Ce lundi 1er décembre, les chiffres de l'immobilier en Chine et la semaine chargée aux États-Unis avant la Fed, ont été abordés par Florian Ielpo, responsable de la macroéconomie chez Lombard Odier IM, dans l'émission Good Morning Market sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00Florian Yelpo qui est en charge de la macroéconomie chez Lombard-Rodier IEM.
00:04Bonjour Florian, merci de nous accompagner ce matin.
00:07Une nouvelle fois, oui, car malheureusement les données se suivent et se ressemblent en quelque sorte
00:12avec cette nuit des données en provenance de Chine qui montrent que le pays souffre toujours d'un secteur immobilier
00:18toujours en difficulté, toujours déprimé.
00:21On l'a vu la semaine dernière avec China Banki.
00:24Et puis le secteur des services également qui est ressorti inférieur aux attentes.
00:30Absolument, bonjour Etienne, bonjour à tous.
00:32Alors vous savez, l'économie chinoise est parfois aussi difficile à lire.
00:36Il faut savoir multiplier les sources d'informations pour tenter d'y voir clair.
00:40Mais c'est vrai que ces indicateurs avancés de la croissance chinoise
00:45tels qu'ils ont été publiés cette nuit pointent vers deux mauvaises surprises.
00:49Alors à relativiser, la plus grosse des mauvaises surprises,
00:52c'est sur la partie de l'indicateur qui touche à l'industrie des services.
00:56Alors les services c'est important, pourquoi ?
00:58Parce que la Chine tente aujourd'hui, continue de tenter de faire émerger un véritable consommateur chinois.
01:05Elle tente de rebalancer son économie, une économie exportatrice vers une véritable demande locale.
01:11Et de ce point de vue-là, ce signal sur les services n'est pas de bonne augure.
01:14Je voudrais juste relativiser cet élément, cette lecture, par le fait qu'en dehors des données que l'on retire liées au marché immobilier chinois
01:26et ce point de données que l'on vient d'avoir, on a pour l'instant un océan de données qui sont en amélioration marginale en Chine.
01:33C'est-à-dire qu'il faut garder en tête qu'en Chine, les taux sont bas, dans l'ensemble, la croissance mondiale se porte plutôt pas mal.
01:40Il n'y a pas vraiment de vraie fragilité pour la Chine en dehors du talon d'Achille, qu'est encore aujourd'hui le marché immobilier chinois.
01:47Et vous le verrez, on en parlera probablement au sujet des États-Unis.
01:51C'est amusant de voir à quel point Chine et États-Unis ont des cycles qui semblent être connectés.
01:58Du côté de l'Asie, il y a également une nouvelle qui a fait du bruit cette nuit, c'est la prise de parole du président de la Bosch, de la Banque du Japon.
02:06Le président UDA qui a estimé que oui, la Banque centrale allait peut-être devoir remonter les taux dans une quinzaine de jours.
02:14Et ça, ça a eu un impact très important sur le disant japonais, mais également sur le Nikkei.
02:19Oui, c'est l'indice de la bourse de Tokyo qui a clôturé sur une baisse de plus de 1,7%.
02:24Absolument. Alors, il faut garder en tête qu'il y a deux grands facteurs qui vont faire monter les taux.
02:29Un, il y a la politique monétaire et deux, il y a la politique fiscale.
02:33Lorsqu'on a une politique fiscale expansionniste, généralement, les marchés demandent une prime de risque vis-à-vis de l'émission de dettes supplémentaires.
02:41Vous le savez, il y a des projets, des missions d'obligations du côté du gouvernement japonais, c'est très clair.
02:47Deuxième élément, au Japon, il y a encore aujourd'hui trop d'inflation par rapport à la cible d'inflation de la Banque centrale du Japon
02:56et la communication de la Banque centrale n'a jamais dévié de cette trajectoire pour le moment.
03:01C'est la seule Banque centrale du G10 qui reste dans une politique qui vise à peser sur l'économie
03:07pour la ralentir de façon à éliminer, à purger ces pressions inflationnistes.
03:13Donc, de ce point de vue-là, vous avez les deux grands facteurs qui peuvent faire monter les taux, qui s'activent en même temps.
03:18Il n'y a pas trop de surprises de ce côté-là.
03:20La courbe japonaise est l'une des courbes d'ailleurs les plus pentues que l'on ait dans le G10 aujourd'hui.
03:25Nous en reparlerons dans un instant avec Alexandre Baradez.
03:28Juste avant, quand même, Florian Yelpau continue notre tour du monde.
03:31En quelque sorte, dans un instant, on parlera de l'Europe.
