00:00BFM Bourse, l'écho du monde.
00:03Avec Patrice Gautry, chef économiste d'Union Manca Privée. Bonjour Patrice.
00:07Ravie de vous retrouver. D'abord le shutdown quand même.
00:09Alors c'est le 21e shutdown depuis les années 70 aux Etats-Unis.
00:13Autrement dit, on y est assez habitué.
00:14Le record man des shutdowns, c'était Ronald Reagan.
00:168 shutdowns, 8 shutdowns pendant son mandat.
00:19C'est le record total.
00:21Et celui qui en a vécu, qui en a subi le moins,
00:24c'est George Walker Bush, George Bush fils.
00:26Zéro shutdown pendant ses deux mandats.
00:28Parce qu'il avait fait deux mandats, mais avec une nette majorité républicaine à l'époque au Congrès.
00:32Si bien qu'il avait su éviter les shutdowns.
00:34Voilà, c'est le seul depuis les années 70 à avoir évité les shutdowns.
00:37Pour Donald Trump, c'est le quatrième shutdown déjà.
00:39Le quatrième, sachant qu'il était record man de la durée du shutdown dans son précédent mandat.
00:44Le dernier shutdown, en 2019, avait duré 35 jours.
00:48La question à nouveau sera combien de temps ça va durer cette fois-ci, Patrice ?
00:53Alors là, le calendrier, effectivement, il est politique.
00:55On sait très bien que les deux chambres ne sont pas proches de se réunir.
00:59Donc, ce qui veut dire qu'il n'y aura probablement pas de solution sur la fin de cette semaine.
01:04Peut-être durant le week-end avec des négociations accélérées et en début de semaine dans le meilleur des cas.
01:08Mais la position démocrate, puisqu'il y a un sursaut de la part des démocrates,
01:12qui est de réinstaurer, en fait, certaines dépenses en faveur de la santé,
01:15semble très éloignée des positions républicaines.
01:18Donc, le risque, c'est effectivement, soit on a un corps surprise en fin de week-end,
01:22ou soit, effectivement, la situation dure, sachant que le coût économique,
01:26eh bien, traditionnellement, on dit, quand les fermetures sont importantes,
01:30puisque pour l'instant, effectivement, ça n'affecterait que quelques agences,
01:34dont la production de données avec le Bureau du travail,
01:37on a la coutume de penser que chaque semaine de fermeture coûterait 0,1 point de PIB de croissance trimestrielle.
01:44Donc, mais tout ceci se rattrape dès qu'il y a réouverture.
01:49Donc, c'est pour ça aussi que les marchés ne sont pas trop inquiets.
01:52Mais, bien entendu, c'est à surveiller, parce qu'on a vu M. Trump réagir de façon assez négative,
01:57en disant, eh bien, s'il y a fermeture temporaire,
02:01on peut aussi licencier un certain nombre de fonctionnaires,
02:05ce qui, là, prendrait une tournure politique et économique beaucoup plus dramatique
02:09que tous les épisodes historiques que vous avez cités.
02:11– On va parler statistiques et du côté de ce qui nous attend
02:17et de ce dont on a eu droit, les chiffres de l'ADP.
02:23Qu'est-ce que vous pensez ?
02:24Qu'est-ce que vous pensez de ces données qui ont été, en plus, révisées en forte baisse ?
02:28– Oui, alors, effectivement, le momentum est négatif.
02:31On avait eu les statistiques, donc, JOLTS, qui montraient, en fait, les ouvertures,
02:36c'est-à-dire, en fait, la demande de la part des entreprises,
02:38donc, les ouvertures de postes au potentiel à pourvoir,
02:41et celle-ci était, effectivement, en léger rebond,
02:44mais, par contre, les embauches ne suivaient pas,
02:46et il y a un ralentissement qui est marqué dans le marché du travail.
02:50ADP est encore plus négatif, puisqu'on parle, cette fois-ci,
02:53de destruction, donc, de postes de travail,
02:56importants dans les secteurs des services,
02:58et aussi dans le secteur manufacturier.
03:01Et puis, je dirais, la vraie mauvaise nouvelle dans cette enquête ADP,
03:05c'est que les petites entreprises, donc, sont en destruction d'emplois,
03:09alors que les grandes entreprises, elles, seraient en légère progression,
03:13donc, d'emplois.
03:14Ce qui voudrait dire qu'il y a une économie, en termes d'emplois,
03:16à deux vitesses, entre grandes et petites entreprises,
03:19qui, peut-être, met le point sur un des aspects de la politique économique
03:22de M. Trump, qui tente à favoriser, effectivement,
03:25au travers des rabais fiscaux, bien les grandes entreprises,
03:28au détriment, peut-être, des petites entreprises,
03:30qui ont plus de contraintes en termes d'immigration,
03:33en termes d'activité,
03:35et contraintes, effectivement, sur le marché de l'emploi.
03:38– Oui, et donc, cette explication à l'enquête ADP,
03:40qui a été publiée, des destructions de postes dans le secteur privé,
03:43finalement, aux États-Unis, alors qu'on attendait des créations de postes.
03:45Ceci dit, est-ce que c'est si grave que ça,
03:46dans la mesure où, beaucoup d'experts nous disent,
03:48pour maintenir le taux de chômage à son niveau actuel,
03:50finalement, on a moins besoin qu'avant de création de postes,
03:52du fait de la politique migratoire de Donald Trump,
03:54si bien que le chômage, même si l'économie américaine crée moins de postes,
03:57devrait, pourrait parvenir à rester stable quand même, Patrice ?
04:00Est-ce que vous adhérez à cette idée-là ?
04:03– Alors, pour l'instant, le problème, c'est qu'on ne sait pas exactement,
04:05c'est la théorie du break-even, c'est-à-dire le point de rupture,
04:08c'est-à-dire, et là, on fait référence aux statistiques
04:10qui devraient être publiées, ou qui auraient dû être publiées vendredi,
04:14donc pas à l'enquête ADP, ni à l'enquête de JOLS.
04:16Auparavant, on travaillait une économie normalisée,
04:19avec une croissance de 2%, et bien c'est, je dirais,
04:23un peu plus de 100 000 créations d'emplois,
04:25avec les nouvelles données qui ont été faites liées à l'immigration,
04:29et puis, bien entendu, on le voit, le ralentissement de la demande,
04:32on ne sait pas si travailler avec 30 000 ou 50 000 créations d'emplois
04:36sont suffisantes pour maintenir le taux de chômage
04:39à 4,2 ou moins de 4,5%.
04:42Ça, c'est une inconnue, effectivement,
04:44puisqu'il y a des changements dans le modèle,
04:47l'offre et la demande sont différents.
04:49Donc, à surveiller.
04:50Ce qui est important, notamment pour la Fed, c'est la dynamique.
04:53La dynamique est négative, et on sait qu'avant de constater
04:57quel est le break-even, eh bien, il faut peut-être ralentir
04:59cette dynamique de baisse de l'emploi,
05:01et c'est pour ça que d'autres baisses de taux
05:03seront certainement justifiées.
05:04Patrice Gautry, l'Union bancaire privée,
05:06effectivement, les taux se détendent aux États-Unis aujourd'hui.
05:08Merci, Patrice, de nous avoir accompagné.
05:09Merci.
05:10Merci.
05:11Merci.