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  • il y a 4 semaines
Ce lundi 25 août, Alexis Karklins-Marchay, directeur général délégué d’Eight Advisory, était l'invité d'Annalisa Cappellini dans Le monde qui bouge - L'Interview, de l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Il s'est penché sur les très bons chiffres de la croissance espagnole, avec 2,5% de prévisions sur l’année, alors que la France espère atteindre les 1%. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Tous les lundis, c'est Alexis Karklins-Marchais qui va nous accompagner pour parler relations internationales.
00:06Bonjour, merci de nous accompagner pour cette nouvelle saison.
00:11On va parler ensemble ce matin de l'Espagne.
00:14L'Espagne qui annonce des chiffres de croissance à nous faire pâlir d'envie.
00:18On est quoi sur 2,5% de prévision sur l'année et nous on espère atteindre les 1%, mais comment font-ils ?
00:25C'est ça, c'était le tube économique de l'été.
00:29C'était un des tubes économiques de l'été, la croissance espagnole.
00:31On a beaucoup parlé des tarifs douaniers, mais BFM Business a beaucoup parlé aussi de cette croissance espagnole.
00:37Un pays qui est aujourd'hui l'un des plus dynamiques en Europe.
00:402,5% de croissance en 2023, 3,2% en 2024 et donc 2,5% attendu pour 2025.
00:47C'est effectivement à comparer avec l'un des cancres européens.
00:51On veut bien sûr parler de la France et son 0,6%.
00:53Alors comment ?
00:55Eh bien, si l'on en croit une partie de la gauche française, en fait, il faudrait s'inspirer justement de ce modèle espagnol
01:01parce que le gouvernement de Pedro Sanchez conduit une politique de relance,
01:05conduit des réformes sociales qui supportent cette croissance.
01:09Je vais vous citer quelques exemples, quelques mesures très rapides qui sont généralement évoquées.
01:13une hausse du salaire minimum de 54% depuis 2018, une loi travail qui a réduit les contrats précaires,
01:21l'introduction d'un revenu minimum vital, des mesures comme l'indexation des retraites ou des plafonnements des loyers,
01:27et puis la mise en place d'un impôt sur les grandes fortunes et sur les super profits de certaines entreprises.
01:32Voilà alors, voilà des exemples, des chiffres de croissance qui sont aujourd'hui soutenus,
01:35qui seraient soutenus selon, et je dis bien une partie de la gauche française,
01:39qui au passage se félicite de cette croissance alors que l'on sait que chez nous, elle critique même l'idée de croissance,
01:44c'est un peu un paradoxe, et bien c'est un pays qui va effectivement mieux que la France quand on regarde les grands chiffres macroéconomiques.
01:49Est-ce que ça veut dire que je peux copier-coller le modèle ?
01:52Alors, il faut voir qu'il y a différents facteurs qui expliquent ça.
01:55Il faut voir les grands moteurs de croissance.
01:57Aujourd'hui l'Espagne c'est d'abord effectivement une consommation qui est au vert, qui tourne bien,
02:01et les mesures qui ont été prises ont permis de soutenir cette croissance.
02:04Mais il faut voir aussi que l'investissement des entreprises est plus fort qu'en France.
02:09Pourquoi ? Et bien parce que par rapport aux leurs concurrentes françaises,
02:12les concurrentes espagnoles bénéficient d'une fiscalité plus flexible et de chartes sociales qui sont nettement inférieures.
02:18Parlons aussi des exportations, vous savez qu'elles s'appuient sur une main d'oeuvre bon marché
02:21et une immigration de travail très importante.
02:24Je vais vous donner un chiffre, c'est une donnée officielle,
02:26près de 90% des nouveaux emplois qui ont été créés au cours des dernières années en Espagne
02:31sont occupés par des travailleurs étrangers ou qui ont la double nationalité.
02:35On ne peut pas non plus citer le tourisme, c'est 15% du PIB espagnol, ça n'est que 9% en France.
02:42Ce tourisme tire fort chaque année, l'Espagne bat record sur record.
02:45Et comment oublier aussi le fait que l'Espagne est un des principaux pays
02:50qui reçoit de l'aide européenne et des subventions.
02:52Tout ça contribue à soutenir cette croissance.
02:54Analyse à Capelini.
02:55Justement, c'est très compliqué de comparer.
02:57On sait qu'il y a quelques chiffres notamment qui ne correspondent pas.
