 salariés, 400 000 clients sur place.
00:18Il reste 130 agences à peu près qui tournent à plein régime.
00:21La guerre évidemment fait toujours rage là-bas, mais l'économie n'est pas à l'arrêt.
00:25La Baird nous dit 3,3% de croissance en 2025 pour l'Ukraine.
00:31Comment ça fonctionne là-bas ?
00:33Vous avez toujours un fonctionnement quasi normal.
00:36Comment vous vous êtes adapté ?
00:38Alors écoutez, oui, c'est un peu contre-intuitif, mais l'économie fonctionne, fonctionne bien.
00:45Je crois vraiment que la raison de ce résultat, de ce succès d'une certaine façon,
00:51c'est cette capacité des Ukrainiens absolument incroyables à s'adapter aux situations difficiles.
01:00Et des crises, on en a traversé.
01:02Vous vous souvenez de la mer Noire fermée.
01:04Vous vous souvenez des crises électriques très graves qui ont touché le pays, en particulier l'année dernière.
01:10Et à chaque situation, il y a cette énergie entrepreneuriale pour s'adapter, pour trouver des solutions.
01:16Et je crois que c'est une des grandes raisons de ce succès économique, d'une certaine façon.
01:21C'est qu'il y a un entrepreneuriat qui fonctionne bien, avec des gens qui demandent à être financés,
01:26avec des idées, avec une innovation, notamment sur les infrastructures électriques.
01:31Là, j'ai envie de vous dire, vous êtes sur un rôle de banquier vraiment à l'origine de ce que c'est le banquier.
01:37C'est-à-dire que vous financez le risque, vous étudiez des dossiers.
01:39L'entrepreneuriat fonctionne.
01:40Oui, absolument.
01:42Alors le rapport, évidemment, avec l'entreprise est un petit peu changé par la situation qu'on traverse.
01:49Moi, je connais un grand nombre d'entreprises qui ont eu des dommages, des dommages de guerre,
01:54et qui se sont réadaptées.
01:56Un grand nombre d'entreprises ukrainiennes qui étaient dans l'est de l'Ukraine,
02:00là où la situation est la plus chaude, ont transféré leurs équipements industriels
02:04pour s'installer, par exemple, dans l'ouest de l'Ukraine.
02:07Vous voyez, toute cette mécanique d'adaptation est absolument incroyable.
02:13Annalisa, cette classe entrepreneuriale qui résiste pense déjà à l'après-guerre.
02:18Est-ce que vous, vous y pensez ?
02:20Quelles sont vos perspectives après la fin du conflit ?
02:22Alors pour nous, d'ailleurs, la reconstruction, c'est maintenant.
02:25Ce n'est pas quelque chose d'hypothétique dans quelques années.
02:28D'ailleurs, on ne sait pas quand sera la fin de cette guerre.
02:30Donc on s'y prépare.
02:31On a parlé de la crise électrique, par exemple.
02:33La façon dont les Ukrainiens se sont redéployés, c'est en créant des petites unités de production électrique.
02:42Alors ici, ça peut être de la biomasse, ça peut être des panneaux solaires, ça peut être, vous voyez, une petite centrale au gaz.
02:52Et donc on a financé, on finance ces petits projets de reconstruction électrique.
02:57Vous voyez, et donc ça a déjà démarré.
03:00Et l'autre façon de se préparer, vous avez cité la Beur de tout à l'heure, par exemple, qui est très impliquée.
03:05Et donc on construit avec eux des programmes de partenariat de partage de risques, en fait.
03:10Donc on construit des...
03:12Et donc nous, ça nous donne du levier pour pouvoir aussi financer cette reconstruction.
03:17Vous financez aussi des grandes entreprises, comme Rheinmetall, qui a des activités en Ukraine.
03:21Récemment, on a vu la BNP, alors je ne sais pas si c'est le cas aussi au Crédit Agricole,
03:25changer sa manière de voir le financement des armes, en changeant la manière dont elle en parle.