03:34Mais bien sûr, la semaine sera très chargée du côté des États-Unis,
03:37avec, dès cet après-midi, la publication de PMI, ces fameux indicateurs d'achat des sondages
03:43qui sont bien sûr très suivis par les marchés, avec des PMI aujourd'hui, mais également mercredi.
03:48Mercredi, il y aura également l'enquête ADP qui mesure un petit peu le secteur de l'emploi.
03:54Comment vous regardez un petit peu ce marché américain, sachant qu'il y a des attentes qui sont très fortes ?
04:00On est désormais à 87% de probabilité d'une baisse de taux pour la fête dans 10 jours.
04:04Oui, absolument. Alors, ces indicateurs vont être d'autant plus importants qu'en fait,
04:09on est toujours en attente de la publication des chiffres qui n'ont pas été publiés pendant le shutdown.
04:16Du coup, on en est réduit à suivre les seuls indicateurs qui ont survécu à ce shutdown.
04:21Parmi eux, les ISM, donc Institute for Supply Management,
04:24qui sont des indicateurs avancés de l'économie américaine.
04:27On aura la version manufacturière aujourd'hui, la version des services mercredi.
04:32Et c'est une mine d'or d'informations.
04:35Dedans, on va pouvoir ausculter les carnets de commandes, la dynamique sur le marché de l'emploi,
04:40la dynamique sur les prix payés des entreprises pour y lire potentiellement un effet inattendu des droits de douane.
04:46Voilà, ces chiffres-là vont être scrutés.
04:48Notre vision de la chose, elle est assez simple.
04:50C'est que pour le moment, on devrait continuer d'observer une forme d'amélioration du côté manufacturier
04:56et une forme de décélération, par exemple, du côté des services,
05:00c'est-à-dire une poursuite de la normalisation de l'activité économique aux États-Unis.
05:05Et ça, c'est le scénario qui permettrait qu'ouvrirait une porte en plus
05:09pour avoir cette fameuse baisse de taux de la réserve fédérale américaine en décent,
05:14qui semble être si chère au marché.
05:16Si chère au marché, au point même que la semaine dernière, le 10 ans américain a retrouvé les 4%.
05:21On est à 4,05 ce matin.
05:23Et puis enfin, pour finir, Florian Huelpo, après l'Asie, les États-Unis, allons en Europe
05:27avec des indicateurs qui ont été publiés vendredi dernier en France.
05:31On aura encore cette semaine, notamment du côté des PMI facturiers,
05:36du côté de l'Italie, de la France, de l'Allemagne.
05:39Bon, finalement, l'Europe est plutôt résiliente, plus de peur que de mal.
05:44C'est comme ça aujourd'hui qu'il faut résumer la situation ?
05:46Je dirais oui, on pourrait aussi dire qu'il y a une reprise lente qui prend forme en Europe.
05:52Ce que je trouve intéressant, c'est que là où en Chine, on a néanmoins une progression du manufacturier,
05:58en Chine et aux États-Unis, une progression du manufacturier et un ralentissement des services,
06:02en Europe, c'est exactement le contraire qui se produit.
06:05C'est-à-dire que les enquêtes qui sont plutôt manufacturières ont tendance à ralentir ces derniers temps.
06:10On le voit dans un grand nombre de pays européens.
06:12Par contre, les enquêtes des services, elles, sont en train de continuer à gagner en momentum.
06:17Et ça, généralement, c'est le signe que la politique monétaire est un peu trop contraignante pour l'industrie manufacturière.
06:23Donc, c'est ce qu'on lit dans les données économiques que l'on tire de l'Europe.
06:27C'est un point d'interrogation vis-à-vis de la politique que la BCE a aujourd'hui.
06:31Christine Lagarde l'a mentionné de façon répétée en disant que l'Europe était dans une excellente position,
06:36dans une bonne position.
06:37« In a good place », comme elle le dit elle-même.
06:40Ce scénario-là, il est un petit peu en train d'être challengé, remis en question par les données économiques que l'on récupère de l'Europe.
06:47Maintenant, gardons en tête, on aura l'inflation cette semaine, l'inflation européenne dans sa version préliminaire.
06:52Et l'inflation devrait, notamment dans sa version cœur, hors énergie, rester bien au-delà des 2% cibles de la Banque Centrale Européenne.
07:03Voilà, la Banque Centrale Européenne, aujourd'hui, est dans une situation un peu difficile dans sa prise des décisions.
07:07L'inflation en zone euro qui sera publiée demain, mardi.
07:11Merci beaucoup, Florian Lielpot, de nous avoir accompagné pour faire un petit peu un tour d'horizon des différents indicateurs macroéconomiques à suivre cette semaine.
07:18Je rappelle que vous êtes en charge de la macroéconomie chez Lombard-Rodier IEM.
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