03:00Il y a le chômage qui est encore à 10% en France, il est beaucoup plus bas.
03:05C'est vrai que c'est difficile de comparer ces deux situations économiques
03:07de deux pays si différents.
03:09Et oui, vous connaissez, je pense, cette citation célèbre de Blaise Pascal
03:13dans les pensées, le philosophe et mathématicien français du XVIIe siècle.
03:17Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
03:19Oui, il faut toujours, vous avez raison, se méfier de ces comparaisons qui sont partielles.
03:23D'abord parce que l'Espagne n'est pas le seul pays qui croit fort en Europe.
03:25Le Danemark, la Pologne, l'Irlande ont des croissances qui sont même supérieures à 3%
03:29avec des recettes totalement différentes.
03:31Vous avez cité le taux de chômage, c'est toujours bien de regarder un agrégat,
03:35mais il faut regarder l'ensemble des agrégats.
03:36Et le taux de chômage, effectivement, en Espagne, est supérieur à 10%.
03:40Il est de 7% chez nous.
03:43On a beaucoup parlé du salaire minimum.
03:45Oui, il a beaucoup progressé en Espagne, c'est vrai, depuis 2018.
03:47Mais il est aujourd'hui de 1 381 euros brut par mois.
03:52Il est à 1 802 euros brut par mois en France.
03:55Le temps de travail est plus élevé, l'inflation est plus élevée,
03:58le PIB, le revenu par habitant, lui, est en revanche inférieur de 20%.
04:01Plus généralement, on peut dire que l'économie française demeure plus innovante,
04:06plus productive, avec davantage de champions internationaux dans de nombreux secteurs.
04:10Et puis, on l'a vu, rappelez-vous, la coupure massive d'électricité au mois d'avril dernier,
04:13elle a montré que les infrastructures énergétiques de l'Espagne,
04:17même si le pays a beaucoup investi dans le solaire,
04:19sont un peu obsolètes et méritent des investissements.
04:22Après, il y a un point majeur, peut-être pour calmer les ardeurs,
04:26c'est l'âge de départ à la retraite, 67 ans.
04:28Et oui, c'est vrai que quand on parle de l'Espagne,
04:31il ne faut pas oublier que l'âge de départ à la retraite a été allongé
04:36et sera porté à 67 ans en 2027.
04:39Vous vous rappelez qu'en France, il a été difficilement porté à 64 ans
04:42et certains même disent qu'il faut revenir à 60 ans.
04:43Vraiment des réalités très différentes.
04:46Et je voudrais quand même insister sur un point,
04:47s'il y a un domaine où la France peut s'inspirer de l'Espagne,
04:50ce sont justement les finances publiques.
04:52Parlons des dépenses publiques en particulier.
04:54Elles sont en baisse relative en Espagne depuis plusieurs années.
04:57Elles représentent 45% du PIB contre 57% en France.
05:01Si on prend l'autre côté, les recettes, les prélèvements obligatoires,
05:04elles représentent 37% du PIB en Espagne.
05:07Nous sommes à 46% en France.
05:08S'il y a un domaine où l'Espagne peut inspirer la France,
05:11ce sont bien, je le redis, les finances publiques.
05:13Est-ce que vous savez, Alexis, si l'assurance chômage fonctionne comme en France ?
05:18Est-ce que l'indemnisation est au même niveau ou si elle est inférieure ?
05:21Elle est inférieure.
05:22Elle est inférieure.
05:22C'est un pays où...
05:23Poser la question, c'est un peu avoir la réponse.
05:24Oui, voilà.
05:25C'est-à-dire qu'en fait, d'abord, on peut dire que presque tous les pays
05:27sont sans doute inférieurs à la situation française.
05:30Mais oui, la précarité est sans doute plus forte en Espagne.
05:33Mais on va parler aussi de flexibilité.
05:35C'est un pays qui, aujourd'hui, a choisi la voie de la lucidité et du réalisme.
05:38Et donc, en comparaison d'une certaine économie française
05:42qui fait souvent l'objet de beaucoup de démagogie,
05:45eh bien, on peut dire qu'en Espagne, le monde bouge.
05:47Alexis Karklins-Marchais, qui va nous accompagner tous les lundis
05:51dans Le Monde qui Bouge, directeur général délégué d'Aid Vazuri.
05:54Merci d'être venu aujourd'hui.

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