03:29Elle ne parle plus d'armes controversées, mais désormais, il y a des armes qui sont interdites ou pas.
03:34Comment vous voyez cette évolution dans le financement de la défense ?
03:37Alors, la défense, c'est vraiment un secteur qui s'est évidemment développé.
03:40Les industries de défense en Ukraine ont pris un relais économique très important.
03:46Donc vous avez cité Rheinmetall, mais il y a d'autres entreprises qui commencent effectivement à s'installer, à créer des unités.
03:54Vous suivez les affaires du drone, c'est phénoménal.
03:58Donc l'industrie du drone, aujourd'hui...
04:01L'Ukraine devient un acteur fondamental dans l'industrie du drone.
04:03Totalement fondamental. Donc on voit beaucoup d'entreprises internationales qui viennent pour découvrir.
04:08Parce que c'est ça, la question. Découvrir ce que c'est que cette industrie du drone.
04:13Essayer de créer des joint ventures. On voit des discussions qui commencent à se créer autour de ces sujets.
04:19Oui, la défense, on a beaucoup à apprendre de l'Ukraine.
04:23Quand on est une banque aujourd'hui et qu'on travaille en Ukraine, on a une sorte de prélèvement pour financer l'effort de guerre.
04:29Ça fonctionne comment ?
04:30Vous savez, c'est très simple. C'est-à-dire que le système bancaire est extrêmement solide, a très bien résisté au choc de la guerre et gagne beaucoup d'argent.
04:40Donc l'État a décidé d'imposer une surtaxe sur le système bancaire.
04:46Donc si vous voulez, on travaille un jour sur deux pour la défense du pays, d'une certaine façon.
04:51On a un taux d'imposition à 50%.
04:53Ah oui ?
04:54Oui, oui, oui. Donc voilà. Mais en même temps, si vous voulez, d'abord, moi je vois mes employés sont assez fiers, finalement, de travailler aussi pour la défense du pays.
05:082000 salariés, je le disais, au Crédit Agricole. Vous-même, vous n'êtes pas ukrainien, vous avez eu d'autres postes au sein du Crédit Agricole.
05:14C'est quoi le sentiment sur place ? Est-ce qu'il y a des gens qui ont préféré quitter le pays ?
05:19Est-ce que vous-même, à un moment donné, vous vous êtes dit, je vais aller faire un autre job ?
05:22Alors, moi, c'était plutôt l'inverse. C'est-à-dire que cette situation a été un degré de motivation supplémentaire pour une raison simple, c'est que je vis au milieu de ces Ukrainiens et que j'ai tout de suite senti leur énergie, leur motivation pour pouvoir résister.
05:40Et je me suis dit, ben voilà, je suis dans une aventure avec eux et je continue. Donc vraiment, ça s'est passé comme ça.
05:45Vous n'avez jamais envisagé de revenir en France ?
05:46Non, à aucun moment. Et par contre, effectivement, beaucoup d'Ukrainiens ont quitté. Certains sont revenus, d'autres repartent. Donc on a ces va-et-vient.
05:57Chaque cas est une situation individuelle. Vous avez une famille, des enfants, vous ne voulez pas forcément rester sous les bombes.
06:04Donc voilà, on ne peut pas juger.
06:07Non, ce n'est pas jugé, mais vous avez eu beaucoup de demandes de retours ?
06:12Oui, oui, des retours. Il y a eu une grosse vague au début. Ensuite, des retours, des mères de famille, pour l'essentiel, qui sont revenus.
06:20Et puis là, en ce moment, on est un peu dans une phase où, vous savez, c'est des bombardements quand même réguliers.
06:26La nuit, pour les familles, pour les enfants, ce n'est pas facile. Donc certaines femmes font le choix en ce moment de repartir.
06:33Vous voyez, c'est un peu comme ça que ça fonctionne.
06:35Merci beaucoup, Carlos de Cordoue, d'être venu ce matin sur le plateau de la matinale de l'économie, directeur du Crédit Aéricole en Ukraine.

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